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Membre de l'association Solidarité Femmes 90, Emmanuelle Hanzo évoque une meilleure prise en considération de la lutte contre les violences faites aux femmes, malgré des efforts toujours à accomplir pour la libération de la parole.

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Transcription
00:00Il est très exactement 8h15, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la journée internationale sur le sujet, comment en parler ?
00:08Vous en discutez peut-être avec votre famille, votre entourage ? Que faire de plus pour arrêter ces violences ?
00:14Réagissez ici, dès maintenant, c'est votre rendez-vous, dites-le franchement, avec votre invitée Alexandra.
00:20Bonjour Emmanuelle Anzouf.
00:22Bonjour à tous, merci France Bleu d'avoir invité Solidarité Femmes.
00:27Solidarité Femmes 90, vous êtes l'une des représentantes de cette association.
00:32Tabou aux discussions, quels mots choisissez-vous pour illustrer la lutte contre les violences faites aux femmes ?
00:38C'est un tabou qu'il est de moins en moins, la parole se libère et c'est heureux parce qu'il y a encore urgence.
00:46Ça se libère progressivement.
00:49Samedi vous avez participé au rassemblement à Belfort, rue Piétonne du Faubourg de France, avec votre association et notamment aussi la Ligue des droits de l'homme parmi les autres associations.
00:5870 personnes étaient réunies, ce n'est pas un chiffre qui vous inquiète quand même dans ce sujet ?
01:03Alors je crois qu'il faut bien comprendre que c'est une cause qui a trait à l'intimité des personnes, avec des victimes qui pour beaucoup s'ignorent
01:12parce que depuis toujours elles ont intériorisé la domination qu'elles subissent sans avoir ni les moyens ni aucun espace pour la remettre en question
01:23ou encore des femmes qui pensent que ça ne peut pas leur arriver ou encore des victimes en souffrance qui vivent dans la peur et la honte.
01:30Donc vous imaginez bien que ce ne sont pas elles qui vont manifester en masse.
01:34Mais je crois au contraire que samedi c'était une belle mobilisation car plusieurs associations ont pu porter la voix de ces femmes victimes.
01:43Et il y avait effectivement, vous l'avez dit, la Ligue des droits de l'homme mais Solidarité Femmes était aussi accompagnée d'Amnesty, de nous toutes, des organisations syndicales et des Rosy.
01:52Et ça a permis de rendre visible notre action commune contre la violence faite aux femmes.
01:57On a pu distribuer des flyers, on a pu rendre visible les silhouettes de ces femmes tuées en 2023 en affichant leur nom, leur prénom et leur âge.
02:09Et puis de prendre la parole pour sensibiliser l'opinion.
02:12Un chiffre toujours en effet malheureusement trop fort de ces femmes tuées sous les coups de leurs conjoints.
02:18Un peu plus de 117 pour l'instant pour cette année.
02:22Sur les efforts, les moyens qui sont mis en place Emmanuel Onzo, à quel point ça progresse ?
02:28Notamment dans le Nord-Franche-Comté, il y a de plus en plus de signalements par exemple à la police des remontées de victimes.
02:34C'est une bonne chose j'imagine pour vous, ça progresse ?
02:36Oui tout à fait ça progresse.
02:39Et peut-être rappeler un chiffre clé, c'est qu'en 2023, 230 000 femmes victimes de violences au sein du couple ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie.
02:49Et alors on peut toujours effectivement évoquer la question des moyens mis à disposition des forces de l'ordre, de la justice, de la protection de l'enfance ou encore du monde associatif.
02:58Parce qu'on voudrait toujours les voir renforcer, parce qu'effectivement si la parole continue à se libérer, il faudra des moyens supplémentaires.
03:06Mais je crois que l'enjeu crucial est celui de l'évolution des mentalités et de l'éducation des enfants pour ne pas reproduire ces schémas de violence.
03:14Apprendre aux jeunes filles leurs droits et puis travailler avec filles et garçons sur la relation amoureuse dans le respect de l'autre et l'égalité.
03:22Il est 8h19, un tabou, un sujet de discussion. Parlez-vous à vos enfants ou vos petits-enfants de la lutte contre les violences faites aux femmes ?
03:31C'est votre rendez-vous ici matin qui se poursuit. L'invité est membre de l'association Solidarité Femmes 90.
03:37Emmanuelle Anzot, vous venez de parler du rapport avec les jeunes sur ce sujet. Je vous propose d'écouter le témoignage de Cindy, 16 ans, une lycéenne de Belfort,
03:44qui regrette que l'alerte ne soit pas lancée aussi par les hommes.
03:48Personnellement, c'est que des femmes qui m'en ont parlé. Donc ma mère et ma grand-mère du côté de ma mère.
03:53J'aimerais beaucoup que ça puisse être parlé et que même les hommes en parlent en fait, parce que je n'en entends pas beaucoup parler.
03:59Au lycée, on en parle entre femmes et j'ai des amis personnellement qui en parlent, des amis garçons je veux dire.
04:04Mais par contre, je n'ai pas beaucoup de personnes autres qui en parlent.
04:08Je n'ai pas l'impression que la situation s'améliore, mais qu'on en parle plus par contre, ça oui.
04:12C'est un constat général pour vous Emmanuelle Anzot que les jeunes, les garçons notamment, ne s'intéressent pas assez au sujet de la lutte contre les violences faites aux femmes ?
04:20Oui, c'est tout l'enjeu que je rappelais tout à l'heure, celle de l'éducation et de leur permettre en tout cas de parler ensemble de ces sujets-là.
04:31On a accueilli à Solidarité Femmes en octobre 2023 une exposition québécoise qui s'appelle « Les couloirs de la violence ».
04:38Et en 2025, on va créer la déclinaison locale de cette exposition immersive qui permet aux jeunes et aux professionnels de travailler avec eux sur le rapport fille-garçon dès l'adolescence.
04:52Et je pense qu'effectivement, la parole progresse, mais il faut faire encore œuvre de pédagogie auprès de tous.
04:58Vous avez l'impression qu'ensuite ces jeunes en discutent avec leurs parents chez eux du sujet ?
05:03Oui, il ne faut pas que ce soit un tabou et on voit que les effets de la libération de la parole avec le mouvement MeToo ne faiblit pas.
05:12Et grâce au travail des associations, des professionnels, comme on voit féministes, les femmes se sentent davantage autorisées à déclarer les violences subies.
05:20Et c'est encore une bonne chose. Il faut quand même se rendre compte qu'on estime, et ce sont les chiffres officiels du gouvernement,
05:28que seulement 16% des victimes de violences au sein du couple déposent plainte. Et elles étaient 230 000.
05:35Donc imaginez, on a un potentiel de victimes d'à peu près 1,5 million en France.
05:41Donc il faut continuer de creuser, d'avancer sur le sujet, d'en parler comme en ce moment sur France Bleu.
05:48Jocelyne nous a écrit sur Facebook, elle dit en effet que ce n'est plus un sujet tabou, ce sujet des violences faites aux femmes.
05:53Ça se propage de plus en plus dans tous les milieux. Ça se propage aussi, selon vous Emmanuelle Anzot,
05:58aux générations un peu plus anciennes qui n'ont pas connu cette journée internationale de lutte qui est arrivée en 99 ?
06:05Oui, tout à fait. Effectivement, l'ONU a créé cette journée en 99, mais je crois que nos aînés ont permis, nos aînés féministes,
06:15puisque le mouvement féministe, il a quand même une cinquantaine d'années, ont permis la liberté d'aujourd'hui
06:22et ont participé aussi à la libération de cette parole et au fait qu'on dénonce les violences.
06:29Donc je pense qu'effectivement, pour certaines, il est trop tard pour parler, mais que d'autres aussi ont milité.
06:36Donc effectivement, c'est intergénérationnel, ça touche toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur origine ou leur milieu social.
06:43Il ne faut pas prendre personnellement cette lutte quand on est un homme, c'est ce que nous disait dans la manifestation ce week-end à Belfort un participant.
06:49Est-ce que pour vous, il reste des barrières infranchissables avec le public masculin sur le sujet ?
06:55Non, pas du tout, parce qu'on a au sein de l'association Féminité Femme des bénévoles hommes.
07:02Donc effectivement, les mentalités évoluent et on ne stigmatise pas la gente masculine, mais bien les agresseurs.
07:11Donc c'est tout à fait différent.
07:13Pour ces actions, ces constats que vous allez continuer d'évoquer avec l'association Solidarité Femmes 90.
07:20Au-delà de cette journée internationale, la lutte continue contre les violences faites aux femmes.
07:24Emmanuel Anzot, vous étiez l'invité d'ici matin, membre de l'association.
07:27Donc Solidarité Femmes 90, bonne journée à vous !
07:31Merci, bonne journée à tous !

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