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00:007h46, est-ce que vous arrivez à trouver un médecin ? Appelez-nous pour nous en parler.
00:0604-76-46-45-45, sujet dont on va justement, Thewetch, parler avec notre invité.
00:11Oui, Gilles Perrin, président de l'Ordre des médecins de l'ISER.
00:14Bonjour M. Perrin.
00:15Bonjour M.
00:17Merci d'être en ligne avec nous ce matin pour parler de cette pénurie de médecins
00:21en ISER.
00:22Effectivement, avec un exemple très parlant d'actualité, quartier Gustave Rivet à Grenoble.
00:267 médecins vont partir à la fin de l'année, 10 000 patients vont se retrouver sans médecin,
00:33notamment Olivier Ecoutez, habitant du quartier, et membre du collectif qui s'est constitué.
00:38C'est assez simple, oui, on a commencé à chercher.
00:40Aucun cabinet ne propose quoi que ce soit, à savoir que j'ai aussi été voir dans
00:44des pharmacies, les centres de consultation, ils existent, ils sont saturés, il y aura
00:50sans doute des places, plus que chez les médecins, mais ça risque d'être compliqué, ou alors
00:53c'est les urgences.
00:54Voilà la situation pour Olivier, donc habitant du quartier Gustave Rivet à Grenoble.
00:58Vous-même, M. Perrin, vous êtes médecin tout près de cette place Gustave Rivet, est-ce
01:03que ça se ressent chez vous ? Est-ce que vous avez beaucoup d'appels de patients en
01:07déshérence, en quelque sorte ?
01:09Bien sûr, moi j'ai entre 2 et 6 appels par jour, de façon constante, depuis plusieurs
01:17mois, parce qu'en fait la place Gustave Rivet c'est une place qui a déjà été essorée
01:22au niveau médical, il y avait beaucoup plus de praticiens dans l'ancien temps, là il
01:27y a un départ massif, mais il y avait beaucoup plus d'offres de soins dans le quartier, donc
01:33effectivement les patients qui sont sans solution, ils font le tour des médecins du quartier.
01:37Les médecins du quartier, ils ne peuvent pas absorber tout.
01:40Et est-ce que c'est représentatif de la situation plus largement dans la métropole,
01:44voire en Isère, ce départ de médecins d'abord à la fin de l'année, et cette pénurie
01:49aussi, cette difficulté à trouver un médecin ?
01:52Je ne vais pas vous donner un scoop, on manque de médecins partout en France, alors à ce
01:58point-là, là c'est un malheureux concours de circonstances, on est sur 6-7 médecins
02:04qui se sont installés en même temps il y a 30 ans, ils avaient le même âge, donc
02:08ils partent tous à peu près en même temps, même en même temps parce que c'est la fin
02:12d'année, et bien c'était bien il y a 30 ans pour le quartier, maintenant c'est le
02:16retour de Manivelle, effectivement c'est dommage pour le quartier, mais les médecins
02:21autour ne peuvent pas absorber tout, je comprends.
02:23Pour ce qui est du département, il n'y a pas que Grenoble, il y a le Nord-Isère aussi
02:29qui est en difficulté, j'ai écouté votre interview tout à l'heure, à la Côte-Saint-André,
02:35les gens, il faut trois quarts d'heure pour aller voir un médecin, il y a un septème
02:41dans le Nord-Isère, c'est un village que je ne connaissais pas, il y a 4 médecins
02:44qui partent d'un seul point.
02:45On y était sur France-Bleu-Isère, effectivement, on en a parlé de cette mobilisation.
02:49Effectivement, les médecins autour ne peuvent pas prendre tous les patients qui arrivent,
02:53ils ne sont pas assez nombreux.
02:54Est-ce qu'il y a là un moment un peu charnière à la fin de l'année qui va être problématique ?
03:01Alors effectivement, en fin d'année, il y a souvent des départs massifs puisque c'est
03:06plus facile sur le plan fiscal, en fait ça fait quand même 20 ans qu'on alerte les autorités,
03:13les décideurs en disant qu'on va dans le mur, alors pendant quelques temps, on arrivait
03:18à peu près à équilibrer et puis là, on n'équilibre plus et par exemple pour Grenoble,
03:24on a deux départs pour une installation, ça c'est des chiffres qui datent déjà de
03:282-3 ans, une étude faite avec des données SEPAM, les assurances maladies, donc ça,
03:34ça ne peut pas durer longtemps, il y a un moment où ce n'est plus possible et pour
03:38ce qui est du bassin grenoblois, j'allais dire la métro, en fin d'année, il y a 15
03:42médecins généralistes qui partent, mais tenez-vous bien, zéro installation, du coup
03:47vous parliez de 10 000 patients sans médecin traitant, moi je dis qu'au 1er janvier, ça
03:53va être plutôt 30 000, alors je ne suis pas là pour affoler la population, ce n'est
03:58pas le rôle d'un président de conseil de l'ordre, mais en fait il faut dire les choses
04:01maintenant, il faut le dire publiquement, il faut que les décideurs, ils entendent
04:04ce qu'on leur dit depuis 20 ans.
04:06On va y venir sur les solutions effectivement, mais tout ça, ça a des conséquences j'imagine
04:10sur la santé d'un certain nombre de patients, vous le voyez aussi ?
04:12Bien sûr, moi je vois déjà des retards de prise en charge.
04:17Qu'on a eu pendant le Covid, mais qui là seront peut-être massifs ?
04:21Forcément, d'abord, premier niveau, retard de prise en charge chez les médecins traitants,
04:26parce que comme ils ne trouvent pas de consultation, les médecins traitants près de chez eux,
04:30c'est un problème.
04:31Retard de prise en charge dans la médecine spécialisée, donc là on a une aggravation
04:38des pathologies, quand on a des, alors je ne parle même pas des ophthalmos, des dermatos,
04:42mais même de cardiologie, un cardiologue, c'est des délais qui s'allongent, qui s'allongent,
04:47donc aggravation des pathologies, premier stade, deuxième stade, renoncement aux soins,
04:52c'est-à-dire que les patients, ils ont donné 500 coups de téléphone, il y a un moment,
04:57ils arrêtent, et puis dernier point, dernier stade, c'est qu'en fait ils arrivent, ils
05:01se sont aggravés, et donc ils arrivent aux urgences, dans un état dans lequel ils n'auraient
05:05pas dû arriver si on les avait soignés avant, et en plus, à ce moment-là, ça coûte
05:10beaucoup plus cher, donc perte de chance, et finalement, au niveau financier, c'est
05:15mauvais.
05:16On va au standard de France Blizzard, parce qu'on a justement du monde qui galère à
05:20trouver des médecins, Mathieu.
05:21D'ailleurs, venez nous le raconter, 0476464545, on va en discuter avec Paul, mais on a aussi
05:26des commentaires sur notre page Facebook choisie.
05:28Tout à fait, je vous parlais d'Emma qui doit faire de la route pour aller voir son
05:32généraliste.
05:33On a Corinne aussi qui nous parle de Vars, où le médecin part à la retraite à la
05:38fin de l'année, et son papa de 90 ans va se retrouver sans médecin traitant.
05:43On a beaucoup d'auditeurs aussi qui nous parlent des délais.
05:46Ils ont un médecin traitant, sauf qu'il faut 15 jours, voire un mois pour avoir un
05:51rendez-vous avec le généraliste.
05:53Bon, le conseil que je peux vous donner ce matin, c'est d'habiter à Bernins, puisque
05:57Joël nous dit qu'il y a 4 généralistes pour le village, facile d'avoir un rendez-vous,
06:025 kinés, 2 ostéopathes, des infirmières, une grande pharmacie.
06:05Non, je ne t'ai plus.
06:06Ah, tiens, je vois un déplacement de voiture qui déménage à Bernins.
06:10On va aller à Fontaine retrouver Paul qui est avec nous.
06:13Bonjour Paul.
06:14Oui, bonjour.
06:15Alors justement, Paul, vous, c'était pour trouver un médecin qui se déplace la nuit
06:20la difficulté ?
06:21Oui, exactement.
06:22Oui, dernièrement, mon épouse a eu un gros problème.
06:26J'ai essayé, j'ai fait le 15, enfin, j'ai appelé 5 médecins, personne ne s'est déplacé.
06:32Je ne leur en veux pas, absolument pas.
06:34D'abord, je ne suis pas client chez eux, mais disons, il y a vraiment un manque de médecins.
06:40Voilà, c'est tout ce que je voulais dire.
06:42Je ne leur en veux pas du tout, ils sont plus que débordés.
06:45Mais vous l'avez constaté, en fait, tout simplement.
06:46Voilà, oui, on l'a subi.
06:49Merci, Paul, pour ce témoignage, effectivement, sur une autre pratique.
06:54Oui, il y a eu une mobilisation aussi sur les visites à domicile qui était mal revalorisée
06:58selon les médecins.
06:59On va en parler avec notre invité, Gilles Perrin, président de l'Ordre des médecins
07:03de l'ISER.
07:04Est-ce que vous souhaitez d'abord réagir rapidement à ce qui a été dit avant de parler
07:07des solutions ?
07:08Pour ce qui est de la nuit, c'est comme le jour, il y a un manque de médecins le jour
07:12et il y a un manque de médecins la nuit, ça semble évident.
07:14Sur les solutions, parlons des solutions, s'il y en a, la consultation va passer à
07:1930 euros dans 15 jours pour les généralistes le 22 décembre.
07:22Est-ce que c'est un début pour améliorer l'attractivité du métier, M. Perrin ?
07:27Alors déjà, je vais peut-être vous surprendre, mais 30 euros, ce n'est pas un cadeau qui
07:33est fait aux médecins.
07:34C'est à peine le rattrapage de l'inflation, car en fait, ça faisait 10 ans que les honoraires
07:40bougeaient à peine.
07:41Donc, ce n'est pas un cadeau, c'est à peine un rattrapage de l'inflation.
07:45Quand on compare le prix de la consultation par rapport à d'autres pays, par exemple
07:50en Allemagne, c'est 75 euros, en Italie c'est 70, en Espagne 79, donc là, la France n'est
07:57pas au niveau.
07:58Pour les généralistes également, on parle toujours de la consultation de base.
08:01Parmi les solutions, il y a aussi peut-être ce cabinet de SOS Médecins qui ouvre à Grenoble.
08:07Est-ce que ça peut apporter un début de solution ?
08:10Bien sûr, SOS Médecins remplit un vide.
08:14Ils sont nombreux, ils sont efficaces, ils se déplacent aussi la nuit pour répondre
08:20au monsieur qui intervenait tout à l'heure.
08:22Parce que vous parliez de zéro installation sur le bassin grenoblois au début de l'année,
08:26il y a quand même ce cabinet qui ouvre.
08:27Non, c'est un transfert.
08:30Ils étaient à Echirol, ils s'installent enfin au centre-ville, ce sont les mêmes médecins.
08:35Je le sais, c'est moi qui ai signé les autorisations de transfert, c'est les mêmes médecins.
08:41Il n'y a pas de gain.
08:42Qu'est-ce que vous réclamez alors comme mesure supplémentaire pour freiner le mouvement en cours ?
08:48Déjà, la première chose, ça a été dit par votre éditeur et par beaucoup d'intervenants,
08:53il faut ouvrir les portes du concours d'entrée en médecine.
08:57C'est-à-dire que l'accès à l'université...
08:58L'accès à l'universus clausus.
08:59Voilà, ça s'appelle comme ça, même si ça a un peu changé.
09:02Il faut vraiment l'ouvrir et, j'allais dire, il faut doubler le nombre de postes proposés.
09:07Je sais bien que doubler, c'est un nombre énorme et que ça pose d'autres problèmes
09:11de gestion des étudiants, mais au point où on en est, il faut vraiment l'ouvrir massivement
09:18ce concours parce que quand on refuse des jeunes médecins, des futurs jeunes médecins
09:24qui ont 13 de moyenne, ils ne sont pas nuls.
09:26Mais ça va mettre 10 ans pour les former.
09:28Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
09:29C'est ça le problème.
09:30Donc, si on ne commence pas...
09:31Ça fait 20 ans qu'on leur dit.
09:32Donc là, on a perdu 20 ans.
09:33Si on commence l'année prochaine, on perdra encore un an de plus.
09:36Et là, en 2024, il faut faire quoi ?
09:38C'est ce que vous demandez aux décideurs, notamment locaux.
09:40Oui.
09:41Vous avez parlé tout à l'heure d'attractivité, de la profession.
09:45C'est un mot très gentil.
09:47Moi, je dirais choc d'attractivité, voire même plus plan Marshall pour la médecine
09:53en France, dont on avait un peu parlé au moment du Covid et puis après, ça s'est
09:57arrêté.
09:58Il faut vraiment proposer une convention médicale qui soit à la hauteur des enjeux
10:04et de la dégradation du système de santé actuel.
10:07Un plan Marshall pour la médecine, c'est ce que réclame Gilles Perrin, président de
10:10l'Ordre des médecins de l'ISER.
10:12Merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin.
10:14Belle journée, Monsieur Perrin.
10:15Au revoir.

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