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🇨🇬 "Aujourd'hui, quand j'entends des jeunes jouer du Roga Roga, je suis fier. Je me dis qu'il y a de la continuité."
Nous avons rencontré @rogarogaem, le "Grand Zangul" de la rumba congolaise. Fort d’une carrière de plus de vingt ans avec Extra Musica, l’artiste revient sur son parcours et celui de son groupe, une aventure musicale qui a marqué l’histoire de la rumba au Congo.

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Musique
Transcription
00:00Ce qui me rend fier aujourd'hui, c'est que je suis vraiment
00:05imposé mon rythme.
00:08Parce qu'aujourd'hui, quand je vois des jeunes qui sont nés ici,
00:11grandis ici,
00:13qui jouent du roga-roga, la guitare,
00:16je suis fier.
00:18Je me dis, bon, aujourd'hui,
00:20on peut aussi, pour nous, arrêter,
00:23mais il y aura la continuité.
00:25Et c'est ça la meilleure des choses.
00:27Pour un Africain,
00:29c'est quand la jeunesse
00:31prend le relais
00:33de ce que vous avez eu à construire.
00:36Et ça veut dire que vous avez fait quelque chose
00:39qui va être pérennisé.
00:41On avait l'habitude de suivre
00:44des artistes de l'autre côté,
00:46parce qu'il faut savoir que
00:48Brazzaville et Kinshasa,
00:50c'est les deux villes les plus rapprochées.
00:52Donc, à Kinshasa, il y avait plus d'artistes,
00:55c'est-à-dire qu'il y avait des groupes
00:57communs.
00:59On avait l'habitude de suivre
01:01des artistes de l'autre côté,
01:03parce qu'il faut savoir que
01:05Brazzaville et Kinshasa,
01:07c'est les deux villes les plus rapprochées.
01:09On avait l'habitude de suivre
01:11des artistes, c'est-à-dire qu'il y avait
01:13des groupes comme Zaïko, Empire Bakuba,
01:15Wenger Musica, ainsi de suite.
01:17Un jour, j'avais quitté
01:19les répétitions de la chorale,
01:21j'ai parti à la maison,
01:23et puis j'ai vu qu'il y avait
01:25l'attroupement tout autour de la télé,
01:27en train de regarder
01:29une émission qu'on appelait à l'époque,
01:31Varété samedi soir,
01:33et c'était l'orchestre Empire Bakuba
01:35qui jouait.
01:37J'ai posé la question,
01:39mais pourquoi il y a toujours
01:41l'engouement quand les orchestres
01:43de la République démocratique du Congo
01:45jouent,
01:47et que chez nous au Congo,
01:49on avait que des bantous,
01:51mais on n'avait pas un orchestre jeune.
01:53Et c'est de là que j'ai eu vraiment
01:55cette envie de créer un groupe
01:57qui va révolutionner la musique jeune,
01:59avec le concours de mes amis,
02:01S.P. Bass, Jure Lumba,
02:03Kilambongo, ainsi de suite.
02:05Nous avons créé le groupe Extra Musica.
02:07Les débuts dans le groupe, c'était
02:09très dur, parce qu'il faut savoir
02:11qu'on était très jeunes.
02:13D'abord, nos parents n'acceptaient pas
02:15qu'on puisse exercer la musique,
02:17donc c'était très dur.
02:19Et du coup,
02:21on avait commencé à jouer dans les V.I. Mortuaire,
02:23et pendant qu'on jouait
02:25dans les V.I. Mortuaire, nous avons fait
02:27la découverte de notre premier producteur
02:29qui nous a emmenés
02:31au studio, et c'est de là que nous avons
02:33sorti notre premier disque,
02:35les Nouveaux Missiles.
02:45C'est à partir de là que nos parents
02:47ont commencé à croire,
02:49nos grands frères, nos frères,
02:51et puis nous-mêmes. Il y a eu Nouveaux Missiles,
02:53il y a eu Confirmation, Houragan,
02:55après État-major, c'est là où
02:57vraiment Extra Musica
02:59a pris de la place,
03:01parce que c'est État-major, je vous signale
03:03que ça a été interprété
03:05même par les Colombiens,
03:07et c'est à partir d'État-major qu'on a sillonné
03:09un peu partout dans le monde.
03:19Mais bon, notre vie avait déjà changé
03:21avant, mais avec État-major,
03:23on a eu
03:25plus d'ampleur. L'histoire de Research Tension,
03:27c'était juste pour
03:29montrer, c'est-à-dire faire passer un message
03:31qu'il ne faut
03:33jamais baisser les bras. On venait
03:35vraiment de subir
03:37le départ de quelques membres
03:39du groupe, et puis
03:41nous on a pensé, on a dit
03:43bon, étant donné que
03:45nous avons perdu 2, 3, 4
03:47membres, et nous
03:49avons des nouveaux venus
03:51qui sont venus, et on va faire la
03:53continuité, nous allons
03:55réaliser une chanson qui aura
03:57un tournant État-major.
03:59En fait, on avait déjà compris que
04:01la musique jeune, en fait les jeunes,
04:03ils adorent le show
04:05dansé, et ainsi de suite.
04:07Alors nous, nous nous sommes focalisés sur ça,
04:09c'est-à-dire
04:11on a des chansons rumba,
04:13mais quand il s'agissait de
04:15faire une chanson qu'on appelle
04:17Dombolo, ou bien
04:19je ne sais pas comment les autres
04:21appellent, vraiment on prenait
04:23notre temps pour
04:25réaliser quelque chose de grandiose,
04:27notamment c'est ce qu'on appelle les génériques,
04:29on prenait vraiment notre
04:31temps, et puis on écoutait
04:33souvent les fanatiques,
04:35de temps en temps on partait
04:37dans des boîtes de nuit
04:39pour voir comment ça donne,
04:41et
04:43analyser un peu, qu'est-ce qu'il faut faire,
04:45qu'est-ce qu'on peut mélanger.
04:47L'extrême-musique, c'est moi qui donnais, c'est moi le directeur
04:49artistique, c'est moi qui donnais,
04:51c'est moi qui avais la clé,
04:53la clé de l'orchestration,
04:55mais avec le concours
04:57des autres, parce que notamment il faut signaler
04:59qu'il y avait Speedbass qui était à côté,
05:01il y avait Durelumba aussi
05:03à côté, donc on travaillait
05:05dans l'harmonie pour
05:07réaliser ces
05:09mélodies, et puis voilà quoi.
05:11Nous notre chance c'est qu'on est nés dans
05:13un pays où il y a vraiment
05:15plusieurs artistes talentueux, en dehors
05:17des artistes du groupe Extrême-Musica,
05:19il y a des artistes qui se forment
05:21eux-mêmes
05:23à interpréter les chansons
05:25d'Extrême-Musica, à imiter
05:27et ainsi de suite, du coup quand on a
05:29deux, trois départs,
05:31les gens qui remplacent, ils sont déjà à jour,
05:33c'est comme
05:35changer juste des punais,
05:37de voiture,
05:39quand on a crévaison, et puis on change
05:41des punais. Je fais appel à mon clavériste,
05:43il est venu, je lui ai expliqué
05:45écoute, bon, hier soir,
05:47pendant que je dormais,
05:49j'avais rêvé ce soir,
05:51et c'est de jouer, on va faire la symbiose
05:53avec la batterie, les
05:55tumbas, pour voir un peu comment ça peut se donner.
05:57Et nous avons fait,
05:59on a filmé,
06:01on a mis sur la toile,
06:03et c'était vraiment
06:05l'explosion, il fallait qu'on aille
06:07enregistrer au studio,
06:09et puis c'est sorti
06:11le 15 août, jusqu'à aujourd'hui on a
06:13totalisé 54
06:15millions de vues.
06:19C'est vraiment une fierté parce que
06:21la meilleure des choses c'est la continuité
06:23de ce qu'on a eu à faire,
06:25et moi je pense que ces jeunes-là,
06:27ils ont
06:29le charisme,
06:31le pouvoir de continuer
06:33ce qu'on a eu à faire,
06:35c'est vraiment une bonne chose,
06:37et ce qui reste, c'est juste que nous,
06:39on essaie de les encadrer,
06:41de les pousser,
06:43afin qu'ils puissent
06:45prendre vraiment
06:47le flambeau,
06:49et continuer avec
06:51la musique, parce que
06:53la culture c'est l'identité
06:55d'un peuple.

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