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Après le passage du cyclone Chido ce samedi 14 décembre, l'heure est au bilan alors que l'aide humanitaire doit arriver sur l'archipel dans les heures à venir via un pont aérien mis en place depuis l'Île de la Réunion.

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Transcription
00:00Avec nous Gaëlle Musquet, météorologue et spécialiste de l'anticipation des catastrophes naturelles.
00:09Merci d'être avec nous Gaëlle.
00:10Anjil Watha, l'envoyé spécial de BFM TV sur l'île de La Réunion où un pont aérien est donc en place depuis hier
00:15pour acheminer des vivres et des secouristes sur l'île de Mayotte.
00:19Un nouvel avion s'apprête à décoller de l'île d'Alea à Réunion.
00:22On va rejoindre Anjil Watha dans un instant.
00:24D'abord, on va regarder cette séquence qu'un habitant de Mamoudzou a tournée pour première édition ce matin.
00:30C'est vrai que dans un premier temps, les images ont eu du mal à nous parvenir en raison de la coupure des télécommunications.
00:34Il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas d'eau potable.
00:36Et les premières images qui nous parviennent montrent un paysage post-apocalyptique.
00:41Regardez cette séquence tournée ce matin dans la capitale Mamoudzou.
00:45C'est le chaos.
00:46Il n'y a rien qui a tenu.
00:49On voit tout décasser autour de nous, les portails qui sont partis, les tentaules qui se sont envolées.
00:56J'ai vu de mes yeux quelqu'un qui a perdu sa jambe au CHM, une toile qui lui a découpé la jambe.
01:02C'est l'apocalypse, le chaos.
01:04Et c'est une vision d'horreur.
01:07Je ne sais pas si vous vous souvenez de la série Walking Dead.
01:10C'est ça, c'est l'impression qu'une bombe atomique a pété.
01:16Rien, rien n'a tenu.
01:17Ça là, c'est l'annexe du lycée, du lycée Younous Abamana.
01:21Le lycée était là.
01:23Le toit, il n'existe plus.
01:25J'ai fait le tour de ces bidonvilles.
01:30J'ai écouté ce qu'ils disaient.
01:31On a des centaines de morts, facile.
01:33Des gens emportés par les eaux, des enfants, des tôles qui ont tué les gens.
01:40Vous savez, les tôles à 300 km heure, c'est un couteau, c'est un couteau lancé.
01:44Donc ceux qui étaient sur le chemin de la tôle, c'est fini.
01:47Voilà, les tôles lancées à 300 km, c'est un couteau lancé.
01:50Gaël Musquet, première question que je voudrais vous poser.
01:52Comment se fait-il qu'en France, en France,
01:55on soit incapable de dresser un début de bilan,
01:5948 heures après le passage du cyclone ?
02:01Écoutez, toutes les réponses sont dans le rapport d'enquête parlementaire
02:05qui a été publié le 27 mai, qui a été dirigé par un député maorais,
02:09Mansour Kamardine, qui explique, sur 473 pages,
02:13vous avez 286 occurrences de maillots,
02:17qui expliquent déjà, en début d'année,
02:20à quel point la situation était déjà dramatique avant.
02:23Vous avez la direction de l'ARS qui prévient qu'en cas de cyclone,
02:26le bilan sera catastrophique, que le système de santé sera dépassé,
02:30que vous avez 1200 soignants qui viennent de l'Hexagone tous les ans
02:34pour tenir à bout de bras le système de santé.
02:36Donc, tout était écrit avant.
02:38Et toutes les réponses sont d'ailleurs dans ce rapport, ce qu'il faut faire.
02:41Aujourd'hui, préserver l'arrivée de l'eau, assurer l'assainissement.
02:45Vous avez toutes les stations d'épuration de maillots qui sont hors d'usage avant le cyclone.
02:50La seule qui fonctionnait, fonctionnait à moitié.
02:53Donc, vous imaginez que même si on donne de l'eau aux gens,
02:56comme vous n'avez pas de système d'assainissement,
02:58vous avez un territoire qui est prêt, malheureusement,
03:01à voir repartir l'épidémie de choléra qui s'est terminée au mois de juillet dernier.
03:04Alors, ce que vous dites en substance, c'est que la France métropolitaine
03:07découvre ou redécouvre à cette occasion que maillots,
03:10un, abritent le plus grand bidonville de France,
03:13et deux, qu'au moins un tiers de la population est clandestine,
03:19et donc à éprouver des réserves avant d'aller peut-être se cacher dans des bâtiments en dur.
03:26Oui, on ne découvre pas. Ce rapport parlementaire, encore une fois, montre…
03:30Quand ils ont découpsé.
03:31…montre, oui, effectivement.
03:32Mais il est public, il a été publié, il y a eu des tables rondes
03:35qui ne faisaient que répéter et synthétiser ce qui est dit depuis plusieurs décennies.
03:40Aujourd'hui, effectivement, cette population en situation inégale
03:44a eu, évidemment, des freins à pouvoir se rendre dans les abris,
03:50mais on relit le rapport, on n'a que 30 000 places pour ces personnes au total,
03:55toute population confondue.
03:56Mais encore une fois, mon appel aujourd'hui, il est au calme.
03:58C'est très important aujourd'hui de ne stigmatiser personne à Maillot.
04:02Le choléra, les maladies, la soif, la faim ne s'arrêteront pas
04:08à ce qui est français ou qui ne l'est pas.
04:09Tout le monde a été touché.
04:11Des députés ont perdu leur maison, des sénateurs ont perdu leur maison,
04:14des infrastructures publiques ont été endommagées.
04:17Donc imaginez des personnes en situation aujourd'hui extrêmement précaires,
04:21bien avant Chido, qui aujourd'hui se retrouvent blessées, voire tuées,
04:27et aujourd'hui face à un mur de la faim et de la soif qui crée des tensions sociales.
04:31Et l'urgence ce matin, c'est d'abord de retrouver des survivants
04:34sous les décombres, s'il y en a.
04:36Angile Ouatta, vous êtes en direct de La Réunion,
04:38un pont aérien est donc établi depuis hier entre l'île de La Réunion et Maillot,
04:421400 kilomètres à vol d'oiseau.
04:44Un avion a pu atterrir hier à Maillot.
04:46Il n'y a que des avions militaires qui peuvent arriver
04:49en raison de l'état de l'aéroport de Maillot.
04:51Angile, ce pont aérien, à quoi ressemble-t-il ?
04:57Il y a cet avion, cet aéronef, le DASH, qui, vous le savez,
05:00est utilisé habituellement dans le cadre des incendies,
05:04qui a été mobilisé avec déjà du fret, avec déjà du personnel.
05:08L'urgence de la situation, on l'a senti en discutant avec la Croix-Rouge,
05:11en discutant avec les pompiers, avec la préfecture.
05:13Également, tous nous disent qu'ils avaient du mal déjà à évaluer les besoins,
05:16à avoir un premier bilan de ce qu'il faut acheminer en urgence.
05:20Ils nous expliquent que les communications étaient extrêmement difficiles
05:23avec les équipes qui étaient déjà prépositionnées
05:25ou qui habitent généralement à Maillot,
05:27que tout cela était compliqué à évaluer.
05:30Ils ont fait partir en urgence de quoi assainir l'eau,
05:33des jerrycans d'eau également, sont prêts dans des entrepôts,
05:37je pense notamment à la Croix-Rouge,
05:39un hôpital de campagne qui peut se déployer extrêmement rapidement,
05:41mais tout cela passe d'abord par la logistique et d'abord par ces avions.
05:45Il y a deux avions de type Casa, il y a l'A400M qui s'est posé hier,
05:49qui est arrivé depuis la métropole, qui s'est posé à La Réunion
05:51et qui devrait partir et entamer ce pont aérien également depuis l'île de La Réunion.
05:56Et ils vont, pendant les prochains jours, les prochaines semaines même peut-être,
06:00faire des allers-retours entre l'île de La Réunion et l'archipel de Maillot.
06:04La porte à côté, l'île de Maillot de La Réunion, c'est 1400 kilomètres.
06:071400 kilomètres à vol d'oiseau, il faut contourner Madagascar pour y arriver.
06:11Et dans ce rapport, je le reprends encore, il incite aujourd'hui,
06:14ses députés le disaient noir sur blanc, il faut favoriser les coopérations régionales.
06:20On est à côté de Madagascar, on est en face de la Tanzanie,
06:22on est en face de l'Afrique du Sud, on est en face du Mozambique.
06:25Ces pays ont déjà par le passé, avant Chido, pendant la crise de l'eau,
06:30Madagascar a proposé d'envoyer de l'eau à Maillot.
06:33Il faut qu'on apprenne à inscrire aussi nos territoires d'outre-mer.
06:36Parce que la coopération avec Madagascar…
06:37Non, on n'a pas de coopération aujourd'hui opérationnelle.
06:40Le rapport le rappelle, on a besoin de bases avancées dans ces pays
06:45qu'on va peut-être aider, nous aussi, mais en aidant ces pays,
06:48nous nous aidons sur nos compatriotes à Maillot.
06:50Difficulté d'avoir un bilan définitif en raison du rite de la tradition musulmane
06:54très ancrée qui veut que les défunts soient enterrés dans les 24 heures.
06:57Ça aussi, ça peut être une potentielle autre difficulté pour avoir un bilan précis ?
07:02Ça va être une difficulté.
07:03Après, je vais être très prudent sur cette chose-là,
07:06parce qu'il faut imaginer que pour enterrer les morts, il faut avoir des PL,
07:09il faut avoir de quoi les enterrer.
07:11Il faut trouver les morts.
07:12Et des emplacements, d'accord ?
07:13Donc, on va rester prudent.
07:14Ces bidonvilles ne sont pas accessibles aujourd'hui pour des raisons logistiques.
07:18Les barges sont inopérantes.
07:20Vous savez que l'avion qui vient d'arriver, il est arrivé sur Petite-Terre.
07:23Petite-Terre et la Grande-Terre sont reliées par des barges
07:26qui aujourd'hui ont un trafic annuel de 5 millions de passagers,
07:30plus d'un million de véhicules.
07:32Donc, vous imaginez que le défi logistique qui est devant nous,
07:36il va être sur les ponts aériens qui sont nécessaires,
07:38mais qui ne seront pas suffisants,
07:40d'avoir des moyens maritimes suffisants pour avoir des engins
07:43qui vont pouvoir ouvrir la voie et pouvoir effectivement constater
07:47le sort de ces populations et leur porter l'aide au plus près,
07:51puisque évidemment, en plus des dégâts,
07:54ces bidonvilles n'étaient pas non plus accessibles facilement par la route.
07:57Ce sont des habitations qui sont sur des zones très escarpées.
08:01Gaël, vous voulez bien nous dire un mot du système de santé
08:03qui était déjà très précaire ?
08:05On a des informations ?
08:06Bien sûr, on a un turnover, c'est le rapport encore qui le dit,
08:09tellement important qu'on n'arrive même pas à former des gens sur place
08:13pour être capable d'absorber des victimes en grand nombre.
08:17Là, on a de la traumatologie.
08:19On a, dans le témoignage tout à l'heure, des personnes qui ont des plaies
08:22qui sont extrêmement sévères.
08:24On va avoir toutes les difficultés, déjà, à avoir la ressource médicale sur place
08:29capable de faire ces soins de premier secours et de faire les premiers tris.
08:33Imaginez ce que ça représente aujourd'hui,
08:37en plus des problèmes d'accès à l'eau,
08:39en plus des problèmes d'accès à la nourriture.
08:42Moi, ce que j'invite les Mahorais qui nous entendent
08:43et qui sont encore en capacité d'avoir un peu d'énergie
08:47pour les télécommunications et tout, c'est de se rassembler,
08:50d'être aujourd'hui en attendant le bateau
08:53qui va arriver en fin de semaine.
08:55En fin de semaine, économiser l'eau au maximum,
08:59économiser la nourriture, soyez solidaires.
09:02Et je connais ce peuple, je connais ces Mahorais,
09:06je connais leur solidarité, je connais leur résilience,
09:08mais là, on est face à une situation vraiment exceptionnellement gravissime.
09:14Et ce n'est que la solidarité, dans un premier temps,
09:17qui va permettre de faire face à tout ça.
09:19Alors, justement, sachez que BFM TV se joint ce matin
09:22à l'appel aux dons lancé à l'instant par la Fondation de France.
09:26Il n'y a pas de petit don pour aider Mayotte ce matin.
09:30Vous pouvez le faire à l'adresse qui s'affiche sur votre écran.
09:33don.fondationdefrance.org
09:37slash solidarité-mayotte
09:40On relayera évidemment cette adresse sur tous nos sites internet
09:42et toutes nos applications pour aider les Mahorais et les Mahoraises
09:47qui se trouvent ce matin dans le plus grand dénuement.
09:50Merci Gaël et on remercie également
09:52Angeloita et Valentin Révolier depuis l'Île-de-la-Réunion.

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