Jean-Sébastien Ferjou : «Les Français savent utiliser les sondages aussi. [...] L'enjeu pour Marine Le Pen, c'est d'arriver à 50+1 voix. Elle a su incarner le mécontentement.»
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00:00C'est encore une autre question que celle de la censure.
00:03Non, mais là, en ce moment, alors là, je ne dirais pas qu'Emmanuel Macron.
00:05Oui, moi, ça me paraît complètement délirant de mettre le Rassemblement
00:08national dans la position du seul parti d'opposition crédible, en quelque sorte,
00:12puisqu'elle fait quand même trois fois plus que les intentions de vote
00:14de Jean-Luc Mélenchon, même si je suis d'accord avec ce que disait M. Ramos.
00:17Il ne s'est pas effondré du tout.
00:19Maintenant, il y a les sondages et puis il y a les élections.
00:22Il y en a eu une élection dimanche dernier, une partielle dans les Ardennes.
00:25Le RN a perdu au deuxième tour.
00:27Donc, vous savez, les Français savent utiliser les sondages aussi.
00:31C'est-à-dire qu'ils ont compris, ils ont compris.
00:34Dans une configuration front républicain qui ne disait pas son nom.
00:37À l'arrivée, peu importe, toutes les élections se jouent avec les mêmes Français.
00:41Ce que je voulais vous dire par là,
00:42c'est que les Français ont aussi compris comment utiliser les sondages.
00:45Mais je suis d'accord avec ce que vous disiez, Judith.
00:46Ça n'était pas un mauvais coup pour elle sur le cœur de son électorat.
00:49Mais je suis aussi d'accord avec ce que disait Richard Ramos,
00:51à savoir que l'enjeu pour Marine Le Pen, c'est d'arriver à 50 plus une voix.
00:56Où peut-elle espérer aller chercher ces voix-là?
00:59Il faut regarder dans l'électorat et regarder dans le détail du sondage,
01:02justement, l'effet produit sur l'électorat de droite libérale conservatrice.
01:06Rien ne dit qu'elle les récupérerait.
01:08Et même, y compris une partie de l'électorat Zemmour,
01:10qui ne voudrait pas voter pour elle.
01:11Elle fermeront dans pas mal de secteurs, chez les ouvriers, notamment.
01:15Non, mais bien sûr.
01:15Mais incontestablement, elle a su incarner le mécontentement.
01:19Maintenant, est-ce que vous passez la barre des 50% avec le mécontentement?
01:22C'est une autre question.
01:23De deux, les Français, encore une fois, savent utiliser les sondages
01:25parce qu'ils ont compris que répondre à un sondage.
01:28Moi, je me souviens de sondage qui donnait Marine Le Pen
01:29aux alentours de 50 avant la dernière présidentielle de 2022.
01:32À l'arrivée, il y avait 5,6 millions de voix d'écart.
01:35Au premier tour?
01:36Non, au deuxième tour, évidemment.
01:37Oui, on a rarement vu des gens élus dès le premier tour,
01:42je pense, depuis 1962.
01:47Mais donc, tout ça pour vous dire, je ne sais plus quoi,
01:49mais c'était très intéressant pourtant.
01:50La différence entre les sondages et les élections.
01:53Oui, c'est que les gens, les Français manipulent les sondages,
01:55c'est ce que vous me dites.
01:55Mais parce qu'ils ont compris que ça produisait un effet politique.
01:58Mais si, parce que si vous vous dites, vous savez quoi?
02:00Vous me faites tellement suer que je suis prêt à voter pour Marine Le Pen.
02:02Ça produit un effet politique tout de suite,
02:04de la même manière que pour l'électorat de gauche,
02:05qui peut-être serait gagné par...
02:09Si on part de ce principe-là, on n'écoute plus un seul sondeur
02:11parce que les Français qui votent...
02:13C'est simplement, on peut faire de la politique en statique,
02:15avec un polaroïd, un instant T ou se projeter dans le temps.
02:17La politique, c'est de la dynamique.
02:18Vous parliez du deuxième tour au Mélenchon-Le Pen.
02:20Moi, je vous dis qu'en 2022, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo,
02:23Marine Tendelier, Fabien Roussel, Éric Zemmour,
02:26ils sont tous perdus 2, 3, 4, 5 points par rapport à leur potentiel naturel
02:29parce qu'il y a eu un vote utile de Français
02:31qui ne voulaient pas de ce deuxième tour Jean-Luc Mélenchon.
02:33Donc, ils se sont soit rabattus directement vers Mélenchon,
02:36soit vers Emmanuel Macron, soit vers Marine Le Pen.
02:39La politique, c'est une dynamique.
02:40Un sondage à trois ans...
02:42En tout cas, la photographie, après le coup de la censure,
02:45donne raison à Marine Le Pen.
02:46Mais bien sûr, mais ça là-dessus, sur l'incarnation du mécontentement
02:50et avec ce que fait Emmanuel Macron,
02:51c'est ce que je vous disais en excluant le RN des consultations.
02:53Mais alors là, il lui donne une carte en or pour incarner l'opposition.