• avant-hier
Jacques Pessis reçoit Claude Lelouch. Son 51ème film, « Finalement ! » sort demain au cinéma. Les confidences d’un éternel jeune homme qui vient de fêter ses 87 printemps.

🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

________________________________________

🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

________________________________________

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC

##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-11-12##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous avez donné votre vie au cinéma sans jamais en faire au quotidien.
00:10Vous avez beaucoup tourné, mais jamais en rond.
00:12Et surtout, vous n'avez jamais tourné la page à la passion de l'éternel jeune homme
00:16que vous demeurez.
00:17Bonjour, Claude Lelouch.
00:18Bonjour, bonjour.
00:19Alors, double bonheur aujourd'hui, vous vous retrouvez au micro de Sud Radio et puis fêtez
00:25la 1400e émission des clés d'une vie aujourd'hui.
00:29Ça, je suis très fier, moi aussi, j'adore les chiffres ronds.
00:32Et puis, vous adorez le 13, on va en parler tout à l'heure avec la sortie de ce film
00:37finalement, qu'on va évoquer, bien sûr, dans les clés d'une vie qui sort demain
00:40sur les écrans, le 51e Lelouch.
00:43Mais le principe des clés d'une vie, vous êtes déjà venu, c'est d'évoquer votre
00:46parcours à travers des dates clés.
00:47Alors, j'en ai trouvé une qui est liée à votre vie.
00:50C'est le 6 septembre 1945, la sortie de ce film, quand le 30 octobre 1935, nommé
00:56surveillant à l'internat privé de rééducation.
00:58La cage Rossignol.
00:59Et je crois que c'est l'un des premiers films qui a compté dans votre vie.
01:02Absolument.
01:03Absolument.
01:04C'était avec Noël, Noël.
01:05C'est un film magnifique et je me rappelle que j'ai pleuré à ce film et je suis allé
01:13le revoir une deuxième fois et une troisième fois.
01:15Voilà donc, c'est un film qui a été important dans ma vie.
01:18Et qui a inspiré d'autres films.
01:20Il faut savoir que c'était un film de Jean Dréville qui était tiré d'un roman, qui
01:23était inspiré d'une histoire d'un centre éducatif qui existait, dans lequel les équipes
01:29œuvraient au développement d'enfants en difficulté par la pratique du chant choral.
01:35Absolument.
01:36Et c'est après notre ami l'écoriste qui a repris ce merveilleux sujet et qui l'a
01:41traité d'une façon formidable aussi.
01:42Non, non, c'est un très bon souvenir et c'est vrai que c'est un film qui a marqué
01:48ma mémoire.
01:49Il y en a quelques-uns.
01:50Si on commence à parler des films qui m'ont marqué, je vais faire jusqu'à 1500.
01:56Alors il y a aussi Blanche Neige et les sept nains qui vous a marqué.
01:59Oui, on est nés la même année.
02:01J'ai l'âge de Blanche Neige.
02:03Elle a mieux vieilli que moi.
02:06Et c'est vrai que ce film vous a marqué parce que Disney a été très important pour vous
02:11aussi.
02:12Oui, tout simplement parce que d'abord Blanche Neige a été vraiment, je crois, son premier
02:18énorme succès.
02:19Il avait déjà eu des consécrations, mais là c'est absolument un virage important.
02:24Et puis c'est un film terrible, c'est terrible l'histoire de Blanche Neige, elle est à la
02:32fois magique, merveilleuse, cruelle, donc pour l'enfant que j'étais, enfin moi j'ai vu
02:38le film après la guerre, parce qu'il a été fait en 1937, mais moi je l'ai vu après
02:44la libération, c'est-à-dire j'avais 6 ans, 7 ans, donc j'avais l'âge idéal pour voir
02:48Blanche Neige.
02:49Et ce film, l'idée du film, c'était le livre d'enfance de Disney, il a travaillé pendant
02:553 ans, jour et nuit, notamment en dormant dans son bureau pour réaliser ce film auquel
03:00personne ne croyait.
03:01Vous connaissez le principe, il a laissé toute sa fortune au départ parce qu'il croyait
03:05en ce film.
03:06Je sais, non, non, mais c'est ce qui fait la force de Disney, l'entêtement ça a du
03:11bon des fois.
03:12Voilà.
03:13Et un metteur en scène qui a aussi compté pour vous à vos débuts, c'est Christian
03:15Jacques, je crois que, Claude Lelouch.
03:17Avec Fanfant la Tulipe.
03:19Oui, Fanfant la Tulipe aussi, ça fait partie de ces films qui m'ont fait rêver et qui
03:25avaient tous les charmes, c'était à la fois fou et en même temps on y croyait.
03:29On y croyait, Fanfant la Tulipe qui bondissait sur la poitrine de Gina Lollomogida, et puis
03:39il y avait Noël Rock Vert aussi qui était absolument incroyable, et puis il y avait
03:45ce parfum de rêve avec les guerres en dentelle, c'est-à-dire qu'à l'époque faire la guerre
03:51c'était comme aller en week-end quelque part, on partait, alors on partait à la guerre
03:56avec les festins, la vaisselle, la cour qui suivait, etc., et on assistait à la bataille
04:05comme on assiste aujourd'hui à un concert de rock.
04:07Exactement.
04:08Il faut savoir que vous avez aussi croisé Gérard Philippe et vous n'avez pas pu lui
04:11demander un autographe, je crois.
04:12Une fois, c'était en Angleterre, il tournait Monsieur Ripoy, et moi j'essayais d'apprendre
04:20l'anglais, j'étais à Londres, j'ai passé dix jours ou quinze jours, je ne sais plus
04:24avec qui, j'ai appris le français à tous les anglais parce que je n'arrivais pas à
04:28apprendre l'anglais, et à un moment donné je vois un type qui lisait un journal d'une
04:33façon bizarre, et dans le journal il y avait un trou, et dans le trou il y avait une caméra,
04:38et cette caméra filmait Gérard Philippe à Piccadilly Circus, qui était en train
04:43de tourner Monsieur Ripoy.
04:44C'est extraordinaire.
04:45Voilà, et j'ai essayé d'aller lui demander, et on m'a dit non, non, il tourne, il tourne,
04:49il tourne, alors je me suis incliné, voilà, mais c'est vrai que c'était un très joli
04:54souvenir.
04:55Et Christian Jaques a tourné de 1932 à 1977, de Bidon d'or à la vie parisienne, et il
05:01y a un film aussi qui a marqué sa carrière, c'est Baba est-ce en matin guerre, avec Bardot.
05:05Alors vous, vous avez été marqué par Dieu créa la femme, par la scène notamment du
05:09Mambo.
05:10Oui, enfin j'ai été surtout marqué par Brigitte Bardot qui d'un seul coup montrait
05:18une femme splendide, qui offrait ses charmes à la terre entière, et à l'âge que j'avais,
05:26j'en ai profité évidemment, comme tout le monde, j'ai maté, j'ai maté, et le film
05:30de Vadim aussi était très important, je veux dire que Vadim, il arrive avant la nouvelle
05:36vague, il arrive à la nouvelle vague et quelque part il invente une partie de la nouvelle
05:42vague, mais en même temps son film est fait avec des gros moyens, un vrai producteur,
05:47mais c'est vrai que c'est un film charnière avant l'arrivée de la nouvelle vague, donc,
05:52et puis Bardot, Bardot, écoutez, encore aujourd'hui elle est parmi nous et elle fait des choses
05:58merveilleuses pour les animaux.
05:59Beaucoup, beaucoup, elle se bat sans arrêt, on en a parlé voici quelques jours à ce
06:03micro.
06:04Il se trouve aussi que ce film a été important parce qu'il y a un changement de scénario,
06:11c'est-à-dire que Roger Vadim voit un soir Bardot danser à Mambo, il a changé de scénario,
06:15et ça aussi c'est devenu une de vos spécialités, évoluer en fonction de...
06:19Mais bien sûr, bien sûr, c'est parce que le plus grand scénariste du monde c'est la
06:23vie, c'est la vie, et la vie moi elle est dans tous mes films, elle est dans tous mes
06:29films, je veux dire que les personnages de mes films, les hommes et les femmes que j'ai
06:33filmés, je les ai croisés, les dialogues de mes films, j'ai dû les entendre quelque
06:38part, et donc il est évident que si un soir je vais dans un endroit et je vois Brigitte
06:44Bardot danser le Mambo, je me dis que je vais la mettre dans un film, c'est évident, c'est
06:48comme ça qu'on a des idées.
06:49Et le cinéma, je crois que ça a commencé grâce à votre père, qui a eu une des premières
06:53caméras d'amateur.
06:55Oui, en 1937, il a la très bonne idée de filmer ma naissance, donc il achète une petite
07:03caméra Kodak, et donc le premier acteur que j'ai vu sur un écran c'est moi, puisque j'avais
07:08deux ans quand on me projetait des images de moi dans ma première année tentant de
07:14marcher pour la première fois.
07:15Voilà, et ensuite le cinéma vous a attiré, je crois même que vous avez pas mal séché
07:18l'école quelques fois pour aller au cinéma, Claude Lelouch.
07:21Souvent parce que sous l'occupation de ma mère, me cacher dans les salles de cinéma,
07:26c'était un des rares endroits encore où on arrêtait pas les gens, et donc comme j'étais
07:33un enfant très turbulent, je restais pas en place.
07:35Et un jour ils se sont aperçus qu'en m'emmenant au cinéma, qu'enfin j'étais calme.
07:40Pendant deux heures j'ai pas bougé, j'ai été cloué.
07:42Donc le cinéma est devenu très vite ma nurse principale, on me confiait à une ouvreuse,
07:48je voyais le même film trois fois dans la journée parce que le cinéma était permanent,
07:52et quand il a fallu retourner à l'école, ça a été un cauchemar, un cauchemar parce
07:56que j'avais pris l'habitude de m'éclater tous les après-midi, et puis surtout, tous
08:02les professeurs qui me parlaient, qui essayaient de m'enseigner quelque chose, étaient moins
08:06rigolos que les films que je voyais.
08:08Je veux dire que d'un seul coup, mon vrai professeur, c'était le cinéma.
08:11Le cinéma était devenu mon vrai prof, donc j'ai séché, séché, séché, jusqu'au
08:16jour où je me suis fait renvoyer de toutes les écoles, jusqu'au jour où j'ai raté
08:21mon bac, et jusqu'au jour où mon père m'a offert une caméra qui a changé ma vie, et
08:25qui fait qu'à 17 ans, enfin, j'ai pu prendre des vacances jusqu'à aujourd'hui.
08:29– Voilà, et effectivement, vous avez raté le bac volontairement parce que vous aviez
08:32entendu votre père parler de quelque chose.
08:34– Absolument, oui, j'avais entendu mon père et ma mère tenir une conversation du
08:38genre « s'il rate son bac, on lui achète une caméra et qu'il se démerde ».
08:43Et je me suis bien démerdé.
08:45– Je crois, Claude Lelouch.
08:46Alors, il y a aussi la télévision, car vous avez été un des premiers spectateurs de
08:50la télévision.
08:51– Oui, mon père achète, non seulement en 1937, une petite caméra pour filmer ma naissance,
08:56mais il achète un des premiers postes de télévision.
08:59Et je crois même qu'il a été le septième ou huitième poste de télé, donc j'ai grandi
09:06devant la télévision, j'ai grandi à la fois devant la télé et devant le cinéma.
09:10Mais c'est vrai que ma préférence, c'est les grands écrans, et encore aujourd'hui
09:14je préfère aller au cinéma que de regarder la télé.
09:17Mais vive la télé parce qu'elle a permis justement à la terre entière d'avoir une
09:24certaine culture qui n'est pas négligeable.
09:26– Et le premier talk show de télévision, c'était « Télé Paris » avec Roger Ferral,
09:30Jacques Chaban et Jacques-Angel Levin, qui a été en prison pour une histoire, et qui
09:35a inspiré quand même « French Connection » et « Le Corneau ».
09:38– Oui, absolument.
09:39Je vois que vous êtes très au courant de tout ça.
09:41– Non, c'était une émission qui avait lieu le midi, je crois, quelque chose comme
09:45ça, et qui nous tenait au courant de tout ce qui se passait à Paris.
09:49C'était à Vendrucquer, il y avait effectivement ce trio absolument incroyable, charmant, qui
09:56faisait que d'un seul coup, alors là, ça faisait de l'audimatin à l'époque, il
10:00n'y avait qu'une chaîne.
10:01– Il n'y avait qu'une chaîne et c'était à minuit et demi tous les jours.
10:04Et les studios de télévision, je crois, les studios de cinéma, vous les avez découverts
10:08à Bianco, au temps où les Américains venaient tourner tous les grands films à Paris, Claude Lelouch.
10:13– Oui, alors c'était au point du jour, il y avait les cinémas de Bianco, et c'est
10:18là où j'ai fait mon premier stage sur « L'homme au clé d'or » avec Pierre Freynet,
10:22et Annie Girardot qui faisait son premier film.
10:25– Vous étiez fasciné par Annie Girardot ?
10:27– Oui, alors j'ai commencé par lui porter le café, les sandwiches, puisque j'étais
10:30stagiaire.
10:31Voilà, elle était déjà une star, elle était au français.
10:33– Et vous pensiez que vous en feriez votre métier ?
10:36– Oui, très vite parce qu'au bout de trois semaines, j'avais compris que c'était
10:42un truc pour moi.
10:43J'ai très vite compris que le cinéma et moi, on allait vivre une grande histoire d'amour.
10:48Vous savez, j'ai eu la chance extraordinaire de ne faire que du cinéma.
10:51J'ai plein de copains à moi qui ont fait des petits boulots avant d'arriver au cinéma,
10:57qui ont galéré.
10:58Non, moi j'ai fait du cinéma toute ma vie.
11:00Toute ma vie, à ma naissance, devant la caméra de mon père, et puis après, dès que je
11:06me suis lancé dans ce métier, d'abord j'ai commencé comme reporter d'actualité,
11:09mais avec une caméra.
11:10Non, je n'ai fait qu'un seul métier, le cinéma.
11:13– Eh bien justement, on va continuer à parler d'un autre film que vous avez signé
11:17et qui est lié à une date, le 22 juin 1965.
11:20A tout de suite sur Sud Radio avec Claude Lelouch.
11:23Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:26– Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Claude Lelouch pour cette 1400ème des clés
11:31d'une vie, à la veille de la sortie d'un film, finalement, dont on va parler tout à
11:35l'heure, qui est votre 51ème film, et pas n'importe lequel, on va en parler.
11:38Alors, on a évoqué votre passion du cinéma, et j'ai trouvé une date, le 22 juin 1965,
11:46c'est là que débute une compétition que vous avez filmée de bout en bout, et qu'on
11:51va évoquer à travers une chanson.
11:53Il a le maillot, il a le maillot, le maillot bout en or, le maillot jaune.
11:59– Marcel Hamon, le maillot jaune, maillot jaune qui porte cette couleur parce que c'était
12:02la couleur du journal L'Auto d'Henri Degrange en 1919.
12:06– Oui, oui, et c'est l'année où je suis le Tour de France sur une moto avec ma caméra,
12:12voilà, et je fais un film qui s'appelle Pour un maillot jaune.
12:14– Exactement.
12:15– C'était Gimondi qui a gagné cette année-là.
12:17– Poulidor deuxième.
12:19– Poulidor deuxième, comme toujours, c'est normal, et donc j'ai fait le Tour de France,
12:24déjà magique, merveilleux, sur une moto, à l'intérieur et dans le peloton, donc
12:31ce sont des émotions que je n'oublierai jamais, jamais, il n'y a rien de plus beau
12:33qu'un coureur qui sort d'un peloton, c'est une métaphore parfaite de la vie, à un moment
12:39donné on sort du peloton, ou on n'arrive pas à le suivre, voilà.
12:43– Et il se trouve aussi que c'est la première année depuis 1935 où aucun Français n'a
12:48porté le maillot jaune.
12:49– C'est vrai.
12:50– Alors ça partait d'Allemagne, ce Tour de France, en plus de Cologne, je crois.
12:53– Oui, absolument, il partait de Cologne et puis il finissait à Paris, déjà, mais
12:57enfin s'il finissait au Parc des Princes, non, non, j'ai passé, et alors ce film
13:03je lui dois beaucoup, beaucoup, parce que c'est la première fois qu'un de mes films
13:07intéressait le public, et grâce à ce film j'ai pu commencer à produire un homme et
13:13une femme.
13:14– Voilà, ce film, en plus vous avez trouvé le financement avec les marques, c'était
13:17le Tour de France par équipe.
13:18– Voilà, à l'époque il y avait effectivement quelques marques qui voulaient figurer dans
13:22ce court-métrage et grâce à ces marques j'ai pu, en partie, commencer le financement
13:28d'un homme et une femme.
13:29– Et comment est venue l'idée de tourner un documentaire sur le Tour de France, Claude
13:32Belouch ?
13:33– Écoutez, encore une fois, j'ai essayé de filmer dans ma vie les choses que j'aimais,
13:37voilà, et j'avais la passion du Tour de France, tout de suite après la guerre, je
13:42me rappelle, Jean Robic avait gagné le Tour de France, et avec mon père on avait été
13:49sur le parcours du Tour de France et je me suis dit, oh là là, qu'est-ce que ça
13:53me plaît, voilà, et donc un jour, je me rappelle, j'ai un ami à moi qui s'appelait
13:58Jacques Ville-Dieu, qui connaissait le directeur Jacques Godet du Tour de France, avec qui
14:06on a parlé 5 minutes et je lui ai dit, vous savez, mon rêve serait de filmer le Tour
14:09de France.
14:10Et ça tombe très bien, j'ai besoin d'un film sur le Tour de France, et donc du jour
14:14au lendemain, j'ai été engagé, et c'est comme ça que ça s'est produit, encore
14:18une fois le hasard qui a eu toujours beaucoup de talent dans ma vie a frappé très fort
14:22ce jour-là.
14:23– Jacques Godet avait épousé une des sœurs Étienne, les sœurs Étienne ont créé
14:28Cécibon avant Yves Montand, on l'a un peu oublié, c'était les stars de DJI, et c'est
14:33pour ça que les sœurs Étienne ont fait partie des soirées du Tour de France qui
14:36étaient un bal populaire à l'époque.
14:38– Oui, il y avait aussi l'accordioniste Yvette Horner qui jouait de l'accordéon
14:45sur un camion qui marchait à 60 à l'heure, c'était extraordinaire, et puis c'était
14:51la France, moi je pense que ce film m'a fait aimer la France, parce que j'ai fait
14:56le Tour de France, vraiment on ne peut pas le faire mieux, et puis on le faisait dans
14:59des conditions extraordinaires, parce que faire le Tour de France à vélo c'est mieux
15:02que de le faire en TGV, ça va trop vite, ou en avion, et donc j'ai découvert ce
15:07pays merveilleux qui est devenu ma maîtresse, Paris c'est ma femme, et la France c'est
15:14ma maîtresse.
15:15– C'est une belle maîtresse, et il se trouve aussi que vous n'étiez pas très
15:17connu à l'époque, donc vous étiez un peu anonyme dans le peloton ?
15:19– Ah oui, complètement, alors je faisais partie des reporters, il y avait une trentaine
15:24de motos qui suivaient le Tour de France déjà.
15:27– Et puis il y a eu des descentes à 120 à l'heure quelquefois, c'était dangereux.
15:31– Oui, j'avais très très peur dans les descentes, parce qu'on suivait effectivement
15:34les coureurs qui étaient 80, 100, 110, non non, les descentes sont plus impressionnantes
15:41que les montées.
15:42– Et puis il y a quelque chose dans ce Tour de France que vous avez filmé, et c'est
15:45pas courant, et ça correspond à votre caractère Claude Lelouch, ce sont les perdants, la
15:48lanterne rouge.
15:49– Oui j'adore ça, j'ai adoré les perdants, d'ailleurs je les ai filmés après en 72
15:55au Jeu de Munich, mais vous savez le vélo c'est comme la vie, dans les côtes on rêve
16:00de descentes, ou plutôt oui, dans les côtes on rêve de descentes et sur le plan on se
16:03fait un peu chier.
16:04– Mais la lanterne rouge ça s'appelle comme ça dans le Tour de France, parce que
16:08c'est une référence au feu rouge porté par le dernier véhicule d'un combat ferroviaire.
16:13– Oui, et puis c'était la voilure balai aussi, on faisait le ménage.
16:18– Et le dernier ce jour-là c'est le 95e qui s'appelle Raoul Ray, qui est un espagnol,
16:23je sais pas si vous en souvenez.
16:24– Non ça je m'en souvenais pas, bravo, j'ai bien fait de venir aujourd'hui.
16:27– Et puis il y a eu une autre compétition que vous avez filmée, et ça c'est un événement
16:30aussi, ce sont les Jeux Olympiques de Grenoble en 68.
16:34– Alors ça c'est un gros morceau, ça c'est un très très gros morceau, je l'ai filmé
16:37avec François Reichenbach qui était aussi un documentariste absolument époustouflant,
16:42et donc après le succès d'Un homme et une femme évidemment, Malraux et le général
16:47de Gaulle m'ont demandé de faire le film officiel des Jeux Olympiques, j'étais très
16:53flatté, mon égo était très flatté, on ne pouvait pas dire non, et en plus ça tombait
16:57très bien avec ma passion du ski, avec ma passion du sport en général, puis ça m'a
17:03permis de rencontrer toute la bande Gouachelle et surtout Jean-Claude Killy, avec qui j'ai
17:07toujours des rapports merveilleux, voilà.
17:09– D'ailleurs je crée le général de Gaulle, il y a eu une projection privée à l'Elysée
17:14d'Un homme et une femme que vous avez organisée avec Claude Lelouch.
17:17– Absolument, absolument, et sa femme était dans l'émotion, avec quelques larmes, et
17:23lui la chose qui l'a surtout intéressé c'était la race du chien, voilà il m'a
17:28dit c'est quoi la race du chien, et en plus je ne savais pas parce que j'avais filmé
17:31ce chien qui courait et qui gambadait sur la plage, je crois que c'est un joli chien,
17:35c'est tout, donc je me suis renseigné, voilà.
17:38– Et c'était une première à l'Elysée car il n'y avait pas de salle de projection
17:41à l'Elysée.
17:42– Non, on avait amené un projecteur portatif, comme ça, comme ça, et on a fait, avec un
17:47projecteur de campagne, et c'est Malraux qui avait dit au général, mon général il
17:52faut absolument que vous voyez ce film, qui est en train de changer beaucoup de choses,
17:56voilà.
17:57– Et c'est vrai qu'il a changé beaucoup de choses et pas seulement votre vie, et c'est
17:59vrai que ces Jeux Olympiques ça a été un événement car vous avez pu filmer une descente
18:03olympique Claude Lelouch.
18:04– Oui, on a pu faire des choses incroyables qu'on ne ferait plus aujourd'hui, c'est-à-dire
18:09qu'au moment de la descente des Dames, Willy Bogner qui était un ancien champion et qui
18:15travaille avec moi dans le film, a réussi à suivre la première concurrente, ce qui
18:21fait qu'on descend dans ce film, la descente des Dames, d'une façon subjective, comme
18:26si on était à la place du coureur, et ça a été une grande révolution à l'époque.
18:30– Une révolution et une folie parce que vous avez toujours pris des risques.
18:33– Oui, mais la vie sans risque elle n'a aucun intérêt, les gens qui ne veulent pas
18:37prendre de risques, ce n'est pas la peine qu'ils aillent tout de suite au cimetière.
18:40– Il y a aussi quelqu'un qui doit beaucoup à ces Jeux Olympiques de Grenoble, grâce
18:43à cette chanson.
18:44« Des milliers de drapeaux, mais un seul flambeau »
18:50Christine Barre qui chante sous un seul flambeau l'hymne des Jeux Olympiques, et on oublie
18:55que c'est Michel Fugain qui l'a composée à ses débuts, avec Patrice Laffont, ils
18:59avaient des copains, il fallait quelqu'un, et à l'époque il n'y avait pas d'appel
19:02d'offre.
19:03– Voilà, non, non, mais qu'est-ce que vous êtes bien renseigné.
19:06– C'est vrai que cette chanson…
19:07– C'est très impressionnant, j'apprends même des trucs là.
19:10– Alors, il y a un autre sport qui vous a toujours passionné, c'est la boxe, Claude
19:14Galouche.
19:15– Alors ça c'est le sport roi, parce que la vie c'est comme la boxe, on donne des
19:20coups et on en prend.
19:21Il y a des rounds où ça marche, il y a des rounds où ça ne marche pas, il y a des moments
19:27où on vous applaudit, il y a des moments où on vous siffle, entre chaque round il
19:32y a des gens qui vous donnent des conseils, on sait que les conseils c'est comme les
19:36cure-dents, après vous ça ne sert à rien, personne ne veut s'en servir, et donc c'est
19:41une métaphore parfaite, en 45 minutes on a toute l'histoire de la vie avec un combat
19:45de boxe.
19:46Donc j'ai adoré la boxe, en plus j'ai été fou de Marcel Serdant, j'ai grandi
19:52avec Marcel Serdant, et après ça m'a permis de faire Édith et Marcel avec Édith Piaf,
19:59donc si vous voulez la boxe pour moi c'est un sport à la fois qui est violent mais qui
20:02est en même temps très technique, c'est tout un art d'ailleurs, c'est un art dans
20:11la mesure où donner des coups et en recevoir, ça repose entièrement sur l'instinct, sur
20:20la chose la plus importante chez chacun d'entre nous, donc il y a à la fois des règles
20:24mais il y a aussi de l'improvisation, c'est un peu comme le jazz, il y a les figures imposées
20:29et puis il y a les figures libres, donc c'est un sport merveilleux, terrible, et puis tous
20:33ceux qui montent sur un ring sont au moins des gens courageux, et j'adore le courage.
20:38Édith Piaf vous l'avez rencontré parce que son chauffeur s'était absenté.
20:43Qu'est-ce qui l'est bien renseigné ?
20:44Oui, alors c'est vrai que je tournais mon premier film, le propre de l'homme devant
20:48la galerie La Fayette, et il y avait une voiture à un moment donné qui était dans le champ
20:52de ce que je voulais filmer, et je demande à mon assistant, va demander au chauffeur
20:58si la voiture peut avancer de 4-5 mètres, ça m'aurait servi.
21:03Bon l'assistant me revient en disant il n'y a pas de chauffeur, mais il y a quelqu'un
21:06à l'arrière de la voiture que je crois connaître, alors je suis curieux bien sûr, et je vais
21:12à mon tour à la voiture, et qu'est-ce que je vois à l'arrière ? Édith Piaf.
21:16Elle baisse la vitre, et là je n'arrive plus à trouver les mots, je suis bouleversé,
21:21je ne comprends pas ce qui se passe, et je lui dis écoutez, excusez-moi, je voulais,
21:28je ne sais plus, je cherchais mes mots, je bafouillais, je ne comprenais pas, j'avais
21:32Édith Piaf, et je lui dis écoutez, je ne sais pas quoi vous dire, voilà, vous êtes
21:38ma chanteuse préférée, et Marcel Serdant est mon sportif préféré, et le jour où
21:42j'ai appris que vous étiez ensemble, ça a changé ma vie, voilà, donc je vous dis
21:46ça comme ça.
21:47Et elle me dit, en attendant que mon chauffeur revienne, qui était en train de faire des
21:50courses dans la galerie La Fayette, je me suis assise à côté d'elle, et en 20 minutes,
21:55et j'ai prié à ce moment-là pour que le chauffeur ne revienne jamais, en 20 minutes
21:59elle m'a raconté son histoire d'amour avec Serdant, et elle me dit mais qu'est-ce
22:06que tu fais toi ? Je lui dis regardez, je suis cinéaste, il y a une caméra, je tourne,
22:10elle me dit si tu es cinéaste, si un jour ça t'amuse de raconter cette histoire, je
22:15t'en fais cadeau.
22:16Et c'est comme ça qu'est née Edith ?
22:18C'est comme ça, un jour je me suis dit, un jour je tournerai cette histoire.
22:21Voilà, et votre hymne à l'amour du cinéma, on va continuer à en parler à travers une
22:25autre date récente, le 31 octobre 2024.
22:28A tout de suite sur Sud Radio avec Claude Lelouch.
22:31Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
22:34Sud Radio, les clés d'une vie, la 1400ème avec mon invité Claude Lelouch.
22:38Alors, 13 novembre, demain, la sortie d'un film, on va en parler, mais c'est un double
22:43événement car elle est sortie le 31 octobre 2024, un livre, je crois que vous qui n'en
22:48faites jamais des tonnes, le livre pèse plusieurs kilos, le cinéma c'est mieux que la vie,
22:54on a fait des entretiens avec Jean-Olé Laprune et Yves Allion, un livre aux presses de la
22:57cité, qui a demandé 20 ans de travail, c'est extraordinaire comme histoire.
23:02Oui parce que Yves Allion et Olé Laprune sont deux cinglés de cinéma, deux fous de cinéma,
23:07et à chaque fois que j'ai fait des films, à chaque fois qu'on a parlé de cinéma,
23:12j'étais avec eux et on s'est régalés, on a fait des conversations sur le cinéma
23:17à n'en plus finir, voilà, et puis un jour on a décidé qu'on ferait un livre, parce
23:23que c'est vrai que le cinéma c'est mieux que la vie, et que derrière les films se
23:27cachent peut-être des parfums de vérité dont le public a besoin, voilà, et donc ce
23:33film c'est le résultat de trois fous, trois cinglés de cinéma, et je crois qu'avec
23:39ce film on va faire aimer le cinéma encore plus à ceux qui l'aiment, voilà.
23:43Mais il se trouve qu'il y a 600 pages, et on se rend compte, on mesure véritablement
23:48la dimension de votre parcours en voyant les textes et les photos, car vous racontez tout
23:53depuis vos débuts.
23:54Oui, parce que chaque film a inventé celui d'après, et j'ai eu la chance en plus
23:59d'écrire tous mes films.
24:00Mes films sont le résultat de mes observations, sont le résultat de mon intime conviction,
24:06ils sont le résultat de mes passions, de tout ce que j'ai aimé, et donc j'ai eu
24:11envie avec ce film de dédier ce film à tous ceux qui voudraient un jour faire de la mise
24:18en scène, et à tous ceux qui vont au cinéma régulièrement, voilà, parce qu'on raconte
24:22une autre histoire du cinéma, on raconte mon histoire du cinéma à moi, pourquoi le
24:26cinéma est entré dans ma vie, pourquoi je l'ai aimé, quels sont les films qui ont
24:31influencé mon cinéma, vous savez on est tous un maillon, quand je viens au monde,
24:38il y a La Grande Illusion qui vient de sortir, il y a Blanche-Neige, voilà, donc moi j'ai
24:43rien inventé, je suis une suite, et cette suite est intéressante de savoir comment
24:49à un moment donné, moi je m'empare de tous ces films qui ont existé avant moi, et comment
24:53je peux à ma façon, avec ma vision et ma façon de voir le monde, raconter les choses
24:59autrement.
25:00Donc je pense effectivement que pour ceux qui aiment mes films, lire ce bouquin va être
25:06un complément formidable.
25:07Il y a tout dedans, et notamment on apprend qu'à vos débuts, vous gardez un vague souvenir,
25:13ce qui vous a marqué, c'est les premiers films luets de Charlot.
25:15Bien sûr, bien sûr, mais je ne suis pas seul, je crois que mon père, ma mère, tous
25:22les gens que j'ai connus, et même mes enfants, mes petits-enfants, aujourd'hui quand je leur
25:26montre les films de Charlot, ils sont scotchés, bon voilà, je pense que, vous savez donc
25:32finalement que ce 51ème film, dont on va peut-être parler,
25:37Tout à l'heure bien sûr, c'est largement prévu.
25:39Le personnage principal, c'est un mélange de Lino Ventura et Charlot.
25:43Exactement, et Charlot d'ailleurs, qui vous a pris pour un...
25:47Oui, alors un jour on me dit, il y a Charlie Chaplin qui vient voir Un roi à New York,
25:56une version restaurée qui venait de faire de ce film, et on me dit, il vient dans ta
26:01salle de projection, donc je tremble d'émotion, je me dis putain, Charlot qui vient voir un
26:07film chez moi, et donc il arrive en voiture, il a beaucoup de mal à marcher, on était
26:12déjà très très malade, il était avec sa femme, et pour aller dans ma salle de projection
26:18il y a des escaliers, et donc j'ai pris Charlot dans mes bras, j'avais Charlot sur mon cœur,
26:24je le serrais dans mes bras, je le portais, et je l'ai porté jusque dans la salle de
26:29projection, et dans la salle de projection, à un moment donné il a mis sa main dans
26:33sa poche, il a sorti 10 dollars, et il a cru que j'étais le portier, et alors c'était
26:39bouleversant, parce qu'en plus, Charlot était aussi un faux cul, il ne faut pas obéir,
26:44comme tous les artistes, parce que dans un premier temps, la projection a commencé,
26:50et on lui a expliqué qui j'étais, et après quand je suis allé le rechercher pour le
26:54remonter dans la voiture, il m'a dit, vous savez, un homme et une femme, je l'ai vu trois
26:57fois.
26:58Alors il se trouve aussi que ce que je ne savais pas, et ce que j'apprends dans ce livre,
27:04c'est que vous avez aussi travaillé pour la télévision, et vous avez été viré de
27:08la télévision.
27:09D'emblée.
27:10Tout de suite.
27:11Oui, d'emblée.
27:12D'emblée, c'est-à-dire qu'à un moment donné je suis parti aux Etats-Unis, c'est
27:17la première fois que j'allais aux Etats-Unis, mon rêve, j'avais le rêve américain, j'avais
27:22vu tous les films américains de l'après-guerre, donc pour moi c'était le rêve, et je suis
27:26parti avec ma petite caméra 16, et je suis allé à la télé en leur disant, écoutez,
27:30est-ce que ça vous amuse que je vous ramène un documentaire sur l'Amérique ? Ils m'ont
27:34dit oui, ils m'ont donné quelques boîtes de pellicules, et j'ai été tellement déçu
27:38par l'Amérique que j'ai fait un film un petit peu anti-américain, et donc quand le film
27:45est passé, il y a eu une protestation de l'ambassade, et le lendemain j'ai été viré.
27:48Voilà, donc je me suis rapatrié au cinéma.
27:52Et vous avez bien fait.
27:53Il se trouve que vos premiers films d'ailleurs ont disparu, je crois que vous avez détruit
27:56un de vos films.
27:57Oui, le propre de l'homme.
27:59Le propre de l'homme parce que ce film a détruit mon père.
28:03Enfin je veux dire qu'il y a eu une projection terrible de ce film à la Cinémathèque française
28:08en 1960, et le film a été sifflé pendant toute la projection.
28:13Donc j'ai été malheureux, mon père et ma mère étaient dans la salle, et mon père
28:19ne s'est pas remis de cette projection, et une semaine après il est mort d'un infarctus.
28:23Donc j'ai eu le sentiment que ce film l'avait tué, alors j'ai un peu aussi tué ce film,
28:29et je le regrette aujourd'hui parce que ce film m'a tout appris.
28:32Il m'a tout appris, tout, tout, tout, et je lui dois tout.
28:35Alors à l'époque, il y a ceux qui vous soufflaient, s'est sifflé, et il y a ceux qui croyaient
28:39en vous, à commencer par Henri Langlois, qui a été un des premiers à dire que vous
28:43seriez un des metteurs en scène de demain, Claude Lelouch.
28:46Oui.
28:47Il a vu le film, il a vu le film avant tout le monde, puisque c'est lui qui l'a programmé
28:50à la Cinémathèque Française, mais, et je crois qu'il l'a vu après déjeuner, et on
28:56m'a dit après qu'il avait beaucoup dormi pendant le film, donc après en se réveillant
29:01quand je suis allé le voir, il m'a dit, oh c'est formidable, c'est génial, je le passe
29:05dès samedi à la Cinémathèque Française, voilà.
29:07Donc il n'avait pas dû voir le même film, alors il m'a dit des choses très, très gentilles
29:12comme tous les gens qui ont dormi pendant un film, et qui se font surprendre, et donc
29:17il y a eu un gros malentendu ce jour-là.
29:19Oui, en même temps Henri Langlois, on l'a injustement traité, sans lui on n'aurait peut-être
29:24pas conservé certains films.
29:25Oui, il a joué un rôle capital dans la mémoire du cinéma, et aujourd'hui on lui doit tout,
29:31on lui doit tout, et tous les combats qu'on a menés pour lui étaient des combats louables.
29:36Et puis il y a une chose aussi, vous avez un jour été payé par Gérard Cyr, qui était
29:41un homme de radio génial, mort trop tôt avec une voix reconnaissable entre mille.
29:46La plus belle voix de la radio.
29:48Il écrivait un film en un week-end.
29:50Oui, il écrivait un week-end, il écrivait des séries en un après-midi, c'était un
29:55fou furieux, alors non, c'était un ami extraordinaire, moi j'ai fait plein de scopitone pour lui,
30:02je me rappelle à un moment donné, on travaillait à Pilot Productions, vous les avez peut-être
30:05connus d'ailleurs.
30:06Il y avait à Pilot Productions, il y avait Jacques Brel qui travaillait pour lui, il
30:09y avait Jean-Yann, il y avait Jacques Martin, il y avait Rémo Forlani, il y avait Bouvard,
30:15et moi.
30:16Et avec toute cette équipe, il a réussi à faire faillite.
30:19Voilà, et il ne vous a pas payé, il vous a donné une voiture.
30:22C'est ça.
30:23Alors à un moment donné, il me devait un peu d'argent, puisque j'avais fait quelques
30:25scopitone qui n'avaient pas été payées, et ce jour-là, il s'était acheté une très
30:30belle Mercedes décapotable, et je lui ai dit écoute Gérard, bon c'est bien que tu t'achètes
30:35une Mercedes, mais enfin, n'oublie pas que tu me dois un peu d'argent.
30:39Il me dit t'as raison, tiens prends la voiture, elle est à toi.
30:41Et cette voiture m'a porté chance, parce qu'après c'était devenu mon bureau principal.
30:46Parce qu'au lieu de recevoir les gens dans ma chambre de bonne, je les recevais dans
30:49ma voiture.
30:50Je disais ne bougez pas, je passe vous prendre.
30:52C'est magnifique.
30:53Et cette voiture les rassurait, et ça m'a permis après de faire Joujou.
30:56Et le premier scopitone que vous avez tourné, c'est sur cette chanson.
31:00La rigolade, on appelait ça la rigolade.
31:07Félix Martin.
31:08Un fiancé de Piaf.
31:10Un fiancé de Piaf, et qui venait de sortir ce film qui n'a pas changé l'histoire de
31:16la musique.
31:17Et on me dit il faudrait faire un scopitone avec cette chanson.
31:23Donc j'ai rencontré Félix Martin, un homme charmant, adorable, etc.
31:26Et puis on est parti en fleurs sur un bateau de pêche.
31:29On a tourné le film dans la journée, et curieusement ce film était très réussi.
31:35Et les gens du scopitone, dès le lendemain, m'ont demandé d'en faire un deuxième, un
31:40troisième, un quatrième.
31:41J'en ai fait une centaine.
31:43Et il faut savoir que Félix Martin a été fiancé avec Piaf, mais qu'il a été licencié
31:46ou limogé de façon particulière.
31:48Un soir en coulisses, il a dit à son guitariste, tu lui dis que c'est fini et qu'il se tire.
31:53Il n'a pas vraiment apprécié.
31:55Oui, oui.
31:56Vous savez, Piaf, elle était spontanée.
31:58Donc si vous voulez, elle faisait partie de ces gens qui disent ce qu'ils pensent.
32:04En général, on est dans un monde où ce qu'on pense et ce qu'on dit, elle, elle était vraiment
32:09très rock'n'roll pour l'époque.
32:11Elle a toujours eu un franc-parler, et c'est vrai qu'un jour, il a dû l'agacer, il a été
32:17viré très vite.
32:18Voilà.
32:19Sans indemnité.
32:21Sans problème.
32:22Je pense qu'elle aurait été fidèle au slogan de Sud Radio « Parlons vrai ».
32:25Alors, il y a aussi Johnny, que vous avez connu dans les scopitones, et quand vous avez
32:28voulu le faire tourner, on vous a pris pour un fou, Claude Lelouch.
32:32Non.
32:33Après le pour un fou.
32:34Les chaînes n'ont pas voulu.
32:35Hein ?
32:36Les chaînes n'ont pas voulu.
32:37Oui, oui.
32:38Non, non.
32:39Mais absolument.
32:40Mais encore une fois, moi, Johnny, je lui ai fait faire ses premiers scopitones.
32:42J'ai filmé ses premières chansons, et après, on ne s'est plus quitté, on ne s'est plus
32:48quitté.
32:49L'aventure, c'est l'aventure, Salon, on t'aime, voilà.
32:53Bon.
32:54Et puis, chacun de sa vie.
32:55Donc si vous voulez, il me manque beaucoup.
32:58Il me manque beaucoup.
32:59Et quand vous m'en parlez, j'ai une petite émotion.
33:02Oui, parce qu'il manque beaucoup à beaucoup de gens et je pense qu'il est irremplaçable.
33:06Il est irremplaçable.
33:07Irremplaçable parce que c'était un… il avait un sixième sens extraordinaire.
33:12Il sentait les choses d'une façon extraordinaire et très souvent, il faisait le con pour pas
33:18avoir l'air trop intelligent.
33:19Oui.
33:20Et moi, je me souviens d'une répétition à laquelle j'ai assisté.
33:22Il est venu voir les musiciens une demi-heure, il n'a rien dit, il a fait deux, trois remarques,
33:26il est rentré chez lui, il continuait comme ça.
33:28Il avait le sens du spectacle comme personne ne l'avait.
33:30Oui.
33:31Et puis, je me rappelle, pendant qu'on tournait Salon on t'aime, on était dans un restaurant
33:34à Mégev.
33:35Alors, évidemment, quand on va au restaurant avec Johnny, tout le monde vient à table.
33:40On lui demandait des autographes, des photos, des selfies, etc.
33:44Et avec une gentillesse incroyable, il a signé à tout le monde.
33:48Et puis, à un moment donné, il est arrivé un mec et il l'a regardé et il a dit non,
33:52pas toi.
33:53Toi, tu sors.
33:55Et on était étonnés, pourquoi d'un seul coup ? Et effectivement, il avait repéré
33:59un voyou.
34:00Et le patron du bistrot est venu en lui disant, oui, oui, comment il a su que ce mec était
34:04un voyou ?
34:05C'est incroyable.
34:06Il sentait les choses, voilà, c'était un animal et j'en connais d'autres, des animaux,
34:14comme ça, des gens qui sentent bien les choses.
34:15Oui, mais lui, c'était le roi.
34:17Et moi, ce qu'on sent en lisant ce livre, le cinéma signé Clavie, au presse de la
34:21C'est que vous avez un parcours, presque, que vous mesurez en regardant ce livre, Claude
34:25Lelouch.
34:26Oui, oui.
34:27Et je vous dis, enfin, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, le hasard m'a toujours
34:31emmené là où mon intelligence n'aurait pas eu le courage d'aller.
34:36Voilà.
34:37Donc, le hasard est un cascadeur absolument incroyable.
34:40Et comme il a vu que j'étais un bon client pour les cascades, il en a profité.
34:44Voilà.
34:45Et je crois que mes 51 films lui doivent beaucoup.
34:49Eh bien, justement, votre 51e film, qui est aussi un cadeau, qui sort demain.
34:53On va en parler dans quelques instants à travers la date de sa sortie, le 13 novembre
34:592024.
35:00A tout de suite sur Sud Radio avec Claude Lelouch.
35:02Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:06Sud Radio, les clés d'une vie, la 1400e avec Claude Lelouch pour le 51e film qui sort
35:11demain le 13 novembre.
35:13Finalement, la bande-annonce.
35:15Et voilà, prochainement sur cet écran.
35:19Le 51e, finalement, oui, c'est le titre du film, finalement, c'est un beau titre.
35:25C'est un beau titre et un beau film.
35:2751e film, 13 novembre, bien sûr, ça ne pouvait sortir qu'un 13.
35:31Je n'ai pas fait exprès.
35:32Ah bon ?
35:33Non, le 13, il ne faut jamais le provoquer.
35:36Il est venu naturellement, c'est les distributeurs qui m'ont proposé cette date, ce n'est
35:40pas moi qui l'aurai suggéré, surtout pas.
35:42Alors, ce film, finalement, vous aviez commencé à l'ébaucher, voici deux ans, avec le film
35:46précédent en disant je prépare une trilogie.
35:48Et c'est le deuxième film d'une trilogie, Claude Lelouch.
35:51Oui, oui, j'ai commencé avec L'amour, c'est mieux que la vie.
35:54Et j'ai finalement, au départ, quand je commence ce film, j'ai le sentiment que ça va être
36:03mon dernier.
36:04J'ai très peur de faire le film de trop et j'ai envie de mettre dans ce film le résultat
36:10de ces 60 ans de cinéma et de cet émerveillement que j'ai tous les jours encore à l'âge
36:17que j'ai.
36:18Donc, j'ai voulu que ce film soit la continuité de certains de mes films.
36:24Et c'est vrai que ce film est la suite de L'aventure, c'est l'aventure, de la bonne
36:29année, des uns et des autres, et un peu d'itinéraire d'un enfant gâté.
36:33Voilà.
36:34Et j'avais envie, avec ce film, évidemment, de reprendre mes thèmes favoris, mes thèmes
36:42favoris, c'est-à-dire la santé, qui est impréalable à tout, sans elle, on ne peut
36:46rien faire, l'amour, punition ou récompense, pourquoi on se donne tant de mal pour aller
36:53dans le même lit et pourquoi on se donne encore plus de mal pour ne pas y aller, ça,
36:57ça restera un sujet éternel et magnifique, l'amitié, l'amour sans les emmerdes, la
37:04famille, c'est toujours compliqué, c'est nos emmerdes préférées, c'est jamais simple,
37:09et l'argent, et l'argent qui permet d'acheter en solde de l'amour, de l'amitié et aussi
37:14de la santé.
37:15Et donc, autour de ces thèmes, qui me semblent les thèmes importants de chacun d'entre
37:21nous, j'ai eu envie de faire à la fois un film très musical, pour parler à notre
37:27part d'irrationnel, pour parler à notre part d'éternité, et puis un film très rationnel
37:32parce que je pense que le monde dans lequel on vit est un monde charnière, très important,
37:39on a aujourd'hui tous les outils pour fabriquer un monde nouveau ou précipiter la fin du
37:43monde, selon que les personnes qui nous dirigent vont appuyer sur les bons ou les mauvais boutons.
37:48Et donc, autour de tous ces thèmes, je me suis dit, il faut qu'on fasse une récréation,
37:55un film divertissant, et il faut qu'on soit très divertissant parce qu'on parle de choses
37:59trop sérieuses.
38:00Alors, il se trouve que vous appelez ce film une fable musicale, effectivement, et il y
38:04a plusieurs histoires en une, et effectivement, il y a des allusions, ça donne envie de
38:08revoir les films précédents, La Bonne Année, etc., et ce film, il se résume en une phrase,
38:13tout ce qui nous arrive, c'est pour notre bien.
38:15Mais oui, mais oui, parce que j'ai pu vérifier depuis ma naissance que tout ce que j'ai réussi,
38:22je l'ai d'abord raté, que tout ce qui m'a fait du mal m'a fait du bien.
38:25Je veux dire, aujourd'hui, le monde dans lequel on vit, s'il est ce qu'il est, c'est le résultat
38:32de toutes les souffrances qu'on a connues à travers les siècles.
38:36Nous sommes, aujourd'hui, les enfants de la Deuxième Guerre mondiale.
38:38S'il n'y avait pas eu cette Deuxième Guerre mondiale, on n'aurait pas cette société d'abondance
38:43dans laquelle on vit.
38:44Je veux dire, cette Deuxième Guerre mondiale a inventé le monde d'aujourd'hui, et donc,
38:49si on regarde objectivement les choses, on s'aperçoit qu'un avion qui tombe, ça permet
38:54de faire des avions qui tombent pas.
38:56On s'aperçoit que les catastrophes qui nous arrivent, ça nous permet, après, de les éviter.
39:02Je veux dire que les progrès naissent de la souffrance.
39:05Tout ce qui nous fait du mal, à un moment donné, va nous faire du bien.
39:08Donc, c'est vrai que tout ce qui nous arrive, c'est pour notre bien, même et surtout si
39:13ça nous fait du mal au départ.
39:14Plus ça fait mal, plus ça risque de faire du bien.
39:16Alors, le point de départ aussi du film, c'est un burn-out du personnage principal
39:21interprété par Cardemirade.
39:22Burn-out que vous avez connu un jour, d'ailleurs.
39:25Oui, bien sûr, à l'époque d'itinéraire d'un enfant gâté, à un moment donné, moi
39:30aussi, j'ai fait un caprice d'enfant gâté.
39:33J'ai eu envie de tout quitter, j'avais envie de recommencer ma vie, j'avais envie de repartir
39:37à zéro.
39:38Et puis, en arrivant à Fontainebleau, et j'ai pas été bien loin, j'ai eu un coup
39:43de téléphone de Belmondo, à qui j'ai fait part de ce moment difficile, ce coup de blouse
39:49que j'étais entraversé, et il m'a dit « ça va faire un film formidable ».
39:53Donc, je suis rentré à Paris, on a fait itinéraire d'un enfant gâté, voilà.
39:57Et là aussi, le burn-out entraîne, justement, la disparition, le départ de la famille de
40:02le personnage principal interprété par Cadmérade, et là, c'est une véritable désintégration
40:07qui va avoir des conséquences.
40:08Oui, absolument.
40:09Mais encore une fois, le pire n'est jamais décevant.
40:12Encore une fois, c'est quand tout va mal que ça risque d'aller très bien.
40:17Je veux dire, c'est au moment où il part en se disant « si le pire arrive, il est
40:25le bienvenu, je suis en état de le recevoir », et c'est à ce moment-là qu'on rencontre
40:30les gens qu'on n'aurait jamais eu l'idée de rencontrer, et qui nous font revivre une
40:35nouvelle vie, de nouvelles aventures.
40:39Je veux dire que d'un seul coup, ce burn-out va lui permettre d'accéder à un rêve auquel
40:47il ne croyait plus.
40:48Voilà.
40:49Alors, on n'est pas sur la route de Madison, mais sur les routes de France, et vous filmez
40:52des paysages symboliques de la douce France de façon merveilleuse.
40:56On retrouve notamment le Mont-Saint-Michel, que vous préférez à la Tour Eiffel, je crois.
41:01Je ne sais pas si je le préfère à la Tour Eiffel, mais en tous les cas, il est aussi
41:04célèbre, et puis il est au bord de la mer, en tous les cas, vous voyez ce que je veux dire ?
41:08J'aime bien la Tour Eiffel aussi.
41:10Mais c'est vrai que le Mont-Saint-Michel est une œuvre d'art absolument incroyable,
41:15et il y a une séquence importante au Mont-Saint-Michel, mais il y a des scènes très importantes
41:19au Festival d'Avignon aussi, à Béziers, en Bourgogne.
41:24J'ai essayé de filmer la France que j'aime, vous savez, j'ai fait le tour du monde plusieurs
41:29fois et je n'ai pas trouvé mieux que la France, donc j'avais envie, avec ce 51e film,
41:34de lui rendre hommage aussi.
41:35Vous lui rendez hommage, effectivement, parce qu'à Béziers, il y a des scènes...
41:38Béziers, vous pensiez tourner à Venise au départ, et vous êtes resté à Béziers ?
41:41Non, non, je pensais aller à Venise, je suis allé à Avignon, après, voilà.
41:45Et Avignon, justement, c'est aussi une ville qu'on découvre au-delà du Festival.
41:50Oui, au-delà du Festival, et puis c'est une ville absolument incroyable, merveilleuse,
41:55et puis il y a aussi à Avignon une femme écrivain qui écrit un livre sur une concierge
42:04qui a joué un rôle très important pendant la Deuxième Guerre mondiale, dont on parle aussi.
42:08Et qui est une histoire vraie, qui est évoquée dans le film.
42:11Et puis le personnage principal, c'est Cade Mérade, et ça c'est aussi une idée de Valérie Perrin,
42:16votre femme, je crois, tout à l'heure au show.
42:17Oui, alors, Cade Mérade, c'est la première fois que j'avais du mal à faire le casting d'un film.
42:23Je n'arrivais pas à trouver, pour la colonne vertébrale du film qui est Cade Mérade,
42:27je n'arrivais pas à trouver l'acteur qui coche toutes les cases.
42:31Et à chaque fois que je pensais à un acteur, je me disais, oui, mais cet acteur avec une trompette,
42:36je ne le vois pas, cet acteur, je ne le vois pas chanter, cet acteur, je le vois, etc.
42:40Et puis à un moment donné, Valérie Perrin a pris un train dans lequel il y avait Cade Mérade,
42:44ils se sont dit bonjour, Cade lui a dit, mon rêve serait de tourner avec Claude Lelouch,
42:49et Valérie m'a appelé dans le train en me disant, devine à côté de qui je suis assis, Cade Mérade.
42:54Et au moment où elle a prononcé le mot de Cade, j'ai dit, mais merde, c'est lui !
42:57Merde, c'est lui ! Et je n'y avais pas pensé.
43:00Voilà, et c'est vrai que j'ai fait une rencontre incroyable avec un acteur qui a réussi après
43:06Trintignant, Belmondo, Ventura, Jacques Brel et Dujardin à m'épater encore.
43:12Voilà, donc je l'en remercie infiniment.
43:14Oui, d'ailleurs, il porte votre casquette, je crois, dans le film.
43:17Non, il porte mon blouson.
43:20Il porte mon blouson et il porte sa casquette à lui.
43:23Et il se trouve aussi que c'est un mélange de gens que vous avez connus, le personnage,
43:28car il se montre généreux à certains moments avec des inconnus.
43:30C'est un peu tous les personnages que vous avez connus qui sont dans Cade Mérade, Claude Lelouch.
43:34Oui, parce que c'est un personnage qui a les qualités de ses défauts.
43:39Dans mes films, il n'y a pas de vrai héros ni de vrai salaud.
43:43Ça, ça n'existe que dans les films américains et ça n'existe pas.
43:48On a tous les qualités de nos défauts.
43:50On a tous la possibilité, à un moment donné, d'être héroïque ou un salaud.
43:54Tous, tous, tous, tous.
43:56Et c'est ce qui caractérise le personnage de Cade qui, lui, est un avocat célèbre.
44:03Et comme il a besoin de rester anonyme, il se met dans la peau de tous les personnages
44:11indéfendables qu'il a défendus pour voir la réaction des gens.
44:14Et donc, ça permet effectivement de faire un voyage, je crois, à la fois très drôle, émouvant, bouleversant.
44:23Et Cade est génial dans le film.
44:25Je crois qu'on ne l'a jamais vu comme ça.
44:28Moi, je ne l'ai jamais vu aussi bouleversant.
44:30Et puis, quel musicien et quel chanteur !
44:33Il a la voix de Yves Montand.
44:35Exactement.
44:36Et la musique, il a appris un peu de la trompette grâce à Ibrahim Malouf
44:40qui a aussi composé la musique du film.
44:42Et ça, ça a été aussi une découverte pour vous.
44:44Oui, parce que comme le héros du film chouette de la trompette,
44:47je suis allé tout de suite voir le plus grand de la trompette, c'est-à-dire Ibrahim.
44:53Il a fait la musique du film.
44:55Et puis, Barbelivien a écrit les paroles des chansons.
44:58Sur un banc, je crois.
45:00Oui, on a écrit la chanson finale.
45:02Finalement, on l'a écrite sur un banc avec Didier Barlivien en un quart d'heure.
45:09Absolument.
45:10Et le titre, finalement, c'est venu comment, Chloé Lelouch ?
45:12Comme j'avais le sentiment de faire mon dernier film, je me suis dit, finalement, ça s'y prête très bien.
45:17Ce n'était pas votre dernier film, mais il y a aussi les femmes qui sont importantes.
45:20Bon, Sandrine Bonner qu'on retrouve.
45:23Qui est magique.
45:24Qui est magique et qui, finalement, est la fille de la mère que vous aviez dans d'autres films.
45:28Voilà.
45:29Alors, Sandrine Bonner dans le film est la fille que Lino Ventura a eue avec Nicole Cosell dans l'Aventure, c'est l'aventure.
45:37Et qu'Admirade est le fils que Lino Ventura a eu avec Françoise Fabian dans La Bonne Année.
45:43Et donc, ils sont demi-frères et demi-sœurs.
45:46Et ça permet de faire joujou avec la vie et le destin.
45:50Et parmi les moments très émouvants, il y a ces apparitions de Lino Ventura dans ce film, Chloé Lelouch.
45:54Oui, alors il y a Lino Ventura qui revient comme dans un album de famille, bien sûr.
45:58Il y a toute l'équipe de L'Aventure, c'est l'aventure qui revient aussi.
46:02Et puis, il y a Elsa Silberstein qui est une femme bouleversante.
46:07Il y a Barbara Pravi qui fait ses grands débuts à l'écran et qui est bouleversante.
46:12Et puis, il y a Françoise Fabian.
46:14Françoise Fabian qui est en pleine forme et qui fait le rôle de la mère d'Admirade.
46:21Oui, qu'on va recevoir dans quelques semaines pour son nouvel album.
46:24Mais c'est vrai que Lino Ventura, c'était assez émouvant de le voir parce que je sais qu'au début,
46:28lorsque vous l'avez rencontré pour la première fois pour poser un rôle,
46:31il vous a reçu dans son bureau la pipe au bec.
46:34Ce n'était pas facile au début.
46:36Non, Lino faisait passer des examens de passage à tous ses metteurs en scène.
46:40On arrivait chez lui à Saint-Cloud et on lui racontait l'histoire.
46:45Et c'est vrai qu'à la façon dont il fumait sa pipe et à la façon dont il nous disait au revoir,
46:52on avait compris s'il était d'accord ou pas.
46:55Non, il a été très enthousiaste quand je lui ai raconté l'aventure, c'est l'aventure.
46:59Et en plus, il a fait de Lino Ventura pour la première fois grâce à vous, Claude Lelouch.
47:03Oui, peut-être. En tous les cas, dans la bonne année, je sais qu'il a impressionné Kubrick.
47:08Kubrick qui montrait la bonne année à tous ses acteurs avant de commencer un film.
47:13Ce film qui sort demain, ce ne sera pas votre dernier film parce que j'ai reçu Valérie Perrin
47:18il y a quelques jours qui m'a dit que vous pensiez déjà au prochain film, Claude Lelouch.
47:22Oui, oui, le prochain s'appellera finalement, ça finira jamais.
47:25Voilà, parce que finalement vous comptez pas vous arrêter comme ça.
47:28Écoutez, si un jour je m'arrête, c'est pas moi qui le déciderai, voilà.
47:32Je sais pas qui va me dire stop, mais pour l'instant, je joue les prolongations et les tirs au but.
47:37Voilà, et il faut continuer. En plus, vous transmettez grâce à votre école à Beaune.
47:41Oui, alors ça c'est la chose dont je suis le plus fier.
47:43Effectivement, je suis heureux chaque année de prendre avec moi des cinglés de cinéma, des fous de cinéma
47:53qui n'ont pas les moyens de s'offrir des grandes écoles, qui n'ont pas les diplômes nécessaires pour faire ce métier
48:00et donc je les prends avec moi et je suis sûr que ça va devenir de grands cinéastes.
48:04Vous savez, aujourd'hui, il y a 8 milliards de gens qui filment sur cette terre.
48:08Il y a 8 milliards de cinéastes et donc c'est pas rien.
48:11Donc il va falloir leur apprendre à filmer à tous ces gens-là.
48:14Voilà, et ce qu'il va falloir aussi apprendre dès demain au public, c'est à prendre le chemin des salles de cinéma
48:19pour voir ce film finalement et puis en même temps de se procurer ce livre
48:23« Le cinéma c'est mieux que la vie » que vous signez avec Jean-Olé Laprune et Yves Allion au reste de la cité.
48:29Pour un jeune homme de 87 ans, c'est une belle actualité ?
48:32Oui, oui, et bien écoutez, ça me permet comme ça de penser à autre chose qu'à cet endroit où on a tous rendez-vous.
48:40Mais comment on a tous rendez-vous à cet endroit ? Autant y aller en chantant, non ?
48:43Voilà, et puis le plus tard possible parce que moi je suis convaincu que vous serez un metteur en scène centenaire.
48:47Bah écoutez, j'ai envie de vous embrasser.
48:51Et bien moralement je le fais en vous remerciant d'avoir été le 1400ème invité des Clés d'une Vie
48:56et finalement on sort demain et à très vite bien sûr pour le prochain film de l'année prochaine.
49:00Merci, merci, merci infiniment.
49:02Merci à vous les Clés d'une Vie.
49:0313 fois merci.
49:04Et réciproquement, les Clés d'une Vie c'est terminé pour aujourd'hui.
49:06On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

Recommandations