• il y a 2 semaines
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00:00Quelle personnalité ? Votre livre ? On en dit peut-être un mot, c'est un roman.
00:04Oui, peut-être deux si vous voulez.
00:06Même dix, vous avez le droit.
00:08C'est la prolongation du premier livre, dans le premier livre qui s'appelle La Lettre.
00:11Bernard avait d'ailleurs fait une très gentille critique de ce premier livre.
00:15C'était magnifique, magnifique La Lettre.
00:17Alors là, j'étais bouleversé, il dit des choses quand même personnelles.
00:20J'apprends que j'ai un frère caché et celui-ci, dans la prolongation,
00:26j'ouvre une mallette qui appartenait à ma mère, qui s'appelle Emma, dans le livre.
00:31Et on hésite toujours à ouvrir des mallettes de personnes qui ne sont plus là.
00:36Et en découvrant à l'intérieur de cette mallette une photo de classe de 3e B,
00:40derrière laquelle il y a, ne le dit surtout pas un pote, je reconnais l'écriture de ma mère.
00:45Une écriture maladroite, elle était italienne.
00:47Et donc, je veux savoir dans quelles circonstances elle l'a écrite, à qui elle s'adressait.
00:52Je pars à la recherche de mes 6 copains qui font la bande.
00:55Première connerie, premier flipper, première petite amie, première cigarette.
01:00Et là, je veux savoir à qui s'adressait Emma.
01:03Et surtout, qu'est-ce que je ne devais pas savoir ?
01:05Et donc, c'est à la fois très inspiré par mon histoire, par son histoire.
01:09Et j'apprends presque en même temps que le lecteur que ma mère n'a pas été très heureuse toute sa vie
01:15en ayant un secret qu'elle a voulu me cacher pour me préserver.
01:19Et donc, à la fin, je dis ce qui est le cas de nous tous ici.
01:23On pose des tas de questions, ce qui est votre cas, Pascal,
01:26à des tas de gens qu'on ne connaît pas parce qu'on est journaliste.
01:29Donc, on se permet tout.
01:30Tu le fais beaucoup à la radio.
01:32Et on n'ose jamais poser des vraies questions à ses proches parce qu'on n'ose pas,
01:37parce que c'est indiscret.
01:39Et j'ai posé des questions à Belmondo, à Delon, à Deneuve, enfin à Sardou, à Lidé, etc.
01:44à beaucoup, à Tapie, à Elton John, à France Gall.
01:46Mais je n'ai jamais osé poser des questions...
01:48– La pudeur.
01:49– ... à Emma parce que peut-être que j'avais peur d'entendre une certaine vérité.
01:53– Oui, et puis la pudeur, ce n'est pas toujours évident de parler à ses parents.
01:57– Ce n'est jamais évident d'imaginer même ses parents amoureux.
02:01Enfin, il y a des tas de choses qu'on ne veut pas savoir.
02:03– On va vous faire un petit cadeau, cher Patrick.
02:06– C'est la période, c'est vrai, là.
02:07– On va retrouver une image de vous au tout début de votre carrière.
02:10C'était dans les visiteurs du Mercredi.
02:12Je suis sûre que les téléspectateurs vont adorer revoir ces images.
02:15C'était en 1976.
02:18On va retrouver cette image.
02:19– C'était au début.
02:20– Regardez, regardez.
02:21– Elle n'était pas née.
02:22– Ah non.
02:23– Bonjour.
02:24– Vous avez été consigné dès le début.
02:26– Pardon ?
02:27– Vous étiez au tout début de votre carrière, là, Patrick.
02:29– Oui, là, c'est...
02:30Oui, enfin, des premières fois, oui, en 76.
02:34J'ai eu la chance de rencontrer Christophe Huzard, qui m'a fait confiance
02:37et qui m'a confié plusieurs heures de direct le mercredi après-midi.
02:41On recevait à la fois des sportifs, des acteurs, des chanteurs.
02:45Et vraiment, j'ai eu beaucoup de chance parce que ceux qui sont venus,
02:48alors que j'étais absolument inconnu au bataillon,
02:51m'ont vraiment aidé dans l'apprentissage du métier.
02:53– Oui, mais enfin, vous devez avoir du talent.
02:55On n'arrive pas à parler par hasard.
02:57– Beaucoup de travail.
02:58– Beaucoup de travail.
02:59– Je crois peu au talent.
03:00Il faut en avoir un petit peu, mais beaucoup de travail.
03:01– On a aussi des images.
03:02Moi, j'adore regarder les images.
03:04J'imagine que vous aussi et vous chez vous.
03:06Les images extraites du jeu de la vérité.
03:09Le jeu de la vérité aussi, évidemment.
03:11Vous avez reçu beaucoup de célébrités.
03:15Notamment Serge Gainsbourg.
03:17Je voudrais qu'on revoie ce passage.
03:19On ne se lasse pas de ce passage.
03:21J'imagine, elle se rire jusque-là.
03:22C'est vrai, non, mais vous adorez.
03:23Regardez le passage.
03:24– Un autre temps.
03:25– Ça, aujourd'hui, impossible.
03:26– En prison.
03:27– Un autre temps.
03:28– Là, c'est la prison.
03:29– Un autre temps.
03:30– Là, c'est pas possible.
03:31Comment on gère un personnage comme Serge Gainsbourg ?
03:33– Moi, je suis très ému parce que tout à l'heure,
03:36tu parlais de l'émission de la maison de Gainsbourg, rue de Verneuil.
03:40Et moi, j'y suis allé.
03:41Alors qu'on avait tout pour ne pas s'entendre, sauf les gitanes.
03:45Car à l'époque, je fumais des gitanes.
03:47Heureusement que je n'en fume plus depuis très longtemps.
03:49Lui, je pense que ça l'a tué, malheureusement.
03:51Et à chaque fois que je l'ai appelé pour faire quelque chose avec moi,
03:56alors que franchement, c'est Monsieur Gainsbourg,
03:59il a dit oui.
04:01Il était extrêmement proche des gens qui avaient envie de réussir,
04:04d'avoir envie de faire leur parcours.
04:06Et un jour, il m'a invité chez lui pour préparer une émission.
04:09Il était, alors chez lui, vous y êtes allé,
04:12c'est une maison en vernis noir à l'intérieur.
04:15Il y a des marionnettes comme ça.
04:17Et puis, il m'a dit, alors moi, je ne suis pas très bien imité,
04:20il m'a dit, hé, petit gars, qu'est-ce qui te ferait plaisir ?
04:23Alors, je dis, moi, une de mes chansons préférées, c'est la Javanèse.
04:26Et alors, je me suis mis au creux du piano comme ça.
04:29Il m'a dit, je ne te la chante rien pour toi.
04:31Et j'avais Gainsbourg qui me chantait pour moi la Javanèse.
04:34Et là, ça a été un moment, et ça a été peu de temps
04:37avant son décès en 91.
04:40Et vraiment, je suis très ému parce que c'était vraiment un type
04:45très talentueux, très malin,
04:48qui avait le sens du public,
04:50qui avait le sens de la répartie.
04:52Et dans la vie de tous les jours, vous le connaissez aussi bien que moi,
04:56c'était presque un humoriste.
04:58Il avait un regard sur la vie.
05:00Il a beaucoup souffert dans son enfance.
05:02Il avait un regard sur la vie qui était formidable.
05:04Vous avez beaucoup d'humour, Serge Gainsbourg.
05:06Vous avez reçu aussi Alain Delon.
05:08Vous avez reçu tous les plus grands, Patrick Savatier.
05:10Regarde un extrait.
05:12Ça, c'est des moments de colère incroyables, Patrick Savatier.
05:14Mais c'est bizarre ce que vous faites
05:16parce que moi, jamais je ne regarde ce que j'ai fait.
05:19Jamais je ne me suis regardé à la télévision.
05:21Jamais, jamais.
05:23Jamais je me suis écouté à la radio.
05:25À chaque fois, quand je regarde ça,
05:27quand je les écoute,
05:29on écoute ce qu'il dit.
05:31Ce qu'il dit.
05:33C'est puissant.
05:35Un homme de grande écoute.
05:37Oui, mais dans sa vie, dans l'approche de la mort,
05:39dans ce qu'il faut se dire entre père et fils.
05:43C'est un homme de grande qualité.
05:45C'est un homme de grande qualité.
05:47Et vous, comment vous le viviez,
05:49puisque vous étiez en one-to-one, face à face,
05:51avec l'invité à ce moment-là ?
05:53Avec les spectateurs, les artistes que je recevais.
05:55Ça devait être très chargé en émotions.
05:57Comment vous viviez ça ?
05:59Le jeu de la vérité,
06:01c'est que je ne voyais mes invités
06:03qu'à 8h20.
06:05On commençait l'antenne à 8h30.
06:07Je ne les voyais pas avant.
06:09On s'était eus au téléphone, évidemment, pour programmer.
06:11Et à partir de ce moment-là,
06:13Pascal, je ne voyais pas mes invités.
06:15On se retrouvait derrière l'entrée du plateau.
06:1710 minutes avant, on prenait l'antenne à 8h30,
06:1920h30.
06:21C'était le premier invité, Alain Delon.
06:23Le premier invité.
06:25Il avait donné son accord 8 mois avant.
06:27Il a tenu parole. Je l'ai souvent raconté.
06:29Et le 11 janvier 1985,
06:31il était là à 8h20.
06:33Je le dis souvent, je l'ai déjà dit,
06:35mais il m'a fait comme ça, juste avant
06:37d'entrer sur scène.
06:39Il m'a dit, on ne peut pas
06:41ne pas réussir.
06:43On n'avait pas beaucoup le choix.
06:45Mais depuis ce 11 janvier 1985,
06:47nous ne nous sommes
06:49jamais quittés.
06:51A chaque fois que j'avais
06:53quelque chose à lui demander,
06:55pas pour venir dans l'émission,
06:57mais pour échanger, un point de vue,
06:59il a toujours été là.
07:01Les hauts, les bas, il y en a plusieurs.
07:03Il y a vraiment, dans notre métier,
07:05il y a de tout.
07:07Il y a des gens très bien.
07:09– Et Alain Delon, vous avez pu échanger
07:11avant lui, avant qu'il ne parte,
07:13pas longtemps avant.
07:15– Oui.
07:17– Ça a été un moment intense ?
07:21Vous lui avez parlé ?
07:23– Nous nous sommes parlé, oui.
07:25– Au téléphone ou vous l'avez vu ?
07:27– Nous nous sommes parlé.
07:29– C'était dur, pour vous ?
07:31– Non. Il y a des moments pour tout
07:33et je crois que
07:35M. Delon acceptait bien
07:37le moment qui allait arriver.
07:39– Pour vous, ça devait être difficile ?
07:41– Je pense que c'est une leçon,
07:43jusqu'au dernier moment,
07:45on ne sait jamais comment on va se conduire.
07:47On n'imagine pas.
07:49Moi, je n'imagine pas.
07:51Lui, il l'avait déjà prévu,
07:53imaginé,
07:55souhaité.
07:57– Est-ce que vous pensez
07:59qu'aujourd'hui, d'où il est,
08:01qu'il voit comment les choses
08:03se sont passées ?
08:05– Je ne sais pas. Je ne parlerai jamais pour lui.
08:07Il n'aimerait pas.
08:09– Non.
08:11Mais vous avez échangé des moments forts
08:13avec des moments chargés en émotions
08:15et je comprends que ce soit, pour vous,
08:17effectivement,
08:19des moments intenses.
08:21– Intimes.
08:23– Intimes et intenses.
08:25Si on regardait un extrait de Sophie Marceau,
08:27on adore Sophie Marceau aussi.
08:29– On l'adore tous.
08:31Oui, je crois que,
08:33je le dis souvent,
08:35le public, on doit le respecter,
08:37évidemment,
08:39mais le public doit respecter également
08:41les stars, les vedettes.
08:43Il y a un échange qui doit être équilibré.
08:45Et là, ce monsieur,
08:47et en ce moment, on le vit très bien,
08:49avec les réseaux sociaux,
08:51l'anonymat, on dit n'importe quoi,
08:53n'importe comment,
08:55sans réflexion,
08:57que des réactions.
08:59Et là, elle est allée trop loin.
09:01Elle est toute jeune, Sophie Marceau.
09:03On est en 1985.
09:05Elle n'a pas 20 ans.
09:07Elle a fait la boum. C'est un succès énorme.
09:09Et puis,
09:11il y a des choses qu'on ne dit pas.
09:13– Il n'y a personne qui filtrait les appels ?
09:15– Vous savez, vous pouvez filtrer
09:17tous les appels que vous voulez,
09:19une fois que vous êtes en direct à l'antenne,
09:21on vous donne la question A.
09:23À l'époque, c'était un standard.
09:25Vous donnez la question A, vous êtes à l'antenne,
09:27vous parlez de la question B.
09:29Et puis, c'est comme ça.
09:31C'est à moi, c'est à l'animateur,
09:33à ce que vous faites, à ce que nous faisons tous,
09:35de gérer, d'être l'intermédiaire.
09:37C'est-à-dire qu'on ne permet pas aux téléspectateurs
09:39de poser toutes les questions qu'ils veulent,
09:41mais à la fois, que ce soit dans une forme de respect.
09:43On ne peut pas tout dire à n'importe qui,
09:45à n'importe comment.
09:47– On ne sait pas à qui tu réponds ça, d'ailleurs,
09:49parce qu'il y a plusieurs questions qui sont montées.
09:51Vous vous avez couché avec tous les metteurs en scène,
09:53vous n'êtes pas bonne, vous n'êtes pas jolie.
09:55– Je sais très bien à qui,
09:57mais ça irait bien pour les trois, d'ailleurs.
10:01– Oui, oui.
10:03Mais la dernière, paradoxalement,
10:05c'est que ça, sur les films d'auteurs…
10:07– Non, non, non, c'est vous avez couché.
10:09– Oui, c'est ça. – Ça, c'est inadmissible.
10:11– Patrick, sincèrement, quand on revoit ces extraits
10:13qui ont marqué l'histoire de la télé,
10:15au moment où vous le vivez,
10:17vous vous dites, là, je tiens des moments de télé
10:19qui vont rester dans l'histoire de la télé,
10:21ou vous vous dites, par exemple, sur Gainsbourg,
10:23waouh, comment je vais gérer ça ?
10:25Sur Sophie Marceau, c'est la catastrophe, etc.
10:27En direct, comme ça.
10:29– C'est une très bonne question, Gilles.
10:31Je ne sais pas ce que je me dis,
10:33je crois que le fait que, tout à l'heure,
10:35je l'ai dit, je ne me suis jamais regardé après,
10:37je n'avais pas l'impression de marquer la télévision.
10:39J'avais l'impression d'inviter des personnalités
10:41que j'aimais beaucoup, d'ailleurs,
10:43que je respectais beaucoup.
10:45Après, il se passait ce qui se passait.
10:47Mais on n'avait pas…
10:49Tout a changé.
10:51On n'avait pas…
10:53Aujourd'hui, on fait quelque chose,
10:55c'est immédiatement repris, déformé, augmenté.
10:57Bon, là, la télévision me laissait quand même
10:59le temps de réagir.
11:01Souvent, je m'apercevais qu'une émission
11:03était plus ou moins réussie, deux, trois jours après,
11:05quand je voyais les critiques, l'audience, etc.
11:07Mais j'avais l'impression, quand même,
11:09entre Tapie, Elton John, Delon,
11:13vous les avez tous connus, Gainsbourg,
11:15d'avoir des monstres sacrés devant moi.
11:19Moi, j'étais…
11:21Quand je parle d'aller chez Gainsbourg,
11:23et qu'il me dit, viens chez moi, Ruth Verneuil,
11:25je suis comme un enfant.
11:27Quand Aznavour me fait participer
11:29de sa vie, c'est quelque chose d'incroyable.
11:31Enfin, tout.
11:33Delon, qui me demande de venir
11:35à Marrakech, etc., pour préparer
11:37des choses avec lui.
11:39On est animateurs, on n'est pas des stars.
11:41Donc, Bernard le sait bien,
11:43quand on les rencontre,
11:45quand on est à leur côté, on n'oublie jamais,
11:47d'ailleurs, je le marquais dans le premier livre,
11:49on n'est jamais que des passeurs de plats.
11:51Moi, je peux descendre les Champs-Élysées
11:53tranquillement. Delon, je ne crois pas.
11:55– Des passeurs de plats
11:57et des passeurs d'émotions aussi,
11:59parce que c'est ce que vous avez transmis, effectivement,
12:01avec ces extraits. Vous avez vécu une télé.
12:03Est-ce qu'elle existe encore, cette télé, aujourd'hui ?
12:05– Je ne sais pas si elle existe,
12:07mais la fierté
12:09que j'ai, Pascal, c'est que
12:11je n'ai acheté aucun concept.
12:13Tout cela, c'est le fruit d'imagination,
12:15de poubelles remplies
12:17de mauvaises idées. Parce que j'écris
12:19à l'ancienne, non, ça n'ira pas.
12:21Et puis, un jour, il y a le jeu de la vérité,
12:23puis un jour, il y a la vie de recherche,
12:25puis un jour, rapport de bonheur. Mais c'est d'abord
12:27une feuille de papier. Après, il faut convaincre
12:29les patrons, il faut convaincre son équipe,
12:31il faut convaincre la presse.
12:33Et puis, il y a le public. Et quand, tout d'un coup,
12:35tout ce que l'on a fait rencontre,
12:37à l'époque, entre 15 et 18 millions
12:39de téléspectateurs, on se dit…
12:41– Vous vous rendez compte ? 15 à 18 millions !
12:43C'est incroyable, ce chiffre-là !
12:45– Les gens qui me croisent dans la rue,
12:47le plus beau compliment,
12:49je le dis toujours, c'est ma légion d'honneur.
12:51– Vous voyez qu'on vous reconnaît, Patrick Sabatier, dans la rue.
12:53Vous avez dit que vous l'avez déchirpée toute anonyme.
12:55– Non, non, non. Je peux vraiment…
12:57Il faut que je mette un masque, pour qu'on me reconnaisse.
12:59Je prends le masque de Drucker.
13:01– Non, non, non. Bien sûr qu'on vous reconnaît.
13:03Bien sûr qu'on vous reconnaît, Patrick Sabatier.
13:05C'est pas vrai.
13:07– Non, mais les gens me disent, dans la rue,
13:09très souvent, vous avez marqué mon enfance.
13:11Ou alors, ma mère, ceci.
13:13Et pourquoi pas votre grand-mère ?
13:15Il n'y a aucun problème. Moi, j'estime
13:17que ça a été extraordinaire d'avoir accompagné
13:19des vies, parce que si moi, j'ai accompagné
13:21des vies, des vies m'ont accompagné.
13:23– Bien sûr.
13:25– Donc, si on avait autant de personnes,
13:27ça veut dire que ce que l'on faisait fonctionnait.
13:29Et je n'ai toujours animé
13:31que des émissions que j'aurais regardées.
13:33– C'est important.
13:35– C'est-à-dire que, voilà, j'avais une idée,
13:37mais vous savez, quand j'ai vendu
13:39le jeu de la vérité à TF1, on m'a dit,
13:41ça ne marchera jamais. Quand j'ai proposé
13:43la vie de recherche, on m'a dit, avec un titre comme ça,
13:45c'est trop policier, ça ne marchera jamais.
13:47Quand j'ai fait porte-bonheur en disant,
13:49on va demander aux Français de dénoncer
13:51des gens parce qu'ils ont fait du bien.
13:53On m'a dit, mais ce n'est pas la mentalité
13:55des Français. On essaye.
13:57Ça ne marchera jamais.
13:59À chaque fois qu'on m'a dit, ça ne marchera jamais,
14:01je disais, bon, allez, ça va marcher.
14:03– C'était un carton.
14:05– Bravo, bravo, bravo.
14:07Vous avez travaillé ensemble.
14:09– Oui, on a fait la radio ensemble, la télé,
14:11mais c'est surtout ce qu'il faut rappeler,
14:13parce qu'il ne suffit pas de recevoir d'immenses stars.
14:15Ça ne fonctionne pas.
14:17Non, mais si on n'a pas cette élégance qu'il a
14:19de recevoir ces stars, cette volupté
14:21de passer d'un sujet à l'autre, parfois compliqué.
14:23Moi, je me souviens avoir fait l'émission
14:25Et si on se disait tout.
14:27J'avais sorti un livre sur le roman photo.
14:29Et puis, il me dit, alors on a parlé de mon livre,
14:31tout ça, c'était très bien.
14:33Et puis, à un moment, il me dit, reste,
14:35parce qu'il manque du monde sur le canapé.
14:37Il y a un autre sujet qui arrive.
14:39Je dis, c'est quoi ?
14:41Il me dit, est-ce que tu es pour ou contre
14:43la fermeture du Bois de Boulogne ?
14:45Ah non !
14:47Je ne lui ai pas demandé de rester, par hasard.
14:49Enfin, je crois qu'il y avait une place
14:51à remplir sur le canapé.
14:53Et puis, alors, d'un seul coup, arrive Jean-Thibéry,
14:55le maire de Paris, arrive
14:57des prostituées, des maires mackerels.
14:59Enfin, il y avait tout un arropage de gens.
15:01Et puis, au moins, il se retourne sur moi et me dit,
15:03alors, qu'est-ce que vous pensez, vous, Fabien Lecoeuf ?
15:05Vous êtes pour ou contre la fermeture ?
15:07Moi, j'étais venu parler du roman photo, je l'ai retrouvé dans le Bois de Boulogne.
15:09À un moment donné.
15:11Et alors, bon, j'ai dit, moi,
15:13de toute façon, qu'on la ferme ou pas,
15:15la prostitution, elle se déplacera.
15:17Comme depuis que le temps existe.
15:19Et alors là, je me fais insulter par une.
15:21Et pour l'autre, elle était contre, l'autre, elle me défendait.
15:23Mais le lendemain, quand je vais sur le marché,
15:25les gens, ils me disent,
15:27vous avez fait un livre sur le Bois de Boulogne ?
15:29Je dis, non, non.
15:31Parce que les gens,
15:33les gens, ils connaissaient
15:35tellement un sujet important,
15:37qu'ils menaient avec une espèce
15:39d'élégance pour passer d'un sujet.
15:41Mais ça, c'est un vrai talent.
15:43Il y a très peu de gens dans les années 80, 90
15:45qui pouvaient faire ça, c'était Michel Drucker
15:47et Patrick Sabatier. Il faut le rappeler.
15:49Patrick Sabatier était extrêmement classe.
15:51Moi, je vous adorais, et je vous adore toujours.
15:53Vous aviez une classe naturelle.
15:55Voilà, ça, ça ne s'invente pas.
15:57Ce que je trouve que personne ne dit
15:59ici autour de ce plateau, je vais le dire
16:01parce que je suis sensible à son concept de télé,
16:03c'est que le mec qui est en face de nous,
16:05contrairement à Drucker ou d'autres,
16:07sont d'immenses personnages, il a inventé
16:09des nouvelles télévisions, il a inventé
16:11des concepts de télé. Vous voyez, moi, par exemple,
16:13quand on parle de Bataille et Fontaine,
16:15on me parle d'un rideau, on me parle d'une loge,
16:17on me parle, oui, des gens qui viennent pleurer
16:19ou rire avec nous, etc. Mais il y a un concept,
16:21il y a une décision. Patrick, c'est la première
16:23personne, et j'ai eu envie de faire de la télé
16:25grâce à des gens comme lui et grâce à lui surtout,
16:27qui a inventé des émissions où
16:29on mettait l'émotion, on prenait des stars,
16:31on prenait ce qu'on veut, sauf que ça,
16:33d'autres le faisaient. Lui, ce qu'ils en faisaient,
16:35c'est un truc avec un rituel particulier,
16:37avec des mécaniques, des stimuli particuliers.
16:39Et dans toutes ces émissions,
16:41il y avait ça. Tu peux faire le jeu de la vérité,
16:43Ruquier, il a reçu 300 fois
16:45Delon.
16:47Il n'a jamais reçu Delon comme Patrick Sabatier
16:49a reçu Delon.
16:51Et tu peux le dire, pour toutes les stars,
16:53toutes les grandes émissions d'accueil,
16:55Jean-Pierre Foucault, il a fait les plus belles émissions
16:57du monde de variété.
16:59Patrick en a fait quelques-unes, mais jamais
17:01les émissions ont marché autant et ont été aussi fortes
17:03que quand il y avait un concept aussi fort
17:05que celui de Patrick Sabatier. Et quand il dit,
17:07modestement, je prenais ma petite feuille
17:09et j'écrivais une idée, puis après j'allais voir TF1
17:11et puis on me disait, ah, la merde, ça ne marquera pas.
17:13Mais il a raison, c'est ça, sa force.
17:15C'est qu'il prenait sa petite feuille et il avait
17:17une idée que les autres n'avaient pas.
17:19– Oui, bravo, c'est vrai.
17:21C'est une télé inventive.
17:23Patrick, vous avez basculé chez un projet, non ?
17:25– Alors, je suis venu
17:27dans cette émission
17:29il y a quelques semaines.
17:31On était ensemble, je me souviens.
17:33Et j'avais dit
17:35que je n'avais rien
17:37ou que j'étais en train de travailler sur quelque chose.
17:39Depuis, j'ai beaucoup travaillé.
17:41– Ah, génial, une info Patrick Sabatier.
17:43– Je crois que j'ai quelque chose.
17:45Cyril est d'ailleurs au courant
17:47puisqu'il m'a appelé pour savoir exactement.
17:49– Est-ce que les téléspectateurs
17:51peuvent avoir une tendance ?
17:53– Je crois, pas forcément
17:55d'ailleurs présentée par moi, je pense que d'autres
17:57pourraient le faire très bien.
17:59Mais je pense que j'ai quelque chose là.
18:01– Attendez,
18:03c'est juste une émission télé ?
18:05– C'est une grande émission de télévision
18:07à l'ancienne.
18:09– Ah, génial !
18:11– C'est surtout pas à la mode.
18:13– Surtout pas à la mode ?
18:15– Ah bah, c'est pour moi alors.
18:17– Oh !
18:21– Avec plaisir.
18:23Vous savez pourquoi, Pascal ?
18:25Parce qu'il faut le dire, Patrick Sabatier,
18:27pour nous, quand on est arrivé
18:29après, à peine, c'était le rêve total.
18:31Toutes ces émissions, c'était un rêve.
18:33On rêvait de ça.
18:35Et il nous a ouvert aussi la porte
18:37et on a toujours envie de devenir
18:39Patrick Sabatier un jour à la télévision.
18:41– C'est génial. Et là, Patrick Sabatier
18:43est en train de retravailler sur un concept.
18:45J'ai hâte de savoir et de voir.
18:47À quelle échéance, Patrick ?
18:49Il faut nous donner une petite deadline.
18:51– J'ai aucune échéance, je ne sais pas.
18:53J'y vais tranquillement.
18:55Déjà, vous savez, une idée,
18:57– C'est en prime ?
18:59– Oui, c'est une grande émission.
19:01– En prime, en direct ?
19:03– Oui, sur la chaîne.
19:05Écoutez, je travaille.
19:07Ce ne sera pas forcément pour moi.
19:09Si ça se peut, elle ne verra pas le jour,
19:11car il faut convaincre des patrons.
19:13J'ai besoin de beaucoup de moyens pour l'émission.
19:15Je sais qu'aujourd'hui, c'est extrêmement compliqué.
19:17Et la seule chose que je peux dire,
19:19c'est que je ne sais faire que ce que je sais faire.
19:21Aznavour me disait,
19:23on écrit toujours la même chanson.
19:25Moi, je ferai toujours la même émission.
19:27– C'est beau.

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