REPORTAGE - La prestigieuse Académie Goncourt et les lycéens ont déjà choisi leurs lauréats 2024, Kamel Daoud et Sandrine Collette. Mais un troisième prix littéraire doit encore être remis cette année : celui des détenus. Créé en 2022, le Goncourt des détenus se base sur la même sélection de seize livres que ses prédécesseurs.
45 établissements pénitentiaires français ont été retenus pour participer à sa troisième édition. Sur la base du volontariat, près de 600 détenus ont ainsi lu, analysé et classé les romans nommés au Goncourt, avant de remettre leur prix le 17 décembre prochain. Le HuffPost s’est rendu à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis en Essonne, à la rencontre de ce juré littéraire pas comme les autres.
45 établissements pénitentiaires français ont été retenus pour participer à sa troisième édition. Sur la base du volontariat, près de 600 détenus ont ainsi lu, analysé et classé les romans nommés au Goncourt, avant de remettre leur prix le 17 décembre prochain. Le HuffPost s’est rendu à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis en Essonne, à la rencontre de ce juré littéraire pas comme les autres.
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00:00Donc là, on défend le prix Goncourt des détenus.
00:02Je pense qu'en tant que détenu,
00:05on peut tous un peu se reconnaître dans le personnage de Madeleine.
00:26La sélection, c'est la même que pour le prix Goncourt.
00:29On a 16 livres pour le Goncourt,
00:31le Goncourt des lycéens et le Goncourt des détenus.
00:33Une fois qu'on est retenus, on constitue des groupes
00:36et avec les groupes, on va les faire travailler sur les livres,
00:38leur faire lire les livres.
00:40Personnellement, comment t'as relâché ton personnage au Goncourt ?
00:42J'ai mis du temps à me construire dedans
00:45par rapport au personnage du début.
00:48La mise en place du récit, elle était un peu longue.
00:50On a des jeunes, on a des personnes plus âgées,
00:52il y a des hommes et des femmes
00:53parce qu'on a réussi à mettre en place une action mixte.
00:56Donc oui, on a vraiment des lecteurs débutants
00:57et quand ils arrivent à lire un livre en une semaine,
01:00ils sont déjà super fiers d'eux.
01:02C'est pas si facile en prison de lire.
01:04On a l'impression qu'on a beaucoup de temps,
01:05mais en fait, il y a beaucoup de bruit.
01:07En cellule, on n'est pas tout seul, il faut partager avec la télé.
01:10Non, il faut parler de l'âme.
01:12Ah oui !
01:13Et c'est elle, c'est Stella qui va lui...
01:15C'est l'âme des ancêtres,
01:17c'est l'enfant dont j'ai marre et tout ça.
01:20On a vraiment un très haut taux de participation sur cette activité.
01:24Je pense qu'une des raisons, c'est parce qu'on leur demande leur avis.
01:27C'est un moment où ils vont pouvoir échanger,
01:29débattre avec d'autres personnes.
01:30Personne ne veut en cause la soumission finalement.
01:32Oui, parce qu'elle est acceptée.
01:36Elle est un peu plus grande en fait.
01:38Excuse-moi.
01:39Là, en fait, tu me racontes l'histoire qu'on a déjà eue.
01:41Là, ça n'importe rien en argument de défense, tu trouves ?
01:45Bah ouais.
01:46Je suis mort.
01:47Quelqu'un...
01:57Il n'y a pas d'avocat général, c'est bon.
01:59J'ai des soucis, donc j'aurais des soucis défendants.
02:01Après, j'ai moins d'hommes,
02:03j'aurais du tout me barrer.
02:05C'est mon choix.
02:06C'est marrant.
02:07Vous m'avez fait aussi bien, j'adore.
02:08Oui, bah...
02:09C'est un bouquin qui nous a véritablement touchés
02:12parce qu'on n'a aucune difficulté à se profiter dans l'histoire.
02:16Enfin, on s'identifie très facilement au personnage également.
02:19Pour que tous, on peut se reconnaître dans le personnage de Madeleine,
02:22pas forcément par envie, mais par nécessité.
02:26Et c'est quelque chose qui peut nous correspondre à nous en tant que détenus.
02:31Je pense que le plus important, c'est de réduire la fracture
02:34qui existe quand on est incarcéré.
02:37Il faut savoir qu'ici, on a aussi des personnes qui sont prévenues,
02:39donc elles ne sont pas encore condamnées.
02:41Elles font de la prison avant même d'avoir reçu une condamnation.
02:44On parle beaucoup de réinsertion,
02:45on parle beaucoup de réinsertion,
02:46on parle beaucoup de réinsertion,
02:47on parle beaucoup de réinsertion,
02:48on parle beaucoup de réinsertion.
02:50On parle beaucoup de réinsertion,
02:51mais c'est vraiment un terme qui est difficile,
02:53puisqu'en fait, on les exclut par la peine d'incarcération
02:57et après, on leur demande de se réinsérer.
03:20Au moins, avec ce prix,
03:22mais avec toutes les actions qu'on met en place
03:24et de manière plus générale, l'accès aux bibliothèques,
03:26on essaye de réduire cette fracture,
03:28le temps de l'incarcération.
03:30Et je crois que c'est ça qu'il faut retenir,
03:32c'est-à-dire un jour, elles vont sortir,
03:34donc essayons de ne pas les couper du monde complètement.
03:37Elles sont toujours présentes.