LA SEMAINE DE L'EAU – Pour répondre aux problèmes liés à la ressource en eau : pourquoi on ne dessale pas juste l'eau de mer ?
L'idée parait séduisante mais la réponse est un peu plus compliquée que ça. Dessaler l'eau de mer, c'est possible mais à quel coût ? Energie, environnement, coût… l'hydrologue, Emma Haziza, nous expose les limites des usines de dessalement.
#Brutlasemainedeleau 8/9
L'idée parait séduisante mais la réponse est un peu plus compliquée que ça. Dessaler l'eau de mer, c'est possible mais à quel coût ? Energie, environnement, coût… l'hydrologue, Emma Haziza, nous expose les limites des usines de dessalement.
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00:00Face au problème lié à la ressource en eau, on s'est demandé pourquoi on ne pouvait tout simplement pas dessaler l'eau de mer.
00:05On a demandé son avis à l'hydrologue Emma Aziza.
00:08Alors quand on regarde effectivement la dessalinisation d'eau de mer, ça semblait une solution magique.
00:11On se dit mais en fin de compte, on a 96% de l'eau mondiale qui est de l'eau salée, pourquoi ne pas l'utiliser ?
00:17Et donc c'est une vraie question, c'est une question qui se pose de nombreux pays et puis certains ne se la posent plus.
00:22Ils l'utilisent en continu. Quand on va aux Émirats Arabes Unis, on utilise de l'eau dessalinisée en continu.
00:29Et donc pour pouvoir le faire, il faut avoir soit beaucoup d'énergie, soit beaucoup de pétrole.
00:32Ces pays-là typiquement ont beaucoup de pétrole, donc on transforme facilement l'or noir en or bleu.
00:38Quel est le problème ? Ce sont d'énormes tuyaux qui vont absorber massivement de l'eau salée,
00:44mais tout ce qu'il y a dedans également, c'est-à-dire toute la faune et la flore locale.
00:49D'ailleurs, un des premiers problèmes qu'ils ont, ce sont le fait que sur les grilles, il y a des méduses qui se posent dessus.
00:56On est obligé d'envoyer des plongeurs pour enlever ces méduses, pour montrer quel niveau on peut avoir sur l'atteinte de l'écosystème marin.
01:04Et puis ensuite, on va utiliser une dizaine de produits chimiques.
01:07On va prendre ces sauts-murs remplis de ces produits chimiques, on va les rejeter en mer.
01:11Alors, on fait des efforts. Avant, on les rejetait directement sur la bordure littorale.
01:16Maintenant, on fait quelques efforts, par exemple sur l'usine de Barcelone qui est beaucoup plus récente.
01:20On le rejette 500 mètres au large, mais il n'empêche qu'aujourd'hui, on est en train d'atteindre l'écosystème.
01:25On rejette aussi une grande partie de cette eau beaucoup plus chaude localement.
01:29Donc, on va déstructurer l'intégralité du système.
01:32Donc, c'est loin d'être la bonne solution en tous les cas parce que c'est extrêmement consommateur en énergie, en émissions de carbone, consommateur en produits chimiques.
01:44On rejette ces produits chimiques dans le milieu, on rejette de l'eau qui est beaucoup plus salée, enfin, on rejette ces sauts-murs.
01:50Et puis, on rejette également ces produits chimiques avec.
01:54Donc, je crois qu'on peut faire mieux.
01:55Maintenant, cette situation, elle est utilisable dans les endroits où il y a une telle crise qu'on ne peut pas faire autrement.
02:02Maintenant, la question, c'est quel est l'eau qui est nécessaire à nos usages, qui est utile, qui est essentielle et celle qui ne l'est pas.
02:09Si aujourd'hui, c'est pour construire de grands parcs aquatiques qu'on va déstructurer complètement un écosystème,
02:14il ne faut jamais oublier que cet écosystème, il nous nourrit aussi et ces poissons-là, ils sont dans notre assiette.
02:18Donc, si on veut en avoir encore demain, il faudra quand même se poser des questions du fait qu'il va falloir qu'on se mette à protéger ce qu'on appelle cette chaîne trophique,
02:25c'est-à-dire ces animaux qui finissent par manger les uns et les autres.
02:29Si vous enlevez les planctons, vous enlevez un bout de la chaîne et à la fin, vous enlevez toute la chaîne et c'est dans notre assiette qu'on n'aura plus à manger.
02:35Donc, je crois qu'on doit penser un peu différemment.
02:37On doit penser long terme, on doit penser résilience, on doit penser intelligemment et arrêter d'avoir peur parce que ça ne sert à rien aujourd'hui.
02:44On doit juste essayer de se dire quelles sont les solutions qui font que dans 5 ans, dans 10 ans, dans mon territoire, je pourrais vivre encore sereinement.
02:52Et donc, ne pas prendre les solutions d'urgence qui vont nous permettre de tenir 1 à 2 ans,
02:56mais qui fait qu'on va se mettre une balle dans le pied et qu'à la fin, on n'avancera plus.