Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau était en déplacement aujourd'hui sur la Côte d'Opale. Il venait échanger avec les acteurs locaux sur la crise migratoire. Il a notamment rencontré Frédéric Cuvillier, invité de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 29 novembre 2024.
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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h18. Bonsoir Frédéric Cuvillier.
00:05Bonsoir.
00:07Vous êtes le maire socialiste de Boulogne-sur-Mer.
00:08Bienvenue sur RTL.
00:09Vous avez été reçu cet après-midi...
00:11Vous avez reçu, pardonnez-moi, cet après-midi la visite du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
00:16Il était évidemment question de la crise migratoire que vous affrontez au quotidien,
00:20comme beaucoup d'autres maires du littoral dans le Pas-de-Calais.
00:23Qu'avez-vous demandé à Bruno Retailleau et que vous a promis éventuellement le ministre de l'Intérieur ?
00:28Déjà, les différents élus ont fait part de la situation à laquelle ils sont confrontés au quotidien.
00:36La détresse, le drame, l'horreur même.
00:40Aujourd'hui, nous en sommes à 72 morts avant la fin d'année de ces traversées.
00:46Les unes sont réussies, d'autres sont avortées,
00:49mais surtout de ces réseaux de passeurs qui sont des exploitants de la misère internationale
00:58et de ceux qui utilisent la misère du monde pour, tout simplement, se faire de l'argent.
01:06Donc, cette réalité, elle est vécue au quotidien avec des maires qui sont face à cette réalité.
01:12Vous nous dites, pardonnez-moi, je vous interromps, que concrètement, pour vous et vos populations,
01:17tous les jours, vous croisez des migrants et des passeurs. Ils sont là, ils sont dans la ville.
01:21Les croisons, ils sont sur notre territoire, ils prennent nos transports en commun,
01:25ils essaient de passer vers l'eldorado promis qui n'en est pas un.
01:29Et surtout, aujourd'hui, nous récupérons les corps sans vie sur notre littoral.
01:35Je salue bien sûr l'action de tous ceux qui sont mobilisés,
01:39la SNSM, les services de l'État en mer, mais aussi les professionnels, les pêcheurs.
01:45Aujourd'hui, c'est un drame humain, c'est un drame humanitaire auquel nous sommes confrontés,
01:52nous, maires, et nous sommes face à des populations qui arrivent sur notre littoral
01:57qu'il faut gérer, accueillir, dissuader et recueillir lorsqu'ils n'ont pas réussi à traverser
02:05et parfois lorsqu'ils reviennent d'une mer déchaînée et glacée,
02:11des mamans et des petits-enfants, des femmes enceintes qui tentent la traversée,
02:20souvent au péril de leur vie, 72 morts depuis le début de l'année,
02:26et nous les recueillons sur nos côtes.
02:28C'est juste un drame et une horreur humaines.
02:31Cette dimension humaine, elle doit être prise en compte.
02:33Mais je parle aujourd'hui, pardonnez-moi, comment essaye-t-on de dissuader
02:38ceux qui veulent absolument aller de l'autre côté de la Manche
02:41et qui ont déjà risqué leur vie en venant jusque sur vos plages ?
02:45D'abord, ils ont traversé des continents entiers pour aller vers un paradis promis qui est le Royaume-Uni.
02:52Donc, il faut savoir que près de 30% de cette immigration européenne arrive sur notre territoire.
03:02Ça veut dire que le problème, et nous le disons depuis un certain nombre d'années,
03:06est bien avant le Brexit, et dès lors qu'il y a eu les accords du Touquet, nous le disions.
03:12Cette question migratoire, elle n'est pas locale, elle n'est pas nationale,
03:16elle est au moins européenne.
03:19Parce que ces migrants, ils viennent d'Italie, ils viennent d'Espagne, ils fuient leur continent.
03:25Ce sont des réfugiés climatiques, des personnes qui fuient la mort, la guerre.
03:31Et donc, ils ont traversé les continents.
03:35Donc, il faut que l'Europe, maintenant que le Royaume-Uni est en plus, et de surcroît,
03:41devenu un état tiers, c'est-à-dire extérieur à l'Union européenne.
03:45C'est une question européenne.
03:47Il faut régler ça au niveau européen et le ministre l'a indiqué et je souscris.
03:53Ça peut vous surprendre, moi qui suis élu socialiste,
03:57mais je le dis et je suis heureux de l'entendre, la question, elle n'est pas nationale, elle est européenne.
04:04Et c'est donc une démonstration.
04:06C'est donc une démonstration.
04:09Pardonnez-moi de vous interrompre, on a compris que déjà, il y a une entente au-delà des différences politiques,
04:13vous venez de le dire très clairement.
04:15Mais Bruno Retailleau préconise des voies de passage légales.
04:18Est-ce que vous y êtes favorable ? Est-ce que ça vous inspire ?
04:21Je pense que Bernard Cazeneuve l'avait dit en son temps.
04:24Je pense que d'autres l'avaient suggéré.
04:27Et que c'est bien une réponse intéressante et importante que vient d'apporter Bruno Retailleau.
04:33C'est-à-dire qu'un certain nombre de questions ne trouvent leur solution
04:37et ne peuvent trouver leur solution que dans une réponse européenne.
04:41Sauf que ça dure depuis des années, vous venez de nous le rappeler,
04:43que jusqu'ici, on n'a jamais réussi à endiguer le flux et à apporter une réponse à cette situation.
04:49Vous avez bien raison.
04:50Vous avez bien raison et précisément parce qu'à l'époque,
04:54y compris l'Europe, on considérait que ça n'était pas sa compétence.
04:57Mais aujourd'hui, nous sommes bien confrontés, que ce soit en Italie, que ce soit en Espagne,
05:01que ce soit en Belgique ou ailleurs.
05:04Et les filières, elles sont bien aussi installées par des réseaux allemands.
05:09C'est une question qui est une question européenne.
05:13Et la réponse, elle n'est pas purement nationale.
05:16Elle ne peut pas se traduire que par un dialogue entre le Royaume-Uni,
05:20qui en plus est détourné de l'Europe,
05:22et qui laisse à la charge, de façon déséquilibrée,
05:27la question de la frontière à la France et aux collectivités locales.
05:32Ça n'est pas possible.
05:33Et donc, il faut changer de dimension.
05:35Quel est le rôle des Anglais et de la Grande-Bretagne dans cette situation ?
05:38Est-ce qu'ils répondent d'une quelconque façon à vos attentes ?
05:43Oui, je pense d'abord qu'il faut clarifier ce qui est du domaine de l'immigration légale
05:48et quel est le statut de l'immigration légale au Royaume-Uni.
05:52Dans quelle mesure il y a une législation qui permet d'accueillir des personnes
06:00qui fuient la misère et qui peuvent être accueillies chez eux ?
06:05Quelle est la question de l'immigration illégale pour le Royaume-Uni ?
06:10Et dans quelle mesure le Royaume-Uni, Etat tiers à l'Europe,
06:13décide de mettre en œuvre les moyens pour juguler cette crise migratoire ?
06:20Je vous ramène en France, vous avez été très clair sur l'aspect européen de tout cela,
06:23et c'est une évidence.
06:24Mais avec d'autres maires, si je ne m'abuse,
06:26vous demandiez la création d'un poste de préfet délégué à l'immigration
06:29à l'échelle du territoire.
06:30Est-ce que vous avez été entendu ?
06:32Je pense que les moyens qui sont déployés par l'État sont nombreux et sont soutenus.
06:39Ils doivent être renforcés encore.
06:41Mais ce que nous voyons depuis des années sur le littoral,
06:45c'est que la mobilisation tant de l'État que des collectivités peut monter en puissance.
06:53Ce n'est pas ce qui réglera le problème.
06:56Le problème, il doit être réglé en amont.
06:58Il doit être aussi dans le démantèlement des filières,
07:01de ceux qui se font de l'argent sur la misère.
07:04Et puis, il faut que du côté du Royaume-Uni,
07:07il y ait une clarté sur ce qu'ils considèrent comme étant une immigration acceptable, légale,
07:15et ceux qui ne l'est pas et qui prennent à leur charge.
07:17Qu'est-ce qu'on n'a pas essayé, Frédéric Cuvillier, et qu'il faut peut-être mettre en place aujourd'hui ?
07:23Pardon, je n'ai pas compris votre question.
07:24Je vais vous demander ce que l'on n'a peut-être pas encore essayé
07:28et qui vous semble aujourd'hui primordial.
07:30Je pense que ce qui n'a pas été priorisé à l'époque,
07:34des accords du Touquet,
07:36qui privilégiaient un accord bilatéral entre la France et le Royaume-Uni.
07:42Ça a été la démarche européenne.
07:44L'Europe elle-même n'était pas prête à entendre
07:46que la question migratoire pouvait être une question saisie par les instances européennes.
07:51Il est temps que ce soit le cas et il est important que ce soit aujourd'hui pris en compte.
07:57Et puis, bien sûr, de renforcer les moyens de démantèlement des filières,
08:01parce que s'il y a des filières, il y aura de l'immigration.
08:03Merci infiniment, Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer.
08:06Pourquoi le Tchad et le Sénégal ont conjointement décidé de mettre à la porte nos militaires français ?
08:12Est-ce la fin de l'influence française en Afrique ?
08:14Et à qui profitent ces décisions ?
08:15Je poserai la question dans quelques instants, dans moins d'un quart d'heure d'ailleurs,
08:19à Niagale Bagayoko, spécialiste de l'Afrique.