Toxicomanes - Excédé, un riverain du 10e arrondissement de Paris témoigne dans "Morandini Live" : "Ils agressent des personnes âgées. Beaucoup de gens ont peur. Le maire ne fait rien" - Regardez
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00:00Ce dealer à l'allure rapide se dirige vers un groupe d'individus, une fois la transaction faite, il part.
00:07Quelques mètres plus loin, ce consommateur est venu chercher sa dose à l'hôpital.
00:11Nous avons pu échanger avec lui, il témoigne de manière anonyme.
00:15Je viens m'injecter, normalement c'est de la morphine, dans des conditions, disons, humaines, correctes, avec un contrôle sanitaire.
00:24Je trouve des dealers, je vais à la salle, les deux, mais sinon, voilà, sinon je fais chez moi.
00:29Nous rencontrons un habitant, son appartement est situé en face de la salle de consommation.
00:34Son quotidien est rythmé par les nuisances.
00:37Au quotidien, c'est ce qu'on entend en ce moment, c'est-à-dire des aboiements, c'est-à-dire des gens qui crient,
00:45c'est-à-dire des gens surtout qui consomment de la drogue, qui s'injectent dans l'espace public, qui dealent en permanence,
00:51c'est-à-dire des gens qui consomment de l'alcool, malgré que cette zone soit classée en zone de non-consommation d'alcool.
00:58Plusieurs habitants comprennent la souffrance des consommateurs, mais n'acceptent pas les désagréments causés dans le quartier.
01:04Déjà, il y a plein de comprimés, des paquets qui sont jetés par terre, des seringues aussi.
01:09Bon, là, on ne voit pas, parce que des fois, ça se nettoie, mais j'en vois. Personnellement, j'en ai vu.
01:14Des fois même, il y a des gens qui rentrent ici, qui se mettent dans le sas des nuis.
01:18Il y a toujours du monde qui est là pour vendre, il y a toujours du monde qui est là pour acheter,
01:21donc il y a une demande, il y a une offre, quoi. C'est business, on va dire.
01:25Contacté, la salle de consommation n'a pour le moment pas répondu à nos sollicitations.
01:30La situation est assez terrible. On est en direct avec Patrick Rivrain dans ce quartier. Bonjour, Patrick.
01:36Bonjour, monsieur Morandini.
01:38Merci beaucoup d'être en direct avec nous. Merci également, je veux le dire, d'apparaître à visage découvert,
01:43parce qu'on a vu beaucoup de témoignages dans ce reportage. C'est des gens qui cherchaient à se cacher, on peut le comprendre,
01:49parce qu'ils ont peur de représailles. Quelle est l'ambiance dans ce quartier, dans cet arrondissement ?
01:55Ce n'est pas d'aujourd'hui que ça date, cette ambiance. Ça fait pas mal d'années, déjà,
02:01et il y a eu beaucoup de personnes qui ont essayé de réagir avec la mairie du deuxième arrondissement, mais en vain.
02:08Lorsque des personnes vont à l'hôpital Larivoisière le soir, le message d'ordre,
02:15vous ne pouvez pas rentrer chez vous à pied, prenez un taxi, c'est trop dangereux.
02:19Donc c'est devenu un peu un coup de gorge, le secteur de la Gare du Nord.
02:23Mais vous-même, vous le vivez, c'est-à-dire que vous-même, vous avez changé vos habitudes, vous faites attention quand vous sortez, comment vous sortez ?
02:30Ah non, moi, de mon côté, vu qu'on habite dans des quartiers populaires, pour nous, on est tellement habitués
02:37qu'on a même des bus en bas de chez nous qui donnent de la méthadone.
02:42Et le problème qu'il y a, c'est beaucoup plus pour les enfants.
02:47En fait, c'est lorsque, malheureusement, avec ces seringues et tout, ils rentrent dans des immeubles,
02:52ou pour fumer du crack, ou pour se shooter, parfois, les enfants touchent ces seringues et peuvent attraper le sida.
02:59– Patrick, c'est assez terrible ce que vous dites.
03:01Vous dites qu'on est habitués parce qu'on est dans des quartiers populaires,
03:03mais la vie dans un quartier populaire, ce n'est pas forcément une vie comme ça.
03:07Ça peut être une vie calme et en sécurité.
03:09Ce n'est pas parce qu'on est dans un quartier populaire qu'on n'a pas droit à tout ça.
03:14C'est le rôle de l'État aussi de vous donner de la sécurité,
03:16de vous donner des garanties, de vous donner des conditions pour que les enfants soient élevés correctement.
03:22– En fait, concrètement, ils ont essayé d'envoyer ces malheureuses personnes dans d'autres quartiers,
03:31dans le 16ème, et dans le 16ème, ils ont refusé.
03:33Donc, dans le 10ème, ils les ont acceptées.
03:35Mais il n'y a pas que ça, il y a beaucoup d'agressions aussi, malheureusement,
03:38parce que pour se procurer ce produit, ils sont obligés d'agresser.
03:41Ils agressent des personnes âgées ou des personnes pour se procurer leur drogue.
03:47Ça, ce n'est pas un secret de polichinelle, on le sait tous dans le quartier,
03:51mais beaucoup de gens ont peur.
03:53Le maire ne fait rien et c'est devenu un peu…
03:57Il y a même les soupes populaires ici, il y a les bus pour les méthadones,
04:02il y a la salle de shoot.
04:03Le 10ème, c'est devenu une concentration de tout ça.
04:06– Mais vous avez l'air un peu résigné, c'est ce que je vous disais, Patrick,
04:09quand je vous écoute, j'ai le sentiment que vous dites
04:12de toute façon, on n'arrivera pas à changer ça, c'est comme ça,
04:14il y a les bus, il y a la méthadone, il y a les drogués, c'est comme ça.
04:18– J'ai des personnes qui m'ont demandé même de déménager,
04:23qui n'osent pas venir dans nos quartiers, ne serait-ce que le soir pour partir.
04:28En l'occurrence, à la gare du Nord, alors si vous êtes à la gare du Nord,
04:31autant la journée que la nuit.
04:33La journée, vous voyez malheureusement beaucoup de toxicomanes,
04:36du trafic de médicaments.
04:38Au niveau de la salle de shoot, il y a des agents de sécurité qui sont présents,
04:41ils sont deux généralement, ils essayent de maintenir de l'ordre,
04:44mais bon, on est habitués, on vit avec ça, on ne peut rien y faire.
04:49Il y a aussi les ESDF qui sont au sol, c'est un quartier,
04:53ce n'est pas le 16ème ici, ce n'est pas Saint-Mandé.
04:55– Mais est-ce que vous comprenez pourquoi rien ne bouge, pourquoi rien ne change ?
04:59C'est ça surtout moi que j'ai du mal à comprendre,
05:01parce que ce que nos équipes ont vu, ce que vous vous voyez au quotidien,
05:04voilà, tout le monde peut le voir.
05:06Pourquoi personne ne fait rien ?
05:08Parce que justement, vous êtes un quartier populaire,
05:10et j'ai envie de dire, voilà, ils s'en foutent un peu ?
05:14– Vous savez, dans nos quartiers, il y a beaucoup de bobos, bobos de gauche.
05:18D'accord ?
05:19Et dernièrement, ils ont fait des manifestations par rapport aux écoles aussi,
05:22parce qu'ils ont vu qu'il y avait des toxicomanes
05:24qui étaient aux alentours des écoles,
05:27et là, quand ça touche leurs enfants, là ils réagissent.
05:30Mais bon, il n'y a aucune volonté politique,
05:32et tous les habitants du 10e, autant rue Baudelaire, autant rue Dunkerque,
05:37autant rue du Faubourg Saint-Martin, autant Fernand Vidal,
05:42plus personne ne fait rien.
05:44– Qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:45Selon vous, il faut la fermer, cette salle de shoot, pour être très clair ?
05:48Il faut la fermer ?
05:50– Non seulement il faudrait la fermer,
05:52mais il faut arrêter que le 10e arrondissement,
05:57qui est toute la misère du monde au 10e arrondissement,
06:00toute cette délinquance, toute cette insécurité.
06:03Nous, maintenant, c'est les enfants, l'innocence des enfants.
06:06Maintenant, vous avez des personnes qui vont entrer dans les hausses d'immeubles,
06:09qui vont squatter, qui vont fumer du crack.
06:11Et après, des personnes vont sortir et risquent de se faire agresser.
06:15Il y a plein d'immeubles qui sont squattés.
06:18– Merci beaucoup Patrick.
06:20– Les gens pour couper leurs cailloux, ils ont des cutters.
06:25Et dès que vous venez vers eux pour leur dire arrêtez,
06:27ils prennent le cutter et peuvent vous balafrer.
06:30– On n'a pas le sentiment qu'on est à Paris, dans ce que vous décrivez.
06:34C'est ça qui est terrible.
06:36– Nous sommes habitués.
06:38– Oui, mais il ne faut pas s'habituer justement Patrick.
06:41– Ça fait des années qu'on le revendique,
06:44et même au niveau des bailleurs, on essaie de le dire, de faire quelque chose.
06:49Mais le problème qu'ils ont les bailleurs, qui sont aux alentours du 10e,
06:52ils marchent avec la mairie de Paris, c'est tout.
06:56– Merci Patrick pour votre témoignage,
06:58et encore une fois merci de l'avoir fait à visage découvert.
07:01Ça a plus de force et j'espère que ça va faire bouger les choses.