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00:00Il est 8h moins le quart, comme à chaque début d'hiver, l'épidémie de bronchiolite progresse en France, la Bretagne est concernée.
00:06On en parle ce matin avec la docteure Amélie Ricouard, pédiatre au CHU de Rennes.
00:10Bonjour Amélie Ricouard, vous confirmez, vous étiez de garde ce week-end au CHU de Rennes, à l'hôpital Sud.
00:17La Bretagne est concernée par cette épidémie de bronchiolite ?
00:21Oui, comme chaque année en fait, on est en pleine période épidémique et ça y est, la Bretagne est passée en rouge
00:26d'après le bulletin épidémique hebdomadaire la semaine dernière pour ce virus de la bronchiolite.
00:30Donc le virus existe toujours, il circule beaucoup, mais, et c'est là la grande nouveauté,
00:34c'est qu'on a maintenant la possibilité de protéger nos nouveau-nés et nos nourrissons depuis deux années.
00:40Voilà, vous étiez venue nous en parler l'année dernière et ça change tout pour vous en tant que médecin ?
00:44Vraiment, ce traitement qui existe maintenant pour les nourrissons change la donne et ralentit l'épidémie ?
00:50Alors ça change surtout pour les nourrissons parce que ce sont beaucoup moins de nourrissons qui sont malades.
00:55L'année dernière, grâce au B. fortus, donc ce médicament qui est en fait une immunisation,
00:59on va directement injecter des anticorps aux nouveau-nés et aux nourrissons.
01:03Ça a permis d'éviter 5800 hospitalisations en France.
01:08Et aujourd'hui, avec l'Abrisvo, donc on va pouvoir proposer aux mamans,
01:12c'est vraiment un moyen de protéger nos nouveau-nés et nos nourrissons contre ce virus.
01:17Donc en fait, le virus est toujours présent, mais on a aujourd'hui beaucoup moins de formes graves
01:23et beaucoup moins d'hospitalisations à cause de la bronchiolite.
01:25Et donc là, docteur, vous venez de parler d'un nouveau traitement, c'est pour les femmes enceintes, c'est ça ?
01:29À quel moment on le prend et quelle est la différence avec l'autre qui s'adresse aux bébés ?
01:34Alors effectivement, la nouveauté 2024, c'est l'Abrisvo.
01:37Donc c'est un vaccin qu'on va proposer aux femmes enceintes dans le huitième mois de grossesse,
01:42vers la fin de la grossesse, tout à fait, et qui va permettre à la maman de fabriquer des anticorps
01:49qui seront transmis de façon passive aux nouveau-nés.
01:52Et ça permet de protéger, en fait, les bébés jusqu'à six mois d'une bronchiolite grave.
01:57Donc ça permet, en immunisant, en vaccinant plutôt la maman, de protéger le nouveau-né à naître.
02:02Et donc ça, c'est récent, vous dites 2024, donc on n'a pas encore de recul, j'imagine,
02:06sur les faits que ça peut avoir sur l'épidémie ?
02:09Alors oui, en effet, c'est une autorisation qui a été européenne en 2023, donc ce n'est pas un nouveau médicament.
02:15Mais l'impact sur l'épidémie en France, c'est sur cette année 2024 qu'on va pouvoir le juger.
02:22Il faut, à la maternité de l'hôpital Sud, on estime qu'il y a à peu près une maman sur deux
02:25qui a pu en bénéficier pendant sa grossesse. C'est pris en charge à 100%.
02:29Et il reste encore une maman sur deux qui accouche d'un bébé sans avoir eu cet abrisveau
02:33et où on va devoir protéger le nouveau-né avec le béfortus.
02:37Docteur Amélie Ricouard, vous êtes pédiatre au CHU de Rennes.
02:41Et donc les bébés qui sont aujourd'hui hospitalisés pour bronchiolite,
02:43c'est parce qu'ils n'ont pas eu le traitement ou leur maman ne l'a pas eu, c'est vraiment ça ?
02:47Ou malheureusement, il y en a qui ont eu ce traitement, mais ils sont quand même tombés malades gravement ?
02:51La protection n'est pas à 100%, mais effectivement, c'est vraiment ça.
02:55Aujourd'hui, et on en a échangé hier entre professionnels,
02:59les nourrissons qui sont hospitalisés pour bronchiolite ne sont plus du tout les mêmes.
03:03Ce sont des gros bébés, des 8 mois, des 10 mois, des 14 mois pour une première crise d'asthme
03:09qui vont avoir parfois besoin d'oxygène et qu'on les aide pour l'alimentation.
03:13Mais on n'a plus du tout, comme on avait eu de façon explosive en 2022,
03:17ces tout-petits, nouveau-nés, moins de un mois, qui étaient très malades
03:20et qui avaient besoin d'hospitalisation très longue.
03:22Donc la population des nourrissons hospitalisés a complètement été modifiée depuis deux ans.
03:27J'avoue que c'est une excellente nouvelle pour une pédiatre,
03:29parce que compte tenu de cette épidémie explosive en 2022,
03:33on n'imaginait pas pouvoir en arriver là aujourd'hui.
03:35Donc on incite fortement les parents à pouvoir se procurer le Bfortus.
03:42Je me permets une petite aparté, ce médicament, en fait, il est payant maintenant.
03:45Et ça, c'est incompréhensible pour nous.
03:47C'est-à-dire que quand l'injection n'est pas faite à la maternité,
03:50les parents qui vont chercher le médicament en pharmacie doivent apporter parfois jusqu'à 300 euros.
03:54Ce qui est une sacrée somme.
03:56Et ça, c'est vraiment un frein.
03:58Donc c'est impossible parce que c'est un vrai bénéfice.
04:00Ça pourrait inverser ces bons chiffres dont vous nous parlez.
04:03Alors il faudra avoir le recul nécessaire qu'on n'a pas actuellement.
04:06Mais en tous les cas, ça peut freiner la prévention de la broncholite par le Bfortus.
04:10Et ça, c'est quelque chose qui est inadmissible pour tous ces nourrissons qui ne sont pas malades.
04:15Ces traitements n'empêchent pas évidemment de respecter les gestes barrières.
04:18C'est aussi comme ça que se transmet la broncholite, que les bébés tombent malades.
04:21Alors oui, ça, on l'a appris avec le Covid.
04:23Et puis, pour le coup, il n'y a pas que la broncholite.
04:25Il y a tous les autres virus qui circulent.
04:27Et il faut redire, on redira chaque année, que ces nouveaux-nés, ces nourrissons,
04:31eh bien, on ne les emmène pas dans des lieux publics.
04:33On se protège si on est malade et qu'on leur rend visite.
04:36On se lave les mains régulièrement et qu'effectivement,
04:39le meilleur traitement, c'est toujours la prévention.
04:41Et la broncholite, ça ne concerne en fait pas que les tout-petits,
04:44ça peut aussi concerner les aînés ?
04:46Alors, la broncholite, c'est un virus.
04:47Et donc, ce virus, on l'a dit, circule beaucoup actuellement.
04:50Il peut donner les formes chez les nouveaux-nés dont on a parlé.
04:52Mais effectivement, on a des personnes fragiles et parfois des personnes âgées
04:56qui vont aussi pouvoir développer des infections respiratoires avec ce virus du VRS.
05:00Et pour eux également, ces mesures de prévention sont tout à fait importantes.
05:05Il n'y a pas de traitement, là, pour les personnes plus âgées ?
05:07À ma connaissance, il n'y a pas de traitement.
05:09Merci beaucoup, docteur Amélie Ricoir, pédiatre au CHU de Rennes,
05:11d'avoir été l'invité de France Bleu Armorique ce matin.
05:14Cette interview sera retrouvée d'ici quelques minutes en vidéo sur francebleu.fr.