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Avec Marie Tapie, belle-fille de Bernard Tapie pour son livre "Tapie, comme Bernard" éd. Presses de la Cité

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##LE_FACE_A_FACE-2024-12-18##

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00:00SUD RADIO BERKOV DANS TOUS SES ÉTATS, LE FACE-A-FACE
00:07Il est parti le 3 octobre 2021, mais tout le monde le connaît, tout le monde s'en rappelle,
00:14et même ceux qui ne l'ont jamais ni côtoyé ni vu, savent qui c'est, Bernard Tapie.
00:19Bon, moi je ne veux pas dire que je ne le connais pas, je l'ai connu, je l'ai rencontré il y a 40 ans,
00:24et on ne s'est jamais vraiment, tout en se voyant pendant des mois, on ne s'est jamais vraiment quitté.
00:30Et Tapie, effectivement, c'est intéressant parce qu'il était haï par les uns, adoré par les autres,
00:38et c'était quelqu'un qui était hors sol, et hors normes, bien sûr, surtout.
00:43Et il y a un livre que j'ai reçu et qui m'a touché, pas seulement parce que je connais Tapie,
00:49mais parce que c'est un témoignage très intéressant de Marie Grissinger.
00:54Marie Grissinger est devenue Marie Tapie parce qu'elle a épousé Laurent.
00:58Laurent l'a des fils de Tapie, et ça fait 30 ans qu'elle est entrée dans la famille, on peut dire ça.
01:04Oui, c'est ça, merci de me recevoir.
01:06Effectivement, ça fait une trentaine d'années, j'avais 17 ans quand j'ai connu mon mari,
01:12et Bernard à l'époque, qui n'était pas encore mon beau-père, mais qui m'a vu grandir en fait.
01:18Oui, c'est ça, 30 ans, c'est 30 ans, on pourrait dire que vous êtes une pièce rapportée,
01:24mais non, vous êtes de la famille, et depuis toujours je pense.
01:28Oui, et puis on n'était pas une pièce rapportée avec Bernard Tapie,
01:32soit il vous aimait, et là il vous incluait dans son clan, j'étais comme une fille pour lui,
01:38soit il ne vous aimait pas, et vous ne faisiez même pas partie de sa vie.
01:42Alors justement, Marie, racontez-nous, je recommande vraiment ce livre,
01:48parce qu'encore une fois, quels que soient les sentiments qu'on peut avoir, c'est bouleversant,
01:53et c'est bouleversant parce que c'est une personnalité, encore une fois,
01:56qui est sortie de sa zone de confort depuis très longtemps, qui est, je l'ai dit, en norme,
02:00qui a emprunté les chemins de traverse, et qui avait, ça on peut le dire,
02:05jouit d'une popularité en France, comme on a très rarement vu, en tout cas dans ces temps,
02:11dans ce fin de XXe et début de XXIe siècle, il aurait été maire de Marseille,
02:18et peut-être plus si Affinités, en tout cas les Affinités étaient là.
02:21Alors qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que c'était, Marie, de faire partie du clan Tapie ?
02:27C'était quoi le clan Tapie ?
02:29C'était le clan dirigé par un patriarche très présent, et qui était ultra soudé,
02:38sachant que Bernard Tapie ne vivait qu'à travers sa famille, que c'était son socle, son pilier,
02:46qu'il revenait tous les soirs à la maison, quelles que soient ses activités, pour être en famille,
02:51donc c'était une espèce de bulle protectrice de faire partie du clan Tapie.
02:56Tapie, donc sa femme Dominique, dont on sait combien elle a été importante,
03:01ses enfants, ses petits-enfants d'ailleurs, et le socle.
03:06Alors, est-ce que c'était, il était, alors à l'intérieur du clan, à l'intérieur, enfin en famille,
03:12il était toujours le Tapie bravache, tchatcheur, discourseur, et parlant de tout et de rien ?
03:21Oui, c'était un hyperactif, donc effectivement il parlait beaucoup,
03:24et toute la journée il passait d'une activité à une autre,
03:28toujours très pris par tout ce qui concernait les dernières années ses procès,
03:33et tout tournait effectivement autour de lui,
03:37et pendant les vacances on était même obligés de se relayer avec ses amis,
03:41tellement il nous épuisait, tellement il était hyperactif,
03:45il fallait que l'un après l'autre on soit près de lui,
03:48donc il parlait toute la journée, voilà.
03:50Oui, il fallait se relayer quoi !
03:52Exactement, ses copains se relayaient.
03:54Il n'y avait qu'en cuisine où c'était un peu plus paisible pour nous,
03:59parce que ça l'occupait beaucoup, il passait des heures à cuisiner.
04:02Il adorait ça je crois.
04:03Il adorait ça, il adorait régaler ses amis et sa famille,
04:07ce qui est d'ailleurs un signe de générosité certain.
04:11Oui, c'est vrai, mettant son tablier, etc.
04:16Allant faire son marché, préparant sa paella pendant des heures.
04:20Moi j'étais coincée entre une mère pied-noir qui cuisinait aussi énormément
04:25et Bernard Tapie, vous imaginez ?
04:27Les deux se faisaient une compétition de tous les diables
04:31pour être le meilleur cuisinier,
04:33donc c'était des années très sympathiques et très familiales.
04:36Et vous en profitiez bien sûr.
04:38On en profitait tous, mais on finissait le week-end sur les rotules
04:41parce qu'on passait de la mère pied-noir à Bernard
04:44qui se tirait la bourre sur la cuisine.
04:47Et alors justement, vous, quand vous avez rencontré Laurent,
04:52vous l'avez épousé, vous aviez entendu parler sûrement de Bernard Tapie,
04:55mais vous aviez déjà des a priori ou pas du tout ?
04:58Moi je venais d'une famille qui a priori n'aimait pas spécialement Bernard Tapie.
05:04Mes parents étaient plutôt de droite, ils aimeraient mon bar,
05:08enfin vous voyez, ils trouvaient que Bernard était un peu matuvu,
05:12donc ils n'étaient pas forcément emballés de cette liaison au départ.
05:17Et puis c'était un monde tellement différent d'une autre,
05:20moi j'avais une mère professeur, un père océanographe,
05:23j'ai grandi en Polynésie, là où j'ai rencontré mon mari,
05:28donc ça les effrayait un peu en réalité.
05:31Oui c'est vrai que c'était lui universitaire, c'est ça ?
05:35Voilà c'est ça, chercheur océanographe.
05:39Donc des a priori pas hyper positifs,
05:42mais après, mon père qui pourtant était le plus récalcitrant
05:47à ce que je me mette avec Laurent Tapie,
05:51les années qui ont suivi, après avoir connu Bernard,
05:54était le premier à le défendre dans les dîners,
05:56puisque vous savez bien qu'il fallait défendre souvent Tapie dans certains milieux.
06:01C'est un grand objet de discussion.
06:03Voilà exactement.
06:04C'est vrai, sujet discussion.
06:06Mais alors justement, qu'est-ce que vous avez appris au fur et à mesure,
06:14du quotidien, de la famille, etc. ?
06:17Il avait un côté saoulant, mais il avait un côté très séduisant.
06:23Comment vous l'avez apprécié au fur et à mesure ?
06:26J'ai eu le sentiment au premier abord que c'était quelqu'un d'insupportable.
06:32Il y a 17 ans j'étais assez insolente,
06:34donc je lui répondais systématiquement.
06:36Je le reprenais parce que je trouvais qu'il était un peu brutal dans ses propos
06:40et très directif.
06:42Donc on a eu des relations très tendues au départ.
06:45Vous avez un exemple ?
06:47Un exemple, ça l'a gassé parce que je débarquais dans la famille
06:51et que je lui prenais son fils,
06:54alors qu'il avait une relation fusionnelle avec son fils.
06:56Ils regardaient de foot pendant des heures tous les deux.
06:59Et moi j'arrivais et je voulais récupérer mon petit ami à l'époque
07:04et partir et qu'il ne passe pas sa vie avec son père.
07:07Donc ça déjà, ça le mettait hors de lui.
07:09Et à tel point qu'à un moment, on était tout jeunes,
07:12on a quitté le domicile familial
07:14parce que Bernard adorait avoir ses enfants dans la même maison.
07:18Et ça, ça a été la première étape vers plus de respect de sa part à mon égard.
07:24Et après j'ai compris à le connaître.
07:28En fait, c'est un homme qui est comme une fanfare de défauts
07:31qui l'accompagne partout et on ne voit que ça.
07:34Parce qu'il est colérique, il parle mal, il peut être grossier.
07:38Mais une fois qu'on a passé cette croûte comme ça,
07:41un peu compacte de défauts,
07:43on découvre quelqu'un de très humain,
07:45un père de famille exemplaire et très disponible pour ses proches.
07:50Et c'est vrai parce que c'était pas du tout...
07:52Alors lui, c'était le contraire du cavaleur,
07:54c'était le contraire de quelqu'un qui allait à droite et à gauche,
07:56qui était extrêmement... voilà, il était famille, il était fidèle, etc.
08:00Mais justement, quand vous dites, c'est très joli,
08:03la fanfare de défauts, c'est une jolie expression.
08:07– Ça lui va assez bien d'ailleurs.
08:09– Oui, tout à fait.
08:10Et en fait, quand vous étiez alors avec vos amis,
08:14avec vos fréquentations, etc.
08:16Parce que ça, c'est intéressant de rester un peu là-dessus.
08:20Et est-ce que vous aviez à chaque fois, ou pas à chaque fois,
08:22enfin souvent à le défendre,
08:24parce que moi j'ai connu ça aussi dans « Dédier une famille »
08:26quand on parlait de tapis,
08:28et ça tournait toujours, non pas à la risque ou à la bagarre,
08:32mais enfin, voilà, avec des gens qui disaient
08:34« Mais c'est pas possible, ce type, c'est un escroc, ceci, c'est cela. »
08:39Est-ce que vous arrivez souvent d'avoir à le défendre ?
08:42– J'avais à le défendre, mais pas tant que ça,
08:44parce que les gens, je pense, respectaient le fait que je vivais avec son fils.
08:49Voilà, j'avais à le défendre,
08:52et encore aujourd'hui, on en parle,
08:55mais j'ai l'impression qu'avec les années, et surtout avec la maladie,
08:59il a eu plus de fans que de détracteurs.
09:02– C'est clair.
09:03– Les gens l'ont vraiment admiré durant son combat contre le cancer.
09:07– Mais je dois dire que même à l'époque, avant le cancer,
09:11il n'avait plus de fans que de détracteurs.
09:13Parce que quand on voyait les foules qu'il pouvait attirer,
09:16j'ai juste une anecdote,
09:18j'ai envie de le dire, un jour, il y avait le maire d'Auriac, dans le Cantal,
09:22qui voulait absolument recevoir Tapie,
09:25et il a dit « Ok, j'y vais, je prends mon jet, j'y vais,
09:28qu'il me paie l'essence ».
09:30J'arrive là-bas, et ils avaient prévu 1000 personnes.
09:33Il y a eu 10 000 personnes qui sont arrivées, de toute la région.
09:36Il y avait cette espèce de charisme, en tout cas populaire,
09:39qui était là, après, c'est clair.
09:41Et vous avez participé quand même, alors justement, 30 ans,
09:45à sa vie politique,
09:46quand je dis politique, donc pas au sens d'engagement,
09:48mais au sens d'aller dans des meetings, dans des campagnes, etc.
09:53Moi, je l'avais accompagnée en Guyane, pendant les européennes,
09:57puisque j'ai aussi grandi entre la Polynésie et la Guyane,
10:01donc ça me tenait à cœur, il m'avait emmenée très gentiment.
10:04Ça m'avait permis, d'ailleurs, à l'époque, je devais avoir une vingtaine d'années,
10:07ça m'avait permis de mieux le connaître,
10:09parce que pour la première fois, j'étais complètement seule avec lui.
10:13Donc oui, je voyais qu'il générait vraiment de l'enthousiasme,
10:18notamment des classes populaires,
10:20et je vois vraiment un décalage entre ce que nous offrent les médias
10:24quand ils parlent de tapis, et puis quand je parle aux gens
10:27dans la rue, dans les taxis,
10:29et je me rends compte, quand je parle vraiment aux Français,
10:33qu'il y a quand même beaucoup d'amour pour ce personnage,
10:37et qu'il a touché énormément de personnes.
10:39Et c'est pour ça que quand on vous dit « je m'appelle Marie Tapie »,
10:42il dit « tapie comme Bernard ».
10:44Dans les taxis, systématiquement, Marie Tapie met « tapie comme Bernard ».
10:50On va continuer d'en parler, de parler de ce livre,
10:54de ce très joli livre de Marie Grissingar Tapie sur Bernard, justement.
10:59Et si vous avez une question, ou si vous voulez réagir,
11:02n'hésitez pas à nous appeler au 0 826 300 300,
11:05Bercov dans tous ses états revient tout de suite.
11:07Pourquoi les Français, et comment on peut le combattre,
11:09pourquoi les Français hésitent entre, de temps en temps,
11:11la rébellion et puis l'abattement ?
11:13Comment on peut les doper ?
11:15J'ai envie de vous dire...
11:17Bon, je vais pas vous dire, vous allez trouver que c'est
11:19une conclusion désagréable pour nous deux.
11:23Mais...
11:25Vous êtes vraiment maso, hein ? Vous faites semblant.
11:27Non, non. Je vais vous dire, voyagez un peu plus,
11:30et puis vous verrez que la France ressemble pas à ce qu'elle est.
11:32Le jour où vous serez allé en Chine ou en Russie aussi souvent,
11:34comme en Amérique latine...
11:35Moi je vous demande pas d'aller en Chine.
11:37Allez à Pau, allez à Horthaise, allez à Lorient.
11:39Arrêtez de lire les journaux et vous verrez
11:41qu'ils sont pas du tout ce que vous êtes en train de dire.
11:43Et oui, oui, c'est intéressant.
11:47La France des médias, la France de certains médias
11:49et l'autre France.
11:51Mais justement,
11:53Marie-Christine Gartapi, on va parler de ça,
11:55vous l'avez parlé très bien dans votre livre,
11:57de cette période, justement, de la maladie,
12:01du cancer, et avant ça,
12:03de cette période des procès
12:05qui a commencé, il faut le rappeler,
12:07dans les, justement, 92, 93,
12:0930 ans, c'est le moment où vous êtes arrivée
12:11dans la famille.
12:13Donc vous êtes arrivée dans la famille,
12:15il y avait déjà procès.
12:17Je suis arrivée en 91,
12:19j'étais à la fin de la période de gloire,
12:21en fait, et j'ai connu après quasiment
12:23pas mal de galères.
12:25J'ai vécu le chaos
12:27qu'ils ont vécu,
12:29et lui a vécu
12:3127 ans de procédure.
12:3327 ans de procédure,
12:35où du matin au soir, je l'entendais parler
12:37à des avocats, se battre,
12:39anticiper, il avait toujours trois coups d'avance
12:41parce que même si on avait l'impression
12:43qu'il y avait des temps morts, lui, il était déjà
12:45en train de préparer ce que la partie adverse
12:47allait faire
12:49et d'anticiper bien à l'avance
12:51à tel point que les avocats étaient souvent dépassés
12:53par le personnage,
12:55son intelligence ultra-rapide,
12:57brillante,
12:59il était tout le temps, tout le temps,
13:01tout le temps, pendant 27 ans,
13:03au quotidien, dans ce combat-là, et puis ensuite,
13:05le combat, évidemment, contre le cancer.
13:07– Et vous pensez, comme d'autres,
13:09c'est vous, puisque vous êtes
13:11au cœur du réacteur,
13:13c'est comme on peut dire, du réacteur tapis,
13:15vous pensez que la maladie était intimement
13:17liée à ces
13:19problèmes judiciaires,
13:21avec Adidas et compagnie ? – On a cette conviction-là,
13:23je crois que les cancers de l'estomac,
13:25c'est souvent lié, enfin, je ne suis pas médecin,
13:27mais c'est ce que des médecins nous ont dit,
13:29c'est souvent lié au stress, sachant que
13:31Bernard ne buvait pas,
13:33ne fumait pas,
13:35faisait du sport, avait une vie très très saine.
13:37– Oui, mais ça a commencé
13:39par la joue, moi je m'en rappelle quand
13:41il m'a envoyé des photos de sa joue,
13:43où il avait dû… c'était le tout début…
13:45– C'était le tout début, oui,
13:47mais je pense qu'il y avait déjà l'œsophage
13:49à l'époque qui commençait.
13:51– Et donc,
13:53vous racontez très bien dans le livre,
13:55c'est-à-dire que ça m'a beaucoup touché,
13:57je pense que ça touchera beaucoup de lecteurs,
13:59et ça a touché déjà beaucoup de lecteurs,
14:01vous en avez une lectrice,
14:03ce combat,
14:05comment il le menait ce combat contre la maladie ?
14:07Parce que c'est douloureux, c'est terrible,
14:09il y a des opérations, etc.
14:11Comment il le menait ?
14:13– Eh bien, il le menait
14:15comme toutes ses autres activités,
14:17sur tous les fronts,
14:19il a essayé plein de traitements,
14:21il a rencontré plein de gens,
14:23il voulait garder l'énergie,
14:25donc pour garder l'énergie,
14:27il faisait du sport,
14:29il allait à vélo systématiquement à la campagne,
14:31même malade,
14:33il allait à vélo à la campagne
14:35quasiment jusqu'à
14:37quelques mois avant le cancer,
14:39et ce qui était assez admirable,
14:41c'est qu'il encourageait
14:43les autres malades,
14:45et sa préoccupation
14:47essentielle dans ce combat,
14:49c'était de partager ce combat avec les autres malades,
14:51de les encourager,
14:53et ce qui est merveilleux, c'est que j'ai eu
14:55beaucoup de témoignages de gens
14:57qui montraient à leurs proches malades du cancer,
14:59les vidéos de Bernard Tapie pendant son cancer,
15:01qui voulaient dire aux autres
15:03garder votre énergie,
15:05bouger,
15:07et alors lui, il allait encore plus loin,
15:09il ne voulait pas prendre un antidouleur,
15:11parce qu'il était convaincu que ça coupait l'énergie,
15:13et que le corps était plus combatif
15:15sans antidouleur.
15:17– Mais ça devait être quand même terrible.
15:19– Oui, il était extrême comme toujours.
15:21Effectivement, c'était terrible,
15:23parce qu'on attendait qu'il hurle de douleur
15:25pour pouvoir lui mettre de la morphine.
15:27– Et vous étiez tous,
15:29la famille se relayait, j'imagine,
15:31quand c'était à l'hôpital, ou chez lui d'ailleurs.
15:33– Il ne voulait pas aller à l'hôpital,
15:35il ne voulait pas
15:37être branché aux perfusions,
15:39parce qu'il ne supportait pas d'être attaché,
15:41il ne voulait pas
15:43d'infirmiers à domicile,
15:45donc oui, la famille se relayait,
15:47avec son épouse qui était là
15:49la plupart du temps.
15:51– Oui, bien sûr, Dominique,
15:53qui l'appelait son roc de Gibraltar.
15:55– Et puis la religion
15:57a beaucoup participé à ce combat.
15:59– Alors justement, il était croyant ?
16:01– Il a toujours été croyant,
16:03et ça a pris
16:05une ampleur encore plus importante
16:07pendant la maladie,
16:09où il s'est fait accompagner
16:11durant la dernière année par un pasteur,
16:13Marcel,
16:15qui raconte dans le livre
16:17de ses derniers mois
16:19passés avec Bernard Tapie
16:21et des discussions qu'ils avaient
16:23tous les deux,
16:25et alors c'est très drôle, parce qu'avec Bernard Tapie
16:27rien n'est normal,
16:29rien n'est monotone.
16:31– C'était quoi sa religion ?
16:33– Il était catholique,
16:35mais il avait eu l'occasion
16:37de rencontrer
16:39ce monsieur, Marcel,
16:41qui était un pasteur évangéliste,
16:43vous savez les pasteurs qu'on voit
16:45au palais des congrès ou à la télé,
16:47un grand monsieur
16:49comme ça, qui a wrangle les foules,
16:51etc. – Presque un télévangéliste.
16:53– Ouais, exactement,
16:55tout à fait, et donc c'est
16:57avec ce monsieur que Bernard
16:59a partagé sa spiritualité
17:01pendant la dernière année
17:03de sa vie, donc le témoignage
17:05est assez drôle. – Ils se voyaient beaucoup ?
17:07– Ils s'appelaient tous les jours,
17:09et ils se voyaient
17:11plusieurs fois par semaine,
17:13c'était vraiment très intense.
17:15– C'était quoi chez Bernard, c'était la conviction
17:17d'une autre vie,
17:19sa croyance, ça reposait sur quoi ?
17:21– Je ne sais pas si c'était
17:23la conviction d'une autre vie,
17:25mais c'était un vrai catholique.
17:27– Il allait à la messe ?
17:29– Très fervent, non,
17:31il n'allait pas à la messe,
17:33il priait chez lui,
17:35mais de façon générale,
17:37il n'aimait pas les lieux publics,
17:39on le traînait au restaurant de temps en temps,
17:41mais ce n'était pas du tout un homme
17:43qui aimait se montrer en dehors des médias,
17:45mais bon, ça c'est autre chose.
17:47Et donc,
17:49il a prié énormément,
17:51et puis il était tellement à fond,
17:53parce qu'il était toujours à fond
17:55dans chacune de ses activités,
17:57que même le jour où il s'est fait tabasser
17:59à la campagne, vous vous rappelez,
18:01son pasteur l'appelle et lui dit
18:03presque que le pasteur perdait sa foi
18:05en disant, Bernard, le destin s'acharne
18:07sur toi, tu es malade,
18:09tu te fais tabasser, et là Bernard lui dit
18:11mais enfin Marcel, tu plaisantes,
18:13mais c'est merveilleux,
18:15c'est un signe, c'est le jour
18:17de Pâques, c'est le jour de Pâques,
18:19il m'arrive ça le jour de Pâques,
18:21tu ne vois pas que c'est un signe du ciel.
18:23– Oui, c'est fou
18:25cette histoire, je me rappelle,
18:27il m'avait téléphoné le lendemain,
18:29il me racontait comment Dominique aussi,
18:31sa femme avait été tabassée,
18:33enfin c'était terrifiant.
18:35Ce qui est quand même impressionnant,
18:37c'est que même dans les situations les plus catastrophiques,
18:39il voyait du positif.
18:41C'est un homme très positif
18:43et toujours optimiste en fait.
18:45– Et de ce point de vue-là justement,
18:47on lit les choses effectivement,
18:49on peut comprendre que
18:51avec le stress et le cancer,
18:53comme disaient ces médecins,
18:55quand on se fait de la bile et on se fait du mauvais sang,
18:57ça veut bien dire ce que ça veut dire.
18:59Mais alors justement,
19:01vous parlez de l'avant,
19:03dans votre livre c'est très intéressant,
19:05vous avez la partie avant et après,
19:07quand il est parti,
19:09quand il est mort,
19:11donc il y a trois ans.
19:13Et comment vous avez vécu l'après ?
19:15Vous, la famille, comment ça s'est passé ?
19:17Parce que quelqu'un comme ça,
19:19il laisse un vide,
19:21et pas un petit espace.
19:23– C'était d'une violence inouïe
19:25parce qu'il ne nous avait jamais parlé de la mort,
19:27donc on ne s'était absolument pas préparé
19:29ni affectivement,
19:31ni administrativement,
19:33puisque vous imaginez
19:35qu'on est aussi hérité
19:37de toutes ces procédures judiciaires.
19:39Mais ne serait-ce qu'affectivement,
19:41mon mari,
19:43jusqu'au dernier jour, jusqu'au dernier soir,
19:45quand le médecin lui a annoncé
19:47que c'était le dernier soir de votre père,
19:49n'arrivait pas à y croire.
19:51Il s'est littéralement effondré.
19:53Il ne pensait jamais
19:55que son père serait vaincu par quoi que ce soit.
19:57– Père immortel.
19:59– Oui, c'est ça.
20:01Donc c'est navrant
20:03parce qu'on a beaucoup de gens
20:05qui font des petits sourires narquois
20:07en nous disant évidemment qu'il l'avait préparé après,
20:09il vous a sans doute caché de l'argent
20:11quelque part, etc.
20:13Et personne ne veut croire
20:15qu'on n'a jamais parlé de l'après.
20:17– Oui, d'autant plus,
20:19on va en parler tout de suite après cette petite pause,
20:21d'autant plus que
20:23beaucoup de gens se sont interrogés,
20:25pourquoi Dominique, pourquoi la famille,
20:27et on va en parler quand même
20:29parce que ce sont des questions qui ont été posées.
20:31– Pourquoi avez-vous le sentiment
20:33à ce point d'être persécuté
20:35comme s'il y avait un complot des médias,
20:37des juges, des politiques, est-ce que vous imaginez
20:39à ce moment-là qu'on essaye de dire le droit ?
20:41– Regardez, c'est ce que j'ai dit juste avant de rentrer,
20:43quand un journaliste ne sait plus quoi dire
20:45parce qu'il est conscient qu'il y a un acharnement incroyable,
20:47il dit alors c'est un complot
20:49et nous comme des imbéciles
20:51on n'a pas envie de dire oui parce qu'on passe pour des imbéciles.
20:53Oui monsieur c'est un complot.
20:55– Eh oui, il y a des complots
20:57et peut-être qu'il faudrait arrêter
20:59que quand on parle d'un certain
21:01nombre de choses,
21:03on évacue en disant
21:05ah complotiste, on l'a vu
21:07sur un certain nombre de phénomènes
21:09de ces dernières années, on ne va pas revenir là-dessus
21:11mais c'est très intéressant
21:13qu'on voit en 2013
21:15Bernard Tapie répondant
21:17à David Pujadas sur ce ton.
21:19Justement on était en train
21:21de parler de l'attentat,
21:23enfin de l'attentat
21:25disons de ce cambriolage
21:27lamentable
21:29et au fond
21:31je voudrais qu'on parle un peu de l'après
21:33donc on a ce qui s'est passé
21:35et au fond
21:37est-ce que
21:39les contempteurs,
21:41les accusateurs,
21:43les lâcheurs
21:45et lâcheurs aussi
21:47ont un peu baissé
21:49d'un ton quand même, une fois que...
21:51Ah bah oui,
21:53ils avaient eu la bête, donc ils ont baissé d'un ton
21:55effectivement, on a été étonnés
21:57nous de voir à l'enterrement de Bernard
21:59arriver, voire arriver
22:01un de ses lâcheurs, un de ses principaux
22:03lâcheurs qui était François Bayrou
22:05qu'évidemment nous n'avions pas invité
22:07qui était un de
22:09ceux qui s'est acharné
22:11sur mon beau-père et qui
22:13avait contesté violemment l'arbitrage
22:15qui était un proche de Père Levade
22:17le banquier du Crédit Lyonnais
22:19qui a eu l'audace de venir
22:21à l'église le jour
22:23des funérailles, qui s'est caché au fond
22:25de l'église, heureusement que
22:27la famille ne l'a pas vu
22:29j'ai trouvé ça assez pervers
22:31est-ce qu'il venait se
22:33vérifier que la dépouille était bien là
22:35je sais pas, mais c'était assez étonnant
22:37on va pas spéculer
22:39sur les intentions, mais c'est vrai
22:41qu'on peut se poser la question, mais justement
22:43vous avez rencontré
22:45après, vous l'avez raconté dans votre livre
22:47un certain nombre de personnes
22:49et pourquoi vous vouliez les confronter
22:51c'est intéressant, qu'est-ce qui vous a amené
22:53Marie Tapie
22:55à vouloir
22:57voir Borlo, bien sûr, qui avait été
22:59un de ses premiers
23:01il travaillait avec lui, un de ses avocats
23:03etc, et puis d'autres
23:05et puis Xavier Niel, et puis beaucoup d'autres
23:07pourquoi ? Alors, déjà
23:09parce qu'un souvenir partagé avec quelqu'un
23:11de proche, c'est un peu retrouver la personne
23:13et puis
23:15et puis parce que Bernard avait
23:17une personnalité tellement complexe
23:19que moi, j'avais pas, même en
23:2130 ans, réussi à vraiment faire le tour
23:23et j'avais envie d'entendre la vie
23:25d'autres personnes, de voir un autre
23:27regard, un autre angle, et j'ai encore appris
23:29des choses, oui, sur lui.
23:31Oui, bien sûr, mais d'abord
23:33je vous ai pas posé la question, mais
23:35je vous la pose maintenant, pourquoi vous avez eu
23:37envie de faire ce livre, au fond
23:39parce que, je veux dire, qu'est-ce qui vous a
23:41amené à se dire, après tout, parce que Dieu
23:43sait s'il y a eu des livres sur tapis
23:45évidemment, de gens moins proches
23:47que vous l'étiez, mais
23:49qu'est-ce qui vous a vraiment motivé ? Oui, je l'ai connu
23:51j'ai envie de raconter qui il était
23:53ce que c'était, par rapport à
23:55c'était quoi, vraiment ? Alors, moi, j'avais déjà écrit
23:57un livre avant, chez Albain Michel, sur mes parents
23:59et quand j'ai
24:01quand j'écrivais ce livre
24:03je côtoyais
24:05déjà Bernard. Très bon titre, rappelez-moi le titre
24:07On reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait en
24:09s'en allant, et au fur et à
24:11mesure que j'écrivais ce livre, Bernard
24:13lisait des passages, et il aimait
24:15beaucoup ma façon d'écrire, il me disait
24:17il m'avait dit à l'époque, mais
24:19bon, c'est très bien, tu écris un livre sur...
24:21à l'époque, c'était sur mes parents, et notamment mon père
24:23l'océanographe, l'aventurier
24:25il m'avait dit, c'est très bien, tu écris un livre
24:27sur ton père, mais ça serait
24:29vraiment plus intéressant si tu me rajoutais
24:31dans le livre, de comparer

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