• il y a 13 heures
Fatihou Ibrahime, président du collectif « citoyens de Mayotte », s’est confié par message vidéo aux journalistes de Public Sénat, après le passage du cyclone Chido.

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Transcription
00:00Je vous envoie ce petit message parce que c'est très difficile d'avoir du réseau ici.
00:04Je suis actuellement sur un point de vue à Andréma, dans les hauteurs de Andréma,
00:09dans la commune de Bandrabois, parce que c'est au nord-est,
00:12parce que c'est le seul point où on a du réseau.
00:14Et comme vous pouvez le voir, tous ces véhicules qui sont derrière moi,
00:17partout, en fait, c'est des véhicules de personnes qui sont venues
00:20pour donner des nouvelles à leur famille, parce que tout simplement,
00:23ailleurs, on n'a pas de réseau.
00:25Et donc les gens sont venus ici.
00:27Moi, j'habite au nord-ouest, dans la commune de Mtsangamouji.
00:30Et là-bas, c'est totalement sinistré, avec des toitures cassées,
00:34des véhicules qui sont cassés, des toitures qui ont été carrément
00:38arrachées par le vent.
00:39Vous savez, le plus difficile, ça a été la deuxième partie du cyclone.
00:43Quand la première partie est passée, on osait encore ouvrir et puis filmer.
00:47Après, il y a eu l'oeil du cyclone qui est passé,
00:49un moment d'accalmie qui a dû durer 5-10 minutes.
00:51Et ensuite, la deuxième partie, ça a été vraiment l'enfer sur terre.
00:55Vraiment, on n'a même pas osé ouvrir les baies vitrées.
00:57On entendait, en fait, on sentait la maison qui bougeait,
01:00alors que c'est une maison plutôt solide, construite en parpaing, béton,
01:04et la toiture en béton.
01:05Heureusement, parce qu'on a vu à côté des toiles, des toitures entières
01:09avec la charpente à être arrachées et puis s'envoler,
01:14comme ça, à plusieurs dizaines de mètres par le vent.
01:17La deuxième partie du cyclone, c'était vraiment l'enfer sur terre.
01:20Dans la maison, on avait peur que la maison ne tombe,
01:23tellement c'était violent.
01:25Et donc, après, une fois que c'était fini,
01:28et puis tout le monde, même ma petite-fille qui a 4 ans,
01:30elle a dit « Papa, je suis fatiguée ».
01:32Et lorsque, enfin, ça s'est calmé, on a pu sortir.
01:35Et donc là, les dégâts, c'est des toitures arrachées,
01:38des maisons en briques de terre qui sont tombées,
01:42alors qu'il y avait des gens à l'intérieur.
01:44Et heureusement qu'il n'y a pas eu de morts dans la commune de Mtsangamouji.
01:48En tout cas, je viens d'avoir le maire de Akwa,
01:51qui me dit qu'il y a eu un mort, une dame qui est décédée,
01:53puis sa fille qui était grièvement blessée.
01:55Et le plus compliqué après, ça a été le fait d'être coupé du monde,
01:58sans réseau, sans eau potable, sans électricité,
02:02sans téléphone pour pouvoir donner des nouvelles.
02:04Et ça a été extrêmement compliqué.
02:06Et là, actuellement, tout le monde se demande ce qui va se passer ensuite.
02:09Est-ce que les gens ne vont pas devoir se battre
02:12pour avoir de quoi donner à manger à leurs enfants ?
02:14Comment est-ce que ça va se passer ?
02:16On ne sait pas, on n'a pas de nouvelles pour les gens
02:20d'autres parties de l'île, parce que vraiment, en 2024,
02:23on arrive quand même à avoir un territoire qui est complètement coupé du monde.
02:26Et donc, on ne sait pas du tout.
02:28Là, maintenant, ce que les gens se demandent, c'est
02:30qu'est-ce qui va se passer en termes de réparation ?
02:33Il y a des maisons qui sont totalement effondrées, et tout, et tout.
02:36Donc, voilà un peu les nouvelles d'ici.
02:38Et c'est très compliqué d'avoir...
02:40Et surtout, on a peur, en fait, du choléra.
02:43Parce que, tout de suite, comme l'eau est coupée
02:46depuis avant même le début du cyclone,
02:48et que ça a tardé à être remis.
02:50Là, on a eu une ouverture pendant deux heures à Mtsangamouji.
02:53Mais il n'y a pas d'eau, d'eau courante.
02:55L'électricité, les poteaux sont tombés dans tous les sens.
02:57Donc, on sait que ça va prendre du temps à être établi.
02:59Et donc, les frigos, tout est en train de périr dans les frigos, dans les congélateurs.
03:03Donc, les gens sont en train de se demander comment ça va se passer.
03:05Il y a beaucoup de gens qui ont complambé,
03:07ils ont adopté, ils sont allés dans les rivières.
03:10Moi, j'ai beaucoup hésité, mais n'ayant pas le choix,
03:12on est allé avec ma femme, avec des bidons pour remplir.
03:15On a vu des gens puiser de l'eau dans un puits,
03:18comme ça se faisait il y a 40-50 ans,
03:21dans un puits à Mtsamboro,
03:23parce que les gens sont totalement désespérés,
03:25donc on ne sait pas du tout ce qui va se passer.
03:27Voilà.

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