Dans son édito du 07/12/2024, Jules Torres revient sur les conséquences du renversement du gouvernement Barnier.
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00:00En tout cas, la France est à droite, tous les sondages le montrent, toutes les enquêtes l'indiquent et tous les signaux nous le disent.
00:06Et pourtant, par je ne sais quel sortilège, le prochain gouvernement, il pourrait basculer à gauche.
00:13On connaîtra le nom du Premier ministre sans doute la semaine prochaine, mais tout porte à croire qu'une personnalité venue de la gauche pourrait s'installer à Matignon
00:20et avec lui, des ministres de gauche. C'est d'autant plus surréaliste que nous sortons d'un gouvernement Michel Barnier résolument ancré à droite.
00:27Sans doute le gouvernement le plus à droite depuis Nicolas Sarkozy, vous l'avez d'ailleurs vu à l'œuvre.
00:32Bruno Rotaillot a pris à bras le corps les sujets migratoires et sécuritaires.
00:36Nicolas Daragon s'est chargé de la lutte sur la sécurité du quotidien et notamment la lutte contre le trafic de drogue.
00:42Othmane Nassrou, il a défendu les valeurs ancrées profondément dans la France.
00:47Alexandre Portier, encore récemment, il a dénoncé le projet d'éducation à la vie sexuelle dans nos écoles.
00:53Et on peut aussi parler, par exemple, de Patrick Hetzel, qui est monté au crénon façon débordement dans les universités.
00:59Et pourtant, tout cela a été balayé par cette motion de censure, une claque politique qui pourrait donc bien éteindre ses voies et leur élan.
01:07Ses figures, ses efforts et ses engagements, ils risquent d'être stoppés net.
01:11Et une chose est sûre, si le grand retournement s'opère, on risque d'avoir un vrai choc des mondes et pas sûr que ce soit la majorité des Français qui s'y retrouvent.
01:19Alors expliquez-nous justement pourquoi ces engagements pourraient être stoppés net.
01:23Parce que contre toute attente, toutes les caméras du monde, en tout cas toutes les caméras du pays, elles sont braquées sur le camp des socialistes.
01:29Oui, les mêmes socialistes qui, main dans la main, ont voté la censure avec les mélenchonistes et les lupénistes, comme un seul homme.
01:36Et voilà qu'ils nous disent aujourd'hui, désormais, qu'ils sont prêts à discuter avec les macronistes, les mêmes socialistes qui, il y a encore quelques jours,
01:44votaient avec la France insoumise pour l'abrogation des dernières réformes des retraites, donc celle d'Emmanuel Macron.
01:49Donc c'est une gymnastique un petit peu politique qui nous donne un petit peu le tournis.
01:53Comment ça nous habitue au Parti Socialiste ?
01:55Mais attention, il serait quand même naïf d'y voir l'esquisse d'une grande coalition à la française, un arc-en-ciel politique allant de LR au Parti Socialiste.
02:03Pourquoi ? Bien d'abord parce qu'il a suffi qu'Olivier Faure accepte une invitation de l'Elysée pour se faire recadrer publiquement,
02:09et par Marine Tondelier et par Jean-Luc Mélenchon, qui a dit qu'Olivier Faure n'avait pas de mandat pour parler en son nom.
02:15Ensuite, parce que le grand écart entre le PS et LR s'annonce un petit peu intenable,
02:21jusqu'où Emmanuel Macron et son futur Premier ministre pourront-ils s'aventurer à faire des concessions à gauche sans briser le fragile équilibre avec la droite ?
02:29C'est là tout l'enjeu.
02:30Trop de concessions à gauche et la droite pour éclater la porte de l'exécutif pour rejoindre les bancs de l'opposition,
02:35c'est finalement ce que nous dit Bruno Rotaillot.
02:37Par exemple, qu'est-ce que deviendrait la loi Immigration de Bruno Rotaillot si on avait un Premier ministre ou une majorité ou un gouvernement qui était ancré à gauche ?
02:45Si je vous écoute, la France n'est pas prête d'avoir cette grande coalition.
02:49En tout cas, ce serait très surprenant, ça pourrait même prêter à sourire, que les Républicains se retrouvent à gouverner avec le Parti Socialiste.
02:55Ce serait le grand retour, vous savez, de l'UMPS, ce repoussoir politique qui a pendant des années alimenté le discours populiste des oppositions.
03:03Et c'est d'ailleurs comme cela qu'est née et Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
03:08Et c'est d'autant plus risqué que Marine Le Pen et le Rassemblement National, ils sont catégoriques.
03:12Si un ministre de gauche est nommé, on censure, une menace qui est donc claire, qui est sans ambiguïté.
03:17Et en réalité, on distingue bien dans l'allocution d'Emmanuel Macron le calcul politique.
03:22Il cherche à sortir de la dépendance à Marine Le Pen, car si sur le plan arithmétique, il faut soit neutraliser le Rassemblement National, soit une partie de la gauche,
03:30sur le plan politique, Emmanuel Macron, il n'a envisagé que la deuxième option, celle de la gauche.
03:35Et c'est là, honnêtement, que le bas blesse, parce qu'une fois encore, les 143 députés du Rassemblement National et ses 11 millions d'électeurs,
03:43ils vont une fois de plus être ignorés.
03:46Un choix qui ressemble donc à un mauvais calcul ou un pari risqué, car Emmanuel Macron et sa majorité, tant qu'ils continueront à occulter le Rassemblement National,
03:54eh bien ce dernier continuera de grimper dans les sondages et dans les urnes.
03:57Donc on voit bien que dans les coulisses, Emmanuel Macron, il a promis aux interlocuteurs du Nouveau Front Populaire, notamment Olivier Faure,
04:03qu'il appellerait les insoumis, les écologistes, les communistes.
04:07D'ailleurs, on sait depuis hier soir qu'il y a eu un contact entre l'Élysée et Emmanuel Bonpart, le coordinateur de la France Insoumise.
04:13Donc le constat, il est implacable. Tout est dit.
04:15Le président de la République, il préfère taper dans la main des insoumis et des communistes plutôt que de reconnaître le poids politique du RN.
04:21Est-ce que c'est un pari audacieux ? Non, c'est juste une fuite en avant.
04:27Sous-titrage Société Radio-Canada