Ni suspension ni abrogation de la réforme des retraites : François Bayrou l'a assuré aux chefs du socle gouvernemental, réunis à Matignon. À un peu plus de trois heures de sa déclaration de politique générale, devant l'Assemblée, le Premier ministre semble donc avoir tranché. Il devrait proposer cet aux partenaires sociaux de rouvrir les discussions sur le sujet d'ici l'automne. Écoutez le sentiment de Philippe Juvin, député Les Républicains des Hauts-de-Seine.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 14 janvier 2025.
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00:00Éric Brunet, le grand invité d'RTL Midi.
00:03On en sait un peu plus sur les retraites, ni suspension, ni abrogation de la réforme des retraites.
00:10François Bayrou l'a dit ce matin face au chef du socle gouvernemental réuni à Matignon.
00:15À un peu plus de 2h et un peu moins de 3h de sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée,
00:23le Premier ministre semble donc avoir tranché.
00:25Il devrait proposer cet après-midi aux partenaires sociaux de rouvrir les discussions sur le sujet d'ici l'automne.
00:31Bonjour Philippe Juvin.
00:33Bonjour.
00:33Vous êtes député Les Républicains des Hauts-de-Seine, ni suspension, ni abrogation.
00:39Vous saluez la décision, c'est une victoire de la droite ?
00:42D'abord c'est une victoire du bon sens parce que abroger l'actuelle réforme des retraites,
00:47même si elle est très imparfaite et il faudra de toute façon y revenir, je vais moi-même y revenir dans deux secondes,
00:52ça aurait coûté quelque chose comme 10 milliards par an en 2027.
00:56Autant vous dire qu'on n'a pas les moyens et ça aurait été un très mauvais signal.
00:59Et moi ce que j'attends du gouvernement Beyrou, c'est qu'il nous mette sur la table un budget qui nous évite de finir comme la Grèce il y a 15 ans.
01:06Quand même, ça m'étonne un peu Philippe Juvin politiquement parce que les socialistes semblent très optimistes ce matin.
01:12Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste, affirmait être à quelques encablures d'un accord possible.
01:19Ça veut dire qu'il va y avoir des concessions quelque part ? Apparemment elles ne sont pas sur les retraites, elles sont sans doute ailleurs.
01:26Est-ce que vous avez, vous Philippe Juvin, député LR, donc disait tout à l'heure notre amie Céline Landreau, est-ce que vous, vous avez des infos ?
01:35Non, je n'ai pas d'infos. En tout cas, moi ça ne me choque pas que le Premier ministre discute avec tout le monde, y compris les socialistes
01:41puisque comme il n'y a pas de majorité absolue personne de là, il faut évidemment bâtir une coalition.
01:46Donc il est normal de discuter avec les uns et les autres. Mais ce que je sais, c'est que si nous avions cédé à des exigences d'APS
01:53qui voulaient revoir la réforme des retraites dans un sens retour à 62 ou 60 ans, là ça aurait été un impossible accord de notre part.
02:01On ne peut pas se le payer tout simplement.
02:03Pardon, je rappelle que les retraites, ça coûte, c'est un élément très important.
02:09Il n'y aura pas de rétablissement des finances publiques si on ne remet pas d'équerre les questions des retraites.
02:15Les retraites, ça coûte aujourd'hui, malgré la réforme d'il y a un an qui est contestée, environ 60 milliards, ça dépend comment on compte,
02:22au budget de l'État qu'on finance uniquement pas de l'emprunt.
02:24Donc il faut de toute façon rouvrir la réforme des retraites puisqu'aujourd'hui elles ne sont pas financées.
02:28Mais les concessions qui pourraient être faites par le Premier ministre, d'après les informations d'Hertel, elles ont aussi un coût.
02:34Un coût, on parle de l'abandon de la suppression des 4000 postes à l'éducation nationale, l'abandon aussi du déremboursement de certains médicaments.
02:41Ça, la droite y est prête ? Dans une logique de non-censure ?
02:44Écoutez, nous, nous voulons premièrement que la France ait un budget.
02:48Deuxièmement, nous comprenons que nous sommes en coalition, donc par définition en coalition, chacun fait un pas vers l'autre.
02:55Mais ce que nous ne voulons pas, c'est augmenter les impôts et revenir à 62 ou pire à 60 ans.
03:03Encore une fois, je suis frappé par le fait qu'il y a une classe politique qui ne voit pas ce que tout le monde voit,
03:09à savoir qu'il est écrit partout, on sait, on a les chiffres, que la situation est d'une gravité extrême.
03:15La semaine dernière, je vous rappelle, la semaine dernière que pour la première fois dans l'histoire de France, la France a emprunté à 10 ans un détaux supérieur à la Grèce.
03:24Ça signifie que le risque de demain, c'est de voir les prêteurs vous dire, ah ben finalement on ne vous prête plus.
03:30Et dans ces cas-là, vous ne pouvez plus payer les fonctionnaires, vous ne pouvez plus payer les retraités.
03:34Donc nous devons absolument commencer, commencer à être vertueux et c'est sûrement pas en touchant retraite.
03:40En tout cas, pas comme ils voulaient le faire.
03:42Avec une première tentative, celle de Michel Barnier de gouverner à droite, on a le sentiment désormais que le François Bayrou a plutôt envie de se tourner vers la gauche.
03:52Vous qui êtes très regardant sur la question des finances publiques, ça devrait quand même vous inquiéter.
03:57Je me trouve assez cool, entre guillemets, Philippe Juvin, parce que vous dites, bon c'est un peu normal, on est dans une réalité de coalition, il est logique qu'il aille à gauche, à droite.
04:05Mais si effectivement il concède à la gauche, on peut imaginer que ça ne va pas être très salutaire sur les questions budgétaires.
04:13Vous avez raison, vous me trouvez cool, peut-être je le suis naturellement.
04:17Mais ce que je veux dire simplement, c'est que nous n'accepterons pas n'importe quoi.
04:21Et si on arrive à un budget qui n'est plus un budget mais une entreprise de démolition, il est très clair que nous ne pouvons pas continuer à participer au gouvernement.
04:31Donc il y a un sujet majeur.
04:33Et en plus, vous me connaissez, je suis le député LR qui depuis deux ans dit qu'il faut une coalition.
04:38Donc je suis très à l'aise pour vous dire que nous n'accepterons pas la coalition à n'importe quel prix.
04:43En Grèce, il y a 15 ans, quand on n'a plus voulu prêter aux Grecs à un taux normal, le FMI est arrivé à Athènes et a dit c'est bien simple, il y a une solution, on ne paye pas le 12ème mois des retraités.
04:54Donc à force de dire on va faire n'importe quoi, c'est ça qui peut nous arriver.
04:58Je mets en garde tout le monde, ne faisons pas n'importe quoi.
05:03Maintenant sur les retraites, qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut réformer les retraites puisqu'elles sont déficitaires.
05:08Je vous ai dit que ça coûtait 60 milliards d'emprunts tous les ans.
05:11Donc ça veut dire que la grande réforme des retraites de l'année dernière n'a servi à rien ?
05:16Absolument, c'était une petite réformette, je l'ai votée à l'époque parce que c'était mieux que rien,
05:20mais tout en disant que c'était une réformette qui ne résout pas le problème.
05:23On a un défi, ça nous coûte, que les Français comprennent qu'aujourd'hui, tous les ans, nous empruntons 60 milliards que vos arrières petits-enfants paieront un jour peut-être,
05:31pour payer les retraites d'aujourd'hui, tous les ans.
05:34Donc c'est pas tenable en l'état pour vous et pour réformer, on l'entend.
05:38Comment on fait ? On revient probablement sur les 64 ans identiques pour tous,
05:42parce que pardon, mais le patron d'une grande entreprise ou un journaliste de RTL,
05:46il a un travail moins fatigant que quelqu'un qui est sur un toit ou un maçon dehors,
05:50et puis on met de la capitalisation collective obligatoire, on provisionne les retraites des fonctionnaires, il y a beaucoup de choses à faire.
05:55Je vous ai entendu tout à l'heure, Philippe Juvin, dire en clair notre ligne rouge à nous, c'est pas de nouvelles hausses d'impôts.
06:02Est-ce que vous avez eu des garanties sur ce point, à deux heures maintenant de la déclaration de politique générale de François Bayrou ?
06:08En tout cas, on l'a dit très clairement au ministre des Finances, il y a une semaine, on a été reçu avec les patrons de groupe parlementaires.
06:15Oui, ils le savent, bien sûr.
06:17D'ailleurs, je vous rappelle que Michel Barnier avait dit, je vais faire un budget avec beaucoup de baisse de dépenses et un peu d'impôts.
06:24Il a fait le contraire.
06:25Ça a été en plus aggravé par la folie du NFP, et moi, en tant que député LR, j'ai voté contre.
06:32Je n'ai pas voté la censure, bien sûr, mais j'ai voté contre le budget.
06:34Donc, ce que nous voulons, c'est simple.
06:36Premièrement, un budget. Deuxièmement, dépensez moins. Troisièmement, dépensez mieux. Quatrièmement, travaillez plus.
06:42Il faut travailler plus. La France, c'est le pays où on travaille le moins.
06:46Et c'est curieux, il y a 5 millions de chômeurs, et je ne connais pas une seule entreprise qui vous dit, j'ai du mal, je n'arrive pas à embaucher.
06:52Donc, il faut travailler plus.
06:54Merci beaucoup à vous, Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine.
06:59Merci d'avoir passé ces quelques instants avec nous sur RTL, dans une poignée de secondes.
07:03Pensez-vous que François Bayrou va tirer son épingle du jeu ?
07:07Il s'exprime dans deux heures, maintenant. A tout de suite.