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En salles le 11 décembre 2024.
Transcription
00:00Vingt dieux ! Derrière ce juron un petit peu vieillot, un petit peu rural, se cachent deux passions françaises qui sont le fromage et le cinéma.
00:09Anthony c'est ça ? Toton. Tu sais conduire un camion ? J'ai déjà conduit celui de mon père.
00:14C'est toi le nouveau ? Oui. Y'a un retard, allez grouille ! Faut pas te faire foutre !
00:20Un dieu ! T'es pas doué toi !
00:24T'habites tout seul ? Avec ma soeur.
00:29Vous en pensez quoi vous de celui-là ?
00:33Qu'est-ce qu'il en sait lui ? Il est là pour faire le ménage.
00:35Ta gueule ! Allez casse-toi, c'est bon !
00:37Vingt dieux, c'est le premier long métrage de Louise Courvoisier. C'est un film qu'elle a tourné près de chez elle, dans le Jura, qui est un film vraiment ancré dans son territoire.
00:46Il y a ce côté comme ça presque documentaire et en même temps il y a une vraie fiction très romanesque, d'ampleur, qu'elle a écrite autour du personnage de Toton.
00:55Toton, c'est un jeune garçon qui aime bien finir à poil dans les fêtes, dans les commisses agricoles, boire des canons, etc.
01:02Et puis un jour, patatra, se produit un drame dans sa vie.
01:05Et Toton, 18 ans, il est un petit peu obligé de devenir responsable.
01:08Ça, c'est vraiment la galère.
01:10Plein de gens dans le cinéma français, on les connaît, on leur jette pas la pierre,
01:13auraient réalisé une sorte de drame social un peu rude, caméra à l'épaule, comme ça, sur un quotidien un peu gris de la jeunesse rurale.
01:22Mais pas du tout, Louise Courvoisier, elle fait quoi ?
01:24Elle transforme son personnage en héros, elle lui offre une vraie aventure à base de comté AOP.
01:29Et oui, le comté AOP, le roi des fromages, qui est donc grande production du Jura.
01:34Et donc ce brave Toton, il va essayer de faire le meilleur comté de la région pour remporter le prix au prochain commisse agricole
01:41et surtout gagner les 30 000 euros qui vont avec la récompense.
01:44Toton, le fromage, il n'y connaît rien.
01:46Il va apprendre sur le tas et puis en même temps, il va aussi apprendre les relations avec les femmes.
01:51C'est une espèce de récit initiatique totalement inattendu pour nous, spectateurs citadins qui sommes plutôt habitués au cinéma français.
01:57On va dire deux chambres.
01:59Là, c'est vraiment du cinéma de plein air.
02:01Ça tombe bien, Louise Courvoisier, elle est du coin.
02:03Elle a grandi là et elle sait vraiment magnifier sa région dans des plans sublimes.
02:07C'est presque un paysage de western, le Juras, devant la caméra de Louise Courvoisier.
02:11C'est dû aussi à une façon de filmer quelque chose d'un peu rugueux, dit la réalisatrice.
02:17Ce qui est drôle, c'est qu'elle a reconstitué des décors avec l'aide de sa famille.
02:22Elle travaille en famille.
02:23Sa sœur s'occupe des décors.
02:24Elle a d'autres membres de sa famille qui s'occupent de la musique.
02:26Tout ce monde-là travaille en bande, en meute, comme elle dit.
02:30Mais ça lui permet de filmer quelque chose qui est à la fois réaliste et qui, en même temps, s'éloigne du documentaire par son ambition de cinéma.
02:40Je pense à l'ouverture du film, par exemple, qui suit Toton dans une espèce de fête.
02:47Comme ça, la caméra le talonne et le suit.
02:50On traverse comme ça dans un plan-séquence absolument formidable.
02:54Il y a vraiment de la mise en scène.
02:56Il y a vraiment de l'écriture.
02:57Et il y a ce double apprentissage à la fois d'un métier, d'un métier dont on voit les gestes, dont on voit la précision.
03:05Voilà, il faut faire chauffer le lait.
03:06Point trop, n'en faut.
03:08En même temps, il faut se brûler.
03:09En même temps, il faut choper le bon geste pour le faire à l'ancienne.
03:12Ça, c'est toujours intéressant quand on filme le travail et qu'on le filme bien.
03:15Et puis, il y a cet apprentissage de l'amour.
03:18T'as une sale tête.
03:22C'est pas parce que toi, tu peux pas que moi, je peux pas.
03:25Comment ça ?
03:27Quoi ?
03:28Alors Clément Favaud, qui joue Toton, il est formidable.
03:30À la base, il travaille dans une ferme.
03:32Lui, il se destine, d'après ce que j'ai compris, à l'élevage de poules.
03:36Là, il fait du cinéma.
03:37Il crève l'écran.
03:38C'est un nouveau Antoine Douanel, un peu.
03:40Il veut pas continuer à faire du cinéma.
03:42Hélas pour le cinéma.
03:43Peut-être tant mieux pour l'agriculture.
03:45En tout cas, il est vraiment formidable dans le film.
03:47Et puis, sa partenaire, Maïwenn Barthélémy, c'est pareil.
03:49Une vraie révélation aussi.
03:51Dans un rôle féminin très fort.
03:53Pour dire qu'on est à la campagne, dans un monde très macho.
03:55Et bien, il y a des femmes fortes aussi à la campagne.
03:57Et voilà, il y a cette scène de lit entre les deux qui est vraiment géniale.
04:00Où elle l'initie à une certaine forme de sexualité
04:02qu'il avait peut-être pas trop l'habitude de pratiquer.
04:04La scène est extrêmement gonflée.
04:06Et alors, la cerise sur le gâteau, si j'ose dire,
04:08c'est que le film a beaucoup plu aux producteurs de Comté.
04:11Les vrais producteurs de Comté.
04:13Ce qui fait que le syndicat interprofessionnel du Comté
04:16a décidé d'accompagner la sortie du film
04:18et d'envoyer à toutes les salles de cinéma qui vont projeter le film
04:204 kilos de Comté à partager entre les spectateurs.
04:22Donc, guettez bien les séances de votre film.
04:24Vous aurez droit à une petite dégustation de Comté
04:26après la projection.
04:28Vindieu ! C'est très bien.
04:30Vindieu, ou Vindieu comme on dit chez moi.
04:32C'est très très bien.
04:34Pardon, ta tête.
04:36Faites chier !
04:37C'est mal parti si tu penses comme ça.
04:39C'est dans ta tête, ça.

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