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"Quand j'étais petit, on avait presque honte de dire qu'on était paysans."

En plus d'être l'un des meilleurs joueurs de rugby au monde, Antoine Dupont est aussi un pur produit de la région toulousaine, fils d'une famille d'agriculteurs et fier de l'être. Il nous reçoit en toute simplicité à Castelnau-Magnoac, village de 700 habitants, celui de son enfance, où avec son frère ils ont eu à cœur de perpétuer la tradition familiale.

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Transcription
00:00Quand j'étais petit, on avait presque honte de dire qu'on était paysans.
00:04La connotation, elle était toujours négative.
00:06Moi, je me souviens, à l'école, j'écrivais même pour le métier des parents.
00:09Mon père, j'écrivais hôtelier, restaurateur.
00:11Je n'écrivais pas agriculteur, alors que c'est ce qu'il faisait la plupart du temps.
00:15Et aujourd'hui, on arrive à être fiers et à plus valoriser ça.
00:17Moi, j'habitais là, en fait, quand j'étais petit.
00:19Ça, c'est la maison familiale.
00:20On est dans les Hautes-Pyrénées.
00:22On est entre l'Anmesan et Hoche, pour ceux qui connaissent un peu le coin.
00:25On est à un peu plus d'une heure de Toulouse, en gros.
00:27Mes grands-parents avaient racheté cette métairie dans les années 80.
00:31Ils l'avaient rénovée pour faire un hôtel-restaurant.
00:33Et en fait, on vivait là avec ma famille, au milieu des clients, finalement.
00:38Donc, on va faire un petit tour.
00:39Depuis 4 ans, Antoine Dupont a relancé avec son frère Clément
00:42l'activité du domaine de Bartas, la métairie familiale
00:44dans laquelle ils ont passé leur enfance
00:46et qui avait dû fermer au début des années 2010.
00:48Il nous a fait visiter ce lieu où il a grandi.
00:50Nous, notre chambre, elle est juste au-dessus du bar, quand on était petits.
00:54Donc, on était toujours habitués, le week-end, à dormir avec la musique.
00:57C'est ça qui nous berçait, presque.
00:59Les lits ne sont pas faits.
01:01Donc là, c'est la chambre où j'étais avec mon frère quand on était plus jeunes.
01:05Ça a pas mal bougé. Le mur était un peu plus loin à l'époque.
01:08Il était surtout rempli de posters de rugby.
01:10Donc, on a un peu refait la déco.
01:13La cohabitation, c'était comment ?
01:15Parfois compliqué.
01:17Ouais, j'étais pénible. Je ne faisais que râler.
01:19Et surtout, j'étais le petit frère qui venait toujours embêter le grand,
01:22qui voulait tout le temps jouer avec lui, qui ne voulait pas perdre.
01:24Et c'était assez pénible pour lui de me supporter.
01:27Heureusement, j'ai mûri avec l'âge. Maintenant, on s'entend bien.
01:30Je suis parti à 17 ans jouer à Castres.
01:32Je calculais combien j'avais d'heures de voiture pour pouvoir rentrer ici les week-ends.
01:36Donc maintenant, j'ai quand même mûri.
01:38Je me suis émancipé. Je suis capable de partir plus loin.
01:41Mais ça a toujours été important pour moi d'avoir ce noyau familial à proximité.
01:46Du coup, on ne se ressemble pas beaucoup, mais c'est mon frère.
01:50Du coup, on a vu notre chambre tout à l'heure.
01:52Toi, tu étais pour le Stade français et moi pour Toulouse.
01:54Maintenant, il est obligé d'être pour Toulouse.
01:57On a passé énormément de temps à jouer, à faire beaucoup de sports ensemble.
02:01Et forcément, ça entraîne des chamailleries.
02:05Chamaillerie.
02:07C'est notre maison, en fait. C'est notre maison de famille.
02:10Sauf qu'on s'est rendu compte en grandissant qu'elle était un peu atypique.
02:13Que vivre dans un hôtel-restaurant, ce n'était pas le commun des mortels.
02:16On a perpétué la tradition.
02:18Le nom Dupont à Castelnau, il était connu bien avant nous.
02:22On est la septième génération d'hôteliers-restaurateurs.
02:25Donc, ça fait quand même quelques temps.
02:26Et puis, on sait qu'un hôtel-restaurant dans un village, c'est ce qui fait aussi la vie du village.
02:32Donc, quand ça a fermé, ça a été dur pour nous.
02:34Mais ça a été dur aussi pour tout le canton.
02:38C'est pour ça aussi que ça nous tenait à cœur de refaire vivre ça, cette vie de village.
02:45C'est le chien du domaine à chaque fois qu'il y a du monde.
02:48Et surtout, dès qu'il y a des caméras, il vient toujours se faire filmer.
02:53Comment il s'appelle ?
02:54Milou.
02:57Qui, des fois, peut être un peu sauvage.
02:58Mais dès qu'il y a du monde, il adore la feuille.
03:02Il est à l'aise derrière l'objectif.
03:05Parce que plus que toi, j'ai l'impression.
03:06Ouais.
03:08On voit les vaches au loin et les cochons derrière.
03:15La particularité, c'est qu'ils ont besoin de manger 2 à 3 kilos d'herbe par jour.
03:21C'est des cochons qui vivent dehors tout au long de l'année.
03:24De la même façon dont ils étaient élevés déjà il y a plus de mille ans ici sur le territoire.
03:28À l'époque, le rugby avait une grosse connotation agricole.
03:31Puisque la plupart des clubs sont dans le sud-ouest.
03:36Et il y en avait beaucoup qui assimilaient ça.
03:38Le rugby est un sport de campagne.
03:40Et c'était plus dans les années 70-80.
03:42Il y en avait beaucoup qui étaient agriculteurs et qui jouaient au rugby le week-end.
03:45Maintenant, ça s'est un peu plus perdu.
03:47Mais nous, on perpétue un peu la tradition.
03:49Est-ce que tu as toujours autant peur des vaches qu'avant ou quoi ?
03:52Je ne suis pas le plus courageux franchement.
03:54Je ne vais pas te mentir.
03:55Si je n'ai pas un bâton dans les mains, quand je rentre dans le champ, je ne suis pas serein.
04:00Tu n'as jamais réussi à lui faire passer ce cadre ?
04:03Non, non.
04:04Je vais quand même.
04:05Les cochons, c'est des animaux faciles à vivre.
04:09Les vaches, il faut être un peu plus prudent.
04:10C'est mieux d'avoir un petit peu de prudence.
04:13Tant que tu penses que c'est du rodéo, il ne faut pas se prendre pour un copoine.
04:16Il y avait des vaches ailleurs.
04:18Tu as plus peur des animaux que des mêlés presque ?
04:21Dans les cochons, ça va.
04:22Ils ne me font pas peur.
04:23Mais les vaches, tu verras.
04:24Si tu y vas à côté, on verra ce que tu fais loin d'eux.
04:27C'est toujours surprenant quand tu viens d'un village de 700 habitants et que tu finis
04:31par jouer pour l'équipe de France.
04:33Ça reste un parcours « exceptionnel » d'arriver à cultiver ce côté familial très fort
04:41et d'avoir la chance d'être tous proches et d'être soudés.

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