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Jacques Pessis reçoit Philippe Chevalier. Son duo avec Régis Laspalès est devenu culte. Il poursuit seul sa carrière entre cinéma, télé, expositions de photos et théâtre.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-12-16##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:04Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:07Vos études auraient pu vous conduire à devenir criminologue.
00:10Vous avez réalisé juste à temps que le crime ne paye pas.
00:13Vous avez ainsi gagné à être connu, voire reconnu,
00:16avec des dialogues et des mots qui n'ont jamais été assassins.
00:20Bonjour Philippe Chevalier.
00:21Bonjour Jacques Pessis.
00:23Alors, vous êtes au théâtre actuellement, on va en parler tout à l'heure,
00:25avec une pièce fantaisiste, avec Bernard Mabille.
00:30Pour l'instant, on va évoquer votre parcours,
00:32puisque le principe des clés d'une vie, vous le savez,
00:34vous êtes venus tous au début,
00:36c'est d'évoquer votre parcours à la ville comme à la scène.
00:39Alors, j'ai trouvé des dates,
00:40et la première date que j'ai trouvée,
00:42alors je ne sais pas si ça va vous dire quelque chose,
00:44le 27 septembre 1979,
00:47je crois que ce sont vos débuts sur scène à Montpellier,
00:50dans Les Folies d'Irgantua.
00:52Alors, bravo mon cher Jacques.
00:54Alors, juste petite rectification,
00:56ce n'est pas à Montpellier, c'est à Nîmes.
00:58Oui, d'accord, mais il se trouve que la compagnie avait répété à Montpellier.
01:01Parce qu'elle venait de Montpellier.
01:03C'était la compagnie des arènes de Nîmes.
01:05La compagnie des arènes ?
01:06Oui, mais on avait répété.
01:08Vous êtes beaucoup plus calé que moi,
01:10parce que ça je n'ai pas souvenir.
01:11Alors, je me rappelle très bien avoir joué dans les Jardins de la Fontaine,
01:14puisque c'était Yvon Pradel qui était l'animateur,
01:17dans tous les sens du terme, de cette compagnie.
01:20Alors, je ne me rappelle pas,
01:22mais peut-être qu'on a répété à Montpellier, c'est possible.
01:24Il y a eu une première à Montpellier, et ensuite il y a eu Nîmes.
01:26Alors, c'est possible qu'il y ait eu.
01:28Oui, effectivement.
01:29Oh là là, mais c'est incroyable.
01:30Quelle mémoire il a, ce Jacques Pessis.
01:32Heureusement que vous êtes là.
01:34Sans vous, je ne dirais rien.
01:36Mais, vous êtes le frère...
01:38Frère Jean Desentamures.
01:40Et comment vous vous êtes retrouvé là-dedans ?
01:42J'étais au conservatoire de Nîmes.
01:44Oui.
01:45Et donc, je faisais mes premiers pas artistiques,
01:47après Nantes d'ailleurs,
01:48parce que j'avais commencé au conservatoire de Nantes,
01:50après je suis allé au conservatoire de Nîmes.
01:52Et là, il y avait justement un type formidable,
01:55qui s'appelle Yvon Pradel et son épouse,
01:57et qui avait une compagnie qui faisait des spectacles.
01:59Alors, des spectacles, on peut dire amateurs,
02:03mais c'est un peu péjoratif.
02:05C'était un grand professionnel, un très bon acteur,
02:07et il prenait des jeunes.
02:09Et il avait monté un spectacle,
02:11tiré évidemment de l'œuvre de Rabelais,
02:14et qui s'appelait...
02:16Folie de Gargantua.
02:18Oui, c'est ça, la folie de Gargantua.
02:21Donc, avec un montage de texte, on était toute une bande,
02:23on était tous issus de ce conservatoire de Nîmes.
02:26Il y avait peut-être quelques Montpellierens ou Montpellierennes,
02:28parce qu'on était nombreux.
02:29Alors, il n'y avait pas que des jeunes,
02:30il y avait des personnes plus âgées,
02:32et c'était très rigolo,
02:33et c'est ma première apparition sur scène.
02:35Et c'était quoi, Frère Jean Desentamures ?
02:37Frère Jean Desentamures, c'est le patron de l'abbaye de Tellem.
02:43Exactement.
02:44Donc, c'est fait ce qu'il te plaît.
02:46C'est un moine moignant, comme disait Rabelais,
02:51c'est-à-dire un jouisseur,
02:53quelqu'un qui profitait de la vie.
02:55Alors, il se trouve que,
02:56quand Pantagruel est sorti des presses,
02:58le nom de son écrivain sur la couverture,
03:00c'était Alcofribas Nazier.
03:02C'était le pseudonyme de Rabelais,
03:04qui était l'anagramme de son vrai nom, François Rabelais.
03:06C'est l'anagramme de François Rabelais, voilà.
03:08Alors, vous êtes né loin de Montpellier et de Nîmes,
03:10à Redon, en Névillette.
03:12Ça n'a rien à voir.
03:13Ça n'a rien à voir.
03:14Pourquoi Redon ?
03:15Parce que ma famille paternelle est quand même bretonne,
03:17ou plus exactement, elle est malouineau-cancalaise,
03:19c'est-à-dire cancalaise et malouine.
03:21Ma mère, elle était parisienne.
03:23Mes parents, d'ailleurs, se sont mariés à Paris.
03:25Mais mon père étant magistrat,
03:27à un moment donné, il a été, dans sa vie,
03:29après avoir eu trois enfants,
03:30il en a eu un quatrième, c'était votre serviteur,
03:33qui est né à Redon.
03:35Je suis né, d'ailleurs, dans une clinique,
03:37mais je suis né à la bougie,
03:39parce qu'il y a eu une panne d'électricité.
03:40C'est pas vrai !
03:41Je suis né à la bougie,
03:42et donc, déjà, l'attrait de la Seine,
03:44il y avait la bougie comme chez Molière.
03:48Evidemment, je n'ai pas de souvenirs très précis,
03:50même si j'ai une mémoire d'éléphant.
03:51Parce que je me rappelle,
03:52j'ai des souvenirs très très anciens.
03:54C'est-à-dire ?
03:55Je crois, alors, à moins que ce soit une illusion,
03:57un rêve ou une image,
03:58mais je pense me rappeler
04:00mon grand-père maternel,
04:03à Saint-Malo d'ailleurs,
04:05il était à Saint-Malo,
04:07alors que lui n'était pas mal loin,
04:09porte Saint-Louis,
04:11et j'avais 18 mois,
04:12et je me promenais avec lui.
04:13Il avait une grande barbe blanche.
04:15Donc 18 mois, j'ai un souvenir de 18 mois.
04:17Je crois que votre grand-père était armateur ?
04:19Oui, alors pas celui-là.
04:20L'autre ?
04:21Celui-là, il était inspecteur d'assurance.
04:23Donc les assurances, ça m'a marqué.
04:25Non, mon grand-père était à la fois
04:27capitaine au long cours et armateur.
04:29Il y avait beaucoup, d'ailleurs, dans les années 30,
04:31beaucoup d'armateurs naviguaient à Saint-Malo.
04:34Parce qu'il n'y avait pas une flotte,
04:35il y avait deux ou trois bateaux,
04:36et en l'occurrence, c'était des Ternevas.
04:39Lui allait surtout en Islande.
04:41Je ne sais pas s'il est allé à Terre-Neuve.
04:43En tout cas, à Redon, il y a un collège Saint-Sauveur,
04:46dont l'un des plus brillants élèves a été Hervé Bazin,
04:49futur président de l'Académie Goncourt.
04:50Je ne sais pas si vous le savez.
04:51Si, je savais qu'il allait à Saint-Sauveur.
04:53Deux de mes frères y sont allés aussi.
04:55Pas moi, j'étais trop petit,
04:56parce que j'ai quitté Redon à 18 mois.
04:58En fait, il se trouve qu'il a été papa à 80 ans,
05:02ce qui fait qu'en naissance,
05:03son fils était déjà grand-oncle.
05:05C'est quand même assez particulier.
05:07Je ne connaissais pas.
05:08Je vois très bien Hervé Bazin avec Vipère au point.
05:11Exactement.
05:12Joué par Alissa Pritch, entre autres.
05:14Dans le feuilleton télé, évidemment.
05:15Je sais, Jacques, que vous êtes imbattable
05:16sur l'histoire de la télévision
05:17depuis la fin des années 50,
05:19malgré votre jeune âge,
05:20et qu'on a essayé de concourir tous les trois avec Smahine
05:23et que vous nous battiez à plate couture.
05:25Vous êtes quand même un maître en la matière.
05:27Il se trouve donc que le collège Saint-Sauveur,
05:29vous n'êtes pas allé.
05:30Non.
05:31En revanche, vous êtes allé à Nantes,
05:34car votre père s'est déplacé beaucoup.
05:37Il y a d'abord eu Rennes.
05:39J'étais, après, enfant à l'école des frères des écoles chrétiennes,
05:43l'école de la Tour d'Auvergne.
05:45Après, au lycée,
05:46le fameux lycée qui s'appelait Châteaubriant à l'époque,
05:49où a eu lieu d'ailleurs le premier procès de l'affaire Dreyfus.
05:53C'était ce grand bâtiment qui était,
05:55avant de venir à un lycée,
05:56je ne sais pas ce que c'était d'ailleurs,
05:57ce qu'on appelait le lycée de Châteaubriant,
05:59qui est maintenant devenu le lycée Émile Zola.
06:00Et après, je suis allé à Nantes,
06:01parce que mon père a été nommé à Nantes.
06:03Un autre lycée qui est Jules Verne, je crois.
06:04Qui est Jules Verne, voilà.
06:05Jules Verne, parce que Jules Verne a habité Nantes
06:08et il a fait ses classes dans ce lycée.
06:11Exactement, avant d'écrire tous les romans que l'on connaît.
06:14Alors, il se trouve aussi que votre père est magistrat.
06:17Donc, au départ, vous auriez dû être magistrat.
06:19J'aurais pas dû, parce que j'ai trois frères au-dessus de moi
06:22qui ne l'ont pas été,
06:23même si mon frère aîné est un éminent,
06:25maintenant à la retraite, professeur de droit.
06:27Mais les deux autres n'ont pas suivi la carrière juridique
06:31et encore moins judiciaire.
06:33Mon deuxième frère, qui est décédé, était dans la banque.
06:37Il avait fait une école de commerce.
06:39Il avait été aux Etats-Unis, etc.
06:42Mon troisième frère est psychologue.
06:44Et moi, je suis juriste, un peu par défaut.
06:46Je voulais faire des lettres,
06:47mais on me disait que ça m'amenait à rien.
06:48J'étais nul en maths.
06:49Donc, j'ai fait mon droit, comme on dit, à Nantes
06:52et animé à Montpellier.
06:53Mais j'étais un élève dissident,
06:54parce que je suis passé en conseil de discipline
06:56en troisième année, par exemple.
06:58Vous avez redoublé la troisième année.
07:00Donc, je n'ai pas eu ma licence.
07:01Et pourquoi ?
07:02Parce que j'ai eu une note éliminatoire
07:04en histoire du droit.
07:05Pourtant, je m'intéressais au droit.
07:07Mais le conseil de discipline...
07:09C'est parce que le type qui m'a foutu
07:12un zéro éliminatoire à Montpellier,
07:15qui s'appelait Michel Vidal, qui était maître assistant.
07:18Je lui garde encore un chien de ma chienne.
07:21Il est venu se moquer de moi,
07:22parce qu'il m'a mis un zéro éliminatoire
07:24à la session de septembre,
07:25alors que j'avais largement les points
07:26pour passer en quatrième année.
07:29Puisqu'à cette époque-là,
07:30j'étais à la charnière de la licence
07:32qui devenait maîtrise.
07:33Enfin bref, troisième, quatrième année.
07:35Parce qu'au départ, la licence de droit,
07:37c'était quatre ans.
07:38Donc, j'étais à cette charnière-là.
07:39Donc, j'aurais dû être licencié à 20 ans.
07:42Et en fait, j'ai été licencié d'une certaine manière,
07:44puisqu'il m'a mis un zéro éliminatoire.
07:46Et après, il est venu se foutre de moi,
07:47en me disant, non, monsieur Chevalier,
07:49ce n'est pas bien de négliger l'histoire du droit,
07:51alors que je n'avais pas du tout été minable.
07:53Donc là, je l'ai insulté.
07:54Je ne peux pas vous dire ce que je lui ai dit,
07:55mais je l'ai insulté.
07:56Total, donc, j'ai redoublé,
07:57en ne prenant pas cette matière,
07:59d'ailleurs, qui était optionnelle,
08:00en prenant à la place de la comptabilité
08:02dans laquelle je n'étais pas meilleur,
08:03mais ce qui me fut passé après,
08:05quand même, en quatrième année.
08:06Et comme je l'ai insulté,
08:07je suis passé en conseil de discipline,
08:09devant les hautes autorités,
08:11les hautes autorités de la,
08:13comment dire, de la magistrature universitaire.
08:15Donc, j'ai vu ce que c'était
08:16qu'un tribunal d'exception.
08:17– Vous étiez passé en cour d'assises
08:19avec une magistrature debout.
08:20– Voilà, exactement.
08:23– Et donc, vous avez quand même un diplôme,
08:25un certificat de criminologie.
08:27– Alors, j'ai une licence de droit,
08:29et puis, comme j'avais fait en quatrième année,
08:31parce que je n'ai pas eu ma maîtrise,
08:32j'ai échoué parce que j'étais,
08:33c'est vrai que j'étais un peu,
08:34puis ça ne m'intéressait pas tellement,
08:35mais j'avais pris une petite option
08:37qui était la criminologie.
08:38Et là, j'ai eu mon diplôme de criminologie
08:40qui est valable,
08:41alors que je n'ai pas ma maîtrise.
08:43Alors, ça fait rire mon éminent frère aîné
08:45qui, lui, est un vrai criminologue.
08:47Il me dit, oui, bon,
08:48ton diplôme de criminologie a d'autres.
08:50– Alors, il se trouve aussi
08:52qu'il y a vos souvenirs d'enfance en vacances.
08:54– Oui.
08:55– Et il y a une chanson qui fait penser
08:57à un lieu que vous voyiez régulièrement
08:59lorsque vous étiez jeune en vacances.
09:01– C'est moi la môme cache-cache,
09:03voyez mes gros biscottous,
09:06avec sa télé…
09:08– L'inoubliable, inoubliée Fréhel.
09:10– Bien sûr.
09:11– Fréhel qui a, d'ailleurs,
09:12qui a connu des hauts et des bas.
09:13– Oui.
09:14– Et elle s'appelle Fréhel,
09:15elle s'appelle Marguerite en réalité,
09:16parce qu'elle venait du Cap Fréhel.
09:18– Du Cap Fréhel.
09:19– Du Cap Fréhel, bien sûr.
09:20– Que vous voyez depuis vos vacances à Cancale, je crois.
09:23– Alors, en réalité, les chevaliers,
09:26les chevaliers, comme on dit à Cancale,
09:28les chevaliers sont originaires de Cancale,
09:31alors j'oserais dire depuis Deslustres.
09:33– Oui.
09:34– Depuis Deslustres, mais moi je passais mes vacances
09:36surtout, j'ai encore beaucoup de famille à Cancale,
09:38mais j'allais surtout à Saint-Malo,
09:40puisque c'est là que ma grand-mère avait un appartement
09:42et nous, alors quand on est bitarène,
09:44on allait tous les week-ends à Saint-Malo,
09:45et alors à Saint-Malo, j'ai une affection particulière
09:47pour la plage du Môle, que les Maloins, évidemment, connaissent,
09:50c'est la plage qui est contre les remparts,
09:52à côté de la plage de Bonscourt et le long du Môle,
09:55et pour moi, c'est la plus belle plage du monde,
09:57parce que c'est un des plus beaux points de vue
09:59qu'on peut avoir sur cette magnifique baie de Saint-Malo,
10:02que j'adore et que je bénis.
10:04Moi, j'ai eu la chance de voyager pas mal dans ma vie,
10:08notamment grâce à notre profession, parce qu'avec la Spallès,
10:11alors après, il ne voulait plus voyager la Spallès,
10:13mais on est allé en Nouvelle-Calédonie,
10:15je suis allé en Écosse pas pour jouer,
10:17et je trouve que cette plage du Môle est sublime.
10:19Je suis un peu comme Dali avec la gare de Perpignan
10:21sur la plage du Môle à Saint-Malo.
10:23Je crois qu'on y accède par une échelle le long des remparts.
10:26Oui, mais ça, c'est optionnel, on n'est pas obligé.
10:29On y accède par une petite échauguette
10:32qu'on appelle la tourelle de la plage du Môle,
10:36dont il y a un escalier normal.
10:38Ce qui est étonnant, c'est qu'il y a une autre plage du Môle,
10:40mais qui est beaucoup plus loin, qui est au Cap d'Agde,
10:42juste à côté des naturistes.
10:44Je ne savais pas.
10:45Il ne faut pas se tromper.
10:47Au Cap d'Agde, oui, on avait fait notre première
10:52au Cap d'Agde avec une pièce
10:54qui était, si je ne m'abuse,
10:56les Tontons Farceurs,
10:58avec mon vieux camarade Bruno Chapelle
11:00et Julie Arnold,
11:02et Nathalie Marquet.
11:04J'ai dit qu'on avait eu au Cap d'Agde,
11:06avec cette pièce, le prix du meilleur costume.
11:08Mais ça ne fait pas rire tout le monde.
11:10Les gens ne comprennent pas.
11:11En tout cas, vous êtes resté très nature.
11:14Oui, c'est gentil.
11:15Et on va continuer à parler de votre carrière
11:17à travers une autre date,
11:18le 30 décembre 1982.
11:20A tout de suite sur Sud Radio, avec Philippe Chevalier.
11:24Sud Radio, les clés d'une vie.
11:26Jacques Pessy.
11:27Sud Radio, les clés d'une vie.
11:28Mon invité Philippe Chevalier.
11:30Nous parlerons tout à l'heure du Caïc aux olives
11:32que vous jouez à Paris, que vous allez jouer en tournée.
11:34On a évoqué vos débuts.
11:36Vous avez failli être juriste.
11:37La France et la justice l'ont échappé belle.
11:39Oui, exactement.
11:40Si je parle du 30 décembre 1982,
11:42c'est que c'est une date clé pour vous.
11:44Écoutez ce générique.
11:51Le théâtre de Bouvard,
11:52avec un premier sketch avec Las Palaise.
11:54Deux personnes qui promènent leurs chiens.
11:56C'est ça.
11:57Deux hommes et leurs chiens.
11:58Voilà.
11:59Alors, c'est notre premier passage à la télévision.
12:01Ce n'était pas notre premier passage à la télévision.
12:03On avait fait aussi une promo avant,
12:05quelques mois avant.
12:06Enfin, c'est le premier passage marquant à la télévision
12:08dans le cadre du théâtre de Bouvard.
12:10Deux hommes et leurs chiens.
12:12Premier sketch qui a été adoubé par Philippe.
12:14Parce qu'on avait fait plusieurs tentatives.
12:16Il ne nous a pas pris comme ça du premier coup.
12:18C'est-à-dire ?
12:19C'est-à-dire qu'on avait fait des sketchs et puis il disait...
12:21Alors,
12:22Bouvard, il faut savoir qu'il ne refusait jamais personne.
12:25Il refusait des sketchs.
12:27Et quand j'entends, par exemple, des gens dire
12:29« Ah ben, il ne nous a pas pris, etc. »,
12:31ce n'est pas possible.
12:32Il peut refuser.
12:33Je sais, par exemple, Lim.
12:34Lim est passé douze fois avant.
12:36Nous, on est passé cinq ou six fois.
12:38Et puis, il a accepté.
12:40Mais ça ne collait pas.
12:42C'est-à-dire qu'il disait « Ben non, ça ne me plaît pas, mais revenez. »
12:45Jamais il ne décourageait les énergies et l'enthousiasme.
12:49Et donc là, au bout de cinq ou six fois,
12:51on a fait ce sketch qui l'a fait mourir de rire.
12:53C'est l'histoire de deux types qui promènent leurs chiens,
12:55mais ils ont une attitude physique.
12:57Comme ils ont la laisse devant eux,
12:59on a l'impression qu'ils sont en train de faire pipi.
13:01Reine d'Egypte.
13:03Et puis, en réalité, ils promènent leurs chiens.
13:05Alors ça, comment ? Le vôtre est plus gros que le mien, etc.
13:08Et on a gagné.
13:10Mais après, il fallait toujours, sur le métier, remettre notre ouvrage.
13:13Et à chaque fois, passer quand même
13:15sous les fourches codines de Philippe.
13:18Rien n'était jamais acquis.
13:20Donc c'était une école extraordinaire.
13:22Et en même temps, vous passiez régulièrement ensuite.
13:24Oui, parce qu'on était motivés.
13:27Parce que quand vous êtes inconnus,
13:29vous avez 25 ans,
13:31on avait 24 et 25 ans,
13:33Lasse-Malaise et moi.
13:35On était quand même très jeunes.
13:37On n'était pas les plus jeunes.
13:39Didier Bredan était plus jeune.
13:41Seymour Bruxelles aussi.
13:43Yvan Burguet, ils avaient 2-3 ans de moins que nous.
13:45Vous passiez à la télévision devant 15 millions de téléspectateurs
13:47le lendemain, dans la rue, tout le monde vous reconnaissait.
13:49Donc c'était un choc.
13:51Une espèce de chose incroyable.
13:53Donc on voulait se battre pour continuer.
13:55Et justement, tout ça est né parce que
13:57vous avez croisé Régis Lasse-Malaise un jour.
13:59Vous aviez décidé de faire des cours
14:01et vous êtes allé chez Françoise Pia,
14:03au Cours Simon, je crois qu'il le dit.
14:05Oui, c'est ça. Parce que Régis et moi,
14:07on a été au Cours Simon,
14:09mais pas ensemble.
14:11J'ai quitté le Cours Simon
14:13après 2 ans avec Françoise Pia,
14:15qui était mon professeur.
14:17Et puis j'ai arrêté au bout de 2 ans
14:19parce qu'en fait, comme je faisais du théâtre amateur,
14:21ça ne plaisait pas tellement, non pas à Françoise Pia,
14:23mais à la patronne,
14:25je ne me rappelle plus comment elle s'appelle,
14:27à Rosine Marga.
14:29Alors je suis parti, j'ai fait un an dans la publicité
14:31et puis mon copain Philippe Harel,
14:33qui est devenu un grand réalisateur, m'a dit
14:35« il faut que tu reviennes, il faut que tu reviennes ».
14:37Et puis il y avait Lasse-Malaise,
14:39lui était en même temps chez Pia,
14:41et quand elle a rouvert son propre cours,
14:43j'ai retrouvé Lasse-Malaise avec Françoise Pia.
14:45Et alors là, ça a été un coup de foudre immédiat,
14:47si je puis dire, pas physique.
14:49On le comprend ça.
14:51Oui, il en a autant à mon service, j'imagine.
14:53Et on a décidé de faire des sketchs ensemble.
14:55Et là,
14:57à l'instigation d'abord de Robert Thomas,
14:59qui était un ami de Françoise Pia,
15:01auteur de théâtre bien connu,
15:03qui a notamment écrit « Huit femmes »
15:05qui est devenu un film célèbre ensuite.
15:07Dans lequel d'ailleurs vient...
15:09Ah non, « Huit femmes », c'est autre chose,
15:11parce qu'il a fait « Piège pour un homme seul ».
15:13Et donc Françoise Pia nous dit
15:15« Philippe Bouvard fait une émission
15:17dans laquelle il recrute des jeunes
15:19de café-théâtre qui font des sketchs
15:21basés sur l'improvisation, et en même temps
15:23on a croisé Pascal Legitimus,
15:25et puis qu'est-ce qui nous a un petit peu
15:27incité à le faire aussi. Il y avait toute une
15:29troupe, et c'est comme ça qu'on est allé
15:31chez Bouvard. Et là, ça a été le début quand même
15:33de quelque chose de singulièrement
15:35romanesque, aventureux,
15:37mais très enrichissant, sur tous les plans.
15:39Vous aviez commencé par
15:41un spectacle où il y avait dix personnes
15:43dans la salle qui ne comprenaient pas tout ce qu'on disait.
15:45Moi, je l'avais vu, je pleurais de rire, qui n'était pas de fantasy
15:47pour l'Orangeade. Oui, c'est ça, pas de fantasy dans l'Orangeade.
15:49Effectivement, un spectacle qu'on avait créé
15:51tous les deux.
15:53En fait, justement, Madame Pia, Françoise Angèle,
15:55s'appelait Angèle Pia,
15:57qui était donc l'épouse
15:59de Jean Pia, qui était une femme merveilleuse,
16:01qui a joué dans les Rois Maudits.
16:03Bien sûr, mais elle a été
16:05je crois sociétaire aux Français,
16:07et
16:09avait repéré chez nous
16:11une sorte de complémentarité,
16:13et nous avait incité
16:15à écrire nos propres fantasies,
16:17nos propres sketchs,
16:19si bien que tous les deux, Régis et moi,
16:21on a pris la plume et on a écrit
16:23cette petite pièce qui s'appelle
16:25Pas de fantasy dans l'Orangeade, dont on n'a pas de traces.
16:27Il y a une vague
16:29vidéo qui a été
16:31tournée par un de nos copains,
16:33qui était avec nous au Courciment,
16:35au carreau du Temple, mais c'est malheureusement
16:37pas bon pour que ça puisse être diffusé.
16:39Et on a écrit cette pièce,
16:41et c'est avec ça qu'on est allé
16:45enfin, c'est pas avec ça qu'on est allé,
16:47mais on est allé au théâtre de Bouvard
16:49parce qu'on jouait dans un café-théâtre,
16:51et Bouvard recrutait des gens
16:53qui faisaient des spectacles dans des cafés-théâtres.
16:55Il se trouve ensuite que c'est monté rapidement
16:57et que vous êtes allé dans des salles de plus en plus
16:59grandes.
17:01Ce qui se passe, c'est que même
17:03avec la troupe du théâtre de Bouvard,
17:05au bout d'un an, il y avait un tel succès
17:07à la télévision, parce que je vous dis, entre 10 et 15 millions
17:09de téléspectateurs par jour,
17:11Philippe Bouvard, qui est un entrepreneur extraordinaire,
17:13a eu l'idée de nous faire
17:15jouer nos sketchs en Gala,
17:17en province, et on jouait
17:19déjà à l'époque,
17:21en 1983,
17:23on jouait un an après
17:25la création de l'émission,
17:27on jouait dans des salles de 3000 personnes.
17:29Je me rappelle notre premier Gala à Jeuf,
17:31c'est dans l'Est, on était partis en autocar,
17:33et on faisait
17:35deux heures de spectacle devant
17:37un parterre de public incroyable.
17:39On n'avait pas de micro HF,
17:41on faisait nos sketchs devant
17:43les micros sur pied. Ils nous présentaient, etc.
17:45C'était tordant. On a fait ça,
17:47et après, on a même fait un spectacle au Théâtre Saint-Georges,
17:49et après à La Potinière.
17:51En même temps, l'écriture était complémentaire,
17:53parce que, finalement,
17:55Riris Laspalette, c'est plus lent que vous, lorsque vous écriviez.
17:57Il est surtout lent
17:59quand il est sur scène, mais il a son rythme
18:01à lui. Il a une apparente
18:03lenteur, mais quand il
18:05se déploie, ou quand il se déplie,
18:07quand il fait des mimiques, là, c'est très rapide.
18:09C'est une espèce d'animal
18:11un peu étrange, on a l'impression qu'il sort
18:13du zoo, et évidemment, il est tordant,
18:15parce qu'il a des...
18:17C'est vrai que la plupart des gens, notamment les chauffeurs
18:19de taxi, quand je monte dans leur véhicule,
18:21me disent, avec Laspalette,
18:23vous étiez complémentaire.
18:25Il y a une espèce de type qui parle
18:27tout le temps, et puis l'autre
18:29qui dit, bof, passe-moi le sel,
18:31et tout le monde se marre.
18:33Mais il se trouve aussi que vous êtes complémentaire dans le quotidien,
18:35puisqu'il n'avait ni téléphone, ni répondeur,
18:37ni ordinateur. Je crois qu'il n'a pas changé.
18:39Je ne l'ai pas eu au téléphone, là, depuis
18:41un certain temps, mais il n'a
18:43pas changé. À ma connaissance,
18:45il n'a pas de portable, il n'a pas d'ordinateur.
18:47Alors, il a des amis qui l'aident un peu,
18:49parce que je ne sais pas comment on peut faire aujourd'hui, ne serait-ce que
18:51pour remplir la moindre tâche
18:53administrative, machin, je ne sais pas, il se débrouille.
18:55Alors, il se trouve qu'avec vous
18:57et Laspalette, ce sont des
18:59expressions populaires qui sont nées, comme
19:01c'est vous qui voyez.
19:03Aujourd'hui, c'est dans le langage courant.
19:05C'est comment, ça, le train pourpeau ?
19:07Alors, le train pourpeau est un sketch qu'on a commencé au
19:09Théâtre de Bouvard. Dans la deuxième partie
19:11du Théâtre de Bouvard, c'était le Théâtre de
19:13Bouvard en... Comment ça s'appelait ?
19:15C'était toujours sur France 2.
19:17Oui, c'était Antenne 2
19:19encore, mais on était dans des décors.
19:21C'était plus
19:23au pavillon Gabriel.
19:25Nous, on est restés, parce qu'on est restés 5 ans
19:27fidèles à Bouvard. On est partis au moment de
19:29la 5. Quand il y a eu la 5, on a volé de nos
19:31propres ailes, si je puis dire. Et donc, là,
19:33on a fait ce sketch qui durait 3 minutes.
19:35Le sketch du train.
19:37Et puis, après, en 86,
19:39on a décidé de faire notre propre
19:41spectacle sur scène, au Tintamarre
19:43d'abord, et puis à la Comédie de Paris,
19:45et puis au Café d'Edgar.
19:47On a repris ces sketchs-là.
19:49Il y avait l'hôtel, il y avait
19:51le Club Méditerranée, il y avait
19:53notamment le train pourpeau.
19:55Et ce train pourpeau, au début, il a duré
19:573 minutes, puis à la fin, il en durait
19:5920. Et c'est au cours
20:01de cette rencontre
20:03avec le public, de nos improvisations, que
20:05Las Palaces a eu cette idée géniale de dire
20:07c'est vous qui voyez, il y en a qui ont essayé.
20:09Mais ce n'était pas écrit à l'origine.
20:11Mais vous avez beaucoup improvisé.
20:13Moi, j'ai vu Monsieur Chasque, vous avez joué au
20:15Palais Royal, le premier jour,
20:17et 6 mois plus tard, c'était plus
20:19du tout le même spectacle. J'ai même,
20:21récemment, dans une émission,
20:23je montre si ce n'est pas à Sud Radio,
20:25j'ai parlé de vous, puisque je vous avais même
20:27carrément, dans cette pièce de Fedot,
20:29interpellé, parce que vous étiez dans une petite
20:31baignoire, là, à gauche.
20:33Et, à un moment donné, je faisais une improvisation
20:35sur le vélo, l'invention de la bicyclette.
20:37Je parlais de la Dresienne, et je
20:39zottais, puisque je m'étais fait une fausse dent,
20:41comme je m'étais fait castagner, ça,
20:43c'était dans la pièce. Donc, je pouvais avoir
20:45une fausse dent, et je vous avais interpellé,
20:47et c'est vrai que ça faisait beaucoup rire les gens, parce que j'adorais
20:49cette idée de casser le quatrième mur,
20:51même dans une sacro-sainte pièce
20:53de Fedot. Je crois qu'il ne m'en aurait pas voulu.
20:55Non, mais je crois qu'il y avait une tarte qui circulait,
20:57un lion, ce qui n'avait rien à voir.
20:59Ça venait tous les jours en improvisation.
21:01Alors, l'improvisation du lion
21:03avait été
21:05faite un peu par Régis,
21:07à l'instigation de Jean-Luc Moreau,
21:09qui était notre metteur en scène,
21:11qui a fait une pièce véritablement tordante.
21:13Bon, on a respecté Fedot complètement,
21:15mais simplement, on a rajouté ce petit truc
21:17du lion que Régis inventait,
21:19parce qu'il avait fait chasser un lion
21:21en Afrique.
21:23Et puis moi, je parlais de la bicyclette,
21:25de la Dresienne.
21:27J'avais aussi...
21:29C'était...
21:31Une improvisation que j'avais trouvée
21:33et que j'avais après fixée.
21:35En même temps, bon,
21:37le duo s'est séparé, mais vous avez fait beaucoup
21:39d'autres choses et on va continuer à en parler
21:41à travers une autre date, le 6 mai
21:432010. A tout de suite sur Sud Radio
21:45avec Philippe Chevalier.
21:47Sud Radio, les clés d'une vie.
21:49Jacques Pessis.
21:51Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité, Philippe Chevalier.
21:53Nous parlions tout à l'heure de ce
21:55cake aux olives qui est à l'affiche à Paris.
21:57On a vu vos débuts avec
21:59la Dres. Malheureusement, aujourd'hui, le duo s'est
22:01séparé après 36 années, je crois.
22:03Oui, on a travaillé 36 ans ensemble.
22:05Mais vous ne les faites pas. Alors, j'ai trouvé
22:07une date qui est le 6 mai 2010.
22:09C'est une exposition pendant
22:11un mois à la Galerie Adler,
22:13juste à côté de l'Elysée, des photographies
22:15de jambes de femmes. Et ça, ça a surpris
22:17beaucoup de gens. Oui, alors ça, c'est un
22:19vieux fantasme que j'ai.
22:21Il y a une partie de fétichisme
22:23en moi qui est lié
22:25justement
22:27aux jambes de femmes, bien sûr,
22:29et même à leurs fessiers, je dois le dire, mais
22:31à condition qu'elles soient
22:33gainées par des collants.
22:35Alors, j'avais pris des photos
22:37comme ça depuis très longtemps parce que ça venait
22:39d'un truc de... J'avais bossé dans la pub
22:41en 78 et on avait eu
22:43un prospect, ce qu'on appelait un prospect, pour une marque
22:45de collants assez obscure, d'ailleurs, si je puis dire.
22:47Et j'avais fait des polaroïds.
22:49Mon projet était...
22:51Mon idée, c'était de dire
22:53même avec des femmes fortes,
22:55des grosses,
22:57bonnes femmes,
22:59elles peuvent être belles si elles ont le
23:01collant machin. Alors on m'a ri au nez, on m'a pris pour un fou.
23:03N'empêche que moi, j'avais fait mes polaroïds
23:05avec des copines que je connaissais qui avaient des
23:07gros popotins. Et de fil en aiguille,
23:09j'ai fait comme ça toute une collection de polaroïds.
23:11J'ai montré ça un jour à un galeriste
23:13qui m'a dit, mais c'est génial, il y a un côté sériel,
23:15pas serial killer,
23:17mais un côté sériel intéressant.
23:19Pas sériel clair non plus, malheureusement.
23:21Et de fil
23:23en aiguille, si je puis dire,
23:25j'ai fait des expositions.
23:27Après, je suis passé du polaroïd
23:29au numérique.
23:31Ça m'a valu, c'est ça qui était rigolo.
23:33C'est que j'avais déjà
23:3520 ans de carrière derrière moi
23:37avec la Spadès, donc ça a surpris les gens.
23:39Et là, j'ai eu beaucoup d'articles de presse
23:41dans des journaux qui
23:43faisaient pas... Notamment, j'ai eu
23:45dans Le Monde, dans
23:47Libération, j'ai eu même la dernière page de Libération,
23:49dans Les Inrocks,
23:51dans Art Presse.
23:53Tout d'un coup, je devenais une icône.
23:55Ça a pas duré très longtemps, ça a fait long feu.
23:57Mais
23:59c'est amusant.
24:01Alors, ça m'a occupé
24:03parce que c'était pour moi une véritable libération.
24:05Et
24:07après, je me suis rendu compte qu'en France,
24:09c'est très difficile d'avoir deux casquettes.
24:11Donc j'en avais parlé avec Charles-Élie Couture
24:13qui fait de la peinture. On l'avait
24:15exposé au même endroit, d'ailleurs je me rappelle
24:17dans une exposition collective.
24:19Il m'avait dit, moi je suis parti aux Etats-Unis
24:21parce qu'en France, je ne peux pas être chanteur
24:23et peintre.
24:25Alors moi je suis pas parti aux Etats-Unis, et puis au bout d'un certain temps
24:27j'ai compris que c'était très beau, mes photos,
24:29ça m'amusait.
24:31Il faut être radical en fait,
24:33en France, dans une discipline
24:35ou dans une autre. Contrairement aux
24:37Américains, aux Anglo-Saxons qui aiment
24:39cette espèce
24:41d'alternance ou de cumul
24:43des mandats. Chez nous, c'est très difficile.
24:45Il faut savoir que le polaroïd, vous avez été
24:47le premier à faire des photos d'art au polaroïd
24:49et que le polaroïd, il a été inventé en 1948
24:51par un monsieur américain,
24:53Edwin Land, et il a fait 47
24:55exemplaires pour le lancer.
24:57Ils ont été vendus en moins de 3 heures.
24:59C'était une révolution dans la photographie.
25:01Bien sûr, parce que ça
25:03permettait à l'amateur, plus ou moins
25:05éclairé, d'avoir le résultat tout de suite.
25:07Et pour moi, c'était très pratique
25:09parce que je ne suis pas du tout photographe,
25:11mais j'avais un fantasme
25:13dans la tête, j'avais une idée fixe. C'était de rendre
25:15tangible, visible
25:17ce paradis qui était pour moi.
25:19Les jambes de femme, comme dans le film de Lelouch,
25:21vous savez, avec Charles Denner.
25:23Et donc là,
25:25le polaroïd, c'était
25:27très pratique.
25:29Vous êtes amateur, mais pas amateur.
25:31Oui, les deux.
25:33Je suis amateur plus qu'amateur.
25:35D'ailleurs, ça vous a valu quelques ennuis, parce qu'une partie de votre collection
25:37a disparu un jour.
25:39Oui, alors, avant que je ne fasse
25:41mon exposition de photos, parce que j'ai pris
25:43beaucoup de temps, je gardais ça un peu pour moi, parce qu'au départ,
25:45c'était un projet publicitaire qui n'a pas abouti.
25:47Donc, j'avais des
25:49copines que je prenais en photo, et un jour, j'ai eu une de mes
25:51amies qui est tombée dessus et elle les a fichues en l'air.
25:53Donc, j'étais un peu comme Watteau, sauf que Watteau,
25:55lui, ses tableaux, c'est lui qui les a brûlés.
25:57Elle était jalouse ?
25:59Elle trouvait ça incongru.
26:01D'accord.
26:03Malsain
26:05et non pas cocasse, donc elle me les a fichues en l'air.
26:07Donc ça, c'est le côté photographe, mais il y a aussi
26:09le côté comédien qui est resté.
26:11Heureusement, parce que c'est avec ça que je...
26:13On se le dit, j'ai fait quelques ventes.
26:15Alors maintenant, je suis coté,
26:17puisque j'ai fait une vente ou deux aux enchères.
26:19Quand vous êtes vendu aux enchères,
26:21c'était au Crazy Horse d'ailleurs, sous le marteau.
26:23C'est votre côté marteau, justement.
26:25C'est mon côté marteau, sous le marteau de ce grand...
26:27Pierre Cornet.
26:29Oui, Pierre Cornet de Saint-Cyr.
26:31C'est très drôle, parce qu'à chaque fois qu'il me voyait,
26:33j'avais rencontré, parce que j'avais essayé d'aller à la FIAC,
26:35et je le voyais de temps en temps, il n'a jamais
26:37compris que Philippe Chevalier, c'était moi.
26:39Pour lui, il y avait l'humoriste,
26:41et il y avait un autre gars qui était photographe
26:43qui s'appelait Philippe Chevalier.
26:45Il y a aussi un philosophe qui s'appelle Philippe Chevalier.
26:47Je crois même qu'il est jésuite.
26:49Le comédien s'est développé,
26:51il y a eu plein de téléfilms,
26:53et c'est assez varié.
26:55Vous êtes passé de chez Maupassant
26:57aux Contes et Nouvelles du XXIe siècle.
26:59C'est très varié, votre parcours.
27:01Ça n'a rien à voir avec le parcours précédent.
27:03Alors, j'ai fait
27:05peu d'images.
27:07C'était d'ailleurs un des grands regrets
27:09de l'Aspalès. Peu d'images, c'est-à-dire
27:11qu'on a fait peu de cinéma.
27:13On a fait trois films un peu marquants.
27:15Le premier qu'on avait co-écrit
27:17avec Jean-Jacques Perrony,
27:19avec le réalisateur qui s'appelait Jean-Pierre Jackson,
27:21ça n'empêche pas les sentiments.
27:23Qui est une espèce de nanar
27:25extraordinaire.
27:27On a eu d'ailleurs les honneurs de...
27:29C'est pas très modeste, mais il faut le dire.
27:31De Paris...
27:33d'un numéro spécial,
27:35en première, où on est vraiment
27:37en première page et en...
27:39On est à la première marge
27:41du film en tête d'affiche.
27:43Et ce film, ça n'empêche pas les sentiments,
27:45avait fait royalement 25 000 entrées.
27:47Mais il est culte.
27:49On en a les droits d'exploitation,
27:51l'Aspalès et moi, et on ne le retrouve pas.
27:53C'est-à-dire qu'on ne trouve pas...
27:55On a deux, trois malheureux DVD.
27:57On ne retrouve pas la bobine.
27:59J'ai fait des démarches auprès...
28:01Je fais un appel.
28:03On ne m'a jamais répondu.
28:05Auprès de la Cinémathèque, on ne m'a jamais répondu.
28:07Pascal Thomas, ce grand réalisateur que j'adore,
28:09que j'avais rencontré l'année dernière, m'a dit
28:11« Chevalier, envoyez une lettre de ma part
28:13à je ne sais plus qui. »
28:15C'est ce que j'ai fait. Enfin, un mail.
28:17Le gars ne m'a jamais répondu.
28:19On a ce film qui forcément...
28:21Il ne peut pas avoir disparu.
28:23Il est quelque part, mais je ne sais pas où.
28:25Ça, ça n'empêche pas les sentiments.
28:27Après, au même moment, on a joué dans Le Paris,
28:29le film de nos amis Bourdon et Campan.
28:31Là, qui a eu un énorme succès,
28:33parce qu'on est passé de 25 000 à 4 millions.
28:35On avait...
28:37Régis avait un rôle très significatif.
28:39Le mien aussi, parce que je faisais le gourou.
28:41Alors, il y a des gens encore dans la rue
28:43qui me disent « Le tabac, c'est tabou », etc.
28:45Et puis, on a fait surtout, après,
28:47Ma Femme s'appelle Maurice,
28:49tiré d'une pièce de Rafi Chartes,
28:51dont on a fait, je peux le dire aussi,
28:53sans modestie,
28:55un triomphe au théâtre.
28:57650 000 spectateurs.
28:59Jean-Marie Poiré en a fait
29:01une réalisation filmique
29:03très rigolote, moi, que j'adore,
29:05qui n'a pas eu peut-être le succès escompté,
29:07puisqu'on a fait 900 000 entrées,
29:09ce qui n'est pas si mal.
29:11Mais c'est vrai que pour Jean-Marie Poiré,
29:13c'est un demi-échec.
29:15Moi, j'ai eu la chance de tourner beaucoup avec Mocky.
29:17Justement, il y a trois films au départ.
29:19Alors, j'ai fait même
29:21plusieurs petits...
29:23J'ai fait des téléfilms dans sa série
29:25Mister Mocky présente,
29:27d'Hitchcock.
29:29Oui, il a repris les textes d'Hitchcock,
29:31les scénarios,
29:33il en a fait des téléfilms.
29:35Et j'ai fait avec lui, en long métrage,
29:37le Renard Jaune.
29:39Alors là, il y avait une distribution
29:41éblouissante.
29:43C'est marrant parce que je regardais Le Nom de la Rose hier,
29:45il y avait Michael Lonsdal,
29:47j'ai donné la réplique à Claude Brasseur,
29:49Dominique Lavanant,
29:51Antoine Duléry,
29:53enfin, il y avait...
29:55Di Fentale,
29:57comment elle s'appelle, celle...
29:59Enfin, il y en a plein.
30:01Alors ça, c'était génial de tourner avec Mocky.
30:03Et puis, un très beau
30:05feuilleton télé en deux épisodes,
30:07Colère,
30:09là, qui a cartonné à la télé, puisque les deux...
30:11Il est passé au mois d'août
30:13et on a fait 4 millions à chaque fois.
30:15Donc, Colère, un téléfilm de Mocky,
30:17très très mockien, extraordinaire.
30:19Et puis, j'ai fait un petit film
30:21avec lui, avec Régis,
30:23qui s'appelle Les Nains,
30:25et qui est alors tout à fait mockien, surréaliste
30:27et qui est génial. Donc j'ai tourné
30:297 fois avec Jean-Pierre Mocky, que j'adore.
30:31Et je trouve qu'il y a beaucoup de points communs
30:33entre Jean-Pierre Mocky et
30:35Jean-Marie Poiré.
30:37Ils savent ce qu'ils veulent.
30:39Ils savent ce qu'ils veulent.
30:41Il hurlait tout le temps sur les plateaux, Mocky.
30:43Oui, il hurlait d'une manière un petit peu
30:45monomaniaque, mais sans animosité
30:47réelle, puisque son équipe technique est toujours la même
30:49depuis Des Lustres, donc s'il était méchant,
30:51ça se saurait. Et puis, il y a aussi
30:53quelque chose, vous dites qu'un film a disparu,
30:55mais il y a aussi ceci qui a disparu
30:57et qui n'a jamais sorti même.
30:59Je n'aime que toi, chérie,
31:01je n'aime que toi.
31:03Mais je pense à moi,
31:05je pense à moi.
31:07Je suis à toi.
31:09Ça, c'est Philippe Chevalier qui chante.
31:11C'est un inédit. C'est un inédit
31:13qui n'est pas sorti en disque, malheureusement.
31:15Alors, la musique est très bonne,
31:17les paroles sont très drôles.
31:19On ne me reconnaît pas.
31:21C'est un peu gênant parce que j'ai pris une espèce
31:23de voix de tête, une espèce
31:25des voix comme ça.
31:27Du coup, on ne me reconnaît pas, comme disent les jeunes.
31:29Et alors, c'est dommage,
31:31c'est là que le bas blesse. Mais en revanche,
31:33les paroles ont été faites
31:35par Guillaume et Renaud Stirne,
31:37qui sont deux
31:39vieux copains, mais ils sont plus jeunes
31:41que moi, et qui ont composé
31:43beaucoup de musiques
31:45dans nos spectacles avec Régis.
31:47Ils ont composé cette musique qui est géniale,
31:49qui est très entraînante, et malheureusement,
31:51on n'a jamais réussi à la sortir.
31:53Et pourquoi ?
31:55Il n'y avait pas de maison de disque.
31:57Ça date d'il y a une quinzaine d'années.
31:59On est allé voir deux ou trois maisons de disque
32:01et ils nous ont dit qu'ils voulaient
32:03Chevalier et La Spadesse.
32:05Donc, il aurait fallu transformer
32:07la chanson. C'était un peu dommage.
32:09Maintenant que je suis tout seul et que c'est avéré
32:11depuis 7-8 ans, je pourrais
32:13peut-être repartir avec.
32:15Et comment s'est née cette idée ?
32:17C'est une idée
32:19de Guillaume Stirne
32:21qui trouvait toujours très rigolo quand je
32:23parodiais des chansons
32:25d'opérettes. D'ailleurs,
32:27j'en avais fait chez Bouvard.
32:29J'ai fait des chansons d'opérettes chez Bouvard
32:31parce que j'avais cette espèce de...
32:33En faisant de votre mieux, lui, vous disiez.
32:35C'est-à-dire que Bouvard, c'était extraordinaire.
32:37Vous le connaissez bien, Jacques.
32:39Un jour, Bouvard...
32:41Philippe, j'aimerais bien que vous fassiez
32:43un texte, votre coup de sang, sur telle ou telle chose.
32:45J'ai dit, très bien, Philippe.
32:47Je compte sur vous.
32:49Je vais faire mon maximum.
32:51Et là, il me disait, c'est ça qui m'inquiète.
32:53Donc, vous chantez l'opérette
32:55et ce disque, vous le faites comme ça.
32:57Guillaume me dit, c'est lui qui a écrit les paroles.
32:59Je trouve très drôle. C'est « Je n'aime que toi ».
33:01J'ai essayé de la refourguer auprès de Jean-Marie Poiré
33:03dans « Ma femme s'appelle Maurice ».
33:05Ça l'amusait beaucoup. Puis finalement, ils ont choisi autre chose.
33:07Je crois qu'ils ont eu raison.
33:09Cette chanson est sur votre site.
33:11Oui, elle est en partie, en tout cas.
33:13Avec un petit visuel qui a été fait
33:15par Gaïa Bécaud.
33:17C'est Gaïa Bécaud qui m'a filmé.
33:19Le fils de l'illustre Gilbert.
33:21Mais Gaïa était illustre aussi.
33:23Il a fait un petit film en noir et blanc
33:25quand j'étais en face d'RTL
33:27après les grosses têtes, en train de déjeuner avec Pérony.
33:29Mais heureusement que Pérony n'est pas dans l'image.
33:31Salut Jean-Jacques.
33:33Vous avez un regret toutefois, Philippe Chevalier.
33:35Vous auriez rêvé de jouer Colombo.
33:37Oui, parce que j'ai fait des téléfilms
33:39avec Gérard Jourdui.
33:41Justement dans la série Maupassant.
33:43C'est un grand bonheur.
33:45Mais ce que j'aurais voulu faire,
33:47ce que j'aurais voulu vraiment,
33:49c'est avoir la carrière de Peter Falk.
33:51En tout cas, pas forcément au cinéma.
33:53Mais dans Colombo.
33:55Je suis un Colombo-lâtre.
33:57C'est-à-dire, j'adore Colombo.
33:59Je trouve que ce personnage est génial.
34:01Et avoir un personnage de policier,
34:03de flic comme ça, je trouve que c'est extraordinaire.
34:05Les scénarios sont géniaux.
34:07Lui, il a donné sa patte.
34:09Tout le monde me dit, il faut que tu le voies en anglais.
34:11Moi, j'ai toujours vu qu'en français,
34:13j'ai la collection complète.
34:15Mais Fauré, je peux le mettre en français
34:17si je veux. Il y a une manipulation à faire.
34:19Je ne suis pas très doué.
34:21Mais il paraît qu'en anglais, c'est aussi très intéressant.
34:23Il se trouve que Peter Falk lui-même
34:25avait acheté son imperméable dans une friperie.
34:27Tous les vêtements qu'il portait,
34:29il les avait achetés directement
34:31sans même se faire rembourser par la production.
34:33C'est une rare générosité.
34:35Oui, mais ça ne m'étonne pas.
34:37Ça authentifie. C'est un génie,
34:39cet acteur.
34:41Il a été très bien doublé
34:43par Serge Chauvion aussi,
34:45pour les Français.
34:47En tout cas, ça c'est le passé.
34:49Le présent, c'est un spectacle qu'on va évoquer
34:51à travers la date de sa sortie, de ce début,
34:53le 28 octobre 2024.
34:55A tout de suite sur Sud Radio avec Philippe Chevalier.
35:03Une vie, mon invité est Philippe Chevalier.
35:05On a beaucoup parlé de votre passé,
35:07mais le présent, depuis le 28 octobre,
35:09c'est le Théâtre de Passy, à Paris,
35:11où vous jouez le Keiko Zolive,
35:13une pièce qui débute
35:15par ce classique.
35:21La cinquième de Beethoven, je ne sais pas si vous le savez,
35:23mais la première fois que ça a été diffusé,
35:25qu'il l'a joué, ça a été un véritable échec.
35:27Personne n'y a cru.
35:29Il a fallu qu'un musicologue
35:31découvre cette musique,
35:33Ernest Theodor Wilhelm Hoffmann,
35:35et la mette en valeur et qu'elle devienne un classique.
35:37Après sa mort ?
35:39Après sa mort.
35:41Je ne savais pas du tout cette histoire-là, alors que les autres symphonies avaient fonctionné.
35:43Celle-là, mais un échec complet.
35:45Je crois que l'orchestre a mal joué ce soir-là, ça a été une horreur.
35:47Effectivement,
35:49la pièce commence, il y a une musique originale
35:51qui a été faite par deux musiciens
35:53qui sont formidables,
35:55qui donnent une note de gaieté dans cet univers,
35:57parce que ça se passe dans un Ehpad,
35:59c'est une pension pour comédiens retraités,
36:01comédiens à la retraite.
36:03Ça commence par La cinquième de Beethoven,
36:05parce que mon voisin,
36:07on est chacun dans un petit appartement
36:09de pension
36:11d'acteur à la retraite,
36:13et il met la musique très forte.
36:15Notamment, c'est La cinquième de Beethoven,
36:17c'est pour ça qu'il y a un ta-da-da.
36:19Je viens lui dire, écoutez, vous êtes bien gentil,
36:21mais vous me cassez les oreilles,
36:23parce que vous mettez votre musique trop forte.
36:25Je tombe sur un atrabilaire.
36:27Le pitch, en gros,
36:29cet atrabilaire qui est un acteur
36:31qui a réussi, lui, qui est un grand acteur,
36:33joué par Bernard Mabille,
36:35un type assez massif,
36:37corpulent, qui a du poids.
36:39Ce type a un moral dans les chaussettes,
36:41et il est sur le point
36:43de se suicider.
36:45Et moi, je l'en empêche.
36:47Au début, je ne me rends pas compte
36:49qu'il veut se suicider, parce que je ne vois pas son revolver.
36:51Je veux surtout lui fourguer un cake aux olives.
36:53Moi, je suis un acteur ringard,
36:55qui n'a jamais eu de succès,
36:57qui n'a fait qu'une pièce dans sa vie,
36:59c'est le cake aux olives.
37:01Et le cake aux olives, en réalité, il faut savoir
37:03qu'il est arrivé en France, dans les cuisines,
37:05pour être le complément du cake aux fruits anglais.
37:07C'est comme ça que s'est né dans les années 60.
37:09C'est ça, les méridionaux
37:11qui voulaient mettre des olives dans leur cake
37:13pour ne pas se faire moucher par les Anglais.
37:15Donc, la cake aux olives,
37:17c'est une pièce que vous avez écrite au départ,
37:19mais en fait, la vraie pièce est écrite par Jérôme de Verdière.
37:21Alors, la pièce est écrite
37:23par Jérôme de Verdière.
37:25Jérôme de Verdière étant l'animateur
37:27de cette émission où on s'est rencontré,
37:29enfin, on se rencontrait aussi au Grosse Tête
37:31avec Bernard,
37:33dans cette émission,
37:35Lundi sur 2 de Paris 1ère,
37:37où je suis entouré de chansonniers,
37:39jeunes et moins jeunes,
37:41et Jérôme nous a écrit une pièce sur mesure.
37:43Alors, c'est vrai qu'on l'a un peu amendé,
37:45on a rajouté des choses,
37:47mais le bâti, comme on dit,
37:49c'est Jérôme de Verdière.
37:51Et effectivement, Mabille et vous,
37:53c'était un duo qui n'existait pas.
37:55Ah, pas du tout !
37:57Alors, il existait de facto, comme dirait celui qui a fait du grec,
37:59parce que
38:01souvent, on fait semblant
38:03de se chamailler,
38:05on fait pas semblant de se chamailler,
38:07on fait semblant de s'engueuler dans les chroniques
38:09de la revue de presse.
38:11Alors, la revue de presse, justement, s'est née sur Paris 1ère
38:13en 2016, personne n'y a cru.
38:15Ah non, pas en 2016, en 2007.
38:17Moi, je suis arrivé en 2016.
38:19Personne n'y a cru.
38:21Et puis, finalement, c'est un programme
38:23soi-disant pour les anciens,
38:25qui marche très bien auprès des anciens et des jeunes.
38:27Exactement, oui.
38:29On peut dire, peut-être,
38:31une des émissions phares de la chaîne.
38:33Et c'est un grand bonheur,
38:35parce que d'abord, c'est une émission en direct.
38:37Donc, on peut dire ce qu'on veut.
38:39On n'est pas censurés,
38:41personne ne nous demande...
38:43Alors, on se maîtrise nous-mêmes,
38:45on va pas dire
38:47des trop, trop, trop...
38:49Enfin, parfois, il y a un laissé-aller.
38:51Notamment, notre maire de Paris,
38:53Mme Hidalgo, en prend souvent
38:55pour son grade, la pauvre.
38:57Oui, mais elle le mérite.
38:59Alors, ça veut dire aussi, une émission de chansonniers.
39:01Et ça, c'est un nouveau métier pour vous, chansonniers,
39:03Philippe Ruvalier ?
39:05Oui, exactement, parce que je ne suis pas très politique, moi.
39:07On avait fait, avec Régis, quelques sketchs politiques.
39:09Notamment, j'ai revu un vieux sketch
39:11de Bouvard, qui était passé sur Youtube,
39:13où on faisait, au moment de la cohabitation,
39:15Chirac et Mitterrand,
39:17qui étaient dans le même plumard.
39:19Ce sketch très drôle, qui est très long, d'ailleurs,
39:21mais qui est assez marrant.
39:23Et puis, on a fait aussi le débat
39:25entre
39:27Nicolas Sarkozy
39:29et Ségolène Royal.
39:31On a fait cette...
39:33Et alors, depuis que je suis chez eux,
39:35je fais un petit peu de politique,
39:37mais pas beaucoup non plus. Je fais des choses
39:39qui sont plus dans mon registre,
39:41qui tiennent de l'absurde.
39:43Vous êtes toujours à côté du sujet.
39:45Quand je faisais des portraits,
39:47je parlais rarement
39:49de celui que je devais portraiturer,
39:51ce qui l'amusait en général beaucoup.
39:53Il y avait quand même un fil qui nous y reliait.
39:55Et là, maintenant, je fais surtout des thématiques.
39:57Par exemple, l'autre jour, on avait un historien
39:59qui est très sympa, qui s'appelle
40:01Alain Dagnot, je ne sais pas si vous le connaissez,
40:03qui a écrit une histoire
40:05de France
40:07avec des éléments décalés.
40:09Par exemple, le fait que
40:11Louis XVI,
40:13le 14 juillet 89,
40:15n'ait rien à signaler.
40:17Ce sont des choses historiquement.
40:19À partir de là, j'ai fait moi-même aussi
40:21mes propres thématiques. Un jour, on a reçu
40:23le philosophe très sympathique,
40:25Raphaël Enthoven,
40:27et j'ai fait mon histoire de la philosophie.
40:29Et ça l'a beaucoup amusé. Je disais, par exemple,
40:31que j'aimais beaucoup Hegel,
40:33et surtout ma femme, parce que ma femme,
40:35elle gueule, elle gueule, elle gueule.
40:37Ça fait rire les gens, parce que c'est bête,
40:39mais c'est efficace.
40:41Je crois qu'un jour, avec Clara Morgan,
40:43vous avez raconté que vous étiez chez le dentiste.
40:45Je me souviens de ça.
40:47Vous avez raconté une histoire de dentiste absolument délirante.
40:49Je ne m'en souviens pas, parce que ça ne devait pas être dans mon texte.
40:51Parce qu'elle est un peu sur l'œil,
40:53comme on dit à cheval.
40:55Elle a toujours peur qu'on la prenne pour...
40:57Alors que pas du tout, il n'y a pas de...
40:59Alors elle m'envoyait
41:01des pics.
41:03Moi, ça m'amusait beaucoup de lui répondre.
41:05Elle est charmante.
41:07Et votre plus belle conquête, Philippe Chevalier ?
41:09Oui, c'est vrai.
41:11C'est venu comment, ça ?
41:13J'ai appris à monter à cheval très jeune,
41:15mais ça, ça venait de ma mère.
41:17Parce que ma mère était cavalière, elle adorait les chevaux.
41:19Ma mère, ce n'était pas la mère.
41:21La mère, c'était plutôt mon père,
41:23sauf que mon père avait le mal de mère.
41:25On dirait du Devaux.
41:27On n'a jamais été très bateau dans la famille,
41:29même si mon grand-père
41:31était marin, et je suis entouré,
41:33avec mes cousins, de marins et de navigants.
41:35Et moi, j'aime la mère pour la regarder.
41:37Et pour être sur un bateau, pour dire au capitaine
41:39un petit verre de rosé, s'il vous plaît, Robert.
41:41Mais je ne suis pas du tout manœuvrier,
41:43je ne suis pas batelier, ni de la volga, ni de la manche.
41:45En revanche, j'aime les chevaux.
41:47J'ai jamais été un bon cavalier,
41:49mais je pratique toujours.
41:51Je monte à cheval.
41:53Alors comme un touriste,
41:55une fois par semaine, mais ça me fait du bien.
41:57Ça me met dans mon assiette.
41:59Vous parlez de votre mère,
42:01il faut savoir que si vous êtes tombé dans l'humour,
42:03elle en est responsable,
42:05parce qu'elle avait un côté assez fantasque, votre mère, Philippe Chevalier.
42:07Oui, exactement. Et quand j'entends,
42:09je ne veux pas me comparer à Louis de Funès,
42:11mais quand j'entends ce génie de Louis de Funès
42:13parler de sa mère, je revois la mienne.
42:15Sauf que la mienne était très gentille, très charmante,
42:17alors que je pense que la mère de Louis de Funès
42:19était un peu teigneuse, de temps en temps.
42:21Ma mère était fantasque.
42:23Moi, je l'ai entendu dire, par exemple,
42:25au téléphone, à une de ses amies,
42:27parce qu'elle avait un petit côté mondain,
42:29un petit côté BCBG, comme ça.
42:31« Oh oui, toutes mes amitiés à votre épouse,
42:33je vous embrasse. »
42:35Et avant de raccrocher le téléphone,
42:37elle disait « Quelle andouille, celle-là ! »
42:39Des trucs comme ça. Elle était très drôle.
42:41Alors, ce côté chansonnier, c'est aussi une nouvelle aventure pour vous,
42:43parce qu'on a dit que les chansonniers étaient morts,
42:45alors que depuis, ils vont très bien.
42:47Pas du tout.
42:49Quand j'ai commencé
42:51un one-man-show,
42:53quand Las Palaces est parti,
42:55je me suis dit,
42:57je vais faire un one-man-show.
42:59J'ai fait un one-man-show d'abord
43:01au Théâtre d'Edgar,
43:03chez Luc Hamet, qui m'a très gentiment accueilli
43:05et produit.
43:07Et j'ai fait quelques incursions
43:09chez Jacques Maillot,
43:11aux Deux-Ânes. Alors, à l'époque, il n'y avait plus
43:13Bernard. Bernard avait quitté les Deux-Ânes.
43:15Et l'autre jour,
43:17il n'y a pas longtemps, j'ai envoyé justement
43:19une copine de cheval, comme dirait
43:21Boris Vian,
43:23voir
43:25une femme qui a entre 35 et 40 ans,
43:27une très jolie femme qui est venue
43:29avec son mari
43:31et ses enfants,
43:33qui ont 12 ans, et ils se sont bidonnés.
43:35Donc, il n'y a pas du tout...
43:37Les chansonniers sont plus vivants que jamais,
43:39parce que les gens s'intéressent quand même beaucoup à la politique.
43:41Là, il y a de quoi faire.
43:43C'est vrai que c'est une grammaire un peu nouvelle
43:45pour moi, parce que c'est pas mon...
43:47Moi, j'ai tendance à parler de politique un peu sérieusement.
43:49Alors, il faut quand même, évidemment,
43:51se mettre dans un...
43:53Je caricature plus
43:55mes contemporains et l'ère du temps
43:57que véritablement les politiques.
43:59Il faut savoir que les chansonniers, ça remonte au début
44:01de la télévision aussi, pour le petit écran,
44:03à Robert Roca, Jacques Grélo,
44:05La boîte à sel. La boîte à sel, qui a été censurée
44:07parce qu'ils ont osé mettre
44:09une voix sur des images de Michel Debré,
44:11Premier ministre. Donc, le ministre
44:13de l'Information s'en est mêlé, a demandé
44:15le conducteur de l'émission, et ils ont dit, ben écoute,
44:17il n'y aura plus d'émission, ce sera aussi simple que ça.
44:19C'était qui à l'époque ? C'était Perfit ?
44:21C'était avant Perfit.
44:23On a oublié son nom, mais on n'a pas oublié
44:25l'émission. Alors, c'est vrai que les duos,
44:27bon, Bernard Mabille, c'est actuellement,
44:29avec le caca aux olives, à Paris et en tournée,
44:31parce que c'est commencé.
44:33On joue à la fois à Paris, donc, au Théâtre de Passy.
44:35Alors, uniquement les mardis et les mercredis,
44:37et un lundi sur deux, puisque l'autre
44:39lundi, on est pris avec la revue de presse.
44:41C'est à 21h. Et puis alors, on est en tournée,
44:43on a déjà fait six dates de tournée.
44:45Ça marche très très fort aussi.
44:47Et là, on va aller,
44:49ben...
44:51On va chanter, parce que
44:53là, donc, fin décembre, on a trois dates,
44:55et puis on va avoir une
44:57tournée très intense en janvier, février
44:59et mars. Voilà. Il se trouve aussi
45:01que le théâtre en province,
45:03ça vous a sauvé à une époque où ça marchait plus,
45:05notamment grâce à Patrick Sébastien
45:07et grâce à Olivier Lejeune.
45:09Exactement. Parce que j'ai joué, alors après,
45:11après cette séparation laspalaisienne,
45:13j'ai joué une pièce formidable
45:15de Patrick Sébastien qui s'appelle Le Sommelier,
45:17avec un partenaire extraordinaire
45:19qui est Didier Gustin,
45:21que tout le monde connaît. Et on a joué cette pièce
45:23quand même plus de 100 fois en province
45:25sur 18 mois, la pièce de Patrick,
45:27Le Sommelier. J'ai voulu la produire
45:29à Paris, avec Laspalais,
45:31d'ailleurs pas avec Laspalais comme coproducteur,
45:33parce que nous avions à ce moment-là
45:35une société de production.
45:37On avait tout préparé avec Didier Gustin,
45:39il y avait Marianne Giraud,
45:41il y avait en alternance
45:43Didier Gustin ou Bruno Chapelle, d'ailleurs,
45:45en alternance aussi, mon ami Bruno.
45:47Et puis,
45:49il y avait Juliette Poissonnier,
45:51enfin voilà, oui,
45:53comme dirait Bouvard, il y avait aussi Josiane,
45:55il y avait une distribution époustouflante,
45:57et alors, tout était prêt,
45:59et 15 jours avant,
46:01il y a eu le Covid,
46:03donc on n'a jamais joué cette pièce à Paris.
46:05Ça pourrait s'arranger un jour.
46:07Ça pourrait s'arranger, bien sûr.
46:09Un des grands souvenirs aussi de votre duo avec Laspalais,
46:11c'est quand même le dîner de cons.
46:13Ah, c'est la pièce la plus
46:15extraordinaire qui m'a été donnée
46:17de jouer, parce que
46:19moi qui aime justement
46:21beaucoup improviser, et on avait beaucoup improvisé
46:23avec Régis et avec Bruno Chapelle
46:25dans Les menteurs, une pièce qui a eu
46:27beaucoup de succès, plus en province qu'à Paris,
46:29le dîner de cons,
46:31d'abord vous n'avez pas le droit d'improviser.
46:33C'est interdit par Francis Weber.
46:35C'est interdit par M. Francis,
46:37et on n'en a pas besoin.
46:39Je n'ai jamais vu une telle régularité de rire
46:41systématiquement.
46:43Que vous soyez en forme, pas en forme,
46:45que vous disiez bien votre phrase,
46:47il faut être sur le coup.
46:49Mais c'est une mécanique,
46:51c'est une horlogerie fabuleuse.
46:53Et Francis Weber a eu l'idée, un soir,
46:55il a été invité à dîner chez Castel, par Jean Castel,
46:57et c'était un dîner de cons.
46:59Il ne savait pas ce que c'était, et il s'est d'ailleurs demandé
47:01souvent s'il n'était pas le con de la soirée.
47:03Oui, il le dit, parce qu'il a beaucoup d'autodérision,
47:05mais je ne pense pas, parce que pour prendre Weber pour un con,
47:07il faut y aller.
47:09Il se trouve aussi que
47:11maintenant, c'est le théâtre pour vous,
47:13et peut-être d'autres choses,
47:15parce que vous avez d'autres envies maintenant.
47:17J'aimerais beaucoup faire du cinéma.
47:19Moi, j'adorerais faire
47:21un feuilleton télé,
47:23en premier rôle, et notamment un feuilleton
47:25policier. J'en vis beaucoup.
47:27Mon ami Francis Perrin,
47:29Jacques Piesser,
47:31j'aimerais jouer un flic.
47:33Alors, il faut peut-être qu'il se dépêche.
47:35Il faudrait un flic un peu décalé, un peu lunaire.
47:37Il y a beaucoup de séries américaines, d'ailleurs,
47:39qui sont dans un registre que je pourrais faire.
47:41Notamment, il y a une espèce
47:43d'obsessionnel, je ne sais plus comment ça s'appelle.
47:47Il est complètement
47:49monomaniaque.
47:51Oui, c'est Monk, c'est extraordinaire.
47:53Il va vérifier si le gaz est fermé, etc.
47:55Et moi, comme je suis un peu comme ça,
47:57j'aimerais beaucoup faire ça.
47:59Oui, car c'est vrai, vous avez des toques dans la vie.
48:01Depuis toujours ?
48:03Depuis l'âge de 8-9 ans, oui.
48:05Le jour de la première, par exemple, à l'Olympia en 1993,
48:07votre souci, c'était
48:09est-ce que la porte de chez moi est bien fermée ?
48:11Ou est-ce que j'ai posté telle lettre ?
48:13C'est terrifiant.
48:15Comment on vit avec ça ?
48:17J'ai fait 8 ans de psychanalyse, sans aucun succès.
48:19On vit avec.
48:21Il faut chasser le...
48:23Je dirais que depuis que je suis marié,
48:25ça va mieux.
48:27Mon adorable épouse, Stéphanie,
48:29m'a fait un peu disparaître ces toques-là.
48:31Vous êtes marié sur le tard ?
48:33Sur le tard, oui.
48:35Pas sur l'oreiller, mais sur le tard.
48:37Vous avez pris votre temps.
48:39J'ai attendu 60 ans.
48:41Vous connaissez la phrase de Talran sur le mariage.
48:43Elle est délicieuse.
48:45Le mariage est une chose suffisamment sérieuse
48:47pour qu'on y réfléchisse toute sa vie.
48:49Et vous avez bien réfléchi.
48:51Et nous, on ne va pas réfléchir.
48:53On va se précipiter, ou en tournée, ou à Paris,
48:55au Théâtre de Passy, pour vous applaudir
48:57et vous découvrir, avec Bernard Mabille,
48:59dans le cake aux olives.
49:01C'est la recette du succès, si j'ose dire.
49:03Merci Philippe Chevalier. Continuez.
49:05Et revenez quand vous voulez, vous avez tellement de choses à dire.
49:07C'est vrai. Merci Jacques.
49:09Merci. Les Clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:11On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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