Il incarnait la fièvre et la passion pour Marseille... Le maire de la cité phocéenne, Claude Gaudin, nous a quitté aujourd'hui. L'ancien directeur de La Provence Franz Olivier Giesbert nous parle de lui.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 20 mai 2024
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00:00 William Galibert, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:06 Dans RTL bonsoir, c'est un passionné de Marseille
00:09 qui vient nous raconter un autre passionné de Marseille
00:12 après la disparition de Jean-Claude Godin.
00:14 C'est notre confrère, Franç Olivier Gisbert,
00:15 plume que vous lisez dans l'hebdomadaire Le Point,
00:18 ancien directeur de la Provence
00:20 et qui est en ligne avec nous sur RTL ce soir.
00:22 Bonsoir.
00:23 Bonsoir, je suis justement à Marseille.
00:25 Ça tombe bien, c'est pour ça aussi qu'on vous appelle.
00:27 Qui pleure Jean-Claude Godin parce qu'il y a une phrase
00:31 que Pompidou avait utilisée après la mort de De Gaulle.
00:34 Vous vous souvenez, la France est veuve.
00:36 Je crois que vraiment ce soir, Marseille est veuve.
00:40 On allait vous poser la question, France.
00:42 Vraiment, les Marseillais sont tristes ce soir.
00:44 Est-ce qu'ils ont aimé Godin ? Est-ce qu'ils l'aimaient toujours ?
00:47 Ou est-ce que les dernières années ont pu assombrir un peu l'image du personnage ?
00:52 Les dernières années ont été compliquées, c'est sûr.
00:54 Mais vous savez, c'est les médias parisiens qui n'aimaient pas Godin.
00:58 Ça, c'est clair. Paris n'aimait pas Godin.
01:00 Mais il était émis ici sans doute pour ces raisons-là aussi.
01:04 C'est-à-dire, et puis il a eu une façon d'ailleurs toujours de gueuler après Paris
01:07 que les Marseillais adoraient.
01:09 C'était, vous savez, vraiment la grande caractéristique de Godin,
01:13 c'est que c'est un maire populaire.
01:15 Il disait toujours Marseille n'est pas une ville de droite ou une ville de gauche,
01:19 c'est une ville populaire.
01:20 Et c'est pour ça, je pense qu'il incarnait très bien Marseille.
01:24 Il était d'un côté, mais en fait, il était aussi de l'autre.
01:26 En fait, il a été pendant longtemps le maire de tous les Marseillais.
01:32 Après, c'est sûr que quatre mandats, c'est toujours un peu long.
01:35 Ça, c'est clair.
01:37 On dit toujours le mandat de trop.
01:38 Ben, 25 ans, c'est sûr, c'est long.
01:41 Mais en même temps, quand on regarde le bilan, c'est absolument extraordinaire.
01:44 La ville que je suis en train de traverser en ce moment,
01:46 elle a quand même été complètement transformée.
01:48 C'est-à-dire que Cybrien Sini, je suis sûr qu'il peut témoigner.
01:52 C'est-à-dire que vous avez la Joliette, tout ce qui s'est passé,
01:56 le fait que, par exemple, Vieuxport, aujourd'hui, soit une zone citoyennière.
02:02 Mais ça change la vie. C'est absolument extraordinaire.
02:05 Vous avez aussi un nouveau centre, parce qu'il y a le centre traditionnel,
02:09 avec la Canebière, Bourse, etc.
02:11 Mais vous avez la Joliette qui s'est développée.
02:13 C'est intéressant, Prince Olivier, parce que souvent, on fait porter un peu le chapeau
02:16 à Jean-Claude Godin en disant "l'immobilisme, c'était lui, le clientélisme, c'était lui,
02:21 le retard qu'on a pris sur le parc immobilier de la ville avec les drames qu'on connaît, c'était lui".
02:26 Ces accusations, vous nous dites quand même, cette ville a été métamorphosée en un quart de siècle.
02:31 - Vous savez très bien que c'est totalement bidon.
02:33 C'est-à-dire, le procès qu'on lui a fait sur la rue d'Aubagne,
02:37 il y a eu la même chose rue de Trévises, personne n'a fait ce procès à Nidalgo.
02:40 Il y a eu la même chose tout récemment à Marseille.
02:42 C'était en plus des immeubles neufs qui sont écroulés après une explosion de gaz.
02:47 Ça veut dire qu'il y avait vraiment un problème.
02:49 - Vous savez, le problème de Marseille, c'est que c'est une ville où il y a beaucoup d'immeubles qui sont construits sans fondation.
02:56 Ce qui n'est évidemment pas très bon. Ça ne les rend pas très solides.
03:00 Donc, on lui a fait porter ça.
03:03 Il y a même eu, je crois, un juge d'intrusion qui s'est déplacé pour aller le voir.
03:06 Mais enfin, il y était évidemment pour rien.
03:08 C'est la faute à pas de chance.
03:10 Et c'est vrai que Marseille est une ville pauvre, très pauvre, où il y a énormément d'habitants insalubres.
03:16 Mais on ne peut pas dire qu'il n'est pas lutté.
03:17 Je veux dire, ce qui se passe aujourd'hui dans les quartiers Nord, il faut voir ça.
03:22 Il y a un chantier partout.
03:24 C'est la force de Gaudin.
03:25 Vous avez dit quelque chose d'assez juste, d'ailleurs, dans les critiques qui sont faites.
03:28 C'est quelqu'un qui aimait bien la politique politicienne.
03:32 Il y avait clairement chez lui du clientélisme.
03:34 Mais ça, c'est sûr.
03:35 Et de toute façon, je pense qu'il n'y a pas quelqu'un qui a fait une carrière longue à Marseille qui n'ait pas été clientéliste.
03:40 Parce que ça va avec l'esprit de Marseille.
03:42 Mais en même temps, il savait déléguer, changer, lancer des grands chantiers, la rénovation des quartiers Nord.
03:49 Franchement, les quartiers, par définition, un peu plus pauvres que les autres.
03:54 C'est un énorme travail.
03:56 C'est un chantier qui n'est pas fini quand même.
03:58 Mais on est à peu près sûr, François-Olivier Gisbert, que vous avez 100 000 anecdotes extraordinaires, cocasses, où les deux nous racontaient ce qui est aussi la faconte du personnage.
04:06 Vous avez quoi comme scène, par exemple, sur réalisme, dont vous avez été témoin avec lui ?
04:10 Oh, le voir bouffer ! C'est du pénible !
04:13 Mais je bouffe assez régulièrement avec lui, d'ailleurs encore tout récemment.
04:16 Soit disons qu'il était malade la dernière fois.
04:18 Mais enfin, c'est incroyable.
04:20 Vous savez, il ne pouvait pas s'empêcher.
04:23 Vous savez que, contrairement à ce qu'on dit souvent, la gastronomie à Marseille, c'est sensationnel.
04:30 Bon, c'est vrai qu'il y a beaucoup de bonnes choses.
04:31 Je ne parle pas de la rouille, par exemple.
04:34 Je me souviens d'un déjeuner chez Michel.
04:38 La Bouillabaisse.
04:40 Oui, c'était au Catalan.
04:43 Mais il connaît bien le coin.
04:46 On était là, et je me souviens qu'ils ont apporté des espèces de trucs de mayonnaise de rouille un peu transparentes, un peu étranges.
04:55 Mais c'était tellement bon.
04:57 En 50 minutes, il y a absolument plein la panse.
04:59 Il était là, il ne m'en avait jamais assez.
05:01 Mais je me dis, quand est-ce qu'il va s'arrêter ?
05:02 Moi-même, je me suis arrêté d'ailleurs assez vite, je n'ai pas son âge.
05:05 Et c'était comme ça tout le temps.
05:08 Tout ça avec le rire, bien entendu.
05:10 Au milieu de 50 anecdotes, plus des colères.
05:13 Parce que ça aussi, c'était...
05:15 Godin a colère.
05:16 Parce que, oui, il y avait aussi derrière tout ça, la faconde, la gentillesse, le côté populaire.
05:22 Oui, on voit toujours ce côté un petit peu pagnolesque comme ça.
05:25 Mais il n'y avait pas aussi l'animal politique ?
05:27 Voilà, il y avait des brusques colères, des trucs effrayants.
05:31 Ça tombait sur les gens, sur les têtes des uns des autres.
05:34 Ça pouvait arriver d'ailleurs à Muselier, quand il a commencé à attaquer très violemment Godin.
05:40 Il s'en prenait aussi, parce que ce n'était pas une victime.
05:43 Vous savez, gouverner une ville comme ça, de toute façon, c'est très sportif.
05:47 Et ça, il y avait chez lui, malgré les apparences, quelque chose de très sportif.
05:51 Mais il ne pouvait pas s'empêcher de manger.
05:54 Et je me souviens, ça c'est très personnel, mais à un moment donné, il y a eu un cancer.
05:58 Souvent, dans l'avion, on se rencontrait et on repartait ensemble.
06:03 Mais c'était toujours très long, il faisait perdre un temps fou, parce qu'il mangeait très lentement.
06:06 Et puis, quand il a eu son cancer, il a perdu 20 kilos, 30 kilos.
06:10 Il galopait.
06:11 Mais je disais, mais reste comme ça, reste comme ça.
06:14 Et s'il voulait, il ne pouvait pas s'empêcher, 4 décès,
06:18 et puis j'en reprends et on en reprend encore.
06:21 Et puis il est toujours dans des très bons restaurants, hélas.
06:23 Parce que ce n'est pas forcément des restaurants chers, parce que comme Cyprien le sait,
06:27 à Marseille, les très bons restaurants ne sont pas forcément très chers.
06:30 Justement, contrairement à Paris.
06:33 Et puis, ses colères, moi ce qui m'amusait, il se mettait en colère tout seul sur Paris, contre Paris.
06:38 Toutes ces conneries qu'on lit dans la presse, n'est-ce pas, Cyprien ?
06:42 Ou dans les médias, sur Marseille, ville.
06:46 On a l'impression qu'on est toujours en état de siège, le Cicade est mort partout, etc.
06:49 Oui, allez à Paris, les gars.
06:51 Allez dans la rue de Parisienne, vous verrez comment c'est.
06:53 Il faut arrêter, non, mais ce côté toujours stigmatisant, systématique.
06:57 On parle toujours de stigmatisation.
06:59 Sienville qui a vraiment été stigmatisée ces dernières décennies.
07:03 Alors là, je peux témoigner parce que je vis sur place.
07:05 Vous savez, c'est ça aussi.
07:08 Ils luttaient contre ça en permanence.
07:09 Mais c'est révoltant, moi, depuis que je suis à Marseille,
07:11 combien d'amis m'ont dit "mais comment tu fais ?".
07:13 On ne peut pas l'arrêter ce François de Gisbert, il est terrible.
07:16 Je voulais juste qu'on écoute quelques secondes de Jean-Claude Godin.
07:20 On lui a demandé "mais quel a été le plus beau jour de votre vie à Marseille ?"
07:24 On pourrait croire, peut-être Cyprien l'a cru, que c'était le jour de la victoire.
07:28 - Je n'aimais pas le foot. - De l'OM en 93.
07:30 Mais on sait que c'était un passionné de ballon rond.
07:34 Par contre, on va écouter sa réponse.
07:36 Ma vie, c'est la politique.
07:37 Vous savez bien que je n'en ai pas beaucoup d'autres.
07:39 Bon, j'ai toujours vécu dans la vie politique.
07:41 Et quand je suis rentré au conseil municipal de Marseille en 65,
07:45 c'est ça le plus beau jour de ma vie.
07:47 Si je résume en un mot, François-Olivier Gisbert, on n'en fait plus des comme ça.
07:52 Ah non, mais je crois que c'est le seul qui est comme ça.
07:56 Bon, il y a eu une tradition, parce qu'il y avait d'autres petits gaudins,
08:00 où je pense à Georges Eiffrèche, Merlemont, Pellier, etc.
08:03 Mais tous ces gens, cette génération a disparu.
08:05 Et c'est des gens qui n'avaient peur de rien.
08:07 C'est ça qui m'a toujours frappé chez lui.
08:10 S'il n'avait peur de personne, il n'avait peur de rien.
08:13 Et il aurait tout fait pour sa ville.
08:14 Et franchement, il a métamorphosé la ville.
08:17 La ville, il y a avant Gaudin et il y a après Gaudin.
08:19 Et ce n'est pas du tout la même chose.
08:21 C'est une ville qui est, ouais, qui renaît de tous les côtés.
08:24 Et bon, ce n'est pas fini, parce que l'histoire va continuer sans lui.
08:27 Mais enfin, en tout cas, ça a été une période,
08:30 une bonne période pour Marseille.
08:31 Merci beaucoup, François-Olivier Gisbert, en direct de Marseille.
08:35 Merci d'avoir évoqué avec nous la mémoire de Jean-Claude Gaudin,
08:38 maire emblématique, 25 ans de règne sur la Canebière
08:42 et une disparition à l'âge de 84 ans.
08:44 18h29 !
08:45 Déjà 18h29 !
08:47 Mais c'est une visoconférence qui se rapproche, cher Alex.
08:49 Vous êtes au courant de tous les rouages de cette émission.
08:52 C'est impressionnant.
08:54 Je vais parler de Jean-Claude Gaudin.
08:55 Il y aura du Manuel Valls et il y aura du M.Pokora.
08:58 On filera aussi dans quelques minutes à Brest.
09:01 Brest, Chavire, toujours après la qualification en Ligue des Champions.
09:05 À tout de suite.
09:06 RTL.