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00:00Avec Stéphanie Demuru sur Europe 1 13h18. Stéphanie, c'est l'heure d'accueillir
00:07vos deux chroniqueurs du jour, le journaliste et écrivain Vincent Roy et l'écrivain et
00:11philosophe Nathan Devers.
00:12Absolument, bonjour à tous les deux. Vincent Roy, bonjour à Nathan Devers. Alors évidemment
00:17on parle de François Bayrou, ça y est, enfin il est à Mayotte, on l'attendait de pied
00:22ferme là-bas, aux côtés de cinq ministres dont Elisabeth Borne et Manuel Valls. Il
00:27a formé une reconstruction en deux ans, c'est un sacré défi qu'il se lance, Vincent
00:33Roy, François Bayrou.
00:34Reconstruction ou construction ? Parce que le cyclone terrible a fait son oeuvre. Il
00:42faut toujours rappeler que Mayotte c'était, et c'est toujours peut-être, mais enfin
00:47c'était le plus grand bidonville d'Europe. Et donc il va s'agir de reconstruire, reconstruire
00:53pour loger qui ? Deuxième question, va-t-on loger des gens qui n'ont rien à faire sur
01:00le territoire ? J'ai entendu ce matin une déclaration de François Bayrou qui disait
01:03que si on ne pointe pas la question migratoire à Mayotte, on ne comprend rien des phénomènes
01:12qui se trament là-bas. Alors il faut quand même ajouter qu'il vient avec deux ministres
01:16d'Etat, ce qui n'est pas rien en tous les cas du point de vue du symbole.
01:19Ex-premier ministre d'ailleurs, tous deux.
01:21Absolument, et c'est la raison même pour laquelle ils sont ministres d'Etat, sans
01:24quoi on ne les aurait pas aussi bien reçus. Bien que le titre ne soit qu'honorifique,
01:28mais enfin ils y tiennent, à priori, ils ont raison. Il vient avec deux ministres d'Etat
01:33et surtout je crois qu'il doit venir, parce que vous avez vu, il a repoussé d'une journée,
01:40il vient avec un vrai plan d'attaque. Toute la journée il est en consultation, et ensuite,
01:46et alors surtout, à mon avis, il vient avec un chéquier solide. Mais alors où trouve-t-il l'argent ?
01:55On va parler de tout ça mon cher Vincent, vous me faites le dérouler de tous les thèmes.
01:59Avant de vous donner la parole de Nathan Devers, je voudrais vous faire écouter une habitante
02:05justement de Mayotte sur cet objectif des deux ans.
02:09Les dégâts sont tellement énormes sur place, sur le terrain, les maisons sont saccagées,
02:16il n'y a rien qui tourne normalement. Pour une reconstruction sur deux ans, moi pour moi,
02:22ma foi, ça va être un peu compliqué de reconstruire l'île en deux années.
02:27Et aujourd'hui nous attendons vraiment du concret, des actes, parce que la situation est très critique à Mayotte.
02:35Nathan Devers, évidemment, ils attendent du concret ses habitants, puisque pas grand-chose ne fonctionne là-bas.
02:41L'hôpital de Compagnie, l'aéroport, enfin bref, tout est détruit.
02:47Est-ce que François Bayrou va réussir à finalement renouveler l'exploit d'Emmanuel Macron concernant Notre-Dame ?
02:53Puisque c'est vrai qu'on a souvent fait la comparaison entre les deux.
02:57Oui mais on n'est pas du tout sur les mêmes enjeux. Si on devait faire une comparaison,
03:00c'est pas la même chose parce que c'est pas une catastrophe naturelle,
03:03mais je trouve que ça fait plus penser à l'explosion du port de Beyrouth.
03:06Ça veut dire une catastrophe qui vient révéler une situation qui était déjà catastrophique
03:11et qui appelle non pas donc une reconstruction, encore moins une reconstruction à l'identique comme pour Notre-Dame,
03:16mais qui appelle à un sursaut.
03:18Et ce sursaut, alors on verra ce que va annoncer François Bayrou tout à l'heure et demain,
03:22mais quelle va être la nature de ce sursaut ?
03:25En effet, reconstruire des bidonvilles, non merci. C'est une honte qu'il y ait des bidonvilles quelque part.
03:30Et pourtant on commence déjà à les reconstruire sur place.
03:33Mais c'est une honte qu'il y ait des bidonvilles sur le territoire de France au XXIe siècle.
03:38C'est hallucinant.
03:39Deuxièmement, vous parliez de la question migratoire.
03:41En effet, c'est une question très importante.
03:43Ensuite, quelle va être la réponse donnée ?
03:45Je pense que la réponse n'est pas du tout de stigmatiser les personnes qui arrivent à Mayotte.
03:50Et d'ailleurs, c'était le problème du moment où on avait démantelé les bidonvilles,
03:55c'est qu'on ne prévoyait rien pour reloger les personnes qui dormaient dans des bidonvilles.
03:59C'est pour ça qu'il y avait des gens qui s'y opposaient.
04:01La question, à mon avis, doit être prise d'un point de vue diplomatique, presque géopolitique.
04:05Vous avez à quelques heures de Mayotte, les Comores,
04:08qui est un État corrompu, autoritaire, un peu voyou entre guillemets,
04:13qui entretient une misère terrible de la part de sa population
04:19et qui donc la pousse à venir massivement à Mayotte pour s'enfuir.
04:24Et c'est ça qui est paradoxal,
04:26c'est que même si Mayotte est une terre dans un état catastrophique du point de vue de la métropole,
04:32ça reste un endroit attractif par rapport à ce territoire,
04:36entre guillemets quasiment limitrophes, que sont les Comores.
04:41Et donc face à cela, je crois qu'il y a une question qui va se poser,
04:43et en fait qui se pose beaucoup de manière générale les relations diplomatiques françaises.
04:47Qu'est-ce qu'on fait quand on donne, par exemple, de l'aide au développement
04:50à un régime qui, non seulement, se comporte extrêmement mal vis-à-vis de sa propre population,
04:55mais qui n'a aucun respect pour nous, et qui est dans une logique de rapport de force,
04:58qui est dans une logique de relation déloyale.
05:01Cette question-là, elle se pose.
05:02Donc je crois aussi que sur l'avenir de Mayotte,
05:05la relation avec les Comores mériterait d'être revue,
05:09et je pense que François Bayrou avait ça en tête quand il parlait ce matin de la question de l'immigration.
05:13On va justement écouter François Bayrou sur cette question du droit du sol.
05:17Quiconque prétendrait qu'il n'y a pas de problème d'immigration brûlant à Mayotte serait irresponsable.
05:26À Mayotte et en Guyane, il y a des difficultés très particulières, très localisées.
05:34Il faut savoir que les obligations de quitter le territoire français,
05:38on dit qu'on en exécute 7%, ça veut dire que 93% ne sont pas exécutées,
05:44mais dans les 7%, au moins la moitié sont exécutées à Mayotte et en Guyane.
05:49On avait fait le procès, vous vous en souvenez, à Bruno Retailleau,
05:52d'avoir évoqué très tôt, c'est vrai, peut-être que le timing n'était pas idéal,
05:56mais ce droit du sol, Vincent Roy, aujourd'hui, ce sujet est incontournable.
06:01C'est la question centrale.
06:03Je suis obligé, encore une fois, même si ça me fait beaucoup de peine,
06:06de souscrire à tout ce qu'a dit Nathan Demers.
06:08Attention !
06:09C'était, je veux dire, très mal.
06:11Mais c'est évident.
06:12Il faut comprendre que les Comoriens qui viennent sur le sol français
06:20ne le font pas de gaieté de cœur.
06:23D'ailleurs, de manière générale, l'immigration ne se fait pas de gaieté de cœur.
06:26Songez que, dans l'Antiquité, l'exil était une peine,
06:31et c'est une peine dramatique.
06:34Donc, évidemment qu'il y en a...
06:35Mais concrètement, que fait-on ?
06:37Alors, évidemment qu'il va falloir, parce qu'on donne beaucoup d'argent aux Comores,
06:41il va falloir peser de tout notre poids sur les Comores,
06:45savoir exactement où va cette aide au développement,
06:48parce que l'argent qu'on donne aux Comores, finalement,
06:51c'est un État extrêmement corrompu, on ne sait pas trop où il va.
06:55Supprimer le droit du sol, évidemment on peut couper l'afflux,
07:01mais dans quel État on va laisser les populations
07:04qui n'ont qu'une solution, précisément, c'était ou c'est de fuir ?
07:09Donc, toute la question est un dialogue qui doit...
07:12vraiment un dialogue serré, musclé,
07:17qui doit s'établir entre le gouvernement français et les Comores,
07:22de manière à faire en sorte que la situation, un, s'apaise,
07:26et deux, qu'on n'ait pas à supporter l'impéritie d'un pouvoir totalement corrompu.
07:31Et c'est dans cette négociation que vont naître un certain nombre de solutions.
07:35Je ne vois pas comment on peut faire autrement.
07:37On imagine qu'ils y ont déjà pensé, quand même, cette coopération,
07:40ce dialogue, il a déjà débuté depuis longtemps, Nathan Devers.
07:44Alors déjà, je suis tout à fait d'accord avec Vincent,
07:46quand il disait qu'il était d'accord avec moi.
07:47Vous êtes toujours d'accord, ça change.
07:49Non, mais pas tout à fait, parce que la question, à mon avis, elle est...
07:55Je veux bien qu'on dise que retirer le droit du sol,
07:59ça pourrait avoir un effet, si vous voulez, de diminuer l'attractivité de Mayotte
08:04par rapport aux habitants des Comores.
08:05Moi, là où ça me pose un problème,
08:07c'est que c'était ce que Derrida appelait une logique d'auto-immunité.
08:10Pour combattre un mal extérieur, on détruit de l'intérieur notre propre modèle.
08:14Si vous voulez, le risque est grand.
08:15Qu'on commence par remettre en cause le droit du sol,
08:18dans certaines circonstances, ou en l'occurrence dans certains endroits exceptionnels,
08:21comme à Mayotte, en disant, là, écoutez, c'est l'urgence qui le justifie,
08:25on n'a rien contre le droit du sol en soi,
08:27c'est vraiment ici et maintenant, et voilà.
08:29Et qu'évidemment, après, on commence à élargir cette logique,
08:32et que demain, on se retrouve à poser la question de supprimer le droit du sol tout court.
08:36Ce qui serait, si vous voulez, quelque chose d'absolument pas neutre,
08:39et qui ferait revoir notre conception même de la citoyenneté,
08:43et donc de la France, et donc de la société dans laquelle nous voulons vivre.
08:46Il me semble que la solution la plus pertinente,
08:49si on veut prendre la question du migratoire au sérieux,
08:51c'était d'ailleurs même celle que Nicolas Sarkozy disait,
08:53lui qui n'est pas un internationaliste qui chante l'humanité tous les matins sous la douche.
08:57Nicolas Sarkozy disait, si on veut vraiment penser la question de l'immigration,
09:01la vraie solution se situe, entre guillemets, dans le co-développement,
09:04c'est-à-dire dans le fait de faire en sorte qu'au départ, là, par exemple,
09:08depuis les Comores, les gens aient moins de raisons d'avoir à fuir massivement ce territoire.
09:12Et donc, pour cela, on ne peut pas se satisfaire d'un régime corrompu.
09:16Et s'il fallait choisir, par exemple, entre supprimer l'ado-développement aux Comores,
09:20tant que les Comores ne changent pas leur comportement,
09:22et donc, c'est-à-dire la conditionner à un changement de politique,
09:25ou supprimer le droit du sol, je pense que c'est évidemment la première perspective
09:28qui est un, qui est beaucoup plus fidèle à nos principes, à notre conception de la citoyenneté,
09:32et deux, même qui est peut-être plus efficace, parce que ça empêchera les gens
09:35de vouloir partir massivement de ce territoire.
09:37Il faut pas que je vous redonne la parole, dans quelques instants, on va marquer une petite pause.
09:41Il est 13h28, vous écoutez Stéphanie Duméru, à tout de suite sur Europe 1.
09:4713h, 14h, Europe 1, 13h.
09:4913h32, merci de nous rejoindre sur Europe 1, vous écoutez Stéphanie Duméru, jusqu'à 14h,
09:53et avec vous aujourd'hui, pour décrypter l'actualité, Stéphanie,
09:56l'écrivain et philosophe Nathan Devers, et le journaliste et écrivain Vincent Roy.
10:00Avec Nathan Devers et Vincent Roy, on continue de parler de cette visite de François Bayrou à Mayotte.
10:05Je voudrais vous faire réagir sur ces propos d'une habitante de Mayotte.
10:10Elle était sur CNews ce matin et elle déplore le flux constant de migrants depuis les Comores.
10:15Les Mahorais sont en conflit depuis de longues dates avec nos voisins comoriens,
10:19et c'est un problème qui aurait dû être réglé depuis déjà de longues années.
10:22Malheureusement, on souffre, puisque nous sommes en guerre.
10:26Vous ne le savez peut-être pas, mais on se bat tous les jours en demandant de l'aide.
10:30Aidez-nous justement à empêcher cette immigration massive qui pollue, qui tue et qui détruise notre île.
10:38Aujourd'hui, rien ne pourra se faire tant qu'on n'a pas réglé cette problématique.
10:42Vincent Roy, vous entendez cette habitante, nous sommes en guerre.
10:45Alors c'est vrai qu'on peut avoir des discours dans des studios de télévision.
10:48À Paris, il y a cette réalité du terrain qui est difficile.
10:53Il y a trois grands problèmes.
10:55Le premier, on en a parlé, effectivement, l'immigration.
10:58Et cette habitante a raison de le dire, parce que ça se passe très mal en plus,
11:02entre les Mahorais et les Comoriens, qui viennent d'une certaine manière et dans un certain nombre de cas.
11:10Pas tous, encore une fois, je n'ai pas question d'ensembliser, mais qui viennent les assiéger littéralement,
11:15puisqu'on voit des cars scolaires qui sont caillassés. Il y a ce premier problème.
11:18Le deuxième problème, c'est que la moitié de la population a moins de 18 ans.
11:22Donc, c'est un vrai, vrai problème.
11:24Et le troisième problème, c'est effectivement l'éducation.
11:28Parce qu'on sait qu'il y a à peine la moitié des gens qui vivent sur le sol de Mayotte,
11:36des enfants qui vivent sur le sol de Mayotte et qui sont scolarisés.
11:40Et c'est sans doute la présence, ce qui justifie d'ailleurs, la présence de Mme Elisabeth Born.
11:45Savez-vous que dans certaines écoles, on met dans la classe un rideau ?
11:50Donc, il y en a d'abord qui ont cours, il y a des enfants qui n'ont cours que le matin ou que l'après-midi,
11:54parce qu'il y a des problèmes de place.
11:56Et puis, on fait double classe, on met un rideau au milieu de la classe pour certains élèves,
12:00pour s'occuper de certains élèves, puis après d'autres élèves.
12:02C'est un bazar incommensurable, ce qui fait que le service minimum éducatif,
12:07en tous les cas pour la moitié des élèves, n'est plus assuré.
12:10Donc, il y a ces trois problèmes à régler.
12:12Et puis enfin, le quatrième problème qui est celui de l'argent,
12:15parce que M. Bayrou vient, comme je vous le disais, avec un chéquier.
12:21Alors, ce qu'on peut peut-être imaginer en restant positif,
12:25c'est qu'il vient véritablement avec sa boîte à outils,
12:30avec des solutions qui vont pouvoir s'appliquer,
12:34parce que Mayotte n'a plus le temps d'attendre.
12:37Lui dit deux ans pour reconstruire, le Président de la République avait dit cinq ans,
12:41il doit être obsédé par Notre-Dame.
12:43Là, encore plus fort, deux ans.
12:45Ça demande des moyens, ça demande de s'y attaquer,
12:48et ça demande de changer de comportement par rapport à Mayotte,
12:51qui est une île qu'on a laissée en déshérence dans cet archipel,
12:55depuis quand même bien des années.
12:57On ne peut quand même pas dire qu'on soit bien occupé de Mayotte,
12:59d'autant qu'il y a eu cette affaire de la départementalisation due à Sarkozy,
13:04qu'il n'est pas, à mon sens, très heureux.
13:06Nathan Devers, comment fait-on ? Parce que reconstruire, certes,
13:09mais bon, il y a très peu de fonciers à Mayotte,
13:11c'est une île très escarpée, il y a aussi peu de matériel,
13:14c'est compliqué d'amener du matériel là-bas,
13:17il y a peu de places, comment fait-on concrètement ?
13:20D'abord, je pense que les mesures précises seront annoncées par François Bayrou,
13:27mais je crois que ce qui est important en parler de Notre-Dame,
13:29c'est quand même de partir du principe que quand il y a un volontarisme politique absolu,
13:34ce volontarisme-là peut s'appliquer.
13:37On l'a vu dans des cas heureux ou dans des cas malheureux ces dernières années,
13:40on l'a vu au moment du Covid, je pense pour le pire,
13:43la volonté politique a réussi à faire des choses absolument extrêmes.
13:47Au prix d'une dette certaine, je vous rappelle.
13:49On l'a vu pendant Notre-Dame et on l'a vu pendant les Jeux Olympiques, là, pour le meilleur.
13:53Qu'est-ce qui s'est passé notamment pour Notre-Dame ?
13:55C'est que, mû par l'urgence et mû par l'ambition,
13:59on a laissé de côté toutes les normes bureaucratiques, tous les petits obstacles.
14:05Alors ça, c'est l'intérêt de la loi spéciale, effectivement.
14:07Exactement. Et donc je crois que quand on est dans cette logique-là,
14:10cette logique de grandeur, de rapidité, d'efficacité, d'utilité,
14:14et de refuser, si vous voulez, de se laisser paralyser en permanence
14:20par mille et une contraintes un peu plus ou moins artificielles,
14:22ça, déjà, c'est une piste où le volontarisme politique a pu, ces dernières années,
14:27donner des effets concrets.
14:29Alors, est-ce que ça marchera à Mayotte ? Personne ne peut le dire pour l'instant.
14:31Mais en tout cas, si on reste dans le même esprit,
14:33c'est pour ça que l'esprit Notre-Dame,
14:36peut-être que c'est un peu une sorte de mirage d'Emmanuel Macron,
14:39mais en tout cas, ça a marché pour Notre-Dame.
14:41Il y a eu aussi des milliards de dons.
14:43Oui, c'est ça.
14:45Vous savez, je vais peut-être poser une question pas taboue,
14:48parce que personne n'ira critiquer qu'on donne de l'argent pour Mayotte,
14:51mais c'est vrai qu'il y a beaucoup d'urgences en France,
14:54il y a beaucoup de secteurs qui sont formés comptants.
14:57Est-ce qu'il y aura cette adhésion, cette volonté aussi grande ?
15:02Écoutez, on peut l'espérer, il y a quand même des gens qui sont en péril.
15:05Mais vous voyez, la musique qu'on entend à chaque fois,
15:08on trouve les milliards pour ça et pas pour ça.
15:10C'est très français, peut-être aussi.
15:12Je me fais l'avocat du diable, mais cet argent,
15:15il n'y a pas de budget qui est voté à ce stade, Vincent.
15:18Parions sur le fait que là où croit le péril,
15:21croit aussi ce qui sauve.
15:23Holderlin.
15:24On va essayer, on va parier là-dessus,
15:28parce qu'on ne peut pas laisser une portion importante
15:34de l'État français dans ces conditions.
15:37Donc donnons toute sa chance à François Bayrou
15:41et toute leur chance au Mahorais.
15:43On ne peut pas se contenter ici de dire
15:45qu'il y a beaucoup d'autres urgences.
15:47Non, là il y a des urgences sanitaires.
15:50Il y a des questions humaines qui se posent.
15:53Mais s'il y avait des gens qui réagissaient comme ça,
15:55ça poserait un problème énorme.
15:56Parce qu'imaginons qu'il y ait une catastrophe naturelle
15:58à Nice ou à Bordeaux,
15:59personne ne dirait que ça va coûter cher
16:01de reconstruire Nice ou Bordeaux.
16:02Donc Mayotte, c'est en France, point final.
16:04Evidemment.
16:05Enjeu de reconstruction et de sécurité pour les habitants,
16:08enjeu politique également,
16:10avec le premier grand déplacement du gouverneur Bayrou
16:14accompagné de cinq ministres,
16:16Elisabeth Borne, on l'a dit tout à l'heure,
16:18et Emmanuel Valls.
16:20Evidemment, ça sera forcément une séquence politique
16:23extrêmement scrutée, Nathan Devers.
16:25Oui, probablement.
16:27Ensuite, je crois que ça n'intéresse pas tellement les Français
16:32de penser aux ambitions des uns et des autres
16:35et aux enjeux vraiment politiciens de la chose.
16:38C'est vrai que ce gouvernement,
16:40c'est un peu le premier acte de l'élection présidentielle,
16:43avec chacun qui essaie d'aligner les pions
16:46sur son échiquier personnel,
16:47avec les uns qui reviennent,
16:49qui sont ravis, après dix ans à la mise à l'écart du gouvernement,
16:53enfin sept ans, de retrouver comme ça le pouvoir.
16:55Très bien, ça les intéresse peut-être eux,
16:57on en est ravis pour eux,
16:59mais je crois quand même qu'on est dans des enjeux
17:01beaucoup trop graves,
17:03aussi bien sur la question de Mayotte
17:04que sur en fait tous les dossiers,
17:06et qu'en plus d'ailleurs, ce gouvernement-là,
17:08il a évidemment une dimension de sursis.
17:11J'allais le dire, c'est en ce sens que c'est intéressant.
17:13Exactement.
17:14Donc on leur souhaite de réussir,
17:15non pas pour eux,
17:16mais pour la stabilité de la politique française.
17:19Vincent Roy.
17:21Écoutez, moi en tous les cas ce que j'observe,
17:23si on veut faire de la politique aérie,
17:24puisqu'il faut bien en faire cinq minutes,
17:26M. Retailleau s'est déplacé le 1er à Mayotte,
17:30là maintenant il est au sein d'un duo
17:33avec M. Darmanin,
17:36sur lequel tous les projecteurs sont braqués,
17:39et voici maintenant que le Premier ministre se déplace
17:42avec deux ministres dits de gauche,
17:45deux ministres importants,
17:46deux ministres d'État, je le répète,
17:48M. Valls et Mme Borne, à Mayotte.
17:51Il y a peut-être là un signal d'envoyer
17:55de la part de M. Bayrou,
17:56puisqu'on aurait pu tout aussi bien imaginer
17:58que M. Bayrou demande au ministre de l'Intérieur
18:01de se déplacer avec lui.
18:02Or, ça n'a pas été le cas.
18:05Le ministre de l'Intérieur aurait également tout intérêt
18:08à participer aux débats et aux consultations
18:11qui vont avoir lieu aujourd'hui,
18:13et notamment dans l'application de la loi spéciale,
18:16il a sans doute un rôle à jouer.
18:17Non, M. Bayrou a décidé d'y aller
18:19avec deux ministres de gauche.
18:21Voilà, c'est sans doute un signal lancé.
18:23Vous savez, à mon avis, dans ces déplacements...
18:25Les socialistes vont-ils être sensibles ?
18:28Rien, à mon sens, n'est fait au hasard
18:32dans cette affaire non plus.
18:34Il n'y a pas de place pour le hasard.
18:35Je vous pose la question.
18:38Vous croyez que la gauche va être sensible
18:40justement à ces ministres de gauche ?
18:41On a vu que la grève ne prenait pas forcément.
18:43Il y avait, au contraire, beaucoup de critiques
18:46à l'endroit de Manuel Valls.
18:48Écoutez, les insultes qu'il y a eu sur Manuel Valls,
18:52la vague de haine qu'il déclenche,
18:54sont absolument scandaleuses, indéfendables,
18:57et ça en dit très très long,
18:59d'une sorte non seulement de médiocrité,
19:01mais presque de pulsion de mort,
19:03qui s'est emparée d'une grande partie de la gauche française.
19:05En ayant dit cela, et en restant dans la critique politique,
19:08avec le respect, je crois qu'on peut dire,
19:10on peut comprendre légitimement,
19:12aussi bien dans le cas de Manuel Valls
19:14que dans le cas d'Elisabeth Borne,
19:16que l'électorat français de gauche
19:18ait un peu de réticence à se reconnaître
19:21dans leur projet, je ne sais pas,
19:23mais en tout cas dans leur passé politique.
19:24Parce que pour l'une, ça a été la loi
19:26sur la réforme des retraites,
19:28qui n'était pas particulièrement une avancée sociale
19:31saluée par la gauche
19:33comme une sorte de résurgence du coup populaire de 1936.
19:35Passée avec le 49-3, de surcroît.
19:37En plus, même sans le 49-3,
19:39je crois que ce n'est pas exactement
19:41le genre de projet qui fait vraiment fantasmer
19:43et rêver l'électorat de gauche.
19:45Et pour Manuel Valls, c'est le souvenir aussi
19:47des réformes impopulaires
19:49qu'il avait portées
19:51quand il travaillait sous François Hollande,
19:53différents ministères,
19:55et évidemment que le mandat de François Hollande
19:57a incarné quand même
19:59l'échec d'un certain parti socialiste.
20:01Peut-être d'ailleurs que c'était un échec un peu injuste.
20:03Parce qu'entre les promesses
20:05qu'il avait faites en 2012,
20:07le discours du bourgeois, il n'y avait pas que la phrase
20:09sur l'ennemi qui est la finance.
20:11C'était juste une phrase sortie de son contexte,
20:13entre ce discours-là et ce qu'il a fait,
20:15globalement, il n'y avait pas non plus un si grand écart.
20:17Mais en tout cas, ça a quand même été l'échec de ce parti socialiste.
20:19Et c'est vrai que c'est tout le problème, aujourd'hui,
20:21de la gauche, qu'elle est tiraillée
20:23entre d'une part un nouveau front populaire
20:25qui est lui-même aimanté par la France insoumise,
20:27et de l'autre, par une gauche
20:29qui respecte certes les principes de la République,
20:31mais qui n'a pas réussi
20:33à porter un projet de progrès social.
20:35Et donc, espérons qu'une troisième voie
20:37puisse être construite en France dans les prochains années.
20:39Oui, parce qu'il demeure qu'on peut légitimement
20:41se poser, non sans ironie, la question
20:43suivante, Manuel Valls est-il toujours de gauche ?
20:45Enfin, il y a bien longtemps
20:47qu'il en a abandonné...
20:49Les socialistes vous diront non.
20:51Qu'il a abandonné son parti
20:53en se retirant du parti socialiste
20:55et en même temps, dans un certain
20:57nombre de ses prises de position,
20:59je ne retrouve pas là
21:01l'homme de gauche à l'ancienne
21:03que j'ai pu connaître jadis.
21:05Donc, il est légitime de se poser
21:07cette question et si la réponse
21:09est non, et bien cette réponse
21:11explique pourquoi il y a des
21:13affections de la part des gens
21:15de gauche, de manière générale, pour Manuel Valls,
21:17ce qui n'implique pas
21:19et ce qui ne justifie pas qu'on puisse
21:21l'insulter comme l'a rappelé Nathan,
21:23c'est une certitude.
21:25Mais enfin, tout de même,
21:27d'ailleurs, on le prend au gouvernement,
21:29on se demande bien pourquoi, parce que
21:31ce n'est pas quelqu'un qui va ramener des voix de gauche.
21:33En même temps, les ministres
21:35de gauche, enfin, il n'y a pas de ministres de gauche,
21:37ils n'ont pas voulu y aller,
21:39les partis de gauche n'ont pas souhaité
21:41participer au gouvernement. Messieurs, on change de sujet,
21:43on va parler tout à l'heure des enjeux
21:45de sécurité pour cette Saint-Sylvestre,
21:47puisque c'est déjà demain,
21:49ou J-1, avant le réveillon.
21:51Avec nous, il est 13h44 sur Europe 1,
21:53vous écoutez Stéphanie Demeury, à tout de suite.

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