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La Maison des femmes de Saint-Denis propose depuis 2021 un dispositif précurseur. La possibilité de recueillir les preuves de violences sexuelles sans que la victime ne dépose plainte. Conservées trois ans, cela leur permet de le faire dans un deuxième temps, si elle le souhaite. Un dispositif désormais déployé dans plusieurs hôpitaux de France. Un reportage de Jérôme Rabier Année de Production : 2022

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Transcription
00:00...
00:08C'est un bâtiment coloré,
00:09un peu à l'écart de l'hôpital de La Fontaine à Saint-Denis,
00:13qui affiche sur son fonton un nom devenu emblème,
00:16Maison des femmes.
00:17La Maison des femmes de Saint-Denis a 3 unités,
00:19un centre de santé sexuelle,
00:21un centre de planification familiale,
00:23une unité de prise en charge des femmes victimes de violences,
00:26violences conjugales, sexuelles,
00:28violences psychologiques, sur le parcours migratoire,
00:31et une unité de prise en charge des femmes
00:33qui ont subi des mutilations sexuelles féminines,
00:35communément appelées l'excision.
00:36Plus de 4 000 femmes y passent chaque année,
00:39avec pour chacune une même question,
00:41quelle que soit la raison de leur venue.
00:43On va lui poser la question des violences.
00:45Est-ce qu'elles subissent actuellement
00:47ou ont-elles subi dans l'enfance ou par le passé des violences ?
00:50Et à ce moment-là, si elle répond oui et qu'elle demande une prise en charge,
00:53on va leur proposer une prise en charge pluridisciplinaire et unique.
00:56Donc elles peuvent avoir accès à tous les services dont elles peuvent avoir besoin
01:00dans ce même lieu sans avoir à aller chercher un avocat à l'extérieur,
01:03à avoir à aller porter plainte à l'extérieur,
01:05à trouver un psychologue à l'extérieur.
01:07Toutes celles peuvent le faire ici.
01:09Une trentaine de personnels de santé se relaient.
01:11Et en matière de violences sexuelles, la structure a été précurseur.
01:15Depuis 2017, le dépôt de plainte y est possible sur place,
01:19sans besoin d'aller dans un commissariat.
01:22Et depuis 2021, les femmes victimes de violences sexuelles
01:26ont accès au recueil de preuves,
01:28même si elles ne déposent pas plainte tout de suite.
01:30On reçoit les victimes de violences sexuelles.
01:33Cette salle est dédiée à ça, en particulier à cause de cet appareil
01:36que vous voyez ici, qu'on appelle un colposcope,
01:39qui est une petite caméra spécifique qui nous permet d'aller prendre des photos
01:43des lésions et de bien les visualiser.
01:47Et puis, on a effectivement tout le matériel nécessaire pour faire les prélèvements.
01:51On a un kit pour retrouver du liquide stéminal.
01:57Donc ça, on le fait également dans les différents sites,
02:00selon le récit de la patiente.
02:03Un examen qui doit se faire au plus vite après des violences
02:06pour que l'éventuelle plainte puisse aboutir avec des éléments concrets.
02:10Tout ce qui est ADN, prélèvements de sang et d'urine
02:14dans le cadre d'une suspicion de soumission chimique,
02:17de cheveux parfois, d'ongles, de vêtements,
02:20parce qu'on peut avoir des traces d'ADN sur les vêtements.
02:22Et donc, nous, on va conserver ces preuves pendant trois ans.
02:26L'objectif, c'est vraiment de permettre aux dames
02:29d'avoir un accès à ce recueil de preuves sans plainte
02:33et de leur laisser le délai de réflexion qu'elles souhaitent
02:36pour pouvoir entamer des démarches judiciaires par la suite.
02:39Un délai nécessaire quand la victime est en état de choc
02:41ou que, comme souvent, son agresseur est une personne qu'elle connaît.
02:45Dans l'attente de sa décision,
02:47elle reste accompagnée par la maison des femmes,
02:49un dispositif qui a déjà fait ses preuves.
02:52Parmi celles qui n'avaient pas déposé plainte,
02:54il y en a 30 % qui ont eu des suites judiciaires derrière.
02:56Donc, ça montre que respecter la temporalité, finalement,
02:59des patientes, c'est quand même une bonne chose,
03:02puisque ça leur permet aussi de maturer, en fait,
03:05la question du dépôt de plainte par la suite.
03:09Un dispositif qui est désormais possible
03:11dans plusieurs structures en France
03:12et que le gouvernement Barnier avait promis de développer,
03:16tout en généralisant le dépôt de plainte hors commissariat,
03:19notamment à l'hôpital,
03:20un objectif qui devrait être conservé par le nouveau gouvernement.

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