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00:00On est ensemble jusqu'à 21h. Autour de la table, Philippe Guibert, Georges Fenech. Rebonsoir messieurs.
00:08Alors Mayotte évidemment, qui occupera une large partie de ce reste d'émission, parce qu'il y a encore plein de choses à dire sur Mayotte.
00:16Déjà, très concrètement, on a évoqué cette visite ministérielle. Georges Fenech, Philippe Guibert, à quoi vont-ils servir ces 5 ministres ?
00:25François Bayrou, Manuel Valls, Elisabeth Borne, Manuel Valls aux Outre-mer, Elisabeth Borne à l'éducation nationale.
00:32À quoi ça sert très concrètement, à part, je vais le dire de manière un peu triviale, à faire bien sur la photo ?
00:39À quoi sert un ministre ? Tout simplement, la question que vous posez. À quoi sert un ministre ?
00:46L'une de ses missions essentielles, de ses devoirs essentiels, c'est d'être au plus proche des citoyens.
00:54Et surtout lorsqu'ils en ont le plus besoin. Donc sur le plan du symbole politique, je suis à vos côtés.
01:00Donc je vais vous écouter, vous entendre, pas distribuer comme ça des bons points de l'argent ou des bonnes paroles.
01:07Il a besoin de voir, c'est très important de voir et d'entendre.
01:12Personne ne peut reprocher à François Bayrou d'aller maintenant à Mayotte, accompagné de quelques ministres essentiels.
01:20Donc ça, c'est une réalité. Ne disons pas, il y va pour la photo, mais non, il y va parce que c'est sa place.
01:26Ensuite, il est évident que les Mahorais sont en droit d'attendre, pas immédiatement, l'urgence doit être traitée bien sûr,
01:34mais ils sont en droit d'attendre dans les prochains temps, le plus rapidement possible,
01:38quel va être le plan, la programmation pour la reconstruction de Mayotte, mais pas uniquement la reconstruction de Mayotte.
01:45Ce qu'a évoqué Philippe Ouvert, des problèmes récurrents.
01:48Ça fait 15 jours, il n'y a pas de bilan concret, on peine à compter les morts.
01:53On est dans l'urgence.
01:55L'aide, beaucoup de gens n'ont rien vu, on a donné, je sais, des sacs de farine à certains Mahorais.
02:01C'est terrible.
02:02Pardon, que vont-ils faire avec des sacs de farine ? Peut-être des gâteaux yaourt ? Je ne sais pas.
02:06Ils ne peuvent pas manger.
02:09Très bien, mais est-ce que cette aide, déjà, ne tarte pas à arriver ?
02:14Et surtout, n'est-elle pas un peu déconnectée de la réalité du terrain mahorais ?
02:18Non, je ne crois pas du tout.
02:20Que ce soit difficile d'amener de l'aide à Mayotte, c'est sans doute plus difficile que dans d'autres territoires,
02:27parce qu'il faut des relais, notamment avec la Réunion.
02:31Mais je ne crois pas que ce soit déconnecté.
02:33Le problème est sans doute la quantité de l'aide.
02:36Bruno Retailleux vient de l'annoncer, Philippe Guybert.
02:39918 pompiers, aujourd'hui, et personnels de la sécurité civile, mobilisés sur plusieurs fronts pour venir en aide aux Mahorais.
02:47Et donc, des flux de marchandises. Ils assurent la distribution de 20 tonnes de nourriture, 100 000 litres d'eau, 685 000 litres depuis le 19 décembre.
02:57Très bien, mais certains habitants, Philippe Guybert, dans les zones un peu enclavées de l'île, n'ont toujours pas vu la couleur de cette eau.
03:03Mais disons la réalité. Je crois que l'État, le fait que ce soit un département français, là-dessus, Emmanuel Macron avait tout de même raison.
03:12Même s'il l'a dit de façon très maladroite.
03:14Il avait raison de souligner que les moyens de l'État français sont supérieurs à ceux d'autres administrations voisines.
03:22Et c'est une... Parce que si Mayotte était comme Orienne, je ne sais pas dans quel État serait Mayotte aujourd'hui.
03:28Et qu'il n'y aurait pas de médias pour donner la parole aux Mahorais, pour qu'ils disent qu'on a besoin de ça et de ceci.
03:36Et c'est tout à fait légitime qu'ils le disent.
03:39Donc je pense que l'administration française, tout de même, a pour les habitants de cette île un immense avantage.
03:45Mais c'est vrai que c'est plus lent qu'à d'autres endroits du territoire français.
03:50Ne nous racontons pas d'histoire.
03:52Je voudrais ajouter un point.
03:53Georges a dit qu'un ministre ça doit d'abord écouter les citoyens, les administrés.
03:59Et c'est tout à fait exact.
04:01Je dirais qu'il y a une deuxième mission essentielle d'un ministre élémentaire,
04:05qui est d'être le chef de son administration.
04:07Et donc quand Mme Borne va à Mayotte,
04:10elle va parler bien sûr à l'ensemble des Mahorais et notamment à ceux qui ont des enfants qui vont à l'école.
04:15Mais elle va pouvoir parler aux enseignants, elle va pouvoir parler au directeur d'école, de collège, de lycée.
04:21Justement, pour pouvoir mieux évaluer les besoins de reconstruction.
04:26Parce qu'encore une fois, on attend de cette visite gouvernementale l'accélération des aides d'urgence.
04:33Et un premier dessin, un schéma de reconstruction, on ne va pas leur demander de...
04:39Une ébauche.
04:40Une ébauche de plan de reconstruction.
04:42Et pour cela, ils ont besoin d'être sur place, ils ont besoin de discuter avec les agents de leur administration,
04:47je pense notamment à l'école, pour pouvoir mettre en place très rapidement cette reconstruction.
04:53Que des promesses, Philippe Guybert ?
04:54Non, ce n'est pas des promesses, celle-là c'est du vrai travail.
04:56Du concret.
04:57Non, non, c'est du vrai travail.
04:58Quand vous évaluez les besoins de reconstruction, ce n'est pas des promesses,
05:01c'est que vous évaluez les budgets.
05:03Et on vous projette.
05:04Je ne parlais pas...
05:06Jean Fenech.
05:07Quand on évoque la reconstruction, moi je serais Mahorais,
05:10j'exigerais vraiment de mon pays qu'on ne retrouve pas,
05:15parce que des cyclones, il y en aura d'autres, malheureusement.
05:18On a reconstruit la Guadeloupe, on a reconstruit Saint-Martin après le cyclone Hugo, etc.
05:23Il faut reconstruire dans des normes anticycloniques,
05:28donc on ne veut plus voir...
05:30Oui, mais les bangas, les bidonvilles de Mamoudzou,
05:33s'appairer comment voulez-vous.
05:35Ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais il faut y aller progressivement.
05:38Et puis cette question d'approvisionnement en eau existait avant le cyclone,
05:43c'est aggravé maintenant et ça continuera.
05:45Donc ce qu'il faut, c'est peut-être construire une deuxième usine de dessalinement des eaux,
05:50puisqu'il y en a une déjà,
05:52il faut faire des forages,
05:53il faut faire en sorte que cette île soit autosuffisante en eau.
05:58On ne peut pas laisser une île comme ça à la merci des pluies.
06:01Non, parce qu'en fait, vous savez Georges Fenech, pardon de vous couper,
06:03que ce qui se passe, le réseau d'eau déjà de base est extrêmement vétuste à Mayotte,
06:07et en plus, certains petits malins,
06:10notamment autour des Bangas,
06:12s'amusent à percer les tuyaux,
06:15avec des outils,
06:18pour tout simplement pomper l'eau et assécher,
06:22sans le faire exprès,
06:24ils achètent le réseau.
06:26Troisième, et j'en termine par là,
06:28exigence pour les Mahorais, mais ça fait un moment qu'ils l'en réclament,
06:31qu'il y ait une sécurité au niveau de la crise migratoire.
06:34Il faut véritablement qu'il y ait un accord précis, net,
06:38et ferme avec les Comores,
06:40et qu'il n'y ait plus ces migrations,
06:43qui rendent la vie totalement impossible sur l'île.
06:47Mais là, on est dans un véritable imbroglio,
06:49Georges Fenech, et effectivement Philippe Thivère,
06:52parce que les Comores,
06:55pour notamment le président Azali,
06:57Mayotte appartient aux Comores.
06:59Oui, ils n'ont jamais reconnu la décision des années 70.
07:02Donc on est dans un véritable imbroglio diplomatique avec Mayotte.
07:06Elle est partie de l'archipel des Comores,
07:08et a décidé de rester française,
07:10et même au regard du droit international,
07:12les Comores ont hélas raison,
07:15du point de vue strict du droit international,
07:17puisque une île dans un archipel
07:20ne peut pas être détachée, normalement,
07:22au regard du droit international,
07:24dans un processus de décolonisation.
07:26Bref, il y a un conflit...
07:27Que les Comores refusent qu'il y ait de l'aide à Mayotte dans ces cas-là ?
07:30Pardon, c'est terrible ce que je dis,
07:32et pardonnez-moi, c'est volontairement provoquant,
07:34mais le RSA à Mayotte est versé par la France,
07:37les mairies sont administrées par la France,
07:40c'est un territoire français, et on doit le revendiquer.
07:43C'est-à-dire qu'il y a deux sujets par rapport au sujet migratoire
07:46qu'a évoqué Georges à juste titre.
07:48Il y a à la fois la capacité à trouver un accord
07:52avec les autorités des Comores,
07:55mais il y a aussi un autre problème,
07:57qui est que le RSA, comme vous le dites,
07:59est par définition supérieur
08:03à la plupart des revenus dont peuvent disposer les habitants des autres...
08:0684% de la population vit sous le seuil de pauvreté à Mayotte.
08:09Voilà, c'est ça, et encore plus de ceux qui habitent dans les Comores,
08:12dans les autres îles des Comores,
08:14d'où le fait que Mayotte est assez attractif
08:18pour des migrants.
08:20Et donc il y a ce double problème,
08:22qui est que c'est un département français
08:24qui a des avantages pour les habitants,
08:26on vient d'en parler, mais c'est aussi un inconvénient
08:29que l'île est extrêmement attractive
08:31aussi pour les migrants.
08:33Et la difficulté aussi,
08:35c'est qu'il faut créer
08:37de l'activité qui n'existe pas,
08:40à part le tourisme, mais encore quel tourisme,
08:42d'un mesure où il n'y a pas d'infrastructure...
08:4440 000 touristes par an, ce qui est ridicule,
08:46à côté de la Réunion, c'est 11 fois plus.
08:48Il n'y a pas d'infrastructure hospitalière,
08:50et puis les conditions d'insécurité
08:52font qu'évidemment...
08:54Et on recherchait jusqu'à une période récente
08:561000 fonctionnaires à Mayotte,
08:58malgré la surémunération de 35%,
09:01personne ne veut venir là-bas,
09:03c'est un territoire qui est en train de s'effondrer économiquement.
09:07Il faut que l'État français encourage
09:09une délocalisation,
09:11un commencement d'industrie, d'artisanat...
09:13Peut-être une carotte, pardon pour le thème,
09:15pour les fonctionnaires qui accepteraient
09:17d'aller justement à Mayotte,
09:19exercer...
09:21Elle existe forcément déjà...
09:23Avec les 35% de surémunération
09:25juste à côté à la Réunion,
09:27c'est quasiment 55% de surémunération
09:29donc la situation est bien plus acceptable.
09:31On pourrait quand même faire plus d'efforts.
09:33Oui, on pourrait faire plus d'efforts,
09:35on peut toujours faire plus d'efforts, bien sûr.
09:37Mais à mon avis,
09:39ce problème de rémunération n'explique pas
09:41la difficulté à trouver des fonctionnaires
09:43qui veuillent être allés à Mayotte,
09:45et que les conditions notamment
09:47de sécurité sur l'île
09:49doivent faire partie des freins
09:51à l'arrivée de nouveaux fonctionnaires.
09:53Et vous avez raison, parce que
09:55tous les soirs aux alentours de 18 ou 19h,
09:57alors il n'y a pas de couvre-feu préfectoral,
09:59mais c'est pareil,
10:01il ne faut plus sortir. J'ai été moi-même en reportage à Mayotte
10:03et à 19h, extinction des feux,
10:05on ne peut plus sortir, c'est terrible.
10:07Et Wilfried Devilleur, l'envoyé spécial d'Europe 1,
10:09l'a confirmé,
10:11parce qu'il vient de revenir, il y était il y a quelques jours.
10:13Merci messieurs,
10:15je vous dis à tout de suite.