"Il faut imaginer le supermarché du futur, on peut retrouver tous les produits sauf que chez nous, il y a zéro plastique."
Salomé et Pierre viennent d'ouvrir le Super tout nu, le premier supermarché zéro déchet. Du chocolat, à la viande en passant par les pâtes ou le shampoing… ils proposent des produits locaux, sans emballage superflue et sans plastique. L'objectif : rendre pratique l'achat en vrac et démocratiser le zéro déchets. Visite guidée.
Salomé et Pierre viennent d'ouvrir le Super tout nu, le premier supermarché zéro déchet. Du chocolat, à la viande en passant par les pâtes ou le shampoing… ils proposent des produits locaux, sans emballage superflue et sans plastique. L'objectif : rendre pratique l'achat en vrac et démocratiser le zéro déchets. Visite guidée.
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00:00On a l'habitude de le voir dans des petits sachets, mais là, vous l'avez en bocal du coup.
00:03Alors ça, ce n'est pas vraiment de la saucisse de Toulouse, c'est de la saucisse de poulet,
00:05mais qui est faite dans le Gers, c'est en 1932.
00:08On a même des petits fromages frais qui remplacent le Saint-Mauré.
00:13On avait beaucoup de parents qui nous disaient qu'il nous manquait quelque chose pour remplacer le Saint-Mauré,
00:17donc on a développé avec un de nos producteurs locaux, qui s'appelle la Ferme du Ramier.
00:20Et là, vous avez le suprême de poulet.
00:22Alors c'est vrai que c'est visuel.
00:23Est-ce que c'est beau ? C'est une autre question, mais en tout cas, c'est délicieux.
00:26Et donc, qui est fait dans le Gers, il est en zéro déchet.
00:28Il faut imaginer le supermarché du futur, en fait.
00:30C'est un supermarché complètement classique.
00:32On peut retrouver tous les produits qu'on retrouve d'habitude dans les enseignes de la grande distribution,
00:36sauf que chez nous, il y a zéro plastique.
00:38Tout est dans des contenants réutilisables, donc dans des bocaux en verre et des sacs en toile.
00:42Et on peut venir directement se servir en rayon.
00:44Il y a cinq ans, pour Brut, j'ai rencontré Salomé et Pierre.
00:47Bonjour !
00:47Bienvenue sur le ride-tournique.
00:48Ils aient d'ouvrir leur premier drive zéro déchet.
00:51Ils étaient trois.
00:51Aujourd'hui, ils sont près de 60.
00:53Ils ont plusieurs drives à Toulouse, à Lille et à Bordeaux.
00:56Et ils viennent d'ouvrir le premier supermarché zéro déchet de France.
00:59Bonjour !
01:00Bienvenue au Super-Tounu !
01:03Donc là, à l'époque, nous, on faisait tout à la main et à la petite cuillère ou à la cuillère acide
01:09quand on remplissait les bocaux.
01:10Aujourd'hui, en fait, on a investi dans un peu d'équipement.
01:12Donc là, par exemple, c'est une pesace semi-automatique.
01:14Donc ici, on a les bocaux qui ont été rapportés par les clients, qui sont ici,
01:19qui vont être très précisément pasteurisés à 85 degrés dans ce tunnel de lavage.
01:24On récupère tous les contenants à condition qu'ils soient de la même ouverture que les nôtres
01:28et qu'ils soient sans étiquettes, sans traces de colle.
01:30On crédite aux clients 10 centimes de bon d'achat par contenant rapporté.
01:33On met à disposition les bocaux et les gens sont encouragés à nous les rapporter.
01:37C'est une consigne inverse si on leur donne des bons d'achat en échange de leur retour.
01:40Donc c'est vraiment pour que ce soit le plus incitatif possible.
01:44Une fois qu'on a déposé ces bocaux à l'entrée,
01:46on va tomber sur ce qui fait la force du drive Toulouse,
01:48c'est-à-dire les produits frais, les fruits et légumes et la crèmerie, la viande en bocaux consignés.
01:53Donc là, par exemple, vous avez un yaourt de chef qui est fait dans les Hautes-Pyrénées.
01:56Ça, forcément, c'est une top-vente.
01:58Rappé à l'arrière du magasin, on est dans des conditions d'hygiène de l'industrie agro.
02:02Et ensuite, il y a des DLC de plusieurs semaines pour pouvoir le consommer tranquille chez soi.
02:07L'idée, c'est que tout ce qui est disponible et possible en bocaux,
02:09on le met directement dans des contenants réutilisables.
02:11Mais l'idée, c'est de convaincre le plus de producteurs possibles
02:14et le plus de fournisseurs possibles de passer à ce format-là avec nous.
02:18Donc nous, en fait, on reçoit soit dans des seaux alimentaires,
02:21donc ça va être des gros seaux qu'on va refournir nous aux producteurs,
02:24soit on reçoit en vrac directement dans des sacs qui peuvent aller jusqu'à 25 kilos.
02:28Et nous, on s'occupe d'alicoter, c'est-à-dire de faire passer à des plus petits récipients.
02:32Et puis pour tout ce qui est fromage rappé, crème fraîche, parmesan, tout ça,
02:34nous, on le fait directement dans notre labo de conditionnement sur la plateforme logistique.
02:39Alors ici, on a principalement les pâtes.
02:41C'est les produits qui ont une masse volumique qui est faible
02:44et donc pour lesquelles on n'a pas la capacité en bocal de faire des quantités suffisantes
02:49pour fournir un ménage classique.
02:51Donc on propose les pâtes dans des sacs à vrac qui sont eux-mêmes rapportés par les clients,
02:55puis stérilisés, puis remis dans le circuit.
02:57Donc il y a toutes les pâtes que vous pouvez avoir besoin,
03:00des tagliatelle, des spaghettis, des coquillettes, des macaronis, des lasagnes aussi.
03:04C'est assez marrant, des plaques à lasagne.
03:06C'est toujours le même sujet, c'est vraiment de simplifier l'acte d'achat
03:10comme si c'était dans un supermarché classique.
03:11Et donc le fait de les avoir déjà dans les sacs à vrac,
03:13c'est que le client, hop, il prend, il le met dans son caddie
03:16et hop, il peut rentrer chez lui tranquille avec son kilo de pâtes
03:19comme il l'avait marqué sur sa liste,
03:21sans avoir à faire l'acte d'acheter en vrac qui peut parfois être un frein.
03:25C'est important parce qu'aujourd'hui, l'un des freins principaux
03:28pour la consommation zéro déchet, pour la consommation vrac, c'est la praticité.
03:32Aujourd'hui, c'est trop compliqué de courir mille et un points de vente.
03:36Là, vraiment, l'idée, c'est de pouvoir faire toutes ces courses au même endroit,
03:39que ce soit hyper simple, il n'y a qu'à faire du picking directement dans les rayons.
03:43Voilà, l'idée du supermarché, c'est vraiment ça,
03:45c'est de pouvoir faire l'intégralité de ces courses qu'on puisse juste attraper
03:49comme on l'attraperait dans un supermarché classique, sauf qu'il n'y a pas de plastique.
03:52Et puis, nous, jusqu'à présent, on était sur de la consommation en drive,
03:54mais il n'y a que 10% des gens, finalement, en France qui font les courses en drive
03:58et 90% des gens, ils font leurs courses en physique.
04:02Donc, dans cette idée de toujours démocratiser cette consommation zéro déchet,
04:05c'est une manière aussi pour nous de donner une vitrine à l'enseigne
04:08et que les gens puissent venir se rendre compte, venir découvrir
04:11et se balader dans les rayons pour découvrir ce mode de consommation-là
04:14et le rendre encore une fois plus accessible, plus démocratique.
04:17Dans l'idée d'avoir tous les produits du quotidien, on a évidemment le chocolat,
04:20qui est en bocal, lui aussi.
04:22Au début, j'étais pour qu'on ait que des produits qui soient locaux, artisanaux, etc.
04:26Vous ne voulez pas qu'on ait de bananes, par exemple ?
04:27Je ne voulais pas qu'on ait de café aussi, j'avais goûté du gland torréfié.
04:29Je ne sais pas si tu as déjà goûté du gland torréfié, mais ce n'est pas vraiment
04:32ce qu'on a l'habitude de boire.
04:34Et donc, du coup, je me suis dit, on va quand même proposer ces incontournables
04:37qui sont la banane, le café.
04:39Et puis, quand on avait fait notre étude de marché, on s'était très vite rendu compte
04:42que pour avoir un commerce qui marche, il faut qu'il y ait tous les produits
04:45sous le même toit.
04:45Donc, on s'est mis à se dire, on va avoir au maximum des produits locaux,
04:48au maximum des produits bio et puis quasiment 100% du zéro déchet.
04:52Et le reste, on va les compléter avec les meilleures alternatives possibles.
04:56Donc, par exemple, on a des couches qui sont jetables.
04:59Alors ça, c'est étonnant parce qu'au début, moi, j'étais complètement contre.
05:02Je me suis dit, on ne va proposer que des couches qui sont lavables.
05:05Sauf que nos clientes disaient, je vous ai acheté des couches lavables,
05:08c'est super et tout, mais il y a des fois où je préfère des couches jetables.
05:11Est-ce que vous pouvez m'indiquer quelles sont les meilleures couches jetables ?
05:13Nous, on avait fait la recherche, on leur répondait.
05:16Et puis, au bout d'un moment, ils nous ont dit, mais pourquoi vous ne les vendez pas ?
05:18C'est une excellente question.
05:19Donc, on s'est mis à vendre aussi la meilleure alternative à la couche lavable,
05:22c'est-à-dire la couche jetable la plus écologique.
05:24Même si on n'est pas dans le zéro déchet, on est dans l'alternative la meilleure.
05:27Nous, on est contre ce concept de pureté militante trop forte.
05:31On pense qu'il faut embarquer un maximum de gens
05:33et que parfois, ça passe par le fait de faire des petits compromis.
05:36Au Trad, on va vendre de la viande à la coupe, des fromages, charcuterie, traiteurs,
05:40comme maintenant dans tous les commerces.
05:41Nos clients peuvent arriver avec leur tupperware pour se faire servir dans les tupperwares.
05:44Et ensuite, pour que les gens qui ne pensent pas à leur tupperware puissent aussi consommer,
05:48on propose aussi des papiers craft.
05:49Ça a été un débat, ça ?
05:50Ah oui, forcément, ça a été un débat.
05:52C'est toujours le débat entre démocratiser pour les gens qui viennent,
05:55qui rentrent, qui ont envie de consommer, qui ont envie de tester,
05:57mais qui n'ont pas encore pris l'habitude et qu'on a envie d'embarquer avec nous,
06:00parce que c'est quand même ça notre rôle, c'est d'embarquer de plus en plus de monde,
06:02pas de rester dans un cercle de gens qui sont convaincus.
06:05Cette part, ça te va, moins que ça ?
06:07Oui, ça me va.
06:08Ok.
06:08En fait, au Supertenu, le marketing, c'est le produit.
06:12Il n'y a pas d'étiquette, il n'y a pas ces agressions qu'on peut retrouver dans la grande distribution
06:16de marques qui sont partout, d'emballages qui sont partout.
06:19La qualité du produit ne dépend pas de la qualité de l'équipe marketing qui a travaillé sur l'emballage.
06:25Un emballage, aujourd'hui, les études de l'ADEME montrent que c'est 10 à 40% du prix d'un produit,
06:29donc il y a vraiment un impact qui est très important.
06:31Donc, en supprimant l'emballage à qualité équivalente,
06:33on est censé pouvoir s'acheter des choses qui sont moins chères, qui sont de meilleure qualité.
06:38En termes de prix, vous êtes comment, en fait, ici ?
06:41On ne va jamais être en concurrence avec des enseignes discount,
06:43parce qu'ici, on propose des produits qui sont de qualité, des produits locaux.
06:46Donc, évidemment, on n'est pas en concurrence avec des Lidl ou des Aldi.
06:49Par contre, des rayons bio de la grande distribution ou des enseignes de la grande distribution,
06:54là, on arrive à être tout à fait compétitifs et à être moins chers puisqu'on n'a pas d'emballage.
06:58Là, on est au rayon CAV.
06:59Alors, moi, j'ai eu un passé de CAViste,
07:01donc forcément, c'est un rayon sur lequel je me suis fait particulièrement plaisir.
07:04Alors, on est quasiment 100% local, pour le coup, sur tout ce rayon et quasiment 100% sur du consigné.
07:09Donc, par exemple, ça, c'est une IPA, un peu à l'américaine,
07:13ce qu'on appelle une American IPA qui est faite à Muray.
07:15Le réemploi consomme 75% en moins de ressources que le recyclage.
07:19On ne parle que du recyclage et pas de l'enfouissement ou de l'incinération.
07:23Donc, de façon très concrète, quand on va prendre cette bouteille
07:26et qu'on va la ramener au super tout nu au lieu de la mettre au récup' vert,
07:28c'est 75% de ressources en moins qui seront utilisées.
07:31Évidemment qu'il y a toute la partie alimentaire chez nous,
07:34mais pas que.
07:34Normalement, l'idée, c'est que les gens puissent faire toute leur course au même endroit.
07:36Donc, on a aussi toute la partie cosmétique et produits ménagers en zéro déchet.
07:40Aujourd'hui, dans la loi AJEC, la loi anti-gaspillage,
07:43les enjeux de la grande distribution, c'est de passer à moins 25% de plastique
07:47dans les années qui viennent et 10% de tout ça doit se faire
07:50par le recours à l'économie circulaire, donc au réemploi.
07:53Ici, il y a 100% quasiment qui est en réemploi.
07:55Nous, ce qu'on veut faire, c'est montrer que ça existe
07:58et montrer que c'est possible de le faire.