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00:00Bonjour à tous. Je vous présente Jeanne Évrard, qui est éditrice et sonatine,
00:06qui est à mes côtés, qui sera là pour vous parler plus précisément de notre
00:09titre de rentrée. Et moi, pour ceux que je ne connais pas encore, je suis Marie-Laure
00:14Pascot et je me recupe, entre autres, des relations libraires.
00:17Je suis très heureuse d'être là à nouveau cette année pour notre
00:22rendez-vous rentrée littéraire. Je vais remonter un peu dans le temps. Il y a un
00:25an, j'étais là pour vous parler du essaye Cosby, le sang des innocents, qui a fait
00:32son joli petit bonhomme de chemin, couronné par des prix littéraires.
00:37Donc merci à tous pour tous ces retours et pour tout le soutien de
00:41ces titres. Et puis, en juin, à la Maison de l'Amérique Taltine, nous étions là pour
00:45présenter les deux visages du monde de David Joy, qui lui aussi fait un
00:50joli petit bonhomme de chemin et qui a fait une grosse tournée en France.
00:55Si je reviens sur ces deux auteurs, ce n'est pas par hasard. C'est parce que
00:59l'auteur et le livre dont nous allons vous parler maintenant s'inscrivent un
01:03peu dans cette famille d'auteurs qu'on aime défendre chez Sonatine.
01:09Et là, Écran Nord a tout à fait sa place parmi eux. Ce sont des auteurs qui
01:16sont issus de ce qu'on aime appeler le rural noir. Le rural noir s'appuie sur
01:23une Amérique vacillante, sur ses fondements. Ça s'appuie aussi sur
01:28cette récession économique et qui a notamment pour conséquence un écart
01:34assez important entre la pauvreté et la richesse.
01:37Donc on va se retrouver cette fois-ci dans un coin du sud des Etats-Unis où
01:44on retrouve encore ces thèmes qui sont très très chers à cette
01:48famille d'auteurs. Ce n'est pas par hasard effectivement, et je reviens là-dessus,
01:51que Cosby et Joy ont aimé ce livre. Je voudrais juste, parce qu'ils l'ont lu,
01:57ils l'ont aimé. En introduction, avant de passer la parole à Jeanne,
02:01Cosby a dit de ce roman et de cet auteur, Eli Cranor est l'un de ces rares
02:07auteurs qui savent vous couper le souffle, vous tirer des larmes et vous faire
02:11jubiler tout ça en un seul paragraphe. C'est vrai.
02:16Quant à David Joy, lui parle du roman Chien des Ozarks, un roman fait de
02:23bains de sang et de dettes de sang qui montre jusqu'où on peut aller pour
02:28protéger les siens. Eli Cranor est un brasier.
02:31Je vais passer la parole à Jeanne pour qu'elle vous parle un peu plus du texte.
02:35Merci Marie-Laure. Chien des Ozarks s'ouvre sur une scène assez canonique que
02:40vous allez pouvoir tous visualiser en très très peu de temps.
02:43On y découvre une jeune Américaine adolescente, Johanna Fitzgerald qui est
02:48dans sa chambre, qui est en train de mettre sa plus belle robe et se faire son
02:51plus beau maquillage parce que, bien entendu, elle va se rendre aux balles de
02:54promo où il y a de grandes chances qu'elle soit élue reine de promo d'ailleurs.
02:59Et elle y va au bras de son petit ami Cole, qui est la star de football américain
03:03du lycée. Un conte de fées comme seul l'American Dream sait nous en offrir.
03:07Sauf que vous en doutez, on est chez Sonati, donc ça ne risque pas de durer
03:10longtemps. Et effectivement, la vie de Johanna est loin d'être une vie de
03:15conte de fées. La jeune fille est élevée au beau milieu d'une casse automobile,
03:20comme le montre la couverture, au milieu des carcasses de voitures, de la rouille,
03:23de la saleté. Elle est élevée par son grand-père, Jeremia Fitzgerald, parce que
03:27ses deux parents sont aux abonnés absents. Et son grand-père, un bon ancien
03:32vétéran du Vietnam, l'a élevée avec deux connaissances principales,
03:38l'autodéfense et le maniement des armes à feu.
03:41Ce n'est pas seulement de la paranoïa d'un ancien militaire, il y a aussi une
03:44raison un peu plus profonde à ça. Le père de Johanna est en prison parce
03:48qu'il a tué deux sang-froids et à bout portant, deux hommes qui s'étaient
03:52introduits de nuit dans la casse automobile. Manque de chance, parmi ces
03:58deux hommes, il y avait l'héritier de la famille des Letford, qui est une
04:01famille de suprémacistes blancs qui règne un peu de manière souterraine sur
04:05l'ensemble de la région et qui inonde les osarques de méthamphétamine.
04:10Des gens un peu dangereux, comme vous l'aurez compris, des gens qui,
04:13bien entendu, ne sont habités que par une idée, c'est de venger leur
04:16héritier qui a été tué comme ça, comme un chien au beau milieu de la
04:20casse. Et Johanna est, bien entendu, une proie de choix pour payer ses
04:24dettes familiales de sang et régler le différend entre les deux familles.
04:29Et c'est pour ça que Jérémia a élevé Johanna dans cette crainte
04:31constante de se dire, ma petite fille va payer pour les péchés de ses
04:34parents. Et donc, quand Cole vient le chercher, le petit ami de Johanna,
04:39vient chercher Jérémia au beau milieu de la nuit et lui dit, Johanna a
04:42disparu après le bal. Jérémia comprend tout de suite que sa petite
04:46fille est en danger et que ça ne sert à rien d'aller voir la police.
04:48Il attrape un fusil et il va aller s'occuper de faire justice lui-même
04:52et sauver sa petite fille. Vous l'aurez compris avec ce résumé,
04:55Chien des osarques, c'est un roman qui est bourré d'adrénaline.
04:58On ne va pas se mentir, ça va sans haleur, mais c'est loin d'être la
05:04plus importante des qualités de ce roman qui en a vraiment d'innombrables.
05:08Parce que ce que fait Lycranor avec Chien des osarques, c'est une sorte
05:11de cartographie sociale des monts Osarques, qui est cette région hyper
05:15particulière que vous avez peut-être déjà découvert à travers les séries,
05:17mais qui est vraiment un territoire à part traversé par plein de
05:20problématiques et lui va s'en emparer pour les creuser au fur et à mesure.
05:25Donc, il va nous parler de territoire délaissé, de crise économique,
05:29de drogue et de la manière dont elle gangrène des communautés entières,
05:33de violence qui est entretenue par le fait que tout le monde a une arme
05:35à feu chez lui et n'a qu'une hâte, c'est de s'en servir, de Ku Klux Klan,
05:39de gamins délaissés.
05:40Tous ces sujets sont mêlés ensemble dans une intrigue qui est vraiment
05:44très bien menée et ils sont creusés avec brio, avec authenticité pour
05:48vraiment laisser une cartographie extrêmement complexe d'un territoire
05:51et de sa communauté.
05:53Et c'est effectivement pour ça que Chien des osarques s'inscrit très
05:56clairement dans le mouvement du rural noir.
05:58Il a cette même façon de mêler un petit peu naturalisme social et grands
06:05espaces et c'est vrai qu'on s'en rend compte quand on lit ce genre de
06:07romans, c'est vraiment le genre qui nous parle le mieux à l'heure
06:09actuelle de l'Amérique d'aujourd'hui et de toutes les problématiques
06:13dans lesquelles elle s'est embourbée depuis des années.
06:15Et Chien des osarques est vraiment un roman assez remarquable sur
06:18l'Amérique à ce titre-là.
06:20Elie Krenor, il est né, il a grandi, il est parti un temps, mais ensuite
06:24il est venu revivre dans les osarques.
06:25C'est vraiment un territoire qu'il maîtrise parfaitement, il sait de
06:28quoi il parle et on sent qu'on lit vraiment un roman extrêmement
06:31authentique.
06:33C'est pour ça qu'on pensait à David Joy, comme Marie-Laure vous en a
06:36parlé, c'est assez évident que ce que fait David Joy avec les
06:39Appalaches, Elie Krenor est en train de dessiner le même territoire à
06:44cheval entre littérature et réflexion sociale sur ce territoire que
06:50lui-même maîtrise parfaitement qui est les monts osarques.
06:54Et donc, on est d'accord avec David Joy et Cosby pour dire que c'est
06:57vraiment une très belle découverte.
07:00Chez Sonatine, on est juste hyper heureux d'accueillir Elie Krenor
07:04au catalogue.
07:05Il a vraiment ce don d'aller gratter un vernis, vous l'aurez compris,
07:08un vernis déjà bien écaillé de l'Amérique, mais vraiment gratter
07:10en dessous pour aller parler de ce qu'il y a de plus complexe dans
07:14ce monde qu'il connaît.
07:17Nous, on est très heureux.
07:17C'est un texte remarquable qui a été très, très bien traduit par
07:20Emmanuel Ortubis, donc on est très heureux du résultat.
07:24C'est une découverte, un coup de cœur pour toute l'équipe et donc
07:27on pense qu'il a vraiment sa place dans cette rentrée littéraire
07:30d'hiver.
07:32Jeanne a quasiment tout dit sur ce titre.
07:35Encore une fois, on a entre les mains un roman qui teinte d'une
07:39bonne dose de noir le rêve américain.
07:42On est en plein là-dedans et je rajouterai juste que, certes,
07:47c'est un roman assez violent, assez noir, mais il y a des scènes
07:51très drôles.
07:51Il utilise aussi un peu l'humour.
07:54Juste pour vous donner une idée, quand l'un de cette famille de
07:59suprémacistes blancs pour essayer de monter son petit coup de son
08:03côté et montrer qu'il est très fort s'allie avec des Mexicains.
08:07C'est assez cocasse, en fait.
08:09Donc voilà.
08:10Bonne lecture.
08:10Je vous descendrai des épreuves à la pause, comme ça, si jamais
08:13vous avez envie de le découvrir, n'hésitez pas et je laisserai
08:17la petite plaquette aussi de présentation.
08:19Peut-être que pour terminer, parce que j'aime bien les citations,
08:22les presses et tout ça, je citerai juste, pour résumer un peu
08:27ce que Jeanne a dit aussi, paru dans la presse américaine.
08:31Ce récit d'une querelle entre deux familles de l'Arkansas
08:33s'intensifie avec la fureur d'une tragédie grecque.
08:38La loyauté familiale, les amours adolescentes, l'hommage aux morts.
08:42Tout est là et tout va terriblement mal se dérouler.
08:45Voilà.
08:46Merci pour votre attention.