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Éric Coquerel, député La France insoumise en Seine-Saint-Denis était l'invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe ce mercredi 4 décembre. Il est revenu sur le vote de la motion de censure mais également sur ce qu'il se passerait sans budget. 

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00:00Il est 8h30, tout pile sur RMC et BFM TV, deux invités dans le face-à-face ce matin, on est ensemble jusqu'à 9h pour mieux comprendre les deux enjeux, les deux forces qui vont mécaniquement s'allier tout à l'heure pour faire tomber le Premier ministre.
00:15C'est d'abord vous qui répondez à mes questions, Eric Coquerel, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Merci d'être ici ce matin, au matin donc de cette motion de censure.
00:21Tout à l'heure c'est Jean-Philippe Tanguy du RN qui vous succèdera, et au fond c'est l'ordre qui prévaudra cet après-midi dans l'hémicycle, puisque Eric Coquerel vous allez être celui qui défendra à la tribune la motion du nouveau Front populaire, c'est-à-dire la motion qui devrait l'emporter et faire tomber le Premier ministre.
00:41Il ne vous a pas convaincu hier soir, Eric Coquerel ?
00:44Ah non, je l'ai même trouvé assez pathétique pour tout vous dire. Dans cette manière de manifestement vouloir s'accrocher finalement à son poste de Premier ministre dont il disait que ce n'était pas forcément lui qu'il avait voulu mais qu'il répondait à une espèce de mission, y compris jusque dans des appels, j'ai même vu sur Twitter quasiment au RN sur des valeurs qu'on suppose communes pour dire au RN de ne pas voter notre motion.
01:09Donc il y a quelque chose où il montre à nouveau une faiblesse, ce qui est normal parce qu'en réalité son problème c'est une légitimité qu'il n'a jamais eue du fait d'avoir aucune majorité à l'Assemblée, même plutôt une armée en déroute qui le soutient, mais aussi la volonté coûte que coûte de maintenir la politique pour laquelle il a été choisi, c'est-à-dire une politique qui avantage les plus riches, très inégale.
01:32J'ai vu M. Barnier finalement en homme de droite peu conciliant.
01:37Éric Coquerel, vous vous rendez compte quand même que vous avez effectivement entre les mains, vous tout à l'heure, la chute du gouvernement, le saut vers l'inconnu comme le titre de la plupart des journaux depuis hier, et vous parliez à l'instant de la question des Français, du pouvoir d'achat, la conséquence mécanique, c'est ce qu'a dit Michel Barnier hier, ça va être une hausse d'impôts pour la plupart des Français ?
02:01Alors déjà, Pauline de Balerbe, sachez une chose, c'est que je sens ô combien la responsabilité qui nous incombe et qui m'incombe, mais j'ai l'impression que la grande majorité des Français dont parle sans arrêt M. Barnier sont derrière nous.
02:14Hier, il y avait les chauffeurs de taxi qui étaient mobilisés devant l'Assemblée nationale.
02:18Je peux vous assurer qu'ils souhaitaient la chute du gouvernement Barnier tout simplement parce qu'ils espèrent qu'il y aura une autre proposition de budget qui tiendra compte de leurs revendications.
02:27Demain, ce sera les enseignants, la fonction critique.
02:29Une grève très suivie, qui s'annonce très suivie, effectivement, dans les écoles de France.
02:32Et si on en croit les études d'opinion, mais si on en croit aussi les élections de juillet, les gens ne veulent plus de ce gouvernement et surtout, ils ne veulent plus de cette politique.
02:40Parce qu'ils ont bien compris une chose, c'est que c'est cette politique qui entraîne le pays dans le mur.
02:44On va revenir sur les conséquences politiques, effectivement, qui, après Michel Barnier, qui peut-être après Emmanuel Macron, dont vous continuez à demander également la démission,
02:53mais Éric Coquerel, sur cette question des impôts, qu'est-ce que vous dites aux 380 000 Français qui vont basculer mécaniquement les styles à cause des failles ?
03:01C'est faux, c'est faux, il en appelle à cela, il ment.
03:07Le problème, c'est que ce n'est pas bien de jouer aux alarmistes, de dire que c'est le chaos économique.
03:12Regardez, les taux d'intérêt sont comparables à la Grèce, sans même expliquer que nos taux d'intérêt sont inférieurs à ceux pratiqués il y a un an vis-à-vis de la France.
03:22Ce n'est pas bien de laisser penser que si, parce que c'est dans le cas où il y a ce qu'on appelle la fameuse loi spéciale qui permettrait juste de passer la fin de l'année,
03:30en réalité l'an prochain s'appliqueraient les barèmes d'impôts de 2024, donc des gens qui ne payaient pas d'impôts les paieraient.
03:36Pourquoi ce n'est pas vrai ? Parce que la règle est très clairement expliquée.
03:41C'est un texte qui vise à s'appliquer un mois, six semaines au maximum, après on discutera du budget.
03:49Il n'est pas prévu que le budget 2024 s'applique au 2025, il est prévu juste que ça permette de passer la fin de l'année.
04:01Donc arrêtons de faire peur. Il y a même des amendements qui ont été faits sur la dernière loi spéciale qui a été appliquée,
04:09où on s'aperçoit même qu'il est peut-être possible de bouger les barèmes de l'impôt.
04:13J'ai à dire que cette façon d'effrayer, de laisser penser que si le projet de loi de sécurité sociale n'est pas appliqué,
04:19il n'y aura plus de carte vitale alors même que les bénéficiaires ce sont les retraités qui verront leur retraite indexée,
04:24puisque c'était prévu comme ça dans les textes existants, ce n'est pas bien.
04:27Je vous le dis très clairement, ça ne rend pas service au pays.
04:30Si on est tout à fait précis sur les retraités, les pensions de retraite les plus modestes allaient de toute façon être réindexées.
04:36Mais là tout le monde va être indexé.
04:37Oui, donc en fait finalement tant mieux pour les retraités les plus riches.
04:40Pour le pouvoir d'achat des Français, ce qui est en train de se passer, je parle sur le projet de loi de finance de sécurité sociale, est plutôt positif.
04:46Qu'est-ce qui se passe derrière ? C'est-à-dire que là à 16h vous serez à la tribune, vous allez défendre cette motion de censure,
04:51vous dites que vous avez parfaitement conscience de la responsabilité qui pèse sur vos épaules,
04:56vous n'êtes pas convaincu par les appels justement à la responsabilité de Michel Barnier hier.
05:01Qu'est-ce qui se passe derrière ? C'est-à-dire que quand même vous allez avoir les voix du RN,
05:06dont vous-même vous dites dans votre texte, c'est un peu paradoxal quand même, qu'ils sont ville d'extrême droite, vous les insultez.
05:14On parle de leur obsession, oui.
05:16Oui.
05:17Vous savez qu'on n'est pas d'accord avec le RN.
05:18Oui, et en même temps vous voulez leur voix, c'est un peu paradoxal quand même.
05:20Mais c'est contrairement à ce que vous avez dit tout à l'heure, ce n'est pas une alliance.
05:22Le RN se rallie à notre motion parce qu'il estime aussi qu'il faut faire tomber le gouvernement Barnier.
05:27Et personne, nous à l'inverse de M. Barnier, on ne se met pas à suppliquer le RN sur leur valeur pour dire finalement voter notre texte, on est d'accord.
05:35C'est un petit peu penser à ceux qui allaient voter avec une pince à linge sur le nez.
05:39C'est-à-dire qu'on veut vos voix, mais en même temps on dit bien qu'on vous déteste.
05:42Mais ça, il faut que vous posiez la question au Rassemblement National.
05:44Je le ferai dans un instant, juste après.
05:45Nous, pour notre part, c'est notre motion qui passe.
05:47Et on ne va pas inventer démagogiquement des accords avec le RN.
05:50On sait que c'est nos adversaires, d'accord ?
05:52Mais il y a quelque chose qui va tout à l'heure se jouer.
05:55C'est qu'il ne vous a pas échappé qu'en juillet, ce gouvernement, le programme qu'il porte était ultra minoritaire dans le pays.
06:02Donc, arithmétiquement, pour le faire tomber, c'est ça qui va s'exprimer dans l'Assemblée.
06:06Parce que ce gouvernement n'a jamais eu de légitimité.
06:08Et la responsabilité en accompte d'ailleurs plus à M. Macron qu'à M. Bardi.
06:12Vous parlez de la suite, je vais y venir à votre question.
06:14La suite, c'est qu'on ouvre un espoir aux anciens.
06:17Parce qu'il n'y a pas de possibilité, la situation est bloquée, tant que ce gouvernement ne tombe pas.
06:21Et après, c'est M. Macron qui a la responsabilité des choses.
06:24Il pourrait, par exemple, appeler un gouvernement NFP.
06:27On a montré à l'Assemblée qu'on était capable de faire passer des amendements, de bouger le budget dans le bon sens.
06:33Et après tout, on pourrait très bien essayer d'appliquer ces amendements d'ici la fin de l'année, de faire passer un budget.
06:37J'en doute. J'ai compris que ce n'est pas ce qu'il se fait.
06:40Soyons tout à fait honnêtes, même s'il le faisait, vous n'auriez pas de durée de vie plus longue que celle d'un M. Barnier ?
06:46Ça, vous n'en savez rien.
06:47Pourquoi ?
06:48Mais ça serait à nous de le tenter.
06:49Tout simplement parce qu'à l'inverse de M. Barnier, nous, quand nous présentons nos textes,
06:53nous n'avons pas 20 à 30 députés en plus divisés entre eux pour soutenir nos textes.
06:57Là, vous parlez de ce socle commun dont vous avez dit que c'est surtout une armée en déroute.
07:00Bien sûr. Nous avons près de 200 députés, qui est quand même la coalition la plus forte de l'Assemblée.
07:04Et nous avons été capables d'aller chercher des majorités dans l'Assemblée sur nos textes.
07:07Donc ça, on l'a montré.
07:08Sauf qu'Eric Coquerel, il y en a d'autres qui, au sein même du NFP, ont commencé à imaginer une autre stratégie.
07:14Si j'en crois le chef du groupe socialiste à l'Assemblée, Boris Vallaud, qui encore ce matin, dans le journal Le Figaro,
07:20appelle les parties, je cite, de l'arc républicain, c'est beaucoup plus large que le NFP, si je comprends bien,
07:25à se mettre autour d'une table et à faire preuve de compromis autour d'un certain nombre de textes.
07:31Comment vous réagissez à ça ?
07:33Je pense que c'est fictif et que c'est une impasse dans laquelle aujourd'hui se conduit le Parti socialiste.
07:41Ça veut quand même dire que les socialistes regardent plutôt ailleurs.
07:44Ils ne regardent pas tellement en votre direction. Ils espèrent rallier d'autres.
07:47Si les socialistes prennent ces responsabilités, on verra après la motion de censure.
07:51Je pense qu'ils se trompent complètement parce que les électeurs qui ont voté majoritairement pour le NFP,
07:56ils ont voté pour le NFP et pour le gramme de rupture.
07:58Si on commence à leur dire que finalement, ce que vous avez voté, ça ne nous pose pas de problème
08:03et on veut revenir aux années hollandes, c'est-à-dire à une espèce de gauche d'accompagnement du système,
08:07je doute que ça ait beaucoup d'avenir électoral pour le Parti socialiste.
08:10Mais ils peuvent changer le Parti socialiste.
08:12Moi, je leur dis une chose, ce qu'ils proposent là, c'est une fiction.
08:15Et vous savez pourquoi c'est une fiction ?
08:17C'est que par exemple, dimanche soir au Sénat, il y avait des amendements qui avaient été votés,
08:21des amendements de gauche.
08:22Qu'est-ce qu'ont fait les forces du socle commun auxquelles M. Vallaud fait des avances ?
08:29Ils ont décidé d'annuler en deuxième lecture tous ces amendements.
08:33C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu la moindre idée de compromis.
08:36Et de la même manière, je vous fais remarquer que tous les amendements que nous avons votés en première lecture,
08:40sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, sur le projet de loi de l'État,
08:44quel est le parti de ce socle commun qui a exprimé l'idée que peut-être,
08:51on pourrait retenir certains de ces amendements.
08:53Aucun. Ils sont sur des projets politiques et économiques totalement différents d'une autre.
08:57Et ça, c'est vu aussi sur la réforme d'abrogation des retraites sur lesquelles ils ont fait de l'obstruction.
09:01Ce que je constate tout de même, Eric Coquerel, c'est que le nouveau front populaire est quand même déjà divisé.
09:04C'est-à-dire que, OK, vous allez voter avec le RN, avec eux, tout à l'heure, une motion de censure.
09:09Mais dès le lendemain...
09:10Très franchement, je ne suis pas sûr que nos électeurs soient divisés. On verra bien.
09:13Là, je ne parle pas de nos électeurs. Je parle en l'occurrence des responsables politiques.
09:16D'accord. Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est les gens qui nous ont donné une majorité.
09:19Je ne suis pas sûr peut-être que le Parti socialiste va, j'allais dire, s'isoler, se diviser.
09:24Je n'en sais rien. On verra bien. Parce que là, pour l'instant, c'est des déclarations. On verra la suite.
09:28Enfin, ce n'est pas n'importe qui. C'est le chef du groupe socialiste à l'Assemblée.
09:31Je vous réponds. Vous n'avez pas remarqué ? Vous avez remarqué ?
09:33J'ai tout à fait remarqué que vous répondiez, en tout cas, aux socialistes.
09:36Moi, je les appelle à la raison. On verra bien.
09:38J'espère qu'avec nous, ils réclameront une chose. Ils continueront à pousser pour un gouvernement NFP.
09:44Mais plus encore, et c'est là où je voudrais en venir, c'est que comme je pense que l'obstacle, un gouvernement NFP,
09:49ce n'est pas le Parti socialiste principalement. L'obstacle principal, c'est M. Macron,
09:53qui a toujours dit qu'il ne voulait pas appliquer le programme de la gauche
09:56parce que c'est contraire aux intérêts de ceux qu'il défendent.
09:59Eh bien, je pense que la question, et c'est ce que vous avez remarqué tout à l'heure,
10:03ça va être davantage maintenant l'avenir de M. Macron.
10:06Si on veut changer les choses, si on veut bouger les choses, il y a beaucoup de monde.
10:10J'ai vu le maire de Cannes, M. Morin.
10:13Oui, alors là, vous avez des copains à droite.
10:15Mais parce qu'il y a beaucoup de monde dans ce pays qui considère, y compris chez les anciens macronistes,
10:20qu'aujourd'hui, il est plus un obstacle qu'une solution.
10:22Et qu'à un moment donné, quand la situation est bloquée, il faut revenir devant le peuple.
10:26On ne peut pas revenir dans un an, ou en tout cas, on ne peut pas attendre un an avant de revenir avec une dissolution de l'Assemblée.
10:31Donc, la solution, c'est des élections présidentielles.
10:33La solution de censure, que vous défendrez donc à 16h, tout à l'heure, à l'Assemblée,
10:36elle a quand même pour vocation de faire tomber, en réalité, Emmanuel Macron.
10:40Elle a pour vocation de censurer le pouvoir en place qui impose la même politique économique.
10:46Et que je sache, en dernière instance, celui qui a choisi M. Barnier,
10:49celui qui a choisi une majorité qui ne l'est pas et qui se retrouve dans ces difficultés, c'est M. Macron.
10:54Et ceux qui voteront avec vous, c'est l'ERN.
10:56Et justement, Eric Coquerel, merci d'avoir répondu à mes questions.

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