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6 à 8 heures de chant et 4 heures de piano par semaine, 3 à 4 heures de maquillage tous les jours. Eh oui, c’est pas facile de se transformer en Charles Aznavour. Tahar Rahim raconte comment il s’est préparé pour endosser ce rôle dans le film "Monsieur Aznavour" de Mehdi Idir et Grand Corps Malade.
Transcription
00:00Si c'est l'esprit, ou bien le cœur, qui nous apporte ce bienfait,
00:05on a confiance en l'avenir.
00:07Je ne me suis pas dit ça, genre je ressemble à...
00:09C'est bon, je ressemble à Jean-Paul.
00:11Non, je me suis dit l'objectif qu'on voulait atteindre,
00:13qui était de pouvoir se serrer la main au milieu,
00:15est atteint.
00:15Je pourrais y croire.
00:16Moi, je voulais d'abord chanter pour que ce soit crédible
00:19et que moi je le sente.
00:20Il ne s'agissait pas au départ que ce soit ma voix.
00:23La brème,
00:26ça voulait dire,
00:28on est heureux.
00:30Pendant le tournage, c'était entre 3 et 4 heures de maquillage.
00:343 heures pour Charles...
00:38Je ne sais pas comment dire ça, mais pré-nasal, on va dire.
00:40Quand il avait son vrai nez,
00:42son nez de naissance.
00:45Et 4 heures quand il était un peu plus vieux
00:48et qu'il avait déjà fait sa chirurgie esthétique.
00:51Il y avait les microprothèses à mettre.
00:54Je leur avais dit le moins possible jusqu'à ce que ça ne soit plus possible.
00:56Et ça, forcément, ça demande un travail de minutie de la part
00:59des prothésistes et maquilleurs.
01:01En tout cas, le résultat est forcément plus confortable pour moi.
01:04Parce que parfois, chaque micro-expression,
01:06si on est un peu bloqué par quelque chose, on ne peut pas très bien jouer.
01:10Il y avait la perruque, se raser le crâne.
01:12On taillait mes propres sursis dans la forme de ceux de Charles.
01:15Il y avait sa façon de parler, sa voix parlée,
01:18qui était quelque chose aussi de très important parce que très reconnaissable.
01:22Ça aussi, j'ai eu besoin de l'intégrer bien avant,
01:23mais j'avais très peur de ça.
01:25Et c'est ce qui est venu le plus vite.
01:26Parmi tout ce que j'ai appris à vos côtés,
01:28s'il y a bien une chose que j'ai comprise,
01:30c'est qu'il n'y a que le travail qui paye.
01:32Et du temps pour moi de m'y mettre.
01:34J'avais une gouttière pour avancer un peu sa lèvre proéminente
01:38puisqu'il était un peu prognate.
01:40Et je ne voulais pas le mimer moi-même.
01:41D'abord, ça aurait été très inconfortable.
01:42Ça m'aurait déconcentré et je crois que j'aurais été un peu ridicule.
01:46Et ça, je l'ai porté pendant trois mois avant et pendant.
01:51Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans
01:54ne peuvent pas connaître.
01:57Mon Martin, ce temps-là.
01:59Le tout, c'est 6-8 heures par semaine pour le chant,
02:04avant le tournage.
02:06Ensuite, pendant le tournage, le soir, j'allais en faire.
02:08Et le piano, je crois que c'était à peu près 4 heures par semaine.
02:12Et ensuite, pour ce qui concerne le mimétisme,
02:16c'était beaucoup d'observations.
02:17J'ai intégré très vite sa posture.
02:20J'en avais besoin.
02:21Des mois en avance pour que ça devienne un réflexe.
02:24Aller chercher Charles qui a, comme on peut le voir dans le film,
02:27qui s'est acharné pour atteindre une forme de tessiture
02:31qui lui permettrait en tout cas de devenir ce qu'il est,
02:35d'atteindre de nouveaux octaves, etc.,
02:38que ce soit dans les graves ou dans les aigus.
02:40C'était un énorme travail.
02:42Et ensuite, c'était un travail de mimétisme
02:44parce qu'il a un rythme très précis.
02:45Charles lui disait, ça n'est pas à moi de suivre l'orchestre,
02:48c'est à lui de me suivre.
02:49Donc il démarrait quand il voulait.
02:52Des fois ça démarre en l'air,
02:53des fois il attend, il accélère à la fin et tout.
02:55Et ça me rendait complètement dingue.
02:57Sur le rythme, sur la voix, sur le placement et tout.
03:00Tout a été très, très compliqué,
03:01mais j'ai eu la chance de travailler avec un autre très grand nom de la chanson,
03:05Fabien Marceau, alias Grand Corps Malade.
03:07Et là, on se sent en sécurité
03:09parce que quand il vous dit c'est bon, c'est que c'est bon.
03:11Ça a été quoi la chanson la plus difficile à interpréter ?
03:13Il y a eu le Feutre Topé
03:16parce que c'est du swing.
03:18Le swing, c'est un rythme très soutenu.
03:21Il y a une mesure qui est différente,
03:23il faut parler très vite, avoir beaucoup de souffle.
03:24Ça a été très dur aussi sur Comme ils disent.
03:27Et est-ce que finalement, c'était l'un de vos rôles les plus challengeants ?
03:30Ça a été le plus challengeant de tout mon chemin d'acteur, oui.
03:35C'est la raison pour laquelle j'ai eu très peur
03:37et que j'ai failli ne pas le faire.
03:39Mais là, le goût du risque, du challenge, il m'a...
03:44Il l'a emporté et puis du côté technique,
03:47il y avait toutes ces heures de travail,
03:49ces mois de travail qui me faisaient très très peur.
03:52Ensuite, l'interprétation du personnage en soi.
03:54Quand bien même Charles était un personnage fictif,
03:57ça aurait été quelque chose de sérieux à appréhender, de très sérieux.
04:02Mais en plus de ça, c'est quelqu'un...
04:04C'est une icône qui représente la France dans le monde
04:08depuis tant de décennies, qui est connue de tous,
04:11et aimée de tous, donc parfaitement reconnaissable.
04:15Alors oui, oui, bien sûr.
04:18C'était le plus difficile pour moi.

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