Un soldat nord-coréen capturé par les forces ukrainiennes est mort des suites de ses blessures, a annoncé l'agence de renseignement sud-coréenne. Pour en parler, Guillaume Ancel, ancien officier de l'Armée française est l'invité de RTL Soir avec notre correspondant, Stéphane Siohan.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 27 décembre 2024.
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00:00Il est 18h40, bonsoir Guillaume Ancel.
00:05Vous êtes ancien officier spécialiste des questions militaires.
00:08Votre dernier livre Saint-Cyr à l'école de la grande muette est paru aux éditions Flammarion.
00:12Et je renvoie bien entendu à votre blog Ne pas subir.
00:15Avec nous aussi Stéphane Chion, correspondant d'RTL en Ukraine.
00:18Bonsoir Stéphane, merci d'être avec nous.
00:20Stéphane, c'est une première. Un soldat nord-coréen a donc été fait prisonnier par les forces ukrainiennes.
00:25Mais il est décédé des suites de ses blessures.
00:28Que savons-nous de la présence des nord-coréens dans le conflit ukrainien ?
00:32Et oui, en effet, c'est une première.
00:36Les autorités ukrainiennes ont annoncé hier avoir fait prisonnier un premier soldat nord-coréen
00:41dans la région de Koursk, en Russie.
00:43Et ce sont ensuite les services de renseignement sud-coréens
00:46qui ont révélé que ce premier prisonnier était décédé quelques heures plus tard.
00:50Pendant tout l'automne, il y a eu beaucoup de spéculations
00:54sur la présence nord-coréenne aux côtés de l'armée russe.
00:56Désormais, on en sait beaucoup plus car les premières unités ont été engagées au combat.
01:00Le Pentagone a parlé de 10 000 soldats cet automne.
01:04Forcément, c'est difficile à vérifier sur le terrain.
01:06Mais désormais, on a les premières traces de documentation, photos et vidéos de ces soldats.
01:10Guillaume Ancel, de quel genre de soldats parlent-on ?
01:14Est-ce qu'ils sont bien formés, aguerrés au combat ?
01:17Est-ce qu'ils utilisent des armes modernes ?
01:19En fait, on est assez surpris.
01:21D'abord, on imaginait que ce ne serait pas un game changer.
01:23Ce n'est pas l'arrivée de 10 000 soldats nord-coréens qui va changer la face du front.
01:27Il ne va pas bousculer la guerre d'Ukraine ?
01:29Il faut se rappeler qu'il y a 100 000 soldats russes engagés sur le front en Ukraine.
01:33Malgré tout, ça reste une petite fraction.
01:36Ce qui était très important pour les Russes, c'est que c'était des soldats qui étaient réputés être bien formés,
01:42être relativement bien commandés, même si les Russes ne peuvent pas les commander directement.
01:47Pourquoi ? Pour un défaut de langue et surtout de culture.
01:50Forcément, ils ne font pas les choses de la même manière.
01:52Et puis la troisième chose, on pensait qu'ils étaient bien équipés et bien approvisionnés en munitions.
01:57Ce qui apparaît tout de suite, c'est qu'ils n'ont aucune expérience du combat moderne
02:02puisque depuis la fin de la guerre de Corée, ou plutôt le cessez-le-feu en 1952,
02:08il y a donc 75 ans, ils ne se sont jamais battus.
02:11Et là, on les voit sur des images assez effrayantes, terrorisées par notamment les drones
02:18qui rôdent partout sur le champ de bataille en Ukraine et auxquels ils n'étaient manifestement pas préparés.
02:23Vous êtes en train de nous dire qu'ils sont entrés dans une guerre moderne dont ils n'avaient absolument aucune idée ?
02:27Aucune idée et aucune expérience. C'est ça le plus grave.
02:30C'est-à-dire qu'on voit bien quand nous-mêmes nous formons des soldats ukrainiens
02:34qu'il est extrêmement important de les situer dans le contexte de la guerre en Ukraine
02:38et pas dans celui d'une guerre théorique comme celle où s'entraînent les Nord-Coréens.
02:43Et surtout, ce qui est effrayant, c'est que manifestement les Russes utilisent ces soldats nord-coréens comme de la chair à canon.
02:49C'est-à-dire qu'ils les poussent en avant en première ligne pour obliger les Ukrainiens à montrer où ils sont.
02:54C'est la quatrième armée du monde, plus grande armée du monde.
02:58Ça veut dire qu'ils vont pouvoir continuer à fournir comme ça ?
03:02Alors malheureusement...
03:04Quelle est la nature de l'échange d'une quelconque façon ?
03:06Les Nord-Coréens ont de quoi fournir des dizaines de milliers d'hommes aux Russes
03:11parce qu'ils ne manquent pas de bras.
03:13On voit bien que pour les Russes, ce qui est important, c'est d'essayer de limiter la pression sur leur propre population.
03:19Ils ont beaucoup recruté de mercenaires ces derniers mois en Afrique, en Asie.
03:24Mais l'échange est probablement avec le dictateur de la Corée du Nord, Kim Jong-un,
03:29contre des technologies militaires qui manquent aux Nord-Coréens.
03:34Et notamment, les Nord-Coréens voudraient construire un sous-marin nucléaire lanceur d'engin.
03:40Et donc c'est sans doute ça que leur fournissent les Russes en échange de ces milliers d'hommes
03:44qui n'ont bien sûr pas leur mot à dire, si ce n'est de se faire tuer sur un théâtre d'opération qu'ils ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam.
03:51Ils se battent en Russie ou en Ukraine ?
03:53Alors pour l'instant, on est sûr qu'ils se battent en Russie, dans la région de Kursk,
03:57où les Ukrainiens ont pris un territoire d'à peu près 1000 km² au mois d'août,
04:01qui aujourd'hui est quand même réduit une moitié, qui est de l'ordre de 500.
04:04Il y a des combats très durs. Pourquoi ?
04:06Parce que Poutine sait que la négociation, bien sûr, avec le président Trump a déjà commencé.
04:12Et que le 20 janvier, quand Trump arrivera, Trump voudrait imposer un cessez-le-feu.
04:16Il ne veut pas avoir un kyste ukrainien au sein du territoire russe.
04:21Donc il fait tout pour reprendre ce territoire le plus vite possible, au prix de pertes effrayantes.
04:26Alors mercredi, au Kazakhstan, un avion de ligne s'est écrasé, faisant 38 morts.
04:30L'Ukraine accuse la défense antiaérienne russe.
04:34La Russie accuse l'Ukraine et ses drones.
04:36Qu'y faut-il croire, Guillaume Mansell, et comment percevoir cette situation ?
04:42Alors surtout face à une Russie qui ne craint pas un mensonge ou les vérités alternatives,
04:46il faut en rester au fait.
04:48L'avion a été touché par une charge militaire, probablement un missile antiaérien,
04:53mais peut-être un missile RR.
04:55En tout cas, il a des impacts multiples sur la dérive arrière et sur la carlingue.
04:59Donc il a été endommagé largement par un système.
05:03Ce dont on est sûr, c'est qu'il n'a pas été autorisé à atterrir sur des aérodromes proches
05:07et qu'on l'a obligé à traverser la mer Caspienne.
05:10Et que là, au moment de l'atterrissage, l'avion était tellement abîmé
05:13que malheureusement la moitié des voyageurs sont morts.
05:16Évidemment, c'est une erreur de la défense antiaérienne russe.
05:19C'est probablement un moment où ils craignaient l'arrivée de drones ukrainiens.
05:23Mais le fait qu'ils ne fassent pas la différence entre un drone ukrainien et un avion civil est grave.
05:27D'autant que, dans ces moments-là, on interdit la circulation civile.
05:31Stéphane Cioran, quelle a été la réaction notamment du président ukrainien ?
05:34Je crois qu'il a pris la parole.
05:36Alors le président ukrainien ne s'est pas directement exprimé sur cette situation.
05:41Mais par contre, la presse ukrainienne en parle beaucoup.
05:44Parce que ce qu'il faut savoir, c'est que ça fait des semaines, voire des mois,
05:47que l'armée ukrainienne envoie des drones d'attaque sur le territoire de la Fédération de Russie.
05:52Et ce qui est assez hallucinant, vu de Kiev,
05:55c'est que le trafic international civil continue en Russie.
05:59Alors qu'on se souvient qu'après le 24 février 2022,
06:02tous les avions ont arrêté de survoler l'Ukraine.
06:05Il n'y a pas un avion civil qui a atterri en Ukraine depuis bientôt trois ans.
06:11Or, les Ukrainiens mènent la guerre maintenant sur le territoire de la Fédération de Russie.
06:16Et ce qu'il faut savoir, c'est que la ville de Grozny, la capitale tchétchène,
06:20là où devait se rendre cet avion azerbaïdjanais,
06:23est visée régulièrement par des drones de combat ukrainiens.
06:27Donc il va y avoir un véritable dilemme pour Moscou dans les jours à venir,
06:31voire même les heures à venir.
06:33Peut-être poindre le spectre de l'arrêt du trafic aérien international,
06:37parce que plusieurs pays sont déjà en train de faire pression sur le Kremlin
06:40pour arrêter d'utiliser la défense antiaérienne sur le territoire de la Fédération de Russie.
06:45Et puis, si jamais les Russes arrêtaient de tirer des missiles antiaériens sur des drones ukrainiens,
06:49ça veut dire laisser la porte grande ouverte aux drones ukrainiens sur les installations stratégiques russes.
06:54Alors, vous y avez fait allusion il y a quelques instants, Guillaume Ancel,
06:57mais est-ce que l'accession du président Trump à la présidence des Etats-Unis va-t-elle changer quoi que ce soit ?
07:03Et est-ce qu'on sait ce qu'il a vraiment en tête ?
07:05Oui, probablement qu'il va arrêter la guerre en Ukraine et la guerre au Proche-Orient
07:10autour de son investiture, puisqu'il a déjà commencé, son équipe,
07:14à négocier avec celle du président russe, Vladimir Poutine,
07:18pour esquisser un accord de cessez-le-feu qui ressemble étrangement à celui de la Corée du Sud,
07:23c'est-à-dire qui consiste non pas à chercher un accord de paix, mais à figer les combats.
07:27Donc, l'idée de Trump, c'est que la guerre est mauvaise pour le business,
07:31et donc, il faut stopper la guerre, quel qu'en soit le prix.
07:34Et il est prêt à faire payer un prix fort, notamment à l'Ukraine, parce que si on fige...
07:38Mais là, vous venez de citer trois terrains, c'est-à-dire qu'il entend pouvoir intervenir à chaque fois ?
07:42Ah oui, et il en a les moyens, parce qu'en fait, aussi bien en Ukraine qu'au Proche-Orient,
07:46les dirigeants sont totalement dépendants de l'aide militaire américaine.
07:50Netanyahou ne tire que des munitions américaines depuis plus d'un an,
07:54et en Ukraine, l'essentiel de l'aide militaire est américaine.
07:57Ce qui veut dire que si Trump dit, de toute façon, je stoppe, les autres sont obligés de stopper.
08:02Ce qui ouvre d'ailleurs un trou gigantesque sur ce qui s'est passé au Proche-Orient,
08:08puisqu'on se souvient que le président Biden était opposé au carnage sur la bande de Gaza,
08:13mais c'est lui qui fournissait les munitions.
08:15Alors que Trump, lui, veut stopper la guerre, mais par contre, il sait qu'il a un robinet très simple à actionner,
08:21c'est celui de fournir les armes aux Ukrainiens et au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
08:27Merci beaucoup Guillaume Ancel, ancien officier, je rappelle, votre blog « Ne pas subir »
08:31et merci à notre correspondant en Ukraine, Stéphane Cioran, qui était avec nous.
08:35Nous vous en parlions il y a un instant, à 78 ans, Donald Trump s'apprête à faire son grand retour à la Maison Blanche,
08:40mais qui est vraiment le Trump d'avant la politique ? La réponse dans un instant.
08:45Pour tout comprendre de l'actualité.