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Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00...
00:05Je parlais de Charentes, il y a un instant,
00:08c'est bien connu en France, mais pas seulement en France.
00:11Elles viennent bien de Charentes, on est d'accord ?
00:14Elles viennent bien de Charentes, j'aime la parenthèse,
00:17parce que c'est ce qu'on peut appeler l'intelligence paysanne,
00:20un produit recyclé dès le XVIIe siècle.
00:23En Charente, il y a les ports maritimes,
00:25on fabrique pour les marins des cabans,
00:27qui sont en laine, et en Charente, il y a l'industrie papetière.
00:31Avec l'industrie papetière, on prend la pâte à papier,
00:34on la presse entre deux plaques de feutre,
00:37à force, l'eau rend ces plaques très dures,
00:40on les jette, vous prenez ces plaques de feutre,
00:42vous prenez la laine, si vous faites de la couture entre les deux,
00:46ça forme une Charentaise. Du recyclage.
00:49On est dans l'Antigaspie, on est au XVIIe siècle.
00:52Pourquoi on invente ça et pourquoi je parle d'intelligence paysanne ?
00:55Les paysans, à l'époque, portaient des sabots de bois,
00:58et le dessus du sabot de bois coupait le pied.
01:01Ils allaient récupérer le feutre, le feutre et la laine,
01:04pour mettre au-dessus d'où la languette.
01:07D'où la languette, pour éviter que le pied soit coupé.
01:10C'est au XVIIe siècle qu'on voit la première Charentaise apparaître.
01:14C'est l'administration royale qui la fabrique.
01:16La première Charentaise n'a ni de pied droit ni de pied gauche.
01:21Ca n'arrive qu'en 1860,
01:23grâce à un certain Alexis Godillot.
01:26Ah oui, Godillot, c'est celui qui l'a équipé.
01:29Il a équipé toute l'armée française.
01:31Exactement. Il était cordonnier.
01:34C'est lui qui a fait la première Charentaise
01:36avec un pied gauche et un pied droit.
01:38On disait que c'était des Godillots.
01:41Le coup de la languette qui était faite,
01:43parce que quand on mettait son pied avec,
01:46ça ne vous coupait pas avec le sabot de bois.
01:48D'où cette petite languette de la Charentaise.
01:51Ca n'a pas beaucoup changé.
01:53Ca n'a pas beaucoup changé.
01:54La Charentaise a d'autres noms. On parle aussi de la silencieuse.
01:58C'étaient les domestiques qui les portaient.
02:00Grâce à ces semelles de feutre, ils pouvaient cirer le parquet.
02:04Les domestiques rentraient dans les chambres des maîtres
02:07sans les réveiller. Ca faisait pas de bruit.
02:09Ca a été utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale
02:12pour les militaires espions pour se déplacer
02:15sans faire de bruit grâce à ces semelles de feutre.
02:17Il y a des entreprises qui fabriquent
02:20de véritables Charentaises en Charente ?
02:22Exactement, il y en a toujours.
02:24La Charentaise, je le disais, est un produit rustique.
02:27Ca a été un accessoire de mode dans les années 50.
02:30Perdue en désuétude, concurrencée à l'international.
02:34On a vu des produits copiés à travers le monde
02:37qui ont un peu tué la Charentaise française.
02:40Mais la Charentaise telle qu'on la connaît,
02:43en 1907, c'était Ophile Rondineau, un cordonnier en Charente,
02:46qui a fait ce design qu'on connaît, le fameux tissu écossais.
02:51Derrière vous, il y a ça, peut-être.
02:53Exactement, en 1907.
02:54Rondineau, cette maison continue.
02:57Elle fait perdurer ce savoir-faire si spécifique.
03:00Aujourd'hui, avec la tendance du Made in France,
03:03il y a de nombreuses marques qui proposent des Charentaises
03:06très colorées et avec des modèles très revisités.
03:09La maison Rondineau, c'était en Charente ?
03:12C'est en Charente, totalement.
03:14A la Rochefoucauld, exactement.
03:16On va maintenant comprendre le lien
03:17entre bayonne et baïonnette.
03:19Vous saviez ça ?
03:20La baïonnette, l'arme, on parle bien de l'arme.
03:24Bayonne, pourquoi ?
03:25Parce qu'au XVIIe siècle, toujours,
03:27il y avait des conflits entre les soldats français
03:30et les soldats espagnols.
03:32La légende dit que les soldats baïonnés
03:34n'avaient plus de munitions.
03:36Ils ont pris leurs couteaux,
03:37les ont accrochés au bout de leur fusil.
03:40Ca a fait une arme très pratique.
03:42Bayonne, c'est aussi une place importante
03:44de la coutellerie française.
03:46Ces baïonnettes étaient très expertes,
03:48bien taillées par ces couteliers.
03:50C'est sous Napoléon que la baïonnette
03:53va prendre son essor et devenir l'arme typique
03:55d'un savoir-faire français et qui va rayonner
03:58à travers toute l'Europe.
04:00Ca sera l'emblème de la puissance napoléonienne.
04:03On les voit, les baïonnettes,
04:04devant les grognards de la garde.
04:07Exactement.
04:08Passées en vue par Napoléon.
04:10Le couteau, c'est l'aïeul ?
04:11Des fois, j'ai des éclairs comme ça.
04:13De génie.
04:14Parfait.
04:15L'aïeul aussi.
04:17Il l'a bien prononcé,
04:18parce que ça s'écrit aïeul.
04:20Je ne suis pas totalement tobé.
04:22Là, on part dans l'Aveyron.
04:24Effectivement, le couteau tire son nom
04:27du village éponyme.
04:28Là, on est au 19e siècle.
04:30C'étaient les paysans et les buronniers.
04:32Ce sont ceux qui font ce fromage typique de chèvre.
04:36Ils se sont inspirés de couteaux qu'on connaissait.
04:40Il fallait un couteau très pratique,
04:42pliable,
04:43pour ces bergers.
04:44C'est comme l'originel.
04:46Oui.
04:47Il est pliable.
04:48Comment on va le reconnaître ici ?
04:50C'est sur l'aspect spécifique de son bois.
04:53Et alors, l'aïeul, il y a une abeille.
04:56Pourquoi une abeille ?
04:57Symbole de Napoléon,
04:59qui aurait offert ce symbole à la ville de l'aïeul
05:03en reconnaissance de services rendus par la ville.
05:06L'abeille, c'était le symbole.
05:08On voit ça sur les meubles.
05:09On a fait les choses de Napoléon.
05:11On va parler de Napoléon aujourd'hui.
05:13Vous liez cette histoire des métiers
05:16à une notion de terroir aussi.
05:17Comment les lieux peuvent-ils influencer
05:20les savoir-faire français ?
05:22Les lieux vont influencer sous plusieurs points.
05:25Si vous prenez le pont, vous parliez de Tancarville.
05:28On est ce pont de Tancarville.
05:30Un sèche-linge est né, ce fameux sèche-linge.
05:33Là, on est très récent.
05:34C'est dans les années 50.
05:36C'est le pont de Tancarville.
05:38C'est un industriel normand.
05:39Dans les années 50, on n'a que le fil pour faire sécher le linge.
05:43Ils cherchent un système robuste.
05:45Ils s'inspirent de ce pont de Tancarville.
05:47Ils créent ce sèche-linge de Tancarville.
05:50Il y a un pont qui s'appelle Tancarville.
05:52C'est en Normandie.
05:54T'as jamais vu le pont de Tancarville ?
05:56On l'appelait Tancarville, mais je ne comprenais pas pourquoi.
05:59Je suis complètement teubé.
06:01Ce sèche-linge a un peu disparu des radars
06:04au début des années 2000.
06:05Une entreprise l'a relancé en 2019.
06:07C'est la seule entreprise industrielle
06:10qui fabrique des sèches-linges en France.
06:12C'est Herbie.
06:13Ca se trouve depuis 1972 en Neuer-et-Loire,
06:16dans la ville exactement de Laloupe.
06:20Aujourd'hui, un million de sèches-linges
06:22sortent chaque année.
06:24On ne fait pas mieux.
06:25On n'a pas fait mieux.
06:26On est cotisé.
06:27Aujourd'hui, 95 % des pièces de ce sèche-linge
06:31sont recyclées.
06:32On parlait des chanteuses.
06:33Il y en a un autre.
06:35La dame qui était là tout à l'heure.
06:37Le béret basque.
06:38Le béret, bien sûr.
06:39Pourquoi il est basque ?
06:40Pourtant, il ne l'est pas.
06:42Normalement, il est béharné.
06:44On parle d'un béret béharné.
06:45La guerre entre Pays basques.
06:47On trouve des traces de ce béret au XIIIe siècle
06:51sur le portail d'une église,
06:53l'église de Beloc, qui est dans le Béharn.
06:55Il y a trois bergers qui sont sculptés sur cette porte
06:59et qui portent ce béret.
07:00Ce béret, il est fait en laine.
07:03Il est résistant.
07:04Il a été utilisé par les bergers.
07:06Il faut 700 m de fil de laine
07:08pour fabriquer un béret basque.
07:10Pourquoi on dit le béret basque et pas le béret de Berne ?
07:14Béharné, pardon.
07:15C'est parce que Napoléon III,
07:18cette fois, qui faisait construire le palais de Biarritz,
07:22vient pour regarder l'avancée des travaux.
07:25Il voit tous les ouvriers avec ce béret béharné
07:28et donc dit que c'est un béret basque.
07:30Le béret basque est resté parce que Napoléon III l'a dit.
07:33Aujourd'hui, il est toujours bel et bien fabriqué
07:36dans le Béharn, notamment par la maison Lolaire,
07:40depuis 1840, à Oloron-Sainte-Marie.
07:43C'est vraiment l'incandescence de ce savoir-faire.
07:47Il est revenu à la mode.
07:48Un vrai béret, il est en laine.
07:51Tout ce que vous verrez en coton, qui vient de très loin,
07:54ce n'est pas un béret.
07:55Surtout, quand vous le mettez à plat,
07:58vous ne verrez jamais une couture.
08:00On pourrait revenir avec vous sur des tas d'objets
08:04qui font notre savoir-faire français,
08:06qui méritent notre reconnaissance.
08:08On fera ça une prochaine fois ?
08:10Avec plaisir. Merci beaucoup.

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