A l’occasion de la visite du pape François en Corse, En quête d’esprit propose une émission spéciale en direct d’Ajaccio.
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00:00Bonjour à tous et bienvenue à vous qui nous rejoignez pour cette émission spéciale d'Enquête d'Esprit sur CNews et Europe 1 en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique à l'occasion de la visite historique du pape François en Corse.
00:22C'est son 47e voyage, quelques 9 petites heures sur le sol corse mais une visite intense avec énormément de choses, avec la ferveur et la liesse populaire également.
00:36Nous allons essayer déjà d'en tirer quelques enseignements ici depuis le parc du Casonne où se déroule la messe célébrée par le pape François et nous sommes pour cela en compagnie de Mgr Nicolas Brouvé.
00:51Mgr Nicolas Brouvé, bonjour Mgr, merci d'être avec nous, vous êtes l'évêque de Nîmes et vous avez participé au colloque sur la piété populaire qui se déroulait à l'occasion de la visite justement du pape François ici à Ajaccio.
01:04Vous nous direz quelle est la force de cette piété populaire qu'a salué le pape François pour aussi l'évangélisation, la ré-évangélisation de notre continent, pas seulement de la Corse bien sûr.
01:15Avec nous également Romain Salaska, bonjour, merci d'être avec nous, vous êtes vigneron et apiculteur mais aussi sous-prieur de ce qu'on appelle ici en Corse les confréries, c'est très important justement dans cette piété populaire, vous nous expliquerez.
02:15Bonjour à tous, c'est un honneur d'être ici.
02:32Bonjour en Corse, nous sommes, alors je change de micro, apparemment voilà, peut-être un problème technique, alors peut-être un premier mot sur les premières impressions de ce voyage du pape François qui est véritablement historique puisque effectivement jamais un pape n'était encore venu en Corse en 2000 ans de christianisme et la Corse est une vieille terre chrétienne.
02:55Mgr Brouvé, vos impressions.
02:57Je crois que d'abord il y a une grande fierté des Corses d'accueillir le pape et puis une grande joie, je crois que tout le monde se reconnaît dans la venue de ce pape, considère que c'est vraiment un honneur et je crois que tous les Corses sont là à l'unisson pour accueillir le Saint-Père.
03:15Romain Salaska, c'est une vraie fête populaire aussi à laquelle on assiste.
03:19Je pense aux producteurs, je pense aux artisans, je pense aux commerçants, de la vie détaillère. Vraiment, comme le disait Mgr, la population se sent investie et aussi déjà dans la foi au quotidien à travers nos processions, à travers l'expression de la foi et on en parlera sûrement à ce moment-là, mais je pense que la population est à l'unisson et tout le monde est heureux d'accueillir le pape.
03:47C'est un message bien sûr qui s'adresse pas uniquement à la Corse, père Guillaume Jamin, mais également à tout le continent, mais peut-être aussi au monde entier par le biais des caméras, donc finalement qu'est-ce qui se joue à travers ce voyage selon vous ?
04:01Je crois que notre Saint-Père continue à rejoindre les périphéries. Il a vraiment un message à donner à tous et il vient ici en Corse pour parler non seulement aux Corses, mais aussi aux gens qui sont autour de l'église, sur le seuil.
04:17Christian-André Annie, votre avis avec le recul aussi historique que vous avez sur cette importance et cette portée du voyage du pape François en Corse ?
04:31C'est un voyage historique.
04:33C'est un voyage historique.
04:35D'abord parce qu'on peut réagir, mais sans prendre les anciens référendums de la Corse.
04:40C'est la dignité de la Corse et le sens des voies de l'humanité.
04:45C'est la dignité de la Corse et le sens des voies de l'humanité.
04:48C'est la diversité d'édifices.
04:50C'est la diversité d'édifices.
04:52C'est la diversité d'édifices.
04:54C'est la diversité d'édifices.
04:56C'est la diversité d'édifices.
04:58C'est la diversité d'édifices.
05:00C'est la diversité d'édifices.
05:02C'est la diversité d'édifices.
05:04C'est la diversité d'édifices.
05:06C'est la diversité d'édifices.
05:08C'est la diversité d'édifices.
05:10C'est la diversité d'édifices.
05:12C'est la diversité d'édifices.
05:14C'est la diversité d'édifices.
05:16C'est la diversité d'édifices.
05:18C'est la diversité d'édifices.
05:20C'est la diversité d'édifices.
05:22La diversité d'édifices.
05:24C'est la diversité d'édifices.
05:26C'est la diversité d'édifices.
05:28C'est la diversité d'édifices."
05:30Il y avait évidemment quand les souverains pontifs se déplaçent.
05:34Il y a des polémiques.
05:36Pourquoi je suis en Corse et pas à Paris ?
05:38Quel message voulez-vous délivrer en s'adressant au peuple ?
05:42Quels sont les méthodes politiques pour donner de l'invisiblité
05:44Mgr Brouvé, le Pape veut délivrer en s'adressant justement à cette périphérie dont on parlait.
05:50Oui, écoutez, le Pape est venu pour conclure ce colloque sur la piété populaire.
05:57Ce n'était peut-être pas son intention initiale, mais peu importe,
06:01parce que c'est un thème qui est extrêmement important pour lui.
06:04D'abord de prendre cette piété populaire au sérieux,
06:08ne pas la déconsidérer comme ça a pu être fait un moment dans le passé.
06:13Et puis surtout dire, voilà la foi d'un peuple habité par l'Esprit Saint,
06:17grâce au baptême et à la confirmation,
06:19voilà la foi d'un peuple qui s'exprime à travers les traditions culturelles,
06:24à travers des gestes très simples, des processions, des vêtements, des étendards.
06:29Je crois que le Pape nous dit, attention, ça n'est pas rien.
06:35C'est quelque chose à prendre extrêmement au sérieux.
06:38Et du coup, ça rejoint les périphéristes,
06:41les personnes qui ne sont pas forcément pratiquantes de tous les dimanches,
06:44mais qui se retrouvent dans cette expression de la foi chrétienne.
06:48Alors, il faut préciser, Véronique, que la piété populaire,
06:51ça ne s'adresse pas uniquement, bien sûr, aux gens simples,
06:54mais finalement à tout le monde.
06:56C'est une manière d'être vraiment en contact avec le peuple,
07:00dans toutes ses composantes, et aussi en prise avec le réel d'une certaine manière.
07:05Oui, tout à fait, et on le voit depuis ce matin,
07:08depuis que le Pape a pérégriné au milieu de la foule.
07:12Il donne des chapelets, il bénit des chapelets.
07:15Les gens ont envie de le toucher, et il aime cette foi-là,
07:18il aime cette foi des simples, qui n'est pas froide et qui n'est pas intellectualisée.
07:22Dans son discours au Palais des congrès, il a souligné
07:26que la Corse devait être un modèle en Europe,
07:29parce qu'elle vivait finalement d'une façon très décomplexée,
07:32complètement assumée.
07:34Cet entrelacement, il a employé le joli mot d'entrelacement,
07:37entre justement la foi, mais qui s'exprime dans la sphère publique,
07:42sans contrainte, avec beaucoup de bienveillance.
07:45Et lui, il a vu aussi cette piété populaire.
07:48Il ne faut pas l'oublier, c'est-à-dire qu'il est le premier à donner l'exemple.
07:51Quand il était archevêque de Buenos Aires,
07:53il a vu ces femmes qui priaient avec leurs chapelets,
07:56qui s'accrochaient d'ailleurs à leurs chapelets, disons les choses,
07:59pour sauver leurs enfants, pour prier pour leur mari qui était parti,
08:02qui ne revenait pas, enfin...
08:04Cette pauvreté, cette foi des simples, il l'a vraiment touchée.
08:07Et là, il voit que les Corses l'assument, et l'assument fièrement.
08:11Donc effectivement, elle s'adresse à tous,
08:13et il a insisté ce matin sur le fait que
08:16cette piété populaire était évidemment un vecteur d'évangélisation,
08:19et devait être aussi une dynamique d'évangélisation.
08:22Ça part de là, pour aller peut-être toucher par la suite l'intellect.
08:27Mais même l'enseignement de l'Église doit s'accrocher à cette piété populaire.
08:31Alors on va rentrer dans le détail après,
08:33sur la singularité des confréries Corses, bien entendu.
08:36Mais voilà le message que le Pape a fait passer ce matin,
08:38et pourquoi il est important d'y revenir.
08:40– Merci beaucoup Véronique.
08:41Alors Monseigneur, peut-être une réaction.
08:42Vous avez participé à ce colloque, vous avez prononcé,
08:44sur la piété populaire, vous avez prononcé une conférence très importante.
08:48Quelle est cette force que représente justement cette foi,
08:52je dirais, populaire, simple, qui s'adresse à tout le monde ?
08:56– Alors d'abord, je voudrais faire remarquer la parabole qu'on a eue ce matin,
09:00au baptistère, c'est-à-dire que ce baptistère extrêmement ancien,
09:04il a été retrouvé il y a quelques années, dans un quartier périphérique,
09:08dans un quartier d'immeubles modernes.
09:10On voulait construire autre chose, et puis on a découvert par hasard,
09:13comme si, vous voyez, dans notre monde moderne,
09:18on retrouvait aussi les racines de la foi.
09:20Et le Pape arrive là, dans ce quartier, qui n'est pas un quartier central,
09:24qui est un quartier périphérique, et il reçoit des catechumènes,
09:30donc des adultes qui demandent le baptême.
09:32Il y a un jeune de 14-15 ans qui dit le crédo devant ce baptistère,
09:37et le Pape qui est là, au milieu du peuple,
09:39des gens au balcon, des gens de toutes conditions.
09:42C'est pour ça que j'ai trouvé que c'était presque une parabole
09:45de ce que nous vivons en ce moment,
09:48et que ça illustre cette importance que le Pape donne
09:53au fait que ce qui est premier, c'est vraiment le baptême,
09:56et que le baptême, dans la foi des chrétiens,
09:59nous donne une force incroyable,
10:01parce que c'est tout simplement la grâce de l'Esprit-Saint
10:04qui se déploie dans tout le peuple.
10:06– Est-ce que, d'une certaine manière,
10:08cette image du baptistère est saisissante ?
10:11L'air de rien, si je puis dire,
10:13le Pape n'a pas fait un peu comme Jean-Paul II,
10:15arrivant en France en 1980 au Bourget,
10:18disant « France, fille aînée de l'Église, souviens-toi de ton baptême ».
10:21Est-ce que ce n'est pas un des messages qu'il a voulu dire
10:25en venant ici en Corse, qui n'a jamais oublié son baptême,
10:28mais en le manifestant d'une manière toute simple ?
10:31Finalement, est-ce que ce n'est pas ça, un peu aussi,
10:33le message de ce voyage ?
10:35Romain Salaska ?
10:36– Oui, effectivement, le Saint-Père,
10:38en se rendant sur le baptistère Saint-Jean,
10:40qui est un quartier populaire, comme le disait Monseigneur,
10:43c'est aussi une marque de se rapprocher des plus humbles,
10:49de ceux qui demandent le baptême,
10:51et effectivement, c'est aussi tout un symbole
10:54de voir ce baptistère enterré qui renaît,
10:58et c'est un espoir, je pense, pour l'ensemble des futurs baptisés.
11:02– Alors, le Pape a prononcé un discours très important ce matin,
11:06à l'occasion de ce colloque sur la piété populaire,
11:09où il a vraiment engagé les Corses,
11:12mais à la limite, ils n'ont pas besoin d'être convaincus,
11:14à une saine laïcité.
11:16Et donc, effectivement, on a l'impression quand même
11:18que là, il a voulu délivrer un message à la France,
11:20dans son entièreté, un message qui est
11:23les deux pouvoirs, spirituels, temporels,
11:26ne peuvent pas être opposés, et au contraire,
11:28ils doivent collaborer pour le bien commun.
11:30Père Guillaume Jamin, c'est votre avis ?
11:32– C'est un peu le témoignage que je vis
11:34depuis que je suis arrivé en mission en Corse,
11:36envoyé par ma communauté.
11:38Ici, on s'accorde le public et le religieux
11:41pour vivre quelque chose ensemble.
11:43On n'est pas dans la guéguerre
11:45qu'il peut y avoir sur le continent,
11:47et qu'on peut peut-être revivre des fois
11:49dans notre apostolat.
11:50On est vraiment dans la construction.
11:52Chacun se respecte, et chacun a quelque chose
11:54à apporter à l'autre.
11:56Et ça, c'est déjà un vrai témoignage.
11:58– Mais comment l'expliquer ?
12:00Parce qu'évidemment, on a en tête
12:03cette espèce de séparation,
12:05peut-être même, le Pape a d'ailleurs
12:07dénoncé dans son discours,
12:09le fait que les catholiques ont intégré
12:11le fait que la foi, c'était du domaine privé.
12:13Et de l'autre côté, évidemment,
12:15les pouvoirs publics qui fonctionnent
12:18sans peut-être demander l'aide
12:20sur certains points, ou l'engagement
12:22des chrétiens, est-ce que justement,
12:24il ne faut pas sortir de ces mentalités-là
12:26qu'on a du mal à comprendre
12:28à l'extérieur de la France ?
12:29Romain Salasca et puis Mgr Brouvé.
12:31– Je pense qu'il y a aussi une forme
12:33très importante de respect envers le clergé.
12:35C'est vrai que les Corses, je pense,
12:37dans les villages, dans les quartiers,
12:39le curé, c'était vraiment un personnage important.
12:41On l'appelait Jokora.
12:43On lui donnait un titre, comme à l'instituteur,
12:45comme au maire. C'est vraiment un personnage
12:47central de la communauté.
12:49Et je pense que ce respect a perduré.
12:51Et si aujourd'hui, le pouvoir politique
12:53et le pouvoir religieux
12:55s'entendent et s'accordent, on le voit
12:57aujourd'hui en Corse, quand une compagnie maritime
12:59achète un bateau, l'évêque va
13:01baigner le bateau, et ça ne pose de problème
13:03à personne. Ou un calvaire est érigé
13:05à l'entraide d'un village, et tout le monde
13:07s'accorde à dire que c'est une bonne chose.
13:09Et je pense que ça, c'est vraiment un phénomène
13:11qu'on n'a pas réfléchi,
13:15qui est un héritage,
13:19et j'espère qu'il sera diffusé ailleurs.
13:22Mgr Brouvé, votre regard, vous,
13:24sur cette laïcité à la Corse.
13:26Oui, le pape a demandé que la laïcité
13:28ne soit pas fermée sur elle-même,
13:30mais au contraire, qu'elle soit
13:32en dialogue fécond avec
13:34les aspirations religieuses.
13:36de la population.
13:38Je crois qu'il faut faire une grande différence
13:40entre la laïcité de l'Etat,
13:42c'est-à-dire que, au fond,
13:44l'Etat ne reconnaît pas
13:46un culte particulier,
13:48et la laïcité
13:52de la société, parce que
13:54notre laïcité, c'est une laïcité de l'Etat,
13:56mais la société,
13:58elle n'est pas laïque.
14:00La société, elle est traversée par des courants
14:02de toutes sortes, par des courants
14:04chrétiens, par des courants
14:06musulmans, par des courants de toutes sortes,
14:08y compris des gens qui sont athées.
14:10Ça, c'est la société telle qu'elle est.
14:12Et je crois que le pape dit tout simplement
14:14respecter la société telle qu'elle est
14:16avec tout ce
14:18qu'elle a comme aspiration en elle-même,
14:20et en particulier cette aspiration
14:22à la transcendance.
14:24Et là, la laïcité ne peut pas nier
14:26cette aspiration.
14:28Voilà, je crois que ce qu'il dit
14:30lorsqu'il parle d'une laïcité ouverte,
14:32c'est une laïcité en dialogue
14:34qui comprend que les citoyens
14:36ont une religion et
14:38qu'ils veulent la vivre, pas seulement
14:40dans l'espace privé, pas seulement dans l'espace
14:42intime, mais aussi dans l'espace public.
14:44Et ça, ça s'adresse aussi aux croyants,
14:46c'est-à-dire qu'eux-mêmes doivent sortir
14:48peut-être de cet enfermement mental
14:50de la sphère privée.
14:52Oui, vous avez raison, parce qu'au fur et à mesure,
14:54on intériorise cette sorte de principe
14:56de laïcité qui nous ferme aussi
14:58sur nous-mêmes, au lieu de dire
15:00tout simplement notre passion pour le Christ,
15:02notre passion pour l'Évangile.
15:04Ça, c'est une passion que nous pouvons partager
15:06avec tous. — On va voir comment, parce que, évidemment,
15:08c'est un enjeu très fort.
15:10Véronique Jacquier. — Oui, on ne peut pas comprendre
15:12cette saine laïcité à la Corse
15:14sans évoquer des raisons historiques.
15:16Tout d'abord, au XVIIIe siècle,
15:18la révolution de Corse
15:20qui s'affranchit de la ville de Gênes
15:22et qui place l'île sous la protection
15:24de la Vierge Marie, et donc
15:26qui prend Marie comme reine de l'île
15:28et qui choisit comme hymne national
15:30le chant à la Vierge,
15:32« Dio vis salvi Regina »,
15:34« Que Dieu garde notre reine ».
15:36Donc c'est pas rien. Déjà, ça, ça infuse
15:38dans les mentalités et même dans la sphère publique.
15:40Disons les choses, c'est complètement assumé.
15:42Et puis, il y a aussi le fait
15:44que la Corse est une terre de tolérance,
15:46mais au nom des valeurs évangéliques,
15:48et ça aussi depuis de très nombreuses années,
15:50les Juifs, par exemple,
15:52qui ont été traqués à Livourne au XVIIIe siècle
15:54ont trouvé refuge en Corse.
15:56Idem pour des membres
15:58de la communauté juive
16:00pendant la Seconde Guerre mondiale.
16:02Et puis, il y a aussi des racines
16:04chrétiennes assumées dans le langage corse.
16:06Vous allez me dire, Christian Andréani,
16:08si je me trompe, mais dans le langage populaire,
16:10on emploie beaucoup l'expression « Dieu,
16:12Dieu me garde, si Dieu me prête vie ».
16:14Enfin, voilà, ça fait partie de l'âme corse,
16:16ça aussi. Il est partout, Dieu, finalement.
16:18Oui, là,
16:20on revient sur des notions
16:22qui sont extrêmement importantes en Corse,
16:24elles se font naturellement
16:26parce que, tout simplement, ce fil
16:28de la tradition n'a jamais été interrompu.
16:30Il est au cœur
16:32de tous les Corses.
16:34Ce matin, quand le Saint-Père est arrivé,
16:36nous avons interprété une berceuse
16:38à l'enfant Jésus
16:40qui a été composée par un évêque,
16:42qui a été reprise
16:44et qui est passée du sacré au profane.
16:46Elle a bercé des générations
16:48de Corses
16:50qui n'étaient pas forcément
16:52eux-mêmes croyants.
16:54Mais c'est un évêque qui l'a composée.
16:56Donc, on respecte, comme le disait
16:58tout à l'heure Romain,
17:00on respecte l'Église,
17:02le symbole dans le village.
17:04L'Église est vraiment au centre du village.
17:06Elle est dans le paysage.
17:08Elle anime
17:10ce paysage de Corse
17:12qui est si fort.
17:14Et aujourd'hui,
17:16ce paysage est animé par
17:18des associations de laïcs,
17:20des confréries
17:22qui ont des statuts
17:24approuvés par l'autorité canonique.
17:26Et on voit aujourd'hui
17:28la très grande mixité sociale
17:30dans les confréries de Corse
17:32avec un véritable boom exponentiel.
17:34Quand on se tourne autour de nous,
17:36on voit des jeunes.
17:38On voit des jeunes femmes,
17:40des jeunes hommes.
17:42On a des adolescents qui s'engagent.
17:44On ne les oblige pas.
17:46Il y a un renouveau actuellement
17:48de ressaut, de retour
17:50à des choses que l'on aime partager.
17:52Le partage, c'est quelque chose
17:54d'extrêmement important, je pense.
17:56Et la filiation de la tradition.
17:58Vous en avez parlé hier
18:00lors du colloque.
18:02Les manifestations populaires.
18:04Vous avez parlé de Lourdes.
18:06Vous avez parlé des Saintes-Maries de la mer.
18:08Je rappelle que la Corse, ici,
18:10est une île en Méditerranée.
18:121000 kilomètres de côte.
18:14C'est une montagne,
18:16et c'est une île en Méditerranée.
18:18Nous sommes dans le golfe d'Ajaccio.
18:20Ce golfe qui est ouvert sur le monde
18:22et qui a amené,
18:24ici, une succession
18:26de signes
18:28qui sont dans le cœur
18:30et dans la mémoire des gens.
18:32Et je pense que là, le Très-Saint-Père en a parlé.
18:34Peut-être que là, il y a des ingrédients.
18:36A savoir que, peut-être se départir
18:38de sa culture traditionnelle,
18:40même si on n'est pas forcément croyant.
18:42Peut-être que respecter les lieux de culte,
18:44qu'ils soient de toutes les communautés.
18:46Peut-être les faire vivre,
18:48peut-être les animer
18:50avec des chantiers de jeunes,
18:52avec le fait de marcher sur un itinéraire,
18:54le fait d'échanger,
18:56le fait d'appréhender aussi les différences des autres.
18:58À un moment donné, on va bien partager quelque chose.
19:00Et le patrimoine immatériel des Confréries
19:02le permet.
19:04Aujourd'hui, dans les Confrères, il y a beaucoup
19:06de force.
19:08Et le patrimoine immatériel est important.
19:10La force du chant est là
19:12pour transcendre tout cela.
19:14– On va parler des Confréries,
19:16parce qu'on a ici deux représentants éminents.
19:18Juste avant, est-ce que finalement
19:20ce lien,
19:22cette référence à la tradition
19:24dont vous parlez,
19:26ça n'a pas protégé aussi
19:28la Corse, le peuple corse
19:30et l'âme corse de toutes les idéologies
19:32qui ont traversé,
19:34qui traversent encore.
19:36Je pense au wokisme par exemple,
19:38où tout ce qui serait du passé
19:40serait à jeter aux oubliettes.
19:42Et du coup, permet à la fois
19:44de perdurer vaille que vaille
19:46à travers des temps qui n'ont pas été faciles
19:48dans les dernières décennies.
19:50– Je pense que les choses se font
19:52naturellement pour peu
19:54qu'on ait encore des témoins,
19:56il y en a de nombreux,
19:58qu'ils efforcent d'exemples.
20:00Vous parliez tout à l'heure de l'hymne de la Corse.
20:02La Corse a deux hymnes.
20:04L'hymne national dans les révolutions de Corse.
20:06Je rappelle,
20:08la Corse s'est redonnée,
20:10s'est revouée à la Vierge Marie.
20:12Et l'hymne religieuse.
20:14Donc on a toujours cette dualité
20:16et un respect. Il n'est pas envisageable
20:18aujourd'hui de s'inder, on ne peut pas le faire.
20:20Et même les gens aujourd'hui
20:22qui ont des idées
20:24qui ne sont pas dans la foi chrétienne
20:26en Corse, respectent cela.
20:28Je pense que là,
20:30il y a quelque chose à creuser.
20:32En tout cas, nous nous l'incarnons
20:34au sein des confréries
20:36par la mixité sociale.
20:38La différence d'âge.
20:40Et à un moment donné,
20:42ce sont des choses qui peuvent être
20:44des petites choses,
20:46mais ça existe réellement.
20:48Alors justement, Romain Salaska,
20:50disons un mot de ces confréries,
20:52parce qu'elles sont évidemment très présentes
20:54et très importantes à l'intérieur même
20:56de cette piété populaire ici en Corse.
20:58C'est la moitié, je crois, des confréries
21:00de l'ensemble de la France
21:02qui se trouvent ici sur le territoire corse.
21:04Donc ça veut dire un maillage du territoire.
21:06Mais une confrérie,
21:08pour nos téléspectateurs
21:10qui nous écoutent et qui ne seraient pas
21:12forcément familiers de cette notion,
21:14c'est quoi ? C'est une association
21:16de laïcs qui
21:18oeuvrent dans la société, qui oeuvrent
21:20au service de la paroisse. C'est un pont
21:22entre l'église et la société ? Comment vous les définiriez ?
21:24Une confrérie, c'est une association
21:26de laïcs sous l'autorité de l'évêque.
21:28Et donc au service de l'église.
21:30Au service de l'église à travers
21:32la liturgie, à travers l'organisation
21:34des processions. Mais il y a aussi
21:36tout un aspect social des confrères qui est
21:38important. Christian parlait tout à l'heure
21:40de l'église au milieu du village.
21:42Bien souvent, les confrères représentent un peu toutes les
21:44familles. Il y a des confrères d'hommes,
21:46des confrères mixtes, des confrères de femmes.
21:48Donc toutes les familles sont représentées
21:50sans distinction de statut
21:52social. Et je pense notamment
21:54quand il y a des offices du jeudi saint
21:56ou du vendredi saint, que les confrères
21:58sont voilés. Il n'y a plus de riches,
22:00il n'y a plus de pauvres. Tout le monde est égal devant
22:02la mort du Christ.
22:04Et donc ces confrères ont cet aspect social
22:06de lien de la communauté qui est
22:08important. Elles ont
22:10également un aspect d'entraide
22:12avec les plus pauvres.
22:14Mais je pense qu'aujourd'hui,
22:16cet aspect identitaire,
22:18même si le terme est un peu galvaudé des fois,
22:20c'est-à-dire qu'on va y retrouver
22:22des valeurs qui nous ressemblent.
22:24Christian parlait du chant.
22:26Effectivement, le chant, c'est une
22:28forme d'expression en Corse
22:30très répandue. On chantait pour
22:32beaucoup d'événements,
22:34que ce soit dans la vie paysanne, que ce soit
22:36pour les événements heureux ou douloureux.
22:38Et à l'église, c'était un des piliers
22:40du chant. Et c'est aujourd'hui un des
22:42piliers principaux, principale qui nous
22:44reste du chant traditionnel.
22:46Véronique Jacquet.
22:48Oui, hier, lors du colloque
22:50consacré à la piété populaire,
22:52il a été justement question des confréries
22:54en soulignant évidemment
22:56le rôle religieux, mais aussi
22:58le rôle au sens
23:00partage un petit peu
23:02paysan du terme, c'est-à-dire
23:04le paysan, c'est un état. Et en Corse,
23:06on tient énormément à cet état,
23:08c'est-à-dire de gardien d'un
23:10territoire, mais au sens où j'ai
23:12charge d'âme d'un territoire.
23:14Et j'ai trouvé ça très très beau, parce
23:16que c'est vraiment par essence
23:18la façon même de mêler le spirituel
23:20et quelque chose de très
23:22ancré dans la terre, très terrien.
23:24Vous confirmez, monsieur Andréani ?
23:26Oui, alors moi je voudrais
23:28aussi parler, vous avez tout à l'heure
23:30parlé des périphéries, et vous avez
23:32cité l'exemple du baptistère.
23:34En fait, le baptistère
23:36d'Ajaccio n'était pas la
23:38périphérie,
23:40c'était le centre.
23:42Et la première ville
23:44ligure
23:46s'est faite non loin de là
23:48et appartenait
23:50à l'abbaye San Martino de la Galinara,
23:52au Castel Lombard,
23:54on est au XIIIe siècle.
23:56Donc, bien sûr,
23:58les restes
24:00du passé ressurgissent, mais les
24:02périphéries c'est peut-être aussi,
24:04et je reviens sur
24:06votre intervention d'hier,
24:08le monde rural.
24:10Le renouveau des confréries
24:12en Corse, qui peut être symbolique,
24:14qui peut être appliqué à beaucoup de régions européennes,
24:16travaillant sur un itinéraire du Conseil
24:18de l'Europe, la déprise du rural,
24:20le rural est d'une
24:22richesse au niveau alimentaire,
24:24au niveau de tout ce que l'on
24:26appelle de ses voeux aujourd'hui,
24:28le développement durable,
24:30le circuit court.
24:32On a, en nous,
24:34des richesses. Le problème,
24:36va-t-on continuer à être pauvres
24:38de nos richesses ? Les richesses,
24:40elles sont sur le territoire.
24:42Et les confréries en Corse aujourd'hui,
24:44qui se refondent dans le rural, je pense
24:46à des régions reculées, l'Ognole,
24:48les Pays de Montagne, il y a des dizaines de gens
24:50qui se groupent. C'est un sursaut
24:52extrêmement important. Et dans ces gens,
24:54il y a vraiment un échantillonnage
24:56de la société qui résiste.
24:58On ne résiste pas pour soi,
25:00on résiste pour témoigner.
25:02Parce qu'on a
25:04aussi
25:06le rôle de témoigner
25:08en public,
25:10dans la rue, en chantant,
25:12en faisant des processions.
25:14Quand le jour de la Santa Dunia Hall,
25:16178 confrères cette année
25:18se réussissent pour faire une procession
25:20circulaire, c'est d'une force.
25:22Et il y a des confréries de toute la Corse.
25:24Ça n'existait pas il y a 40 ans.
25:26Les gens se regroupent. On est dans
25:28un sursaut. Alors,
25:30je vais employer un terme
25:32qui peut paraître laïque.
25:34On parle de citoyenneté.
25:36Un sursaut citoyen, mais la citoyenneté
25:38dans un pays comme la Corse,
25:40elle est
25:42complexe.
25:44Les confréries
25:46sont nées dans les sièges des ordres,
25:48des franciscains notamment.
25:50Assistance aux pauvres, on enterrait les morts,
25:52on perd de grandes pestes,
25:54on chelait les morts dans les fosses.
25:56Et puis les confréries
25:58ont gardé un patrimoine
26:00de transmission. On a été
26:02baignés ici aussi par les courants des missionnaires.
26:04On va y venir.
26:06On a gardé que les bonnes choses.
26:08Absolument. Peut-être,
26:10Père Guillaume Jamin, votre regard là-dessus.
26:12Effectivement, on l'a dit
26:14tout à l'heure, vous venez de Marseille.
26:16Il y a des confréries ailleurs qu'en Corse, bien sûr.
26:18On a beaucoup dit, la particularité
26:20ici en Corse, c'est qu'il n'y a pas de rupture
26:22entre la culture,
26:24l'identité, la foi, à travers notamment
26:26les confréries. Comment vous regardez
26:28ce phénomène ?
26:30Quand j'entends dire ce que disent
26:32mes confrères à côté,
26:34je pense que l'apostolat que nous vivons
26:36auprès des jeunes,
26:38il est une chance pour eux. Moi, ce que je
26:40ressens en Corse, c'est qu'il y a encore une très grande culture
26:42familiale. Il y a un grand sens
26:44encore de l'éducation dans les familles.
26:46Les enfants sont au centre
26:48des familles.
26:50C'est l'avenir. Dans
26:52l'œuvre de jeunesse que nous
26:54proposons aux jeunes,
26:56ils peuvent aussi apprendre à avoir des responsabilités
26:58et à se mettre au service
27:00des autres, pour ensuite se mettre au service
27:02des autres dans la société.
27:04Je crois qu'en Corse, c'est
27:06quelque chose de très important.
27:08Les jeunes sont capables de s'engager
27:10et de faire des merveilles.
27:12Monseigneur, aussi en tant que continental,
27:14quel est votre regard sur ce
27:16phénomène des confréries, avec notamment
27:18ce qui a été dit hier au colloque, c'est-à-dire que
27:20il y a toujours eu un mouvement à l'intérieur
27:22de ces confréries où, en tout cas,
27:24elles étaient liées à une volonté de réforme,
27:26de réforme spirituelle,
27:28de réforme de l'Église, plus largement.
27:30C'est ça qui a
27:32expliqué aussi historiquement leur développement.
27:34Oui, hier, ce qui était intéressant,
27:36c'est ce que nous ont expliqué,
27:38en particulier l'ancien vicaire général
27:40de Tolède. Les confréries
27:42sont nées pour enterrer les morts,
27:44les soldats morts auxquels
27:46personne ne donnait de sépulture.
27:48Ça, on est au XIe siècle
27:50et on est à l'époque de la réforme
27:52grégorienne. Et donc, on commence
27:54par ça, par s'occuper des autres.
27:56Et puis ensuite, on s'aperçoit
27:58qu'il faut le faire ensemble,
28:00mais qu'il faut le faire au nom de l'Évangile.
28:02Et du coup, il y a cette espèce de lien
28:04qu'on appelle la piété.
28:06La piété, c'est vraiment,
28:08vous voyez,
28:10une confiance en Dieu,
28:12une réponse
28:14aux appels de Dieu,
28:16à Dieu reconnu comme père,
28:18mais c'est aussi un regard vers le prochain.
28:20Et là, c'est très
28:22marqué dans les confréries.
28:24En Corse,
28:26en Sardaigne, en Sicile, on a eu de beaux témoignages.
28:28Figurez-vous qu'à
28:30Séville, la confrérie
28:32de la Macarena, qui a 15 000
28:34membres,
28:36elle est engagée.
28:38Chaque membre s'engage auprès des
28:40femmes battues,
28:42des toxicomanes, des gens de la rue,
28:44des orphelins.
28:46Il y a vraiment ce caractère
28:48à la fois, disons,
28:50humanitaire
28:52et social de la confrérie
28:54qui, du coup,
28:56je crois, est vraiment aussi
28:58une école de la citoyenneté.
29:00Le pape a parlé en italien,
29:02mais je pense qu'il a
29:04prononcé ce mot tout à l'heure,
29:06de citoyenneté, parce que
29:08il y a du collectif.
29:10On apprend à jouer collectif,
29:12si je puis dire, dans les villages, dans les vallées.
29:14Et ça, je trouve que c'est
29:16quand même un formidable
29:18signe d'espérance.
29:20Très précisément, effectivement, il a souligné
29:22qu'il devait y avoir une coopération
29:24entre les élus et les pasteurs
29:26avec, effectivement,
29:28ces confréries ou cette piété populaire
29:30pour le bien commun
29:32de tous. Et, effectivement,
29:34que les élus devaient reconnaître, aussi,
29:36le travail accompli par les confrères
29:38sur le terrain, au service
29:40de tous. Et ça, je crois qu'effectivement,
29:42c'est un message qui peut aussi être
29:44entendu sur le continent, aujourd'hui,
29:46de reconnaître l'engagement de tous les chrétiens
29:48dans la société, à travers les associations
29:50très nombreuses. Ça, ça me paraît, effectivement,
29:52être un point très important. Véronique Jaquet.
29:54Monseigneur Brevet,
29:56cet évêque de Nîmes,
29:58on constate, là, le regain des confrérés
30:00en Corse. Je pense que
30:02c'est, quand même, aussi lié à la singularité
30:04de l'île. Bien entendu,
30:06à son côté insulaire, qui fait que les gens,
30:08peut-être, se connaissent
30:10mieux, se connaissent plus et ont
30:12plus de plaisir à se retrouver ensemble.
30:14Mais comment transposer ça, justement, sur le continent,
30:16cette dynamique des confrérés dans votre
30:18diocèse ? Est-ce que vous réfléchissez
30:20à la transposer et de quelle façon ?
30:22D'abord, il existe des confrérés
30:24de pénitents, en particulier,
30:26dans le sud de la France, pénitents
30:28gris, pénitents bleus,
30:30un peu de toutes les couleurs, en fonction
30:32de l'histoire de chacune.
30:34Je remarque, quand même, que
30:36ces confrérés de pénitents,
30:38l'évêque de Narbonne-Carcassonne me disait ça aussi
30:40hier chez lui, on a
30:42un besoin de se retrouver en petite
30:44unité, si je puis dire.
30:46Et donc,
30:48disons, de faire
30:50collective, de faire communion,
30:52de se regrouper
30:54autour d'une thématique qui soit
30:56religieuse ou parfois non religieuse,
30:58parce qu'il y a aussi des confrérés
31:00autour de la gastronomie,
31:02enfin, tout ce que vous pouvez
31:04voir d'humain.
31:06Je crois que ça correspond
31:08à une demande à l'heure actuelle.
31:10Alors,
31:12je crois qu'il faut que
31:14la piété populaire
31:16ait toujours une dimension
31:18d'engagement social, d'engagement de charité.
31:20Ne jamais
31:22faire ça simplement pour des processions
31:24ou bien des prières,
31:26mais qu'il y ait toujours ce versant,
31:28vous voyez, d'aller vers l'autre,
31:30ce qui est vraiment constitutif
31:32de la confrérie.
31:34Je pense que dans notre pays,
31:36ça peut prendre d'autres formes,
31:38ça peut très bien ne pas s'appeler confrérie,
31:40mais en tout cas, ce sens de la petite
31:42communauté agissante qui se
31:44retrouve pour
31:46le service du monde,
31:48eh bien, ça a de l'avenir.
31:50Alors, il y a aussi,
31:52effectivement, à travers ce voyage,
31:54une question qui est posée
31:56à la Corse, plus largement,
31:58à la France, c'est comment
32:00faire face à la déchristianisation
32:02à travers cette piété populaire.
32:04Et le pape, là-dessus,
32:06effectivement, a eu des mots également
32:08très clairs en disant que c'est une force
32:10pour réévangéliser
32:12le continent, le territoire corse.
32:14Romain Salaska, comment est-ce que
32:16vous voyez cela ?
32:18En quoi est-ce que c'est une force ?
32:20Et en quoi ça permet peut-être de sortir
32:22de toute une période où on a voulu
32:24cacher les statues, où on a voulu
32:26quelque part gommer
32:28ou avoir un regard un peu condescendant
32:30sur cette piété populaire ? Aujourd'hui,
32:32on la redécouvre, mais qu'est-ce qu'il faut en faire,
32:34finalement ?
32:36Moi, je vois le Saint-Père aujourd'hui
32:38qui, quand il croise un enfant,
32:40le bénit, lui offre un chapelet.
32:42On a pendant longtemps
32:44dit que les petits pains de Sainte-Antoine,
32:46c'est un gris-gris, la branche d'olivier,
32:48des rameaux,
32:50ça ne sert à rien. On voulait une fois
32:52beaucoup plus intellectualiser.
32:54Moi, quand je vois aujourd'hui le Saint-Père
32:56dans les rues distribuer ces petits
32:58objets de piété
33:00que les enfants accueillent comme un cadeau,
33:02je trouve que ça commence
33:04par là. Ça commence par un enfant
33:06quand on se promène sur le
33:08cours Napoléon et qu'on s'arrête à Saint-Roch
33:10allumer une bougie.
33:12Je veux que les enfants soient baignés dans cette culture.
33:14Ce ne sont peut-être pas des enfants
33:16qui iront tous les dimanches à la messe au début,
33:18mais les confrères, c'est pareil.
33:20Les confrères qui aujourd'hui rejoignent une confrérie
33:22ne sont peut-être pas des fervents catholiques,
33:24mais ils viennent peut-être
33:26pour une raison,
33:28parce qu'ils aiment le chant, parce qu'ils
33:30veulent découvrir. Et puis, petit à petit,
33:32chemine, on voit des confrères
33:34qui reçoivent la confirmation qu'ils n'avaient pas reçue
33:36à l'adolescence.
33:38Le cheminement passe aussi par là.
33:40Père Guillaume Jamin, votre regard,
33:42parce qu'on a l'impression qu'un des enjeux
33:44sous-jacents de ce voyage
33:46en Corse,
33:48c'est justement comment
33:50revivifier la foi de l'intérieur,
33:52parce qu'il y a effectivement
33:54la force de ces confrérés, de la piété populaire
33:56en Corse, mais il y a aussi
33:58une déchristianisation,
34:00une assistance dominicale qui,
34:02comme partout, est un petit peu défaillante,
34:04un manque de prêtres. Et donc,
34:06finalement, comment est-ce qu'on peut
34:08relier ces deux phénomènes, à la fois
34:10la force de la piété populaire
34:12et, en même temps, un défi qui est énorme
34:14de ramener les gens
34:16vers la pratique régulière, vers
34:18la conversion personnelle,
34:20et notamment les jeunes, bien sûr, dont vous vous occupez.
34:22Moi, je crois que c'est aussi
34:24la présence que l'Église veut se donner
34:26dans les communautés.
34:28Et s'il y a des pasteurs qui sont présents,
34:30comme notre cardinal, il est présent
34:32beaucoup dans les villages, beaucoup dans les
34:34communautés, et bien,
34:36que les gens se sentent aimés,
34:38il y a un retour qui se fait
34:40et qui va doucement,
34:42mais qui est là,
34:44et on le sent particulièrement chez les jeunes.
34:46Notre cardinal,
34:48il passe dans tous les villages.
34:50Le cardinal Boustillaud.
34:52Il s'intéresse à tous,
34:54et
34:56les gens sont touchés
34:58par ça. Et Romain disait,
35:00en distribuant des petits objets de piété,
35:02on a besoin de signes dans la foi.
35:04Et les gens qui sont
35:06sur la périphérie, sur le seuil,
35:08par ces petits signes,
35:10ils sont appelés à passer
35:12le seuil et peut-être à re-rentrer
35:14dans nos communautés ecclésiales.
35:16Et là, c'est à nous, pasteurs, de pouvoir
35:18les accueillir tels qu'ils sont et vraiment
35:20avoir un regard de bienveillance
35:22sur ce qu'ils sont et ce qu'ils amènent
35:24eux aussi à la communauté.
35:26Ça veut dire, Monseigneur, que le rôle
35:28des pasteurs vis-à-vis de cette piété populaire,
35:30il est très important
35:32pour l'accompagner et lui faire
35:34donner le meilleur d'elle-même, finalement ?
35:36Oui, alors moi, j'insiste
35:38quand même sur le fait que
35:40le propre
35:42de la piété populaire, c'est que justement
35:44l'initiative,
35:46elle vient du peuple, quand même. C'est ce que souligne
35:48le pape François.
35:50Ça vient pas d'un projet pastoral qu'on a
35:52décidé, si je puis dire, dans un bureau,
35:54mais
35:56vraiment de laisser l'Esprit Saint
35:58agir
36:00et de laisser aussi les fidèles s'évangéliser
36:02eux-mêmes. Ça, c'est une grande idée
36:04du pape François
36:06qui vient de la réflexion
36:08des évêques d'Amérique latine.
36:10Vous trouvez un texte
36:12en 2007 à Paris Sida
36:14où les évêques
36:16reviennent
36:18une vingtaine d'années après
36:20sur une certaine méfiance
36:22vis-à-vis de la piété populaire
36:24et au bout de quelques années, ils disent
36:26mais au fond, dans la piété populaire,
36:28c'est important parce qu'il s'y passe quelque chose
36:30alors qu'il échappe au contrôle des pasteurs
36:32qu'on a
36:34à évangéliser toujours, qu'on a
36:36à accompagner, mais qu'on
36:38peut pas contrôler complètement.
36:40Et je trouve que
36:42l'idée est quand même assez intéressante.
36:44Il faut faire confiance aussi à l'Esprit Saint
36:46qui guide le peuple de Dieu
36:48sans qu'on
36:50puisse rien y faire. Un exemple
36:52de cela, c'est par exemple
36:54les baptêmes d'adultes qu'on a
36:56en ce moment, où parfois
36:58vous voyez, on s'aime à droite
37:00et puis ça pousse à gauche.
37:02Et ça, c'est quand même assez rassurant
37:04parce que ça veut dire qu'au fond, quand même...
37:06— Ce n'est pas votre projet, mais c'est celui
37:08de Dieu, finalement. — Exactement.
37:10— La piété populaire, d'ailleurs, on l'entend
37:12derrière nous. Véronique Jaquet.
37:14— Les corses sont très joyeux
37:16et on sent qu'ils sont déjà très heureux
37:18d'être ici. Moi, j'ai une question
37:20pour Christian Andréani au sujet de la piété
37:22populaire. Le pape vous a
37:24cité en exemple ce matin. Exemple
37:26d'une scène laïcité et d'une piété
37:28populaire assumée. Mais
37:30il va y avoir un avant et un après
37:32visite du pape. Et vous pensez que
37:34ça va se jouer sur quel point ?
37:36Puisqu'on dit que l'île n'échappe pas non plus
37:38à la déchristianisation. Donc
37:40sur quoi ça peut se jouer ?
37:42— Alors, d'abord, le message
37:44du Saint-Père est très fort.
37:48Je pense qu'il va falloir digérer
37:50cet événement pour la Corse et pour le monde
37:52parce que c'est vraiment étonnant
37:54tout ce qui se passe aujourd'hui ici.
37:56Hier, la tempête était là.
37:58Aujourd'hui, c'est le soleil.
38:00Les montagnes sont enneigées.
38:02Il y a de la musique, il y a de la joie.
38:04Mais il y a aussi peut-être un moment de réflexion
38:06à avoir. Et moi, je voudrais
38:08revenir sur une notion
38:10importante. La notion du sacré.
38:14La mise à l'honneur du sacré. Faire
38:16revenir dans le quotidien des gens
38:18le sacré. Le sacré, c'est dans
38:20toutes les religions. C'est le respect.
38:22C'est la tolérance.
38:24C'est l'ouverture, c'est le partage.
38:26C'est le dialogue aussi.
38:28Peut-être que
38:30on va
38:32commencer à réfléchir différemment
38:34parce que, de toute façon, on n'a pas le choix.
38:36Parlez de la Corse.
38:38On parle, bien sûr, de la Corse
38:40en son ensemble. La population de la Corse
38:42a doublé en 20 ans.
38:46Il y a des nouveaux
38:48publics. Il y a des nouveaux
38:50enjeux qui ne touchent pas la Corse, qui touchent
38:52le monde. Nous sommes dans le monde.
38:54Et ça, je crois que c'est
38:56extrêmement important. Donc peut-être
38:58à partir de ces journées,
39:00à partir de cette grande fête aujourd'hui,
39:02ce matin,
39:04nous étions très tôt à l'aéroport,
39:06à 5h du matin, il y avait des gens
39:08déjà massés près des
39:10barrières. Et puis le pape distribuait des bonbons
39:12en disant, vous savez, la gourmandise
39:14n'est plus un péché.
39:16Alors...
39:18Première nouvelle.
39:20C'est notre Saint-Père qui l'a dit.
39:22Mais en fait, je pense qu'il faut
39:24être très humain. Revenir
39:26à des choses très simples
39:28et peut-être rappeler aux hommes
39:30que dans leur campagne,
39:32dans leur village, dans leur ville,
39:34leurs parents, leurs grands-parents
39:36ont vécu avec ça pendant des siècles.
39:38Donc à un moment donné, peut-être que
39:40ce que nous essayons d'entretenir en Corse,
39:42avec de la résistance,
39:44c'est de pouvoir résister à un moment donné. Et si la Corse
39:46n'avait pas résisté,
39:48il n'y aurait plus de confrérie aujourd'hui.
39:50Parce qu'elles ont été interdites par le roi de France
39:52en 1782. Elles ont été rétablies au
39:54Second Empire. Et cette résistance,
39:56peut-être que
39:58ça va donner un petit peu de courage
40:00et d'envie aux gens
40:02de tout simplement de s'impliquer.
40:04Parler des confréries,
40:06c'est un engagement.
40:08— Justement, je voudrais rebondir
40:10sur ce que vous disiez. — À servir.
40:12— Sur la question du sacré. Parce que
40:14dans Corse,
40:16matin, je crois que c'était hier matin,
40:18il y avait un de vos confrères, monsieur Adami,
40:20qui disait « Je trouve deux choses intéressantes
40:22à propos des confréries. »
40:24Et pour expliquer aussi que
40:26parfois, malheureusement, les confrères,
40:28ils viennent à la confrérie, mais ils ne vont pas à la messe.
40:30Et il disait « Le problème, c'est que
40:32dans les confréries, il y a de la solennité. »
40:34Alors que malheureusement, parfois,
40:36à la messe, il n'y en a plus vraiment.
40:38Et la deuxième chose, on y parle aussi de choses sérieuses.
40:40Alors que parfois,
40:42malheureusement, encore une fois, les sermons
40:44peuvent être insignifiants à la messe.
40:46Comment vous réagissez à ça, Romain Salaska ?
40:48— Non, je pense que les confréries sont un espace
40:50du dialogue, de la communauté.
40:52Comme je vous disais tout à l'heure,
40:54chaque famille est représentée, chacun a son mot à dire.
40:56Et c'est pas parce qu'on est
40:58prieur, c'est-à-dire le responsable,
41:00qu'on a plus d'autorité que les autres.
41:02C'est vraiment un lieu d'échange.
41:04Et effectivement, la pratique dominicale,
41:06c'est aussi à la confrérie et au prieur,
41:08comme le prêtre dans sa paroisse,
41:10à être un peu la locomotive
41:12et à dire aux autres,
41:14reviens dans le droit chemin.
41:16Tu n'es pas dans une confrérie juste pour défiler
41:18et juste pour être bien habillé.
41:20Tu es là aussi pour être au service de la communauté,
41:22au service de l'Église,
41:24aider le prêtre dans sa vie et au quotidien.
41:26Voilà, c'est tous ces aspects
41:28qui représentent une confrérie.
41:30— Monseigneur,
41:32votre regard aussi sur la piété populaire,
41:34parce que vous m'avez dit pour préparer
41:36cette émission que finalement,
41:38elle avait aidé à sauvegarder les mystères de la foi
41:40qui parfois n'étaient plus présentés aux fidèles.
41:42Je pense notamment à la question
41:44qu'on appelle les fins dernières,
41:46c'est-à-dire effectivement le désir du ciel
41:48ou la notion de sacrifice
41:50et que cette piété populaire,
41:52elle a eu cette vertu-là de tenir
41:54dans les moments pas faciles.
41:56— Oui, il y a un très beau texte du Saint-Siège de 2002
41:58qui explique cela,
42:00c'est un directoire sur la piété populaire
42:02et qui dit justement comment
42:04la piété populaire qui est vécue
42:06par exemple dans les montagnes éloignées,
42:08il n'y a pas de prêtres qui peuvent y venir
42:10ou bien il n'y a plus de prêtres
42:12parce qu'il y a une sorte
42:14de désertification,
42:16la piété populaire, c'est tout simplement
42:18les gens qui gardent la foi chrétienne
42:20avec des signes,
42:22avec des...
42:24des vêtements, des bannières,
42:26des livres, et puis alors
42:28qui, année après année, reprennent
42:30les mêmes traditions
42:32et portent la foi chrétienne.
42:34Moi, par rapport à ce que vous disiez
42:36tout à l'heure de l'évangélisation,
42:38il faut évidemment que l'Église
42:40organise son culte,
42:42il faut qu'évidemment on puisse célébrer les sacrements
42:44et puis qu'il y ait une sorte de régulation.
42:46Mais la piété populaire,
42:48c'est aussi des espaces
42:50où en fait
42:52tout le monde peut arriver, tout le monde peut venir,
42:54il n'y a pas besoin de s'inscrire. — Un peu un sas ?
42:56— Un sas, voilà,
42:58c'est un lieu où on peut être...
43:00on peut s'agréger
43:02sans trop savoir
43:04si on y est ou on n'y est pas.
43:06Je vois à Lourdes, par exemple, vous avez des tas de gens...
43:08— Vous avez été avec de Lourdes ? — Oui, alors
43:10c'est là où on voit des tas de gens qui sont là,
43:12parfois qui ne sont même pas baptisés,
43:14parfois qui ont d'autres religions, mais qui sont là,
43:16qui voient, qui regardent, qui prennent un cierge,
43:18qui font le geste de l'eau. Je pense qu'il faut
43:20qu'on ait ça aussi dans l'Église,
43:22ces lieux ouverts,
43:24ces lieux où chacun peut arriver,
43:26ces lieux aussi où
43:28on peut par exemple trouver un prêtre disponible.
43:30Parce que souvent,
43:32les prêtres, il faut prendre rendez-vous,
43:34on n'est pas si accessible que ça.
43:36Et dans les processions,
43:38il y a le prêtre qui est là. Alors on s'approche,
43:40et puis on parle, et puis finalement on se confesse,
43:42et puis on peut revenir à la foi comme ça.
43:44Moi, j'ai
43:46souvent vu qu'à Lourdes... Pourquoi les gens se confessent
43:48à Lourdes ? Parce que vous avez des gens disponibles
43:50qui rencontrent des prêtres disponibles.
43:52— C'est assez simple, finalement, comme recette. — Voilà,
43:54c'est exactement ça. C'est-à-dire qu'au fond,
43:56on est là, on est ensemble, on marche avec,
43:58et il se passe
44:00quelque chose qui est de l'ordre, justement,
44:02de la grâce, au fond,
44:04de la conduite par le Saint-Esprit
44:06de son Église. Et donc, je crois
44:08qu'il faut qu'il y ait les deux. Je crois qu'il faut
44:10qu'on célèbre la liturgie telle que l'Église
44:12nous la demande, mais qu'on ait
44:14des sanctuaires, qu'on ait des processions,
44:16qu'on ait des marches, qu'on ait des lieux
44:18complètement ouverts, où on va
44:20laisser l'Esprit-Saint faire.
44:22— Véronique Jaquet. — Oui. Depuis
44:24ce matin, on entend parler de tradition,
44:26de procession, de
44:28joie d'être ensemble, à l'ancienne, si j'ose
44:30dire, et à la Corse.
44:32Le peuple corse est connu pour être un peuple
44:34de résistants, qu'il aime résister.
44:36Alors est-ce que là, on n'a pas quand même
44:38le modèle d'une foi,
44:40mais aussi d'une façon de
44:42vivre, qui est
44:44de l'anti-wokisme ?
44:46Vous voyez ce que je veux dire ? Et est-ce
44:48que c'est assumé, d'ailleurs ? On est anti-wok
44:50en Corse et on l'assume. — C'est assez complexé, parce que tout
44:52simplement, c'est encore
44:54naturel. Mais c'est encore naturel,
44:56parce qu'on a résisté. Et
44:58je pense qu'il faut résister dans le monde.
45:00Il faut résister à
45:02la haine de l'autre. Il faut
45:04résister à tout ce qui est
45:06négatif au développement
45:08de l'homme,
45:10où qu'il soit, quel qu'il soit. Ça veut dire
45:12qu'il faut prêter attention
45:14aux faibles, aux malades,
45:16aux pauvres, à ceux qui n'ont
45:18rien. Il faut être attentif
45:20à ce qu'il se passe dans le monde. Et peut-être
45:22interagir. Interagir, tout
45:24simplement, par sa présence.
45:26Et ça, c'est le rôle aussi
45:28que l'on voit dans les confréries.
45:30Des gens s'engagent.
45:32Des jeunes s'engagent. Ils ne sont pas
45:34obligés. Vous savez pourquoi ils s'engagent ?
45:36Parce qu'ils ont des exemples.
45:38Parce que
45:40quand on gravit une montagne
45:42avec une croix de plusieurs kilos,
45:44ce sont des jeunes qui gravissent
45:46une montagne et qui mettent une croix sur une montagne,
45:48on ne les oblige pas.
45:50Ils ne font
45:52que faire des choses
45:54que faisaient leurs anciens,
45:56pas qu'en Corse, partout.
45:58— Pierre-Guillaume Jamin, est-ce que
46:00M. Andréniani parlait de résistance.
46:02Est-ce qu'il ne faut pas
46:04que les fidèles français
46:06continentaux apprennent
46:08de la Corse, à sortir
46:10justement peut-être de cette victimisation
46:12parce qu'ils peuvent avoir l'impression d'être
46:14marginalisés. Parfois, les églises
46:16sont attaquées. C'est une réalité. Ce sont des faits.
46:18Alors qu'ici, la foi
46:20chrétienne est vécue de manière
46:22assumée et sans complexe.
46:24— Moi, je crois que
46:26le thème de la journée, de la visite
46:28papale nous le rappelle. Jésus passait
46:30en faisant le bien. Et ça, chacun
46:32des baptisés, il doit s'en souvenir.
46:34C'est dans notre société,
46:36là où on est, personnellement,
46:38qu'on a à avancer et à
46:40imiter Jésus à faire le bien.
46:42Que ce soit en Corse, que ce soit
46:44sur le continent, il faut que le chrétien
46:46mue par sa foi
46:48témoigne de cet
46:50amour qu'il habite, de ce baptême
46:52qu'il a reçu. On est prêtre,
46:54prophète et roi.
46:56Et cela, on doit en témoigner
46:58tout au long de notre vie. — Mais ça implique
47:00de sortir d'une certaine peur, aussi, parfois,
47:02qui peut exister. — Mais le Christ nous le dit. N'ayez pas peur.
47:04Et saint Jean-Paul II, ça a été
47:06un de sons messages tout au long de son apostolat.
47:08— On a l'impression que c'est un peu
47:10aussi celui du pape François, ici,
47:12en Corse, et donc à travers la Corse,
47:14à toute la France. Je voudrais qu'on s'intéresse, maintenant,
47:16à ce qu'il a dit à la cathédrale,
47:18qui s'adressait, donc, plus particulièrement
47:20aux clergés, mais, évidemment,
47:22dans cette lutte
47:24contre la déchristianisation, bien sûr, le clergé
47:26est aussi en première ligne.
47:28Et il leur a demandé,
47:30finalement... À la fois, il les a encouragés,
47:32en leur disant « Ne vous découragez pas.
47:34Je sais que c'est difficile.
47:36Il y a peu de prêtres, malheureusement, en Corse
47:38et en France, aussi.
47:40La transmission de la foi, aujourd'hui,
47:42c'est extrêmement difficile. Mais ne vous découragez pas. »
47:44Et surtout, il leur a dit
47:46« Mais allez à la chapelle.
47:48Passe par la chapelle. » Voilà ce qu'il disait
47:50en sortant de son texte.
47:52« Passe par la chapelle et une règle de vie,
47:54de prière, la messe,
47:56bien sûr, pour se déprendre
47:58d'un certain activisme,
48:00d'une certaine mondanité, parfois. »
48:02Et donc, un appel, vraiment, à une forme
48:04de radicalité, on peut dire,
48:06dans la vie intérieure, dans la vie chrétienne.
48:08Est-ce que ça, ça vous semble être un message
48:10important pour la Corse
48:12et plus largement, bien sûr, père Guillaume Jamin ?
48:14Pour tous les pasteurs
48:16que nous sommes, le pape nous a
48:18demandé d'être des témoins
48:20de ce sacerdoce que nous
48:22devons vivre. Et le prêtre,
48:24il est là, au milieu de sa communauté,
48:26mais c'est par sa vie
48:28qu'il a, de sa vie spirituelle,
48:30qu'il peut mener son peuple
48:32qui lui est confié à Jésus, à Dieu.
48:34Et en ayant une vie
48:36spirituelle profonde,
48:38vraie,
48:40eh bien, les gens nous regardent
48:42et les gens nous font confiance.
48:44Et ça, c'est très important dans l'identité
48:46du prêtre. Monseigneur
48:48Brouvé, là-dessus, sur ce regard,
48:50cet appel, finalement, à intensifier
48:52la vie intérieure du clergé, de manière
48:54générale, les prêtres, les religieux, les religieuses,
48:56c'est essentiel ?
48:58Oui, alors, je n'étais pas à la cathédrale
49:00parce que j'étais à l'auditorium.
49:02Voilà, je vous ai fait un petit résumé.
49:04Je ne peux pas être aux deux, malheureusement,
49:06mais je suis assez d'accord, évidemment,
49:08parce que la vie d'un pasteur,
49:10c'est la vie d'un service
49:12du baptême. Nous sommes au service
49:14des baptisés. Ce n'est pas le contraire.
49:16C'est-à-dire que nous, nous avons
49:18été choisis, nous avons été
49:20appelés pour que
49:22véritablement les baptisés,
49:24les fidèles, puissent vivre leur baptême
49:26et être encouragés.
49:28Et on ne peut pas le faire, ça, si jamais
49:30on n'a pas une vie enracinée dans l'esprit,
49:32dans la suite du Christ, à la gloire du Père.
49:34Notre vie,
49:36elle est donnée à Jésus.
49:38C'est une vie de disciple. Le premier disciple,
49:40je crois que c'est vraiment le pasteur.
49:42Et c'est à partir du moment où
49:44un pasteur est vraiment
49:46à l'écoute de la parole de Dieu,
49:48qu'il a un cœur ouvert à l'Esprit Saint,
49:50qu'il peut vraiment servir
49:52le peuple de Dieu.
49:54Romain Salaska, votre avis sur, finalement,
49:56le rôle que doivent jouer les prêtres, alors, ici, en Corse,
49:58puisque c'est la situation que vous connaissez,
50:00par rapport à ce défi de la déchristianisation.
50:02Vous nous avez dit, tous les deux,
50:04tous les deux confrères,
50:06que la place du prêtre,
50:08en Corse, est encore très importante.
50:10Elle n'a pas été déboulonnée,
50:12si je peux me permettre.
50:14Non, effectivement, mais après, ça tient aussi à la personnalité.
50:16On voit, aujourd'hui, en Corse,
50:18depuis que Mgr Boustillaud
50:20est arrivé,
50:22il a une facilité de contact
50:24avec les populations.
50:26Christian disait, il a fait le tour des villages de Corse.
50:28Il a été nommé cardinal.
50:30C'est une des premières fois en Corse.
50:32Il a gardé cette simplicité.
50:34On a aussi la vision des princes de l'église,
50:36qui peuvent être un peu hautains,
50:38qu'on a connus par le passé.
50:40On voit, aujourd'hui, notre cardinal,
50:42qui est notre cardinal,
50:44qui est proche de nous,
50:46proche des gens qui se promènent dans la rue,
50:48qui sert des mains, qui va faire son jogging.
50:50Cette proximité,
50:52cette façon
50:54de s'adresser aux autres,
50:56c'est aussi, je pense, aux fidèles,
50:58des fois qui sont un peu éloignés de l'église,
51:00de revenir facilement et de se sentir
51:02pris sous le voile de Marie.
51:04Mgr Brouvet, une réaction ?
51:06Oui, je pense que c'est important
51:08ce que vous dites.
51:10Il est à la fois père, comme évêque,
51:12mais il est aussi frère, par le baptême.
51:14Je pense que le bon pasteur, c'est celui
51:16qui arrive à être les deux à la fois.
51:18Il y a une paternité,
51:20mais c'est toujours une paternité de fils.
51:22Notre paternité, elle renvoie seulement
51:24à la paternité du Père.
51:26Le vrai Père, l'unique Père, c'est le Père des cieux.
51:28Et nous, nous sommes Pères
51:30parce que nous avons été appelés,
51:32mais avant d'être Pères, on est fils.
51:34Il faut qu'on reste fils.
51:36Il faut qu'on se souvienne de notre
51:38filiation baptismale pour être
51:40de vrais Pères, des Pères authentiques.
51:42Et moi, je me réjouis de ce que vous dites
51:44sur Mgr Bustillot,
51:46parce que je trouve ça beau, l'image
51:48que vous décrivez
51:50d'un évêque qui est cardinal et à la fois
51:52qui reste proche de ses fidèles.
51:54Alors, il nous reste à peine 3 minutes,
51:56mais j'aimerais quand même avoir un mot de chacun
51:58sur, justement, ces défis
52:00et cette espérance
52:02parce que ce voyage du Pape en Corse,
52:04c'est aussi un facteur d'espérance
52:06pour tous.
52:08Père Guillaume Jamin, je reviens sur
52:10votre œuvre de Timon David, parce que
52:12le prêtre, là aussi, est au centre
52:14et ça, c'est un facteur
52:16d'espérance pour la jeunesse.
52:18Oui, notre apostolat,
52:20il essaye tout simplement
52:22d'essayer de graver Jésus-Christ dans le cœur
52:24des jeunes. Et en passant
52:26par chez nous, on espère qu'il puisse
52:28garder un petit peu de cet amour
52:30du Christ, cet amour de l'Église.
52:32Notre fondateur, il disait
52:34aux jeunes, soyez
52:36catholiques, sans aucune épithète, comme le
52:38Pape et avec le Pape.
52:40Et on essaye de le faire vivre à nos jeunes
52:42tout au long de leur passage dans
52:44notre œuvre.
52:46Christian Andréani, un mot d'espérance
52:48à propos de cette visite du
52:50Pape en Corse ?
52:52Alors, oui, espérance,
52:54en fait, moi je pense qu'il faut
52:56revenir aussi à des notions, la mission
52:58c'est important, la mission dans la société,
53:00la mission
53:02même laïque, mais en fait, notre mission
53:04à nous, c'est de garder cet esprit
53:06du sacré, de le
53:08transcender, de le partager,
53:10de le faire découvrir.
53:12Nous avons des gens qui reviennent
53:14et qui redécouvrent
53:16quand nous avons un travail
53:18sur les répertoires liturgiques, on travaille
53:20sur des prières,
53:22donc un énorme
53:24chantier et en tout cas
53:26beaucoup de courage,
53:28c'est ce qu'on ressent ici en Corse.
53:30Romain Salaska ?
53:32Oui, je pense que le défi c'est la transmission,
53:34c'est être capable
53:36d'apprendre aux enfants, de leur montrer un chemin
53:38par les confrères,
53:40par les prêtres, par l'environnement,
53:42comment est-ce qu'on peut
53:44vivre sainement
53:46dans une société moderne, en ayant
53:48des valeurs et en respectant les autres.
53:50C'est le message de la Corse, Monseigneur, le mot de la fin ?
53:52Moi, ce que je retiens du
53:54Coloc, c'est comment avec
53:56les Espagnols, les Italiens,
53:58les Corses, les
54:00continentaux que je suis, on peut
54:02s'apporter beaucoup,
54:04on peut tirer les expériences les uns des autres,
54:06on a des richesses à partager
54:08tout autour de la Méditerranée,
54:10de manière plus large.
54:12Le berceau de la civilisation, après tout.
54:14Le berceau de la civilisation, et moi, je m'en réjouis,
54:16parce que c'est toujours extrêmement fécond.
54:18Merci beaucoup à tous les
54:20quatre de nous avoir éclairés sur les
54:22enjeux de cette visite pastorale
54:24du Pape François,
54:26son 47e voyage
54:28hors d'Italie, avec les enjeux
54:30ici sur cette belle
54:32île de beauté et cette terre
54:34de Corse. Véronique, on se
54:36retrouve pour la messe, pour le commentaire
54:38de la messe dans une
54:40heure à peu près, un peu plus.
54:42Merci à vous d'avoir suivi cette
54:44émission. Merci aussi à la réalisation
54:46technique ici
54:48à Ajaccio et à Paris.
54:50Et puis bien sûr, l'info
54:52continue, vous restez à notre écoute.