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00:00Donc le bilan lourd, selon Bruno Retailleau en France, près de 1000 véhicules incendiés, 400 personnes interpellées,
00:10un bilan trop lourd produit, dit Bruno Retailleau, d'un ensauvagement.
00:16Jules Torres, les mots sont forts quand même du ministre de l'Intérieur.
00:20C'est des mots qu'il prononce depuis longtemps, qui avaient d'ailleurs été prononcés par son nouveau binôme, Gérald Darmanin,
00:26et qui avait beaucoup choqué la Macronie. L'ensauvagement c'est quoi ?
00:29C'est-à-dire qu'il y a de plus en plus de domiciles, de vols avec violence, de violences avec armes.
00:36Et pas seulement le soir de la Saint-Sylvestre, pas seulement lors de grandes manifestations,
00:40c'est une menace qui est persistante, que l'on subit au quotidien.
00:44Quand il y a 120 attaques au couteau par jour en France, on peut se poser la question de savoir si on est dans un pays qui est ensauvagé.
00:51A priori, quand on regarde les statistiques, quand on regarde les sondages, on est dans un pays qui est très violent.
00:58La violence est persistante dans notre société.
01:02Pas seulement du fait des extrémismes, pas seulement du fait de certaines idéologies comme l'islamisme dont on vient de parler.
01:08Souvenez-vous par exemple de ce cycliste qui avait été tué par un chauffard qui avait une grosse voiture.
01:16Et bien là aussi, c'est un symbole de cet ensauvagement de la société.
01:19C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on n'est plus capable de régler ces problèmes en discutant, c'est seulement la violence qui compte.
01:25Et on le voit bien hier, il y a 984 véhicules incendiés.
01:28Donc il y a aussi une contre-culture qui se met en place, une contre-culture qui est basée sur la violence, une culture qui est de plus en plus jeune.
01:34C'est ça aussi l'enseignement.
01:36Les voitures, c'est à peu près stable et on a arrêté heureusement de les compter, mais ça fait des années que c'est ça.
01:42Et ça a même réduit.
01:43Et c'est là où je voulais en venir, c'est que c'est un rajeunissement.
01:47C'est ça qui a beaucoup changé, c'est que ces criminels-là sont de plus en plus jeunes.
01:52Quand on voit par exemple sur ces véhicules incendiés, ils sont incendiés par des gamins de 13 ou 14 ans.
01:57D'où d'ailleurs le couvre-feu des mineurs dans plusieurs communes du France.
01:59Bien sûr, mais bon, le couvre-feu, vous savez, si vous ne le respectez pas, c'est 38 euros d'amende.
02:02Et vous avez beaucoup de chance de ne pas la payer avec tous les moyens de recours qu'il y a, qui nous sont donnés.
02:08Mais ça permet aux policiers d'arrêter effectivement ces mineurs.
02:11On voit très bien que Bruno Rotaillot est très mécontent de la soirée qui vient de se passer.
02:16A-t-il les outils, les mesures nécessaires pour répondre à cet ensauvagement de la société ?
02:22Avec une majorité introuvable, le fait qu'on ne puisse pas faire voter de projet de loi ou véritablement qu'il y ait des changements,
02:27je ne suis pas sûr qu'on arrive à trouver les solutions.
02:31Enfin, les solutions, on les a, évidemment, mais qu'on puisse les voter.
02:33On reviendra sur ce duo parce que je crois que vous allez accompagner Gérald Darmanin dans la soirée qui va à Marseille.
02:38Oui, oui, j'ai semblé vous quitter avec un petit peu...
02:40Mais on va y revenir dans quelques instants, Philippe Guybert.
02:42Oui, mais je trouve que c'est bien, enfin que c'est bien, que le ministre de l'Intérieur a raison de marquer son insatisfaction.
02:51C'est-à-dire qu'il y a des chiffres aussi importants...
02:55Et il y avait des médias ce matin qui disaient « climat calme » en France, « nuit calme ».
02:59Oui, il y a des médias qui font la tentative.
03:01Non, non, mais c'est intéressant aussi de le souligner.
03:03On est à quasiment 1000 voitures brûlées et lui marque son insatisfaction.
03:08Alors, il donne comme explication l'augmentation de la violence dans la société qui est incontestable.
03:14On l'a dit, les homicides remontent, surtout les tentatives d'homicides et les coups et blessures volontaires
03:19augmentent de 30 à 50 % depuis 10 ans.
03:21Donc, il faut mesurer ça quand même, 30 à 50 % sur les tentatives d'homicides et les coups et blessures volontaires depuis 10 ans.
03:28Maintenant, là où il y a quand même un bout d'échec de la part des forces de l'ordre,
03:33c'est que le 31 décembre est hélas un rituel, que tout ça est relativement connu,
03:40qu'on connaît aussi les quartiers où ça se déroule.
03:44Et donc, ce bilan signe quand même un demi-échec des forces de l'ordre.
03:50Jean Torres, donc demain, Gérald Darmanin rencontrera des mineurs délinquants,
03:54justement condamnés dans un centre éducatif fermé proche de Marseille.
03:58Vous l'accompagnez ?
03:59Oui, je vais l'accompagner.
04:00Donc, je pars ce soir en avion.
04:03Il va faire une journée qui commence très tôt.
04:05Ça va être à 8 heures du matin avec une séquence au tribunal judiciaire de Marseille.
04:09Notamment, vous savez qu'il a fixé trois grandes lignes.
04:12Il y en a notamment deux qui vont nous intéresser lors de ces déplacements.
04:16C'est évidemment la question du narcotrafic et de la criminalité organisée.
04:20On voit bien ce qu'il se passe dans nos prisons.
04:22On voit bien l'essor qu'a pris le narcotrafic ces dernières années.
04:26On parle d'un business, si je puis dire, qui a un chiffre d'affaires
04:30relatif à une entreprise du CAC 40.
04:33C'est entre 4 et 6 milliards de chiffres d'affaires.
04:35Il y a 200 000 personnes qui en vivent.
04:37Et surtout, il y a des victimes, il y a des drames.
04:39On les commente ici ou là.
04:40À Grenoble, on se souvient à Rennes, un enfant qui avait pris une balle perdue.
04:45On se souvient de Marseille, ce chauffeur VTC qui a été tué par un gamin de 14 ans
04:50et dont le meurtre a été commandé depuis une prison.
04:54Donc on voit très bien qu'il y a beaucoup de sujets.
04:56Et puis ensuite, voilà, Gérald Darmanin, il va rencontrer des mineurs
05:00parce que c'est aussi l'enseignement qu'on peut tirer de cette nuit de la Saint-Sylvestre
05:03et que les violents dans notre pays aujourd'hui sont de plus en plus jeunes,
05:08à 12, 13 ou 14 ans.
05:10Désormais, on ne joue plus à la Game Boy ni aux jeux vidéo.
05:13On ne lit plus de manga et heureusement, il y en a beaucoup qui le font.
05:16Mais on va s'en prendre aux forces de l'ordre et brûler des véhicules.
05:20Donc je dois vous laisser filer, c'est ça ?
05:22Je crois.
05:22Il va faire des annonces, Gérald Darmanin, sur ces sujets ?
05:25Il a l'annonce assez facile depuis qu'il est, je crois, gardé des sauces.
05:29Ce sera d'ailleurs un moment très compliqué de les lister toutes.
05:32Il en a fait au moins une trentaine depuis.
05:34Il en a fait une dizaine dans son interview au Parisien dimanche dernier.
05:38Donc évidemment qu'il y aura des mesures,
05:40mais je pense qu'il va surtout insister sur ses priorités.
05:43La question des prisons, la question du narcotrafic et de la criminalité organisée.
05:46Merci Jules Thorez, je vous libère.
05:47Merci Stéphanie, je suis désolé de vous quitter aussitôt.
05:49Mais oui, vous voyez, je ne vais pas rester très longtemps.
05:51Merci Jules Thorez.
05:52Et vous, je vous garde, Philippe.
05:54Merci Stéphanie.
05:55Au cœur de l'Histoire, tous les jours de 15h à 16h sur Europe 1
05:59avec Stéphane Bern du lundi au vendredi
06:01et Virginie Giraud samedi et dimanche.
06:03Ils vous font le récit d'événements, de lieux, de personnages
06:06qui ont façonné l'Histoire.
06:07Demain, Stéphane Bern retrace l'Histoire de Arthur Conan Doyle,
06:11le créateur de Sherlock Holmes.
06:12Tous les épisodes d'Au cœur de l'Histoire sont à retrouver dès maintenant
06:16en replay et en podcast sur europe1.fr et l'application Europe 1.
06:20Restez avec nous, on se retrouve dans quelques instants.
06:28Philippe Guibert est toujours avec nous dans ce studio,
06:31rejoint par Georges Fenech, ancien magistrat.
06:35Georges Fenech, du coup, on va continuer un petit peu à parler
06:38justement de cette insécurité le soir de Nouvel An.
06:41Bruno Retailleau n'est pas content, il dénonce un bilan trop lourd,
06:441000 véhicules incendiés, plus de 400 personnes interpellées en France.
06:49Avant de vous faire réagir, je vais vous faire écouter Bruno Bartocetti
06:53d'Unité SGP Police FO, il fait le bilan de cette soirée du réveillant.
06:57C'est un drame pour une famille qui a envie de fêter la nouvelle année
07:02et on a des tirs de mortiers, on a des voitures incendiées,
07:06on a des policiers qui ont été blessés, je parle de manière générale,
07:11en France, et puis on a à Strasbourg, comme on le sait aussi,
07:14cet enfant, cet adolescent qui s'est fait tuer.
07:16Et ça m'est difficile de dire que ça s'est globalement bien passé.
07:21On travaille avec beaucoup de conscience, comme vous le savez,
07:23mais malgré tout le risque zéro n'existe pas et on a affaire à des dégénérés,
07:27des dégénérés qui ne sont là que pour semer la panique, pour déranger,
07:33et c'est très compliqué de travailler dans ces conditions.
07:36Georges Fenech, c'est vrai que ce matin, je voyais certains titres de presse,
07:40climat plutôt calme dans l'ensemble, ça paraît incroyable de s'extasier
07:46que la France n'ait pas explosé un soir de réveillon,
07:48ce policier nuance en rapportant à certains incidents cette nuit.
07:53Plus que des incidents, puisqu'il y a un jeune de 14 ans qui est décédé,
07:57il y a un enfant, oui.
07:59Pas forcément, je me permets de le dire, pas forcément lié à cette soirée de réveillon,
08:04le policier le précisait très clairement ce matin.
08:07Il y a eu un enfant de 2 ans qui a reçu un tir à ion, place Bécourt,
08:10et puis j'ai été très surpris par le chiffre qui a été annoncé
08:13cet après-midi par le ministre de l'Intérieur,
08:16parce qu'on n'en a pas parlé ce matin, 984 précisément véhicules qui ont été incendiés,
08:21ce qui correspond effectivement à la moyenne, bonhomme à l'an,
08:25entre 800 et 1000 incendies de véhicules.
08:28Plutôt fourchette haute.
08:29Voilà, c'est plutôt la fourchette haute.
08:31Moi je salue d'ailleurs la transparence du ministre de l'Intérieur,
08:36il en a fait d'ailleurs, je dirais un style politique,
08:40il le dit, il ne cache pas la réalité, c'est important qu'il le fasse.
08:43Oui parce que pendant longtemps on ne les a plus comptés
08:45pour ne pas attiser justement ce concours un petit peu malsain.
08:49Il ajoute aussi sa satisfaction de travailler auprès du nouveau garde des Sceaux,
08:53Gérald Darmanin, il le dit,
08:55nous sommes là tous les deux justement pour lutter contre ces phénomènes,
08:58et il emploie, vous avez raison, le terme d'ensauvagement,
09:01qui n'était jamais employé ni par M.Miguet,
09:04ni encore moins par M.Éric Dupond-Moretti.
09:07Bon, là on est au terme de la sémantique,
09:09bon, maintenant il faut voir l'action, ce qui sera possible de faire.
09:12Ce qui est vraiment désolant, consternant,
09:15c'est que depuis plusieurs décades, c'est pas nouveau,
09:18on n'a jamais réussi à empêcher ce genre d'événements.
09:21Jamais, voyez-vous ?
09:22Moi je dirais, reprendre la formule de Gilbert Césebon,
09:25mais c'était après la seconde guerre mondiale,
09:27ce sont des chiens perdus sans collier, ces jeunes.
09:30Vous comprenez ?
09:31Il y a des carences familiales,
09:33il y a un recul total de l'autorité, partout.
09:36Il y a une défaillance de la justice des mineurs,
09:39on le sait, d'ailleurs il y a un projet en cours, voyez-vous ?
09:42Donc je pense que l'État n'a pas fait,
09:45il ne fait pas encore ce qu'il devrait faire
09:48pour empêcher ces jeunes...
09:50Et que devrait-il faire, Georges Schelleg ?
09:52On le sait au fond, on le sait très bien, ce qu'il faut faire.
09:55Il faut construire des établissements d'un type nouveau,
09:58et notamment des centres éducatifs fermés,
10:00qui sont totalement en sous-effectifs.
10:03Il y en a à peu près 52 en France,
10:05donc même pas un par département.
10:07Ce sont des petites structures de 10-12, vous voyez un petit peu.
10:10Il faut évidemment beaucoup plus d'éducateurs,
10:12beaucoup plus de services de prévention.
10:14Il faut une justice qui soit rapide,
10:17qui sanctionne au moment de la commission des faits
10:20par des courtes peines, de façon à stopper cette escalade, voyez-vous ?
10:24Il faut rétablir donc les courtes peines,
10:26il faut rétablir les sanctions rapprochées de la commission des faits,
10:29et non pas renvoyer au calende grec.
10:31Il faut évidemment responsabiliser toujours davantage les parents,
10:36ne serait-ce qu'en les frappant au porte-monnaie quand c'est nécessaire,
10:40en tout cas de mettre des tutelles aux prestations sociales.
10:43Il y a un certain nombre de mesures,
10:45qu'on espère qu'elles seront prises,
10:47même s'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
10:50Je pense que sur la définition d'une nouvelle politique pénale
10:55à travers cette idée de courte peine,
10:57je pense qu'une majorité peut se trouver à l'Assemblée nationale.
11:01Parce qu'il y a tout de même, non pas un consensus,
11:06mais quand même un accord assez large sur le fait
11:09que la politique qui a consisté à détricoter toutes les courtes peines
11:15n'a pas produit de très bons résultats,
11:17et plutôt l'inverse.
11:19C'est récent, c'est 2021,
11:23quand on a supprimé les courtes peines.
11:25Mais ça s'inscrivait dans une tendance
11:27où on ne voulait pas incarcérer pour des durées...
11:31Gérald Darmanin semble bien décider à les remettre.
11:34Je suis content que ce soit un socialiste,
11:36un ancien, qui le dise aujourd'hui.
11:39Oui, parce que je trouve que le sentiment d'impunité
11:42pour une société est complètement délétère.
11:45C'est terrible, ça détruit la cohésion d'une société.
11:50Et j'entends plein de gens de gauche,
11:52dont j'ai été assez proche à une époque,
11:54venir se plaindre à tout moment que certains votes
11:58puissent progresser.
11:59Le vote pour le RN, pour le dire.
12:02Je me souviens de Manuel Valls,
12:04qui voulait rétablir les courtes peines en 2013,
12:07et Mme Taubira s'y était opposée.
12:09Oui, bien sûr, parce que Manuel Valls a toujours été...
12:11En tout cas, Gérald Darmanin semble bien décider
12:13à accéder à votre demande, mon cher Georges Fenech.
12:16Mais ce n'est pas ma demande personnelle.