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Dans un contexte de censure du gouvernement de Michel Barnier, Emmanuel Macron a pris la parole devant les Français ce jeudi 5 décembre. S'il n'a pas annoncé de nouveau Premier ministre, il a estimé que sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale "n'a pas été comprise". Le chef de l'État reçoit ce vendredi plusieurs chefs de partis politiques dont les cadres du PS.

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Transcription
00:00On accueille Nella Latrousse, la chef du service politique de BFM TV.
00:02Bonjour Nella.
00:04Face à vous, Benjamin Morel, politologue
00:06et maître de conférences en droit public à Paris 2, Panthéon-Assas.
00:08Merci d'être avec nous ce matin, Benjamin.
00:10Mathieu Croissando est toujours avec nous.
00:12Et un autre Mathieu nous attend des côtés de l'Élysée,
00:14Mathieu Coache.
00:15Mathieu, les consultations vont commencer ce matin.
00:19Donc le chef de l'État reçoit les groupes parlementaires
00:23et leurs représentants,
00:25en commençant donc par le Parti Socialiste.
00:27Est-ce que ça donne, ce matin, une idée
00:30de ce que veut Emmanuel Macron dans le futur gouvernement, Mathieu ?
00:36Oui, Adeline, c'est un Premier ministre
00:38qui pourra réunir toutes les forces politiques
00:39d'un arc de gouvernement.
00:41Alors si vous ne trouvez pas ça clair, c'est un peu normal.
00:43Cette notion d'arc,
00:44elle change presque aussi vite que la météo à l'Élysée.
00:47Je vais donc vous donner la dernière version,
00:48celle du 6 décembre 2024.
00:50Il s'agit des socialistes du fameux Bloc central.
00:53Gabriel Attal, Édouard Philippe, François Bayrou
00:55et des Républicains sont exclus.
00:57Cette fois-ci, le Rassemblement national,
00:59la France insoumise et les écologistes
01:01qui n'ont donc pas été invités à rencontrer le président aujourd'hui.
01:05En fait, Emmanuel Macron tente de faire ce qu'il n'a pas réussi
01:08lorsqu'il a dissous l'Assemblée, c'est-à-dire divisé la gauche.
01:11Et pour l'instant, sa stratégie, elle paye,
01:13car pour la première fois, les socialistes ont accepté
01:16de se déplacer à l'Élysée sans les Verts
01:18et sans la France insoumise.
01:20Le rendez-vous le plus intéressant, ce sera donc celui avec Boris Vallaud,
01:23avec Olivier Faure et avec Patrick Cannaire en fin de matinée.
01:25Tout cela a été entièrement improvisé,
01:28donc je ne peux même pas vous donner d'horaire précis.
01:31Emmanuel Macron voulait aller vite,
01:32et puis finalement, il s'est fait convaincre qu'il allait dans le mur
01:35s'il imposait un Premier ministre avant de consulter les partis.
01:39Tout ça devrait quand même prendre moins de temps que la dernière fois,
01:42moins de 50 jours, c'est ce qu'on nous assure.
01:44Le temps d'un week-end est peut-être un peu plus si affinité.
01:46Ça, c'était quand même bizarre, Neyla,
01:48c'est-à-dire une drôle de séquence.
01:50Improvisation, nous dit Mathieu Coache.
01:52Hier, on nous laisse entendre que ça y est,
01:53on va annoncer le nom du nouveau Premier ministre.
01:56On sent que ça, à un moment, ça bloque.
01:58Et donc, série de consultations avec des gens de gauche,
02:01du Parti socialiste,
02:03qu'Emmanuel Macron n'a pas évoquées d'ailleurs hier,
02:05ces consultations lors de son intervention.
02:07Non, c'est très curieux, effectivement,
02:09puisque c'est l'élément saillant de ce qui ressort de la journée d'hier.
02:12C'est que, après avoir reçu François Bayrou,
02:14après avoir pensé un temps, nommé Sébastien Lecornu,
02:17Emmanuel Macron s'est dit,
02:18j'ai besoin de voir un peu plus de monde, d'ouvrir le jeu,
02:21de voir s'il est possible d'étirer ma majorité
02:23au-delà du seul bloc central
02:25de mes amis macronistes et des Républicains.
02:27Sauf qu'effectivement, le soir, il n'annonce pas.
02:29Pire, il évoque un front antirépublicain
02:32qui s'est constitué à l'Assemblée.
02:34Tous ceux qui ont voté ensemble la censure.
02:36De fait, le Parti socialiste a voté la censure.
02:38Donc, il y a, dans l'invitation faite au leader du Parti socialiste,
02:43en réalité, une réponse à une demande
02:45qu'avait faite le Parti socialiste lui-même,
02:48qui avait demandé à être reçue.
02:49Mais dans cette invitation de certains qui ont voté la censure,
02:53d'autres qui ne l'ont pas votée ne sont pas invités,
02:55comme les écologistes ou le Parti communiste,
02:57évoqué Mathieu Coache, sans même évoquer la France insoumise,
02:59avec qui les relations sont compliquées.
03:01Mais cet été, ils étaient aussi à l'Elysée.
03:03Il y a quelque chose qui, je crois,
03:05le terme qui a été utilisé par Mathieu est bon,
03:07relève de l'improvisation.
03:08Est-ce que certains noms qui ont été évoqués hier,
03:10et je peux poser la question à Mathieu Coache,
03:12est-ce qu'un certain nombre de noms évoqués hier,
03:14tout d'un coup, pour une raison que vous allez peut-être nous expliquer,
03:17ne sont plus d'actualité aujourd'hui ?
03:21Oui, c'est le nom, enfin un nom en particulier,
03:24qui était même grand favori à un moment,
03:26c'est celui de Sébastien Lecornu, fidèle parmi les fidèles,
03:28très proche d'Emmanuel Macron, ministre des Armées,
03:31qui avait survécu romaniment.
03:34Eh bien, son nom a coincé à un moment,
03:36notamment du côté du Bloc central,
03:39Édouard Philippe, Gabriel Attal, François Bayrou.
03:43Tous ces gens-là ont dit, d'accord, Sébastien Lecornu
03:45ferait certainement un bon Premier ministre,
03:47mais il est prêt à gouverner peut-être plus avec la droite
03:52et avec l'extrême droite, avec Marine Le Pen,
03:54mais il est moins proche de la gauche, du Parti socialiste et des Verts.
03:58Or, il faut trouver cet arc dont je vous parlais,
04:01qui, justement, irait plus à gauche.
04:03Et donc Sébastien Lecornu a été, en quelque sorte, mis sur le côté,
04:06peut-être pas éliminé, on verra ça lundi,
04:08mais en tout cas, son nom qui était favori,
04:11d'un coup, n'a plus du tout semblé être une évidence,
04:14et c'est celui de François Bayrou qui est revenu sur le devant de la scène.
04:18Et au moment où je vous parle, mais ça peut changer pendant le week-end,
04:20évidemment, ça peut changer même 15 fois pendant le week-end,
04:22me disait un conseiller, c'est François Bayrou qui tient la corde.
04:25Benjamin Morel, a priori, c'est un futur Premier ministre
04:29dont la couleur penche plus vers la gauche que vers la droite,
04:34qui est désormais privilégié, c'est ça qu'il faut comprendre ?
04:36Alors oui, en tout cas, c'est un Premier ministre
04:38qui pourrait jouer un jeu d'équilibriste,
04:40c'est-à-dire qu'un François Bayrou, a priori,
04:42n'est pas forcément censurable tout de suite par le Rassemblement national,
04:44le Rassemblement national en voit des signes,
04:46ni par les socialistes potentiellement, si jamais il peut y avoir un accord.
04:49Ce qui, évidemment, est plus stable, parce que ça vous permet,
04:52à l'instar d'un président du Conseil de la Quatrième République,
04:54d'avoir un jeu d'alliance variable selon les thèmes,
04:58et donc c'est plus solide, c'est plus stable.
04:59Attention, il y a quand même moins de la coupe aux lèvres.
05:01Pour que les socialistes rentrent dans un jeu d'alliance,
05:04il faut déjà qu'ils voient une potentialité électorale aujourd'hui.
05:09Or, en cas de dissolution aujourd'hui,
05:10s'ils ont un insoumis face à eux,
05:12vous avez une grande partie des socialistes qui sautent.
05:14L'un des avantages de François Bayrou,
05:16c'est qu'il est favorable à la proportionnelle,
05:17ce qui peut permettre de libérer les socialistes.
05:19Il ne les libère pas de tout, derrière, il y a des municipales.
05:22Ensuite, il va falloir faire, si on veut attirer une partie de la gauche
05:26dans cet arc central, dans ce socle commun,
05:29un gros cadeau politique.
05:31Et là, évidemment, il y a la question de la réforme des retraites,
05:34sur laquelle tout peut achoper.
05:35On a l'impression, en fait, que depuis hier soir,
05:37la question, ce n'est plus qui, mais c'est comment.
05:39Il a été question de gouvernements d'intérêt général, hier soir.
05:44C'est une drôle de formule pour dire quoi, en fait ?
05:46Ça ne veut pas dire grand-chose.
05:48Les gouvernements d'unité nationale, d'intérêt général.
05:50Ce n'est pas l'absus du président, mais non.
05:52Non, c'est-à-dire que c'est quelque chose qui revient de manière cyclique,
05:55de façon générale, quand vous avez, comme ça, des périodes de crise.
05:57On appelle, justement, à ces gouvernements d'intérêt général,
06:00l'Union nationale, etc.
06:01Ça s'avère assez rarement et ça s'avère assez court
06:04lorsqu'on les met en place.
06:05Toutefois, ici, il y a en effet un changement de méthode.
06:07On n'a pas un Emmanuel Macron qui nomme quelqu'un,
06:09qui attend qu'ensuite, la coalition arrive et émerge
06:13de façon à peu près naturelle, et qui ensuite fait
06:15un discours de politique générale qui est censé emmener tout le monde.
06:18C'est ce qu'a fait Michel Barnier.
06:19Ça n'a pas marché.
06:20Là, il y a la volonté, malgré tout, d'essayer de co-construire
06:23de façon plus large cette coalition,
06:25au moins sur un pacte de non-censure un peu plus large,
06:29à des seins que ça tienne.
06:30Est-ce que ça tiendra ?
06:31Encore une fois, il y a des obstacles politiques qui sont profonds
06:34à voir si le week-end permettra de les surmonter.
06:36Naila, est-ce que tous les socialistes sont réceptifs
06:38à une éventuelle participation au futur gouvernement ?
06:43Non, les socialistes ne parlent pas d'une seule et même voix.
06:47D'ailleurs, hier, face aux tirs de barrage du reste de la gauche
06:51sur cette réception en solo des socialistes,
06:55Olivier Faure, sur son compte Twitter, a cru bon de repréciser
06:59qu'il ne s'agissait pas d'une trahison du Nouveau Front populaire,
07:02qu'il s'agissait au contraire d'aller dire à Emmanuel Macron,
07:04j'allais dire presque, pourquoi ce n'est pas possible.
07:07Et quand on regarde d'ailleurs les conditions qui sont posées par le PS,
07:10ce ne sont pas les conditions qu'évoque Emmanuel Macron,
07:12puisque le Parti socialiste, dans son accord de non-censure,
07:15met comme préalable la nomination d'un Premier ministre de gauche.
07:19François Bayrou, jusqu'à preuve du contraire,
07:21n'est pas considéré comme un Premier ministre
07:23ou comme un éventuel Premier ministre de gauche
07:25par le Parti socialiste.
07:27Ce qui est intéressant, c'est la divergence qu'il existe au PS
07:29entre d'un côté les députés,
07:31et qui sont en réalité ceux qui devraient intéresser Emmanuel Macron,
07:34et de l'autre un certain nombre d'élus locaux
07:35qui, eux, sont plus allants pour s'engager dans une coalition.
07:40Je pense à une Carole Delga,
07:41exemple présidente de la région Occitanie,
07:43mais c'est ce qu'avait déjà essayé de faire Emmanuel Macron à l'été,
07:45s'adresser au Parti socialiste en dehors de l'Assemblée.
07:48On le voit, ça ne sert à rien.
07:49Le PS a voté la censure, c'est les députés qui comptent.
07:51Bon, et hier soir, Emmanuel Macron parlait de l'extrême-gauche
07:55et du reste de la gauche pour parler du Parti socialiste,
07:57de l'extrême-gauche pour parler de Halefi,
07:59qui n'est pas invité aujourd'hui aux consultations.
08:02Écoutez, Manuel Bompard,
08:03hier soir, juste après la locution présidentielle.
08:06Les socialistes, ils font ce qu'ils veulent, vous savez.
08:09Je dis juste que si, de mon point de vue,
08:11ils veulent rester fidèles aux engagements qu'ils ont pris
08:14devant les électrices et les électeurs,
08:16il est évident qu'aller discuter ou négocier
08:18une forme de coalition avec les macronistes
08:21pour mettre en œuvre la continuité de la politique d'Emmanuel Macron,
08:24c'est une rupture avec les engagements
08:26qu'ils ont pris devant les électrices et les électeurs.
08:28C'est aussi l'avenir du Nouveau Front populaire qui est en jeu.
08:31Oui, c'est l'avenir du Nouveau Front populaire.
08:32Alors on sait, c'est le Nouveau Front populaire fondamentalement tendu.
08:35Et aujourd'hui, en effet, il y a des intérêts divergents
08:38entre socialistes et insoumis.
08:39Mais il y a encore une fois des intérêts convergents.
08:41En cas de dissolution, prenez 2022.
08:44La gauche fait moins de voix qu'en 2017,
08:45elle a trois fois plus de députés.
08:46Pourquoi ? Parce que l'union.
08:47Certes, il y a des élus locaux, en effet,
08:49qui peuvent pousser à un accord avec les macronistes.
08:51Mais derrière, il y a les municipales.
08:52Sans l'union de la gauche à ce stade-là,
08:54Nantes, Rennes, Montpellier, Marseille,
08:57tout ça tombe et les insoumis mettent la pression.
08:59Ils proposent déjà des candidats.
09:00Donc, vous voyez que du côté des socialistes,
09:02il y a cette pression-là.
09:03Par ailleurs, si demain, vous deviez avoir un accord
09:06entre les macronistes et les socialistes,
09:08puisqu'il y a même un accord de non-censure,
09:10que dirait Jean-Luc Mélenchon ?
09:11Regardez ces gens-là, ce sont des traîtres.
09:13Regardez ces gens-là,
09:14ils ont décidé de faire alliance avec Laurent Wauquiez
09:17plutôt qu'avec la gauche.
09:18L'électorat de gauche est très unitaire.
09:208 électeurs sur 10 voulaient une union lors de la législative.
09:23Donc, il va falloir faire un gros cadeau aux socialistes
09:25et les libérer du point de vue du mode de scrutin,
09:27si Emmanuel Macron souhaite avancer.
09:29Pour l'instant, il y a très, très, très loin de la coupe aux lèvres.
09:31Merci d'avoir été avec nous ce matin
09:33dans ce 7 minutes pour comprendre.

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