• il y a 3 semaines
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00par Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron face à Mathieu Bocoté, édition spéciale
00:07La Résurrection de Notre-Dame, chère Mathieu, bonsoir, nous sommes accompagnés ce samedi soir
00:12d'Arthur de Vatrigan, bonsoir Arthur, d'Emerick Pourbet, chère Emerick, bonsoir, et d'Ophélie Roch,
00:18professeur de littérature et séiste, merci d'être avec nous, chère Ophélie, le point zéro des
00:24routes de France se situe sur le parvis de Notre-Dame, 2059 jours après l'incendie, la cathédrale
00:31renaît et redevient le centre du monde, l'édition spéciale se poursuit avec comme ligne rouge,
00:39comme fil rouge, pardonnez-moi, ligne rouge c'est un absurde révélateur, on la s'embarque
00:44politique et ça change tout le temps, comme fil rouge la fierté française, Mathieu Bocoté, la France
00:50et le monde entier ce soir célèbre la renaissance de Notre-Dame mais c'est plus qu'une cathédrale qui
00:55renaît ce soir, c'est aussi une part de l'identité française et c'est à cette lumière que vous
01:00souhaitez faire votre première édito dans ce format spécial de face à Mathieu Bocoté.
01:05Format spécial, édito plus bref et nous sommes plus nombreux sur le plateau et j'en suis très heureux pour
01:09cet événement particulier, alors moi j'aimerais noter d'abord quatre contrastes, une espèce de fierté
01:14liée à cette résurrection, pour reprendre la formule du jour, à cette renaissance de Notre-Dame,
01:19quatre contrastes qui nous expliquent pourquoi autant d'enthousiasme se manifeste dans l'espace
01:24public et plus largement au-delà même de la France mais en particulièrement en France depuis
01:28quelques jours, quelques heures et pour quelques jours encore. Le premier je crois c'est que nous
01:33sommes abreuvés dans la vie publique, dans la vie démocratique de discours sur l'identité laïque de
01:39la France, sur la laïcité comme horizon indépassable de l'existence collective, sur la république
01:44autoréférentielle, la république auto-engendrée, la république qu'on ne pourrait pas dépasser d'aucune
01:48manière. Or qu'est-ce qu'on voit à travers Notre-Dame? C'est un symbole de l'identité profonde de
01:53la France, d'une identité qui traverse les siècles, d'une identité qui porte deux millénaires d'histoire
01:58chrétienne, un millénaire assurément d'histoire française. Et qu'est-ce qu'on voit avec Notre-Dame?
02:03C'est le rappel que l'identité française ne se limite pas évidemment à sa dimension strictement
02:09moderne, procédurale, républicaine et tout ça. Et dans un pays, et je vous dirais dans une époque,
02:13une civilisation en quête de racines, en quête de sens en quelque sorte, qui se demande toujours
02:18est-ce que nous nous sommes, qu'est-ce que nous sommes au temps présent? Eh bien, cette cathédrale
02:23qui a traversé l'histoire, qui a failli disparaître, c'est presque un symbole de la modernité qui
02:27ravage tout, et pourtant elle a survécu, pourtant on l'a reconstruite, je pense que c'est un symbole
02:31de l'identité historique de la France, au-delà d'une identité strictement républicaine. Premier
02:37élément. Pardonnez-moi. Deuxième élément, le contraste évidemment entre la médiocrité de
02:42la vie publique aujourd'hui et la grandeur de l'histoire, pour peu que nous soyons un peu
02:45attentifs aux signes qu'elle nous envoie. Nous sommes dans une époque qui est fondamentalement,
02:49qui est la classe politique, on pourrait dire poliment, une collection d'incapables au mieux,
02:55parce que quand ce n'est pas les incapables, ce sont les destructeurs. Et là, qu'est-ce qu'on
02:58voit? On voit ce que veut dire, non pas seulement une classe politique, mais un monde qui a été
03:02capable d'accoucher de telles, une cathédrale comme celle-là, en fait de telles représentations
03:09d'une culture, d'une identité, dans un temps ancien, dans un temps qui était, on pourrait dire
03:15qui avait un certain sens de la grandeur, qui est la part manquante assurément des temps présents.
03:20Troisième élément qui me semble important dans les circonstances, l'impuissance politique qui
03:25caractérise la classe politique actuelle. Normalement, ils sont incapables de faire
03:27quoi que ce soit. Ils sont surchargés de normes bureaucratiques. Ce sont les impuissants et les
03:32incapables. Le propre d'une promesse, c'est de ne pas être tenu. Alors, qu'est-ce qu'on a vu? Pour
03:36une fois, c'était annoncé en cinq ans et en se délivrant. Je pense qu'il y a trois repères
03:40importants. On se délivre des normes administratives, on fixe un cap politique et on fait référence à
03:44l'histoire, à la tradition, à la mémoire. Mais qu'est-ce qu'on fait? On est capable de porter un
03:48geste de renaissance, un authentique geste de renaissance ici et qui est presque symbolique de
03:53ce que bien des Français, je crois, attendent pour leur propre pays. Et dernier point de cette
03:57première, premier tour de réflexion, c'est quand même dans une époque qui a fait de la laideur
04:04esthétique à bien des égards son programme. Eh bien, c'est le retour avec la beauté, la beauté
04:09tout simplement, la beauté plantée depuis des siècles, plantée au cœur de Paris. Et qu'est-ce
04:13qu'on voit à travers cela? C'est ce grand contraste entre une époque purement fonctionnelle, purement
04:17procédurale et de l'autre côté, encore une fois, cette capacité d'institutionnaliser la beauté au
04:22cœur de la cité, de faire de la beauté le point central qui fonde la collectivité. Et ça, franchement,
04:27c'est tout à fait magnifique. Disons-nous, quand les étrangers, et j'en suis, viennent en France,
04:32ils ne viennent pas en France pour admirer les splendeurs procédurales de la République
04:37désincarnée. Ils viennent trouver la France telle qu'elle s'est déployée au fil des siècles
04:41et des millénaires. Et Notre-Dame est le symbole de cette France qui ne doit pas mourir.
04:45C'est le sociologue Mathieu Bocquete qui parle, mais je me tourne vers vous,
04:48Aymeric Pourbet, parce qu'à travers ce chef-d'oeuvre qu'est Notre-Dame,
04:53l'esprit français qui est rené, c'est notre histoire et aussi notre culture chrétienne.
04:58Notre-Dame est pour tout chrétien sa maison, d'où qu'on vienne. Et d'ailleurs, lorsque,
05:06en 2019, Notre-Dame était en proie aux flammes, c'est le monde qui a tremblé,
05:13le monde chrétien également. À quel point cette cérémonie était importante pour ce monde-là ?
05:18D'abord, ce qu'il faut souligner, c'est qu'il va y avoir, comme le dit l'Elysée,
05:23un premier temps républicain d'ouverture, de réouverture de la cathédrale. Et puis ensuite,
05:29viendra le deuxième temps, la cérémonie religieuse. Peut-être que cette distinction,
05:34elle est un petit peu artificielle. Mais cependant, ce qu'il faut noter, c'est que la vraie réouverture,
05:40c'est la réouverture au culte de Notre-Dame, qui va commencer ce soir avec, on va voir,
05:45une cérémonie très impressionnante avec l'archevêque qui va taper aux portes de la cathédrale
05:51pour symboliquement l'ouvrir avec sa crosse. On va aussi entendre le réveil de l'orgue,
05:56qui va être un grand moment de cette soirée. Et puis demain, la première messe, parce que si
06:01Notre-Dame n'a jamais été désacralisée, même après l'incendie, néanmoins, on ne pouvait plus y
06:08célébrer la messe, puisque d'abord, il y avait les travaux. Et donc, il va falloir que, notamment,
06:13l'archevêque reconsacre l'hôtel qui est au centre, qui constitue vraiment le cœur de Notre-Dame.
06:18C'est le cœur du cœur, c'est là où on célèbre la messe. Et c'est ça qui donne toute sa
06:21signification à l'édifice. Tout le reste et tout ce qu'a dit Mathieu, absolument, est vrai. Mais si
06:27on oublie cette dimension-là, cette dimension du culte, on ne comprend rien à Notre-Dame et on ne
06:31comprend rien à la fois des bâtisseurs et à toute l'histoire de France, finalement.
06:35J'ai entendu ces derniers jours, et notamment depuis même une semaine, c'est-à-dire lorsqu'on
06:40a découvert, et d'ailleurs vous faisiez partie de ces gens qui ont pu découvrir Notre-Dame la
06:45semaine dernière, un mot qui revient énormément d'hommes de foi, mais pas que, le terme espérance.
06:52Qu'est-ce que ça représente, l'espérance, et est-ce que ce terme, on peut le calquer à Notre-Dame ?
06:58D'abord, l'espérance est une vertu éminemment, comme on dit, théologale dans le langage chrétien,
07:04c'est-à-dire qui concerne une réalité surnaturelle, c'est-à-dire qu'on aspire au ciel. Et de fait,
07:08cette cathédrale, elle est tendue, ouverte vers le ciel. C'est ça que signifie la foi catholique,
07:14en premier lieu, c'est justement cette espérance que le monde ne s'arrête pas à cette vie,
07:19et qu'il y a quelque chose après la mort. Donc, l'espérance, oui, et puis après,
07:23effectivement, elle est déclinée en des espoirs, ou des espérances purement humaines, mais de fait,
07:29on voit bien, il y a un livre en ce moment qui est très inspiré, qui sort d'un historien qui s'appelle
07:34Christophe Dickès, que le monde doit à l'Église. Et de fait, l'Église a apporté aussi ce faisant,
07:40en cherchant le ciel et en cherchant une autre réalité surnaturelle, elle a apporté au monde,
07:45elle a apporté l'humanisme, elle a apporté les hôpitaux, elle a apporté les universités. Et donc,
07:50voilà, cette espérance-là, elle est très concrète, et je crois qu'effectivement, à travers la
07:55réouverture de Notre-Dame, il y a aussi une attente. On vit une situation politique épouvantable,
08:00on ne sait pas ce qui va en advenir, mais en revanche, cette espérance-là, elle dépasse
08:06les attermoiements ou les intempéries, si je puis dire.
08:10Alors que Jill Biden est en train d'arriver en la cathédrale Notre-Dame de Paris, accueillie
08:16par Emmanuel Macron et Brigitte Macron, vous l'avez dit, cette cérémonie, cette réouverture,
08:24qui se fait en deux temps, la partie dite républicaine et ensuite la partie religieuse.
08:28Il y a un troisième temps qui est festif.
08:29Festif, oui, parce qu'il y a un concert, mais beaucoup de ce concert a été enregistré la veille.
08:36Je me permettrais d'émettre une légère critique, je me demande si ce n'est pas un peu déplacé,
08:40justement, là, on rentre vraiment dans un cycle liturgique, de mettre un concert après cela,
08:45bon, voilà.
08:47On n'est pas sur la cérémonie des Jeux olympiques, c'est ça que vous voulez dire.
08:49Je veux qu'on revienne sur le symbole que représente Notre-Dame, l'identité française,
08:56la transmission des savoirs, notamment dans sa reconstruction, 2000 bâtisseurs,
09:02c'est le fruit, justement, de cette transmission qui s'est faite de génération en génération.
09:08Olivier Lirioch.
09:09C'est étonnant de savoir que, malgré tout, excusez-moi, je comprends, non, non, c'est...
09:23Bon, je donne la parole à Arthur de Matrigan sur la transmission des savoirs,
09:28sur cette passation, en quelque sorte, de savoir qui se fait de génération en génération
09:33pour reconstruire, restaurer Notre-Dame.
09:35Restaurer, oui, il faut bien rappeler que c'est une restauration, ce n'est pas une construction.
09:38On a l'impression, quand on voit tout le cérémonial, qu'on a créé une nouvelle chose.
09:42Non, on a reconstruit, rénové une cathédrale.
09:45Mais ce que cette cathédrale symbolise, il faut toujours le rappeler, c'est le miracle gothique.
09:50Et le miracle gothique, c'est un miracle français, ça vient de la France avant tout.
09:54Et ça symbolise parfaitement ce qu'avait essayé d'expliquer à nos élites,
09:58Benoît XVI, lorsqu'il était venu au Bernardin,
10:00cette articulation entre la foi et la raison, qui est fondamentale dans le christianisme.
10:05Parce que l'architecture gothique, si vous voulez, c'est la seule architecture nouvelle
10:08qui a existé, qui a perduré après l'architecture grecque.
10:12Et qui, à la différence des autres, par son génie de l'homme, par sa science,
10:16a repoussé les limites matérielles pour pouvoir étirer au maximum l'architecture vers le ciel.
10:22Je me tourne à chaque fois qu'il se passe quelque chose vers vous, Emeric Pourbaix,
10:26et on entend ces cloches résonner pour la première fois.
10:30Il y a eu un précédent il y a quelques semaines, mais c'était tout à fait symbolique.
10:36Ça veut dire que c'est le début de la cérémonie de réouverture qui va se dérouler dans quelques instants.
10:42Première partie avec les chefs d'État emmenés par Emmanuel Macron et l'archevêque de Paris,
10:49qui vont rentrer dans la cathédrale du fait du mauvais temps, ça devait se passer à l'extérieur,
10:53pour ensuite avoir une petite rétrospective de ce chantier de 5 ans qui a quand même été extraordinaire.
11:01Et puis ensuite, seulement, se produira la cérémonie liturgique proprement dite.
11:07Et l'hommage également aux sauveteurs et aux bâtisseurs de Notre-Dame aux alentours de 19h20.
11:12Mais effectivement, cette cérémonie a pris un tout petit peu de retard.
11:17On disait quelque chose de très juste, je crois, en faisant référence au discours de Ratinger, de Benoît XVI,
11:23qui rappelait, je crois que c'est au Bernardin, qui disait que ceux qui ont porté la civilisation chrétienne,
11:31qui ont permis à l'Occident de renaître, ne cherchaient pas la culture pour la culture en tant que telle,
11:37ils cherchaient Dieu. La foi appartient à chacun, mais ils cherchaient Dieu.
11:41Et cherchant Dieu dans leur esprit, cherchant le surnaturel, cherchant l'au-delà,
11:46ils étaient capables de porter la culture en tant que telle.
11:48Et la question qu'on peut se demander dans les temps qui sont les nôtres,
11:51c'est dans quelle mesure peut-on faire conserver, transmettre une culture, une civilisation d'inspiration chrétienne
11:57en se coupant de ses sources surnaturelles, ou métaphysiques, ou philosophiques, ou religieuses?
12:02Autrement dit, est-ce qu'une culture chrétienne peut survivre sans la foi chrétienne?
12:05C'est une question qu'on est nombreux à se poser aujourd'hui.
12:07Le bourdon de Notre-Dame qui résonne de nouveau.
12:12Je me tourne vers vous, Ophélie Roch, parce que le monde a les yeux rivés sur la cathédrale Notre-Dame de Paris.
12:18Oui, le monde a les yeux rivés, surtout que c'est vrai que la cathédrale Notre-Dame,
12:22alors certes c'est un symbole chrétien qui est très très fort,
12:25mais au-delà de ça, c'est devenu un symbole mondial.
12:29Le fait que Victor Hugo, par exemple, ait réinvesti le bâtiment et réécrit son histoire,
12:35alors même qu'il faut le savoir que quand il a écrit Notre-Dame de Paris en vers 1830,
12:41le bâtiment était malade.
12:43Il était complètement dans un état de décrépitude assez avancé.
12:47Et il a, à travers le pouvoir de l'imagination,
12:53réussi à remettre un focus sur cette magnifique cathédrale.
13:00Et par la suite, en effet, l'univers même de la pop culture
13:07a repris, à partir de l'œuvre de Victor Hugo,
13:11tout simplement le formidable témoignage historique, artistique qu'était Notre-Dame.
13:18J'aimerais qu'on mette l'image plein pot et qu'on se tasse quelques secondes
13:22pour écouter ce bourdon et je vous donne la parole juste après, Émeric Pourbet.
13:37Oui, c'est très émouvant d'entendre ce bourdon.
13:43Effectivement, c'est le mot exact de cette cloche.
13:46C'est la plus grosse, en réalité, de Notre-Dame de Paris.
13:50Et elle porte un doux prénom, Emmanuel, qui figurez-vous lui a été donné par Louis XIV.
13:55Parce qu'elle remonte quand même au XVIIe siècle, ce qui n'est pas rien.
13:59On va l'entendre, c'est vraiment le début de cette cérémonie, vous le désirez.
14:06Alors, non pas une version hybride de la cérémonie religieuse.
14:10La cérémonie nationale.
14:11Vous appelez ça la cérémonie nationale ?
14:13C'est la nation qui se rassemble symboliquement, on peut le dire quand même.
14:16Mais elle ne se rassemble pas autour de rien, elle se rassemble autour d'un édifice religieux.
14:20Rappelons-nous, cela dit, l'effroi.
14:23Je parle pour moi de l'effroi quand j'avais entendu la notion de geste architectural contemporain.
14:28On craignait, on disait, ils vont reprendre Notre-Dame, mais ils vont en profiter pour la prendre,
14:33conquérir Notre-Dame, la marquer, la souiller avec l'esprit des temps présents.
14:38Et ça m'a fait penser à quelque chose.
14:40Vous connaissez le philosophe Roger Scruton.
14:42Roger Scruton avait porté une réflexion assez forte, même dans l'espace public.
14:47Il avait été commissionné par le gouvernement britannique pour cela.
14:50Et le thème était le suivant.
14:51Pourquoi, dans notre société, réservons-nous la beauté à ce qui vient d'hier ?
14:56Pourquoi nous croyons-nous incapables de produire de la beauté aujourd'hui ?
15:00Et je pense que c'est une question qui est fondamentale.
15:02Scruton, lorsqu'il dit que toute beauté aujourd'hui est patrimoniale,
15:06nous considérons que notre intelligence esthétique est morte.
15:09Nous sommes persuadés que la création aujourd'hui est une défiguration.
15:13Et de ce point de vue, quand on a dit reconstruction à l'identique jusqu'au moindre détail,
15:17à tout le moins telle et telle est l'idée,
15:19c'est parce qu'on ne fait plus vraiment confiance au progressisme des temps présents.
15:24Nous le croyons capables de tout défigurer.
15:26Et de ce point de vue, le passé n'est pas, quoi qu'on en dise,
15:29un tas de poussière dans lequel on se cache,
15:31mais un refuge esthétique à partir duquel créer et se projeter demain dans l'avenir.
15:36À travers l'intendie il y a cinq ans, plusieurs miracles également émergent.
15:41Parce que dans cet édifice, au lendemain...
15:43Sœurs et sœurs, entrons maintenant dans Notre-Dame.
15:51C'est elle qui nous rassemble.
15:56C'est elle que nous aimons.
15:59C'est elle qui nous accompagne sur notre chemin vers le Père.
16:07Source de toute vie.
16:11Par Jésus-Christ, lumière née de la lumière.
16:17Dans la force de l'Esprit-Saint.
16:21Consolateur.
16:29Notre-Dame.
16:33Modèle de la foi.
16:37Ouvre tes portes pour rassembler dans la joie
16:43les enfants de Dieu dispersés.
16:59Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
17:05Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
17:14Faites-les joie quand on me dit
17:18nous irons à la maison du Seigneur.
17:23Faites-les joie quand on me dit
17:27nous irons à la maison du Seigneur.
17:31Maintenons notre marche confiante
17:35devant tes portes, Jérusalem.
17:39Jérusalem, te voici dans tes murs.
17:44Ville où tout ensemble ne fait qu'un.
17:49Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
17:57Notre-Dame.
18:00Mère très aimante.
18:04Ouvre tes portes pour nous aider à chercher
18:10l'amour et la vérité, la justice et la paix.
18:27Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
18:33Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
18:41Les hommes.
18:45S'il vous plaît, montez les cibles, les cibles du Seigneur.
18:50Montez les cibles, les cibles du Seigneur.
18:56L'acquiseur est en haut de grâce au nom du Seigneur.
19:02S'il a le siège du droit, le siège de la maison de David,
19:09appelez le bonheur sur Jérusalem.
19:14Mais à ceux qui t'aiment,
19:17que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais.
19:26Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
19:33Les hommes.
19:38Notre-Dame.
19:41Témoin de l'espérance.
19:43Ouvre tes portes pour que brille sur nos vies
19:49la lumière de la miséricorde
19:53et que resplendisse à nos yeux la victoire de la résurrection.
20:13Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
20:21Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
20:28Les hommes.
20:31A cause de mes frères et de mes proches,
20:36je t'y remercie en toi.
20:41A cause de l'amitié du Seigneur,
20:46je désire ton bien.
20:51Voici la demande de Dieu, famille et les hommes.
21:06Maria, Maria
21:18Maria, Maria
21:29Maria, Maria
21:37Maria, Maria
21:47Maria, Maria
22:24Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
22:55A tu sum, a tu sum, sum.
23:14Maria, Maria.
23:34Maria, Maria.
23:45Maria, Maria.
23:51Maria, Maria.
23:57Maria, Maria.
24:04Maria, Maria.
24:12Maria, Maria.
24:24Maria, Maria.
24:33Maria, Maria.
24:42Maria.
24:50A tu sum, a tu sum, Maria.
25:03A tu sum, a tu sum, Maria.
25:27Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
25:50Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
26:13Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
26:35Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
27:05Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
27:25Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
27:38Salvatore, salvatore, salvatore.
27:55Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
28:10Salvatore, salvatore, salvatore, salvatore.
28:40Emmanuel Macron qui est au plus près de Donald Trump, le président américain.
28:47Le recteur est celui qui reçoit la charge de gérer la vie dans la cathédrale au nom de l'archevêque, dont c'est l'église cathédrale.
28:53Puisque dans ce bâtiment, il siège, et vous en avez parlé, sa cathèdre, le fauteuil dans lequel il s'assied pour gouverner et enseigner le diocèse.
29:03Mathieu Bocoté.
29:05Je ne peux m'empêcher de noter en fait que ce qu'on voit là, c'est le contraire absolu de tout ce que nous sommes à temps plein comme société.
29:12C'est-à-dire la forme, le rituel, le sacré, la liturgie, la transcendance.
29:19Et tout le monde, je dirais, sauf monsieur Zelensky qui est venu en sweatshirt, ça vaut la peine de le dire, je peux me permettre.
29:25Tout le monde reconnaît qu'il y a des formes particulières à respecter.
29:28Tout le monde comprend que nous sommes dans un moment sacré, et les temps présents, les temps modernes sont les temps de désacralisation.
29:34Vous connaissez la formule de Chesterton qui est assez forte.
29:37Chesterton dit que lorsque les hommes cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien, ils se mettent à croire en n'importe quoi.
29:42Et je pense que notre époque est l'époque du grand n'importe quoi.
29:45Et d'un coup, c'est une époque qui est frappée, qui se fait révéler à elle-même son insignifiance lorsqu'on voit une cérémonie comme celle-là.
29:53On pourrait dire également que monsieur Zelensky est le chef d'état d'un pays en guerre.
30:00Mais être en guerre n'interdit pas de se présenter convenablement à l'église.
30:07Je crois que monsieur Turcuel était en guerre et savait le faire.
30:09Je me fais l'avocat du diable sans que monsieur Zelensky le soit.
30:15Mais évidemment, les téléspectateurs, tous ceux qui ont vu l'image, ont pu se faire la remarque.
30:19Et en même temps, vous pouvez vous dire, on est arrivé en costume cravate, alors qu'on est le chef d'état d'un pays en guerre, ça pouvait être particulier.
30:27Fermons cette parenthèse et revenons sur peut-être effectivement ces premiers mots de Mgr Ulrich,
30:36qui ouvre ses portes pour nous aider à chercher l'amour, la vérité, la justice et la paix.
30:43Là aussi, un message qui nous transperce en quelque sorte.
30:50C'est le message du christianisme depuis 2000 ans.
30:53C'est un message d'amour.
30:54Peut-être qu'on l'a oublié et qu'on le redécouvre à cette occasion.
30:58Je voudrais, si vous permettez, noter aussi un autre symbole qui m'a paru très important lors de cette cérémonie.
31:04C'est qu'en fait, lorsque l'archevêque tape avec sa crosse sur les portes, il reproduit un geste qui est normalement réservé à la fête des rameaux.
31:12Vous savez, les rameaux, c'est juste avant Pâques.
31:14C'est une fête très populaire.
31:15Et effectivement, l'archevêque ou l'évêque ou le prêtre tapent sur la porte de son église pour ouvrir les portes.
31:22Et si vous vous souvenez bien, l'incendie a eu lieu le 15 avril 2019.
31:27Le 15 avril, c'était le lundi saint, c'est-à-dire le lendemain du dimanche des rameaux.
31:32Donc, symboliquement, reprendre ce geste des rameaux pour ouvrir la cathédrale 5 ans après, c'est extrêmement fort comme intention et comme symbole.
31:41Il y aura dans quelques instants un hommage aux sauveteurs et aux bâtisseurs de Notre-Dame.
31:47Parce qu'effectivement, ces compagnons, plus de 2000 compagnons pour restaurer la cathédrale,
31:53ils étaient 650 soldats du feu, dont 18 lancent eau pour mobiliser pendant près de 24 heures pour éviter que les tours ne s'effondrent.
32:05On en parlera dans un instant, mais je me retourne vers vous, Mathieu Bocoté.
32:09Vous parliez d'identité française et vous semblez dire qu'à travers cette renaissance de Notre-Dame,
32:15on assiste en quelque sorte à une convergence du politique et du spirituel. Est-ce vraiment ce que vous affirmez aujourd'hui?
32:22Oui, en fait, sur le plan politique, la modernité veut, avec raison, dissocier le politique du spirituel.
32:29C'est la tâche même de la séparation moderne. Ensuite, sur le plan sociologique, le politique et le spirituel,
32:35ou plus encore le politique et le sacré convergent naturellement d'une manière ou d'une autre.
32:40Les pays, en fait, dans la modernité, les idéologies qui ont voulu chasser les religions complètement de la cité,
32:46qui ont voulu imposer une forme d'athéisme, de scientisme absolu aux sociétés, se sont souvent comportées comme des religions politiques.
32:54C'est l'histoire du XXe siècle. On peut penser à l'Union soviétique, on peut penser à tous les régimes qui se sont voulus absolument anti-chrétiens,
33:01absolument anti-religieux et qui, finalement, portaient eux-mêmes une certaine forme de religion falsifiée, de religion transfigurée,
33:07une religion dénaturée, mais qui cherchait à capter la part de transcendance dans l'être humain, en la dénaturant, j'insiste.
33:13Et par ailleurs, vous noterez dans l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, la Russie s'était voulue, après la Première Guerre,
33:18après la Révolution russe, que dis-je, une volonté d'effacer complètement l'orthodoxie, le christianisme, au moment de la guerre,
33:25avec quoi la Russie a dû renouer pour être capable de mobiliser son peuple, et bien avec l'orthodoxie dans ce cas-là.
33:30Donc quoi qu'on en dise, le politique et le spirituel finissent toujours par se rencontrer dans la vie pratique, même s'il faut les distinguer, évidemment, dans la forme.
33:37Et ici, avec ce cas-là, qu'est-ce qu'on voit ? On voit l'histoire de France, avec sa part religieuse, sa part laïque, qui converge dans un moment identitaire, comme celui-là.
33:44Ophélie Roch, je voudrais qu'on revienne ensemble sur ce chantier absolument gargantuesque, puisque, en 5 ans, 2000 compagnons ont permis de restaurer cette œuvre.
33:56Oui, c'était d'autant moins évident qu'il a dû y avoir même une formation en urgence pour certains corps de métier qui n'avaient tout simplement pas assez d'ouvriers qualifiés pour pouvoir mener à bien la tâche.
34:08Donc ça a été vraiment quelque chose d'assez formidable, parce que, non seulement on a réussi à remettre au goût du jour des techniques anciennes, je pense notamment aux 200 tailleurs de pierre,
34:17qui se sont mobilisés jour et nuit sur le chantier, et aussi, on est dans les temps modernes, et il y avait aussi beaucoup de techniques nouvelles,
34:29notamment des scanners en 3D qui ont permis d'essayer de reconstruire cette cathédrale, mais vraiment à l'identique, presque parfois au centimètre carré près.
34:42C'est aussi, ne l'oublions pas, c'était un chantier en effet gigantesque, 50 000 échafaudages ont été placés à un moment, c'est-à-dire, c'est pour ça qu'elle avait un peu cet aspect de presque de hirisson,
34:55à un moment vu de loin, elle était toute hirissée comme ça d'échafaudage, et c'était un chantier, c'est pas anodin, d'une certaine manière, qu'Emmanuel Macron ait décidé de mettre un militaire,
35:06le général Georges Lain, a décidé d'un accident en montagne, mais c'est pas anodin, parce qu'il a fallu en effet avoir quelqu'un qui soit capable d'agencer de manière précise chaque petite pièce de cette horlogerie,
35:24et en effet, c'est un retour aussi, c'est une belle alliance finalement des savoirs traditionnels et des savoirs modernes.
35:32Alors que Notre-Dame est ornée d'un message et d'un mot justement pour ses compagnons, d'un mot pour ces 650 pompiers qui se sont mobilisés, 24 heures du rang pour sauver la cathédrale, un seul mot, merci.
35:46Et on voit donc le parterre en la cathédrale Notre-Dame qui applaudit, ils sont restaurateurs d'œuvres peintes, ils sont charpentiers, directeurs de travaux, pilotes du groupement, sculpteurs, maîtrises d'œuvres de la rénovation, chefs de projet, architectes, ingénieurs, tailleurs de pierres, conducteurs de travaux, vitraillistes, conservateurs, restaurateurs, juristes de marché public, même communicants, gâcheurs, directeurs techniques,
36:13ces corps de métier qui sont représentés aujourd'hui. Et on le disait d'importance, Arthur de Vatrigan, de la transmission. Le chef de l'État est, disons-le, effectivement le moteur de ce projet fou, mais il ne faut pas oublier et les personnes qui ont travaillé, qui n'ont jamais compté leurs heures sur ces cinq dernières années,
36:35et puis il faut aussi penser aux mécènes venus de 150 pays différents et des mécènes privés.
36:42Et des mécènes privés, ça nous rappelle quand même quelque chose que nos modernes ont beaucoup oublié, c'est un mot qui s'appelle l'humilité.
36:49C'est-à-dire que ces artisans, ceux qui ont construit, ceux qui ont rénové, ont bâti des choses que nous modernes ne bâtirons jamais, à savoir une cathédrale, et ils n'ont jamais voulu graver leur nom dessus.
37:00Petit clin d'œil au chef de l'État. Et la deuxième humilité, c'est le christianisme en lui-même, parce que je vous rappelle que pendant le brasier, la baie Fournier a décidé d'affronter les flammes pour aller sauver la couronne d'épines et le Saint-Saint-Cremant.
37:12Et le Saint-Saint-Cremant, c'est une petite ossie de pain, c'est-à-dire, c'est comme le rappelait Saint-François d'Assis, c'est Dieu qui s'humilie pour nous dans une ossie de pain.
37:19Il y a quand même un symbole d'humilité, je ne sais pas si on peut trouver mieux. Donc je pense que, et le christianisme, et le savoir-faire français, l'artisanat français, nous rappellent cette chose essentielle, cette composante essentielle qui permet justement, comme l'a rappelé Mathieu, de nous transcender, de savoir nous dépasser notre petite personne.
37:34C'est-à-dire, au lieu de regarder son téléphone, comme on l'a vu dans quelques images, et de lever les yeux au ciel pour admirer le gothique, et essayer de traverser, soit emprunter ce pont qui réunit la terre et le ciel.
37:47Alors que justement, c'est les soldats du feu qui sont actuellement ovationnés, mais pas que, je le disais, il y a également les bastisseurs, les compagnons qui ont permis de restaurer Notre-Dame. Il fallait leur rendre hommage, j'aimerais que pour Ben.
38:05Oui, d'autant plus que, s'agissant des pompiers, il faut quand même se souvenir que ça s'est joué à très peu que, effectivement, l'ensemble de la cathédrale ne s'effondre. Enfin, là-dessus, les spécialistes discutent, mais néanmoins, on voit très bien, notamment dans le film d'Ano, qui est très bien fait, ce moment fatidique où le vent tourne et permet d'échapper à ce que les tours ne s'effondrent.
38:27Après, on n'y croit pas, c'est vrai qu'il y avait des jeunes qui étaient en bas, qui priaient, notamment la Vierge Marie, et c'est vrai qu'on peut y voir un signe du ciel, en tout cas, de la même manière qu'on peut voir un signe du ciel, le fait que la Vierge du Pilier ait été épargnée alors qu'elle était sous la voûte.
38:42Elle aurait dû recevoir, au même titre que l'autel qui était au milieu des gravats, au même titre que le vœu de Louis XIII avec la Pietà qui est derrière le sanctuaire le plus sacré au sein de Notre-Dame, qui a échappé aux flammes.
38:55Enfin, voilà, il y a quand même des signes. Le Saint-Sacrement, comme le rappelait Arthur de Vatrican, qui a également été sauvé. Les reliques du corps qui ont été retrouvées.
39:03Tout cela, effectivement, montre qu'il s'est passé quelque chose à ce moment-là, mais aussi grâce à l'intervention des hommes et des pompiers en particulier qui ont montré un courage admirable.
39:12Et d'ailleurs, il y a aussi des conversions qui se sont produites. J'ai lu dans la presse récemment un jeune pompier qui est entré dans Notre-Dame, qui a vu la croix dorée de la Pietà et qui, tout d'un coup, s'est produit un bouleversement en lui.
39:26Et depuis, il a fait un chemin de foi et il a été quasiment jusqu'au baptême ou même il a été baptisé, je crois, cette année.
39:33Comprenons l'héroïsme, par ailleurs, de ceux qui se jettent pour sauver Notre-Dame. On comprend que dans leur esprit, ils ne vont pas simplement sauver un remarquable tas de pierres.
39:42Ils ne vont pas simplement sauver un très bel immeuble qui vient des temps anciens. Ils ont l'impression, et ce n'est pas qu'une impression, c'est la vérité, ils vont sauver, j'y reviens, ça me semble fondamental, une expression incarnée en quelque sorte du cœur de l'identité française.
39:57Ils veulent sauver leur pays. C'est une forme d'héroïsme qui fait penser à un héroïsme en d'autres temps où on risque sa vie pour sauver son pays en craignant véritablement.
40:05Il est tout à fait possible de se faire dévorer par les flammes dans de telles circonstances. Et comme des hommes, en 1914 et plus tard, sont sortis des tranchées pour sauver leur pays, là, ce n'était pas le même ennemi qu'on avait devant soi.
40:15Mais il y avait cette idée qu'on sauvait quelque chose de sacré. Ça me fait penser. Voyant cela, j'ai deux livres en tête. Citadelle de Saint-Exupéry et le chapitre de l'histoire de l'Église catholique de Daniel Rops consacré au temps des cathédrales.
40:30Il dit, avec cette formule tout à fait forte, comment des hommes en d'autres temps, avec des moyens techniques beaucoup plus limités que les nôtres, ont-ils pu construire quelque chose comme ça ?
40:38Parce qu'ils avaient la foi tout simplement et voyaient au-delà du matériel. Ils ont pu construire quelque chose qui est dans la réalité très matériel mais qui est porté par un élan de transcendance.
40:45Et cet élan de transcendance manifestement portait ceux qui se sont portés à sa défense au moment de l'incendie.
40:51Un peu plus de 19h40, je regarde en même temps le protocole, signe qu'on a une quinzaine de minutes de retard. Les frères Capuçon qui devraient jouer cette interlude musicale.
41:02Renaud Capuçon le violoniste et Gauthier Capuçon le violoncelliste. Ce qui nous permet peut-être de s'arrêter un instant sur l'orgue.
41:10Puisque c'est l'orgue le plus grand de France. 8000 tuyaux qui ont été nettoyés et restaurés dans 9 ateliers différents à Emmerich-Pompel.
41:19Oui, et l'orgue qui va jouer un rôle particulier ce soir puisqu'on va assister à ce qu'on appelle le réveil de l'orgue.
41:27Effectivement il a été nettoyé, restauré comme vous le disiez et il va symboliquement, c'est l'organe musical le plus abouti en matière de musique religieuse.
41:39Et donc effectivement le fait qu'il trône en haut de cette église et qu'il soit réveillé ce soir c'est extrêmement symbolique.
41:45Et d'autant qu'on va assister à un dialogue étonnant à 8 reprises. L'archevêque va s'adresser à l'orgue et l'organiste va lui répondre en jouant effectivement.
41:55Mais tout cela a un sens extrêmement précis qu'il faudra évidemment détailler.
42:00Mais voilà donc effectivement ce soir ça va être aussi un des personnages principaux de cette cérémonie.
42:05Dans quelques instants Emmanuel Macron va prendre la parole.
42:09Il devait prendre la parole à l'extérieur de la cathédrale Notre-Dame alors que vous entendez justement les frères Capuçon.
42:16Il apprendra certainement cette parole à l'intérieur.
42:21Est-ce qu'il devait ou non le faire ? Je sais que le diocèse ne le voulait pas en tous les cas.
42:28Il y a eu une discussion.
42:30Plus qu'une discussion sans rentrer dans la polémique. Aucune polémique ce soir.
42:34Mais quand même il devait prendre la parole à l'extérieur.
42:38Il va prononcer un discours d'une quinzaine de minutes.
42:41Qu'est-ce que vous attendez de ce discours Aymeric Pourbaix ?
42:45D'abord qu'il, comme il l'a déjà fait lors de la réunion de fin de chantier qui a eu lieu vendredi et le vendredi 29 novembre dernier,
42:53qui était en quelque sorte une avant-première de cette réouverture,
42:56de remercier effectivement tous ceux qui ont contribué à cette restauration absolument admirable.
43:02Vous la voyez sous nos yeux.
43:04Et puis ensuite qu'il ait un discours qui s'ajuste justement, c'est tout l'objet de notre discussion ce soir,
43:10à l'enjeu qui est aussi spirituel.
43:12Et je crois qu'effectivement une saine conception de la laïcité n'est pas l'exclusion du spirituel, du domaine public et temporel,
43:20parce qu'en réalité les deux convergent vers un but qui est quand même le bien de l'homme.
43:26Il n'y a pas de raison de les exclure.
43:29C'est vrai que vous l'avez rappelé, moi je ne suis pas de ceux qui trouvaient anormal que le chef de l'État puisse s'exprimer à l'intérieur de l'Église.
43:37C'est une vision d'une laïcité qui est positive, comme l'avait dit un ancien Président de la République.
43:43Une saine laïcité en tout cas, où encore une fois les deux ne s'opposent pas et ne sont pas séparés.
43:48Je voudrais Mathieu Bocoté que l'on poursuive notre réflexion autour de l'identité française,
43:56de cet alliage, ce malin mélange entre le spirituel et le politique dont nous sommes témoins ce soir.
44:05C'est tout simplement une forme de l'homme réconcilié avec lui-même.
44:09La modernité est à la fois émancipation et arrachement.
44:12La modernité dit à l'homme tu seras à toi-même ton petit dieu.
44:16D'ailleurs c'est la tentation démiurgique des modernes.
44:18L'homme ne veut plus simplement aménager le monde, le transformer, le réformer, l'améliorer.
44:23Il ne se veut pas simplement jardinier du monde, comme dit Chantal Delsol, il se veut créateur du monde.
44:28Moi j'ai toujours dit, l'essentiel pour moi n'est pas de savoir si on croit en Dieu ou non, mais de savoir si l'homme se prend pour Dieu.
44:33Ça, ça me semble beaucoup plus inquiétant.
44:35Or le propre de la modernité c'est la tentation démiurgique.
44:38Et qu'est-ce qu'on voit avec un événement comme celui-là ?
44:40C'est que l'homme tout simplement découvre qu'il doit croire en quelque chose qui le dépasse pour être capable de déployer son plein potentiel.
44:46C'est lorsque l'homme voit au-delà de lui-même qu'il est capable de se dépasser et qu'il est capable de donner tout ce qu'il porte en lui.
44:54Et ensuite on voit ici, c'est l'autre leçon que les modernes ont tendance à oublier, la continuité des générations, la continuité des siècles.
45:00Eh bien le monde est beau et le monde est habitable parce que nous ne le croyons pas absolument à notre disposition.
45:06Nous sommes engagés parce qu'il nous est antérieur et parce que nous voulons transmettre.
45:10Et c'est la formule de Finkielkraut, l'homme naît dans un monde qui le précède et qui lui survivra.
45:15De la nécessité de le transmettre, de l'entretenir, de le préserver et de le reconstruire lorsque les flammes risquent de le brûler.
45:22160 sapeurs-pompiers étaient devant l'hôtel de la cathédrale sous les applaudissements qu'on a pu entendre des invités.
45:28Merci, c'est affiché au-dessus du portail, sous la rosace, dans un jeu de lumière.
45:36Emmanuel Macron qui devrait prendre la parole. Je vous propose d'écouter l'allocution du Président de la République.
45:44Je me tiens devant vous avant que ne commence la liturgie pour vous dire la gratitude de la nation française.
45:53Gratitude à l'égard de tous ceux qui ont sauvé, aidé et rebâti Notre-Dame de Paris.
46:04Gratitude à l'égard de tous ceux qui sont présents au moment où nous nous apprêtons à la rendre aux catholiques, à Paris, à la France et au monde entier.
46:23Oui, ce soir les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau et l'orgue dans un instant s'éveillera.
46:35Musique d'espérance, familière aux Parisiens, à la France et au monde.
46:42Les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau, qui ont scandé les heures du jour et celles de l'histoire.
46:52Elles sonnent comme elles ont sonné pour les onze rois qui ont vu s'élever la cathédrale,
46:58pour Saint Louis rapportant d'Orient la couronne d'épines, pour Henri IV pensant la blessure des guerres de religion,
47:08pour le vœu de Louis XIII et les victoires de Louis XIV,
47:14pour Napoléon se sacrant lui-même un matin de décembre 1804,
47:19pour Victor Hugo déambulant, rêveur, cherchant les yeux levés l'ombre de Quasimodo,
47:27pour Claudel, ployé au pied d'un pilier, revenu à l'espérance un soir de décembre 1886,
47:39pour annoncer aux résistants de Paris l'arrivée du général Leclerc et des siens,
47:43puis pour célébrer la libération aux côtés du général de Gaulle,
47:47pour les adieux de la France à ses génies, à ses soldats, à ses grands hommes.
47:53Oui, elles sonnent, elles qui ont accompagné notre histoire.
48:01Pourtant, nous aurions pu ne jamais réentendre cette voix.
48:08Le 15 avril 2019, la nouvelle de l'incendie a couru de lèvre en lèvre.
48:15Les images de flammes dévorant le transept, la fumée noire,
48:19la flèche qui vacille puis s'effondre dans un fracas d'ossement.
48:26Et ces heures de combat face au feu, la décision de lui laisser sa part,
48:32et ces minutes désespérées où tout pouvait partir,
48:34où la pierre, le bois, les vitraux auraient pu disparaître.
48:40Durant ces heures, il s'est trouvé des étudiants
48:44descendus de la montagne Sainte-Geneviève pour entonner des chants.
48:50Des promeneurs à Times Square pour s'arrêter en larmes devant les premières images.
48:57Et de Rome à Moscou, des croyants de partout
49:01venus se réunir devant nos ambassades.
49:05Des chameliers au long du Niger descendus de leur bête
49:09pour prier dans leur religion Notre-Dame.
49:14Ce soir-là, heure et malheur étaient mêlés.
49:19L'enchaînement de malchance, le vent d'Est qui s'élevait au pire moment,
49:23poussant les flammes vers le beffroi nord.
49:26Et l'enchaînement de coïncidence aussi,
49:30que certains appelleront hasard, d'autres destins, d'autres providences.
49:37Il y eut surtout de la bravoure.
49:43Celle de ces sapeurs-pompiers et de leurs chefs,
49:47envoyés pour une dernière tentative plus dangereuse encore que les autres.
49:51Ces hommes escaladant la façade, plongeant dans le feu
49:54afin d'empêcher les 16 cloches de tomber, et avec elles toute la cathédrale.
50:02À 22h47 retentit ce message.
50:07Nous sommes maîtres du feu.
50:11Nos pompiers reprenaient l'avantage et il n'y eut cette nuit aucun mort.
50:17Vers minuit, nous avons ouvert le grand portail.
50:23La flèche n'était plus.
50:26Le transept effondré.
50:29Le plomb continuait de couler partout, par flammèche.
50:33L'eau, une odeur âcre.
50:38La croix et la pietà qui apparaissaient dans un éclat singulier.
50:43Et la Vierge au pilier.
50:46Intacte, immaculée, à quelques centimètres à peine de la flèche tombée.
50:56Notre Dame de Paris était sauvée.
50:59Défigurée, mais sauvée.
51:02Par la bravoure, le courage de ces hommes.
51:07Alors commencèrent ces minutes où tout pouvait vaciller.
51:10Tristesse et désespoir devant un tel drame.
51:13Incertitude et désolation de ne jamais revoir la cathédrale comme avant.
51:18Vertige de découvrir que Notre-Dame de Paris pouvait disparaître.
51:23Et que nos cathédrales aussi sont mortelles.
51:28Alors, nous avons choisi le sursaut.
51:33La volonté.
51:35Le cap de l'espérance.
51:37Nous avons décidé de rebâtir Notre-Dame de Paris plus belle encore en cinq années.
51:44Le sursaut.
51:46La volonté.
51:49Et pour rendre cela possible, une fraternité inédite.
51:54Fraternité de ceux qui ont donné sur tous les continents, de toutes les religions, de toutes les fortunes.
52:05Unis par l'espérance et réunis dans ces murs.
52:09Fraternité des compagnons, apprentis et de tous les métiers ici réunis.
52:17Sous la conduite du général Georges Leun, pour qui j'ai ce soir une pensée émue,
52:24puis de Philippe Jost et de leurs équipes.
52:28Fraternité des échafaudeurs, des grutiers, cordistes, électriciens, forestiers,
52:35scieurs, écarisseurs, charpentiers et taillandiers.
52:39Et puis les menusiers d'art, parqueteurs, couvreurs, fondeurs, ferronniers d'art,
52:45serruriers, dinandiers, patineurs, lustriers, artisans de la pierre et maçons, tailleurs, carillers, sculpteurs,
52:54restaurateurs de sculptures et de peintures, maîtres verriers, facteurs d'orgues et campagnistes,
53:00archéologues, ingénieurs, chercheurs, historiens, conservateurs, régisseurs d'art et architectes et tant de métiers encore.
53:11Oui, ces femmes et ces hommes, plus de 2000 durant 5 ans,
53:18se sont inscrits dans la chaîne de ceux qui, depuis le XIIIe siècle, ont bâti la cathédrale.
53:24Reconstruisant la forêt de Notre-Dame, cette charpente de 2000 chaînes,
53:31puis la flèche à l'identique et ranimant les pierres, les peintures, redécouvrant cette blondeur.
53:40Ils ont montré que nous avions la volonté encore de bâtir de grands dessins et de continuer la légende des siècles.
53:46Durant 5 années, ici, chaque femme, chaque homme fut nécessaire pour rebâtir.
53:55Chaque aide même du bout du monde fut nécessaire pour tenir.
54:01Chaque geste fut nécessaire, réconciliant la grandeur de cette cathédrale et l'exigence de tous ces métiers.
54:10Nous avons redécouvert ce que les grandes nations pouvaient faire, réaliser l'impossible.
54:19Cette cathédrale fut ainsi la métaphore heureuse de ce qu'est une nation et ce que devrait être le monde.
54:30Fratérés, nous nous sommes rendus compte que nous n'avons pas le droit d'en parler.
54:36Et ce que devrait être le monde ?
54:39Fraternité d'un peuple déterminé à faire de grands choix, fraternité universelle et entre aides.
54:48Notre dame nous dit que nos rêves, même les plus audacieux, ne sont possibles que par la volonté de chacun et l'engagement de tous.
54:59Notre cathédrale nous rappelle que nous sommes les héritiers d'un passé plus grand que nous, qui peut chaque jour disparaître,
55:07et les acteurs d'une époque que nous avons à transmettre.
55:13Notre cathédrale nous dit combien le sens, la transcendance, nous aide à vivre dans ce monde, transmettre et espérer.
55:28Tel est le sens de ce travail et de notre présence ce soir.
55:33Nous nous inscrivons à notre tour dans ce cortège de bâtisseurs, nous révélant à nous-mêmes face à l'adversité.
55:45Les cloches sont sonnées, l'orgue va s'éveiller.
55:52Les fidèles, bientôt, viendront prier.
55:57Le monde retrouvera la cathédrale rebâtie et embellie.
56:03Et nous, il nous faudra garder comme un trésor cette leçon de fragilité, d'humilité et de volonté.
56:15Et n'oubliez jamais combien chacun compte, et combien la grandeur de cette cathédrale est inséparable du travail de tous.
56:27Ce soir, ensemble, nous pouvons partager la joie et la fierté.
56:38Monseigneur, Notre-Dame de Paris vous est redonnée.
56:45Ensemble, vous avez rendu cela possible.
56:50Soyez en remercié.
56:52Vive Notre-Dame de Paris, vive la République, vive la France.
57:22Un héritier du passé plus grand que nous.
57:52Quelle philosophie pourrait donner si elle était destinée à l'ensemble de la nation ?
57:55Je suis entièrement d'accord, je me dis qu'en deux ans et demi, il pourrait très bien peut-être avoir ce projet fou de maintenir cette histoire dont nous sommes les héritiers,
58:06cette histoire passée qui est plus grande que nous.
58:10C'est un hommage, une ode à l'histoire de France, c'est une ode à nos traditions, à notre culture.
58:16Peut-être poursuivre le tour de table ?
58:19Oui, pour le coup, on a l'impression que c'est vraiment l'Esprit Saint qui est descendu sur lui et qui lui a inspiré le discours.
58:23C'est très très très rare d'entendre un discours qui soit prononcé de manière un peu émouvante de la part du Président.
58:30A voir en effet, derrière les belles paroles, quelle était la pensée profonde.
58:36Mais en tout cas, l'exercice n'a pas été un échec, loin de là.
58:41Je donnerai la parole à la fin pour Emeric Porbea, mais Arthur de Vatrican, qu'en avez-vous pensé ?
58:47Très beau discours. Emmanuel Macron était toujours très fort dans les commémorations et les discours.
58:52Il exprime toute sa qualité de conteur et il a forcément des plumes qui savent parfaitement s'adapter au contexte et au lieu.
59:04Quand on dit qu'Emmanuel Macron parle d'humilité, d'espérance, de racines, de culture, c'est surprenant.
59:11Mais encore une fois, je n'ai rien à redire. Son discours est parfaitement adapté à la situation.
59:16Après, qu'il le pense ou pas, je le jure.
59:19Alors moi, je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit.
59:23Je retiens deux points en particulier de ce discours.
59:26C'est effectivement le fait de s'inscrire dans une continuité.
59:29Peut-être qu'après, il faut comparer avec d'autres discours du même Emmanuel Macron.
59:34Néanmoins, c'est quand même bien que ces paroles soient prononcées.
59:37Qu'on sorte du discours progressiste convenu qui voudrait que ce soit toujours mieux demain.
59:44Mais qu'en revanche, hier, c'était affreux.

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