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00:00Europe 1, matin, week-end. 6h-9h, Lénaïque Moignet.
00:06Europe 1, 8h13, c'est l'heure de l'interview actue d'Europe 1, matin, week-end.
00:10Et ce matin, Lénaïque Moignet, vous recevez le député et porte-parole du parti du nouveau Premier ministre, le MoDem, il s'agit de Bruno Fuchs.
00:16Oui, parce que François Bayrou est donc le nouveau Premier ministre, c'est le quatrième en un an.
00:20Alors, est-ce qu'il est un homme providentiel ? Est-ce qu'il peut passer l'hiver, faire voter un budget, le tout, sans être censuré ?
00:26On va poser beaucoup de questions à Bruno Fuchs ce matin. Bonjour !
00:30Bonjour, député MoDem, dont vous êtes également l'un des porte-parole.
00:33On va revenir dans un premier temps, si vous voulez bien, sur cette nomination. Vous devez avoir quelques infos.
00:38Apparemment, les tractations ont été assez âpres à l'Élysée, vendredi.
00:43C'est le scénario qui se joue aujourd'hui, qui se dit aujourd'hui, qui apparaît aujourd'hui, notamment par des révélations ou des recoupements des médias.
00:52Mais moi, j'ai peu d'informations, parce que François Bayrou parle peu et très rarement de ses conversations personnelles avec le président de la République.
00:59En tout cas, oui, il s'est imposé. Je crois que c'est une bonne chose pour le pays, parce que c'est un homme qui est libre, c'est un homme qui est indépendant.
01:07Et donc, on a besoin, effectivement, d'avoir une approche différente.
01:12Pas de majorité à l'Assemblée, pas de majorité dans le pays avec des positions irréconciliables qui ont amené à la censure du gouvernement Barnier.
01:19Donc, il faut une façon différente de voir les choses. Il faut quelqu'un de différent. Et François Bayrou est quelqu'un de différent.
01:26Il n'a pas la même personnalité que les autres.
01:28Ce qui donne, en tout cas, une idée de son caractère.
01:31Bruno Fuchs s'est fait avec un François Bayrou qui a été immédiatement mis dans le bain, parce qu'avant même de devoir former un gouvernement, il doit déjà faire avec une affaire grave à Mayotte.
01:42Il était hier soir en cellule de crise à côté du ministre démissionnaire Bruno Retailleau. C'est compliqué d'entrer tout de suite dans le vif du sujet.
01:50C'est très compliqué. D'abord, je voudrais que l'on ait une pensée vraiment pour toutes les personnes de Mayotte, tous nos concitoyens qui sont dans une souffrance absolument totale.
02:00Et donc, oui, c'est difficile, mais c'est un homme d'État. C'est un des rares hommes politiques qui a une telle expérience en France.
02:09C'est un homme d'État et il l'a démontré hier en présidant immédiatement cette réunion interministérielle.
02:15C'est aussi quelqu'un qui ne pense pas de Paris, qui pense depuis les territoires, depuis la province, depuis les villes, les villages.
02:23C'est pour ça qu'il a pris la direction tout de suite de cette cellule de crise.
02:29C'est quelqu'un qui ne pense pas Paris. Il pense vraiment au niveau le plus faible, le plus fin de notre territoire.
02:36Et je sais qu'il est en phase totale avec nos compatriotes maorais et qu'il fera jouer toute la solidarité nationale dans cette situation absolument dramatique.
02:46Dévastatrice du côté de Mayotte. Alors, il était donc aux côtés de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur démissionnaire.
02:52Appelé, selon vous, Bruno Fuchs, arrêté. C'est l'une des conditions sine qua non pour que François Bayrou passe plus de deux mois à Matignon sous peine de se fâcher avec les LR, avec peut-être même le RN ?
03:02Alors, je pense qu'il faut prendre les choses différemment, mais ça sera peut-être un point d'arrivée.
03:07Je pense que la chute du gouvernement de Michel Barnier vient justement du fait que les partis politiques gauche, PS, écologistes, Parti communiste et la droite LR n'ont pas fait suffisamment de concessions l'un avec l'autre pour trouver des points d'équilibre.
03:25Et la grande difficulté, mais aussi la dextérité de François Bayrou, c'est cette capacité à trouver des points d'équilibre.
03:31Il a toujours été pour la proportionnelle. Pourquoi ? Parce que la proportionnelle, ça empêche le parti qui a gagné d'imposer son programme, uniquement son programme.
03:41Ça permet justement de prendre en compte la position de l'autre, d'autres partis, d'autres convictions.
03:48Je pense que c'est ça qui est en train de jouer. Soit il y arrive, et certainement que le ministre de l'Intérieur actuel sera reconduit, soit il n'y arrive pas.
03:58Je ne pense pas imaginer cette échéance aujourd'hui.
04:01C'est vrai qu'en plus, Bruno Fuchs, il veut un gouvernement assez rapidement, François Bayrou, avant Noël si possible.
04:07Est-ce que vous pensez que c'est faisable, sachant que chacun est en train de redessiner ses propres lignes rouges ?
04:13On l'entend dans la presse, dans les radios, dans les médias.
04:16Oui, je pense que c'est nécessaire d'aller vite avant Noël, pour plein de raisons.
04:21D'abord parce que c'est Noël et qu'on a envie de passer les fêtes avec plus de confiance, un peu plus de sérénité.
04:28Mais il y a aussi deux autres facteurs qui sont d'abord la pression des marchés financiers.
04:33Vous avez en France 3 200 milliards de dettes. Votre avenir ne dépend pas intégralement de vous.
04:40Donc les bailleurs qui ont prêté de l'argent veulent être sûrs que la France a une note suffisante
04:47et est capable de faire les efforts suffisants pour rembourser.
04:54Et donc on a cette pression-là très forte.
04:56Et on a aussi, bien sûr, la pression des partis politiques.
05:00Pas de majorité, trois grands blocs, et il faut que ces blocs...
05:04Je pense que la censure qui a été prononcée contre Michel Barnier et son gouvernement
05:09a fait prendre conscience un certain nombre de ces responsables politiques
05:12qui jouaient quand même dans la censure leur intérêt personnel, leur intérêt partisan.
05:16Ils ont compris qu'en réalité, il fallait répondre aux Français et aux Françaises
05:20et que les attentes étaient fortes et qu'il fallait faire des concessions.
05:22Oui, parce que c'est un peu tout le sujet finalement, Bruno Fuchs.
05:24Il faudrait plutôt une feuille de route avant d'avancer.
05:27Des noms, qu'on ait un projet assez clair sur ce que veut faire François Bayrou.
05:32Lui qui connaît parfaitement la dette en 2007 lorsqu'il était candidat, lorsqu'il fut le troisième homme.
05:37C'était déjà son thème de campagne.
05:40Je pense qu'il a une grande qualité par rapport à d'autres,
05:43c'est qu'il a une vision du monde et il voit long terme.
05:46Le fait qu'il était au plan et pas le hasard, il voit long terme.
05:49Il y a déjà en 2000, vous l'avez dit, il y a eu cette conscience-là
05:54qu'en réalité, l'avenir de la France dépendait de ses dépenses publiques.
05:58Sinon, on gage notre avenir sur les autres
06:03et on crée une dette trop forte pour nos enfants.
06:07La France, c'est la France de nos enfants, surtout.
06:10Deuxièmement, par exemple, depuis 2017, il ne cesse de demander,
06:14et le MoDem le fait, une conférence sociale.
06:16On voit bien que la justice sociale, que la demande de justice fiscale et sociale
06:20est extrêmement grande dans le pays.
06:22Je pense qu'on aura cette conférence avec François Bayrou.
06:26Donc, il est capable de ça.
06:27Moi, je vous parle depuis Mulhouse, qui est tout près de la frontière allemande.
06:32En Allemagne, vous avez des coalitions.
06:35Vous avez des coalitions avec des écologistes, avec des libéraux, avec des socialistes.
06:40Eh bien, ils arrivent à travailler ensemble.
06:42Bien sûr, il y a des points de crispation, comme actuellement,
06:44mais ils ont quasiment tout le temps réussi à travailler ensemble.
06:48Vous avez en Allemagne un écologiste qui est ministre de l'Industrie,
06:51qui va donc voir les contributeurs de carbone au climat.
06:57Et donc, ils sont capables de cet effort-là.
06:59C'est vrai qu'en France, on a aussi une position de responsabilité,
07:02qu'on soit capable de penser aux Françaises et aux Français.
07:05Dans le budget qui n'a pas été voté, il y a beaucoup de mesures qui leur sont défavorables.
07:09Et donc, on a besoin de prendre des responsabilités.
07:11J'espère que les partis républicains arriveront à le faire et le faire assez rapidement, avant Noël.
07:18Est-ce que vous diriez qu'il est le dernier joker d'Emmanuel Macron ?
07:21Si ça ne fonctionne pas avec François Bayrou, le président devrait probablement quitter l'Élysée.
07:27C'est une crainte, ça aussi ?
07:28On a besoin de stabilité ?
07:29Je pense qu'on a besoin de stabilité.
07:31Donc, on a besoin de respecter nos institutions.
07:33Le président a été nommé pour cinq ans, et quel que soit le président,
07:37il pense qu'il faut respecter nos institutions.
07:39Donc, ce n'est pas une éventualité dans laquelle il faut se placer.
07:43Mais c'est vrai que si François Bayrou ne réussissait pas cet effort-là,
07:49ce ne serait pas lui qui serait le seul homme politique pénalisé.
07:54Je pense que les Françaises et les Français, il y a plein d'exemples aujourd'hui
07:58qui montrent que le budget non voté va pénaliser les Français.
08:02Donc, il faut un gouvernement, mais il faut un budget surtout.
08:04Et une fois qu'on aura passé le gouvernement et le budget,
08:07après, je pense qu'une autre période s'ouvrira
08:09dans laquelle on pourra passer des textes et d'autres réformes plus consensuelles.
08:14Je vous remercie Bruno Fuchs d'être venu nous en parler ce matin sur Europe 1, député Modem,
08:19dont vous êtes l'un des porte-paroles et votre patron est donc désormais à Matignon.