Il essaye de faire parler les carottes, de pondre des œufs, de lire une dizaine de livres la tête en bas… et de sauver l’humanité ! Bref il est très optimiste.. Son premier one man show cartonne : le comédien Xavier Guelfi est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-mercredi-18-decembre-2024-2436972
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00:00Place aux nouvelles têtes Mathilde, ce matin votre invité a arrêté tous les trucs en
00:05yon, mais il a tout de même une mission qui est de nous sauver pour son premier one man
00:10show.
00:11Le comédien Xavier Guelfi est dans notre studio.
00:13L'objectif de ce soir, on y est enfin, c'est tout simplement de vous offrir les
00:19clés du bonheur, du changement mondial et de faire ça bien sûr sans dérive sectaire
00:27ni dictatoriale.
00:29Bonjour Xavier Guelfi, ça c'est le projet de votre spectacle Brasser de la raie sans
00:33voler, où je le disais tout à l'heure, vous tentez aussi de parler à une carotte
00:36et de pondre des oeufs.
00:37On est un petit peu perdu, c'est un tour de magie existentielle.
00:40Quel est le projet ?
00:41C'est-à-dire qu'au début j'étais un petit peu dans un sentiment d'impuissance
00:46face à toutes les crises qu'on traverse, multifactorielles.
00:49Vous avez des petits rires nerveux sur scène ?
00:51Oui, j'étais vraiment… C'est-à-dire que j'étais moi-même très nerveux dans
00:56ma vie, je me disais mais qu'est-ce qui se passe, tout ce qu'on traverse, les systèmes
00:59oppressifs et je me sentais un peu minuscule face à tout ça, donc je me suis dit pourquoi
01:01pas faire un spectacle pour sauver le monde, je trouvais ça assez drôle et puis c'est
01:05comme évidemment on sait que c'est démesuré, que c'est absurde.
01:07Moi j'aime bien la comédie absurde, c'est comme imaginer, je sais pas, un clown qui
01:11essaierait d'escalader la tour Eiffel avec les dents, on sait qu'il ne va pas y arriver
01:13mais c'est intéressant de le voir essayer, de le voir rater et donc c'est pour ça
01:17que je me suis dit, allez on se lance dans ce défi fou de retrouver l'optimisme et
01:21ça a donné ça.
01:22Une heure pour changer le monde et retrouver foi en l'humanité, c'est un scénario
01:26que même Tom Cruise aurait refusé et spoiler alert, on peut pas dire que vous y arrivez
01:30mais ça marche.
01:32Au niveau des critiques, le monde vous classe dans les 20 spectacles à voir absolument,
01:36c'est un moment suspendu au milieu de la fureur du monde qui redonne une certaine
01:40joie de vivre, pas totalement, faut pas déconner, c'est pas la pilule miracle, mais le but
01:45c'est de faire repartir les spectateurs avec un vacu fond d'optimisme, que là vous
01:49voyez que c'est lui à combien peut-être ?
01:51Non mais moi en vrai, je pense que souvent les personnes qui essayent de faire preuve
01:58d'optimisme ou qui ont un rapport un peu utopique aux choses ou un sens de l'idéal,
02:01ils sont vus comme des bisounours, des béni-oui-oui, moi je trouve que ça m'agace assez, je pense
02:07que même les lanceurs d'alerte les plus en colère ou les personnes qui sont victimes
02:12de violences qui viennent s'exprimer ont un fond d'optimisme parce que sinon elles
02:15ne viendraient pas parler, elles ont un petit fond dans le fait d'avoir une foi que les
02:19choses puissent un peu bouger et moi j'avais cette foi et j'ai eu envie de la faire passer
02:23par un one man un peu poétique au show comme d'ailleurs il y a un autre journaliste qui
02:26l'a qualifié et donc le pourcentage d'optimisme, j'espère quand même qu'il est un peu plus
02:31que 10% à la fin.
02:32Et puis qu'est-ce qu'on risque avec un bisounours au fond, c'est ça la question, comme si ça
02:35faisait vraiment très peur, c'est toujours cet argument qu'on entend là, qu'est-ce
02:38qu'il pourrait bien faire à la fin ? Alors Le Monde, Le Figaro, Libération, vous avez
02:42fait un strike, tout le monde vous adore, dans les commentaires les spectateurs vous
02:45trouvent génialissimes, je l'ai vu en allant vous voir à la Scala à Paris, vous jouez
02:49tous les lundis, c'est un ovni, vous assumez une espèce de contre-rythme, on n'est pas
02:53là pour mitrailler de la punchline et de la vanne, c'est funambulique avec des chutes
02:57régulières.
02:58C'est pas un funambule qui réussit, c'est un funambule qui tombe, c'est intéressant.
03:02Vous avez travaillé avec François Rollin à la mise en scène, c'est lui aussi qui avait
03:05lancé Vincent De Dienne pour ses premiers one man, c'était ça l'idée, un anti one
03:10man show ?
03:12J'aime beaucoup les one man show qui ne sont pas dans l'automatisme de la blague où ça
03:18doit rire toutes les dix secondes, j'ai été assez inspiré par Edouard Baird notamment,
03:21il avait fait un des spectacles aussi, c'est pas de la punchline et ça me plaît.
03:27Et François Rollin c'était une rencontre incroyable, d'ailleurs je remercie Vincent
03:31De Dienne aussi parce qu'on avait vu un café, il m'avait conseillé, et Thomas VDB aussi
03:35que je crois que vous connaissez un petit peu, qui a fait une voix dans le spectacle,
03:40une participation vocale dont je le remercie aussi.
03:42Alors vous citez beaucoup d'auteurs, Jean-Claude Van Damme, si tu plonges tu seras mouillé
03:46mais tu les auras séchés, vous l'avez même tatoué sur votre corps.
03:49Oui c'est un faux tatouage, je précise ! Et puis vous citez aussi Dostoïevski qui
03:54dit ça à propos du public parisien, c'est le plus cynique et le plus snob de tous.
03:59Alors ça se passe comme ça dans la salle, vous avez du mal à les dénigrer ?
04:03En vrai ça va, je les rends plutôt à l'aise au fur et à mesure, mais c'est vrai qu'au
04:08début je sens quoi, comme il y a une espèce d'entrée en matière un peu folle, j'arrive
04:11avec un poireau, puis au bout d'un moment, vous l'avez dit, je fais un iguane, j'essaye
04:15de faire un extraterrestre, donc on sent que les gens sont un peu « oula qu'est-ce
04:17qui se passe ? » mais finalement ils se laissent prendre au jeu et puis c'est un challenge
04:21un peu intéressant d'arriver avec quelque chose de complètement fou, on se dit où
04:24on est, et puis de petit à petit embarquer, voilà.
04:27Je voudrais qu'on écoute votre modèle absolu, c'est Roberto Benigni, et puisque
04:30vous passez beaucoup de temps sur internet, moi aussi j'ai trouvé cet archive avec Darius
04:35Rochebin, c'est un bonheur.
04:37Je parle de la divine comédie, les cinquièmes chantent, qui parlent de la luxure, du sexe
04:42et de l'amour.
04:43Le plus beau vers c'est quoi ? Le plus beau vers de Dante ?
04:46Il y en a beaucoup, mais il y en a trois, je peux dire « les fins de la divine comédie
04:51», « l'amour qui mouve le soleil et l'altre estelle », ou les cinquièmes
04:54chantent quand il dit, Francesca, avec son amour Paolo, « la bocca mi baccio tutto tremante
05:01», vous avez compris non, qu'est-ce qu'il dit, « la bocca mi baccio tutto tremante ».
05:05Vous m'avez déjà embrassé, c'est suffisant !
05:08Il y a Darius Rochebin qui m'attend, calme-toi s'il te plaît ! Roberto Benigni, il a fait
05:13suivre la comédie de Dante à la télévision italienne par 11 millions de personnes, c'est
05:17ça votre but ?
05:18Je ne sais pas si c'est mon but, je n'aurais pas eu une prétention, mais c'est vrai
05:22que je trouve ça magnifique, il réconcilie des publics, il élargit les perspectives
05:27avec sa façon d'appréhender la comédie, et moi je trouve ça très beau de faire entendre
05:32des textes poétiques tout en étant dans la comédie, dans le rire, dans l'humour,
05:36et ça m'inspire beaucoup.
05:38L'enfer pour vous, ce serait la niche ? Parler à un tout petit bout de personne ?
05:42Non mais je ne dis pas que je veux que ma parole soit proférée au monde entier, mais
05:49c'est vrai que j'ai une espèce d'idéal comme ça de réconciliation où je trouve
05:53qu'on se sent de plus en plus un peu séparés les uns des autres, en tout cas moi des fois
05:58j'ai ce sentiment-là, et donc de créer des points, par exemple dans le théâtre
06:02on entend tout le temps théâtre public, théâtre privé, moi ça me fatiguait, je
06:06l'ai ressenti un petit peu, j'ai commencé par le public, puis après quand j'ai dit
06:08je veux faire un peu un one-man-show, on me disait oula, et donc ça, allez essayons
06:12un peu le grand écart ! Vous avez essayé en tout cas, vous êtes
06:16tranquille aussi au cinéma, vous jouez chez Géraldine Naka, chez Yvon Attal, et vous
06:19vous êtes mis quand même dans ce risque de faire ce premier seul en scène, bravo
06:23à vous Xavier Guelphi, et bonne route, c'est tous les lundis soir à Paris, à la Scala
06:26jusqu'en janvier, reprise en mai !