🇲🇦🇸🇳 C'est le plus marocain des Sénégalais, le plus sénégalais des Marocains. À 53 ans, Abdou Diop a passé la plus grande partie de sa vie dans le royaume. Il y conseille des entreprises et développe des projets sur tout le continent. Pour Brut, il raconte son lien si spécial avec ce pays.
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00:00Sa Majesté venait de faire le premier discours de la Marche Verte en dehors du Maroc,
00:04c'était au Sénégal, c'est un vaste symbole.
00:07Au moment de venir s'installer pour la photo de famille,
00:09donc je viens et les deux chefs d'État sont devant moi.
00:13Je salue le président Macky Sall qui me dit « Adiop, le plus marocain des Sénégalais ».
00:19Et là, par surprise, il y a Sa Majesté le roi qui rétorque
00:23« Je dirais plutôt le plus sénégalais des Marocains ».
00:30Abdou Diop est un Sénégalais enraciné, né en 1970, il a 53 ans aujourd'hui à Dakar,
00:55dans une famille sénégalaise multiculturelle et ethnique,
01:02puisqu'il est un mélange de Wolof, tout couleur, Alpoular comme on dit,
01:10qui, dès son jeune âge, à deux ans, a dû suivre les traces de ses parents
01:15pour quitter le Sénégal une première fois.
01:18Mes parents, diplomates à l'étranger.
01:20Le premier voyage était une immersion très forte vers l'Océanie, l'Asie.
01:27La période où j'étais dans cette zone était une période très particulière.
01:33C'est la première Malaisie de Marathir, l'Inde d'Indira Gandhi que je côtoyais au quotidien
01:40parce que c'était une amie très proche de la famille.
01:43J'ai eu la chance de rencontrer Mère Teresa, qui était une femme extraordinaire.
01:48Quand on était en Inde, on avait des étapes de retour au Sénégal, on s'arrêtait.
01:54Souvent, il y avait un passage obligé à la Mecque pour faire la Hamra, c'était la première escale.
01:59Et la deuxième escale, souvent, on s'arrêtait au Maroc parce qu'on avait beaucoup d'amis.
02:05Vraiment, c'était avec beaucoup de joie qu'on a décidé de venir nous installer au Maroc.
02:12C'était un Maroc qui commençait à se développer.
02:16Je me rappelle, la première arrivée, on a pris la route côtière.
02:21Il n'y avait pas un kilomètre d'autoroute au Maroc à l'époque.
02:23C'était aussi un Maroc qui commençait à recevoir de plus en plus de ressortissants d'Afrique subsaharienne.
02:29Après le bac, j'ai hésité. J'ai hésité à aller ailleurs,
02:34parce qu'il y a toujours les sirènes de l'Occident.
02:38À travers mes amis, à travers les différentes relations que j'avais pu tisser,
02:43j'ai pu découvrir ces bonnes formations au Maroc.
02:47Comme ça, je suis passé du lycée Descartes à l'ISCE.
02:51À l'époque, c'était la seule école de commerce.
02:53J'ai réussi aussi au concours d'accès au cycle d'expertise comptable.
02:57Ma première expérience professionnelle est en fait la dernière de ce jour,
03:02puisque j'ai intégré le cabinet dans lequel je suis professionnellement.
03:10En termes de vie active, j'ai été dans ce cabinet en démarrant comme stagiaire.
03:18Et aujourd'hui, j'ai la chance d'en être l'associé gérant.
03:23Le premier projet, si mes souvenirs sont bons, c'était la restructuration ou la refonte de...
03:29À l'époque, ça s'appelait la RAPC, la Régie Autonome du port de Casablanca.
03:34C'est une structure qui était gérée comme beaucoup de structures publiques à l'époque,
03:40avec peu de moyens, faisant beaucoup de pertes.
03:43Et il fallait réfléchir à sa transformation.
03:45Aujourd'hui, on parle beaucoup de tangémètre.
03:47Moi, je me rappelle de la première visite qu'on avait faite sur le terrain
03:50où il n'y avait même pas un coup de pioche.
03:52Et bon, c'est beau aujourd'hui de repasser et de voir que ce port est devenu le premier port en Afrique.
03:57Le Maroc était vraiment un modèle qui pouvait être très utile pour le continent africain
04:05parce qu'on avait les mêmes défis, les mêmes enjeux.
04:08Les défis de la jeunesse, de l'analphabétisme, de l'emploi des jeunes, l'emploi des femmes,
04:13le défi de l'absence de ressources, de la sécheresse, de la maîtrise de l'eau.
04:17Et que, malgré tout, on réussit assez à faire des choses extraordinaires.
04:22Ce que beaucoup de pays africains n'arrivaient pas à faire, c'est là où est venu le déclic.
04:26Ensuite, j'ai fait la restructuration du secteur de l'immobilier en Mauritanie.
04:31Ensuite, j'ai travaillé sur la refonte du secteur de la distribution de l'eau au Burundi,
04:38la création et la stratégie autoroutière en Côte d'Ivoire,
04:41la libéralisation du secteur des télécoms au Comores,
04:44juste pour citer quelques exemples de pays divers et variés.
04:46Les jeunes africains doivent se poser la question,
04:48pourquoi nous, nous devons partir et laisser ce continent
04:51pendant que d'autres sont en train de se battre pour des territoires sur ce continent ?
04:57Ça doit faire réfléchir.
04:59Ça veut dire qu'il y a de vraies opportunités sur le continent.
05:02Sinon, on n'aurait pas ces batailles entre les puissances occidentales.
05:04Ces puissances ont compris que l'Afrique regorgeait d'énormément de potentialités.
05:09On ne peut pas avoir une jeunesse aussi brillante, une population jeune,
05:14plus de 50% des jeunes à horizon 2050 aura moins de 25 ans sur le continent.
05:20Donc, on aura 1,2 milliard de jeunes en 2050.
05:24C'est énorme pendant que d'autres continents sont en train de vieillir.
05:2760% des terres arabes mondiales se trouvent sur le continent
05:30pendant qu'on a besoin de terres pour alimenter le monde.
05:3480% des ressources minières du monde se trouvent sur le continent.
05:37C'est un continent énorme de potentialités.
05:41Et encore une fois, ce n'est pas d'autres qui vont venir le développer pour nous.