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00:00Henri Guaino, je vais commencer avec vous.
00:03Marseille, c'est un peu la grande affaire de Gérald Darmanin,
00:06avec un succès quand même plus que mitigé sur ce qu'il a réalisé à l'intérieur.
00:11Je vous ai entendu ce matin lorsque vous disiez qu'à votre sens,
00:14ce n'était pas forcément la personne la plus indiquée pour occuper ce poste. Pourquoi ?
00:18Je pense qu'au-delà des qualités personnelles de Gérald Darmanin et de son expérience,
00:24nommer l'ancien ministre de l'Intérieur à la justice,
00:28ce n'est pas une très bonne idée parce que tout ça va apparaître
00:32comme une forme de provocation vis-à-vis des magistrats.
00:35Il ne peut pas en être autrement.
00:38Gérald Darmanin, qui remplissait les devoirs de sa tâche,
00:43protégeait les policiers, même participait à une manifestation
00:49de la police ou des syndicats policiers contre la justice.
00:53Encore une fois, il faisait ce qu'il avait à faire.
00:56Mais passer de cette position, de ce rôle, de ce statut à garde des sceaux
01:02ne me paraît pas la meilleure façon de faire évoluer la justice.
01:06J'écoutais ce qu'il disait et je me faisais la réflexion suivante.
01:14Le ministre de l'Intérieur ne fait pas les lois.
01:18Le ministre de la Justice ne commande pas les magistrats.
01:22C'est vrai pour Gérald Darmanin hier et pour Bruno Rotailleau aujourd'hui
01:29et c'est vrai pour Gérald Darmanin Placebovo.
01:32Dans les deux cas, ils ne peuvent pas faire la politique dont ils parlent.
01:40Cette politique ne peut être que la politique du gouvernement tout entier.
01:44Dans une situation où le gouvernement a une majorité,
01:48où il peut faire voter des textes qui, aujourd'hui,
01:53devraient être des textes qui rompent avec beaucoup de principes.
01:59Pour l'instant, ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions.
02:02Ça, c'est impensable aujourd'hui.
02:05Mais il peut quand même émettre des directives pénales à la loi des procureurs.
02:09C'est devenu un mythe.
02:12C'est une légende urbaine, ça ?
02:14Les ministres de l'Intérieur vont sur le terrain,
02:16commencé par l'avant-dernier.
02:18Les ministres de la Justice peuvent aussi y aller en disant
02:22« Nous serons d'une sévérité implacable.
02:24Les coupables seront recherchés et punis très sévèrement. »
02:30C'est le juge qui décide.
02:33On peut donner des directives au parquet,
02:37mais on a interdit les directives individuelles.
02:40Ce ne sont que des directives générales.
02:44Après le parquet, on fait en réalité ce qu'il veut.
02:48On aurait très bien pu imaginer garder des directives individuelles,
02:52mais qui seraient versées au dossier et qui seraient rendues publiques.
02:56Le politique aurait été très prudent dans la façon dont il donnait des directives,
03:00mais il aurait pu, dans certains cas,
03:02parce que les crimes étaient abominables,
03:04parce que le pouvoir politique est le seul légitime
03:07en juger du point de vue de l'accusation,
03:10aurait pu considérer que les délits ou les crimes commis
03:13mettaient en danger l'ordre social
03:15d'une façon telle que le procureur devait être plus sévère.
03:18Ça rejoint un peu ce qu'on disait tout à l'heure
03:20sur l'efficacité en matière de justice.
03:22Quand il dit qu'on veut des peines plus courtes et de la fermeté,
03:25c'est un peu du wishful thinking.
03:27Vous parlez de provocation envers les magistrats.
03:30Est-ce que vous ne pensez pas que la situation est tellement grave
03:33qu'il faut en passer par cette forme de transgression ?
03:36Oui, la situation est très grave.
03:38Le problème, c'est que, ça ne vous a pas échappé,
03:42les magistrats sont indépendants.
03:45C'est un problème qu'il va falloir poser,
03:48mais qu'il va falloir poser sereinement, calmement,
03:51et qui devrait aboutir quand même à une modification des règles
03:56et notamment des principes qui régissent l'institution judiciaire.
04:00Ça ne peut se faire qu'en ayant eu un débat
04:03pendant l'élection présidentielle,
04:05en ayant un mandat pour engager cette réforme.
04:07Ensuite, avec une discussion, un débat et un référendum au bout,
04:11parce que vous ne réformerez pas la justice
04:13sans demander au peuple de trancher sur un certain nombre de principes.
04:17Et donc, la provocation, à mon sens, si c'en est une,
04:21c'est un peu mon sentiment,
04:23mon sentiment, c'est que ce sera pris ainsi.
04:25Ça ne fait pas avancer le problème, au contraire.
04:28Ça le brusque un peu.
04:30Regardez ce qui s'est passé quand Dupond-Moretier a été nommé,
04:33où il était, lui, pas du côté du ministère de l'Intérieur,
04:36pas du côté des avocats et très critique vis-à-vis de l'institution judiciaire.
04:39Ça a crispé, ça a crispé les choses
04:42au point que les magistrats ont trouvé le moyen
04:45de le mettre en examen et de l'envoyer devant un tribunal.
04:49Heureusement que ce tribunal,
04:51puisque c'était dans l'exercice de ses fonctions,
04:53était la Cour de justice de la République.
04:55Quelle réforme vous suggériez pour que la justice soit,
05:02si on prend ce point de vue, plus sévère ?
05:04C'est-à-dire quelles réformes concrètes il faudrait prendre
05:07ou soumettre au peuple,
05:09ou investir dans une campagne présidentielle éventuelle
05:13pour que, selon les sondages, les Français aient plus de sévérité ?
05:17Ils disent que la justice n'est pas impartiale.
05:19Ils ont peut-être tort.
05:21Quelles seraient les réformes à faire ?
05:23Il ne faut pas le prendre de cette façon, à mon avis.
05:25Le premier problème n'est pas que la justice soit plus sévère.
05:29Le premier problème est que signifie l'indépendance de la justice ?
05:33Madame Taubira, à chaque fois qu'on lui posait un problème
05:36sur le dysfonctionnement de la justice,
05:40elle répondait l'indépendance.
05:42Son temps sur son banc à l'Assemblée, indépendance, indépendance.
05:45L'indépendance n'est pas un absolu.
05:47La souveraineté, oui.
05:49Et le juge n'est pas souverain.
05:50Il n'est pas le souverain.
05:51Le juge juge au nom du peuple français qui est le seul souverain.
05:55Donc il est indépendant et pas souverain.
05:58Et l'indépendance, c'est relatif.
05:59C'est-à-dire qu'il faut fixer un curseur.
06:01Il faut des contrôles ?
06:02Il faut peut-être établir, mais ça se discute sereinement.
06:05Pas dans l'invective, pas dans la passion.
06:07Il faut mettre sur la table la question de la responsabilité des magistrats.
06:13C'est une question.
06:14Comment on peut le faire ?
06:15Avec quelle autorité indépendante ?
06:18Composer comment ?
06:19Aujourd'hui, la seule autorité qui a le pouvoir disciplinaire,
06:22c'est le Conseil supérieur de la magistrature.
06:24Alors il y a une voix de majorité pour les non-magistrats,
06:29mais c'est sous l'emprise par nature des magistrats qui le composent
06:34et qui le président.
06:36Vincent Roy.
06:37On peut quand même dire qu'il n'a pas que des défauts, Gérald Darmanin.
06:40Non, je plaisante.
06:42Autre chose qui m'a marquée,
06:44si on parle d'autres aspects de sa prise de parole,
06:46il remet quand même, et ça a rarement été le cas ces 10-15 dernières années,
06:50la victime au cœur du sujet.
06:52Ça a été assez net quand il s'est exprimé hier sur le terrain.
06:56La victime doit redevenir la préoccupation majeure de la justice.
07:00Il faut rendre justice aux victimes.
07:02Ça a l'air d'être bête comme ça,
07:05mais c'est quand même un des fondamentaux de ce qu'on attend de quelqu'un à ce poste-là.
07:09Deux choses, me semble-t-il, sur ce qui vient d'être dit.
07:11La nomination Place Beauvau de monsieur Darmanin
07:15n'est pas une provocation, me semble-t-il,
07:17supérieure à celle de la nomination de monsieur Dupond-Moretti.
07:21Non, mais on a vu ce que ça a donné.
07:23Place Vendôme.
07:26Première chose.
07:28Deuxième chose, moi j'observe là, pour l'heure,
07:30j'observe que monsieur Retailleau est en vacances en Vendée,
07:35il y avait une fenêtre de tir de deux jours,
07:37que monsieur Darmanin est un communicant de talent,
07:41qu'à l'instar de monsieur Sarkozy, il a compris qu'il fallait occuper l'espace,
07:44il est en train d'occuper l'espace,
07:46et que quelque chose va se jouer entre les égaux,
07:49entre monsieur Darmanin qui règle des comptes avec monsieur Attal,
07:54et entre monsieur Retailleau qui va en régler avec monsieur Wauquiez.
07:56Enfin tout ça, et quand même, voilà, j'observe qu'il s'agit là de la com'.
08:00Alors après, évidemment, il y a des propos qui sont tenus,
08:03notamment sur le statut des victimes,
08:05et ça c'est un petit peu nouveau,
08:07c'est-à-dire qu'on aurait peut-être, peut-être, je dis bien peut-être,
08:10tendance à sortir d'une jurisprudence badinterienne ou taubiracienne.
08:17Peut-être, peut-être.
08:19Mais pour l'instant, soyons extrêmement prudents,
08:21car je vois, moi, un bel exercice, assez réussi d'ailleurs, de communication.
08:26Juste une remarque sur ce qui vient d'être dit à propos de la victime.
08:31Moi, je ne crois pas que le seul problème soit la victime.
08:35La victime est un problème, il y en a un autre.
08:37Il y a la société, qui elle aussi est une victime,
08:41et dont il faut prendre en compte la gravité des préjudices qu'on lui fait subir,
08:45parce que l'ordre social est la chose la plus essentielle qui soit,
08:49quand il s'effondre et quand la justice se discrédite ou devient illégitime
08:53et que la police ne peut plus faire son travail,
08:55les gens se font justice eux-mêmes.
08:57Or, la justice est là pour éviter que les gens se fassent justice eux-mêmes.
09:00C'est la base du contrat social.
09:01Je vous donne un exemple.
09:02Vous agressez quelqu'un.
09:04Par exemple, un parent d'élève rentre dans une école
09:07et casse la figure du professeur parce qu'il a donné une mauvaise note à sa fille ou à son fils.
09:12Qui arrive quasiment tous les jours maintenant.
09:14Pas tous les jours, mais ça arrive de plus en plus souvent.
09:16Régulièrement.
09:18Le traumatisme pour ces enfants, le préjudice porté à la société, il est énorme.
09:24Aujourd'hui, la peine est fixée à l'onde du nombre de jours d'interruption de travail
09:31infligés à la victime.
09:33Il faudrait le voir comme plus global.
09:35Il faut voir aussi le reste.
09:37La gravité de la peine devrait être indexée sur le préjudice porté aussi à la société.
09:42Il faudrait voir le préjudice.
09:44C'est vrai qu'il faudrait évaluer le préjudice autrement.
09:48Bien sûr, forcément polémiquer sur le fait de savoir s'il est le bon ministre pour la justice ou pas.
09:53Ce que je pense sincèrement, c'est que le duo Retailleau-Darbinin est un excellent duo pour rassurer les Français.
09:59Je pense qu'à la base, quand on a deux personnes...
10:02Et c'était toute la problématique pendant des années.
10:04On s'est toujours plein à l'avoir.
10:06On a toujours le fameux duo polyjustice qui fonctionne de guingouin, totalement déséquilibré.
10:11La police et la justice ne font pas assez vite.
10:13On trouve les délinquants dans la rue deux jours après.
10:15Ou alors la police n'a pas le moyen.
10:17Là, on a quand même deux personnes qui sont censées avoir une vision commune et travailler conjointement.
10:23Mais ils vous parlent déjà d'une rivalité sous-jacente.
10:27Ce n'est pas un problème.
10:28C'est qu'aujourd'hui, ils ont tous les deux une vraie partition à jouer, même si on prend leur partition personnelle.
10:32Mais il y a une partition à deux.
10:34D'ailleurs, moi, en termes de com', je leur conseillerais de se monter plutôt à deux sur le terrain.
10:38Les juges ralentissent des résultats et pas de deux qui vont pouvoir s'établir.
10:41Est-ce qu'on veut rassurer les Français ou est-ce qu'on veut jouer une partition personnelle ?
10:44En matière de communication, dans tous les films américains que j'ai vus,
10:50que ce soit Clint Eastwood, Charles Bronson ou Sylvester Stallone,
10:55ils parlent peu, mais ils agissent beaucoup.
10:59Et en France, on a beaucoup de gens qui parlent beaucoup et finalement disent à peu près tout ce qu'ils veulent dire.
11:05Ça me rappelle quelqu'un, il n'y a pas si longtemps.
11:08Je vais répondre à mon ami Tapiro qui met la communication au cœur de la politique.
11:14Je ne sais pas si on rassurera les Français.
11:16Ce que je sais, c'est qu'à force de faire des promesses qu'on sait ne pas pouvoir tenir,
11:22même si sur le moment tout le monde est content de recevoir ses promesses,
11:26au bout de quelques temps, on se rend compte que rien n'a changé.
11:29Alors pas forcément par la volonté des hommes politiques qui ont tenu ces discours,
11:34mais parce que le contexte, et en particulier le contexte juridique et politique,
11:39ne permet pas de faire quoi que ce soit.
11:41On finit par faire la politique de la communication, des mots et des marqueurs.
11:44Seulement au bout d'un an, deux ans ou trois ans, les gens se rendent compte que rien n'a changé.
11:48Que disent-ils ? Ils disent qu'ils nous ont encore menti.
11:51Donc il va y avoir une désaffection électorale cette fois-ci ?
11:53Je ne suis plus certain que le problème soit simplement électoral.
11:57Je pense que quand les gens se disent qu'ils nous ont menti,
12:00quand ils se répètent sans arrêt des années et des années que les politiques leur mentent,
12:05ça finit mal pour la démocratie.
12:07Plus que mentir, ils pourraient dire que...
12:08Donc vous êtes assez pessimiste ? Vous pensez qu'il va y avoir une...
12:11Ils ont menti. Ils n'ont pas été au bout.
12:13En fait, ils n'ont pas eu le moyen de leur ambition.
12:15Ils n'ont pas amené d'action sur le message.
12:16Mais les gens vont le recevoir, au bout de deux ans ou trois ans,
12:19se dire qu'ils nous ont encore menti. C'est ça le danger.
12:22C'est pour ça qu'ils sont contraints d'aller vers une action et une efficacité extrêmement concrètes.
12:26Rapidement. Rapidement. Par tous les moyens possibles.
12:29Je passe un peu du... Enfin, non, c'est lié.
12:31Vous allez voir, c'est lié à la politique de rénovation urbaine.
12:33Kirill Kok et Kélan.
12:34Non, non, non. Vous avez bien anticipé la suite.
12:37C'est lié, vous allez voir, à la politique de rénovation urbaine,
12:40quand on évoquait le cas de Marseille tout à l'heure.
12:42Il y a cet échange qui, moi, m'a interpellée.
12:44Je l'ai recevait hier, avant-hier, à vrai dire, sur le plateau,
12:47entre Juliette Méadel, nouvellement nommée à la Ville,
12:50cette fois ministre déléguée de la Ville,
12:53et Xavier Hofer, criminologue qu'on ne présente plus.
12:57Elle était sur notre plateau pour parler de rénovation urbaine,
12:59et je vous propose de regarder cet échange entre eux.
13:02La rénovation urbaine est la politique de la Ville.
13:04Aujourd'hui, c'est ne serait-ce que 12 milliards d'euros de l'ANRU.
13:07Qu'est-ce que c'est ?
13:08C'est qu'on améliore des quartiers en difficulté,
13:10on change le cadre de vie,
13:11et on remet la République au cœur du pays.
13:15Par exemple, l'éducation nationale,
13:17les mesures du dédoublement des petites classes dans les zones sensibles,
13:21par exemple, des mesures de reconstruction,
13:23des mesures de lutte contre l'habitat précaire.
13:26Tout ça, c'est de l'intervention publique,
13:28et c'est une politique qui, devinez, a été lancée par Michel Rocard en 1980.
13:34Très étonnée des propos de Mme Méadel,
13:36qui n'ont à peu près aucun rapport avec la réalité sur les quartiers sensibles.
13:39Quand elle parle de M. Rocard en 1980, il y en avait 200.
13:44Aujourd'hui, il y en a 1 400.
13:451 400 dans lesquels la criminalité et les fusillades se multiplient.
13:50En 2023, Mme Méadel, à Marseille, 49 morts par fusillade.
13:54Qu'est-ce qu'on dit ? On dit la même chose ?
13:56Non, on ne dit pas la même chose.
13:58Je ne dis pas la même chose que vous.
14:00Vous n'avez pas la même vision du bilan.
14:02Vous avez échoué tragiquement, et vous continuez à dire la même chose.
14:05C'est une forme de gâtisme politique depuis 40 ans.
14:08Ça n'a jamais été aussi grave.
14:11Il y a toujours plus de drogue, il y a toujours plus de fusillades,
14:14et ça n'a jamais été aussi mal dans les quartiers en question.
14:17De 200 à 1 400.
14:18Elle est ministre aujourd'hui, mais elle était anciennement PS.
14:21Elle a même été porte-parole du PS pendant deux ans, de 2014 à 2016.
14:24On ne revoit jamais son logiciel.
14:26C'est ça qui est extraordinaire.
14:28J'observe depuis quelques années, avec intérêt mais aussi avec consternation,
14:31la lutte entre la réalité et le déni de réalité.
14:33Petit à petit, la réalité s'impose au déni.
14:36Mais c'est très lent.
14:37Je vois que notre ministre n'a pas encore pris la mesure du problème.
14:41Qu'elle passe 24 heures dans un de ses quartiers,
14:43elle va voir la réalité, que c'est bien loin de ce qu'elle dit.
14:46Et en effet, de 200 à 1 400, la réalité mathématique s'impose à tous.
14:50On a perdu 7 fois plus de territoires qu'il y a quelques années.
14:54Quelle est la cause, Arnaud Clarsen ou Vincent Roy, de cet angélisme à tout épreuve ?
14:59L'idéologie.
15:00Ce que je remarque, c'est que, petit à petit en Europe,
15:03sont les partis populistes ou populaires, selon le point de vue que l'on a,
15:10qui prennent le pouvoir dans bien des pays.
15:13Les gens se disent, on a essayé la gauche, on a essayé la droite.
15:17Finalement, les deux nous disent à peu près la même chose.
15:20On va essayer quelque chose d'autre.
15:22Et je crois que c'est la tendance logique.
15:26Puisqu'en fait, rien n'est fait.
15:28Il a manqué d'élégance.
15:30Il n'a pas été très élégant avec la jeune femme qui était à ses côtés,
15:33qui a l'air compétente.
15:34Mais encore une fois, ce n'est pas parce qu'on est compétent
15:36qu'on prend les bonnes décisions.
15:37Ça, il faut que les Français le comprennent.
15:40Il y a des gens très compétents qui prennent des mauvaises décisions
15:43et des gens qui sont relativement incompétents,
15:46mais qui ont une bonne vision et qui prennent des bonnes décisions.
15:50Ça ne me rassure pas.
15:51Ça ne me rassure pas.
15:52Je ne sais pas si on n'est plus à Girod.
15:55En tous les cas, 200 quartiers à 1 400,
16:01les Français entendent ça, ils sont inquiets, à juste titre.
16:04Mais c'est pire que ça.
16:06Parce que la drogue, les gens qui se tirent dessus,
16:08ils ne sont pas seulement dans les quartiers.
16:10Les quartiers identifiés comme tels.
16:11Oui, mais ce qui est nouveau, c'est que ça se répand partout.
16:16Tout le monde est coupable.
16:18On a fermé les gendarmeries dans les zones rurales.
16:20Maintenant, les gens vont faire des cambriolages partout
16:25en ligotant les propriétaires ou en menaçant leurs enfants.
16:29La drogue est partout.
16:31Elle est dans les villes moyennes, dans les zones rurales.
16:33Ça s'est tendu.
16:36Petit à petit, les choses se coagulent.
16:38Pendant des années, elles cheminent souterrainement.
16:41Xavier Ruffin parlait hier de métastase.
16:43Il dit que c'est comme un cancer.
16:45La clé, comme le dit Eric Nolot, c'est que ça a été l'idéologie dominante.
16:49Chez les uns, très construite.
16:52Chez les autres, une forme de laisser-aller.
16:54Même quand on a essayé de faire quelque chose,
16:56le suivant l'a défait.
16:57Je pense aux peines planchers, par exemple.
16:59Nicolas Sarkozy les a faites.
17:01Et puis, Hollande les a défaites.
17:03Ça fait des années.
17:04Tout le monde a été coupable.
17:06J'ai assisté pendant des décennies à cette démission totale.
17:10On ne voulait pas aller dans les quartiers difficiles,
17:14détruire les réseaux de trafic de drogue,
17:18parce que tout le monde disait,
17:20du procureur à l'élu local,
17:22en passant par à peu près tous les responsables,
17:25« Ce sera pire si on démantèle les réseaux,
17:28parce qu'ils iront chercher leur argent autrement.
17:30Il sera plus violent. »
17:32On n'a jamais fait la guerre à la drogue.
17:34Regardez comment le problème des consommateurs n'est plus jamais posé.
17:38S'il n'y a pas de consommateurs, il n'y a pas de trafic.
17:40Ça, c'est l'éternel.
17:41Regardez ce député qui se fait prendre la main dans le sac
17:46en train d'acheter de la drogue dans le métro auprès d'un dealer mineur.
17:49Andy Kerbrat.
17:50Oui, on peut le dire son nom, puisque les faits sont notoires.
17:53Il aurait dû faire un scandale incroyable.
17:55Cet homme aurait dû être en orbite.
17:57Non, il était malade.
17:59Ce n'est pas possible que ce soit à ce point quelque chose d'anodin.
18:04La drogue est en train de détruire le pays,
18:07de détruire des milliers de vies.
18:09Évidemment, ils font vivre 250 000 personnes.
18:11Mais ils sont en train de détruire notre société.
18:13Et on ne parle jamais des consommateurs.
18:14C'est un problème de société globale.
18:16Avec en outre, on en parlait hier,
18:17donc le sujet est encore frais dans ma tête,
18:1917 drogues de synthèse qui sont arrivées sur le marché,
18:21dont on a une méconnaissance totale.
18:23On ne connaît pas les effets sanitaires.
18:26Ce manque de campagne de prévention, alors qu'on le fait,
18:28je l'ai encore entendu ce matin sur les ondes en venant en voiture,
18:32une super campagne de prévention pour les fêtes de fin d'année
18:35avec la sécurité routière.
18:37Il n'y a pas du tout de campagne de santé publique.
18:40Vous constatez bien, devant l'ampleur d'un tel problème,
18:42dont vous venez chacun de dénoncer,
18:45l'une des causes possibles.
18:47Vous voyez bien que quelqu'un comme M. Darmanin,
18:50et là ça ne tient pas ni à sa personnalité,
18:52ni au fait qu'on l'ait nommé,
18:54est en situation totale d'hypopouvoir,
18:57à partir du moment où ce n'est pas tout un gouvernement
19:00avec une vraie légitimité, c'est-à-dire une majorité à l'Assemblée,
19:03qui peut prendre des mesures, et des mesures d'ensemble,
19:06compte tenu, encore une fois,
19:08de l'ampleur du problème du narcotrafic.
19:11Prenons la lâcheté politique, au début des années 80,
19:14avec l'ère socialiste.
19:16On a laissé faire ce petit trafic de drogue qui était limité.
19:20On pensait, à l'époque, aux quartiers difficiles,
19:22qu'on appelait les banlieues maintenant,
19:24on n'a plus le droit de dire cela,
19:26en disant ça va régler les problématiques d'économie,
19:28de chômage au local.
19:30Mais on n'a pas pensé une seule seconde que les années après,
19:33d'où venaient les consommateurs,
19:35bien entendu en dehors de ces quartiers-là.
19:37Maintenant c'est un problème global, hexagonal.
19:39Tout le monde est touché.
19:41Encore une fois, il faut aussi que les politiques
19:43se remettent à avoir le seul pouvoir
19:45qu'ils n'ont pas, le courage,
19:47et qu'ils remettent de la responsabilité.
19:49La ministre vous dit une chose extraordinaire,
19:51elle vous dit grosso modo, je traduis en caricaturant,
19:53certes, mais c'est ça,
19:55vous arrivez dans le quartier difficile,
19:57vous repeignez la façade,
19:59et le fait de repeindre la façade,
20:01c'est remettre la République au cœur.
20:03Il faut arrêter de taper au portefeuille uniquement,
20:06ou alors beaucoup plus fort ?
20:08Qu'est-ce qu'on peut faire ?
20:10Je pense qu'il faut peut-être sévir avec les consommateurs,
20:12mais ce n'est pas la solution.
20:14Ils sont des millions.
20:17Ils sont 5 millions pour le cannabis.
20:19Il y a aussi l'addiction,
20:21mais quand même,
20:23s'il faut faire porter nos efforts essentiels
20:25sur quelque chose,
20:27c'est bien sur les trafiquants,
20:29mais en faisant la guerre.
20:31Mais la guerre,
20:33ça suppose un droit de la guerre,
20:35et pas un droit ordinaire,
20:37ça suppose des moyens de la guerre,
20:39pas des moyens ordinaires.
20:41Qu'on se comprenne bien,
20:43pas en allant éradiquer les petits points de nid.
20:45La place nette,
20:47ou la compagnie de CRS
20:49qui reste 15 jours ici,
20:51puis qui va être envoyée 15 jours là-bas,
20:53ça ne peut pas marcher.
20:55La guerre, c'est la guerre.
20:57Ce n'est pas la guerre entre l'Ukraine
20:59et la Russie.
21:01C'est la guerre comme les Etats-Unis l'ont menée
21:03contre Pablo Escobar dans les années 90.
21:05Ils l'ont perdue.
21:07Aux Etats-Unis,
21:09il y a 195 000 personnes
21:11qui meurent chaque année
21:13d'overdoses.
21:15150 000 personnes qui meurent chaque année d'overdoses.
21:17On n'est heureusement pas à ce niveau-là.
21:19On est obligés de marquer une courte pause.
21:21On se retrouve juste après.