• l’année dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:007h-9h, Europe 1 Matin, l'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:09Vincent, à partir du mois de février, Eric Dupond-Moretti va jouer au théâtre un seul en scène intitulé « J'ai dit oui » dans lequel il va raconter sa vie de ministre de la justice.
00:18Alors apparemment cette information, Vincent, ne vous laisse pas indifférent.
00:21C'est-à-dire qu'il va falloir que je m'inquiète Dimitri, parce qu'à ce rythme-là, le Gorafi va remplacer Le Figaro, le journal où j'ai le bonheur de travailler.
00:28Jusqu'ici, quand on disait que la politique était un théâtre et les ministres des comédiens, c'était du sens figuré, eh bien avec le stand-up de M. Dupond-Moretti, le sens figuré devient le sens propre.
00:39Alors comme j'étais un peu interloqué, oui, par cette nouvelle, j'ai essayé de comprendre et j'ai donc écouté l'entretien donné par l'ancien garde des Sceaux à France Inter.
00:46Il y explique qu'il reprend, je vous l'ai guillemet, sa vie ordinaire, que c'est un retour aux sources, qu'il aime le contact avec le public, que toute sa vie d'ailleurs, il a plaidé devant un jury populaire.
00:56Donc si l'on comprend bien, un jury de cour d'assises chargé de juger une affaire souvent lourde et tragique est comparable au public qui paye son billet pour aller se divertir au théâtre.
01:06Apparemment pour Éric Dupond-Moretti, que l'on soit en robe, en costume de ministre ou sur la scène, le principal, c'est d'avoir un public.
01:14J'ai aussi appris que c'est en voyant Éric Dupond-Moretti jouer au théâtre sa vie de pénaliste que Brigitte et Emmanuel Macron ont eu l'idée de le faire entrer au gouvernement.
01:22Donc puisqu'il n'y a pas de différence entre le service de l'État et le one-man-show, il faudrait que François Bayrou nomministe Gad Elmaleh et Gaspard Proust, au moins on rigolerait un peu.
01:31Encore faut-il qu'il les accepte. Mais Vincent, l'ancien garde des Sceaux va le faire sur les planches, finalement ce que d'autres anciens ministres font dans des livres.
01:38Oui, ce n'est pas tout à fait la même chose. Et puis, je dois vous dire que ce réflexe éditorial qui entraîne le moindre ministre à faire immédiatement commerce de son expérience en écrivant un livre, ça m'a toujours un peu choqué.
01:49Et puis, entre l'exercice littéraire et la scène, il y a quand même une différence. Pour le premier, il s'agit de créer un tête-à-tête avec le lecteur. Pour le deuxième, il s'agit de remplir une salle.
01:57Tous les deux ont leur noblesse. Mais il me semble qu'avoir dirigé une des plus prestigieuses et importantes administrations françaises vous oblige. Un ancien garde des Sceaux n'est pas un citoyen comme un autre.
02:08Malheureusement, ce manque de retenue ne date pas d'Éric Dupond-Moretti. Désormais, il s'agit moins de servir l'État que de se servir de l'État pour atteindre le sommet de la célébrité.
02:18On commence au nom du peuple et on finit people. Il n'y a qu'une lettre qui change, mais elle change tout.
02:22Mais c'est devenu en fait assez courant. Vincent-Éric Dupond-Moretti n'est pas le premier à changer de discipline. Regardez, Ronald Reagan était comédien. Donald Trump, héros de télé-réalité, sans parler de Volodymyr Zelensky qui était un comique disons un peu grossier.
02:33Oui, ça ne m'a pas échappé et je vais vous dire que ça ne m'enchante pas d'ailleurs. Mais vous noterez que les trois exemples que vous me donnez sont passés de la comédie à la politique.
02:43Et pour Zelensky, dans sa dimension la plus grave et la plus tragique. Dans le cas qui nous occupe, c'est le contraire. On a l'impression que la politique a pour utilité d'ouvrir les portes du musical et du star system.
02:52On l'a vu avec Emmanuel Macron qui copine avec Iliane Mbappé et reçoit Beyoncé à l'Elysée. On l'a vu plus modestement avec Roselyne Bachelot qui est passée de l'exercice ministériel au comique troupier des grosses têtes.
03:04Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans la représentation. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans la représentation. C'est une phrase de Guy Debord au début de son livre prophétique La Société du spectacle.
03:17C'est exactement ce qui arrive à Éric Dupond-Moretti, ce qu'il a vécu Place Vendôme va finir en représentation.
03:24Il n'y a pas si longtemps, avoir été ministre pour servir son pays suffisait à combler une vie. Aujourd'hui on quitte le gouvernement comme on quitte le château de la Star Academy en pleurnichant un peu mais en espérant quand même faire un tube.
03:37L'édito politique sur Europe, un merci Vincent Trémolet de Villers et Hélène Dufigaro à propos du spectacle L'année en fanfare du cinéma français.
03:44Très bon film en fanfare.
03:46Merci beaucoup, merci beaucoup Vincent Trémolet.

Recommandations