Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, était l'invitée du Face à Face ce jeudi 19 décembre. Elle s'est exprimée sur la situation à Mayotte mais également sur les consultations pour la formation du nouveau gouvernement qui se font sans LFI.
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00:00BFM TV, face à face. Apolline de Malherbe.
00:08Il est 8h32 et vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Je précise pour ceux qui nous écoutent et qui nous regardent que l'arrivée de Gisèle Pénicaud au tribunal d'Avignon est imminente pour cette journée de verdict et qu'on le vivra bien sûr en direct à tout moment.
00:23À tout moment, l'arrivée et la sortie d'Emmanuel Macron sur le tarmac à Mayotte également. Deux événements à suivre en direct dans les prochaines minutes.
00:31Mais dans ce studio, l'interview politique, c'est avec vous Mathilde Panot. Bonjour. Bonjour. Merci d'être là pour répondre à mes questions.
00:37Vous êtes la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale. Vous êtes députée du Val-de-Marne. Et honnêtement, on se demande si en ce moment, vous n'êtes pas en train de regarder passer les trains.
00:45Pourquoi ? Parce que ça se passe sans vous. Ils vont tous aller à l'Assemblée. Ils vont tous aller à Matignon tout à l'heure pour rencontrer François Bayrou. Tous, sauf le RN et LFI.
00:55Nous venons de censurer un gouvernement pour la première fois depuis 62 ans. Depuis 1962, c'est la première fois que le gouvernement Barnier, qu'un gouvernement tombe et le gouvernement Barnier est tombé par la motion du nouveau front populaire.
01:09Donc nous venons de faire tomber un gouvernement. Et nous, nous le disons, nous ne participerons pas à un gouvernement d'union nationale. D'abord parce que nous ne voulons pas aller avec ceux qui ont fait passer de force l'abrogation de la retraite à 64 ans et qui refusent d'y renoncer et de l'abroger alors qu'il y a une majorité à l'Assemblée.
01:25Ceux qui ont supprimé l'impôt de solidarité sur la fortune quand nous voulons le rétablir. Ceux qui refusent d'augmenter les salaires. Et je pourrais continuer longtemps.
01:33Mais il y en a d'autres comme vous qui diraient la même chose que vous, qui ne veulent pas, en tout cas au moment où on se parle, participer activement à ce gouvernement.
01:41C'est le cas des écolos. C'est le cas du Parti socialiste. C'est le cas des communistes. Tous ceux qui étaient avec vous dans ce nouveau front populaire et eux, ils y seront.
01:49Ils vont y aller tout à l'heure. Ils vont au minimum discuter, voir ce qu'on leur propose, voir s'ils peuvent influer.
01:55Mais écoutez, à partir du moment où, par exemple, l'abrogation de la retraite à 64 ans n'est pas une possibilité qui est faite par le gouvernement Bayrou, nous ne participerons à rien alors qu'il y a une majorité dans l'Assemblée et dans le pays.
02:08Et je vais vous dire, je crois que l'ensemble du nouveau front populaire se retrouvera sur le vote de la motion de censure.
02:14Parce que si M. Bayrou ne demande pas le vote de confiance, comme c'est le cas dans toutes les démocraties, alors nous déposerons une motion de censure au titre de l'article 49.2 de la Constitution.
02:25Et je crois que l'ensemble du nouveau front populaire votera cette motion de censure puisque c'est le moment, sans vote de confiance, qui décidera, qui est dans l'opposition au gouvernement et qui soutient ce gouvernement.
02:35Vous le croyez ou vous le savez ?
02:37Je le crois. Après, ça sera à eux de le décider. Mais en tout cas, je crois qu'il n'est pas possible de ne pas censurer un gouvernement et de continuer la politique macroniste qui a été battue trois fois dans les urnes.
02:47Vous savez ce qu'on défend ? Ça s'appelle un principe. Et le principe, c'est de dire qu'en République, la République n'accepte aucun monarque et encore moins un monarque absolu.
02:55Et donc que nous respectons la démocratie et nous voulons faire respecter le résultat des urnes.
03:00Mais en vous arcoboutant sur vos principes, en quelque sorte, vous n'allez rien faire évoluer. C'est-à-dire qu'en fait, pour vous, c'est tout ou rien.
03:05Quand vous entendez les socialistes, et qui sont venus à mon micro la semaine dernière, qui disent bien sûr qu'on est d'accord, ce qu'on voudrait, c'est supprimer la réforme des retraites.
03:13Mais si au moins, en allant discuter, on peut obtenir un gel de cette réforme pour ceux qui normalement devaient avoir le coup prêt, devaient continuer tout d'un coup alors qu'ils étaient proches de la retraite.
03:25Si pour eux, on peut obtenir au minimum le gel de cette réforme. Si pour eux, on peut obtenir au moins une sorte de conférence sociale pour réfléchir sur la réforme des retraites.
03:33Pourquoi ? Est-ce que ce n'est pas mieux que rien ? Mais non, parce qu'on prend tout à l'inverse.
03:38Regardez, le 7 juillet, qui a gagné, qui est arrivé en tête, certes, avec une majorité relative ? C'est le Nouveau Front Populaire.
03:44Et donc, le Nouveau Front Populaire doit être appelé au pouvoir. Et ensuite, nous faisons des compromis avec l'Assemblée Nationale.
03:50C'est dans ce sens-là que nous devrions le faire. Pourquoi devrions-nous faire des compromis avec ceux qui ont perdu et qui veulent maintenant gouverner ?
03:57M. Bayrou a 36 députés à l'Assemblée Nationale. M. Bernier vient d'une formation politique qui avait 47 députés.
04:03Donc M. Bayrou est encore plus minoritaire que ne l'était M. Bernier. Donc maintenant, ça suffit. Il faut revenir à la démocratie.
04:10Mais on est bien d'accord, Mathilde Spano, que peut-être que vos compagnons de route, alors je ne sais plus si vous êtes très compagnons ou pas très compagnons,
04:15mais enfin, les socialistes, quand ils disent qu'on va peut-être obtenir pour ceux qui devaient normalement, là, rajouter encore quelques mois, quelques années, qu'au moins ça ne s'applique pas à eux,
04:23vous ne vous dites pas mais franchement, on s'est trompés de ne pas au moins aider ceux-là ? Mais non, nous voulons l'abrogation.
04:29Il y a une majorité, comprenez Mme de Balerbe, il y a une majorité à l'Assemblée Nationale. L'abrogation de la retraite à 64 ans a largement gagné.
04:36Oui, mais en attendant, ce n'est pas en attendant. Ce n'est pas possible qu'un homme tout seul, c'est-à-dire Emmanuel Macron, bloque l'abrogation de la réforme des retraites,
04:44refuse de reconnaître le résultat des urnes, refuse de reconnaître le suffrage universel. Et d'ailleurs, ce n'est pas seulement la France Insoumise qui dit aujourd'hui
04:51qu'Emmanuel Macron est responsable du blocage, ce sont de multiples voix, y compris à droite, et 64% des Français qui disent qu'Emmanuel Macron doit démissionner.
05:00Et même plus d'un Français sur deux qui dit qu'il faut aller vers la VIème République pour en finir avec un homme seul qui décide.
05:06Je rappelle que le plus grand mouvement populaire sur les questions démocratiques de ce pays ces dernières années, ça a été les Gilets jaunes,
05:12qui demandaient un pouvoir populaire fort, notamment sur le référendum d'initiative citoyenne et le référendum révocatoire.
05:19Si nous avions le référendum révocatoire, nous aurions une sortie positive par le haut.
05:23– Et c'est effectivement l'objectif que vous continuez à poursuivre, cette question de la démission d'Emmanuel Macron,
05:30ou au minimum de sa destitution s'il ne démissionnait pas de lui-même.
05:33Mathilde Panot, je sais que les écologistes ont hésité jusqu'à la dernière minute, ils ont fini par prendre la décision au milieu de la nuit,
05:39de se rendre tout à l'heure à ce rendez-vous proposé par François Bayrou, les communistes et les socialistes y seront également.
05:46Est-ce que vous estimez que le fait qu'ils y aillent, malgré tout, est une forme de...
05:51Alors j'allais dire trahison, c'est peut-être trop fort, je ne sais pas comment vous estimez en tout cas cette décision de leur part ?
05:56– Écoutez, chacun choisit sa stratégie, mais je vais vous dire, il y a une chimère derrière cela, c'est la seule chose que nous disons.
06:02Et cette chimère, c'est de laisser penser qu'un gouvernement qui va continuer la politique macroniste,
06:07M. Bayrou est le premier soutien d'Emmanuel Macron, ça sera aussi son dernier.
06:11Donc qui veut continuer cette politique macroniste et qui ne veut faire aucun compromis.
06:15Vous savez qu'avec le Nouveau Front Populaire...
06:17– Mais qui ne fait aucun compromis ? – Les macronistes.
06:19– Je vais vous le dire. – Vous venez de nous le dire, c'est tout ou rien.
06:22– Non, ce n'est pas tout ou rien en fait.
06:24Ce que nous disons, c'est que nous ferons les compromis avec l'Assemblée comme ça se passe dans toutes les démocraties.
06:28Vous êtes le gouvernement, vous arrivez avec des projets de loi et vous les discutez à l'Assemblée.
06:31Avec le Nouveau Front Populaire, nous avons gagné 159 amendements sur la question du budget,
06:36notamment pour faire contribuer les plus riches et les multinationales de ce pays
06:40et faire en sorte qu'on réponde aux besoins des Français.
06:42Tous ces amendements ont été jetés à la poubelle avec le 49-3 qui est une violence démocratique.
06:47Donc ceux qui ne sont pas capables de compromis et de comprendre le résultat des urnes
06:51s'appellent les macronistes et notamment Emmanuel Macron.
06:53– On va revenir dans un instant Mathilde Panot sur ce que vous demandez sur la question du 49-3,
06:58sur la censure que vous allez donc déposer, vous nous l'annoncez ce matin.
07:02Je voudrais simplement préciser, notamment pour ceux qui nous regardent sur BFM TV,
07:06que les images que vous voyez sont des images en direct de l'arrivée d'Emmanuel Macron
07:10sur le tarmac à Mayotte, le président qui est donc arrivé à Mayotte.
07:15Mathilde Panot, l'aide qui arrive, il apporte notamment une grande aide humanitaire,
07:20des vivres, de l'eau, est-ce que vous estimez que l'aide est suffisante ?
07:25– Je crois que ça ne sera jamais suffisant au vu de l'ampleur des moyens,
07:29notamment, je veux d'abord dire toute mon émotion et ma solidarité aux Mahorais et aux Mahoraises
07:34qui sont touchés par la plus grande catastrophe humanitaire
07:37depuis des années et des années dans notre pays,
07:40avec un nombre de victimes qui est encore inconnu,
07:43des gens qui attendent dans l'angoisse des nouvelles de leurs proches,
07:45plus de 100 000 personnes qui se retrouvent sans toit, sans eau,
07:48vous savez que notamment la Croix-Rouge a dit que 200 volontaires avaient disparu,
07:53et on va probablement savoir le nombre d'enfants qui sont décédés le jour de la rentrée scolaire,
07:58en comptant le nombre d'enfants qui ne viennent pas à l'école.
08:01Mayotte est un département dans lequel la moitié des habitants sont des enfants,
08:06et j'appelle solennellement ici à votre micro,
08:09le Président de la République et le gouvernement, le Premier ministre,
08:12a mandaté l'UNICEF qui aujourd'hui n'est pas mandatée
08:16et qui pourrait aller aider sur des activités opérationnelles.
08:19– L'UNICEF qui est la part de l'ONU qui est consacrée justement à la défense de l'enfance.
08:23– Exactement, et qui a proposé son aide si le gouvernement français le souhaitait,
08:27et je crois que nous sommes dans une course contre la montre
08:30et qu'il faut prendre toutes les aides qu'on peut,
08:32en tout cas je crois que c'est important que le Président de la République soit à Mayotte,
08:35ça répare un peu le sentiment de mépris qui avait été ressenti
08:39au moment de cette grande catastrophe avec un Premier ministre nouvellement nommé
08:43qui s'était rendu en jet au Conseil municipal de Pau,
08:46ce qui avait été vécu comme une violence symbolique très forte
08:49de ne pas être physiquement présent à la réunion de crise.
08:51– Alors quand vous dites un jet, il faut préciser les choses,
08:53ce n'est pas un jet comme les jets de milliardaires,
08:55c'est un des avions de la frette présidentielle et gouvernementale.
08:59Quand vous dites il a été à Pau,
09:02est-ce que ça veut dire aussi que le regard que vous portez aujourd'hui
09:05sur le Premier ministre dans sa gestion de cette crise à Mayotte,
09:08c'est qu'il est à côté de ce problème, il est passé à côté, il n'a pas vu le drame ?
09:12– Je crois, il faut imaginer, vous et moi, nous le savons,
09:16si cette catastrophe avait eu lieu dans n'importe quel département de l'Hexagone,
09:20le Premier ministre n'aurait jamais été au Conseil municipal de Pau,
09:24il se serait immédiatement rendu sur place.
09:26Lorsqu'il me répond, Pau c'est en France,
09:28ou il est de coutume que le Président de la République et le Premier ministre
09:31ne sortent pas en même temps du territoire national.
09:34– Il vous a répondu cela dans le cadre de l'Assemblée nationale.
09:36– Exactement, lors des questions au Premier ministre,
09:38vous comprenez que nous sommes à un niveau de maladresse
09:41qui est très violent pour les gens qui sont en train de subir cette catastrophe.
09:45Donc il n'aurait pas dû aller à Pau, il aurait dû être à la réunion de crise
09:51et je crois que maintenant il s'agit de tout faire pour aider Mayotte à se relever.
09:55– Et il y a un homme qui y était,
09:57c'est le ministre de l'Intérieur des missionnaires Bruno Retailleau,
10:00il était à mon micro hier matin,
10:02il estime qu'on ne pourra pas reconstruire de la même manière,
10:05que les drames sont dans les bidonvilles,
10:07c'est-à-dire auprès notamment des clandestins
10:09qui n'avaient de toute façon pas de maison en dur.
10:12Et il considère qu'il y a la question de l'immigration irrégulière
10:15qu'on a laissé, on a laissé les Mahorais seuls devant leur malheur
10:18avec cette immigration qui est totalement incontrôlée,
10:21il faudra changer les règles.
10:24– Je trouve ça indigne d'un ministre de l'Intérieur des missionnaires
10:27de commencer sur la question de la loi immigration,
10:30de revenir sur ces vieilles marottes xénophobes.
10:33D'abord parce que je veux que vous réalisiez Mme de Malherbe
10:36que les premiers qui sont morts et dont probablement
10:39on va avoir un bilan qui s'alourdit d'heure en heure et de jour en jour,
10:43ce sont justement des personnes en situation irrégulière
10:46qui n'ont pas été dans les abris, non mais je vais vous expliquer,
10:50la politique qui a été menée a mené à plus de morts,
10:53qui n'ont pas été dans les abris mis en place par la préfecture
10:56parce qu'ils avaient peur d'un piège, parce que lors du Covid,
10:59quand on leur a demandé d'aller à l'hôpital pour se faire vacciner,
11:01c'était en fait un piège pour les expulser.
11:03Donc beaucoup de gens sont morts parce qu'ils n'ont pas été dans les abris,
11:06ça c'est la première chose.
11:07La deuxième chose, ils ont fait des opérations Wambushu,
11:09où à la fin on a déplacé les gens d'un bidonville vers un autre
11:13avec 80% des gens qui n'ont pas été relogés.
11:16Je vais vous dire, Mayotte est en première ligne
11:19sur la question des migrations humaines,
11:21nous parlons du destin d'1,2 million de personnes,
11:23900 000 personnes sur l'archipel des Comores,
11:25300 000 personnes qui se trouvent à Mayotte.
11:28Donc ils sont en première ligne des migrations humaines,
11:31et donc ils ne devraient pas être sous-dotés comme ils le sont actuellement,
11:34puisque l'État dépense 2 000 euros en moyenne en moins
11:37par habitant de Mayotte que pour n'importe quel autre département français,
11:41mais sur-dotés pour pouvoir justement faire face à ces dangers.
11:44Mais toute la question, et malheureusement il faut quand même aussi
11:46mettre un peu les pieds dans le plein là-dessus,
11:47c'est qu'on ne sait pas exactement combien il y a d'habitants,
11:49donc les chiffres que vous donnez,
11:50on ne sait pas si c'est par rapport aux habitants officiellement recensés
11:54ou précisément à ceux qui sont là et qui ne sont pas censés être là.
11:57Ce que je voudrais, c'est que vous écoutiez ce que dit justement Bruno Retailleau
12:01à propos des réactions à gauche qui ont suscité ces demandes sur l'immigration.
12:06Tous ces bien-pensants à gauche, tous ces bien-pensants,
12:08à gauche et ailleurs d'ailleurs, que j'entends depuis hier,
12:11eh bien je souhaite qu'ils aillent au contact des maorais,
12:14qu'ils sortent de leur bien-pensance, de leur beau quartier parisien,
12:18de leur confort intellectuel, médiatique et autre,
12:21et qu'ils se confrontent à la réalité.
12:23Tous les élus ont le même langage.
12:26Tous les élus souhaitent qu'une situation stable redevienne.
12:29On verra le bilan des victimes.
12:31Eux-mêmes demandent le changement de la loi, eux-mêmes demandent la fin du droit du sol.
12:35Mais bien sûr, c'est eux qui le demandent.
12:37Il dit que c'est eux qui le lui ont demandé dès qu'il est arrivé.
12:39Alors la première chose, je le rappelle, la moitié des habitants sont des enfants,
12:42donc ils n'ont pas à prouver légalement s'ils sont présents ou non sur le territoire.
12:45C'est la Convention internationale des droits de l'enfant que la France a ratifiée.
12:48Ça c'est la première chose.
12:49Deuxième chose, Madame de Malherbe, expliquez-moi,
12:51en quoi restreindre encore plus le droit du sol,
12:53qu'il n'est aujourd'hui restreint à Mayotte, va solutionner les choses ?
12:57En aucune manière.
12:58Vous savez, on ne peut pas empêcher les gens de circuler.
13:01On ne va pas se barricader, on ne va pas jeter les gens à la mer.
13:03Donc la question c'est de mettre les moyens.
13:05On va préciser les choses pour que tout le monde comprenne la règle.
13:08Jusqu'à il y a quelques années, une femme qui accouchait à Mayotte,
13:11l'enfant automatiquement pouvait demander la nationalité française à 18 ans.
13:15Ce droit a été légèrement restreint sous Gérald Darmanin,
13:19qui a demandé à ce que les parents doivent prouver qu'ils sont légalement là depuis plus de trois mois.
13:25Et ce que Bruno Retailleau veut, c'est que les personnes, les parents,
13:29soient régularisés depuis au moins un an pour que l'enfant ait le droit à cela.
13:32Mais vous savez, Mayotte est dans une situation extrêmement compliquée.
13:36Vous avez plus de 75% de la population qui est sous le seuil de pauvreté.
13:39Déjà avant le cyclone, une personne sur trois n'avait pas accès à l'eau courante
13:44et à l'habitat précaire.
13:45Mais même dans cette misère dans laquelle est Mayotte aujourd'hui,
13:48Mayotte reste huit fois plus riche en moyenne que ce que sont les Comores.
13:52Vous croyez vraiment que les gens bougent, circulent, juste pour avoir la nationalité française ?
13:57Ils bougent parce qu'ils veulent un avenir meilleur, un avenir meilleur pour leurs enfants.
14:00Et vous ne pourrez pas empêcher cela.
14:02Donc tout ce qui est dit par M. Retailleau et de l'agitation pour montrer qu'on fait quelque chose,
14:06il y a eu une loi immigration, je le rappelle, l'année dernière.
14:09Et il y a eu plus de 30 lois sur l'immigration depuis 30 ans.
14:12Donc il faut changer de logique. Nous avons une crise de l'accueil dans ce pays.
14:16Qu'est-ce que vous répondez à la députée de Mayotte, Estelle Youssoupha,
14:21qui traite de charognard LFI.
14:23Elle dit, je vais vous résumer la position de LFI sur Mayotte.
14:26LFI était vent debout contre Wambushu, qui était donc cette opération
14:30qui demandait la destruction des bidonvilles pour la protection même des habitants qui habitaient dedans.
14:34Ces bidonvilles sont devenues des cimetières à ciel ouvert avec ce cyclone.
14:38LFI s'est opposée à cette opération qui devait mettre tout le monde à l'abri.
14:42Elle estime que vous avez une responsabilité dans la mort de ces gens.
14:45Mais Wambushu a eu lieu ou pas, Mme de Malherbe ?
14:47On ne sait plus trop.
14:49Ça a eu lieu, mais de manière très contrainte.
14:51Le résultat, c'est 80% des personnes qui n'ont pas été relogées, ce que je disais tout à l'heure.
14:54Et donc qui, évidemment, ont fait des habitats de fortune à plein d'endroits.
14:57Mais qu'est-ce que vous répondez à la responsabilité qu'elle vous impute ?
15:00C'est indigne. En fait, ceux qui sont responsables, c'est aujourd'hui ce gouvernement
15:03et les gouvernements précédents qui, depuis 20 ans, sous-investissent à Mayotte.
15:07Et donc il faut redonner les moyens à Mayotte,
15:10non pas juste qu'elle soit au même niveau que les autres départements français,
15:13mais même surdotée pour faire face aux défis auxquels elle doit faire face.
15:17Et moi, je veux juste vous dire quelque chose.
15:19On ne parle jamais de la cause dont nous sommes en train de parler.
15:21Ce n'est pas le cyclone du siècle.
15:23Nous sommes entrés dans le siècle des cyclones, des tempêtes, des ouragans, des séismes.
15:27Et nous avions, nous, demandé à la France Insoumise
15:30et gagné une commission d'enquête sur la question des risques naturels majeurs en Outre-mer
15:34qui a ensuite été sabotée.
15:36Je rappelle qu'en 2018, Emmanuel Macron avait promis en grande pompe
15:39une loi de la prévention sur les risques naturels majeurs
15:42qui n'a jamais vu le jour.
15:44Quand vous regardez, par exemple, la Martinique,
15:46vous avez 40 000 logements vétustes.
15:48La Guadeloupe, 35 000.
15:50La Réunion, vous avez 4 personnes sur 10 qui sont mal logées.
15:53Donc nous sommes entrés dans le siècle de l'incertitude et du dérèglement climatique.
15:58Et la question, c'est celle de l'adaptation.
16:00Donc il faut mettre les moyens sur cette question.
16:02S'adapter, mettre les moyens.
16:04Je rappelle donc que vous vivez en direct sur BFM TV.
16:08Je le décris pour ceux qui nous écoutent sur RMC.
16:10Donc l'arrivée du président Emmanuel Macron,
16:13qui est donc arrivé il y a quelques minutes à Mayotte.
16:16S'il s'exprime et qu'il prend la parole,
16:18évidemment, nous l'écouterons en direct.
16:20Mathilde Panot, je voudrais revenir à ce qui se passe du côté du gouvernement
16:24avec cette réunion à 14h tout à l'heure.
16:26Vous l'avez dit, vous censurerez quoi qu'il arrive.
16:29Même si François Bayrou, cet après-midi par exemple,
16:33s'engageait à ne pas utiliser le 49.3.
16:35Mais oui, vous comprenez.
16:37Nous voulons que le résultat des urnes soit respecté.
16:40Monsieur Barnier n'a pas fait l'automne.
16:42Monsieur Bayrou ne fera pas l'hiver.
16:44Maintenant, ça suffit de nous faire perdre du temps.
16:47Nous sommes dans une situation dramatique.
16:49Il y a 66 000 défaillants aux entreprises,
16:51dont la plupart sont des entreprises de moins de 11 salariés
16:54et même de moins de 3 salariés.
16:56Des petites boulangeries, des restaurants,
16:58des petits commerces qui sont en train d'avoir
17:00le plus grand plan de licenciement silencieux.
17:02Nous avons 300 plans de licenciement.
17:04Nous avons un Français sur trois qui se prive régulièrement
17:06de repas pour pouvoir nourrir ses enfants.
17:08Mais précisément, il suffit de nous faire perdre du temps.
17:10Qu'il demande un vote de confiance,
17:12comme dans toutes les démonstrations, et on verra.
17:14S'il demande un vote de confiance, on a bien compris
17:16que de toute façon, vous ne l'accorderiez pas.
17:18Bien sûr.
17:19Soit il demande un vote de confiance, vous voterez contre.
17:21Soit il ne le fait pas, vous voterez contre,
17:23mais par une motion de censure.
17:24Exactement.
17:25C'est la motion de censure qui jouera le rôle
17:27de motion de défiance.
17:28Vous entendez justement tous ces patrons,
17:30ces artisans, ces commerçants qui disent
17:32nous avons besoin de stabilité.
17:34Le fait même de ne pas laisser un gouvernement
17:37prendre sa part, est-ce que vous ne rajoutez pas du chaos ?
17:41Écoutez, les plans de licenciement n'ont pas commencé
17:43avec la motion de censure.
17:44L'endettement de 1 000 milliards d'euros
17:46qu'a fait la politique d'Emmanuel Macron
17:48depuis 7 ans n'a pas commencé avec la censure.
17:50La fermeture des urgences n'a pas commencé avec la censure.
17:52Donc quand je dis, ça suffit maintenant
17:54de nous faire perdre du temps,
17:56c'est parce que nous voulons mettre en place
17:58d'autres solutions pour ce pays.
18:00Voilà ce que nous voulons faire.
18:01Mais je comprends que vous le veuilliez.
18:03Ce que je ne comprends pas, c'est que ça...
18:05On ne peut pas être en dure responsabilité d'un président
18:07qui ne respecte pas le résumé des urnes.
18:09Je m'intéresse simplement au fait d'obtenir des résultats.
18:12C'est-à-dire que vous avez quand même des objectifs.
18:14Donc oui, vous avez placé la barre très haut
18:16en termes d'objectifs pour vous,
18:18notamment sur les retraites, on le voit bien.
18:20C'est la suppression pure et simple de cette réforme.
18:22Mais c'est vrai que finalement,
18:24ne voulant obtenir que le maximum,
18:27ne voulant obtenir tout le programme,
18:29rien que le programme, mais tout le programme,
18:31vous vous retrouvez à finalement avoir une situation
18:33où vous n'obtiendrez rien du tout.
18:35Mais nous n'obtiendrons rien du tout
18:37sous ce président de la République,
18:39dont le peuple a dit par trois fois dans les yeux
18:41qu'il ne voulait plus qu'il parte.
18:43Mais bien sûr, écoutez, regardez...
18:45Mais il a déjà dit qu'il ne partirait pas.
18:47Oui, enfin rien que le dire, c'est un signe de faiblesse.
18:49Vous le reconnaîtrez, il avait dit qu'il ne ferait pas
18:51de dissolution, il y a eu une dissolution.
18:53Il avait dit que M. Barnier ne tomberait pas, il est tombé.
18:55Regardez, il reste 30 mois de mandat à M. Macron.
18:57Sur ces 30 mois de mandat, s'il tienne 3 mois,
18:59ce qui n'est absolument pas sûr,
19:01il faudrait utiliser 10 Bayrou et Barnier
19:03pour pouvoir tenir. C'est impossible.
19:05Et je vais vous dire, quand vous regardez par exemple
19:07dans la presse internationale, aux Etats-Unis, on dit par exemple
19:09la France sait visiblement mieux protéger
19:11ses monuments que sa démocratie.
19:13En Italie, on parle du plus narcissique
19:15des présidents français, en Suisse,
19:17du saboteur de la 5ème République.
19:19Mais ce que je veux dire, c'est que
19:21tout le monde comprend qu'aujourd'hui,
19:23celui qui est responsable du blocage, qui nous fait
19:25perdre du temps, c'est un président de la République.
19:27Oui, d'accord, mais à un moment,
19:29dans des situations de blocage,
19:31je ne connais qu'une seule solution, je suis une démocrate,
19:33c'est le retour aux urnes.
19:35Vous aurez remarqué que M. Scholz, par exemple, a été
19:37renversé cette semaine sur un vote de confiance
19:39et que les Allemands, le peuple allemand
19:41va lui aussi retourner aux urnes. Voilà ce qui
19:43permet de revenir vers la démocratie.
19:45Vous m'accorderez que le système n'est pas tout à fait
19:47le même et qu'en l'occurrence, le peuple français
19:49est revenu aux urnes puisqu'il y a eu dissolution.
19:51Pour clarifier la situation politique
19:53avec un président de la République qui refuse de reconnaître
19:55ce même résultat des urnes. Mathilde Panot, vous direz quoi
19:57quand vous allez les retrouver aux socialistes, aux écologistes,
19:59aux communistes ?
20:01Eh bien, je leur dirai que nous allons déposer une motion
20:03de censure et que j'ose espérer que non seulement nous la
20:05déposerons ensemble, mais que nous la voterons ensemble.
20:07J'imagine que vous avez eu cette discussion
20:09avec eux déjà ? Oui, bien sûr, nous continuons de discuter, bien sûr.
20:11Mais en tout cas, ils ne se sont pas engagés
20:13auprès de vous à voter cette motion de censure.
20:15Ah non, ça sera à eux de s'exprimer.
20:17Merci Mathilde Panot, en tout cas, d'être venue ce matin.
20:19Aux salariés de BFM TV Paris
20:21et Antenne locale qui sont en grève
20:23aujourd'hui suite à l'annonce de la fermeture
20:25de BFM Paris. N'hésitez pas, c'est une information
20:27en effet, puisque vous parlez de
20:29BFM Paris. Merci Mathilde Panot.
20:31Merci à vous. Qui est donc présidente du groupe LFI
20:33à l'Assemblée nationale, députée du Val-de-Marne
20:35d'avoir répondu à mes questions.