Le ministre de l'Education Pap Ndiaye a reçu ce lundi après-midi la famille de la jeune Lindsay, 13 ans, qui s'est suicidé en mai après avoir été victime de harcèlement scolaire.
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00:00 on suit aussi ce qui se passe au ministère de l'Éducation nationale
00:02 où la famille de l'INSEE,
00:04 vous savez cette jeune fille qui s'est suicidée au mois de mai dernier,
00:08 a été reçue par le ministre Papadia.
00:10 Il avait pris l'engagement ici sur BFMTV.
00:12 Voici sa mère, le beau-père et l'avocat.
00:15 On va les écouter.
00:16 Vous venez d'être reçue par le ministre de l'Éducation.
00:21 Quel est votre état d'esprit à la sortie de ce rendez-vous ?
00:24 Pour moi, ça me semble insuffisant.
00:29 Il y a des choses qui ont été dites,
00:31 mais pas prêtes au sérieux pour moi.
00:33 Qu'est-ce que vous attendiez de plus concrète histoire ?
00:39 Il y a des choses qui vont être mises en place,
00:47 mais au niveau du dialogue,
00:52 on n'a pas senti vraiment affecté par la situation de notre fille.
00:57 Maintenant, on attend au niveau des actes.
01:00 On a invité Monsieur le ministre à participer à la marche blanche.
01:02 On espère qu'il viendra, qu'il sera présent.
01:06 Mais pour nous, ce n'est pas suffisant par rapport au contenu du dialogue.
01:12 Vous avez eu l'impression d'être entendu, compris ?
01:17 On est un peu partagé à ce niveau-là.
01:20 Par rapport à certains faits, on est partagé à ce niveau-là.
01:24 Compris, je ne pense pas.
01:25 Qu'est-ce que vous auriez eu envie d'entendre ?
01:29 Entendre qu'il soit plus présent pour nous.
01:35 Là, on n'a pas eu ce sentiment d'être...
01:37 Il nous a tendu la main.
01:40 Comme on a dit, la femme, on est "content",
01:44 mais on aurait aimé un peu plus.
01:48 En quel état d'esprit vous êtes ?
01:54 Perdu. Je me sens seule. Pas aidée.
01:59 Et je ne l'ai pas...
02:03 Moi, je ne l'ai pas trouvé sincère, en fait.
02:05 Donc j'attends que les choses bougent.
02:08 J'attends de voir des actes.
02:12 Donc il doit nous tenir informés de ce qui va se passer toutes les semaines.
02:19 J'attends de voir.
02:20 Qu'est-ce que vous auriez de regretté si vous rendiez hommage à votre fille ?
02:27 Que...
02:32 Moi, je voudrais que ma fille revienne aujourd'hui.
02:34 Je pense que s'ils auraient été là avant, elle serait là, ma fille.
02:37 J'ai juste ça à vous répondre.
02:38 Moi, je ne comprends pas.
02:40 Je ne comprends pas.
02:41 On n'a pas été aidé à temps, ni avant, ni pendant, ni après, comme je l'ai dit.
02:45 Voilà.
02:45 Ce qui est ressorti de cette entrevue qui a duré une heure,
02:49 c'est que le ministre, certes, nous a reçus, mais avec plusieurs semaines de retard.
02:53 Il aurait pu appeler la famille ou mieux, se déplacer pour partager quelques mots de compassion immédiatement.
02:58 Ça n'a pas été le cas.
03:00 Un goût amer à la sortie de cet entretien, puisque rien de concret n'a été proposé.
03:07 On a évoqué le programme Phare, mais qui existe depuis 2-3 ans et qui est aujourd'hui défaillant,
03:10 parce qu'il y a un manque de moyens.
03:11 On a demandé concrètement quels moyens allaient être mis en œuvre, d'un point de vue financier.
03:15 Et évidemment, ça demande une sensibilisation.
03:17 C'est un programme massif que nous demandons, de sensibilisation des écoliers, des collégiens, des lycéens.
03:21 Donc avec la participation, l'association des parents, des professeurs, des instituteurs,
03:26 ça demande des moyens considérables et rien n'a été proposé à ce niveau-là.
03:29 Nous avons le sentiment que la prise de conscience est réelle, mais qu'elle n'est pas très profonde, très sérieuse.
03:36 Elle reste peut-être de surface.
03:37 Nous attendons de voir des actes.
03:39 Et puis le deuxième élément important, que moi, j'ai trouvé effrayant,
03:42 c'est l'aveu d'impuissance du ministre lui-même, de l'État français vis-à-vis des réseaux sociaux,
03:48 qui nous a expliqué noir sur blanc que la France, aujourd'hui, était totalement incapable
03:52 de résorber ce déchaînement de haine et de violence sur les réseaux sociaux,
03:55 sur Instagram, sur Facebook, sur TikTok.
03:58 L'aveu que nous avons entendu tous les trois, qui vient de la bouche du ministre,
04:03 qui nous dit que l'État français n'est pas aujourd'hui capable d'enrayer le harcèlement, le cyberharcèlement,
04:08 que ce soit d'ailleurs pour les collégiens, les lycéens, mais aussi pour les adultes, sur les réseaux sociaux.
04:12 Il nous a indiqué s'être rapproché des réseaux sociaux, qui, aujourd'hui, restent dans l'opacité,
04:17 ne veulent pas collaborer avec l'État français.
04:19 Cet aveu d'impuissance, il est sidérant, il est inacceptable.
04:22 Et il est grand temps maintenant que l'État prenne conscience de ce fléau que constituent le harcèlement à l'école
04:28 et le cyberharcèlement, et que des mesures concrètes soient prises.
04:31 Ce n'est pas le cas.
04:32 Et malheureusement, nous avons l'impression que ce ne sera pas plus le cas demain, que c'était le cas hier.
04:37 Nous allons être reçus dans deux jours par Brigitte Macron, mercredi après-midi à l'Élysée.
04:43 Nous savons qu'elle est extrêmement sensible à la cause du harcèlement à l'école.
04:46 Et au-delà du cyberharcèlement, nous espérons que Mme Macron nous recevra
04:51 et nous proposera des choses concrètes de la part du gouvernement, des pouvoirs publics,
04:56 pour venir en aide à tous ces enfants et toutes ces familles qui sont abandonnées, isolées,
05:00 qui, comme les parents de l'INSEE, ont déployé les alertes à tous les niveaux pendant des mois,
05:05 et se retrouvent aujourd'hui abandonnées par l'État français, ce qui est inadmissible.
05:09 Qu'en est-il des dépôts de plaintes que vous avez déposées
05:11 envers l'encontre de l'établissement du rectorat de Lille ?
05:14 Est-ce qu'il y a des avances ? Et aussi là, l'encontre des policiers ?
05:16 Nous avons déposé plainte contre le responsable, le principal du collège.
05:20 Nous avons déposé plainte également contre l'Académie de Lille,
05:23 contre les policiers en charge de l'enquête qui n'ont rien fait,
05:25 alors qu'ils se sont retrouvés confrontés à une jeune fille en détresse avec sa mère,
05:29 qui était accablée de chagrin, avec des éléments extrêmement graves, extrêmement inquiétants.
05:33 Je parle de la lettre de suicide, je parle du dossier médical où il est écrit noir sur blanc
05:37 qu'elle était victime de violences aggravées, de harcèlement scolaire répété,
05:40 de menaces, de violences, d'insultes, de moqueries jour après jour.
05:43 Les policiers n'ont rien fait, le responsable du collège n'a rien fait.
05:46 Il a tourné le dos à cette jeune fille qui était en détresse,
05:49 qu'il a d'ailleurs dénoncée dans le cadre de sa lettre de suicide.
05:52 L'Académie qui a reçu le dossier médical, la plainte et la lettre de suicide n'a rien fait.
05:57 Et aujourd'hui, nous avons entendu à demi-mot des paroles d'un ministre
06:00 qui vient à peine reconnaître la responsabilité de l'éducation nationale dans le cadre de ce drame
06:05 qui malheureusement n'est pas le premier et risque de ne pas être le dernier.
06:10 Le combat que nous menons, c'est d'abord de faire en sorte que les responsables,
06:15 les personnes qui connaissaient la situation de l'INSEE, soient reconnus comme responsables,
06:19 soient reconnus comme fautifs.
06:20 Ça c'est la première chose.
06:21 Et la deuxième chose, c'est de faire en sorte que ce drame ne se renouvelle plus.
06:24 Il n'est pas tolérable qu'en 2023, une gamine ou un gamin de 13 ans
06:27 se suicide en se pendant dans sa chambre parce qu'il a été abandonné par tous.
06:31 Je rappelle qu'au moment, après le décès de la pauvre l'INSEE,
06:35 aucun professeur du collège, pas le principal du collège et aucun professeur,
06:39 n'a pris la peine d'appeler la maman de l'INSEE ou son beau-père,
06:42 d'écrire une lettre de compassion ou de venir à la marche blanche.
06:45 Ça montre aujourd'hui une faillite de toute l'éducation nationale au sens large,
06:49 au-delà même de ce collège et c'est inacceptable.
06:51 Est-ce que vous êtes déçus qu'aujourd'hui il ne se renouvelle plus ?
06:54 Oui, nous sommes déçus.
06:55 C'était une main tendue, nous espérions que le ministre allait pouvoir réagir
06:59 en proposant des mesures concrètes, au-delà de ce qui a déjà été fait
07:02 de ces dernières années et qui n'est pas suffisant à la preuve.
07:05 Pas de mesures concrètes, pas de moyens financiers alloués à cette cause
07:08 qui pourtant nécessite un débat national au niveau du collège,
07:12 au niveau de l'école, au niveau du lycée.
07:14 Nous avons expliqué la nécessité d'allouer des moyens conséquents,
07:18 encore une fois pour que chaque semaine, il y ait des cellules liées au harcèlement
07:22 au niveau des écoles, des collèges et des lycées qui associent les parents,
07:24 les professeurs et les élèves eux-mêmes.
07:26 Nous n'avons pas le sentiment que ça va évoluer.
07:29 Résultat des courses, le harcèlement à l'école va persister,
07:32 le cyberharcèlement va continuer puisque le ministre vient de nous dire
07:35 qu'il ne pouvait rien faire contre Facebook, ni Instagram, ni TikTok,
07:38 ce qui est totalement insidérant.
07:39 Les excuses ont-elles été prononcées ?
07:41 Les excuses ont été prononcées, mais je laisse répondre la famille.
07:44 Est-ce que ces excuses sont suffisantes ?
07:48 Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Qu'est-ce que vous ressentez ?
07:51 Pour notre part, je ne pense pas qu'elles aient été sincères.
07:58 Honnêtement, il y a eu aussi des...
08:04 Pour nous, ça n'a pas été sincère. Pour nous, ça n'a pas été sincère.
08:06 Et puis, on ne peut pas... On les accepte, mais pour nous,
08:13 c'était aucune sincérité dans les excuses qui ont été faites.
08:17 Qu'attendez-vous mercredi du rendez-vous avec Brigitte Martin ?
08:22 Qu'elle soit un peu plus réceptive par rapport à notre venue.
08:28 Qu'est-ce que vous souhaitez lui dire ?
08:30 On lui dira. On lui dira bien. Merci.
08:33 Merci à vous. Merci beaucoup.