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Dans son édito du 22/12/2024, Jules Torres revient sur la nomination difficile du gouvernement de François Bayrou.

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Transcription
00:00La Bérousina, un mot qu'on a entendu hier, on l'entend pas mal, c'est un mot qui commence à gagner en popularité dans notre paysage politique.
00:09Ce néologisme, il résonne déjà comme une sonnette d'alarme pour François Bayrou, parce que, évidemment, son gouvernement, il n'est pas encore nommé,
00:18mais lui, il est déjà très impopulaire. On l'a déjà dit, 66% de mécontents, c'est un record historique depuis le début de la Ve République.
00:28C'est 11 points de plus que Michel Barnier, 20 points de plus que Gabriel Attal, 23 points de plus qu'Elisabeth Borne, donc c'est quasiment un exploit.
00:36Et comme si ça ne suffisait pas, il y a des débuts qui sont très poussives et des images catastrophiques pour François Bayrou.
00:43Cet aller-retour à Pau, en pleine crise à Mayotte, résulta à une faute mentale gravée dans l'esprit des Français.
00:49Un Premier ministre hors sol et déconnecté, dont la première mesure est la proposition d'arrêter le cumul des mandats,
00:55de revenir sur la loi sur le cumul des mandats. Et les mots des Français sont encore plus graves, parce qu'ils ne considèrent pas que ce soit un faux pas.
01:04Non, ils voient que c'est une grosse bêtise. C'est les mots qui sont utilisés, notamment à Frédéric Dhabi, parce que dans le monde d'aujourd'hui,
01:11ce qui compte, ce n'est pas seulement ce que vous faites, c'est comment vous l'incarnez, comment vous réagissez et finalement, comment vous le vendez.
01:18Et pour François Bayrou, toujours d'après les sondés, il symbolise tout ce que la politique ne doit plus être. Déconnecté, peu réactif et, disons-le franchement, parfois hors du temps.
01:27Alors, la béroussina, c'est peut-être plus qu'un mot, c'est un avertissement.
01:31Alors, est-ce que tout ça, c'est seulement de sa faute ?
01:33Non, évidemment que ce n'est pas seulement de sa faute. Et c'est bien là que le babeless, pour le premier des macronistes,
01:39cette proximité d'ailleurs avec le Président de la République, ce lien presque fusionnel entre eux, ce qui aurait dû être un atout,
01:45eh bien il se transforme en véritable talon d'Achille.
01:48Contrairement à Michel Barnier, qui n'était pas directement issu du sérail macroniste, eh bien François Bayrou, c'est lui,
01:54c'est l'homme qui a littéralement offert l'Elysée à Emmanuel Macron sur un plateau d'argent en 2017.
01:59Et ça ne s'arrête pas là. François Bayrou, il est même perçu par certains comme un pré-macronien.
02:04Vous savez, l'homme qui a théorisé avant tout le monde ce fameux positionnement du candidat du camp de la raison,
02:09ce centrisme, ce fameux positionnement au milieu, celui qui veut plaire à tout le monde, est aujourd'hui perçu comme un centrisme mou,
02:16mou dans l'action, mou dans les idées, et franchement pas du tout adapté à la radicalité des choix qu'exige notre époque.
02:22Et c'est là que tout se complique. Il n'y a rien de rassurant dans cette situation.
02:25Alors qu'on n'a même pas deux gouvernements et que ça fait seulement une semaine que François Bayrou est là,
02:30à tel point qu'une question gênante, brûlante, commence à tourner.
02:34François Bayrou explosera-t-il le record du passage le plus éphémère à Matignon ?
02:38Pour rappel, Michel Barnier a ce record, c'est 90 jours.
02:41Déjà menacé par une censure alors que son gouvernement n'existe même pas encore, c'est mal parti non ?
02:47C'est peu dire. En cuisine, François Bayrou essuie refus sur refus, à gauche comme à droite.
02:52Et pour cause, le chef Béarnais rêve d'un plat audacieux.
02:56Un tiers de gauche, un tiers de centre, un tiers de droite, un mélange ambitieux mais très périlleux.
03:01Et la recette, elle ne prend pas du tout à gauche.
03:04On a bien compris que le Parti Socialiste, les écologistes et les communistes avaient déjà claqué la porte.
03:09François Bayrou en est donc réduit à racler les fonds de tiroirs en allant chercher des anciens socialistes perdus en route.
03:16À droite, même tableau contrasté, Bruno Rotailleau devrait rempiler à l'intérieur.
03:20Mais Laurent Wauquiez a dit qu'il avait refusé, officiellement en tout cas.
03:25En même temps, chez les partenaires du socle commun, ça commence à coincer.
03:29Ce n'est pas que s'il manque de volontaires. Tous les ministres sortants veulent revenir.
03:33Le problème, c'est que François Bayrou n'a pas forcément envie de récupérer tous les macronistes qui étaient dans le gouvernement de Michel Barnier.
03:39Et surtout, il nous promet, c'est toujours une promesse, un gouvernement resserré.
03:44Et puis surtout, pour François Bayrou, il y a le problème de calendrier.
03:47Emmanuel Macron a décrété un jour de deuil national pour rendre hommage aux victimes de Mayotte.
03:52Ce sera ce lundi 23 décembre, demain.
03:55Donc, on ne peut pas annoncer un gouvernement, ce serait inconvenant et même indécent.
03:59On ne peut pas non plus l'annoncer après Noël, puisqu'il nous l'a promis.
04:04Donc, il y a une fenêtre de tir qui est le 24.
04:05Mais là aussi, le 24, c'est compliqué parce que tout le monde aura la tête au préparatif du réveillon.
04:10Donc, tout porte à croire que ce sera pour aujourd'hui, en fin de matinée, en début d'après-midi, en fin d'après-midi.
04:16Bref, que ce soit aujourd'hui ou plus tard.
04:19Bien malin, celui qui peut dire comment François Bayrou va se sortir de ce pétrin.
04:23Pour l'instant, son passage à Matignon, il ressemble à un mauvais feuilleton de Noël et sans l'intercelle de la magie.
04:29Sous-titrage Société Radio-Canada

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