A l’Institut national des langues et civilisations orientales, les étudiants du département d'hébreux sont accusés de complicité avec «l'État génocidaire». Ils dénoncent une école prise en otage par une minorité mais aussi des tensions et des intimidations à leur encontre. L'Inalco cherche à désamorcer. Mais pour Muriel Ouaknine-Melki, avocate et présidente de l’organisation juive européenne, «on ne traite plus un étudiant de “sale juif” mais de “sale génocidaire”».
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00:00Ça ne s'arrête pas pour l'instant. Alors, on a vu des améliorations, notamment sur le campus de Sciences Po, où effectivement
00:06la situation est presque revenue à la normale, je dis bien presque,
00:10notamment grâce à l'intervention du nouveau directeur, M. Ruiz, qui a pris les choses en main et qui a été
00:18particulièrement ferme dans ses prises de position.
00:21Sur l'établissement à l'Inalco, sur ce qu'il se passe à l'Inalco, et ce qui se passe d'une manière un peu plus générale sur toutes les universités
00:29où les étudiants viennent à nous,
00:31avocats de l'organisation juive européenne, pour nous dénoncer des faits de provocation à l'aîne au quotidien, en fait.
00:38Ils sont moqués. Décrivez-nous, qu'est-ce qui se passe concrètement ? Concrètement, ils ne peuvent pas se rendre
00:43en classe sereinement, c'est-à-dire ils ne peuvent pas suivre les cours sereinement. Ils sont pris à partie
00:49soit au moment où ils rentrent dans la salle de classe pour suivre un cours, soit dans les couloirs. Ils sont traités de
00:55génocidaires, ils sont traités de soutien aux génocides, ils sont traités de casards, ils sont insultés, ils sont injuriés, et
01:03ce sont systématiquement
01:05soit des affiches qui sont apposées sur les murs de l'établissement, soit des tracts
01:10qui sont distribués au sein de l'établissement encore, qui sont de véritables provocations et de véritables appels à la haine à l'encontre
01:17d'Israël d'une manière générale, mais de tous les sionistes et de tous les génocidaires. Et ça, c'est la nouvelle, en fait, la nouvelle forme d'antisémitisme
01:24qui s'est développée depuis le 7 octobre
01:272023, c'est-à-dire que désormais on ne traite plus un étudiant de salle juif. Ça, à la limite, ça devient trop facile à
01:35identifier comme de l'antisémitisme, donc on est passé à salle sioniste. Et puis là, aujourd'hui, c'est le terme de génocidaires, de salles génocidaires qui est employée.
01:44Et on pense, finalement, en utilisant ce vocable, ce lexique,
01:49échapper
01:50à la règle pénale, mais pas du tout. On est aujourd'hui en mesure, et nos magistrats aujourd'hui sont en mesure et le font, de condamner pour ce type de propos.
01:59Donc le premier message que je souhaiterais passer
02:01aux personnes qui nous écoutent, c'est évidemment, il faut aller déposer plainte.
02:05Vous pouvez le faire en étant convaincu d'une chose, c'est que les organisations
02:10que nous sommes, nous œuvrons pour conserver l'anonymat le plus longtemps possible dans le dépôt de plainte et pour que l'étudiant n'ait pas à
02:18subir de représailles,
02:19parce que nous, dans le monde adulte, professionnel,
02:24on a notre bagage, on a notre expérience, on a notre vécu, on a les épaules quand même suffisamment solides quand on va déposer une
02:30plainte, même pour avoir été victime sur son lieu de travail de fait d'antisémitisme, on est en mesure de retourner
02:35dans les jours qui suivent sur le lieu de travail pour continuer à travailler,
02:39malgré le fait que certains collègues aient pu avoir des propos à caractère antisémite. Et pour les étudiants,
02:44c'est différent. Ce sont encore de jeunes personnes qui ne sont pas encore complètement armées, et c'est difficile.
02:48C'est d'une violence extrême en plus.
02:50Exactement. Lorsqu'elles sont, elles retournent dans leur lieu de vie quotidienne, c'est-à-dire à la fac ou dans ces écoles,
02:58elles sont de nouveau au quotidien
03:00sous le feu des provocations à l'aine de leurs
03:05camarades.