1939, des bruits de bottes résonnent dans toute l'Europe. L'Allemagne nazie tisse sa toile, annexe l'Autriche et envahit la Pologne. L'Angleterre et la France lui déclarent la guerre. Au même moment, le physicien Albert Einstein, réfugié aux Etats-Unis, s'inquiète des avancées scientifiques européennes. Alerté par un de ses anciens élèves, il décide de prévenir le Président Franklin Roosevelt : Français et Allemands parviendront d'ici peu à percer le secret nucléaire et pourront fabriquer une arme nouvelle d'une puissance inimaginable. En Allemagne c'est Werner Heisenberg, Prix Nobel de Physique en 1932, qui est le plus talentueux et le plus avancé en matière de recherche nucléaire. En France, les recherches se font sous l'égide du couple Prix Nobel de Chimie en 1935, Irène Curie et son époux Frédéric Joliot-Curie. A partir d'octobre 1939, ils réalisent leurs recherches sous la tutelle d'un organisme nouvellement créé, le CNRS. Une folle course contre la montre s'engage alors, mobilisant scientifiques, politiques et services secrets. Car pour avancer dans leurs travaux, les scientifiques allemands et français ont besoin d'une substance, rarissime, produite par une seule usine au monde en Norvège : l'eau lourde. C'est la plus incroyable et secrète des batailles de la Seconde Guerre mondiale. On l'appelle la Bataille de l'eau lourde. Qui aura l'eau lourde aura la maîtrise de l'atome. Mais le IIIe Reich n'aura pas la bombe. Résistants norvégiens, savants français et chercheurs américains l'empêcheront. Ce film raconte cet épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale grâce à des témoignages inédits, des archives surprenantes et des images issues d'un film de fiction de 1948 d'une grande originalité puisque tous les protagonistes y jouent leur propre rôle. Année de Production :
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00:00À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le physicien Albert Einstein, réfugié aux
00:06Etats-Unis, s'inquiète des avancées scientifiques européennes.
00:10Alerté par un de ses anciens élèves, Léo Zillard, un juif hongrois qui a fui l'Europe
00:16centrale nazie, il décide de prévenir le président Franklin Roosevelt que français
00:21et allemands parviendront d'ici peu à percer le secret nucléaire et qu'il pourrait
00:26fabriquer une arme nouvelle d'une puissance inimaginable.
00:30Nous entrons alors dans une nouvelle ère terrifiante.
00:36Une course contre la montre s'engage, mobilisant scientifiques, politiques et services secrets.
00:43C'est la plus incroyable et secrète des batailles de la Seconde Guerre mondiale.
00:48On l'appelle la bataille de l'eau lourde.
00:59La bataille de l'eau lourde
01:30La bataille de l'eau lourde
01:34La bataille de l'eau lourde
01:57En décembre 1938, la recherche nucléaire connaît un bouleversement tel qu'il était
02:02peu prévisible. Otto Hahn et son assistant, Fritz Strassmann, découvrent la fission nucléaire.
02:08Ce n'était pas du tout leur intention. Ils voulaient produire du radium et par hasard
02:13ils ont découvert la fission nucléaire. Cette découverte a été rendue publique
02:19dans le monde entier en janvier 1939 grâce à un article dans lequel Otto Hahn rendait
02:25compte de ses expériences. Cet article a été publié à l'intention des autres
02:30scientifiques. Et les premiers physiciens à avoir mis en place une série d'expériences
02:35concluantes pour vérifier, confirmer ou affirmer les résultats d'Otto Hahn sont des Français
02:40sous la direction de Joliot-Curie.
02:44Frédéric Joliot, au Collège de France, comprend immédiatement que puisqu'on envoie
02:54des neutrons, il y en a d'autres qui sont produits, peut-être une réaction en chaîne est possible.
03:00C'est clair que la découverte de la fission produit un emballement dans la communauté
03:05scientifique internationale. Toute personne qui entend parler que l'uranium se casse,
03:13les physiciens et les chimistes commencent à étudier ça.
03:19Les savants qui travaillaient sur les recherches nucléaires, les recherches atomiques à cette
03:23époque-là, ça restait un nombre restreint de personnalités, mais qui exploraient un
03:27des domaines qui était jugé alors l'un des plus prometteurs. C'était des personnalités
03:32qui pouvaient avoir un engagement politique, un engagement en faveur de la paix. Je pense
03:37notamment en France, si on parle de Frédéric Joliot-Curie, la personnalité qui mérite
03:42d'être mise très en avant.
03:45Frédéric Joliot-Curie ne travaille pas seul, mais en binôme avec son épouse Irène Curie,
03:51la fille de Pierre et Marie Curie. Ensemble, ils ont reçu le prix Nobel de chimie en 1935.
03:59Ma mère a publié avant mon père. C'est clair que c'est Irène Curie qui est là,
04:06le point d'ancrage.
04:08Le couple Joliot-Curie avançait main dans la main pour tout ce qui avait trait à la
04:13recherche elle-même sur le nucléaire, sur l'atome. Évidemment, son rôle a été tout
04:18aussi déterminant que son épouse, simplement lui a été beaucoup plus engagé par la suite
04:24dans ce qu'on peut appeler la bataille de l'eau lourde.
04:28Dans l'austère décor du Collège de France, le professeur Joliot-Curie parle d'avenir
04:33et d'espoir.
04:34La science, l'industrie, la civilisation pourront progresser à pas de géant lorsque
04:41nous saurons contrôler la désintégration massive de l'uranium. Mais il nous faudra
04:47encore beaucoup chercher. Mais un jour, nous serons maîtres de cette immense réalité
04:54Mais un jour, nous serons maîtres de cette immense réserve d'énergie. Ce sera une
04:59ère nouvelle. L'humanité toute entière en profitera. Je sais. En ce mois d'avril
05:061939, l'horizon politique est sombre.
05:09En avril 1939, Frédéric Joliot-Curie publie un article dans lequel il écrit « Oui, le
05:15noyau atomique est fissile, le noyau d'uranium est fissile et des quantités d'énergie
05:20énormes se forment ainsi ». Il est donc le premier scientifique au monde à avoir
05:25confirmé la découverte d'Otto Hahn. Mais ce qui n'était pas écrit dans l'article,
05:30c'est que Joliot-Curie a tout de suite informé l'armée et il a commencé des expériences
05:35en milieu militaire. En France, on a donc compris très très tôt l'importance militaire
05:42de la fission nucléaire et il voulait continuer les recherches dans cette direction. En Allemagne,
05:48c'était similaire. Plusieurs physiciens ont écrit aux autorités militaires pour
05:53les informer que le premier qui maîtrisera cette technologie maîtrisera le monde.
05:59La veille de la seconde guerre mondiale en 1939, avant que les armes se mettent à parler,
06:04il y a deux pays qui sont vraiment à la pointe, c'est la France et l'Allemagne dans ce
06:08qu'on peut appeler la course à l'atome à l'époque.
06:11Au final, quelques mois plus tard, le déclenchement de la guerre va isoler l'Allemagne du reste
06:17du monde. L'équipe française et les équipes américaines avaient une très mauvaise connaissance,
06:22sinon une méconnaissance complète, de ce que faisaient les Allemands. Et c'est aussi
06:26cette méconnaissance qui a encore plus accéléré les recherches puisque ne sachant pas à quel
06:31point ils en étaient arrivés, la motivation était toujours de faire le pari le plus pessimiste
06:36possible, à savoir, ils sont en avance.
06:38La lettre qu'Albert Einstein adresse au président Roosevelt au début du mois d'août 1939
06:45pour lui annoncer que les Allemands pourraient très bien être engagés sur cette voie et
06:50arriver avant tous les autres à produire une arme meurtrière à un niveau jamais atteint
06:55auparavant et qui pourrait faire balancer le sort de la guerre très rapidement en leur faveur.
07:00Et que dans ces conditions, une course doit s'amorcer, puisque si on les laisse faire
07:07seuls, ils risquent d'y arriver et cette découverte, au final, peut être déterminante
07:14pour l'issue de la guerre.
07:15Il est nécessaire pour notre prestige et pour les progrès de la science dont chacun profite
07:21d'autre part, que l'on donne aux jeunes chercheurs les moyens qui leur manquent actuellement.
07:26Frédéric Joliot-Curie a cette initiative quand même assez forte qui est d'aller voir
07:31le ministre de l'Armement qui s'appelle Raoul Dautry, qui est un ingénieur qui est formé
07:36et conscient de ces questions-là.
07:38Et quand Frédéric Joliot-Curie, qui est pris Nobel, un homme extrêmement sérieux,
07:43un homme qui ne plaisante pas avec ses sujets de recherche, lui présente les voies dans
07:46lesquelles il est engagé et ce vers quoi elle pourrait aboutir, évidemment, il obtient
07:50tout de suite l'oreille de Dautry, le soutien de Dautry qui porte après sa parole, on va
07:55dire, au sein du gouvernement d'Aladier.
07:58Cette sensibilisation des pouvoirs publics, des pouvoirs politiques, permet d'aboutir
08:03à la création d'un nouvel organisme en France le 19 octobre 1939, c'est le CNRS,
08:08le Centre National de la Recherche Scientifique.
08:10Alors, a posteriori, on peut établir un lien assez évident entre tous les événements
08:16autour de l'eau lourde et tous les événements autour de la mobilisation sur l'atome et
08:22la création du CNRS.
08:24Il se mène plutôt, l'Allemagne a envahi la Pologne, dans la foulée, l'Angleterre
08:28puis la France ont déclaré la guerre.
08:30Une des missions principales du CNRS à sa création, c'est de mobiliser la recherche
08:34française en vue d'obtenir une victoire plus rapide sur l'ennemi.
08:41Vous voilà Kowarski.
08:42Monsieur, je m'excuse.
08:44Vous arrivez à point.
08:45Je venais juste de dire à Albane que le moment est venu de décider de l'orientation
08:50que nous allons donner à la suite de nos expériences.
08:56Cet engagement scientifique ne sera révélé au grand public qu'après la guerre, en 1948,
09:02grâce à un film.
09:04Un long métrage exceptionnel dans lequel chaque plan, chaque image, chaque propos sont élaborés
09:10à partir d'une enquête minutieuse avec toutes les vérifications d'usage.
09:15Un film historique d'une exactitude rare.
09:18Un document inhabituel et original, puisque tous les principaux acteurs de cette histoire
09:23y jouent leur propre rôle.
09:25A commencer par Frédéric Joliot-Curie.
09:30L'eau lourde nous permettra d'avancer plus rapidement.
09:33Mais il ne faut pas oublier que c'est un produit très rare.
09:37Et la quantité dont nous disposons au laboratoire est très insuffisante.
09:41Alors, l'eau lourde, on l'appelle un modérateur.
09:44C'est un élément qui est absolument nécessaire aux yeux de Frédéric Joliot-Curie à ce moment-là,
09:50dans les expériences qu'il veut mener.
09:52C'est-à-dire que l'eau lourde permet de ralentir les neutrons pour entretenir cette réaction en chaîne
09:59qu'on souhaite maintenir en vue d'un dispositif de production d'énergie.
10:05Alors, l'eau lourde, qui est quoi ?
10:07Qui est un isotope rare de l'eau, qui représente une toute petite proportion de l'eau
10:13qu'on peut obtenir par électrolyse.
10:15Et il y a un endroit au monde, je crois, où on peut avoir des quantités importantes d'eau lourde.
10:23C'est l'usine norvégienne de la Norsk Hydro.
10:26Et voilà cette usine.
10:28À flanc de vallée, 7 étages d'acier et de béton.
10:31Véritable forteresse, mais apparemment vouée à la pacifique fabrication d'engrais chimiques.
10:3520 conduites géantes amènent du haut de la montagne et les eaux d'un lac vers l'usine
10:40qui est aussi la plus puissante centrale hydroélectrique du monde.
10:43Mais au fond de cette forteresse industrielle, l'énorme masse d'eau décomposée par l'électrolyse
10:48livre également, goutte à goutte, le produit rare qu'elle contient, l'eau lourde.
10:53Quelques grammes d'eau lourde par jour.
10:56Cette eau lourde va faire de l'usine de Vemork, à Ryukan en Norvège,
11:00l'un des pôles d'attraction de la guerre secrète.
11:03Et Joliot s'inquiète de tout ça et dit qu'il faut absolument qu'on récupère ces stocks
11:08à la fois parce que nous en avons besoin pour nos recherches,
11:12mais aussi parce qu'il ne faut pas que l'Allemagne se dote d'une arme nucléaire
11:16dont on peinait encore à imaginer tous les contours.
11:19À Paris, Raoul Dautry, ministre de l'Armement, reçoit le professeur Joliot-Curie.
11:24Il faudrait donc tout de suite négocier l'achat du stock d'eau lourde, environ 160 litres,
11:29qui se trouve à Vemork, et l'amener à Paris.
11:32Tout à fait d'accord. La possession de l'eau lourde de Vemork est un intérêt capital.
11:36Et je crains que les Allemands ne nous aient déjà devancés.
11:40En effet, à Oslo, l'envoyé du Troisième Reich est assis devant M. Aubert,
11:45directeur général de la fameuse usine Porterès.
12:01Quand la guerre a éclaté en 1939, les Français étaient très intéressés par l'eau lourde
12:06qu'ils voulaient récupérer pour leur recherche à Paris.
12:11Mais en janvier 1940, un émissaire allemand envoyé par le Troisième Reich
12:16est arrivé le premier pour défendre les intérêts des scientifiques allemands.
12:20Ils voulaient acheter toutes les réserves d'eau lourde d'ici.
12:23Mais les Norvégiens ont refusé parce que les Allemands n'ont pas donné
12:26les bonnes explications quant à l'usage qu'ils en feraient.
12:30En mars 1940, un Français, un certain Jacques Allier,
12:40est venu ici pour rencontrer le directeur de l'usine de la Norsk Hydro
12:44et lui a demandé de lui remettre le stock d'eau lourde.
12:48Et à Paris, Raoul Dautry reçoit en présence de Joliot-Curie un mystérieux personnage.
12:52Vous êtes volontaire pour cette mission en Norvège.
12:55Vous êtes en effet tout désigné pour mener à bien cette négociation.
12:59Il est inutile, n'est-ce pas, que je revienne sur les risques de l'opération ?
13:02Tout à fait inutile, monsieur le ministre.
13:04Ne perdez pas une heure.
13:06Vous savez comme moi que l'Allemagne peut attaquer la Norvège d'une minute à l'autre.
13:09Alors une décision importante est prise le 20 février 1940 dans le bureau de Raoul Dautry,
13:14c'est d'envoyer Jacques Allier en mission en Norvège auprès de l'usine Norsk Hydro,
13:20qu'il connaît bien, afin de récupérer un stock d'eau lourde de quasiment 200 litres.
13:27Cette usine s'est montée grâce à des capitaux de la Banque de Paris et des Pays-Bas.
13:32Mon grand-père Jacques Allier travaille à la Banque de Paris et des Pays-Bas.
13:36Il est émissaire de cette banque auprès de cette usine.
13:40Et très rapidement, je crois, il a noué des liens à la fois d'estime professionnelle,
13:46mais aussi il y a une véritable affect et de l'amitié vis-à-vis des Norvégiens
13:53et vis-à-vis des responsables de l'usine de la Norsk Hydro.
13:57J'ai toujours su que c'était une mission risquée et qu'il avait assez rapidement compris, mon grand-père,
14:03qu'il était effectivement repéré par les Allemands.
14:06Donc il a été à la Norsk Hydro où il a rencontré les responsables de cette usine,
14:12et notamment monsieur Axel Aubert, qui était un Norvégien avec qui il avait d'excellentes relations
14:17depuis déjà plusieurs années.
14:19Et il lui a expliqué qu'il venait au nom du gouvernement français
14:23pour négocier le rachat des stocks d'eau lourde,
14:26de la totalité des stocks d'eau lourde dont disposaient les Norvégiens.
14:30Il s'est permis, alors que tout était absolument, totalement secret,
14:33de dire à cet Axel Aubert le but réel aussi de pouvoir ramener cette eau lourde pour des raisons de guerre.
14:40Et Aubert, qui était pourtant neutre, comme la Norvège était en position de neutralité,
14:46lui a dit, je crois avec beaucoup d'émotion,
14:49que c'était une raison de plus pour lui de lui remettre cette eau lourde,
14:53qu'il n'était pas question que la France paye quoi que ce soit tant qu'elle n'aurait pas gagné,
14:58et que si la France perdait la guerre, malheureusement,
15:01peut-être que lui serait mis en cause pour ce qu'il avait fait,
15:04mais qu'il l'assumait la tête haute.
15:07Et par une nuit glaciale de mars 1940,
15:10le seul stock d'eau lourde existant au monde
15:12quitte l'usine forteresse de Weymouth par les routes enneigées du Téléma.
15:18Mon grand-père est reparti à Oslo,
15:21il y avait à peu près 200 litres d'eau lourde, 28 bidons,
15:25et donc mon grand-père, aidé par les services secrets,
15:29a élaboré un scénario pour tromper l'Allemagne.
15:33En fait, il y avait deux avions qui décollaient,
15:36il y en avait un qui partait pour Amsterdam,
15:39et un qui partait à priori pour Édimbourg, en tout cas pour l'Écosse,
15:42à peu près en même temps,
15:44et donc mon grand-père a réservé des places sur les deux avions,
15:48mais l'objectif était de faire croire aux Allemands
15:51qu'il allait faire Oslo-Amsterdam.
15:55En réalité, l'avion qui allait en Écosse
15:58était un peu en embuscade derrière,
16:01et mon grand-père était redescendu par la soute
16:04pour remonter dans l'avion qui partait à Édimbourg.
16:07À Édimbourg, les bidons d'eau lourde,
16:10Jacques Allier et ses sbires
16:15ont pris l'avion pour Édimbourg,
16:18et donc ils ont atterri sans encombre
16:21pendant que l'avion d'Amsterdam était détourné par la Luftwaffe,
16:24fouillé intégralement, et voilà, le tour était joué.
16:28Des pierres seulement dans cette valise-là.
16:32Oslo-Édimbourg, Édimbourg-Paris, l'eau lourde dans ces bidons
16:36repose enfin au fond des caves du Collège de France.
16:52Trois semaines plus tard, le 19 avril 1940,
16:56l'Allemagne attaque et envahit la Norvège.
17:02Si l'usine d'eau lourde intéresse fortement les Allemands,
17:05cette invasion est principalement stratégique pour le 3e Reich.
17:08Il s'agit de contrôler les voies maritimes et l'accès à l'Atlantique.
17:14Après seulement, en mai 1940,
17:17Hitler décide d'envahir et occuper la France.
17:20Les Ardennes, Paris, l'invasion fulgurante de la Wehrmacht
17:24provoque un exode massif des Français qui fuient vers le sud.
17:28C'est la débâcle.
17:30Ce qui fait que Frédéric Joliot-Curie et ses collaborateurs
17:34sont contraints de faire transiter cette eau lourde,
17:38c'est quand même 200 litres dans des bidons, c'est encombrant,
17:42dans un pays qui est en pleine catastrophe, en plein écroulement.
17:46Et donc, ils embarquent à bord de quelques véhicules.
17:49Un de ces véhicules est d'ailleurs conduit par Joliot-Curie lui-même.
17:53À ses côtés, il y a sa compagne qui est à ce moment-là aussi très gravement malade.
17:58Et donc, par étape successive, on arrive tout d'abord à Clermont-Ferrand.
18:02On crée un petit laboratoire secret près de Clermont-Ferrand.
18:09Et on y déménage autant qu'on le peut,
18:13ce qu'il faut pour refaire les expériences,
18:16avec l'idée qu'on arrivera à arrêter les Allemands à la Loire.
18:20On va encore travailler là où c'est pas occupé.
18:24Dans une villa de Clermont-Ferrand, Joliot-Curie et ses collaborateurs
18:28ont installé en un temps record un laboratoire de fortune.
18:32Toute à l'heure, vous partirez pour Bordeaux.
18:34J'ai obtenu du gouvernement un ordre de mission
18:37vous chargeant de continuer les recherches hors de France avec l'eau lourde.
18:41Et ensuite, le convoi du Collège de France se dirige vers Bordeaux.
18:46En cours de route, Irene Joliot-Curie, elle, doit s'arrêter.
18:50Elle va se reposer dans un hôpital, un sanatorium.
18:54Et c'est Frédéric qui va arriver jusqu'à Bordeaux.
18:58À la vie réussit d'acquitter Bordeaux avant l'arrivée des Allemands.
19:02À son bord, l'eau lourde fuit vers les laboratoires anglais.
19:08Frédéric Joliot-Curie décide de rester en France
19:11pour s'occuper de son épouse, Irene Curie,
19:14atteinte de la tuberculose et hospitalisée.
19:17Puis, quelques semaines plus tard, il rentre à Paris
19:20où les Allemands occupent leur laboratoire du Collège de France.
19:24Les Joliot-Curie reprennent leurs travaux
19:26mais sabotent volontairement les expériences trop sensibles.
19:30Quant à l'eau lourde des Français,
19:32elle est arrivée en Angleterre puis envoyée outre-Atlantique.
19:36Les Allemands n'ont d'autre choix
19:38que de se tourner vers la Norvège pour s'en procurer.
19:54Nous nous trouvons dans l'usine,
19:56l'ancienne centrale électrique de Wehmork,
19:59l'unique endroit en Europe et au monde
20:02où l'on fabriquait de l'eau lourde.
20:05Cela voulait dire que l'ensemble de la production mondiale d'eau lourde
20:09se trouvait ici.
20:11Donc à l'été 1940,
20:13l'eau lourde tombe entre les mains des Allemands
20:17qui ordonnent à Hydro d'augmenter la production d'eau lourde.
20:22L'eau lourde devient un enjeu capital pour l'Allemagne.
20:26L'Allemagne fait main basse
20:28et met sous coupe réglée l'usine Norsk Hydro
20:31afin qu'elle produise de l'eau lourde pour les savants allemands
20:35et notamment pour Heisenberg
20:37qui est le plus engagé dans ses recherches en Allemagne.
20:41Heisenberg avait calculé
20:43qu'il lui fallait environ 5 tonnes d'eau lourde
20:46pour faire fonctionner un réacteur.
20:48C'est donc pour cela que la production d'eau lourde
20:51a été accélérée en Norvège.
20:53Dans cette bataille, les Allemands marquent pourtant un point capital.
20:57Ils n'ont pas eu le stock, ils ont l'usine.
21:00Mais si là-bas leurs exigences se donnent libre cours,
21:03ils se heurtent déjà à la résistance intérieure de l'usine.
21:105000 kilos, monsieur !
21:125000 !
21:145000 kilos, monsieur !
21:165000 !
21:18Cette année !
21:19C'est impossible, j'en ai besoin.
21:21Ce que vous avez besoin, vous recevez.
21:23Moi, j'en ai besoin.
21:255000 kilos !
21:27Au revoir.
21:28Dans la direction, dans les cadres, parmi les ouvriers,
21:30la résistance norvégienne bâtit son premier récepteur.
21:44Si c'est ce que vous croyez,
21:46nous devons soutenir les alliés.
22:14C'était de jeunes garçons qui étaient partis en Angleterre
22:17pour apprendre et s'entraîner à devenir des soldats
22:20afin de revenir en Norvège pour combattre les forces d'occupation nazies.
22:28C'était de jeunes garçons tout à fait normaux
22:31qui avaient entre 23 et 28 ans
22:33et qui venaient de différentes régions de Norvège.
22:37Ils étaient de toutes les couches sociales,
22:39mais ils avaient en commun d'avoir été en Angleterre
22:41suivre une formation militaire.
22:44Ils étaient revenus clandestinement en Norvège
22:46pour compliquer au maximum la tâche des Allemands
22:49et essayer de les bouter hors du pays.
22:51C'était ça leur mission.
22:55Joachim Rønneberg n'avait que 21 ans
22:58quand il s'est enfui de Norvège pour aller en Angleterre.
23:01Il fut désigné pour être le chef du groupe,
23:04même si avant de partir en Angleterre,
23:06il n'avait reçu aucune formation militaire.
23:10Il n'avait même pas participé aux combats de 1940
23:14et il était le plus jeune de tous les résistants.
23:40Nous sommes ici, à Berlin, dans le laboratoire bunker
23:43de l'Institut de physique Kaiser Wilhelm.
23:46Ce laboratoire a demandé beaucoup d'efforts et de moyens.
23:50Il a été construit fin 1942, début 1943,
23:54avec de très gros murs pour éviter
23:56que les radiations aillent vers l'extérieur.
23:59C'était très modeste,
24:00mais c'est ce qui a fait qu'il s'agissait d'un laboratoire
24:03qui a été construit pour éviter
24:05que les radiations aillent vers l'extérieur.
24:08C'était très moderne à l'époque et avec un bras mécanique,
24:11on pouvait manipuler de l'uranium et de l'eau lourde,
24:14sans risque pour les physiciens.
24:17Jusqu'à l'été 1941, le Reich allemand avait de l'avance
24:20dans le domaine de la recherche nucléaire.
24:23Après la découverte de la fission nucléaire,
24:25un groupe de recherche est formé, le groupe Uranium,
24:28avec environ 100 chercheurs
24:30qui étaient sous la houlette des militaires.
24:32Ils cherchaient à savoir s'il était possible
24:34de construire un réacteur nucléaire.
24:38Heisenberg a favorisé un agencement
24:40qui combinait des plaques d'uranium et de l'eau lourde.
24:43C'est une sorte de réacteur en strates,
24:45une couche d'uranium, puis une couche d'eau lourde,
24:48une couche d'uranium, puis une couche d'eau lourde,
24:51le tout dans une boule.
24:53Il y a de très nombreux indices qui indiquent
24:55qu'Heisenberg ne voulait pas prendre la décision
24:57de fabriquer une bombe ou pas.
24:59Mais à l'été 1941, il était très clair aussi pour eux
25:02que ce réacteur ne servirait pas seulement
25:04à la production d'énergie.
25:06Werner Heisenberg, lauréat du prix Nobel en 1932,
25:10est l'un des plus brillants chercheurs de sa génération.
25:13Et il est reconnu comme tel
25:15par la communauté scientifique internationale.
25:17Avant la guerre, il était proche d'Einstein
25:19et du couple Joliot-Curie, ici avec lui,
25:22lors du congrès des physiciens de Solvay, en Belgique.
25:25Heisenberg n'était pas un nazi, bien au contraire.
25:30À la fin des années 30,
25:32Heisenberg a été attaqué par des journaux pro-nazi
25:35et même traité de juif blanc
25:38parce qu'il était très proche d'Einstein,
25:41surtout en ce qui concerne ses recherches.
25:45Certaines branches des SS lui en voulaient pour cela
25:48et ils l'ont harcelé et attaqué.
25:52Il était vraiment sous pression.
25:57Les Joliot-Curie, tous les deux,
26:00étaient membres des comités antifascistes,
26:03ce n'étaient pas, si vous voulez,
26:06les leaders d'opinion des intellectuels français.
26:10Langevin est engagé contre le fascisme
26:13et est une grande figure antifasciste
26:17de l'entre-deux-guerres des années 30.
26:20À l'arrestation de Langevin,
26:22c'est un point de départ pour la résistance universitaire
26:26qui va donc mettre mon père en contact
26:29avec des gens qu'il n'aurait jamais rencontrés sans ça.
26:34Il va prendre les contacts qu'il faut
26:37avec les groupes de résistance
26:40pour faire en sorte que ma mère puisse partir avec les enfants
26:47et être envoyée passer clandestinement en Suisse.
26:52Donc on va partir et lui va rentrer réellement dans la résistance.
26:59Alors qu'à Paris, les scientifiques entrent en résistance
27:02et que Joliot-Curie rejoint un réseau dans la clandestinité,
27:06au même moment, à Vemork,
27:08les résistants norvégiens vont passer à l'action.
27:30L'opération de sabotage contre l'usine de Vemork
27:33avait pour nom de code Gunnerside.
27:36Leur mission était de faire sauter l'usine
27:39et de détruire la production d'eau lourde.
27:46Les neuf hommes vont se mettre en route.
27:48Objectif, la petite pièce au fond de l'usine porteresse,
27:51aux gouttes à gouttes, l'eau lourde guettée par les savants
27:54et par les chefs de guerre,
27:56tombe dans les cuves.
27:58Voies d'accès longues et périlleuses.
28:01D'abord, les neuf patriotes saboteurs
28:04devront descendre jusqu'au fond de la faille rocheuse
28:07qui s'ouvre au pied de l'usine.
28:09Puis ils devront escalader la falaise abrupte de l'autre versant.
28:12Et de là, s'engagèrent à découvrir le long de la voie ferrée
28:16qui pénètre dans l'usine.
28:18Partout ailleurs, ce ne sont que mitrailleuses et champs de mines.
28:22Ils ont effectué la première partie de la descente à ski.
28:25Ils portaient alors tous l'uniforme militaire britannique
28:28et des combinaisons blanches par-dessus.
28:30Mais quand ils sont arrivés à cet endroit précis, ici,
28:33ils ont enlevé leurs skis,
28:35et ils ont descendu cette pente en marchant et en portant l'eau lourde.
28:38C'est là qu'ils se sont retrouvés.
28:40C'est là qu'ils se sont retrouvés.
28:42C'est là qu'ils se sont retrouvés.
28:44C'est là qu'ils se sont retrouvés.
28:46C'est là qu'ils se sont retrouvés.
28:48C'est là qu'ils se sont retrouvés.
28:50En marchant et en portant leurs skis sur l'épaule.
28:53En arrivant à cet endroit,
28:55ils avaient la première vue d'ensemble sur Weimark.
28:57Ils pouvaient enfin découvrir leur objectif.
29:00Il est certain que leur cœur battait fort en regardant en bas
29:03et en découvrant où ils allaient.
29:20...
29:33...
29:38...
29:41Ils partent en courant.
29:43Et ils ne sont qu'à 10-15 mètres de l'usine seulement
29:46quand ça explose.
29:48Le commissaire du Troisième Reich, Josef Terboven et le général von Falkenhorst sont
30:00venus inspecter les lieux à Weimorg.
30:03Et Falkenhorst a déclaré que c'était le plus beau sabotage qu'ils aient vu de toute
30:08la guerre.
30:09Malheureusement, l'usine de Weimorg a été reconstruite et à la fin de l'année, on
30:38a pu y reprendre la production de l'eau lourde.
31:08La lettre d'Einstein a été l'acte numéro un de la prise de conscience des autorités
31:28américaines que la fission de l'uranium, son utilisation dans une réaction en chaîne
31:36pouvait aboutir à des dispositifs producteurs d'énergie, mais pouvaient aussi aboutir
31:43à une réaction super accélérée, explosive, qui pouvait faire une borne.
31:48Et pour faire plus et plus vite, eh bien, personne n'aurait encore imaginé le projet
31:55Manhattan et la puissance économique qui a été mobilisée pour ça.
32:0220 milliards de dollars sont dépensés pour mener à bien le projet Manhattan.
32:07130 000 personnes, sous la direction scientifique du physicien chercheur Enrico Fermi, travaillent
32:137 jours sur 7, 365 jours par an, pour fabriquer la première bombe atomique de l'histoire.
32:20Et pour gagner cette course contre la montre, tout est mis en œuvre par les Alliés pour
32:26ralentir les recherches allemandes.
32:28A partir de 1943, les bombardements sur Berlin et toutes les grandes villes du Reich se sont
32:39intensifiées.
32:40Les scientifiques responsables se sont alors posés la question, où aller pour pouvoir
32:45continuer nos expériences ? En 1943, à Berlin, deux choses étaient déjà claires pour eux.
32:51D'une part, la guerre était perdue, d'autre part, ce seraient les Russes qui arriveraient
32:56à Berlin en premier.
32:57Et ils ne voulaient surtout pas tomber entre leurs mains.
32:59C'est pour cette raison qu'ils sont allés le plus possible vers l'ouest, ici, dans
33:04le sud-ouest de l'Allemagne.
33:07Le déménagement a été bien sûr très difficile, très compliqué, mais tout le matériel a
33:12été amené en 1944 de Berlin à Heigerloch, lors d'un voyage rocambolesque.
33:26Dans cette grotte avant-guerre, on y brassait et on y entreposait de la bière.
33:48Les scientifiques qui ont travaillé ici étaient Heisenberg, Weizsäcker et Wirth.
33:55Wirth était l'ingénieur technique, Weizsäcker le théoricien et Heisenberg le patron.
34:25Là, dans cette grotte de Heigerloch, loin des bombardements alliés et de la menace
34:32soviétique, le scientifique allemand Heisenberg, avec son équipe, semble proche de pouvoir
34:38réaliser la première bombe atomique de l'Histoire.
34:40Il demande donc à rapatrier toute l'eau lourde de l'usine norvégienne de Vemork
34:46pour mener à bien leurs expériences.
34:47Heisenberg considérait que les 5 tonnes d'eau lourde étaient suffisantes pour construire
34:55un réacteur.
35:26A cette époque, l'organisation de la résistance norvégienne, avec ses agents au sein même
35:31de l'usine, obtient des informations très exactes sur le moment où ce transfert va
35:36se faire.
35:37En accord avec Londres, l'ordre est donné aux résistants restés dans la montagne d'arrêter
35:43ce transport.
35:44Après de nombreuses discussions, ils en arrivent à la conclusion que le seul moyen de stopper
35:51ce transfert d'eau lourde est de faire couler le ferry sur le lac Tinn, là où les wagons
35:56traversent le lac pour pouvoir continuer vers l'Allemagne.
35:59La nuit du 18 février 1944, Knutz, Oglit et deux autres résistants s'introduisent sur
36:21le ferry Hydro et placent une bombe à retardement dans les cales du ferry.
36:26Le ferry est mal surveillé.
36:30Ils montent à bord très facilement.
36:33Ils y placent des explosifs équipés d'une minuterie grâce à deux réveils qui, en
36:39se rencontrant, déclencheront l'explosion.
36:42Puis ils s'enfuient et disparaissent dans la montagne.
36:52Le lendemain, la précieuse cargaison destinée à l'Allemagne est chargée sur le ferry.
37:00Le ferry quitte le quai et s'éloigne sur le lac Tinn.
37:22Ce matin-là, 18 personnes trouvèrent la mort.
37:33Là où le lac Tinn est le plus profond, le ferry a coulé.
37:37Il fait 460 mètres de profondeur et le ferry gît par 430 mètres de fond.
37:43Mais par chance, c'est aussi le passage où le lac est le plus étroit.
37:48Ceux qui ont entendu l'explosion puent rapidement porter secours aux naufragés avec leurs barques en ramant très fort.
37:55Heureusement, les eaux n'étaient pas prises par la glace ce jour-là.
37:59Il a donc été possible de les secourir avec des barques, de les hisser à bord et de regagner la rive.
38:19Le ferry arrive à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:25Il y a un peu plus d'une heure avant que les naufragés arrivent.
38:29Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:33Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:38Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:41Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:45Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:48Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:51Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:54Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
38:57Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:00Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:03Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:06Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:09Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:12Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:15Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:18Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:21Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:24Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:27Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:30Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:33Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:36Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:39Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:42Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:45Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:48Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:51Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:54Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
39:57Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
40:00Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
40:03Les naufragés arrivent à l'endroit où les naufragés se trouvent.
40:06Donc, peu après le démarquement en Normandie,
40:09va arriver en Europe une mission qui va porter le nom de Alsos,
40:13qui est en fait une coopération entre des militaires et des scientifiques,
40:17et qui va arriver à Paris fin août 1944, au moment de la libération de Paris.
40:36Au moment où Paris est libérée, où le territoire national est peu à peu libéré de l'occupation allemande,
40:51Frédéric Joliot-Curie est reconnu par les Alliés, en premier lieu par les Américains,
40:56comme le formidable scientifique qu'il est,
41:00comme le résistant qu'il a été pendant les quatre années de l'occupation,
41:03mais, alors ça c'est un point tout à fait noir dans son curriculum aux yeux des Américains,
41:09comme un membre du parti communiste.
41:12Joliot-Curie, parce qu'il a un passé de communiste et qu'il a cette étiquette-là,
41:17n'est certainement pas un homme de confiance de la mission Alsos,
41:20même si c'est un savant éminemment respecté.
41:23Alors la mission Alsos est une mission très politique,
41:26on sait qu'il faut aller chercher les savants allemands avant que les soviétiques ne mettent la main dessus,
41:32donc on est déjà dans une concurrence inter-alliée.
41:38La mission Alsos consiste à récupérer en priorité les équipements de recherche
41:43et les scientifiques allemands là où ils sont.
41:46Pour l'Union soviétique, l'objectif principal est d'arriver en premier à Berlin,
41:50afin d'être reconnu comme le grand vainqueur de la Seconde Guerre mondiale
41:54et apparaître comme l'égal des États-Unis.
42:02À la fin des expériences dans la grotte, dans la cave,
42:08les scientifiques ont appris que les Alliés seraient bientôt à Heigerloch.
42:14Ils ont alors décidé de cacher le matériel, l'uranium et l'eau lourde,
42:18car ils espéraient pouvoir poursuivre leurs expériences après la guerre.
42:24Ils trouvèrent des cachettes appropriées à côté du château d'Heigerloch,
42:30là-bas, à la lisière de la forêt.
42:34Là, ils ont emballé les cubes d'uranium dans des caisses et les ont enterrés.
42:39Mais ils ne pouvaient pas cacher l'eau lourde avec les cubes d'uranium.
42:43Alors, ils ont trouvé une autre cachette, dans un moulin, près d'Heigerloch.
42:50Leur objectif était de reprendre leur recherche après l'occupation.
42:55Mais bien sûr, ce n'était qu'un fantasme.
43:01La mission Alsos arrive à Heigerloch en avril 1945.
43:06Et elle va immédiatement aller voir cette fameuse cavité dans la roche
43:13où se trouve ce qu'on appelait à l'époque encore la pile à uranium
43:18qu'Heisenberg avait fait installer à cet endroit.
43:22C'est toujours le privilège des vainqueurs de pouvoir écrire l'Histoire.
43:27Et Alsos aussi a écrit l'Histoire.
43:30Alsos n'avait pas seulement pour mission de capturer des physiciens,
43:34mais aussi d'écrire l'Histoire.
43:37Il avait aussi le privilège d'écrire l'Histoire.
43:40Il avait aussi le privilège d'écrire l'Histoire.
43:43Il avait aussi le privilège d'écrire l'Histoire.
43:48Alsos n'avait pas seulement pour mission de capturer des physiciens allemands
43:52ni de voir où les Allemands en étaient réellement dans la recherche nucléaire,
43:56mais il avait aussi pour mission de divulguer de la désinformation.
44:00C'est écrit dans les archives d'Alsos.
44:03On désinformait volontairement pour ne pas donner d'informations
44:06au potentiel nouveau concurrent, l'Union soviétique.
44:10Il faut s'inscrire déjà dans une logique de guerre froide.
44:15Il ne faut pas voir seulement ce qu'Alsos a publié,
44:18mais ce qu'il n'a pas publié.
44:21Et c'est similaire du côté russe.
44:24Ces deux grandes puissances ont commencé à s'espionner
44:27avant même la fin de la guerre,
44:30et elles n'ont pas donné leurs propres informations à l'autre,
44:33même si à l'époque ils étaient alliés.
44:38Les troupes américaines qui avaient avancé en Saxe, en Thurage,
44:42et qui après des arrangements interalliés
44:45savent qu'ils vont laisser ces territoires aux soviétiques
44:48pour en récupérer d'autres,
44:51avant de quitter la Saxe et la Thurage,
44:54ramènent massivement vers l'ouest de l'Allemagne
44:57et du matériel scientifique et des savants,
45:00précisément pour que ça ne tombe pas dans l'escarcelle des soviétiques.
45:03Les soviétiques feront la même chose.
45:06Ce sont eux qui ont pris Berlin et ils vont s'emparer du matériel.
45:09Ils vont aussi prendre des techniciens,
45:12des ingénieurs qui sont là
45:15et les amener directement aux soviétiques.
45:40On savait peu de choses sur l'émission Alsos russe.
45:43Ces dernières années, on a pu accéder à certaines archives
45:46qui montrent que les soviétiques,
45:49physiciens et services secrets,
45:52avaient une assez bonne connaissance
45:55de ce qui se passait en Allemagne pendant la guerre.
45:58Les soviétiques avaient une bonne connaissance
46:01de ce qui se passait en Allemagne pendant la guerre.
46:04Les soviétiques avaient une bonne connaissance
46:07de ce qui se passait en Allemagne pendant la guerre.
46:10Les services secrets soviétiques
46:13savaient ce qui se passait à Weimar avec la production d'eau lourde.
46:16Moscou en a eu connaissance très tôt.
46:19Leurs services secrets savaient aussi quel rôle
46:22et quel jeu Heisenberg jouait.
46:25Car en Suisse, ils avaient un efficace réseau d'espionnage
46:28connu sous le nom de l'Orchestre Rouge.
46:31Et ils savaient tout des avancées des recherches du nucléaire en Allemagne.
46:35Nous pouvons l'affirmer aujourd'hui,
46:38car une partie des papiers qui atterrissaient sur le bureau de Korchakov
46:41peuvent désormais être consultés.
46:44Korchakov était le physicien
46:47qui dirigeait le projet atomique soviétique
46:50qui a aussi démarré pendant la guerre.
46:53Korchakov avait une chambre au Kremlin
46:56et il était le seul physicien à qui on faisait passer les documents secrets.
46:59Il avait une idée assez claire d'où en étaient les Allemands
47:03mais aussi d'où en étaient les Américains.
47:06Et il connaissait le projet allemand beaucoup mieux
47:09et plus en détail que ne le connaissait la mission Alsos.
47:13Le CNRS, sur décision de Joliot-Curie,
47:16en mai 1945, va décider de monter
47:19une mission du CNRS en Allemagne
47:22dirigée par des scientifiques
47:25pour aller mener cette triple mission
47:28d'information, de contrôle
47:31mais aussi, il est vrai,
47:34de réquisition de matériel
47:37et une partie du matériel réquisitionné sera ramené en France
47:40d'ailleurs, ici, à Bellevue
47:43au CNRS, dans ses laboratoires.
47:47Je dirais, sur l'instant,
47:50il n'y a aucun témoignage direct.
47:53Des morts, il y en a un nombre considérable
47:56mais très vite, aux Etats-Unis,
47:59il y a une bataille. Est-ce que notre sécurité
48:02doit reposer sur le fait
48:05qu'il y a une guerre ?
48:08Est-ce qu'il y a une guerre ?
48:11Est-ce qu'il y a une guerre ?
48:14Est-ce que la guerre doit reposer
48:17sur le fait que nous avons la bombe atomique
48:20et pas les autres ?
48:23Ou bien, est-ce qu'elle doit reposer
48:26sur des accords internationaux ?
48:29C'est une rupture, là, manifestement,
48:32les Américains choisissent
48:35America first
48:38et la situation internationale
48:41Là-dedans, les Joliot-Curils, tout de suite, ont une position pour la paix.
48:48On a besoin d'un organisme spécifique, relié à la tête du gouvernement,
48:55pour traiter des problèmes de développement de ce qu'on appelle maintenant l'énergie atomique.
49:02Le CEA est créé le 2 novembre 1945 avec le soutien du général de Gaulle.
49:07On est trois mois après l'utilisation de la bombe atomique au Japon.
49:12C'est-à-dire que la force de l'atome est désormais reconnue au niveau international.
49:16Et le général de Gaulle, soucieux qu'il ait de la grandeur du pays, de l'indépendance nationale,
49:22ne peut pas ne pas imaginer fournir à la France le moyen de se doter d'une telle arme elle aussi.
49:30Mais la première ambition des scientifiques, leur premier objectif,
49:34c'est avant tout de doter le pays d'un dispositif de production d'énergie.
49:39La première pile atomique française vient d'entrer en fonctionnement au fort de Chatillon.
49:43Un bâtiment moderne abrite cette réalisation de la science française qui,
49:46après avoir ouvert la voie aux recherches sur l'énergie nucléaire,
49:49a maintenant six ans de retard sur les réalisations américaines.
49:52Pour tenter de combler cet écart entièrement imputable à la guerre et à l'occupation,
49:56il a fallu travailler sans relâche à doter la France d'une machine productrice d'énergie atomique.
49:59L'équipe réunie par M. Frédéric Joliot-Curil et dont M. Kowarski est l'un des animateurs
50:03a présenté aujourd'hui Zoé, première pile atomique française,
50:06à M. Vincent Riol, venu s'initier au mystère des corps radioactifs.
50:12Le président de la République associe Mme Joliot-Curil aux félicitations
50:15qu'il adresse au Haut-Commissaire à l'énergie atomique.
50:34Zoé, c'est une pile atomique, comme on disait à l'époque.
50:37Aujourd'hui, on dit réacteur nucléaire.
50:39Et le nom est un anagramme qui signifie Z comme zéro puissance,
50:44c'est-à-dire que c'est un réacteur expérimental de très faible puissance.
50:47Le O, c'est pour oxyde d'uranium naturel, c'est le combustible.
50:51Et le E, c'est pour eau lourde, puisque c'est le modérateur,
50:55l'élément clé de cette fameuse réaction en chaîne.
50:59Zoé, c'est le premier réacteur européen et français
51:02qui a, comme on a dit à l'époque, cassé le monopole anglo-américain de l'énergie nucléaire.
51:08Les connaissances, elles se partagent.
51:12Et de ce point de vue, la science est un patrimoine commun de l'humanité.
51:17Et il faut le défendre comme tel.
51:20Je me réfère toujours à la phrase de Pierre Curie après la découverte du radium,
51:25qui est qu'en réalité, les découvertes apportent de passé le monde,
51:30toujours plus de bien que de mal.
51:32Mais bien entendu, les hommes doivent être vigilants pour que le mal ne l'emporte pas.