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00:006h-9h, Europe 1 Matin. 7h12 sur Europe 1, Thomas Chenel, vous recevez ce matin le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville.
00:07Bonjour François-Xavier Bieuville, bienvenue sur Europe 1, merci d'être avec nous 13 jours après le passage du cyclone Chido.
00:15Rappelons le bilan provisoire, 39 morts, 4000 blessés, les habitants de l'archipel manquent encore de tout.
00:22À quoi ressemble le quotidien des habitants de l'île depuis 13 jours, François-Xavier Bieuville ?
00:28C'est un quotidien qui est extrêmement difficile.
00:31Évidemment toutes mes pensées vont vers chacune et chacun à Mayotte parce que nous avons encore des problèmes d'électricité,
00:38nous avons des problèmes d'alimentation en eau, nous avons des problèmes d'acheminement de denrées alimentaires.
00:45Moi ma fonction depuis la fin de ce cyclone, elle repose sur trois piliers, trois piliers essentiels.
00:53Le premier des piliers c'est protéger et secourir, apporter une protection à la fois de police et de gendarmerie dans les zones où nous avons des risques.
01:02En réalité nous avons eu assez peu de troubles à l'ordre public de grande ampleur.
01:08Secourir c'est apporter évidemment des secours aux personnes qui en ont le plus besoin.
01:13Un hôpital de campagne a été dressé à Mamoudzou, la ville chef lieu, nous avons trois dispensaires qui sont réarmés.
01:20François-Xavier Vieuville, l'hôpital.
01:22Nous avons apporté du secours et du soutien à cette population qui a été gravement touchée.
01:27L'hôpital est-il opérationnel François-Xavier Vieuville ?
01:29Ensuite une chaîne logistique et un pont aérien a été mis en place depuis samedi qui nous permet d'alimenter en denrées et en eau les communes qui sont les plus éloignées et les plus en difficulté.
01:39Et puis enfin nous travaillons d'arrache-pied, c'est notre principale question d'urgence que nous essayons de régler.
01:47C'est rétablir l'électricité, rétablir l'eau courante et rétablir la téléphonie pour que chacun puisse avoir des conditions de vie qui soient de plus en plus normales.
01:57Nous avançons bien depuis quelques jours maintenant, il reste encore énormément de choses à faire.
02:04Certaines communes sont désormais plus en situation d'aller vers la normale, d'autres sont encore éloignées de tout cela.
02:14Et nous continuons à travailler pour obtenir des résultats dans les prochains jours, prochaines semaines.
02:18François-Xavier Vieuville, l'hôpital est-il opérationnel ?
02:21Alors nous avons deux hôpitaux qui sont opérationnels, je me suis efforcé dès les premières heures après le cyclone d'aller au contact de l'hôpital pour voir son état de marche.
02:33J'ai demandé à la sécurité civile de poser des bâches sur les toits pour renforcer la capacité opérationnelle de l'hôpital.
02:41Nous avons aujourd'hui un hôpital qui a retrouvé des fonctionnalités qu'il n'avait plus juste après le cyclone.
02:47Ces fonctionnalités étaient après le cyclone de 25%, nous avons considérablement augmenté cette capacité de fonctionnement de l'hôpital.
02:54Et puis deuxièmement, c'est arrivé depuis maintenant deux jours de l'hôpital de campagne qui a été installé à Cavani,
03:01qui a permis de prendre en charge pratiquement 200 personnes par jour sur des problèmes de blessures,
03:08sur des problèmes de prise en charge de personnes qui ont été affectées par le cyclone.
03:12Cela nous permet d'avoir une offre de soins, certes en mode dégradé,
03:16mais qui permet de répondre aux besoins de la population et qui permet de répondre aux chiffres que vous avez identifié d'un nombre de blessés importants.
03:23Des bâches sur les toits, la France parmi les premières puissances mondiales en est réduit à ça ?
03:28De mettre des bâches sur les toits d'un hôpital du territoire français ?
03:32Il faut réaliser que nous avons eu ici à Mayotte un événement historique.
03:39Mayotte connaît deux dates dans son histoire, 1934 et 1984.
03:46Ce sont les deux derniers cyclones que nous avons connus ici à Mayotte,
03:49avec des vents qui ont soufflé parfois à 230 km à l'heure sur certaines zones.
03:54Si vous pouviez voir l'état de Mayotte aujourd'hui, vous comprendriez que 90% de l'infrastructure publique et privée a été touchée, parfois détruite.
04:04Et oui, effectivement, l'hôpital, comme toutes les autres infrastructures, a été durement touché.
04:12Le préservé, en tout cas en mode provisoire, c'est de mettre des bâches pour permettre à l'ensemble des soignants que je salue.
04:20Parce qu'il y a eu un courage de la part des soignants qui a été absolument extraordinaire juste après l'événement.
04:26Ils ont gardé leur poste, ils ont continué à fonctionner, ils ont continué à recevoir du monde.
04:32Les urgences n'ont jamais cessé de fonctionner dans un mode totalement dégradé avec des locaux qui étaient extrêmement difficiles.
04:39Eh bien, le fait de pouvoir mettre des bâches permet de protéger de façon provisoire et permet de cet hôpital de continuer de fonctionner dans de bonnes conditions.
04:47Donc oui, la situation c'est celle-là et c'est ce mode dégradé qui permet de fonctionner dans de bonnes conditions.
04:52François-Xavier Bieuville, la visite de François Bayrou dimanche fait-elle l'unanimité parmi la population ?
04:57Nous avons suivi sur Europe 1 le déplacement d'Emmanuel Macron qui avait été quelque peu chahuté.
05:02Faut-il s'attendre aux mêmes images avec le Premier ministre ?
05:06Ecoutez, ça n'est pas au préfet de Mayotte de s'exprimer sur le déplacement du Président de la République ou du Premier ministre.
05:13Nous avons un Président de la République et un chef du gouvernement.
05:16Ça venu à Mayotte est totalement légitime.
05:18Oui, mais vous ressentez la colère de la population qui avait pu s'exprimer contre Emmanuel Macron ? Est-ce qu'elle est encore palpable aujourd'hui ?
05:27Je ne vais pas m'exprimer sur une colère à la suite d'un déplacement quelconque.
05:32Ce que je dis simplement, c'est que vous avez eu un événement historique qui a créé dans la population mahoraise plusieurs sentiments.
05:41Ces sentiments, c'est d'abord la peur.
05:43Vous avez des gens qui ont vécu pendant plusieurs heures un événement d'une extrême violence.
05:49Extrême violence, je l'ai moi-même vécu, j'ai envie de vous dire personnellement, d'une extrême violence.
05:54Et je peux comprendre que dans une population, cette extrême violence peut conduire à un sentiment de peur.
06:01Ensuite, vous avez un autre sentiment qui survient juste après, c'est celui de la tristesse.
06:06La tristesse de voir un territoire saccagé.
06:09La tristesse de voir sa maison éventrée.
06:12La tristesse de voir une école qui a été touchée.
06:15La tristesse de voir la beauté de ce territoire qui a été dévasté, notamment sur le plan naturel.
06:20Et enfin, vous avez effectivement un sentiment qui peut être celui de la colère.
06:25De la colère face à l'événement lui-même.
06:28Face à la réaction de chacun face à la peur et la tristesse.
06:32Je ne crois pas qu'il faille se poser d'autres questions que celle-là.
06:36C'est la sidération d'un territoire.
06:39Et ensuite, je pense que cette population est en attente.
06:44Nous essayons d'y répondre.
06:46Encore une fois, avec un territoire qui a été touché à 90% tant dans ses infrastructures privées que publiques.
06:52Et donc c'est cette population qu'il faut désormais protéger et secourir.
06:56C'est la seule mission du préfet de Mayotte.
06:58Il n'a que celle-là en tête.
07:00Protéger, secourir, alimenter, apporter de l'eau, rétablir les fonctions vitales.
07:05Je ne ferai aucun autre commentaire sur les questions qui sont les vôtres.
07:08Bien sûr Mayotte, territoire convoité malgré les dévastations.
07:15Est-ce que ça reste un Eldorado ?
07:17Est-ce que le flux migratoire illégal s'est-il tari depuis le passage du cyclone, depuis l'écomort ?
07:25Écoutez, la fonction de lutte contre les migrations illégales a été maintenue.
07:31Dans un premier temps en mode évidemment très dégradé.
07:34Nous avons depuis quelques jours repris la main sur le sujet.
07:37Avec l'installation de radars, avec l'installation de drones.
07:43Avec des intercepteurs qui continuent à fonctionner et qui permettent de surveiller notre frontière territoriale.
07:49Donc la fonction lutte contre les migrations clandestines n'a pas cessé.
07:53Elle a sans doute été dégradée pendant quelques jours.
07:56Mais elle a repris depuis maintenant plus d'une semaine dans des conditions qui sont opérationnelles.
08:01Et qui permettent de répondre aux besoins de protection du territoire.
08:04Là encore, le préfet de Mayotte, sa mission c'est de protéger et secourir.
08:08Dans cette protection, il y a aussi la protection du territoire maritime, de nos frontières.
08:13Et cette mission est aujourd'hui remise en oeuvre pour assurer cette mission de lutte contre l'immigration clandestine.
08:20Évidemment, ça fait partie de mes missions prioritaires.
08:23François-Xavier Bieuville, on annonce des alertes aux pluies, aux orages de nouveau sur Mayotte.
08:28Est-ce que cela peut dégrader encore le temps de reconstruction ?
08:34Je pense notamment aux écoles qui doivent préparer la rentrée à partir de janvier.
08:39Effectivement, nous sommes dans une période de l'année qui est bien connue des Mahorais.
08:45Et bien connue, j'allais dire, de l'environnement géographique.
08:49Nous sommes en période de Cache-Casie.
08:51Le Cache-Casie, c'est une forme de mousson.
08:54C'est à la fois la nécessité pour Mayotte qui n'a pas de ressources en eau.
08:59Et par conséquent, cette saison des pluies est importante.
09:01Parce qu'elle permet de remplir les réservoirs.
09:04Elle permet de remplir les nappes.
09:06Et donc, elle est effectivement très importante puisque la saison sèche commence à partir de mai-juin.
09:12Et pour qu'une saison sèche soit supportée par les Mahorais,
09:15nous devons avoir des ressources en eau qui soient alimentées durant cette période de mousson.
09:19Et dans le même temps, vous le soulignez, cette période arrive à la suite d'un événement
09:24où beaucoup de nos Mahorais vivent dans la précarité.
09:27Beaucoup de nos concitoyens rencontrent la difficulté d'une absence de toit.
09:31Et donc, c'est deux éléments qu'il faut conjuguer.
09:34A la fois, le besoin d'une ressource en eau qui arrive durant cette période.
09:37Parce que c'est la saison naturelle durant laquelle cette eau arrive.
09:40Et puis en même temps, le fait d'apporter du réconfort, de la protection et des bâches
09:45qui vont permettre de façon provisoire de protéger les Mahorais contre cet événement climatique.
09:50Merci beaucoup François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, d'être venu sur Europe.
09:55Bon courage face à la tâche titanesque qui vous attend encore pour reconstruire l'archipel.
10:01Deux semaines maintenant, treize jours après le passage du cyclone Chido.
10:05Bon courage François-Xavier Bieuville et bon courage à tous les habitants de l'archipel.