• il y a 2 semaines
Quand tout s'effondre, que reste-t-il ? Il n'a plus rien, sauf un espoir fragile : celui de retrouver sa fille. Abandonné par ses proches, seul face à l'indifférence, il parcourt des kilomètres, questionne des inconnus, remue ciel et terre. Chaque porte qu’il frappe est un mélange d’espoir et de peur, chaque instant un combat contre l’épuisement et le désespoir.

Sa quête, c'est plus qu'une recherche. C'est une promesse qu'il s'est faite à lui-même : ne jamais abandonner, même quand le monde entier semble l'avoir fait. Cette histoire est celle d'un père qui refuse de baisser les bras, celle d'un amour si puissant qu'il brave tout, même la solitude la plus écrasante.

Parce qu'au bout du chemin, il y a elle. Sa fille.

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Transcription
00:00Le jour de sa disparition, j'étais au stade de la mode à Bobigny,
00:04et à 18h30, j'apprends que ma fille n'est pas rentrée.
00:08Du coup, tu commences à tourner un peu dans le quartier,
00:09parce que tu te dis, on ne sait jamais, peut-être qu'elle s'est blessée,
00:11peut-être qu'elle a été renversée par une voiture, peut-être qu'elle est tombée en vélo.
00:15Tu sais, il y a plein de trucs, en tant que parent,
00:17que tu te poses tout de suite pour minimiser un petit peu le truc.
00:20C'est au bout d'une heure, une heure et demie,
00:21quand on se retrouve, moi, mon petit frère, mon père, en train de la chercher.
00:25À ce moment-là, tu te poses des questions un peu plus graves.
00:28Est-ce qu'elle n'a pas eu un pépin de santé ?
00:30Est-ce qu'elle n'a pas été agressée dans la rue et emmenée à l'hôpital ?
00:32Est-ce qu'elle n'est pas au fond d'un fossé ?
00:34Est-ce qu'elle n'est pas dans un caniveau ?
00:36Est-ce qu'elle n'a pas été enlevée par des toxico ?
00:38Tu sais, il y a plein de trucs qui viennent comme ça en tête tout de suite.
00:41Et ça a duré comme ça jusqu'à 21h,
00:43où j'ai pris la décision d'aller au commissariat
00:44pour faire une déclaration de disparition pour ma fille.
00:47Mais quand je suis arrivé dans le commissariat, en leur disant...
00:49Là, je me suis présenté en tant que père, tu vois.
00:51J'ai ma fille de 4 ans qui a disparu.
00:53Les premières questions qu'ils m'ont posées, c'était...
00:55Comment ça se passe à la maison ?
00:57Ça, je ne peux pas encore le comprendre, sur le côté...
00:59Pour voir s'il n'y avait pas une raison pour une fugue ou autre, quoi.
01:02Mais après, quand ils sont partis sur ce côté-là...
01:05Quelle place a la religion dans votre maison ?
01:07Dans votre foyer ?
01:08Là, je me suis dit...
01:10OK, on y arrive.
01:12Je n'étais pas très, très surpris de la réaction du commissariat,
01:14parce que bon, j'ai toujours eu des relations un peu spéciales
01:17avec le commissariat de ma ville.
01:18Tu te fais contrôler 5-6 fois par la même brigade dans la journée.
01:21C'est des gens qui vont te...
01:22C'est du harcèlement, quoi.
01:23Tu vois, c'est des gens qui vont te...
01:24C'est des contrôles faciers, c'est des contrôles abusifs.
01:28Alors que tu es un acteur social dans la ville.
01:31Tu es là pour la réinsertion,
01:33tu es là pour apprendre pas mal de choses aux jeunes de la ville.
01:35Et ça, en plus, ils étaient au courant de ça.
01:36Il n'y a pas ce truc-là, désolé pour vous,
01:38j'espère que vous tenez le coup.
01:39Est-ce que vous voulez un numéro de téléphone d'un psy ou d'une cellule ?
01:42Une association qui peut vous aider ?
01:43Il n'y a pas ce truc-là, tu vois.
01:45Moi, je voulais juste que la demande se fasse vite,
01:48que la procédure se fasse vite,
01:50pour qu'au moins, les patrouilles de la ville
01:52puissent recevoir un signalement
01:54qui puisse être sur le qui-vive.
01:57Du coup, les premières choses que tu vas faire,
01:58c'est ce qu'on a fait d'ailleurs.
02:00Ça a été d'aller voir tous les squads de Toxico,
02:02ça a été de voir tous les squads tout courts,
02:05tous les endroits malfamés autour de la maison,
02:07sur un grand périmètre.
02:09Il y en avait qui étaient spécialement faits
02:10pour aller voir sur les hôtels,
02:12si vous ne l'avez pas vu.
02:13Les foyers, les...
02:14Les gens sont organisés sans que je leur prenne la tête,
02:16sans leur dire quoi faire.
02:17Là, ils sont partis imprimer eux-mêmes les affiches,
02:20ils sont partis les mettre dans les gares,
02:21comme la gare du Bourget, Drancy, etc.
02:23Donc chacun s'est donné une mission.
02:25C'est ça qui était top et d'ailleurs,
02:26je ne pourrais jamais assez les remercier,
02:27tous ces gens-là qui sont venus m'aider
02:29sur la disparition de ma fille.
02:30Le lendemain, on a eu une piste,
02:32dans le 19ème arrondissement,
02:34sur un mec qu'on cherchait.
02:35Donc du coup, je me suis présenté au commissariat
02:36du 19ème arrondissement en leur disant...
02:38Je leur ai expliqué toute la situation,
02:40tout ce qu'on a fait en 24 heures, etc.
02:42Et l'officier du 19ème arrondissement,
02:44qui est lui par contre, était plus humain.
02:47Il trouvait qu'il n'y avait aucune
02:48alerte disparition qui a été faite.
02:51Il m'a dit non, il m'a dit de toute façon,
02:53il ne pouvait pas le faire parce que c'est 24 heures
02:54après qu'on peut déposer une demande de disparition.
02:57Donc il faut attendre les 24 premières heures.
02:59À ce moment-là, il y a un truc qui m'a
03:01encore moins rassuré sur les techniques de travail
03:04des services de police là-dessus.
03:05Et tout de suite, ce truc-là des films américains
03:07qui me revient en pleine tête,
03:08où ils te disent, c'est les 24 premières heures
03:10qui sont les plus importantes.
03:11Et je me dis, on vit dans quel monde ?
03:13Et à ce moment-là, j'ai compris que j'étais vraiment seul.
03:16Au fur et à mesure des recherches,
03:17avant de me rendre dans le 2ème commissariat
03:18dans le 19ème arrondissement,
03:19Kassandra, qui était avec moi depuis le début,
03:22c'est une vraie fouine sur Internet.
03:23Donc elle est partie découvrir pas mal de choses
03:26sur Internet, des gens qui sont ajoutés
03:28un peu sur les réseaux à ma fille,
03:30les fréquentations qu'elle avait.
03:31Elle a vu qu'il y avait des personnes
03:32qui étaient arrivées sur son Instagram
03:33depuis quelques temps,
03:34ce qui était un peu bizarre entre parenthèses.
03:35Du coup, on est rentré dans les profils,
03:37voir un peu les biographies des personnes, les photos.
03:39On a trié quelques personnes
03:41pour voir les possibilités de danger
03:43qu'il y avait chez ces personnes-là,
03:44les suspects entre parenthèses.
03:46Il y en avait un qui sortait du lot
03:47et c'était carrément celui qu'on cherchait.
03:50Elle avait un très gros pressentiment sur celui-là,
03:52sur ce jeune homme-là.
03:53Et il y a eu un contact qui a été fait avec Kassandra.
03:55Je ne lui ai jamais demandé comment ça s'est fait
03:57parce que bon, je n'ai pas trouvé l'utilité de le savoir.
03:59Mais Kassandra m'a dit, écoute, j'ai une grosse piste.
04:02J'ai la sœur d'un jeune homme qui me dit
04:04qu'il est schizophrène,
04:05qui est placé dans un foyer.
04:07Il est sous cacheton.
04:08Et il parlait justement de ramener une fille
04:10chez lui cette semaine.
04:12Et il y a Kassandra qui m'appelle à 7h30,
04:14je crois, du matin, 8h.
04:15Elle m'appelle et me dit, ouais, j'ai le papa au téléphone.
04:17Il dit qu'il faut aller tout de suite dans les Vosges.
04:20Il pense qu'elle est là-bas
04:21parce que son fils, quelques jours avant, lui a dit oui.
04:24Je suis content parce que ce week-end, cette semaine,
04:27je vais inviter quelqu'un à la maison
04:28et je vais passer du temps avec elle.
04:31Après, on a eu la maman au téléphone aussi.
04:33Donc la maman en pleure au téléphone,
04:35en train de nous dire que son fils l'a frappé,
04:39l'a jeté à la porte trois jours avant.
04:41Donc ça veut dire que le fiston,
04:42il a préhumidité tout ce qui allait se passer.
04:44Donc il a préparé son terrain pour faire ce qu'il avait à faire.
04:46Le gosse, à la base, il était placé en foyer.
04:49Il avait un traitement pour schizophrénie, d'après sa mère.
04:51Et du coup, il a arrêté de prendre ses cachetons.
04:53Il s'est enfui du foyer.
04:54Il est venu chez elle.
04:55Il a frappé sa mère, il l'a foutu à la porte.
04:57Il l'a fermé à la porte, quoi.
04:59Et lui, à côté, vu que ses parents se sont séparés,
05:02il appelle son père qui habitait ailleurs,
05:04à ce moment-là, dans une autre ville de France.
05:05Et il lui a dit, ouais, maman m'a laissé l'appartement.
05:08Du coup, j'ai une copine qui va me rejoindre,
05:11alors que c'était complètement faux, quoi.
05:13Le papa, clairement, il m'a dit,
05:14vas-y tout de suite, j'ai peur pour ta fille, quoi.
05:16Parce que mon fils, il est sous cachetons, il n'est pas bien.
05:20Je viens d'apprendre qu'il a frappé sa mère,
05:21il l'a foutu à la porte, donc il faut y aller, quoi.
05:23À ce moment-là, moi, je ressentais ce que ma fille ressentait.
05:25Parce qu'au-delà de l'instinct maternel,
05:28le fait que je l'ai élevée seule,
05:29donc j'ai eu ce rôle du papa et de la maman en même temps.
05:32Donc je pense que j'ai peut-être développé
05:34une sorte d'instinct maternel en plus de celui du paternel, quoi.
05:38Donc j'avais ce ressentiment qu'elle était angoissée,
05:40le pourquoi, ça, je ne me savais pas.
05:42J'étais tellement vide à ce moment, que je n'avais aucune pitié.
05:45À ce moment, je pouvais frapper quelqu'un,
05:46le taper contre un mur sans aucune pitié,
05:48sans avoir peur de le tuer, quoi.
05:50J'étais vraiment dans un état d'esprit très, très second, quoi.
05:53T'es 9h du matin, il y a 400 km qui me séparent de ma fille.
05:56Je me dis, j'en ai au moins pour 3h
05:57pour y arriver, même en roulant vite.
05:59Donc je me dis, allez, robolote, on va appeler les flics.
06:029h du matin, pétante, j'appelle les commissariats d'Épinal.
06:05Allô, bonjour, oui, bonjour.
06:06J'ai un signalement qui a été fait sur telle ville et sur telle ville.
06:09Là, je viens d'avoir, par source sûre,
06:11qui est le père du jeune homme que ma fille
06:13est séquestré à tel endroit.
06:15Voilà l'adresse.
06:16Le monsieur au téléphone me dit que ce monsieur
06:18est connu des services de police.
06:19Il me rappelle à 9h30.
06:21J'ai l'impression qu'il était vraiment synchro.
06:22Une demi-heure pile pour l'après, il m'appelle.
06:24En me disant, une patrouille est passée à l'appartement.
06:28Ils ont frappé à la porte.
06:29Personne n'a répondu, ils sont partis.
06:30Donc du coup, je suis au téléphone, je suis bouche bleue.
06:32Je me dis, putain, mais je me suis dit,
06:34que ce soit le 93, Paris, Épinal,
06:38ils sont tous cons, tu vois.
06:41Et je suis parti avec Cassandra et Toteuch.
06:44On a pris la voiture, on y est allés.
06:46On est arrivés là-bas.
06:48Et du coup, c'était 30 millions de questions.
06:51Dans quel état je vais la trouver ?
06:53Si je trouve qu'il y a du monde,
06:54est-ce qu'il y a une équipe derrière le mec ?
06:56Tu t'armes de courage.
06:59Une sorte d'imprimé américain dans la poche.
07:02Je me dis, j'ai mis des gants de motard.
07:04Je me suis dit, là, si ça part en castagne,
07:06c'est parti, tu vois.
07:07Et en arrivant là-bas, je me suis retrouvé
07:10avec la maman qui m'a donné les clés de l'appartement
07:12pour rentrer plus facilement dans l'appart.
07:14Et je rentre dans l'appart,
07:15je me retrouve devant un gosse,
07:17devant un gosse qui est complètement perdu,
07:20avec une odeur nauséabonde dans l'appartement.
07:22Sale, crade, de la bouffe, des restes de pizza.
07:27C'était vraiment dégueu, tu vois.
07:28Moi, je l'ai attrapé directement, il me dit,
07:30je sais même plus ce qu'il m'avait dit,
07:32il m'avait dit une phrase du genre,
07:33« Attendez, je vais vous expliquer,
07:34je n'ai rien à m'expliquer, coucou. »
07:36À ce moment-là, Cassandra, elle lui dit,
07:37« Elle est où ? Elle est où ? »
07:38Il a montré la chambre.
07:39Cassandra, elle va vers la chambre,
07:41elle met un coup de pompe dedans, dans la porte.
07:43Elle rentre dedans, elle trouve ma fille
07:45dans le noir, dans la chambre, la même chose,
07:47une odeur nauséabonde, ça puait.
07:50Et elle récupère ma fille.
07:51Moi, je n'ai même pas regardé ma fille.
07:52Je récupérais ma fille, elle l'a sortie,
07:54elle l'a emmenée dehors.
07:56Elle l'a mise dans la voiture.
07:57Et là, tu as la maman du jeune homme qui est rentrée.
07:59Elle s'est jetée sur lui, en s'inquiétant
08:02comme une mère, ce qui était tout à fait normal.
08:04Et là, on commence à regarder un peu dans l'appartement.
08:06Il y a Teteuge qui va dans la chambre.
08:08Je regarde un petit peu.
08:09Il me dit, regarde, je vais dans la chambre,
08:11il y a plein d'araignées dans des bocaux,
08:12un peu, tu vois, c'est assez glauque, tu vois.
08:15Après, il m'appelle encore une deuxième fois,
08:16Teteuge, il est dans la cuisine.
08:17On arrivait dans la cuisine, il y avait plein de couteaux partout,
08:19éparpillés, c'était spécial, quoi.
08:21Il y avait vraiment des très, très mauvaises ondes
08:23qui émanaient de cet appartement, tu vois.
08:25Et quand je prends le téléphone de ce jeune homme-là,
08:27je fouille dedans et...
08:28Non, ce n'était pas moi qui fouillais dedans,
08:29c'était Cassandra, je crois, qui fouillait dedans.
08:31Et du coup, elle sort un calendrier satanique dedans.
08:34Et du coup, on prend ces documents-là,
08:37ces calendriers-là qu'on a transférés sur nos portables.
08:40À ce moment-là, franchement, le seul truc que je lui dis à ma fille,
08:43je lui dis, je serai toujours là pour toi
08:44et je ne te lâcherai jamais, quoi.
08:46Et elle m'a dit, je savais que t'allais venir.
08:47C'est un moment de...
08:50On dirait qu'elle venait de naître, quoi, tu vois.
08:51Tu sais, j'ai coupé son phénomène médical,
08:53donc du coup, c'était une sorte de deuxième naissance pour elle,
08:55pour moi, comment je l'ai vécu, tu vois.
08:57En plus, le pire, c'est qu'elle se sentait coupable
09:00d'avoir fait confiance.
09:01Et je lui ai fait comprendre que ce n'était pas de sa faute, etc.
09:04Par la suite, on a appris, on a commencé à prendre
09:06un peu plus de largeur, un peu plus de recul sur l'histoire.
09:09Du coup, j'ai consulté le calendrier satanique
09:11du jeune homme qui l'avait séquestré.
09:12Et il s'est avert que trois jours après que je l'ai retrouvé,
09:15il devait faire un rite satanique où il devait faire saigner
09:17une jeune vierge.
09:18Donc du coup, on arrivait un petit peu quand il fallait, quoi, tu vois.
09:22Ma fille a été vendue comme du bétail, quoi, tu vois.
09:25Ça veut dire qu'il y avait une personne qui connaissait ma fille,
09:28qui devait convaincre ma fille d'aller à un endroit bien précis.
09:31Une sorte d'anniversaire bon, quoi.
09:34Et c'est de là-bas que tout s'est fait,
09:36où ma fille, elle a été emmenée de force à 400 km de Paris.
09:40Elle a été enlevée et séquestrée, quoi.
09:42Cette personne-là qui a, entre parenthèses, vendu ma fille,
09:45ça a été une personne qu'elle connaît, qu'elle fréquente, quoi.
09:47C'est une personne à qui elle faisait confiance, oui.
09:49Après, en arrivant à la maison,
09:50t'as tous ses petits frères, ses petites sœurs et son petit frère.
09:54Et ma femme qui l'a enlevé dans les bras, il l'a enlevé dans ses bras.
09:56Après, ma mère, mon père aussi.
09:57Mais à ce moment-là, bon, on a tous respiré, quoi.
10:00Ma femme, elle a pleuré. Ma mère aussi.
10:02Elle est partie prendre une douche.
10:04Elle est sortie. Elle rigolait un petit peu, tu vois.
10:06Et après, elle est partie dans sa chambre pour s'allonger.
10:09Moi, je suis parti prendre ma douche aussi,
10:10parce que, bon, deux jours et demi, je sentais un peu le fauve, tu vois.
10:12Et quand je suis sorti de là, j'ai ouvert la porte de la chambre.
10:15J'ai frappé, ça répondait pas. J'ai ouvert la porte.
10:17J'avais ce...
10:20Sur ce moment-là, quand j'ai frappé à la porte et qu'elle répondait pas,
10:22j'avais cette peur qu'elle disparaît encore, tu vois.
10:24Et la vie, elle est repartie à partir de ce jour-là, on va dire normalement.
10:28Mais j'ai vu qu'il y avait des changements un petit peu dans sa façon de dessiner.
10:32Tu vois, avant, les dessins, ils étaient un peu moins sombres, un peu moins durs.
10:37Elle avait des centres d'intérêts comme le foot ou des trucs comme ça
10:40où elle avait lâché l'affaire, tu vois.
10:42Elle voulait plus sortir de la maison pendant un bout de temps.
10:45L'école, elle a mis du temps à aller reprendre l'école,
10:47parce que, bon, peut-être qu'elle avait un petit peu cette crainte
10:51de ce qu'ils vont dire les autres,
10:52parce que tout le monde a su qu'elle avait disparu, quoi.
10:54Après que j'ai retrouvé ma fille,
10:55que ça avait fait du buzz entre partout sur Internet,
10:58j'ai été contacté par plusieurs parents,
11:00donc un, deux, trois, quatre et ainsi de suite.
11:03Et là, je reçois une voix au téléphone.
11:07« Salut, Béor, bravo pour ce qui t'est arrivé, bravo.
11:10Je suis content pour ta fille et tout. »
11:11Il m'a dit « Je suis désolé de te...
11:13Je sais que t'es en mode retrouvaille, mais j'ai un problème.
11:15Il y a ma fille qui a disparu le même jour que la tienne.
11:18Est-ce que tu peux m'aider ? »
11:19Et à ce moment-là, je lui ai dit « Tu veux que je t'aide comment ? »
11:21Je lui ai dit « Je peux juste partager. »
11:23Je lui ai dit « Là, je ne vais pas bouger, tu vois. »
11:25Il m'a dit « C'est déjà pas possible, il y a beaucoup. »
11:26Et du coup, comme j'avais un délai de solidarité sur Internet,
11:29j'ai diffusé la photo de sa fille en disant « Cette fille-là, elle a disparu aussi.
11:32Faites la même chose que pour moi, il faut la retrouver. »
11:34Et on l'a retrouvée le lendemain à Sivir, en Espagne.
11:37Quelqu'un l'a retrouvée là-bas en voyant l'avis de recherche qu'il avait diffusé.
11:40Un Français qui l'a vu, qui l'a attrapé, il l'a appelé,
11:42il l'a emmené au commissariat, il a appelé le numéro de téléphone du papa.
11:45En lui disant « Oui, elle est là en Espagne. »
11:47Du coup, il est parti la chercher.
11:48Et c'est là qu'on a créé officiellement la LDA, les disparus anonymes.
11:51C'est un collectif qui regroupe aujourd'hui plus de 1 000 personnes en France,
11:56plus de 300 personnes de plus dans les pays européens limitrophes.
12:00Et ce collectif sert exclusivement à retrouver des mineurs disparus
12:05ou des seigneurs sous tutelle.
12:07Il a fallu qu'on crée ça parce qu'il y avait une demande
12:09où il n'y avait pas de réponse.
12:12Il y avait une demande de parents qu'on n'écoutait pas,
12:15de parents démunis, de parents…
12:17C'est pour ça qu'on l'a appelé les disparus anonymes,
12:19parce que malheureusement, il y a une grosse partie de la population
12:23qui n'est pas importante pour l'État.
12:24Et c'est ces jeunes-là qu'on appelle justement chez nous les disparus anonymes.
12:28C'est tous ces jeunes-là qui n'ont pas de pistons,
12:30c'est tous ces jeunes-là issus de quartiers la plupart du temps,
12:33ou d'ailleurs, qui en sont, qui disparaissent.
12:35Il n'y a pas d'avis de disparition à la télévision,
12:37il n'y a pas une sensibilisation ou une organisation
12:41pour aller retrouver des services de police ou de quartiers.
12:43Donc du coup, on a pris cette décision de créer ça
12:47pour donner de l'espoir à des parents
12:49et les aider clairement et vraiment à retrouver leurs enfants.
12:52Quand on a découvert qu'il y avait un disparu toutes les 10 minutes,
12:55en France, mineurs,
12:56et il y en avait 50 000 disparitions par an de mineurs,
12:59j'ai trouvé ça, je me suis dit,
13:01il y a un manque de prise en charge de ce problème-là.
13:05Limite, tu te poses la question,
13:06est-ce que c'est pas fait exprès qu'on n'en parle pas ?
13:08Et du coup, je l'ai découvert que ça dérangeait,
13:10parce que la LDA, ça a dérangé tout de suite, dès le début.
13:13J'ai eu des services de police qui m'ont appelé, qui m'ont menacé,
13:16qui m'ont dit, on va t'arrêter, etc.
13:18Je dis, chaque fois, ça a été la même réponse, ben venez.
13:21Déjà, il faut savoir un truc, c'est que
13:22quand on a commencé à mettre un visage sur la LDA, qui est le mien,
13:25j'ai eu des alertes dans mon équipe
13:27où on a retrouvé mon portrait dans tous les sites internet du dark
13:31qui étaient spécialisés dans les ***,
13:33en disant que si vous voyez ce monsieur-là,
13:34faites attention, c'est un danger pour vous.
13:36Ça veut dire qu'il y a des *** entre eux,
13:37ils se donnent ma photo et ils se disent que moi,
13:40s'ils me voient, c'est que je suis sur leur trace et que je suis un danger.
13:42Donc quand je retrouve des gosses,
13:43parce que je ne retrouve pas que les enfants qui ont fugué,
13:46les fugues au niveau de la LDA, ce n'est même pas 40%.
13:48Il y a des enfants retrouvés.
13:50Donc on a affaire à des réseaux de ***,
13:53on a affaire à des réseaux de *** infantiles,
13:55de vente d'êtres humains, de vente d'organes.
13:57On a vraiment des grosses équipes en face de nous quelques fois.
14:00Et du coup, je me suis retrouvé tout de suite sur la sellette
14:05et pour protéger mes enfants,
14:06il a fallu que je commence à avoir une vie de flic, on va dire.
14:09Ça veut dire que quand je vais chez moi,
14:10je suis obligé de faire le tour de chez moi trois fois
14:12pour voir si je ne suis pas suivi.
14:13Il n'y a aucune photo de mes enfants sur les réseaux sociaux
14:15pour ne pas qu'ils soient identifiables.
14:16Mon nom de famille, mon prénom,
14:18ils ne sont jamais sur les réseaux sociaux, ils ne sont nulle part.
14:19Donc c'est toujours Béor.
14:21Même quand je pars voir des institutions,
14:23quand je dois voir des collectivités ou dans des conférences,
14:26c'est Monsieur Béor qui m'appelle
14:27pour te dire que je reste vraiment très discret sur mon nom et prénom.
14:31Donc du coup, mon comportement déjà a changé, c'est sûr, c'est clair.
14:34Mais je suis très protecteur sur mes enfants.
14:36Pourquoi ? Parce que je suis maintenant médiatisé.
14:38Donc maintenant, on me reconnaît.
14:39Tu peux devenir parano ?
14:40Quand tu vis déjà ce que j'ai vécu avec ma fille
14:42et quand tu vois tout ce que moi, je vois dans la LDA,
14:45parce que tu sais, dans la LDA, il y a des gens qui sont venus,
14:47il y a des gens qui sont partis.
14:48Il y a des gens qui sont venus parce qu'ils voulaient aider,
14:50mais il y en a plein, ils sont partis
14:51parce qu'ils ne pouvaient plus supporter ce qu'ils voyaient.
14:53Des fois, on retrouve des enfants, ils sont en miettes.
14:56Et des enfants, ils sont *** par X personnes.
14:58Et des enfants, ils ont été enlevés par des ***,
15:01séquestrés dans une cave, dans une maison à eux.
15:04Et des gens, ils viennent, ils payent pour *** les enfants.
15:06Et c'est des gosses qui ont 12 ans, 11 ans, 13 ans.
15:08Il faut avoir le cœur accroché
15:09quand tu récupères un gosse de cet âge-là comme ça, tu vois.
15:12Il y en a, ils n'ont pas pu supporter, il y en a, ils sont partis.
15:13Il y en a, ils ont fait des dépressions, il y en a.
15:15Ce n'est pas donné à tout le monde, tu vois.
15:17Donc, tu deviens parano, tu es obligé de devenir parano.
15:19Actuellement, on date du 20 juin, on est à 107 mineurs retrouvés.
15:23Et on est à, je crois, on doit être à presque une quinzaine de seigneurs retrouvés
15:28depuis le 8 janvier 2019.
15:31Aujourd'hui, le but, il est simple, comme notre slogan à la LDA.
15:34Partager ne coûte rien, mais peut sauver une vie.
15:37Partager parce qu'il suffit qu'une personne l'ait vue
15:39pour pouvoir avoir une piste et la retrouver, ou le retrouver.

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