Dans son édito du 31/12/2024, Thomas Bonnet revient sur le barrage républicain.
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00:00La politique avec vous, Thomas Bonnet, vous nous dites ce matin que, pour vous, le fait marquant de cette année 2024, qui est en train de s'achever,
00:07plus que la dissolution, c'est, ce qui est écrit à l'écran, le barrage républicain de l'entre-deux-tours des législatives.
00:13Absolument Romain, c'est le fait politique cette année à mes yeux, alors il faut se replacer dans le contexte.
00:19Au départ, on était nombreux à penser, et peut-être que le Président d'ailleurs était de cela, que le Rassemblement National arriverait en tête aux législatives,
00:27obtiendrait une courte majorité, et que tout cela, la dissolution, était un stratagème un peu cynique du chef de l'État pour mettre le parti de Jordan Bardella
00:36face à ses responsabilités en le laissant gouverner. Après le premier tour des législatives, le parti a une telle avance que l'hypothèse
00:44Jordan Bardella à Matignon prend du poids, lui-même raconte dans son livre qu'il a très concrètement envisagé l'exercice du pouvoir.
00:53Mais c'était sans compter donc sur ce fameux barrage républicain qui s'est mis en place.
00:59Oui, et je dois avouer ce matin que je ne pensais pas ce barrage si solide. Les observateurs de la vie politique voient depuis des années les digues céder autour du RN.
01:09Mais la vigueur du front républicain est une réalité indéniable. Il faut aussi reconnaître que la campagne du parti pendant l'entre-deux-tours a été catastrophique,
01:18avec des candidats investis qui n'auraient pas dû l'être. Mais ce qui est notable, c'est la façon avec laquelle ce barrage a été érigé.
01:25Après le premier tour, Emmanuel Macron et ses proches passent une partie de la nuit à étudier les résultats sur la carte électorale.
01:33Selon un participant à cette réunion nocturne, à ce moment-là, il n'est pas encore question du fameux barrage.
01:40Quand Gabriel Attal met en place cette stratégie, il n'en a pas informé le chef de l'État, qui se fait en quelque sorte dicter la marche à suivre.
01:48Une ministre me confiait cette année que l'ancien Premier ministre avait une immense crainte, celle d'être celui qui passerait les clés de Matignon à Jordan Bardella depuis le Péron.
01:59C'est la fameuse stratégie des désistements qui a conduit le Bloc central à s'allier de fait avec la France insoumise.
02:06Oui, dans plus de 200 circonscriptions, en effet, un pacte a été noué entre les différents partis de gauche et le Bloc central pour empêcher la victoire du RN.
02:14On a donc eu des appels à voter pour la France insoumise, des désistements en cascade et un rapprochement de fait avec le parti de Jean-Luc Mélenchon.
02:23Une erreur, reconnaissent aujourd'hui en off certains du Bloc central.
02:27Mais il faut aussi admettre que la perspective de l'arrivée du RN aux responsabilités a réveillé des vieux réflexes chez certains macronistes.
02:36En échangeant tout au long de l'année avec des ministres ou des parlementaires, je me suis rendu compte que rien n'est plus grave aux yeux de beaucoup dans le Bloc central
02:43que la possibilité de voir le RN arriver au pouvoir.
02:46Et donc, tant pis s'il faut s'acoquiner avec la gauche et ses outrances.
02:50Gabriel Attal explique aujourd'hui que le Nouveau Front populaire n'avait de toute façon aucune chance d'avoir une majorité absolue.
02:56Merci beaucoup. Merci beaucoup, Thomas Bonnet.
02:58C'est vrai que s'il n'y avait pas eu ce barrage républicain, alors avec des si, comme on dit, on met Paris en bouteille.
03:04Mais le RN aurait eu la majorité à l'Assemblée et puis ce serait passé le processus démocratique.
03:10Le morcellement de l'Assemblée est lié aujourd'hui à ce barrage républicain, la dissolution, la tripartition, comme on dit.