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Sa mère, fondatrice de l'association "Faire Face au Harcèlement", décrit le drame qu'elle a vécu et témoigne son soutien auprès de toutes les victimes et leurs familles.

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00:00J'ai appelé, Nicolas, Nicolas !
00:02Pas de réponse.
00:03Puis je suis allée dans la pièce,
00:04et puis c'est là que j'ai découvert Nicolas.
00:06Il s'était pendu.
00:07J'aurais envie de dire aux personnes qui ont harcelé Nicolas
00:10qu'ils me demandent pardon pour cette catastrophe.
00:14Au tout début de l'année, au mois d'octobre,
00:16il me dit, maman, il y a des garçons qui m'ont poussée.
00:18Arrivé au mois de décembre,
00:20Nicolas me dit, les garçons ils m'ont encore embêtée.
00:22On lui disait, t'es moche, personne ne t'aime.
00:25Il me disait, maman t'inquiète pas, je m'en fiche, ils sont nuls.
00:28Je m'inquiétais, mais je n'imaginais pas à quel point ils pouvaient souffrir.
00:32Alors les coups, ça s'est produit quand on l'a poussé dans les escaliers.
00:36Il me disait, maman, tu vois, ces garçons-là, quand ils m'ont poussée,
00:39j'aurais pu leur casser la gueule.
00:40Mais moi, je ne voulais pas.
00:41Ça ne m'intéressait pas.
00:42Le professeur principal appelle.
00:44Il nous explique aussi la situation.
00:46Et le papa, donc, va le voir.
00:47Il est allé, lui, le voir plusieurs fois.
00:50On a toujours fait confiance.
00:51On s'est dit, l'établissement va protéger notre fils.
00:53En février, on a été alerté par le psychologue de Nicolas.
00:57Il nous a dit que Nicolas avait fait une tentative de suicide.
01:00Alors, notre sang n'a fait qu'un tour.
01:02Et on a tout de suite pris rendez-vous avec le proviseur.
01:05Il nous a dit, vous n'avez pas de dossier, vous n'avez pas de preuves tangibles.
01:09Vous venez les mains vides.
01:10On a été vraiment très, très mal à ce moment-là.
01:12Un mois et demi après, on a fait un courrier au proviseur
01:16dans lequel on précisait qu'on avait fait une main courante
01:19et qu'on voulait avoir des comptes, savoir ce qu'ils avaient fait,
01:21pris comme mesure pour protéger notre fils.
01:23Et on a eu un retour de courrier
01:26dans lequel on disait que, soi-disant, notre fils était harcelé.
01:30Mais on voyait bien qu'il était battu tout content.
01:32On a reçu aussi une lettre du rectorat.
01:34Et on a été menacé de 5 ans de prison et de 45 000 euros d'amende
01:39si on portait plainte.
01:40Juste le jour où j'ai ouvert le courrier, Nicolas passait par là.
01:43Oh, laisse maman, de toute façon, ils sont nuls.
01:45Il a claqué la porte.
01:46De victime, on est passé coupable.
01:49À partir du moment où Nicolas a connu cette histoire de courrier du rectorat,
01:53il a changé complètement.
01:55Il connaissait par cœur tous les cas de suicide depuis les deux dernières années.
01:58Il disait, maman, mais combien faudra-t-il de suicides
02:02pour que ça cesse un jour ?
02:05Quand est-ce que ça va cesser ?
02:06Donc, il n'avait plus du tout confiance dans les humains, dans les adultes.
02:09Donc, mon fils Nicolas, c'était un adolescent, il avait 15 ans.
02:12Nicolas voulait faire un CAP d'électricité.
02:15Et je lui dis, comment ça s'est passé aussi avec les jeunes ?
02:18Et à ce moment-là, il me dit, écoute maman, c'est les mêmes.
02:23Et là, j'ai tout de suite compris que ce n'étaient pas les mêmes en tant qu'individu,
02:27mais qu'il avait peur de revivre ce qu'il avait vécu l'année précédente.
02:30Et là, je me suis dit, écoute Nicolas, ce soir, on en reparle.
02:34Je ne pouvais pas rester au téléphone trop longtemps, j'étais au travail.
02:37Et il me dit, maman, ne t'inquiète pas, ce n'est pas la peine, ça ne changera rien.
02:41Puis, on s'est dit au revoir.
02:44Ce qui s'est passé ensuite, c'est que j'ai pris les transports en commun le soir.
02:48Malheureusement, je suis arrivée très tard.
02:50Les transports en commun ne fonctionnaient pas bien.
02:52Et quand je suis arrivée, il y avait le silence.
02:56Et là, j'ai appelé, Nicolas, Nicolas !
03:00Pas de réponse.
03:02Puis, je suis allée dans la pièce.
03:06Et puis, c'est là que j'ai découvert Nicolas.
03:09Il s'était pendu.
03:11Je l'ai détaché, j'ai fait le massage cardiaque.
03:13J'ai appelé les secours, pas de réponse.
03:15L'hôpital, pas de réponse non plus.
03:17Les pompiers, enfin, ils m'ont aidée.
03:20Ils ne m'ont pas lâchée au téléphone pour faire le massage cardiaque dans le rythme.
03:23Et ils sont arrivés dans les 10 minutes qui suivaient.
03:26Mais bon, c'était trop tard.
03:28Je dirais que j'avais une peine immense, puisque j'avais perdu mon fils.
03:34Mais non, la colère, ce n'est pas dans mon caractère.
03:38Il y a des moments où je culpabilise, bien sûr.
03:40Mais je sais qu'autour de moi, tous ceux qui ont connu Nicolas,
03:43ils ont tous culpabilisé à un moment ou à un autre.
03:45Parce qu'ils se sont dit, si j'avais fait ça,
03:49peut-être que ça n'aurait pas amené à cette alternative.
03:53Ce qui me donne la force de vivre, c'est que pour moi, Nicolas est à côté de moi.
03:57Et il me donne sa force.
03:58Dans mon esprit, on est deux.
04:00J'ai eu un beau cadeau, c'est de pouvoir monter cette association avec Gabriel Attal.
04:04L'association s'appelle « Faire face au harcèlement ».
04:07Pour nous, ce qui est important, c'est de pouvoir aider les familles,
04:11aider les enfants qui sont dans la détresse face au harcèlement.
04:15Pour les parents, un soutien financier si c'est nécessaire.
04:18Faire de la sensibilisation au niveau des écoles.
04:21Nous avons décidé avec le papa et ma belle-fille, la fille du papa,
04:27de porter plainte avec constitution de partie civile
04:30pour que chaque personne assume ses responsabilités.
04:34Notre but, ce n'est pas de sanctionner, mais c'est de pouvoir faire notre deuil,
04:38savoir quelles sont les personnes qui ont agi et qui auraient dû mieux faire.
04:44J'aurais envie de dire aux personnes qui ont harcelé Nicolas
04:48qu'ils me demandent pardon pour cette catastrophe.

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