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« ELLE(S) » est une documentaire-fiction qui met en lumière dix femmes remarquables de la région stéphanoise : sportives, cheffe d’entreprise, artistes, résistantes, danseuses, femme de seigneur… Leurs réussites témoignent de la capacité des femmes à exceller dans tous les domaines et à contribuer activement à la société.

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00:00La Loire est un département français de la région Auvergne Rhône-Alpes. Dans ce département
00:26plutôt ouvrier, l'évolution de la condition de la femme est incarnée par celles qui ont
00:30marqué leur domaine respectif et qui continuent d'inspirer les générations futures.
00:34Dix portraits de femmes remarquables ligériennes sur des centaines ont été sélectionnées.
00:40Ces femmes, féministes ou non, ont su briser des barrières et défier les stéréotypes
00:45pour atteindre l'excellence. Ces exemples de réussite féminine dans le département
00:49de la Loire sont représentatifs de la situation dans tous les départements. Leur succès
00:54témoigne de la capacité des femmes à exceller dans tous les domaines et à contribuer activement
00:59à la société.
01:00Je suis Evelyne Guichard, je suis née à Saint-Etienne. J'ai commencé la danse après
01:22avoir découvert la jereux à la télévision en 1968. Du coup, j'ai pu commencer la danse
01:28avec Hélène Stemmler qui donnait des cours à l'Amicale de Beaulieu. Et à partir de
01:32ce moment-là, j'ai continué à faire des stages. J'ai été hyper intéressée par
01:36le côté discipline, le côté rigueur que j'aimais beaucoup. Donc, en fait, Hélène
01:42Stemmler s'est rendue compte que j'avais des capacités pour devenir professionnelle.
01:46Donc, j'ai continué, continué et je me suis consacrée plutôt à l'enseignement.
01:50Donc, au départ, j'hésitais entre kiné et la danse. Et en fait, je me suis dit kiné,
01:55j'aurais que des gens malades, c'est moins drôle. Alors qu'en danse, je vais peut-être
01:59éviter qu'ils soient malades, ça c'est peut-être mieux. Donc, voilà, je suis partie
02:02dans la danse. J'ai ouvert mon école en 1973, je crois. Et là, je me suis mise à
02:09faire des spectacles, à travailler, à partir en stage avec mes élèves à Tonon, à Paris.
02:14C'était que du bonheur, que du bonheur. En 1986, Christophe est né, mon fils. Ça
02:20n'a rien changé de ma vie au départ. Il venait avec moi dans les cours de danse,
02:23dans les stages, je l'emmenais de partout. Tout allait super bien. Et puis, Christophe a eu des
02:28petits soucis de santé, mais je ne savais pas du tout ce qu'il avait. Je ne me rendais pas
02:31compte de la gravité ou pas. En 1981, il y a le film « Tout près des étoiles » qui est sorti.
02:44C'est un documentaire sur l'opéra de Paris. C'est Niels Tavernier qui avait fait ce film.
02:49Evelyne Guichard s'investit dans la programmation de ce film sur Saint-Étienne. Elle rencontre alors
02:54le réalisateur, Niels Tavernier. Nous naîtra un lien affectif qui ne se démentira pas. En 2006,
03:01lorsque Niels Tavernier réalise « Aurore », une fiction où la danse est au cœur de l'intrigue,
03:06il fait appel à Evelyne Guichard pour être responsable des danseurs de l'Opéra de Paris.
03:10Et en fait, je partais de l'Opéra de Paris, on allait sur le tournage, je revenais avec eux,
03:15un rêve. Et puis du coup, après, je suis revenue sur Saint-Étienne, j'ai continué mon école et je
03:20me suis beaucoup investie en même temps sur l'autisme puisque j'ai compris que mon fils était
03:25autiste. Le milieu artistique m'a aidée à faire parler de l'autisme et à apporter de l'argent à
03:30des associations qui sont dans la région. Les bruits l'impressionnaient beaucoup. Comme beaucoup
03:35d'autistes, dès qu'il y avait du bruit, ils mettaient ses mains comme ça parce qu'en fait,
03:38les autistes, ils entendent cinq à sept fois plus que la normale. Je me suis investie dans
03:43Autisme Loi. J'ai fait des spectacles pour pouvoir faire des actions, pour pouvoir faire parler de
03:48l'autisme et pour pouvoir aider des familles qui étaient complètement perdues et démunies par
03:53rapport à ça. Il y avait aussi Chaussy qui était un député qui a fait voter la loi comme quoi
03:58l'autisme n'est pas une maladie, c'est un handicap. Ça veut dire qu'on n'en guérit pas. On peut
04:02éduquer, mais on ne peut pas en guérir. Ça avait été un succès incroyable. Donc en fait, je me suis
04:07beaucoup investie avec l'autisme. Alors c'était rigolo parce qu'en fait, je me suis rendu compte
04:12que dans ces associations d'autistes, en fait, on était envahis d'autistes parce qu'il y a des
04:17parents qui sont autistes, des Asperger, donc des gens brillants, qui sont ingénieurs, qui sont
04:22incroyables, mais qui sont autistes. Donc ils ont quand même des tocs, ils ont quand même des
04:27manières de fonctionner particulières. Donc à un moment, j'ai arrêté. J'avais l'impression d'être
04:32envahie d'autistes. Donc je me suis dit, il faut que je prenne un peu l'air, que je me relâche un peu.
04:36Avec le temps, je vieillis comme tout le monde. Et par contre, je me suis dit, je ne vais plus
04:43pouvoir donner de cours de classique. Donc mon cours est devenu de l'assouplissement. Et aujourd'hui,
04:47je ne donne plus que des cours de pilates. Mais en fait, j'adore enseigner. Je devrais être à la
04:51retraite depuis, je pense, dix ans maintenant. D'abord, si je m'arrête, je vais m'écrouler. Ça ne va
04:56pas le faire du tout. En plus, en vieillissant, je trouve qu'humainement, c'est agréable d'avoir
05:01de l'empathie avec les gens. Et quand on enseigne au niveau corporel, on aide les gens. Je donne plus
05:07de cours le vendredi soir et le samedi. Comme ça, je me consacre à mon fils et à maman que je garde,
05:12parce que je suis dans un autre monde. Je garde maman à la maison. Elle a 95 ans. L'école et
05:18mes élèves, c'est quand même un soupape pour trouver des gens qui n'ont pas trop mal nulle
05:22part et qui sont heureux de venir au cours et d'échanger. Avant toute chose, j'aimerais me
05:36présenter. Je suis Orlan, entre autres, et dans la mesure du possible. Et mon nom s'écrit chaque
05:45lettre en capital, parce que je ne veux pas qu'on me fasse rentrer dans les rangs. Je ne veux pas
05:52qu'on me fasse rentrer dans la ligne. Pour moi, c'est très important, cette écriture en capital,
05:57parce que c'est vraiment se montrer. C'est sortir de l'ombre. Et pour une femme, la plupart du temps,
06:04on nous a demandé la discrétion. On nous a demandé de rester tranquille, etc. Donc là,
06:11effectivement, il s'agit tout à coup de parler haut et fort, que ce soit avec l'écriture ou que
06:18ce soit avec la voix. Être une femme est une calamité, tant sociétale que biologique. J'ai
06:30beaucoup travaillé avec la sculpture, mais aussi avec la sculpture en mouvement, comme on voit
06:36celle-ci ici, qui est un robot, mais qui me ressemble et qui parle avec ma voix et qui est
06:43un générateur de textes et un générateur de mouvements. Et actuellement, beaucoup, beaucoup
06:49d'intelligence artificielle. Tout le monde peut lui poser des questions et elle répond mieux que
06:54moi, parce qu'en plus, elle est multilingue. Et donc, c'est absolument extraordinaire parce qu'elle
07:00est incollable. Elle est bien meilleure que moi. Pour moi, c'était très important aussi de faire
07:05de la robotique et de m'intéresser beaucoup à l'intelligence artificielle. On essaye de nous
07:09faire peur avec l'intelligence artificielle. Ce n'est pas une vraie intelligence comme la nôtre,
07:15mais c'est une intelligence auxiliaire. Et en tant qu'être humain, nous n'avons pas assez de
07:21mémoire. Nous sommes obsolètes. Le problème est les algorithmes. Moi, je n'ai pas peur des
07:28nouvelles technologies. J'ai peur des êtres humains. Ce sont les êtres humains qui construisent
07:34les algorithmes et ces algorithmes peuvent être misogynes, peuvent être racistes. Donc,
07:39il faut être quand même extrêmement prudent. Prudent, mais pas frileux. Non ! À l'heure
07:46actuelle, j'ai beaucoup de chantiers différents, mais j'en ai un qui est très, très important pour
07:50moi, qui s'appelle « Je m'autorise à être toi et je t'autorise à être moi ». Avec cette phrase,
07:58j'essaie de rendre famage au lieu de hommage. J'essaie de m'hybrider à des femmes auxquelles
08:05je rends famage parce qu'elles ont été vraiment fantastiques. Elles ont été des pionnières,
08:12souvent empêchées par le patriarcat. Elles ont défendu les mêmes causes que moi,
08:18mais bien avant moi. Il y a Marie Curie, il y a Simone Veil, il y a Georges Sand et bien,
08:24bien, bien, bien, bien d'autres. Pour arriver à m'émanciper, à faire tout cela, j'ai essayé
08:38effectivement de sortir de tous les formatages parce qu'on est tous pareils. On est fabriqué
08:44par des parents qui, la plupart du temps, ont des références qui sont de 50 ans ou de 100 ans en
08:50arrière et qui nous les inculquent. Je ne dis plus « je suis », mais je dis « je sommes » parce
08:57qu'effectivement, nous sommes fabriqués par tout ce qu'on nous a mis dans la tête, tous ces
09:03formatages, qu'ils soient culturels ou qu'ils viennent de la religion. Alors, il y a des femmes
09:09qui s'en sortent, mais il y en a beaucoup qui n'y arrivent pas parce que c'est tellement intégré.
09:13Dernièrement, j'étais dans une soirée et à 2 heures du matin, je vais chercher mon manteau dans
09:20le dressing et une petite jeune fille, enfin disons entre 20 et 24 ans, mais qui représente tout ce
09:26que je déteste chez les femmes, fait « oh, oh, oh, oh, vous m'avez beaucoup apporté ». Donc, j'ai eu tout de
09:35suite assez de ce qu'elle me disait. Je lui dis « mais qui êtes-vous ? » et vous savez ce qu'elle
09:40me répond « je suis la femme de ce monsieur ». Il n'y a que les femmes pour dire des choses pareilles.
09:46Les hommes ne disent jamais une chose horrible comme celle-ci parce qu'effectivement, c'est
09:51tellement intégré. On les a tellement fabriqués comme cela, comme on fabrique les hommes, les hommes
09:57qui battent, qui harcèlent, qui tuent des femmes. C'est la société qui fabrique ces hommes-là et
10:03ces femmes-là. Donc, je ne laisse jamais passer une chose comme ça. Donc, je me suis mis à hurler.
10:11Tout le monde s'est arrêté et j'ai raconté ce qui venait de m'arriver. Ma plus grande réussite,
10:20c'était de devenir Orlan. Ça a commencé en fait en 1964 et quand on me demande à quel âge je
10:28suis né, je dis en 1964 parce que là, effectivement, j'ai fait une œuvre qui était absolument très
10:35importante et prémonitoire pour tout le restant de mon travail. C'était Orlan accouche d'elle-même,
10:41mais même je l'écris A-I-M-E. Cette œuvre que j'ai faite en 1964 détermine bien sûr beaucoup de
10:50choses dont mes opérations chirurgicales, performances et bien d'autres choses. Je me
10:56suis battu dans ma vie privée, dans ma vie publique, dans ma vie artistique pour que les
11:02choses changent pour les femmes et en fait, on a eu un moment d'espoir et maintenant, c'est
11:10absolument abominable ce qui se passe. Quand vous voyez que l'avortement est interdit aux États-Unis
11:16et dans beaucoup d'autres pays, je me bats pour que les homosexuels, les lesbiennes, les trans aient
11:24leur place parce qu'effectivement, moi j'ai toujours dit je suis un femme et une homme. Tout le monde a
11:31cette part en soi, une part masculine et une part féminine. Je veux vraiment dire à toutes les
11:42femmes de l'ombre, à toutes celles qui se prend pour rien, qui n'ont pas confiance en elles, mais
11:48arrêtez de subir, arrêtez de pleurer, arrêtez d'être des objets, devenez des sujets et surtout,
11:58s'il le faut, ouvrez la bouche haut et fort pour vous faire entendre et morder si nécessaire. Il y a
12:06des généticiennes, il y a des doctoresses, il y a des avocates. Quand je pense qu'il y a encore une
12:13résistance incroyable à ce que le masculin l'emporte dans notre langue, il y a toujours
12:20cette mainmise sur les femmes. Il y a une petite amélioration, ce qui m'a rendu très optimiste,
12:28mais en même temps, quand je vois mon cas de figure, avec tout ce que j'ai fait, tout ce que
12:33j'ai inventé, si j'étais un homme, je me vendrais très très très bien, je serais au top de partout.
12:39Il y a beaucoup de choses qui sont déterminées par les mots qu'on emploie, par le langage. Par
12:45exemple, très très couramment, on dit l'homme. Pourquoi ne pas dire l'humain ? Puisque dans
12:51notre langue, il y a homme, humain, on peut différencier. C'est un automatisme qui fait
12:58qu'effectivement, on va dire homme à la place de humain. Il faudrait que ça change. Toute ma vie,
13:04j'ai cassé les murs entre les générations, entre les sexes, entre les pratiques artistiques. Et à
13:11l'heure actuelle, certaines féministes refusent de lire les livres écrits par les hommes. Là,
13:19je crois que vraiment, on est d'une caricature à une autre caricature, qui vraiment rétablit des
13:27murs entre les gens, qui sont absolument énormes. C'est une parole qui doit se faire entendre,
13:33mais peut-être avec un peu plus de nuances. C'est dommage que ce ne soit pas mon
13:38non-lanoïde qui ait parlé, il aurait dit beaucoup mieux et beaucoup plus.
13:49Je suis née dans une famille nombreuse. Comment j'en suis arrivée à l'athlétisme ? J'ai ma soeur
14:04cadette qui faisait de l'athlétisme, qui était déjà en club au Coquelicot. Elle m'a emmenée au
14:10stade et j'ai commencé comme ça. Et puis, j'ai rencontré mon mari, Michel, au club. On a eu deux
14:16enfants. Et puis, on passait nos vacances d'été en Lozère, où nous avons rencontré des athlètes
14:25qui étaient déjà au niveau national, voire international. C'est comme ça que j'ai commencé
14:30à courir un peu plus sérieusement en m'accrochant à leur basque. C'est Michel qui a été mon seul et
14:36unique entraîneur, qui m'a aidé à progresser sur toutes les distances, puisque j'ai fait du cross,
14:43de la piste et du marathon, qui m'a amenée jusqu'à la médaille de bronze au championnat du monde.
14:53Je suis la première Française médaillée d'un championnat du monde. Ça restera à vie. Pendant
15:02que j'étais en déplacement, c'est Michel qui faisait l'intendance à la maison. Les enfants,
15:08la cuisine, le repassage et la vaisselle.
15:14L'équipe de France, ça représente 12 années de ma vie. J'ai participé aux Jeux olympiques. C'était
15:20en Séoul en 1988. Plus les titres de championne de France sur piste sur 10 000 mètres ou sur
15:27route sur 25 km. Les championnats d'Europe sur le marathon où je termine cinquième. J'ai fait
15:35le marathon de Londres plusieurs fois. Le marathon de New York où je termine quatrième. J'y suis
15:42retournée l'année suivante où j'ai fait troisième et j'y suis allée six fois. La dernière fois en
15:492018. Là, on est parti en famille parce que j'avais dit que je voulais retourner à New York faire le
15:57marathon avec mes enfants. C'est un souvenir magnifique aussi.
16:12Alors, comme je n'étais pas une athlète professionnelle, comme tous ceux qui étaient
16:29avec moi en équipe de France, à côté de ça, j'avais une profession. Je suis rentrée à la
16:34mairie de Saint-Etienne au service sport comme comptable. Ma carrière professionnelle n'a jamais
16:40été toute rose. J'ai eu des reports d'avancement d'échelon du fait de ma carrière sportive. En
16:4897, j'ai voulu passer le professora de sport qui dépend du ministère de jeunesse et sport. Nous
16:55étions une quinzaine de l'athlétisme à le passer. J'ai été la seule à le réussir. Alors, j'ai
17:01demandé à la mairie de Saint-Etienne une disponibilité. On m'a dit que ce n'était pas
17:06possible. J'ai demandé de l'aide à ma Fédé. J'ai eu un refus. Je suis restée deux mois les
17:13allers-retours entre Saint-Etienne et Paris chaque semaine. Et puis, je me suis aperçue que
17:17financièrement, on ne pouvait pas tenir. Je n'ai pas voulu sacrifier mes enfants par rapport à moi.
17:24Si ça avait été un homme, je pense que la situation n'aurait pas été la même. On aurait bien accepté
17:35qu'ils veuillent changer de situation professionnelle. D'ailleurs, il y en a eu qui
17:43étaient de Saint-Etienne et qui ont suivi cette formation derrière moi et qu'on a accepté bien
17:48gentiment. Il y a toujours eu une discrimination des femmes par rapport aux hommes, ne serait-ce
17:53qu'en les compétitions où les hommes avaient trois fois la prime qu'avait une femme, par exemple.
18:05J'ai reçu la médaille de l'Ordre national du mérite en 2002. Et puis, j'ai reçu la Légion d'honneur.
18:19Qu'est-ce que m'a apporté le sport de haut niveau ? C'est un équilibre de vie et de la
18:25stabilité. Je dirais que c'était une façon de vivre. On l'a vécu à quatre, c'est-à-dire avec
18:31mon mari et mes enfants. Donc, la vie était un peu conditionnée par moi.
18:50Danielle Caricartal est née d'une famille de restaurateurs. Ses ancêtres ont ouvert à
18:54Fiermini en 1929 le fameux restaurant Le Pavillon. Elle commence des études de
19:00pharmacienne qu'elle arrête pour se consacrer au restaurant familial.
19:03C'est un restaurant qui a été monté par mon arrière-grand-père, donc dans les années 1900,
19:09repris par ma grand-mère et sa soeur, ma tante, puis ensuite par le frère de ma mère et ma mère,
19:15et en dernier lieu, après le décès de ma mère, par mon frère. Ce restaurant était dans un
19:20bâtiment à Fiermini, en plein centre-ville. Et donc, ce bâtiment de Fiermini était à l'époque
19:25le plus haut bâtiment de Fiermini, par d'ailleurs son petit pavillon qui se trouve sur le toit,
19:31qui existe toujours. Et c'est pour ça que ce bâtiment et ce restaurant se sont appelés
19:35Le Pavillon. Et donc, en collaboration avec son frère, donc Jean-Paul Cartal, qui a été élève de
19:41Paul Bocuse, qui lui aussi a beaucoup développé le restaurant sur la partie cuisine, elle s'est
19:46mise à vouloir conseiller les personnes au niveau de la restauration pour accorder les mets et vins.
19:52Donc, ma mère a été la première femme à faire ce métier en France, puisqu'il n'y avait jamais eu
19:57de sommelière en France. Comme c'était une perfectionniste dans tout ce qu'elle faisait,
20:01elle a gagné le titre de meilleur sommelier de France en 1978. Suite à son titre de 78,
20:08elle a pris bien sûr beaucoup d'ampleur et elle a créé un magasin de vin qui était tenu par mon
20:14épouse, Irène Carré. Ce magasin a perduré jusqu'à, bien sûr, malheureusement, son décès
20:21un peu prématuré. C'est vrai que donc, au niveau du restaurant, bien sûr, beaucoup de clients venaient
20:28pour la cuisine à la base, puisque le restaurant était connu quand même pour ça, pour cette cuisine
20:32très traditionnelle. Mais bien sûr, avec ma mère, le vin commençait à prendre de plus en plus
20:38d'importance et donc les gens venaient aussi pour rencontrer ma mère. Ça donnait vraiment un gros
20:43plus au restaurant. Le restaurant était beaucoup en relation avec Pierre Gagnère à l'époque,
20:47qui prenait aussi beaucoup d'ampleur sur Sainte-Étienne et qui était lui aussi conseillé
20:52pour sa cave par ma maman. Et bien sûr, elle se déplaçait beaucoup chez les propriétaires,
20:57qu'elle sélectionnait, quelquefois qu'elle conseillait un petit peu. Mais surtout, ça lui
21:05permettait de choisir les millésimes ou les coteaux qui lui paraissaient les mieux, les mieux
21:10adaptés. Et donc, elle goûtait bien sûr sur place, mais toujours à la réception, elle goûtait aussi
21:16des vins qu'on lui livrait, parce que ça a pu arriver. Quelques propriétaires un peu indélicats,
21:21quelquefois, essayaient de lui vendre éventuellement pas le vin qu'elle avait sélectionné.
21:34Dans les dernières années de sa vie, elle prépare activement le meilleur sommelier du monde. Quand
21:39elle a passé les éliminatoires français, elle a quand même terminé deuxième des éliminatoires
21:45et celui qui avait gagné à l'époque l'éliminatoire est devenu meilleur sommelier du monde, ce qui donne
21:49une idée du niveau quand même.
22:05C'était quelqu'un de très joyeux, c'est quelqu'un qui aime jouer, qui aime plaisanter. Elle avait beaucoup d'humour.
22:15Violette, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous faisons officier de la Légion d'honneur.
22:23Le 20 avril 1989, Violette Maurice devient officier de la Légion d'honneur. L'occasion de retrouver ses
22:30amis résistants ou déportés lui a rappelé son courageux parcours. Après une enfance heureuse,
22:36à tout juste 20 ans, la guerre entre la France et l'Allemagne éclate. Notre désir de servir fait
22:43qu'avec mes sœurs et des amis, nous nous occupons des réfugiés. Sur ces entrefaites, la guerre s'installe.
22:49Arrive le 18 juin, papa écoutant le général de Gaulle, c'était le 18 juin, et il rentre à la maison et il dit
22:58« Ah, on est un peu plus fiers aujourd'hui ».
23:02Aux alentours de 20 ans, elle est étudiante à Lyon. Je crois qu'elle a découvert la résistance dans le milieu étudiant lyonnais.
23:10Elle n'a que 21 ans lorsqu'elle rentre dans la résistance en 1940. Elle fonde en 1941, avec Claudius Voll et Denise Bonhomme,
23:18le journal et le mouvement 93, en référence à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793.
23:26Ils éditent aussi des tracts et participent à des manifestations. Son père signe les éditeurs du journal sous le nom de Tankred.
23:33Maman a rencontré Jean Moulin. La mission a été de rassembler tous ces mouvements et de les relier entre eux.
23:39Il y avait 93 à Saint-Etienne, mais il y avait d'autres mouvements de résistance sur Lyon.
23:45Je pense que son but, ça a été de faire que ces gens-là se rapprochent.
23:52Mais elle a été arrêtée par la Gestapo et envoyée au fort de Montluc, à Lyon.
23:56Elle a été arrêtée sur une dénonciation, probablement d'un voisin.
24:01La Gestapo avait fouillé la maison. Il y avait des armes.
24:05Les armes étaient cachées sous un arbre, sous un tilleul du jardin. Ils ne les ont pas trouvées.
24:11En fait, ils avaient peu d'éléments, ce qui a permis à maman de s'en tirer relativement bien.
24:31La suite, c'est une seconde arrestation.
24:43On nous a donc embarqués à Montluc, à la prison Montluc.
24:48J'ai été interrogée par Barbie dans la prison.
24:51On m'a interrogée, on m'a menacée, on a tout fait.
24:55Un beau jour, on nous a fait prendre un train bestiaux.
24:59Quand on est arrivés donc à Ravensbrück, avec des mourantes, avec des femmes.
25:06Et à ce moment-là, on nous a fait rentrer dans un affreux camp, toutes ces baraques.
25:12Dans notre bloc, on n'a été qu'avec des femmes françaises et des femmes polonaises,
25:18des jeunes étudiantes sur qui on faisait des expériences, des expériences de la peau, des os, etc.
25:27Et dont la plupart étaient estropiés.
25:29On a essayé de tenir, malgré la faim, malgré le froid extrême, malgré les coups,
25:39malgré la chambre à gaz qui attendait certaines qui avaient.
25:43Il suffisait qu'on ait les jambes un peu abîmées pour qu'on se basait.
25:47Il y avait un camp à proximité où on nous conduisait.
25:50On voyait partir les femmes, on ne les voyait jamais plus.
25:53Et puis il y avait le four crématoire qui dégageait une odeur âcre.
25:58Et quand on faisait l'appel, on sentait tout le temps les corps brûlés.
26:02Au fond, on savait que l'une ou l'autre pouvait disparaître d'un moment à l'autre.
26:07Et ça nous faisait ce rapprochement extraordinaire, si on peut dire.
26:12Mais je crois que l'important, c'est cette amitié, cette solidarité entre femmes.
26:19Et de sentir, par exemple, une main qui vous prenait la vôtre à un moment,
26:23ou de sentir que la mise à côté, elle courait le même risque.
26:27On avait arrivé à la Croix-Rouge canadienne, un jour,
26:31et un bonhomme qui la dirigeait, qui était un guillemant militaire,
26:35on s'est demandé ce qui nous arrivait.
26:37On a cru qu'on allait être, on s'est dit, c'est pas possible qu'on sorte vivante.
26:40Donc je suis là, j'ai de la chance.
26:43Oui et non, parce que c'est un peu triste et ça nous hante un peu,
26:47toutes ces camarades qu'on a laissés.
26:50Durant son séjour dans les camps de concentration,
26:53elle écrit dans un petit carnet relié de toiles de jute des poèmes
26:57évoquant la survie dans cet enfer.
26:59Elle est libérée par la Croix-Rouge le 22 avril 1945.
27:03À la libération, elle ne pesait plus que 33 kg, pour 1,70 m.
27:08À son retour des camps, elle devient conseillère municipale à Saint-Etienne.
27:12Elle s'est engagée dans beaucoup de causes.
27:14Très vite d'ailleurs, l'une d'elles a été la création d'un comité
27:19de protection de l'enfance malheureuse dans la région séphanoise.
27:23À l'époque, il y avait une certaine omerta qui régnait sur les problèmes d'enfants battus,
27:28d'enfants martyrisés.
27:30Elles ont donc fait tout un boulot pour faire réagir les pouvoirs publics.
27:36On avait rassemblé tous les immigrés, essentiellement algériens,
27:40qui arrivaient pour travailler en France, à qui on n'avait pas pu trouver de logement.
27:45On les avait installés sur ce terrain vague de méons,
27:50où ils avaient construit des cabanes en planche, en carton.
27:54C'était des conditions épouvantables.
27:56Il y avait un robinet d'eau pour toute la communauté.
28:00Le comité de l'enfance a acheté des wagons à la SNCF.
28:05On les a réparés. J'ai participé parce que j'avais une dizaine d'années.
28:09On a repeint ces wagons pour permettre à ces gens
28:12d'avoir une habitation un tout petit peu plus décente.
28:19Elle est devenue présidente de la LICRA.
28:22Elle a été visiteuse de prison.
28:25Elle a également milité contre la torture en Algérie.
28:28Une grande partie de sa vie, au moins dix ans,
28:31elle est allée dans les lycées rencontrer des classes
28:37pour leur expliquer ce qu'avaient été la résistance et la déportation.
28:42Toute sa vie, elle a écrit de la poésie.
28:46Elle a écrit d'ailleurs aussi de la prose.
28:50Elle a écrit de très belles choses.
28:59Marcel Schrammink, sa famille est originaire de Saint-Étienne.
29:02C'est quelqu'un qui est exceptionnel,
29:05mais qui est remarquable ou remarqué.
29:08En fin de compte, elle va arriver à une époque
29:12où les filles intéressées par les sciences
29:16pouvaient avoir des enfants.
29:18C'est-à-dire qu'elles n'avaient pas d'enfants.
29:20C'est-à-dire qu'elles n'avaient pas d'enfants.
29:22C'est-à-dire qu'elles n'avaient pas d'enfants.
29:25Les filles intéressées par les sciences
29:28pouvaient soit aller un peu à l'université
29:30ou aller dans des écoles,
29:31si l'école de chimie ou l'école centrale.
29:33Donc Marcel Schrammink, elle,
29:35souhaite en fait se présenter dans une école d'ingénieurs,
29:38une école des mines.
29:43Et en 1916-1917, il y a deux jeunes filles
29:47qui se présentent pour devenir en fait ingénieurs des mines.
29:51Donc là, grande question.
29:53Effectivement, est-ce qu'on peut accepter
29:56des jeunes filles dans l'école des mines ?
29:59Le ministre des ponts et chaussées à l'époque,
30:01puisque l'école dépendait des ponts,
30:03demande en fait au conseil d'administration
30:05de l'école des mines
30:07de considérer la candidature de Marcel Schrammink
30:10et d'une autre jeune fille dont on n'a pas le nom
30:12et en fait qui ne se présentera pas en fin de compte.
30:14Donc il y a discussion au niveau du conseil d'administration.
30:17D'une part, on dit, bon, effectivement,
30:19les jeunes filles, on peut les mettre dans les labos,
30:22en électricité, en chimie, dans la métallurgie, etc.
30:25Mais pas au fond de la mine, pas dans les fonderies
30:28qui sont des milieux d'hommes, des milieux difficiles.
30:30Et là, au niveau du ministère, ils ont dit non, non.
30:33Vous acceptez que cette jeune femme
30:36rentre à l'école des mines de Saint-Étienne.
30:40Et donc Georges Fridel, qui a été le directeur,
30:42a accepté effectivement cette jeune fille.
30:45Alors Marcel Schrammink arrive effectivement
30:47dans un milieu quand même de garçons.
30:48Et le fait qu'elle soit là,
30:50effectivement, c'était aussi dans le folklore
30:53des élèves de l'école des mines.
30:55C'était une particularité quand même.
30:57Elle va être diplômée en décembre 1919.
31:00Donc après ces deux années d'études
31:02comme les autres élèves.
31:04Rapidement, Marcel Schrammink trouve un travail
31:06dans les usines Cullmann,
31:08qui sont des usines en chimie.
31:10Il y avait un antisémitisme fort aussi à cette époque-là.
31:14Marcel Schrammink va vivre effectivement
31:17cet antisémitisme au moment de la Deuxième Guerre mondiale,
31:21où elle va avec son mari au départ
31:25descendre sur Marseille.
31:34Son mari rejoint Londres
31:36et elle va fuir vers l'Espagne,
31:38où elle sera arrêtée par les franquistes,
31:42internée pendant quelques jours avec ses deux enfants.
31:44Et puis après, elle rejoint à Alger la France libre.
31:48Ensuite, elle sera dans les administrations
31:51au niveau du ministère des Affaires étrangères.
31:56Marcel Schrammink est décédé en 1965.
32:01Dans les autres écoles des mines,
32:03il n'y a pas eu de jeune fille admise avant 1969
32:07pour Polytechnique 70-71
32:09sur les mines de Paris et de Saint-Étienne.
32:15C'est l'histoire d'une jeune fille
32:17qui est née en 1358,
32:19Anne Dauphine d'Auvergne,
32:21la fille de Béraud II Dauphin d'Auvergne
32:24et de Jeanne de Forêt.
32:26Sa grand-mère est Jeanne de Bourbon,
32:29comtesse de Forêt.
32:31Une grand-mère dont on dit
32:33qu'elle était une véritable tête politique,
32:36aussi capable qu'un homme
32:38de diriger un comté.
32:41Jeanne de Bourbon, comtesse de Forêt,
32:43va essayer d'arranger un mariage
32:46pour sa petite-fille
32:48avec Louis II de Bourbon
32:50qui est promis prochainement
32:52à régner sur le comté de Forêt.
32:54Lorsque le mariage est célébré en 1371,
32:58Anne Dauphine,
33:00la fille de Béraud II Dauphin d'Auvergne,
33:03devient la première femme
33:05à se marier en France.
33:07Célébrée en 1371,
33:09Anne Dauphine n'est âgée que de 10 ans
33:12et son époux, le duc Louis II de Bourbon,
33:15a 29 ou 30 ans.
33:17Anne Dauphine, dès le lendemain de son mariage,
33:20est emmenée pendant 3 jours de visite
33:23par son époux dans le comté de Forêt.
33:25Elle va apprendre à connaître
33:27la terre de sa grand-mère
33:29et ensuite, Louis II conduit sa femme à Paris
33:33et Anne va faire un très long séjour
33:36à la cour de France.
33:38Les femmes, à l'époque d'Anne Dauphine,
33:40mais depuis très longtemps,
33:42sont conditionnées par deux réalités.
33:44Dans le royaume de France,
33:46qui est de tradition franque,
33:48les femmes ne peuvent pas monter
33:50sur le trône de France.
33:52Une deuxième réalité, c'est la religion
33:54qui place les femmes
33:56dans un statut très particulier.
33:59Si elles doivent être, en effet,
34:01soumises à l'homme,
34:03elles n'en valent pas moins que l'homme.
34:05Le Moyen-Âge reste une époque
34:07réputée pour sa misogynie.
34:09Concernant les femmes,
34:11souvent, elles sont destinées
34:13soit à être épouses,
34:15soit elles sont destinées
34:17à rentrer au couvent
34:19si toutefois, elles ne peuvent pas
34:21ou elles ne veulent pas
34:23contracter de mariage.
34:28Anne a un époux qui va énormément
34:30être absent pendant toute sa vie
34:32puisqu'en tant que beau-frère
34:34du roi de France
34:36et oncle du futur roi Charles VI,
34:38il est en charge
34:40de haute mission diplomatique.
34:42Nous sommes en pleine guerre 200 ans
34:44et c'est une période extrêmement difficile
34:46où les grands du royaume
34:48sont appelés à soutenir
34:50le roi sur les fronts militaires
34:52ouverts par le roi d'Angleterre.
34:54En tout,
34:56Anne Dauphine et Louis II
34:58vont ne se voir qu'un an et demi
35:00en jours cumulés
35:02pendant toute leur existence.
35:04On voit bien qu'Anne Dauphine,
35:06pendant les absences de son époux,
35:08va devoir gouverner
35:10assistée par un conseil.
35:12Le conseil de forêt
35:14est une instance
35:16qu'elle consulte pour prendre
35:18les plus grandes décisions.
35:20En revanche, ce qu'elle ne peut pas
35:22vraiment toucher, ce sont les questions
35:24de défense militaire.
35:26Une femme ne portant pas
35:28l'épée. La guerre et la défense
35:30du duché de Bourbonnet
35:32et du comté de forêt
35:34restent une affaire d'hommes.
35:36Comment peut-elle prendre
35:38les ordres et conseils ?
35:40Les deux époux
35:42communiquent
35:44par l'intermédiaire d'une messagerie.
35:46On peut imaginer des coursiers
35:48à cheval qui apportent
35:50des missives à l'un et à l'autre.
35:54Le contexte de l'époque
35:56reste très difficile.
35:58Il faut imaginer
36:00un dauphine qui gouverne
36:02pendant la guerre de Cent Ans.
36:04Il y a aussi la peste noire
36:06qui sévit avec
36:08récurrence et qui décime
36:10la population.
36:22Un dauphine va pratiquer
36:24une stratégie politique exceptionnelle
36:26pour son temps.
36:28C'est celle de l'abstinence de guerre.
36:30Elle préférera toujours
36:32négocier des trêves
36:34plutôt que de voir les terres
36:36de Bourbonnet et du duché
36:38envahies par les ennemis.
36:50Un dauphine
36:52déce mariage à une tâche
36:54écrasante. Elle sait qu'elle devra
36:56être une épouse parfaite,
36:58qu'elle devra pouvoir
37:00à une bonne éducation de ses enfants
37:02jusqu'à l'âge de 14 ans
37:04avant que ceux-ci soient confiés
37:06à des précepteurs.
37:08À cette époque, il faut se montrer pour
37:10gouverner et se faire
37:12reconnaître. Elle est
37:14très connue pour avoir
37:16très bien administré
37:18son comté. Lorsque
37:20le royaume dauphine décède en 1417,
37:22elle est veuve depuis
37:24déjà sept ans. Le royaume
37:26de France est au bord de la guerre civile.
37:50Je suis vice-championne
38:02olympique de pentathlon moderne.
38:04Le pentathlon moderne, c'est cinq disciplines
38:06les scrims, la natation, l'équitation,
38:08le tir et la course à pied.
38:10J'ai commencé à l'âge
38:12de 15 ans sport-études.
38:14Je suis partie de chez moi de Saint-Étienne
38:16à l'âge de 15 ans avec
38:18comme objectif de réaliser mon rêve
38:20d'être médaille olympique.
38:22Je suis super contente du chemin
38:24parcouru pour y arriver
38:26parce qu'aujourd'hui, je suis la première médaille
38:28olympique en individuel de mon sport.
38:30C'est une grande fierté
38:32pour moi, pour Saint-Étienne
38:34aussi parce que je viens de Saint-Étienne
38:36et j'ai appris le sport aussi à Saint-Étienne.
38:38C'est génial d'avoir
38:40pu avoir ce chemin-là et arriver
38:42jusqu'ici. C'est incroyable. En tant que
38:44femme en plus, sachant que c'est un sport très militaire
38:46de base et les femmes sont
38:48rentrées beaucoup plus tard aux Jeux olympiques,
38:50elles sont rentrées en 2000, je m'entraîne
38:52à peu près entre 25
38:54et 30 heures par semaine, plus
38:56la récupération qui est fondamentale
38:58et c'est mon métier. Je fais aussi partie
39:00de l'armée de champions, l'ancien bataillon de Joinville
39:02donc je suis gendarme, mais
39:04détachée justement pour faire mon sport et c'est ça
39:06qui est génial.
39:16En pentathlon, c'est vrai qu'il faut maîtriser
39:18ces cinq disciplines et aujourd'hui
39:20c'est important d'être fort partout.
39:22Alors aujourd'hui, je dirais que
39:24dans le sport, ça a bien évolué
39:26sur l'égalité homme-femme
39:28mais c'est vrai qu'on est
39:30quand même entouré de beaucoup d'hommes.
39:32Il y a très peu de coachs femmes par exemple.
39:34Je trouve que c'est un peu trop ancré dans
39:36l'égalité hommes-femmes, mais c'est vrai
39:38qu'on est quand même entouré de beaucoup d'hommes.
39:40Il y a très peu de coachs femmes par exemple.
39:42Je trouve que c'est un peu trop ancré
39:44dans notre société.
39:46Moi, j'ai eu à coeur de m'entourer aussi
39:48de femmes. Je fais de l'optimisation
39:50du geste avec une femme,
39:52Armelle Vendéclos, et ma psychologue est une femme aussi.
39:54Je trouve que c'est important.
39:56On est en retard au niveau du sport, mais je pense qu'on a
39:58fait un bon travail là-dessus. D'ailleurs, aux Jeux Olympiques,
40:00il y a autant de femmes que d'hommes. Il y a une vraie égalité
40:02homme-femme, donc c'est ça qui est génial.
40:04L'après, ça serait plutôt dans le milieu artistique,
40:06donc cinéma, théâtre.
40:08J'aimerais beaucoup explorer cette voie-là en tout cas.
40:34Je suis président directeur général
40:36de Thuan, qui est une société
40:38ETI,
40:40ETI industrielle, entreprise
40:42de taille intermédiaire, qui est basée à Saint-Etienne,
40:44et qui maintenant est développée
40:46dans le monde tout entier.
40:48Je suis née à Saint-Etienne, donc je suis une stéphanoise.
40:50J'ai longtemps travaillé pendant
40:5210 ans ou 15 ans auprès
40:54d'enfants, porteurs
40:56de grandes difficultés de langage,
40:58et porteurs de handicaps cognitifs
41:00importants aussi. L'entreprise familiale
41:02m'intéressait.
41:04Donc tout cet intérêt pour l'entreprise,
41:06c'est un intérêt qui a été très précoce
41:08et très parallèle de mon autre
41:10choix, qui était la psychologie.
41:12Puis ensuite, je suis vraiment
41:14rentrée dans l'entreprise, d'abord en tant que
41:16directeur commercial, et nous étions
41:18devenus en France les leaders
41:20de ce métier qui s'appelle maintenant
41:22le métier des dispositifs médicaux.
41:24Mon père a eu un AVC,
41:26j'ai été nommée président très vite
41:28après. Je me suis dit que l'entreprise
41:30était leader sur son marché français,
41:32devait
41:34parcourir d'autres chemins, et ce chemin
41:36c'était forcément l'international.
41:38Voir comment on pouvait s'étendre, se développer,
41:40grandir. Dans ce métier-là,
41:42on a en interlocuteur
41:44beaucoup de médecins, et dans la médecine
41:46il y a beaucoup de femmes, des femmes
41:48à des niveaux de responsabilité. Si on veut
41:50également parler du rôle
41:52des femmes
41:54dans nos métiers,
41:56et qu'on se dit qu'il n'y a pas assez de femmes dans l'industrie,
41:58c'est peut-être parce qu'on est à un moment clé
42:00où les choses
42:02sont en train de changer. Il faut que
42:04les élèves des classes de terminale,
42:06par exemple, soient
42:08clairement avertis,
42:10informés au moment où elles font leur choix
42:12d'orientation professionnelle.
42:14Il faut qu'elles soient averties que l'industrie
42:16est un formidable métier
42:18pour les femmes, et que s'engager dans une
42:20voie d'école d'ingénieur
42:22aujourd'hui pour une femme, c'est fondamental
42:24et c'est très intéressant.
42:26C'est une opportunité formidable.
42:28Moi, quand j'ai fait mes études,
42:30les écoles d'ingénieur n'étaient pas ouvertes aux femmes.
42:32Aujourd'hui, elles sont ouvertes aux femmes.
42:34C'est un lieu d'exercice extrêmement intéressant
42:36pour elles. Je dirais que nous sommes dans le monde entier,
42:38nous avons maintenant des filiales aux Etats-Unis,
42:40nous avons une filiale en Chine,
42:42nous avons une filiale en Australie,
42:44nous avons aussi de très beaux démarrages
42:46en Asie. Ça, c'est une grande satisfaction
42:48de se dire que ce qui se fait à Saint-Étienne
42:50dans la Loire
42:52a une vocation
42:54à aller traiter des patients qui sont
42:56les uns en Indonésie,
42:58les autres au Japon, les autres en Chine
43:00ou les autres en Californie.
43:02Et nous sommes en train d'élaborer des dispositifs médicaux
43:04qui seront digitalisés,
43:06c'est évident, et pour ça, on travaille avec des startups.
43:08Et dans les startups, on voit qu'on a beaucoup de femmes
43:10parce qu'il y a beaucoup de femmes qui ont
43:12l'esprit entrepreneurial et qui entreprennent.
43:14Et toutes les femmes qui en ont envie
43:16ont leur chance en développant des entreprises.
43:18Elle n'est pas là, encore, la parité.
43:20Elle va venir, on y travaille.
43:22À la direction d'entreprise, les chemins
43:24au management et
43:26à l'exercice du leadership
43:28sont divers
43:30et il n'y a pas qu'une seule voie.
43:32Ce que je veux dire par là, c'est
43:34dire à chacune des femmes
43:36qui se sentent concernées par ces chemins-là
43:38qu'elles peuvent le faire même si leur
43:40formation initiale n'a pas été
43:42celle-là. Il y a bien des chemins
43:44pour aller à l'entreprise, il n'y en a pas
43:46qu'un seul. Il y en a un très prestigieux
43:48qui est celui des grandes écoles. Il n'y a pas que celui-là.
43:50Il y a bien des chemins pour aller
43:52à l'entreprise et à la responsabilité
43:54managériale que beaucoup de femmes
43:56sont capables d'assumer
43:58et qu'elles commencent à assumer de façon très efficace.
44:12Je suis montbrisonnaise, je ne suis pas stéphanoise.
44:14Même si j'ai quitté
44:16Montbrison, j'avais 5 ans.
44:18Mais ça reste très important
44:20dans mon cœur.
44:22Moi, je suis
44:24une adolescente un peu
44:26différente
44:28déjà au départ.
44:30Je suis un garçon manqué, je ne suis pas tout à fait
44:32dans le moule. J'ai beaucoup de personnalité,
44:34beaucoup d'énergie.
44:36Je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie.
44:38Mes parents sont commerçants.
44:40Ils ont fait les marchés d'abord.
44:42Je connais tous les marchés de la région.
44:44Je vais sur les marchés, je donne un coup de main
44:46jusqu'à près 20 ans,
44:48un peu plus de 20 ans de marché.
44:50Mes parents achetaient un commerce.
44:52Ils se sont économisés.
44:54Le premier commerce, c'est les chaussures Robin,
44:56qui sont devenues une adresse
44:58au fil du temps,
45:00très vite, et qui a perduré.
45:02Mes deux sœurs
45:04travaillent avec mes parents. On ne leur demande pas trop
45:06ce qu'elles veulent faire.
45:08Moi, on aurait tendance
45:10à faire pareil. On verrait bien
45:12vendre des chaussures.
45:14Au bout d'un an,
45:16on se rend compte que je pleure beaucoup.
45:18Le mot dépression
45:20chez nous n'est pas connu.
45:22Si on va mal, on va couper
45:24du bois ou on va faire le tour du bâté
45:26de maison. Dépression, on ne connaît pas,
45:28mais on voit bien. Je me souviens
45:30de ça. Elle ne va pas bien, la petite,
45:32puisque j'étais la plus petite des trois filles.
45:34Qu'est-ce que tu veux faire ?
45:36J'ai dû lancer. Je voudrais
45:38aller à Paris.
45:40C'est sûr que je voulais quitter la province.
45:42Je me suis dit beaucoup, toi, tu devrais aller à Paris.
45:44Toi, tu devrais aller faire le clown à Paris.
45:46Clown Paris, clown Paris. Au bout d'un moment,
45:48je me suis dit clown Paris.
45:50Je vais à Paris. Je ne connais rien.
45:52Je ne connais personne.
45:54C'est là que ça commence. Après, je reviens à Saint-Étienne
45:56parce que tout ça est difficile. Je rentre au conservatoire.
45:58Je rentre première au conservatoire
46:00de Paris. Je reviens
46:02quand même à Saint-Étienne.
46:04De toute façon, de manière
46:06générale, c'est beaucoup plus
46:08difficile d'être une femme
46:12que d'être un homme
46:14et d'avancer en tant que femme.
46:16Moi, j'ai une particularité,
46:18c'est qu'en plus,
46:20je ne suis pas une femme tout à fait comme les autres.
46:22Je ne sais pas encore à l'époque
46:24que ma vie sera avec une femme
46:26puisque je vais avec des garçons.
46:28Mais je dégage quelque chose qui fait
46:30que ça ne va pas m'aider du tout dans la vie.
46:32Parce que si on a une femme avec les critères
46:34de femme, on peut être
46:36aidé par des hommes
46:38sans le payer trop cher.
46:40Mais quand on a une femme
46:42qui n'a pas ces critères-là du tout, alors là,
46:44on est seul. Ça devient beaucoup plus compliqué.
46:46Est-ce que les choses auraient été
46:48plus vite si j'avais été un homme ?
46:52Oui, certainement.
46:54En fait, ma force a été mon éducation.
46:56Le travail bien fait, le talent
46:58peut-être qui était là. Là, on n'y est pour rien.
47:00Et le travail bien fait, le sérieux
47:02dans le travail.
47:04Je n'ai pas eu de mes parents
47:06l'amour.
47:08Je n'ai pas été battue,
47:10mais je n'ai pas eu l'affection.
47:12Les choses qu'on peut avoir,
47:14on ne se touchait pas. Chez nous, c'était une chose…
47:16Voilà, il n'y avait que le travail, que le travail,
47:18que le travail,
47:20avec les inconvénients que ça a.
47:22Mais aussi, effectivement,
47:24le fait de travailler sérieusement
47:26et que même sur des petites choses,
47:28des petits sketchs qui ne sont pas des grands textes.
47:32Je jure que
47:34j'ai joué ma peau
47:36sur chaque réplique de mes sketchs.
47:38Et je pense que c'est ça qui a fait que
47:40j'allais dire que je suis devenue incontournable.
47:42Non, mais à un moment, oui.
47:44Parce qu'on était d'abord beaucoup moins nombreux.
47:46Aujourd'hui, on est…
47:48Il y a 500
47:50spectacles seuls qui se jouent à Paris
47:52chaque soir, je crois, entre 18h et minuit.
47:54À l'époque, on était 10.
47:56Mais un talent
47:58et
48:00un travail bien fait
48:02et ils mettent tout son cœur.
48:04Donc là, homme-femme,
48:06à un moment, on passe, on traverse.
48:08Concernant, par exemple,
48:10le théâtre de Bouvard,
48:12nous, notre métier, on est terriblement
48:14dans l'indépendance. C'est quelqu'un qui dit oui.
48:16Par exemple, Bouvard,
48:18c'était un peu…
48:20On pourrait dire presque vulgaire.
48:22Antoine Guélimas, il disait « j'achète ».
48:24C'est vrai qu'il achetait puisqu'il en était payé au sketch.
48:26Mais…
48:28Donc c'était un décideur.
48:30Ça lui plaisait.
48:32Ça marchait.
48:34Donc là, de nouveau, on se cogne
48:36à un truc qu'on ne maîtrise pas,
48:38le talent et l'autre chose qu'on maîtrise.
48:40Alors qu'on maîtrise l'écriture.
48:42Moi, j'ai découvert l'écriture.
48:44Je n'avais jamais écrit de ma vie.
48:46Mes premiers sketches, je les ai écrits chez Bouvard.
48:48C'est le talent. Pourquoi je savais faire
48:50et que ma soeur était incapable
48:52de faire ce que je faisais ?
48:54C'est comme ça.
48:56Avec le rire,
48:58on joue dans d'autres types de jeux.
49:00Avec le rire, on voit bien
49:02si on fait plus rire que les autres.
49:04C'est presque la réponse.
49:06Elle est presque sonore.
49:08Quand on fait rire beaucoup,
49:10on passe la ligne
49:12et on avance.
49:14C'est ce qui s'est passé pour moi.
49:16J'ai eu une période où tout me pesait.
49:18Aujourd'hui, je sais que je suis une hypersensible.
49:20Je méfie beaucoup
49:22des informations.
49:24Je me protège.
49:26Je suis faite comme ça.
49:28Si je vois un truc
49:30et que ça me percute le cœur,
49:32je ne vais pas en parler.
49:34Le soir, en voyant des amis,
49:36je vais agir.
49:38Ça m'engage
49:40et ça me prend de ma vie.
49:42Je l'ai fait avec les enfoirés.
49:44Je l'ai fait avec les violences.
49:46Je commence un engagement
49:48avec une association
49:50qui s'occupe d'enfants.
49:52Je suis dans l'acte.
49:54Je suis dans le commentaire du truc.
49:58Maintenant,
50:00je continue à être sensible de la même manière
50:02mais je fais attention à moi.
50:04C'est dramatique mais on a aussi le devoir
50:06de continuer à vivre,
50:08à sourire, à rire.
50:10J'y arrive maintenant
50:12parce que j'étais beaucoup plus sombre
50:14dans ma jeunesse
50:16malgré ce qui se passe,
50:18malgré que
50:20un enfant meurt toutes les 4 secondes
50:22dans le monde,
50:24qu'une femme meurt
50:26sous les coups de son conjoint
50:28tous les 3 jours,
50:30qu'un paysan se suicide tous les 2 jours.
50:32Je suis tout à fait dans le monde.
50:34Je ne suis pas du tout coupé de la réalité
50:36mais si je pense à ça,
50:38je me flingue.
50:40Je pense qu'Anne, mon épouse, me quittera.
50:42Elle aura bien raison.
50:44On a aussi un devoir
50:46d'aller bien
50:48et d'avancer
50:51L'engagement,
50:53la réussite,
50:55la force des femmes
50:57contribuent à l'évolution de la société
50:59vers plus d'égalité et de reconnaissance.
51:01Les femmes aspirent légitimement
51:03à vivre dans un environnement
51:05où l'égalité des sexes est la norme
51:07et non l'exception.
51:09Même s'il y a des avancées,
51:11la lutte pour l'égalité des sexes
51:13ne peut pas se contenter
51:15de réformes législatives isolées.
51:17Elle exige une transformation globale
51:19des mentalités et des comportements.

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