Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, était l'invité de "C'est pas tous les jours Dimanche", ce dimanche 9 février 2025, sur BFMTV.
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00:00– Bonsoir Gérald Darmanin. – Bonsoir.
00:01– Merci d'être avec nous ce soir dans « C'est pas tous les jours dimanche »
00:04et de nous recevoir ici, dans votre ministère de la Justice,
00:07Place Vendôme, pour cet entretien.
00:09Alors que cette semaine, vous avez décidé de lever un tabou
00:11sur la question du droit du sol, je vous cite,
00:14« Être français, ça ne peut pas être le hasard de la naissance », avez-vous dit.
00:19On y reviendra longuement, on parlera également d'immigration,
00:22de la question de l'efficacité de la justice,
00:25mais d'abord Gérald Darmanin, la France entière est frappée par l'émotion
00:28et par la colère après la mort de la petite Louise,
00:3111 ans, retrouvée dans un bois près de son collège.
00:33Une enquête pour meurtre sur mineurs a été ouverte.
00:36Qu'est-ce que vous dites ce soir aux parents qui en essaunent,
00:41partout sur le territoire, ont peur que leurs enfants
00:43rentrent tout seuls de l'école, sont bouleversés par ce qui est arrivé
00:46et se disent au fond « ça aurait pu être ma fille ».
00:49– Oui, je pense que quand on est père et mère de famille, c'est ce qu'on pense.
00:53D'abord le meurtre d'Elias, voilà, il y a quelques jours,
00:56et puis, dans d'autres circonstances, manifestement, le meurtre de Louise,
01:00donc on ne connaît pas encore qui est responsable de ce deuxième meurtre,
01:04donc je ne vais pas me prononcer sur une enquête qui vient que de commencer,
01:07mais bien sûr, je comprends l'effroi et la terrible tristesse, j'imagine,
01:12des parents, et puis la peur de tous les autres,
01:15et notre travail, me semble-t-il, au gouvernement,
01:18quand on fait de la politique, c'est de répondre à cette peur
01:20et de répondre fermement.
01:22– Les services de police enquêtent,
01:23sous l'autorité du procureur de la République,
01:26il n'y a eu à ce jour pas de nouvelles arrestations,
01:28est-ce que les habitants ont des raisons d'être inquiets ?
01:31Bien sûr, compte tenu de votre position,
01:32vous ne pouvez pas nous donner d'informations sur l'enquête en cours,
01:34mais ceux qui nous regardent ce soir se posent cette question-là,
01:38et il y a beaucoup d'inquiétude à la suite de la mort de la jeune Louise.
01:43– J'ai été quatre ans et demi ministre de l'Intérieur,
01:44ce n'est plus mon rôle aujourd'hui, de ce que je sais,
01:46j'imagine que le ministre de l'Intérieur est très mobilisé avec ses services,
01:49c'est que la police et la gendarmerie gagnent toujours à la fin,
01:52donc j'imagine qu'il y a énormément de policiers, de gendarmes,
01:55mobilisés avec des moyens technologiques,
01:57des moyens scientifiques mobilisés pour retrouver très rapidement
02:00le ou les auteurs de cet assassinat ignoble qui concerne un enfant.
02:05Les Français peuvent être rassurés du fait que notre appareil policier
02:09est extrêmement efficace, après chaque heure qui passe,
02:12c'est évidemment toujours une angoisse,
02:13c'est une angoisse pour les parents qui doivent retrouver le meurtrier
02:15ou les meurtriers de leur enfant,
02:17qui doivent être très sévèrement jugés bien évidemment,
02:20et bien sûr pour rassurer la France entière.
02:22– Vous évoquiez il y a un instant le sort du jeune Elias
02:25qui a été poignardé à la sortie de son entraînement de football,
02:28on se souvient aussi de Lola, de Philippine,
02:31là encore ceux qui nous regardent se disent qu'il y a un problème en France,
02:34d'hyper-violence, d'insécurité, est-ce que le politique est impuissant face à ces,
02:40je ne dis même pas faits divers puisque ce sont des drames
02:43qui frappent chaque Française et chaque Français,
02:46qu'est-ce que vous pouvez faire face à cela ?
02:48– Déjà quand on touche un enfant, on touche à ce qu'il y a de plus précieux,
02:52pour la nation, pour les parents,
02:54et c'est évidemment une forme de naïveté qu'on assassine,
02:58les meurtres d'enfants, les meurtres d'adolescents,
03:00malheureusement on a tous été baignés dans ces faits divers depuis très longtemps,
03:04mais je pense qu'ils prennent un tour différent,
03:05c'est ce que veut dire aussi la société, la France,
03:08lorsqu'elle exprime une volonté de plus grande fermeté,
03:10même si les cas sont un peu différents,
03:12il y a les adultes qui tuent des enfants
03:14et puis il y a parfois des gamins entre eux qui se tuent,
03:17donc c'est deux réponses différentes.
03:19– La lutte contre la pédocriminalité,
03:20contre les adultes qui utilisent leur force,
03:25leur violence contre les enfants,
03:26ça doit être, me semble-t-il, le grand réveil de notre nation,
03:30on s'est beaucoup rebellés, et à juste titre bien sûr,
03:33dans les violences conjugales, les violences faites aux femmes,
03:35mais il y a un continent caché,
03:36qui est la violence des adultes contre les enfants,
03:38toute forme de violence,
03:39et ça c'est sans doute le prochain scandale que nous aurons à connaître.
03:43Au ministère de l'Intérieur, j'avais créé un office spécifique
03:46de violence contre les mineurs,
03:47on y a triplé les effectifs de police
03:49pour justement permettre d'arrêter énormément de pédocriminels,
03:52énormément de gens qui utilisaient l'enfant à leur fin personnelle,
03:56il faut faire la même chose à la justice,
03:58c'est pour ça que j'ai décidé de mettre 50 magistrats supplémentaires
04:00pour ces affaires,
04:02mais il faut qu'on fasse des choses encore plus grandes, encore plus fortes.
04:04Et puis il y a les violences entre mineurs,
04:06et là c'est le cas du jeune Elias,
04:07c'est parce que notre politique de lutte contre la violence faite aux mineurs,
04:11et la violence faite par les mineurs, n'est pas bonne,
04:14elle est trop lente, il n'y a pas assez de moyens,
04:16elle met trop de temps pour pouvoir remettre un cadre à des mineurs
04:21qui peut-être auraient dû dès le premier fait de délinquance.
04:24– Il y a eu du laxisme, qui peut t'expliquer la façon dont…
04:29peut-être parfois une forme de désinhibition dans la violence…
04:31– Je pense que les mineurs d'aujourd'hui ne sont plus les mineurs de 1945,
04:35et il faut que la société en prenne conscience,
04:38alors un mineur n'est pas un majeur,
04:40quand on a 16 ou 17 ans on reste quelqu'un en construction,
04:42mais quand on est capable de faire ce que font les mineurs aujourd'hui,
04:44oui il faut que les autorités judiciaires, les autorités policières,
04:48la société, l'éducation nationale se réveillent,
04:51et fassent beaucoup plus de preuves de fermeté, de rapidité, oui c'est sûr.
04:54– Juste avant de parler de la question du droit du sol,
04:56quand vous étiez ministre de l'Intérieur,
04:58une controverse sémantique,
04:59vous avez opposé au garde des Sceaux de l'époque, Eric Dupond-Moretti,
05:02vous aviez utilisé le mot d'ensauvagement,
05:04la société lui refusait de l'utiliser en disant non c'est pas vrai,
05:07la France n'est pas un coup de gorge,
05:08est-ce qu'aujourd'hui, maintenant que vous occupez ce bureau
05:12de ministre de la justice, vous dites toujours
05:13oui il y a un ensauvagement de la société ?
05:15– Bien sûr qu'il y a un ensauvagement de la société,
05:16il faudrait être sourd et aveugle,
05:18ou vivre dans un milieu extrêmement privilégié pour ne pas le voir,
05:21les Français le voient, il y a des violences beaucoup plus fortes,
05:23les tentatives d'homicide ont largement augmenté dans d'autres pays,
05:27les attaques au couteau ont largement augmenté dans d'autres pays,
05:29ça ne veut pas dire qu'à tous les coins de rue, il y a un meurtre,
05:31ça veut dire qu'il y a plus de violence dans la société,
05:35et une jeunesse de plus en plus violente qui par ailleurs
05:38est diffusée de plus en plus sur les médias et les médias sociaux,
05:40c'est un fait, ça ne touche pas que la France d'ailleurs,
05:42ça touche toutes les sociétés.
05:43– C'est un échec collectif pour vous qui êtes au gouvernement depuis plusieurs années ?
05:47– Toute l'Europe est concernée par cette montée de violence,
05:49c'est un fait, donc ce n'est pas un sujet strictement franco-français,
05:53mais la France qui est une grande nation n'a pas su réguler,
05:56elle non plus, cette violence.
05:57Alors moi j'ai beaucoup d'amitié pour Eric Dupond-Moretti,
05:59mais j'ai toujours eu des mots extrêmement forts
06:01parce que c'est les mots qu'utilisent les Français et qu'ils voient,
06:04vous savez on parle beaucoup du mot de sentiment,
06:06on parlera peut-être tout à l'heure du sentiment de subversion,
06:08ou du sentiment d'insécurité,
06:09mais le sentiment c'est quelque chose d'extrêmement sérieux,
06:12l'amour, l'amitié, la haine, la jalousie,
06:15les sentiments que nous éprouvons, on les sent, ils sont réels.
06:19Quand les Français disent qu'ils ressentent quelque chose de négatif,
06:22il ne faut pas leur faire la leçon dans les beaux bureaux parisiens,
06:25il faut comprendre ce qu'ils disent et il faut répondre à ce sentiment.
06:29Donc oui, il y a un ensauvagement dans la société, il faut le combattre.
06:31Le Président de la République, il y a quelques semaines, quelques mois,
06:34a lui-même utilisé des mots qui étaient très proches des miens.
06:36« Des civilisations », c'était les mots utilisés par le Président à l'époque.
06:39Gérald Darmanin, vous avez donc marqué les esprits en fin de semaine
06:42en disant vouloir ouvrir le débat sur la question du droit du sol
06:44sur tout le territoire français,
06:46dans la foulée de l'adoption d'une proposition de loi
06:48visant à restreindre le droit du sol à Mayotte.
06:51Concrètement, est-ce que ça veut dire que vous souhaitez qu'un enfant
06:54né en France de parents étrangers
06:57ne puisse plus devenir Français à sa majorité à 18 ans ?
07:02Ce que je souhaite c'est qu'un enfant né en France de parents étrangers,
07:06lorsqu'il aura 16, 18, 21 ans, je ne sais pas,
07:09on peut toujours discuter de cet âge.
07:11Dans l'histoire, il y a eu des âges différents.
07:13D'ailleurs, dans notre droit,
07:14il puisse exprimer une volonté pour devenir Français.
07:17Être Français, ça ne peut pas être automatique.
07:19La nation n'existe que par le consentement des gens qui la composent.
07:23Il faut vouloir être Français.
07:25Il faut peut-être parler sa langue.
07:26Ce serait peut-être bien de connaître son histoire.
07:29Il ne s'agit pas de distinguer les gens par rapport à leur religion,
07:31leur origine, leur couleur de peau, leur prénom, tout ça.
07:34Ce sont des foutaises.
07:35Mais il faut quelqu'un qui veuille devenir Français,
07:37veuille rentrer dans la plus belle des nations,
07:39qui ne distingue pas ses enfants par couleur de peau,
07:41mais par l'envie d'être Français.
07:43Donc oui, moi, je suis pour qu'un enfant qui naît en France,
07:45bien sûr, il puisse rester sur le territoire national.
07:48Il aura un titre de séjour, il aura la nationalité de ses parents.
07:50Un titre de séjour, il sera un étranger sur le sol national.
07:53Il sera accueilli dans nos écoles.
07:54Il pourra faire, travailler, il pourra évidemment étudier.
07:57Mais pour devenir Français, être citoyen, pour voter,
08:00pour faire partie de la nation,
08:02je pense qu'il faut exprimer une volonté.
08:03– Mais est-ce qu'il n'y a pas une confusion dans ce débat ?
08:05Puisque vous dites, il ne faut pas que ce soit automatique.
08:07Mais aujourd'hui, le droit fait que quand on est né de parents étrangers,
08:11si on est né en France, ce n'est pas automatique.
08:13Puisqu'il faut, à 18 ans, faire la demande.
08:16Il faut être sur le territoire depuis 5 ans.
08:18Il faut avoir été scolarisé.
08:21Ce n'est pas comme aux États-Unis, l'automatiser.
08:23Il n'y a pas d'automaticité aujourd'hui d'acquisition de la nationalité française.
08:27Est-ce qu'on ne trompe pas les Français en disant cela,
08:30sur la question du droit du sol ?
08:31– Je peux paraître, c'est un petit peu plus compliqué.
08:32Quand vous êtes né étranger, de parents étrangers, né en France,
08:35vous avez la possibilité d'être français, automatiquement.
08:39C'est ce qu'on appelle le double droit du sol.
08:40Si vos parents étaient étrangers, nés en France,
08:42et que vous-même, vous êtes né en France alors que vous êtes étranger,
08:45vous devenez français automatiquement.
08:46– Sur le double droit du sol, c'est vrai.
08:47– Oui, et ça touche quand même beaucoup de gens.
08:49Puisqu'il y a 100 000 naturalisations par an,
08:51il y a un tiers des personnes qui sont naturalisées,
08:54qui le sont par le droit du sol.
08:55Entre 30 000 et 40 000 personnes, c'est beaucoup.
08:58Et puis c'est une question de principe.
09:00La question de principe, c'est est-ce qu'on doit exprimer une volonté
09:03qui est bien plus qu'un mail envoyé à la préfecture ?
09:05Est-ce qu'on ne peut pas se dire qu'on doit pouvoir exprimer une volonté ?
09:09Vous savez, sous la Révolution, on disait qu'il faut faire un serment
09:11pour devenir français, la Révolution française.
09:13D'ailleurs, le code civil napoléonien ne prévoyait pas le droit du sol.
09:15Et le droit du sol, c'est un droit d'ancien régime,
09:17c'est quand les rois avaient besoin des soldats pour la guerre et des serfs.
09:21Le droit du sang, ça a été un droit de transmission révolutionnaire, républicain,
09:24il ne faut pas tout confondre.
09:25Et des grands pays autour de nous, la Grèce, l'Italie,
09:27n'ont pas de droit du sol.
09:29L'Italie, c'est la Grèce, ce n'est pas des dictatures.
09:31Et d'autres pays européens l'ont, les États-Unis ont un droit du sol.
09:34Oui, et puis il y a d'autres pays qui ne l'ont pas du tout.
09:35Vous savez que le droit qui est le droit universel dans chacun des pays,
09:39c'est le droit du sang, la transmission.
09:41Et puis, il y a quelques pays qui ont le droit du sol
09:43ou qui ont une combinaison droit du sol, droit du sang.
09:45Moi, je suis pour le droit de la volonté,
09:47que les gens expriment leur volonté nette d'être français
09:50et qu'on puisse, nous aussi, accepter qu'ils le soient.
09:53C'est une forme, me semble-t-il, d'équipe.
09:56Donc, au fond, on est d'accord, c'est une restriction.
09:58Il ne s'agit pas d'abroger le droit du sol dans votre esprit.
10:01D'abord, j'ai dit qu'il fallait un débat.
10:03Ce ne sont pas des questions qu'on peut trancher en quelques instants
10:06sur votre plateau de télévision ou rapidement par référendum sans en discuter.
10:09Il faut qu'on en parle.
10:11C'est très important de savoir ce qu'est un pays, comment on est citoyen,
10:14à quoi sert cette citoyenneté.
10:16Le Premier ministre a raison d'évoquer ces sujets.
10:18Il y a un doute qui s'installe entre pays.
10:20Là aussi, il faudrait être souré avec pour ne pas voir qu'il y a un doute
10:22sur l'avenir de la France et de son peuple.
10:25Et la France, c'est une magnifique idée qui fait que mes deux grands-pères
10:29étaient étrangers et je suis ministre de la République.
10:31Et mon grand-père et un de mes grands-pères étaient musulmans
10:34et chacun son histoire de ceux qui nous écoutent.
10:36Et on peut devenir artiste, ministre, footballeur, Premier ministre.
10:39Manuel Valls n'était pas français à sa naissance
10:43et il a été Premier ministre de la France.
10:44La France est un pays magnifiquement ouvert
10:46qui combat tous les extrémismes et les radicalisés.
10:48Mais elle veut, je crois, cette France, qu'on la respecte.
10:52Et je pense que c'est un acte de respect
10:54que de dire que rien n'est automatique dans la citoyenneté
10:56et c'est une demande qu'on doit faire.
10:57– Mais on parlera dans un instant des réactions politiques
10:59et notamment de ce qu'a pu dire François Bayrou sur le débat
11:02se posant la question de ce qu'être français.
11:03Mais vous dites, la France est un grand pays,
11:05vous faites référence au code napoléonien.
11:07Vous avez aussi beaucoup de gens qui disent,
11:08mais le droit du sol s'est profondément ancré depuis 1515-1889,
11:15le double droit du sol qui est consacré au principe républicain.
11:18Est-ce qu'en posant ce débat-là, vous ne mettez pas un coup de canif
11:23dans le contrat républicain ?
11:24Ça veut dire par exemple que, si on suit votre logique,
11:27vous avez deux enfants qui sont en maternelle.
11:28L'un est né de parents français, l'autre est né en France de parents étrangers.
11:33Ils n'ont connu que la France.
11:34Les deux parlent français, font toute leur scolarité.
11:37Vous faites une distinction entre ces deux enfants en maternelle ?
11:39– Je fais une distinction entre les citoyens français
11:42et ceux qui ne le sont pas, c'est normal.
11:43Sinon, ça ne sert à rien d'avoir une carte d'identité française.
11:46Si demain, il y avait la guerre, les citoyens français seraient mobilisés.
11:49Pour l'équipe nationale de football
11:51et pour ce que nous ressentons, les étrangers sont les bienvenus chez nous.
11:54J'étais misateur qui faisait attention à bien accueillir les étrangers sur notre sol.
11:58Je n'ai jamais eu de discours excommuniant tous les étrangers.
12:01Je n'ai jamais dit que la France était un pays
12:03qui prouvait qu'immigration était une malchance.
12:05Mais je pense que pour être français, pour être national,
12:08il faut faire une démarche volontaire.
12:10Et vous savez, on peut convoquer l'histoire,
12:11mais je voudrais le répéter en quelques instants.
12:13Tout le monde le sait, je crois, que jusqu'au XVIIe siècle,
12:15n'existait que le droit du sol parce qu'encore une fois,
12:18le serf appartenait à son maître dans son territoire.
12:22Et c'est la Révolution française, c'est la République,
12:24la Première République qui a proclamé la transmission.
12:27D'ailleurs, on a inventé la citoyenneté à ce moment-là.
12:29Ne faisons pas d'anachronisme, c'est vraiment un péché d'esprit.
12:33La première fois qu'on a mis le droit du sol dans notre droit,
12:36c'est en 1851 sous Louis-Napoléon Bonaparte qui est vu désormais comme un dictateur.
12:41Ne confondons pas tout.
12:42Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait depuis très longtemps dans le Code civil
12:47ce qu'on appelait la volonté pasquoie qui consistait à dire que oui,
12:50il y avait des gens qui étaient nés sur le sol national
12:52et qu'il fallait qu'ils deviennent français pour les enfants que vous évoquez,
12:55par exemple à la maternelle, mais qu'ils devaient l'exprimer.
12:57Et puis pour des raisons, je crois, très idéologiques, la gauche l'a supprimé.
13:00– En 1998. – Exactement.
13:02Donc il y a encore 25 ans, ce que je dis était le droit de la République.
13:05Je suis né, vous êtes né, monsieur Duhamel, sous ce droit-là.
13:08Bon ben voilà, ce n'est pas une réévolution.
13:10Mais c'est une évolution radicale, c'est vrai,
13:12et moi j'assume de porter cette évolution radicale.
13:15– Donc ça veut dire, affirmer quand on est né de parents étrangers
13:17qu'on souhaite devenir français, est-ce que ça veut dire par exemple
13:19que si vous avez à 18 ans un casier judiciaire qui n'est pas vierge,
13:24si vous êtes né de parents étrangers mais né en France,
13:26on vous empêche d'acquérir l'âge ?
13:28– Si vous avez été voleur de pommes quand on a la chanson de Brassens,
13:31je pense que ce n'est pas d'irrimant, ça ne doit pas vous empêcher.
13:33Mais si vous avez assassiné, si vous avez trafiqué de la drogue,
13:36si vous avez battu votre femme, si vous avez attaqué des homosexuels,
13:39des juifs, si vous avez attaqué des chrétiens, des musulmans,
13:42ben oui bien sûr qu'il ne faut pas que vous soyez français,
13:44évidemment personne ne veut de ce genre de personnes dans la citoyenneté française.
13:47Mais regardez, il y a quelques années,
13:50avec Édouard Philippe et le Président de la République,
13:52nous avons mis en place des entretiens d'assimilation,
13:54c'est-à-dire que pour tous ceux qui ne sont pas nés en France,
13:57mais ceux qui sont venus en France comme étrangers…
13:59– Vous utilisez ce terme assimilation, c'est plutôt qu'intégration ?
14:02– Bien sûr, pour être en France et quand on est étranger il faut s'intégrer,
14:06pour être en France et devenir français il faut s'assimiler,
14:08c'est tout à fait normal.
14:09Et l'entretien d'assimilation c'est dans la loi de la République.
14:12Donc qu'est-ce que l'entretien d'assimilation ?
14:13Tous les étrangers qui nous écoutent et qui veulent devenir français,
14:17ils passent en préfecture des entretiens d'assimilation,
14:20c'est nous qui l'avons mis en place.
14:21On leur demande c'est quoi l'histoire de France,
14:23comment on respecte les femmes, est-ce qu'on peut changer de religion,
14:25on leur pose des questions, on vérifie leur niveau de français,
14:28et on leur pose des questions pour qu'ils appartiennent à la nation.
14:30Et c'est ce que nous avons fait avec le Président de la République,
14:32Emmanuel Macron, il y a quelques années.
14:34Donc vous voyez, je pense qu'il faut qu'on arrête de faire les vierges et farouchés,
14:37comme dirait l'autre, il faut qu'on accepte des débats qui sont certes,
14:40moi je comprends très bien que des gens soient contre ce que je dis,
14:42mais un débat qui est radical, qui répond, je crois,
14:45à une interrogation du peuple français, en tout cas moi je le propose,
14:48mais parlons aussi de ce que veulent les français.
14:51Je ne sais pas, personne n'a encore fait de sondage,
14:52mais quand il y en aura un, je suis prêt à parier
14:55qu'une grande partie des français pensent comme je vous l'exprime.
14:57– Alors on attendra les sondages Gérald Darmanin,
14:59en attendant, puisque vous évoquez des vierges et farouchés,
15:02il y en a visiblement au sein même de votre équipe gouvernementale,
15:05certains collègues, c'est vrai.
15:07Elisabeth Borne, la ministre de l'éducation nationale,
15:09numéro 2 du gouvernement, défavorable à l'idée d'engager ce débat,
15:12Éric Lombard, le ministre de l'économie,
15:13qui dit aujourd'hui que, je cite, la question ne se pose pas,
15:16Roland Lescure, ancien ministre, qui dit même de vous, je cite,
15:20cela ne fait pas partie de nos valeurs, il nous a rejoints,
15:23vous Gérald Darmanin, il y a 8 ans, il ne doit pas l'oublier.
15:26On ne peut pas dire que ce débat soit très bien accueilli
15:28au sein même de la force politique à laquelle vous appartenez.
15:31– D'abord, moi je respecte les opinions différentes,
15:33je pense qu'une famille poétique, on peut se dire des choses,
15:37sans vouloir avoir des excommunications,
15:38je pense que ce n'est jamais bon signe d'une partie poétique
15:41quand on veut excommunier des gens.
15:43Deuxièmement, il y a des désaccords depuis longtemps,
15:44avec M. Lescure par exemple, il est pour la légalisation de la drogue,
15:46moi je n'ai jamais été pour, donc voilà, M. Lescure il est assez à gauche,
15:50moi je suis un homme de droite, bon ben voilà,
15:53normal on a le droit d'en discuter,
15:54mais ça veut dire que les Français n'auraient pas le droit d'exprimer
15:56leur volonté de se dire, pour adhérer à la nation,
15:59il faut vouloir aimer la France,
16:01il faut montrer qu'on a envie d'être français.
16:03Ça ne me parait pas très révolutionnaire ma proposition, voyez-vous.
16:06Peut-être parce que moi je suis un élu local, implanté, réélu dans ma commune,
16:12et j'entends peut-être davantage des gens qui disent,
16:15des gens issus de l'immigration qui le disent,
16:16il y a plein de gens ici qui sont issus de l'immigration qui disent,
16:18mais attendez, nous on a fait l'effort de s'intégrer,
16:21on a fait l'effort de s'assimiler, comme mes deux grands-pères,
16:23et on voudrait que la France reste la France,
16:26je trouve que c'est très beau pour un pays.
16:27– Est-ce que c'est une mesure qui vise à réduire l'immigration ?
16:31– Non, je ne pense pas, parce qu'il ne s'agit pas de parler des étrangers,
16:34je ne pense pas que les gens viennent en France,
16:36Mayotte est une exception,
16:37mais je pense que les gens ne viennent pas en France forcément en disant,
16:40je veux que mon enfant se devienne français,
16:41ou alors s'ils veulent le faire, c'est très beau,
16:43et moi je souhaite qu'ils viennent en France pour dire,
16:45je veux que mes enfants parlent la plus belle langue du monde
16:48et soient dans le plus beau pays du monde,
16:49mais je pense que c'est une question de citoyenneté,
16:52il y a des étrangers qui sont des bienvenus en France,
16:55et puis il y a les français,
16:57et pour devenir français on accueille tout le monde,
16:58mais il faut montrer qu'on soit digne d'être français.
17:00Je pense que cette phrase, vous savez, c'est du bon sens en fait,
17:03moi je trouve que la politique aujourd'hui, elle manque de bon sens,
17:06ce que je vous dis, je pense que beaucoup de foyers en France
17:08qui nous regardent à la télévision, ils disent,
17:09il n'y a pas de révolutionnaire dans ce que dit Darmanin là.
17:12– Oui, et en même temps certains se disent aussi,
17:13et se posent la question de la constance,
17:15avant de rejoindre Emmanuel Macron,
17:17vous étiez notamment porte-parole de Nicolas Sarkozy.
17:19– Oui, il était con.
17:20– Nicolas Sarkozy qui en 2012 disait, le droit du sol c'est la France,
17:22et qui en 2016 dans un livre disait la chose suivante,
17:25je ne suis plus réservé sur l'opportunité de la remise en cause généralisée
17:28et complète du droit du sol, un enfant né en France est français,
17:30c'est notre histoire, c'est notre tradition,
17:32en la remettant en cause, nous créerions les conditions
17:34d'un débat malsain, biaisé, politicien.
17:36– Je suis en désaccord avec Nicolas Sarkozy, mais c'est pas grave,
17:39ça reste quelqu'un pour qui j'ai énormément d'affection,
17:41Valéry Giscard d'Estaing en 1991 était pour l'abrogation du droit du sol,
17:46mais avec Nicolas Sarkozy j'étais en désaccord avec la discrimination positive,
17:48ça m'aurait empêché de voter par deux fois pour lui avec son présidentiel.
17:51– Ça veut dire qu'au fond sur ce sujet par exemple,
17:53vous êtes plus proche du Rassemblement national
17:55qui depuis 50 ans souhaite abroger le droit du sol que de Nicolas Sarkozy ?
18:00– Mais je suis aussi proche des révolutionnaires de 1990-1994
18:03qui voulaient justement un serment de prestation nationale,
18:07moi je ne me pose pas la question de, est-ce que je fâche machin
18:09ou est-ce que je suis d'accord avec Bidule, moi j'ai moi-même évolué,
18:13parce que j'ai été quatre ans et demi mis en intérieur,
18:15on ne sort pas indemne d'avoir été au contact des difficultés des français,
18:20des agents de préfecture, des étrangers qui avaient du mal à s'intégrer,
18:23notre système qui ne marche pas très bien, de Mayotte,
18:25moi Mayotte, je ne connaissais pas Mayotte avant d'être mis en intérieur,
18:28je suis allé douze fois à Mayotte, j'ai vu ce peuple français incroyable,
18:32les maorais, ils ont par deux fois par référendum voulu être français,
18:35et ils sont littéralement incapables de faire fonctionner leurs écoles,
18:39les adductions d'eau, la santé, parce qu'ils sont sur leur sol
18:43avec des personnes qui malheureusement sont désormais
18:46quasiment plus nombreuses que les maorais qui sont français.
18:48– Mais la situation à Mayotte n'a rien à voir avec cette situation dans l'hexagone.
18:51– Non mais ce que je veux dire c'est que avant d'avoir été mis en intérieur
18:54et avant d'avoir mon expérience, j'aurais sans doute été,
18:56parmi ceux qui disent que c'est excessif quand même
18:58de modifier le droit du sol à Mayotte,
19:00après quatre ans et demi de mise à l'intérieur,
19:02je pense que les maorais ont raison,
19:04d'ailleurs je constate qu'on refuse ce droit du sol en Nouvelle-Calédonie,
19:07je n'ai pas entendu les beaux esprits de l'extrême gauche,
19:10ou des gens qui sont aujourd'hui contre ma proposition,
19:12s'étonner que les français qui font des enfants en Nouvelle-Calédonie
19:17ne sont pas citoyens, qu'ils puissent voter pour les élections de Nouvelle-Calédonie.
19:21– Les spécificités de l'histoire calédonienne…
19:24– Mais c'est la France, c'est la France en Nouvelle-Calédonie.
19:26– Ils peuvent justifier des différences entre la situation en métropole et en Nouvelle-Calédonie.
19:29– Je ne vois pas pourquoi, pourquoi ça serait bon pour un peuple et pas pour un autre,
19:31si c'est si universel que ça, non je pense qu'il y a un peu d'hypocrisie,
19:35on a le droit d'évoluer dans ses idées, on peut en débattre,
19:39c'est toujours bon dans un pays d'en débattre,
19:42et moi je trouve que ce qu'a évoqué le Premier ministre,
19:44d'une discussion plus générale, est toujours bonne chose pour la démocratie.
19:49– Oui sauf que Gérald Darmanin, peut-être que vous entendez
19:51ce que vous avez envie d'entendre dans la phrase de François Bayrou,
19:53puisque quand on l'interroge sur votre proposition sur le débat sur le droit du sol,
19:57voilà ce qu'il répond, il souhaite un débat plus large sur ce que signifie être français,
20:01et il dit ne pas vouloir se laisser enfermer dans la seule question du droit du sol
20:05et les surenchères qui l'accompagnent, ça si on essaie de traduire le Bayrou,
20:10ça veut dire qu'au fond, il n'a pas spécialement envie de se lancer dans ce débat-là,
20:14et d'ailleurs la porte-parole du gouvernement qu'on interrogeait mercredi soir sur BFM TV,
20:18disait que ce n'était pas sa ligne et que ce n'était pas sa position.
20:20Alors la porte-parole, c'est Sophie Primat qui est membre DLR et le patron DLR, Laurent Wauquiez,
20:24et pour également la fin du droit du sol.
20:26– C'est vrai qu'on vit une boule de péril, je vous le reconnais Gérald Darmanin.
20:27– Donc avouez que les choses sont plus complexes que vous ne les présentez,
20:30mais je comprends que le Premier ministre qui a évidemment beaucoup de difficultés
20:32dans le moment auquel nous sommes, se cantonne pas à des propositions de tel ou tel ministre,
20:37mais il a voulu un gouvernement avec des ministres forts, comme il le dit, voilà.
20:41Il a eu la gentillesse de composer, si j'ose dire,
20:45des personnes qui ne pensent pas toujours pareil, et bien tant mieux.
20:47– Mais ce n'est pas un problème dans un collectif gouvernemental
20:49d'avoir des ministres qui disent une chose et son contraire,
20:51et d'avoir là un Premier ministre qui semble ne pas partager votre avis.
20:55– Sur l'essentiel on est d'accord, il faut un gouvernement pour la France,
20:58et il faut un budget pour la France, parce que sinon notre pays ne marcherait pas,
21:01ne fonctionnerait pas, mais après le droit du sol,
21:03moi je ne dis pas que le gouvernement doit trancher sa question la semaine prochaine,
21:06je pense que l'élection présidentielle la tranchera.
21:08– Donc pas avant l'élection présidentielle,
21:09puisque vous évoquiez aussi la question d'un référendum,
21:12vous souhaiteriez qu'il y ait un référendum du sujet,
21:15ce qui constitutionnellement d'ailleurs est un peu difficile.
21:17– Alors il y a deux interprétations possibles pour savoir si le droit du sol
21:21pourrait être dans le référendum tel que l'article 11 prévoit aujourd'hui,
21:25c'est au Président de décider, moi je reste à ma place,
21:27en tout cas ce qui est sûr, c'est que dans deux ans,
21:29à l'élection présidentielle, on tranchera cette question,
21:31et les Français trancheront, et les Français auront raison.
21:34– Quand François Bayrou dit qu'il faut qu'il y ait un débat sur ce qu'est être français,
21:37est-ce que c'est le retour du débat sur l'identité nationale ?
21:40Est-ce que ça vous endossez cette idée qu'il faut s'interroger,
21:44que c'est le rôle du politique de poser dans le débat
21:46cette question de l'identité nationale ?
21:48– Alors ce n'est pas tout à fait ce qu'a dit François Bayrou,
21:50qu'est-ce qu'il y a de français, mais moi ça ne m'a jamais choqué,
21:53je trouve que c'est très bien de discuter de notre passé, de notre avenir,
21:58les Français d'aujourd'hui ne sont pas les Français d'il y a 50 ans,
22:00ils ne seront sans doute pas ceux d'il y a 50 ans,
22:02beaucoup de choses vont nous bousculer, l'immigration, l'intelligence artificielle,
22:06une Europe qui gouverne moins le monde, une démographie qui est déclinante,
22:10qui nous pose des problèmes, évidemment, voilà, c'est normal de se poser la question.
22:13– C'est quoi être français ? Est-ce que c'est aux politiques de décider ?
22:15– Non, ce n'est pas aux politiques.
22:16– J'entendais Bruno Rotailleau qui…
22:18parfois on a le sentiment que les choses se mélangent dans ce débat,
22:20puisque vous évoquiez la question du droit du sol,
22:22François Bayrou qu'est-ce qu'être français ?
22:23Bruno Rotailleau parle de la question du mode de vie,
22:27qui décide de ce qu'est le mode de vie ?
22:29– Il y a un mode de vie français,
22:30je pense qu'on peut être à peu près d'accord sur ce point,
22:33mais ce n'est pas aux politiques de le définir, c'est la société bien sûr,
22:35il y a un débat et c'est tout à fait légitime,
22:37puis à la fin le politique il tranche, après avoir écouté,
22:40et puis les Français tranchent en mettant à l'Assemblée Nationale
22:44une majorité, je l'espère la prochaine fois,
22:46et un Président de la République ou une Présidente de la République,
22:49qui a été claire dans ses options.
22:50Vous savez, le problème aujourd'hui,
22:51c'est peut-être que les politiques ne sont pas assez claires sur les options.
22:54– Vous trouvez que François Bayrou il est clair ?
22:56– Je pense que le Premier ministre il est en action,
22:58et c'est très difficile d'être en action à sa place,
23:00il est très courageux, il a fait passer son budget,
23:02et on a eu de la chance de l'avoir.
23:03– Et vous ne lui facilitez peut-être pas tout à fait la tâche ?
23:05– Je ne crois pas peut-être.
23:07– Mettant en avant ce débat.
23:08– Peut-être que très modestement, les uns et les autres,
23:09on a contribué par le fait que nous avons une expression libre
23:15à montrer qu'on n'était pas un gouvernement dit de plaidemobile,
23:18mais regardez, c'est très intéressant,
23:19qu'est-ce qu'on dit au Café du Commerce à Tourcoing ?
23:22On dit, le duo que vous formez avec le ministre de l'Intérieur,
23:24c'est super M. Tarmanin.
23:26Tarmanin-Rotaillot c'est super, ça c'est solide, ça c'est clair.
23:29Bon, avouez que ça se voit un petit peu dans les sondages.
23:31– C'est comme si on avait deux ministres de l'Intérieur,
23:33puisqu'au fond le débat que vous avancez,
23:34c'est précisément un débat de ministre de l'Intérieur bis…
23:37– Non, parce que le code civil, c'est le garde des Sceaux,
23:40et la Constitution c'est le garde des Sceaux,
23:41donc je suis totalement légitime,
23:42ce n'est pas une insulte d'être ministre de l'Intérieur,
23:44je suis très fier d'être le ministre des policiers et des gendarmes,
23:46et je crois qu'ils me l'ont bien rendu,
23:47mais je suis garde des Sceaux et je suis en charge du code civil,
23:50c'est pour ça que c'était moi qui étais à l'Assemblée Nationale
23:53lorsqu'on a fait le droit du sol à Mayotte,
23:55proposition des Républicains votée par une large majorité de députés,
24:00y compris du Bloc Central,
24:02et je me sens tout à fait dans mon rôle de ministre de la Justice.
24:07– Gérald Darmanin, je voudrais qu'on parle de l'efficacité de la Justice,
24:09justement, notamment en ce qui concerne l'immigration,
24:11puisque jeudi, le tribunal administratif a annulé l'obligation
24:14de quitter le territoire français, l'OQTF,
24:16qui frappait l'influenceur algérien Doualem,
24:18que Bruno Rotaïo souhaitait expulser vers l'Algérie,
24:21cet influenceur qui n'a donc plus quitté le CRA,
24:23le Centre de Rétention Administrative,
24:24et la Justice a même enjoint l'État à lui verser 1 200 euros
24:27en dédommagement des frais de Justice.
24:29Est-ce que c'est la Justice qui dysfonctionne,
24:31ou est-ce que c'est le ministre de l'Intérieur
24:33qui a fait une mauvaise interprétation du droit ?
24:36– D'abord, Bruno Rotaïo a parfaitement raison de faire ce qu'il fait,
24:38il a raison de vouloir expulser du territoire national
24:42des agents, des influenceurs, des étrangers,
24:44quelque soit leur nationalité, là il est algérien,
24:46mais ça pourrait être de n'importe quelle autre nationalité,
24:48qui crachent sur la France, qui appellent au meurtre,
24:50qui appellent au viol, qui appellent à la haine de la France.
24:53– Sauf que là, la Justice dit que la procédure utilisée n'était pas la bonne,
24:56peut-être que Bruno Rotaïo a trop gonflé les muscles.
24:59– D'abord il y a le principe, et puis ensuite il y a les modalités,
25:01la politique c'est d'abord les principes,
25:03est-ce qu'il a raison Bruno Rotaïo ? Oui, mille fois oui,
25:05et on a la chance de la voir place Beauvau.
25:08Ensuite, vous parlez de la justice,
25:10c'est la justice administrative, que les Français le comprennent,
25:12ce n'est pas la justice ou le ministre de la Justice à la charge,
25:15c'est la justice qui juge les actes publics que font par exemple les préfectures.
25:21Qu'a fait Bruno Rotaïo avec cette personne ?
25:23Il y avait une personne qui était un influenceur étranger algérien,
25:28dont la préfecture avait renouvelé son titre de séjour à 10 ans,
25:31fin décembre, et puis sans doute que les services ministères intérieurs
25:34se sont aperçus après qu'il était cet agent.
25:37Il a mis ce qu'on appelle une procédure d'urgence,
25:40et il lui a mis un EQTF, une obligation d'équité internationale,
25:43et c'est cet arrêté qui a été attaqué.
25:47Ce qu'a dit le tribunal administratif,
25:49c'est qu'on ne pouvait pas passer par la procédure d'urgence,
25:51parce qu'elle est réservée grosso modo aux agents très dangereux,
25:53type terroristes, et qu'il aurait dû passer par une autre procédure.
25:57Le ministre de l'Intérieur il a fait appel, on verra ce que dira l'appel,
26:00– Vous savez, moi j'ai été très attaqué lorsque j'ai expulsé l'imam Iqbisen,
26:04il y a eu des heures et des heures, voire des journées à la télévision,
26:07où on disait « Darmanin, vraiment, ça ne va pas du tout »
26:09– Vous vous souvenez de ce que disait Bruno Retailleau à l'époque ou pas ?
26:11– Oui, mais maintenant il l'enregistre.
26:12– Juste pour ceux qui l'ont regardé, je vais le rafraîchir à la mémoire,
26:15au moment où précisément vous souhaitiez expulser le président,
26:17– J'ai réussi à l'expulser – Vous avez réussi à l'expulser,
26:20– Mais j'ai fait un appel – En étant parti vers la Belgique,
26:23juste Bruno Retailleau parlait, je cite,
26:26« L'aveu terrible de l'échec du gouvernement pour garantir le respect
26:28de notre état de droit et la sécurité des Français ».
26:30Voilà ce que disait à l'époque Bruno Retailleau de contraction.
26:32– Oui, mais ce n'est pas ce que je dis, mais c'est normal,
26:33parce que quand on est en responsabilité,
26:35on n'est pas pareil que quand on n'est pas en responsabilité,
26:37ça fait du bien d'être en responsabilité pour voir que c'est difficile
26:39d'exercer ses responsabilités, et il les fait très bien.
26:42Mais moi je ne dis pas que c'est l'échec de Bruno Retailleau,
26:44c'est bien sûr pas cela, il a raison de le faire.
26:47Donc il a fait appel, moi en appel, j'ai gagné sur l'imam Madjoubi
26:50qui était radicalisé, sur l'imam Iqbisen qui était radicalisé,
26:53mais j'ai mis parfois plusieurs semaines, plusieurs mois pour l'obtenir,
26:56y compris devant le Conseil d'État.
26:57Donc il a fait appel, on dira ce que dira la Cour d'Appel.
27:01Mais ce qui est sûr, c'est que si la Cour d'Appel ou le Conseil d'État
27:04et le magistrat ne fait que dire la loi,
27:06devaient ne pas donner raison au ministre de l'Intérieur,
27:08alors oui, je suis parfaitement d'accord avec lui, il faudra changer la loi.
27:11La France doit pouvoir expulser les personnes étrangères
27:14de son territoire national qu'elle ne veut plus garder
27:17sur le territoire national.
27:18– Changer la loi, ça veut dire quoi ?
27:19Ça veut dire limiter la capacité d'appel d'un individu
27:23quand il y a ce type d'expulsion ?
27:25Parce qu'au fond, vous dites, on attendra l'appel et on verra le résultat.
27:28– Oui, parce qu'il y a un appel en France, c'est normal,
27:30ça c'est le garde des Sceaux qui le dit.
27:31– Vous avez tout à fait raison, mais je pense à ceux qui nous regardent
27:34et qui se disent, mais avant même l'appel, compte tenu du pédigré de l'individu,
27:38le fait même qu'il ait pu quitter le centre de rétention administrative
27:42parce que la justice administrative a décidé d'annuler l'obligation
27:44de quitter le territoire français qui le frappait,
27:47je pense à ceux qui nous regardent et se disent,
27:50la justice administrative, de ce point de vue-là,
27:52elle le laisse en liberté à quelqu'un qui n'a pas vocation
27:54à être sur le territoire français.
27:55– D'abord, ce serait très mauvais joueur d'en s'en prendre au juge
27:57puisque le juge dit le droit, et le droit, c'est les parlementaires qui le font.
28:01Donc, qu'est-ce qu'on doit changer ?
28:02Pourquoi, on s'y rend dans le détail,
28:04pourquoi la mise à l'intérieur est passée par la procédure dite d'urgence ?
28:07Parce que quand vous passez par la procédure dite d'urgence,
28:09c'est plus rapide, comme son nom l'indique,
28:10et vous ne passez pas devant une commission qui s'appelle la COMEX,
28:13vous devez attendre quelques semaines et passer dans une commission de magistrats
28:16qui décide si vous avez raison ou pas à discuter avec cette personne.
28:20Pourquoi il n'a pas passé par la procédure dite d'urgence ?
28:21Pour être plus rapide, il a raison.
28:23Faut-il supprimer la COMEX ?
28:24Oui, oui, il a raison.
28:26Il faudra, enfin, il ne l'a pas proposé, mais moi je lui propose.
28:28– Donc, il faut supprimer cette commission dont l'avis est d'ailleurs consultatif, je crois.
28:32– Exactement, et moi, il m'est déjà arrivé,
28:34d'ailleurs, de réformer les décisions de cette commission,
28:36et je disais, ils me disent qu'il ne faut pas l'expulser,
28:37et j'expulse quand même, et j'y suis arrivé.
28:39Mais c'est vrai que ça prend beaucoup de temps,
28:41et pour les Français qui nous regardent, ils disent,
28:42mais franchement, pourquoi perdre autant de temps devant des agents de l'étranger ?
28:46Ils ont raison, ces Français.
28:47Donc, on verra ce que dira la Cour d'appel,
28:49mais si le ministre de l'Intérieur propose au garde des Sceaux,
28:52propose au gouvernement de supprimer cette commission
28:54qui fait perdre beaucoup de temps,
28:55et qu'on ne peut éviter que pour des raisons de terrorisme,
28:58puisque c'est de l'urgence, alors oui, je serai favorable à cette suppression.
29:01– Au passage, Gérald Darmanin, vous avez interrogé,
29:04au moment de la loi Immigration, il y a un an, quand vous étiez Place Beauvau,
29:07vous disiez, ce texte, il est impératif qu'il soit voté
29:10pour pouvoir accélérer les procédures d'expulsion.
29:13Il est déjà obsolète, inefficace ?
29:15– Vous avez constaté, Monsieur Duhamel,
29:17qu'on a augmenté de 27% les expulsions, les dernières.
29:19C'est les premières lueurs de la loi Immigration.
29:23– Et là, ce texte, il ne sert à rien dans le cadre de l'influence de l'Ontario ?
29:26– Tous les décrets n'ont pas été pris.
29:27Il y a eu la dissolution, il y a eu les choses en la pique.
29:29Malheureusement, tous ces décrets n'ont pas été pris.
29:31Mais oui, bien sûr, la loi Immigration est très efficace.
29:33Elle permet de baisser, pour la première fois,
29:35nous baissons les demandes d'asile sur le territoire national.
29:37Pour la première fois, il y a eu une augmentation de 27% des expulsions.
29:40On disait que c'était impossible à l'époque.
29:42– Mais plus de titres de séjour délivrés, plus de 5,8%.
29:45– On peut toujours discuter des titres de séjour,
29:46mais moi, je n'ai rien contre les étrangers en France.
29:48J'ai tout contre les étrangers qui se comportent mal.
29:50Mais les étrangers qui se comportent bien, ils sont les bienvenus.
29:52Il faut bien que les gens puissent…
29:54Vous savez, 25% de nos médecins, ils sont étrangers.
29:56Les gens qui sont dans les restaurants,
29:58les gens qui sont dans le domaine de l'agriculture,
29:59dans le BTP, dans les travaux publics, bon, il y a des étrangers.
30:02Et qu'il y ait des étudiants étrangers, c'est une très bonne chose.
30:04On n'est pas un pays qui refuse aux étrangers.
30:06– Non, sauf que Bruno Retailleau,
30:08quand on le lit dans les colonnes du journal du dimanche aujourd'hui,
30:09il dit qu'il faut continuer à baisser l'immigration.
30:12Il dit un demi-million d'entrées par an, c'est trop, il faut baisser.
30:14– Alors, dans les chiffres que donne M. Miseau à l'intérieur,
30:16il y a à la fois les titres de séjour, les visas,
30:19et puis il y a les demandes d'asile.
30:21Bon, c'est deux choses très différentes.
30:23Donc, les titres de séjour, oui, il est tout à fait légitime de dire
30:25on va baisser le nombre de titres de séjour
30:26parce qu'on veut pouvoir intégrer les personnes, les loger.
30:29J'ai moi-même dit, comme le Premier ministre,
30:30que l'immigration, c'est une affaire de proportion.
30:33Il faut pouvoir intégrer une partie de personnes.
30:35Et c'est un débat normal que les Français disent un peu plus, un peu moins,
30:39selon la croissance économique des difficultés.
30:41Après, les demandes d'asile qui baissent, pour la première fois encore une fois,
30:43et notamment grâce à la loi immigration, c'est plus complexe.
30:46Parce que les gens qui viennent en France pour demander l'asile,
30:48comme en Allemagne, comme en Espagne, comme en Italie,
30:50ils viennent parce qu'ils disent qu'ils sont pourchassés dans leur pays.
30:5370% des décisions sont négatives.
30:55On ne leur donne pas l'asile dans 70% des cas.
30:57Et le problème de notre loi, qui a été réglé par la loi immigration,
30:59il faut maintenant qu'on l'applique, c'est d'accélérer ce temps.
31:02Hier, c'était trois ans pour juger, c'était beaucoup trop long.
31:05Aujourd'hui, c'est moins de neuf mois.
31:07Aujourd'hui, cette loi, elle va permettre de juger rapidement
31:10si quelqu'un doit avoir l'asile,
31:11et c'est à la grotte d'or de la France que les accueillir,
31:13les gens qui ont besoin de la France pour être protégés,
31:16et à ceux qui abusent et qui utilisent le droit d'asile
31:19comme une sorte de détournement d'immigration irrégulière.
31:21– Encore un mot sur le cas de l'influenceur d'Oualem,
31:23puisque au fond, dans le cas d'Espèce,
31:26la question qui se pose aussi est celle des relations avec l'Algérie,
31:28puisque Bruno Retailleau avait dans un premier temps expulsé cet influenceur
31:31que l'Algérie, son pays d'origine, a refusé d'accepter.
31:35En fait, vous pouvez réformer toutes les procédures que vous voulez,
31:38accélérer le droit, tant que vous avez un pays comme l'Algérie
31:41qui refuse d'accepter ces ressortissants, vous n'y arriverez pas.
31:45– C'est pour ça que le mise en oeuvre n'est pas le seul
31:47dans la réussite de la politique migratoire.
31:48Ce que je disais depuis quatre ans et demi que j'étais ministre de l'Intérieur,
31:50le ministère de l'Affaires étrangères,
31:52les autres ministères d'Economie et des Finances,
31:54parce que nos relations avec l'Algérie ou le Maroc ou la Tunisie
31:57sont des relations qui ne sont pas que migratoires,
31:59il y a des actions anti-terroristes, il y a des actions culturelles,
32:02il y a des actions économiques, on a des marchés à obtenir,
32:04on a des sujets géopolitiques,
32:06donc ça doit être quelque chose de beaucoup plus global.
32:08Mais pour le ministre de l'Intérieur, 50% de mon temps à l'époque
32:11était de faire ce travail avec ces Etats,
32:13et c'est ce que fait le ministre de l'Intérieur aujourd'hui.
32:14– Mais c'est pour ça que la question qui se pose,
32:16c'est intéressant que vous mettiez en avant
32:18la façon dont vous gériez cet aspect diplomatique,
32:21est-ce que la stratégie du bras de fer est la bonne ?
32:23Puisque quand on regarde dans le détail,
32:24quand vous étiez Place Beauvau, au fond,
32:26la délivrance de ce qu'on appelle les laissés-passer consulaires
32:28qui permettent d'expulser des ressortissants,
32:30progressait au moment où les relations entre Paris et Alger s'étaient réchauffées.
32:35Alors qu'à l'inverse, quand vous aviez décidé
32:37de délivrer moins de visas pour les Algériens,
32:40la situation était bloquée.
32:42Est-ce qu'au fond, aller au bras de fer avec l'Algérie,
32:45dire que la France est humiliée par l'Algérie,
32:46c'est la bonne manière pour expulser les ressortissants algériens ?
32:50– Mais encore une fois, Bruno Rotaillot a eu raison
32:52de dire que l'Algérie a essayé de nous humilier.
32:54Il n'y a pas de doute, deux pays qui ont des relations aussi fraternelles
32:58par l'histoire et par la culture, ne doivent pas se comporter ainsi.
33:01L'Algérie ne doit pas se comporter ainsi
33:03lorsque le ministre de l'Intérieur français décide d'expulser une personne.
33:06Les Algériens n'accepteraient pas le dixième de ça.
33:08Donc Bruno Rotaillot a eu raison.
33:10– Rotaillot, il est en même temps dans une situation
33:13où le Sahara occidental a été reconnu par la France avec le Maroc.
33:16Donc ça énerve un peu le pays algérien.
33:18C'est pas ce que j'avais comme difficulté.
33:21Et puis le troisième sujet, on sait aussi, on sait tous
33:23que les questions nationales françaises
33:25sont parfois des questions de politique intérieure algérienne.
33:28Pour plein de raisons, je pense qu'il faut parler à tous les États.
33:30Évidemment, c'est comme ça qu'on y arrive.
33:31– Donc il faut faire de la diplomatie.
33:33– Mais bien sûr, mais c'est normal.
33:34Et la diplomatie, on la fait avec des gens avec qui on n'est pas d'accord.
33:36Parce que si vous faites de la diplomatie avec des gens…
33:38– Vous n'en faites pas avec grand monde.
33:39– Voilà, vous n'en faites pas avec grand monde.
33:40Mais Bruno Rotaillot a eu raison.
33:41La diplomatie, ce n'est pas non plus les caramels mous.
33:43La diplomatie, c'est aussi la force.
33:45Voilà, il a utilisé la force, il a eu raison, je l'ai toujours soutenu.
33:48– Et quand Marine Le Pen dit qu'il faut utiliser la méthode Trump,
33:51en prenant exemple sur ce qu'a fait le président américain
33:54avec des ressortissants colombiens,
33:56en tordant le bras du président colombien Petro
33:58qui refusait d'accepter des ressortissants,
34:01vous, avec l'expérience que vous avez comme ancien ministre de l'Intérieur,
34:04aujourd'hui comme ministre de la Justice,
34:05c'est un exemple à suivre celui du président américain ?
34:08– Non mais là, on voit bien que Mme Le Pen n'a aucune idée
34:11de ce qu'est gouverner un pays.
34:13Ce n'est pas comme ça du tout que ça se passe.
34:14M. Rotaillot, qui est vu comme un homme fort et à juste titre,
34:18s'il a des difficultés, c'est bien.
34:20Pourtant, il a une volonté très importante,
34:21comme je l'avais précédemment.
34:23C'est bien que les choses sont complexes.
34:24Il faut de la volonté pour changer les choses.
34:25Et ce n'est pas, il n'y a qu'un faucon.
34:27M. Trump, il vient d'arriver aux États-Unis d'Amérique.
34:29On verra dans quelques mois, ça fait quelques jours.
34:31Deuxièmement, ce n'est pas du tout la même relation,
34:34les États-Unis d'Amérique avec la Colombie.
34:36Bon, les États-Unis d'Amérique n'ont pas été présents en Colombie
34:38pendant 150, 130 ans.
34:40Et il n'y a pas une Méditerranée qui nous sépare simplement
34:43de nos deux pays.
34:44Et puis, il n'y a pas l'histoire de nos relations juridiques, diplomatiques.
34:48Je pense que cette comparaison, elle est totalement démagogique.
34:51La vérité, c'est que si je prends Mme Meloni, par exemple, en Italie,
34:54qui se rapprocherait de notre cas,
34:56elle a su améliorer une partie de la politique migratoire,
34:58mais pas totalement.
34:59Elle a d'abord régularisé beaucoup de gens, Mme Meloni.
35:01– 400 000.
35:02– Voilà, donc si l'exemple de Mme Le Pen, c'est Mme Meloni,
35:05il faut savoir qu'il y aura beaucoup de régularisation de sans-papiers.
35:08C'est ça qu'a fait Mme Meloni en Italie.
35:10Et par ailleurs, qu'a fait Mme Meloni, elle a pris à la fois des propos,
35:12elle a pris des textes très durs contre l'immigration,
35:15mais elle a aussi été en Tunisie et en Algérie
35:17pour aller négocier avec ces pays.
35:19Donc, si on faisait faire des comparaisons,
35:21évitons de regarder de l'autre côté de l'Atlantique,
35:23regardons peut-être au côté de la Méditerranée.
35:25– Encore un mot sur la question de l'OQTF,
35:28puisque se passe dans le débat des choses qui se percutent.
35:34Au moment où l'influenceur Doualem ne voit son OQTF annulé,
35:38vous avez un maire, le maire de Béziers, Robert Ménard,
35:41qui le 18 février va être convoqué par la justice
35:45parce qu'il a refusé comme édile de marier un individu
35:49qui était frappé d'une OQTF.
35:50Il est donc allé contre la loi puisque, comme officier d'état civil,
35:54il avait l'obligation de marier cette personne.
35:56Est-ce que vous trouvez ça normal,
35:58comme garde des Sceaux, ministre de la Justice,
36:00que Robert Ménard, maire de Béziers, risque une condamnation ?
36:04– Alors, comme garde des Sceaux, ministre de la Justice,
36:05je ne vais pas commenter une affaire
36:06dans laquelle quelqu'un va être convoqué devant un juge,
36:08vous comprenez bien.
36:09Comme homme politique, oui, la loi aujourd'hui enjoint le maire
36:13de marier cette personne, mais je souhaite changer cette loi.
36:16Donc, il y a une proposition de loi de Stéphane Demy,
36:18qui est un sénateur centriste qui arrive bientôt au Sénat,
36:22qui prévoit que le maire peut s'opposer au mariage
36:26entre une personne régulière ou française et quelqu'un d'irrégulier.
36:29Et je pense que c'est une loi frappée du coin du bon sens.
36:32Et donc, je ne sais pas ce que décidera le tribunal dans l'affaire dite,
36:36mais ma volonté, c'est que, rapidement, nous changions la loi
36:38et qu'on ne puisse pas marier quelqu'un qui serait irrégulier
36:40sur le sol national.
36:41Ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas être régularisé
36:44pour des raisons de vie privée et familiale.
36:45Ça veut dire que le maire ne doit pas être pris en otage
36:47de ce qu'il constate souvent, c'est-à-dire des mariages gris.
36:51Pas toujours, mais moi je l'ai vu quand j'étais maire.
36:53Je l'ai vu les moments où je demandais
36:55au procureur de la République quand j'étais maire.
36:57Là, j'ai un doute sur la véracité du consentement
37:00et qu'on me disait non, non, non, allez-y, mariez quand même.
37:03Et j'ai déjà vu des adjoints au maire qui ont découragé ces mariages
37:06et j'ai même moi-même découragé ces mariages.
37:08Il ne m'est jamais arrivé d'être obligé de le faire.
37:11Mais je comprends très bien l'incompréhension des maires de France.
37:15Et donc, je suis pour utiliser cette proposition de loi centriste.
37:18– Donc ça, c'est la position du gouvernement.
37:20– C'est la mienne en tout cas et je la porterai
37:22puisque c'est moi qui serai au banc de l'hémicycle au Sénat.
37:25– Et donc vous soutenez Robert Ménard qui fait face à cette convocation ?
37:28– Je ne soutiens pas des personnes en particulier devant la justice.
37:31Mais je veux vous dire que ça me paraît normal dans un monde politique
37:34et donc de faire évoluer la loi, le magistrat, qu'est-ce qu'il fait ?
37:37Que fait un juge en France ? Il dit la loi.
37:39Donc quand la décision est mauvaise, il ne faut pas s'en prendre au juge,
37:41il faut s'en prendre à la loi.
37:42C'est que nous avons été pas bons quand on a fait la loi.
37:44Voilà, et je me mets dedans.
37:46Donc il faut modifier ce texte de loi pour qu'on puisse marier
37:49que des gens qui sont français ou des étrangers réguliers.
37:51Mais là encore, ça me paraît assez normal et de bon sens.
37:54– Gérald Darmanin, deux questions sur la justice.
37:57La première sur l'application des peines et un cas particulier,
38:00Nicolas Sarkozy s'est vu poser un bracelet électronique vendredi.
38:03Après sa condamnation définitive dans l'affaire dite Bismuth,
38:06il a annoncé mettre entre parenthèses sa vie publique.
38:09Un ancien chef de l'État, bracelet électronique au pied,
38:11est-ce que c'est le signe que la justice ne fait pas de différence
38:14selon que vous serez puissante ou misérable, pour citer La Fontaine ?
38:17Ou est-ce que c'est un mauvais signal, dans l'image de la France,
38:22qu'un ancien chef de l'État se voit poser un bracelet électronique ?
38:26– Bon, d'abord, quand un juge d'application des peines
38:29décide de l'application de la peine, c'est une décision de justice.
38:32Et donc constitutionnellement, je vais le répéter,
38:34mais c'est important, le ministre de la Justice,
38:36garant de l'indépendance, ne peut pas commenter une décision de justice.
38:39Quand même, ce serait un bracelet électronique.
38:41Pour le reste, tous les citoyens sont des citoyens à égalité.
38:44Et la preuve en est qu'on soit ancien chef de l'État
38:46ou citoyen de la rue, si j'ose dire.
38:48Donc je n'ai pas de commentaire à faire.
38:50Et pour mes sentiments personnels vis-à-vis Nicolas Sarkozy,
38:52que vous connaissez, je les garde in pectore.
38:54Et quand il aura terminé, puisqu'il a choisi,
38:56je trouve que c'est d'ailleurs assez classe de sa part,
38:58de ne pas utiliser ce que son ancienne fonction lui permettrait d'évoquer.
39:03Quand il aura purgé sa peine, il pourra reprendre la parole,
39:07ce sera une bonne chose.
39:07– Assez classe, vous trouvez ?
39:08Je crois que c'était les termes de François Hollande ce midi,
39:11qui parlait de forme de dignité dans la façon d'envisager cette peine.
39:15– Je le dis classe, M. Hollande dit dignité, c'est une bonne chose.
39:18Sachant que pour moi, pour Nicolas Sarkozy, j'ai toujours pensé.
39:21– Oui, alors que pour François Hollande, disons que c'est un sentiment soudain,
39:24comme disait Cyrano Bergerac.
39:26– Je pense que c'est vrai, et je n'ai pas commenté particulièrement cette affaire,
39:30mais je pense que tout le monde voit que tout le monde est égal devant la justice.
39:32– Un mot encore sur la justice, plus général,
39:34avant de vous poser quelques questions politiques,
39:36sur la façon dont les Français perçoivent cette justice.
39:40On a parlé depuis le début de la question de Doualem,
39:45on a parlé aussi des faits divers, ce jeune Elias poignardé
39:49par des individus qui avaient déjà eu affaire à la police, à la justice.
39:54Et là encore, pour reprendre les débats sémantiques qui avaient pu avoir lieu
39:59entre votre prédécesseur Didier Migaud et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
40:03sur la question du laxisme de la justice,
40:05sur la question de l'inexécution des peines, disait Bruno Retailleau,
40:07ce à quoi votre prédécesseur ne disait pas du tout.
40:10Les peines sont, en tout cas, bien exécutées.
40:13Depuis quelques semaines où vous êtes ici, Place Vendôme,
40:16est-ce que vous considérez qu'il y a un problème de laxisme ?
40:18Est-ce que vous considérez qu'il y a un problème d'inexécution des peines
40:21et qu'il faut donc être beaucoup plus sévère ?
40:23– Il y a un énorme problème d'inexécution des peines, c'est sûr.
40:26D'abord, il y a un problème d'audiencement,
40:27c'est-à-dire de quand est-ce qu'on passe devant un tribunal
40:30quand on a fait quelque chose,
40:31ou quand on est accusé de faire quelque chose de pas bien.
40:33Il y a en Ile-de-France, 4000 procès criminels en attente.
40:39Et il y a sur mon bureau des informations
40:41comme quoi des gens attendent depuis 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans, 17 ans,
40:46des procès criminels dans de très grands trafics de stupéfiants ou d'homicides.
40:49Bon, personne ne le comprend, ça n'a aucun sens.
40:52Donc ça confine au déni de justice,
40:54d'attendre pendant des années qu'on ait justice,
40:57qu'on ait à avoir un jugement, et un jugement définitif.
41:00Donc oui, il y a d'abord un premier problème.
41:02Le deuxième problème, c'est l'exécution de la peine.
41:04En effet, il y a des gens qui attendent longtemps avant d'aller en prison,
41:07parce qu'il n'y a plus de place de prison par exemple,
41:10ou qui attendent très longtemps d'avoir un brasser électronique.
41:12Dans le sud de la France, dans les Bouches-du-Rhône,
41:14il y a plus de 500 mesures de pause de brasser électronique en attente,
41:18parce qu'il n'y a pas assez de magistrats, il n'y a pas assez de matériel.
41:22– C'est un problème de moyens par un problème de laxisme des textes,
41:25de la façon dont les magistrats les appliquent ?
41:26– Alors, la façon dont les magistrats les appliquent,
41:28ils ne font qu'appliquer la loi.
41:29Si les magistrats n'appliquaient pas la loi, ils seraient évidemment…
41:31– J'ai entendu la porte-parole du gouvernement ce midi dire
41:33que certains juges faisaient de la politique.
41:35– Il y a les magistrats qui sont dans les syndicats en fond,
41:38puisque le syndicat de la magistrature, par exemple,
41:39dit lui-même qu'il fait de la politique et il s'en orgueille.
41:42Mais les magistrats qui sont tenus à un devoir de délicatesse,
41:45d'impartialité, n'en font pas.
41:46Et s'ils devaient en faire d'une manière ou d'une autre,
41:48ils seraient sanctionnés.
41:50Non, il y a un problème de texte de loin, incontestablement,
41:52pas assez ferme, pas assez dur.
41:54Il y a un problème de moyens, regardez, prenez l'exemple des mineurs.
41:58Il y a un juge pour enfants, pour 366 enfants dits délinquants.
42:04Comment voulez-vous que ce juge pour enfants,
42:06si les Français nous regardent, s'il était à sa place,
42:08dans son office, dans son bureau, gérer 366 dossiers ?
42:10Ça ne peut pas aller.
42:12Et puis, il y a sans doute, dans notre façon de faire,
42:17un esprit, on va dire, un peu défaitiste.
42:19Et je pense que, moi, mon but ici,
42:21c'est de montrer qu'on peut lutter contre cette impuissance publique.
42:23Par exemple, tout le monde considère que les prisons sont des passoires,
42:27qu'on peut téléphoner, commander des assassinats,
42:29commander des poignées d'huile à Marseille.
42:31Donc, la prison des 100 plus gros narcotrafiquants
42:34est demain des 700 plus gros,
42:35parce qu'aujourd'hui, on dit qu'il y a à peu près 700 personnes
42:37très dangereuses qui continuent à commander des trafics de drogue,
42:41des homicides de leur prison.
42:42Ce sera dès le mois de juillet.
42:44Dès le mois de juillet, en trois mois et demi,
42:45j'aurai fait une prison qui sera totalement inviolable.
42:48– Et je vous avoue, quand on vous écoute, Gérald Darmanin,
42:49on se demande pourquoi ça n'a pas été fait avant,
42:50cette idée d'empêcher précisément des narcotrafiquants dangereux,
42:55de commanditer des assassinats, de pouvoir téléphoner,
42:58pour un pouvoir politique qui est, en ce qui vous concerne,
43:01aux responsabilités depuis 2017 ?
43:04– Je pense aussi qu'il faut parfois renouveler un peu les équipes.
43:07C'est possible, et puis aussi bousculer une administration
43:09qui est formidable, fait des choses extraordinaires,
43:12mais le 14 mai dernier à Carville,
43:14quand deux de ses agents ont été assassinés à bout portant par une Kalachnikov,
43:17ça s'est réveillé, nous aussi.
43:19Et vous savez, ça fait 50 ans, des gouvernements de droite et de gauche
43:22qui n'ont jamais utilisé cette idée de prison de haute sécurité.
43:25Ce n'est pas le modèle français.
43:26Moi, je bouscule le modèle français, je fais une prison de haute sécurité.
43:31Et j'utilise la législation italienne anti-mafia
43:33pour l'appliquer aux narcotrafiquants.
43:35J'aurais beaucoup de difficultés à l'imposer techniquement,
43:38budgétairement, politiquement, mais je le ferai parce que je prends un risque.
43:41Peut-être que ça ne marchera pas, moi je pense que ça marchera.
43:44Mais je pense qu'on en est à un point de bascule.
43:46Donc j'utilise, dans les mots, le droit du sol, dans les faits,
43:50cette prison de haute sécurité, ma position politique
43:53pour pouvoir changer les choses et lutter contre la puissance publique.
43:55– Pour faire cela, Gérald Darmanin, il faut des marges de manœuvre budgétaires.
44:00Nous n'en avons pas.
44:01Politique, vous n'en avez pas compte tenu de la situation à l'Assemblée.
44:05Est-ce qu'au fond, ce qu'a dit Édouard Philippe,
44:08en disant, nous ne ferons rien de décisif pendant les deux ans
44:11qui nous séparent de l'élection présidentielle,
44:13est-ce que ce n'est pas frappé au coin du bon sens ?
44:15François Bayrou l'a très mal pris,
44:16il dit que c'est une idée anti-nationale pour le citer.
44:18Est-ce qu'au fond, là encore, ceux qui nous regardent
44:20et qui voient les difficultés qu'il a fallues pour pouvoir adopter un budget,
44:23est-ce qu'il ne faut pas leur dire la vérité ?
44:25Plus rien ne sera fait jusqu'en 2027 où là, pour le coup, les débats seront posés.
44:28Vous-même d'ailleurs, l'échéance que vous vous fixez sur la question du droit du sol
44:32Non mais il y a des choses qu'on doit faire quand on a une majorité parlementaire
44:35et un mandat clair des Français, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, c'est sûr.
44:39Mais il y a beaucoup de choses qu'on peut faire en attendant,
44:40qui ne sont pas du niveau constitutionnel ou du niveau droit du sol,
44:44évidemment, ou des grands engagements internationaux,
44:46mais qu'on peut faire pratiquement.
44:47La prison de haute sécurité, je n'ai pas besoin d'une loi pour la faire.
44:51Je vais la faire en trois mois, le 31 juillet,
44:53on ira la visiter ensemble si vous le souhaitez.
44:55Mais être en responsabilité, c'est toujours être dans la difficulté.
44:59Ça n'existe pas les moments où vous arrivez au pouvoir où tout est simple.
45:02Et vous savez, le meilleur entraîneur de football,
45:04ce n'est pas celui qui gagne la Coupe du monde avec les 11 meilleurs joueurs de foot.
45:07C'est celui qui va en finale, au moins, de la Coupe du monde de foot
45:10avec 11 joueurs moyens.
45:11Voilà, on va dire ça comme ça.
45:12– C'est sympa pour vos collègues.
45:13– Je fais partie des 11 joueurs moyens.
45:16Pour réussir, il faut du temps à Parlement et du budget.
45:18On n'a rien de tout ça, vous l'avez dit,
45:20mais c'est parce que c'est difficile qu'il faut le faire.
45:23Quels seraient les femmes et les hommes politiques
45:25qui, au moment où c'est difficile, disent non, non,
45:27moi j'attends d'avoir vraiment toutes les manettes pour pouvoir convaincre…
45:30– C'est ce que fait Édouard Philippe quand il n'y comprend rien pendant deux ans.
45:32– Édouard Philippe, il a été un excellent Premier ministre.
45:35Moi, je l'ai vu gérer la France de manière incroyable.
45:38Il a géré la France pendant le Covid avec une grande efficacité
45:40et je crois un grand sens dans l'intérêt général.
45:43Et ce n'est pas la question de ne s'adresser pas à lui.
45:44Mais je veux dire à tous ceux qui critiquent le fait que c'est difficile
45:48et qu'on essaye et qu'on n'y arrive pas toujours,
45:49bah oui, c'est le but de la vie.
45:50On essaye et on n'y arrive pas toujours, mais en tout cas, on essaye.
45:53– Un point très précis sur l'agenda gouvernemental des semaines à venir
45:56est la question de la fin de vie.
45:57Ce matin, Bruno Retailleau, votre collègue du ministère de l'Intérieur,
46:00dit dans les colonnes du journal du dimanche qu'il est opposé à l'aide à mourir.
46:04Il le redit, il se félicite d'ailleurs de la volonté du Premier ministre
46:07de scinder en deux textes cette question.
46:09D'un côté les soins palliatifs, de l'autre l'aide à mourir.
46:12Est-ce que vous êtes d'accord avec Bruno Retailleau
46:14dans votre opposition à la mise en place d'une aide à mourir ?
46:18– Non, moi je suis favorable au texte de loi tel qu'il existe aujourd'hui,
46:21tant sur le renforcement des soins palliatifs qu'une aide à mourir
46:24dans certaines conditions extrêmement encadrées par le législateur.
46:27Tout le monde ne connaît pas forcément le texte,
46:29il y aura un débat très important dans la nation.
46:31Et c'est normal, c'est une question extrêmement sensible.
46:33J'ai moi-même un peu évolué,
46:35je ne m'étais jamais exprimé publiquement sur cette question.
46:37Il se trouve que ma vie d'élu local,
46:39ma vie de fils qui accompagnait son père en fin de vie,
46:42fait que je pense qu'il faut avoir ce texte à la française.
46:46On n'est pas obligé de copier les législations autour de nous.
46:48Donc moi je suis favorable au texte tel qu'il a été défendu
46:50par M. Falorni et par des parlementaires.
46:52– Et c'est une bonne chose d'avoir scindé le texte en deux ?
46:54– Ça c'est au Premier ministre de décider.
46:56Moi je voterais, si j'étais parlementaire, je voterais les deux textes.
46:59– Sur les soins palliatifs et sur l'aide à mourir.
47:01– Oui parce que c'est très important d'avoir des soins palliatifs,
47:03il y a encore 30 départements qui n'en ont pas assez.
47:05Vous savez, je sais que les gens qui sont infirmiers, médecins,
47:08dans les services de soins palliatifs,
47:10c'est le cas, j'ai été les voir dans mon hôpital à Tourcoing,
47:13ils sont défavorables au texte.
47:14Parce qu'eux, ils accompagnent la vie et ils ne donnent pas la mort.
47:17Et moi je veux profondément les respecter.
47:19Je sais qu'une grande partie des familles religieuses
47:22sont défavorables au texte et je les respecte profondément.
47:25Il ne s'agit pas d'imposer, il faut bien qu'il y ait un débat très important
47:30parce que les questions sociétales sont très complexes
47:32et font naître des choses très intimes.
47:34Mais moi je suis, en mon âme et conscience, favorable au texte sur la fin de vie.
47:37– Pour terminer Gérald Darmanin, quelques questions politiques.
47:39Je voudrais qu'on dise un mot de la bataille qui va s'ouvrir
47:41dans votre ancienne famille.
47:43Vraisemblablement entre encore lui, votre collègue ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau
47:47et Laurent Wauquiez, une bataille pour diriger les Républicains.
47:50Est-ce que par solidarité gouvernementale,
47:51vous soutenez plutôt Bruno Retailleau face à Laurent Wauquiez ?
47:53– Vous savez, ils m'ont exclu et Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau des LR.
47:56Bon, maintenant on travaille ensemble, comme quoi la vie,
47:59il ne faut jamais avoir raison trop trop tôt.
48:01Mais c'est très bien que les LR deviennent une grande famille à partir du gouvernement,
48:05qui participent au gouvernement, qui voient que c'est difficile d'agir
48:08et qui reprennent du poil de la bête, comme on dit.
48:10Moi je le sous-entends très très bien,
48:11puis c'est très bien qu'il y ait une démocratie interne,
48:12c'est tout à fait normal qu'il y ait un combat interne.
48:14Après un parti politique c'est fait pour produire des idées,
48:17donc il faut que les partis politiques désormais produisent des idées,
48:19plus que choisir des personnes.
48:21Et puis enfin, moi je pense qu'il faudra que les LR quand même réfléchissent,
48:24que ce soit Laurent ou Bruno, peut-être à élargir un peu plus,
48:27parce qu'il y a un paradoxe incroyable, le pays n'a jamais été aussi à droite,
48:32ça c'est sûr, on le constate.
48:34Et en même temps, les LR représentent 5-6% de l'élection présidentielle.
48:38Même à l'Assemblée, ce n'est pas le groupe le plus important.
48:40Il y a donc quelque chose qui ne va pas.
48:41Donc moi je les encourage, pardon, que ce débat interne
48:44soit pas simplement le choix entre Bruno et Laurent,
48:47mais aussi le fait peut-être de s'ouvrir davantage,
48:50je veux dire que ce qu'a fait le président de la République n'était pas totalement mauvais,
48:52que ceux qui l'ont soutenu avaient peut-être en partie raison,
48:55et que désormais les intelligences artificielles,
48:57la façon de concevoir la société, la façon de concevoir l'économie,
49:01méritent un peu d'évolution.
49:02– Mais vous qui avez connu le ministère de l'Intérieur,
49:04est-ce que c'est possible de mener une campagne interne
49:06pour diriger une famille politique et dans le même temps,
49:08d'être ministre de l'Intérieur,
49:09réveillé à 4h du matin dès qu'il se passe quelque chose ?
49:12– Alors moi je pense que c'est possible,
49:13j'ai été 4 ans et demi mis à l'intérieur et on a pu faire les Jeux Olympiques,
49:17et j'étais un élu local extrêmement implanté dans ma commune à Tourcoing,
49:20j'y allais extrêmement souvent, j'ai été maire d'ailleurs en partie,
49:23pendant que j'étais ministre de l'Intérieur, j'ai su le faire.
49:25Donc c'est une question d'organisation personnelle,
49:28et puis après c'est un choix personnel des candidats,
49:30je n'ai aucune préférence pour l'un ou l'autre,
49:32je ne peux plus voter depuis que j'ai été exclu.
49:34– Vous pourriez toujours…
49:35– Il faudrait qu'ils me réécrivent, je reçois encore quelques mails,
49:38mais à mon avis le fichier ne doit pas être à jour.
49:39– Vous dites à nos confrères du Figaro, j'ai lu attentivement cette phrase,
49:42je n'attends plus les autres, j'ai décidé de réfléchir avec mes amis
49:45et de structurer quelque chose de fort.
49:47Bon ça là encore, si on essaie de traduire
49:50ce que veut parfois dire le langage politique elliptique,
49:52ça veut dire se préparer à être candidat à l'élection présidentielle.
49:55– Moi je ne suis pas elliptique, je suis assez clair,
49:57je pense que j'essaie d'être clair, voilà.
50:00– Je n'attends plus les autres.
50:01– Moi j'ai longtemps attendu des idées,
50:05des partis politiques qui produisent des idées.
50:08Je pense que c'est très important, après 7 ans, 8 ans, 9 ans demain,
50:12du président de la République qui a su bousculer le monde des idées
50:15et apporter des choses nouvelles,
50:16il faut désormais proposer aux Français des choses nouvelles,
50:19pas à tout renier du passé, mais des questions nouvelles se posent.
50:22La France dans 10 ans, arrêtez de dire qu'on fait campagne contre Marine Le Pen,
50:25ça c'est absurde parce que les gens ne votent plus pour ça,
50:27et ils ont raison d'ailleurs,
50:29mais quand on dit qu'il faut qu'il y ait plus d'autorité,
50:31il faut qu'il y ait plus de transmission à l'école,
50:33et puis il faut qu'il y ait davantage d'écoute sociale, c'est très bien,
50:36mais on n'a pas d'idées, on a dit des évidences, mais il faut des idées.
50:39Travailler plus pour gagner plus de Nicolas Sarkozy, ça c'est une idée,
50:42qui ensuite découle des heures supplémentaires défiscalisées,
50:45la loi qu'on avait appelée la loi TEPA, soutien de l'économie,
50:48pour ça il faut beaucoup travailler.
50:49Et donc moi j'ai cru, pendant un petit bout de temps,
50:53que les autres produiraient des idées.
50:55J'étais au gouvernement, j'étais ministre de l'Intérieur,
50:58je constate qu'il n'y a pas énormément d'idées mises sur la place publique.
51:01– Gabriel Attal vient d'être élu à la tête de Renaissance,
51:03votre parti, normalement c'est son travail.
51:06– Mais ça s'adresse à tout le monde,
51:08je souhaite que Gabriel puisse porter des idées,
51:11il fait des conventions bientôt, s'il m'invite j'y participerai,
51:14d'ailleurs je le vois mardi prochain,
51:16mais que ce soit Gabriel, que ce soit Édouard,
51:17que ce soient tous les impétrants,
51:20tous ceux qui comptent dans la vie politique,
51:21ils doivent produire des idées,
51:22mais c'est vrai au LR, c'est vrai au PS,
51:24personne ne produit vraiment d'idées,
51:25donc voilà, j'ai décidé d'éviter d'attendre les autres
51:28et effectivement d'essayer de réfléchir,
51:30et lorsque j'aurai des choses comme le droit du sol,
51:32que je pense importantes pour la nation, je les donnerai.
51:35– Et donc produire, réfléchir,
51:37et pourquoi pas alimenter un programme présidentiel dans deux ans ?
51:40– Ce qui est important c'est le projet, pour quoi faire ?
51:43Puis après il faudra peut-être qu'on réfléchisse
51:44à comment on sélectionne notre candidat,
51:46parce qu'il ne nous en faut qu'un seul,
51:47parce que sinon on va voir Mme Le Pen contre M. Mélenchon
51:49au second tour de l'élection présidentielle,
51:51et donc ce sera Mme Le Pen.
51:53Donc si on veut être au second tour de l'élection présidentielle,
51:55il faut des idées, c'est pour ça qu'on fait de la politique,
51:57puis après on verra qui portera,
51:59et peut-être un processus de sélection si personne ne s'est totalement dégagé.
52:04– Un processus de sélection, ça veut dire quoi ?
52:06Ça veut dire une primaire ? Elle a mauvaise presse, la primaire ?
52:09Vous vous dites, si personne ne se dégage, on aura de toute façon,
52:13vous n'aurez pas d'autre choix que d'organiser un processus de départage ?
52:16– Moi mon souhait c'est que quelqu'un se dégage,
52:18que nous ne perdons pas de temps,
52:21ayons un ou une chef, ayons un projet sur lequel on peut discuter.
52:25Manifestement on est quand même assez loin encore de l'Union,
52:27quand on voit les actions sur le droit du sol parfois d'excommunication,
52:32on se dit tiens, on n'est pas encore prêts à rassembler
52:3425% de Français aux élections au premier tour,
52:37c'est une maladie infantile qu'il faut qu'on corrige,
52:39mais oui si jamais personne ne se dégage,
52:41et encore une fois vous aurez compris que c'est ma volonté que quelqu'un se dégage,
52:44il faudra bien un processus de sélection,
52:45ou alors on sera plusieurs candidats et donc on ne sera pas au second tour,
52:50et on sera sans doute très content d'être soi-même, mais on sera tout seul,
52:53et les Français nous en voudront énormément, je pense, énormément,
52:57donc on est dans un même gouvernement, dans une même famille politique,
52:59on devra être capable de se poser, de se dire quel est le meilleur d'entre nous,
53:03et si ce n'est pas évident,
53:04il faudra peut-être faire un processus de sélection qu'on appelle la primaire.
53:07– C'est important ce que vous dites, une toute dernière question Gérald Darmanin,
53:10vous serez encore ministre à l'été ou pas ?
53:12– Ce n'est pas moi qui décide.
53:13– La semaine prochaine va s'ouvrir une nouvelle série de motions de censure
53:17sur le budget, une motion de censure dite spontanée,
53:21déposée par les socialistes sur la question de la submersion,
53:23du sentiment de submersion migratoire,
53:26il suffirait de pas grand-chose pour que le gouvernement tombe,
53:30que la crise politique recommence,
53:32est-ce que vous avez, non pas des certitudes,
53:34mais est-ce que vous pensez réussir à être encore au gouvernement dans les mois qui viennent ?
53:38– Il suffirait de presque rien comme disait Raed Jani,
53:40écoutez moi je pense que d'abord les forces politiques ont conscience,
53:44au fond d'eux, je l'espère en tout cas,
53:46que la responsabilité c'est qu'un pays comme la France doit avoir un gouvernement,
53:49un budget et un gouvernement,
53:50sinon c'est l'instabilité politique et donc l'instabilité pour les Français,
53:54et donc la voie de la France très attaquée,
53:56alors que M. Trump est très fort,
53:58alors que ce qui se passe en Ukraine demande la voie de la France,
54:00ce qui se passe au Proche-Orient demande la voie de la France,
54:03ce serait vraiment incompréhensible,
54:05donc ceux qui le feraient,
54:06ceux qui joueraient aux apprentis sorciers de la destruction,
54:09je pense qu'ils paieraient très cher cela,
54:10donc je ne crois pas qu'ils le feront.
54:13Après moi j'étais 7 ans et demi ministre,
54:163 ans au compte public où on a baissé le déficit et la dette,
54:19et 4 ans et demi à l'intérieur,
54:20j'avais prévu de ne pas redevenir ministre,
54:22je l'ai fait parce que M. Barnier est tombé,
54:25que le Président de la République et le Premier ministre m'ont proposé…
54:27– Parce que vous aviez envie aussi.
54:28– Non, m'ont proposé le ministre de la Justice, je ne voyais pas refuser,
54:30après avoir dit tant à l'intérieur qu'il y avait beaucoup de choses qui jouaient ici,
54:33j'aurais été un petit peu hypocrite de ne pas venir,
54:35mais je ne souhaite pas être un ministre absolument,
54:38moi je souhaite être ministre pour que mon pays obtienne la stabilité,
54:41après les Français doivent le comprendre et ils le savent très bien,
54:44que viendra le moment, et ce moment n'est pas si longtemps que ça,
54:48un an et demi, dans un an et demi il y aura une campagne présidentielle,
54:50il y aura un moment où les grandes options sont tranchées,
54:53soyons tous assez intelligents pour ne pas prendre les Français en otage
54:56et dire ce moment de clarification viendra,
54:59après si le Parlement, les forces extrêmes ont décidé
55:03de jouer à la destruction de la France,
55:05on n'y peut pas grand chose et on le subira,
55:08mais moi je suis stoïcien et j'essaie de regarder ce que je peux maîtriser,
55:11ce que je peux maîtriser c'est que même trois mois ici,
55:13même si je reste trois mois ici, j'aurais fait la prison de haute sécurité,
55:16j'aurais fait ce que personne n'a fait en 50 ans,
55:18et je pense que j'aurais en partie protégé une partie des Français,
55:21je pense que ce ne sera pas si mal.
55:22– Merci Gérald Darmanin d'avoir été l'invité de C'est pas tous les jours dimanche.
55:25– Merci à vous.