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Il considère que l'apprentissage est un cursus "d'utilité publique" : le président de la Chambre de Métiers d'Alsace, Jean-Luc Hoffmann, regrette la décision de l'État de diminuer, en ce début d'année, les aides à l'embauche pour les alternants.

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Transcription
00:00Allez, 8h moins le quart, le coup dur en ce début d'année Sébastien, pour les petits patrons en Alsace.
00:05Ça fait partie des changements qui ne font pas plaisir.
00:07Les aides de l'État pour embaucher un apprenti diminuent, on passe de 6 000 à 5 000 euros pour les TPE, les PME, les entreprises de moins de 250 salariés.
00:16Et ça pourrait bien changer la donne, même chez nous en Alsace où la tradition de l'apprentissage est pourtant encore plus qu'ailleurs en France très ancrée.
00:23Alors, doit-on selon vous mieux valoriser l'apprentissage en France ? C'est la question sur votre radio 0388 25 15.
00:29Et bonjour Jean-Luc Hoffman, président de la chambre des métiers d'Alsace.
00:33Écoutez tout d'abord l'inquiétude d'un directeur, Sébastien Malgras.
00:37Il s'occupe de la formation au métier de l'hôtellerie, restauration au CFP Adilkirch.
00:42On sait qu'on va avoir une incidence sur le post-bac, donc nous actuellement on a à peu près 150 BTS qui sont en formation chez nous.
00:48Et on s'attend quand même à avoir une diminution de l'ordre de 15% je pense sur le recrutement, ça c'est évident, si c'est pas plus quoi.
00:56Et c'est ça la conséquence directe de la baisse de cette aide au recrutement ? On va avoir moins de recrutement, moins d'alternants chez nos artisans en Alsace ?
01:04Oui, c'est la tendance qui se dégage. C'est pas un bon signe de l'état de nous baisser cette aide de 6 000 à 5 000 euros.
01:11Ça va peut-être contraindre des entreprises à ne pas former d'apprentis.
01:17Et les apprentis c'est nos futurs collaborateurs et aussi nos futurs repreneurs, faut pas l'oublier.
01:23À ne pas en former, à en former moins.
01:26En former moins, ne pas en prendre sur une durée précise.
01:31Nous on a une rentrée qui se profile, c'est maintenant qu'on commence à faire du lobbying pour l'apprentissage du mois de septembre.
01:37C'est aussi en corrélation avec la baisse du taux de natalité qu'on va subir dans les prochaines années.
01:45Et ça fait qu'on aura moins de collaborateurs et in fine moins de repreneurs.
01:51Est-ce que les chiffres sont éloquents ?
01:53Sur dix apprentis que nous formons dans nos centres de formation,
01:57huit on trouve un patron et un sur deux devient son propre chef d'entreprise.
02:021 000 euros de différence sur cette aide de l'état à l'alternance,
02:06ça fait vraiment une grosse différence pour nos plus petits artisans.
02:10Oui, pour certains. Pour les plus petits ça a une incidence.
02:131 000 euros sur l'année.
02:15Sur l'année, parce qu'un apprentissage c'est du temps passé avec un apprenti.
02:19C'est du temps perdu, c'est du temps où un chef d'entreprise n'est pas productif.
02:25Donc ça va au-delà du fait que c'est jusqu'à 1 000 euros ou 1 000 euros qui manquent.
02:32Ça va au-delà de ce paramètre.
02:35Oui, c'est le jeu. On paye peut-être un petit peu moins, 90% du SMIC,
02:39mais en même temps il faut former cette personne et on le rémunère aussi pour son temps passé à l'école.
02:44C'est le principe de l'alternance.
02:45Tout à fait. Et la difficulté qu'on voit poindre, c'est que nous avons moins de collaborateurs,
02:52c'est des entreprises qui créent moins de richesses.
02:55Donc des collaborateurs, c'est de la richesse rajoutée, c'est de la TVA,
02:59c'est des impôts que les entreprises payent,
03:01mais c'est aussi du pouvoir d'achat qu'on donne à des jeunes.
03:04Donc avec tous ces paramètres, je ne comprends pas.
03:07Dans ce pays, il n'y a personne qui a en capacité de réfléchir un peu,
03:11et de réfléchir au moyen terme, et de se dire que c'est un investissement sur l'avenir.
03:15Je pense que c'est un peu ce que veut nous dire Christiane.
03:17Oui, un compréhension partagée par Christiane De Kems. Bonjour Christiane.
03:20Bonjour Christiane.
03:21Oui, bonjour Hubert. J'en profite pour souhaiter une bonne année encore à toute la grande famille de l'Alsace.
03:28Bravo Christiane et belle année à vous.
03:31Alors la baisse des aides pour les apprentis, ça vous fait penser à quoi ?
03:37Ça me choque, je ne comprends pas.
03:40Je trouvais que Macron, c'était la meilleure décision qu'il avait prise,
03:45c'était celle de favoriser l'apprentissage.
03:48Moi j'ai deux petits-enfants, il y en a un qui aujourd'hui est ingénieur,
03:52il a passé justement par l'alternance, et aujourd'hui il est ingénieur en informatique.
03:59Parce qu'on n'est pas obligé de s'arrêter au CAP, au BEP, ou je sais quoi.
04:05Celui qui en a les moyens, il peut continuer jusqu'au plus haut.
04:09Aujourd'hui il est ingénieur.
04:11J'ai mon dernier petit-fils qui vient de l'entrée en alternance comme charpentier.
04:19Il y a la transmission aussi, c'est tellement important.
04:23Qu'est-ce qu'ils vous racontent Christiane, vos petits-fils ?
04:26Pourquoi ils adorent tant ce cursus en alternance ?
04:31Écoutez, premièrement je vais vous dire,
04:33l'entrée dans les grandes écoles d'ingénieurs est tellement difficile et pratiquement impossible,
04:38que celui qui sait ce qu'il veut faire, il n'a pas d'autre choix.
04:41Et ils sont heureux, premièrement ils ont un salaire,
04:44ils ont une certaine indépendance,
04:46ils ont quelqu'un qui leur transmet des valeurs,
04:49pas seulement un métier, mais aussi des valeurs.
04:52Et aujourd'hui ils sont vraiment heureux.
04:54Mon petit-fils là qui vient, maintenant il continue.
04:58D'abord le CAP et il continue.
05:00Maintenant il fait un brevet professionnel et il est heureux comme tout.
05:06Christiane, vos propos font réagir, du moins, à qui c'est Jean-Luc Hoffmann ?
05:10Je bois du petit lait, je vais vous embaucher Christiane,
05:15pour faire la promotion de l'apprentissage.
05:18Merci Christiane.
05:19Et moi je suis heureuse pour mes petits-enfants qui sont très heureux.
05:22Et on le sent Christiane.
05:23Merci beaucoup de votre témoignage ce matin ici à Alsace.
05:25Merci Christiane.
05:26Désolé de vous couper, mais c'est très intéressant ce que vous dites.
05:28C'était la grande cause, l'une des grandes causes d'Emmanuel Macron,
05:32cet apprentissage.
05:33Est-ce que vous avez l'impression qu'il rétropédale, le chef de l'État ?
05:38Alors, ce n'est pas un rétropédalage,
05:41mais je pense qu'il a ouvert l'apprentissage à tous les coursus.
05:46Je parle du tertiaire, de l'apprenti comptable,
05:50de l'apprenti ingénieur, de l'apprenti...
05:53Si on se réfère aux métiers qui ont besoin d'apprentissage,
05:58c'est les métiers de la main, de la transmission,
06:01les artisans purs, c'est le commerce,
06:04c'est la vente, c'est les métiers qui ont besoin de cette transmission
06:10et d'apprendre un geste ou d'apprendre une façon de faire.
06:14Je ne voudrais pas qu'on oublie aussi la valeur sociale de l'apprentissage,
06:20parce que, quelque part, depuis des années,
06:22l'apprentissage a un peu remplacé le service militaire.
06:25On apprend des règles, les règles de l'entreprise,
06:28venir le matin à l'heure, se respecter les uns les autres,
06:32et apprendre.
06:34Et je peux vous dire que je vais souvent dans nos centres de formation
06:38et je vois des jeunes qui sont accomplis,
06:40des jeunes qui sont émancipés, qui grandissent différemment.
06:44Et les parents nous le disent souvent.
06:45Ça change tout, franchement, une formation en apprentissage.
06:49Quelle est la différence, vous voyez, entre un jeune qui arrive
06:51dans les métiers de l'artisanat après ce cursus d'apprenti en alternance
06:55et des jeunes qui viennent d'autres façons, peut-être plus classiques ?
06:58Écoutez, déjà, souvent, ils sont gardés par les chefs d'entreprise,
07:02puisqu'ils connaissent déjà l'entreprise,
07:04ils ont mis un pied petit à petit,
07:07et puis ils commencent à être vraiment productifs.
07:09Est-ce qu'ils sont meilleurs, tout simplement ?
07:11Je le pense vraiment, oui.
07:13Je le pense vraiment.
07:15Je le pense vraiment.
07:17Et vraiment, je suis passé, moi aussi, par un apprentissage.
07:21J'ai apprenti Boucher-Charcutier, j'ai évolué aussi,
07:25j'ai appris à comprendre, à connaître le métier.
07:28Et ça m'a permis d'évoluer et d'arriver où je suis aujourd'hui.
07:31Donc, il avait promis un million d'apprenants à la fin du quinquennat.
07:34Emmanuel Macron l'a dépassé, ce chiffre.
07:36Mais vous dites finalement, entre les lignes,
07:38que ce ne sont pas les apprenants dont on parle,
07:41les alternants dont on parle,
07:43mais seulement des alternants artisans.
07:45Ce que je dis, c'est très bien un million d'apprenants,
07:47mais seulement il faut les structures autour,
07:49il faut les centres de formation.
07:50Il a failli créer des unités, il a failli créer des plateaux techniques.
07:53Il a fallu investir, et aujourd'hui, les investissements, nous nous les tenons.
07:57Nous, Chambre des métiers, nous investissons dans nos centres de formation.
08:00Sauf que les coûts-contrats,
08:02donc ce que touche l'entreprise,
08:07ce que touche l'école pour former des jeunes,
08:11on n'y est plus parce que ces coûts-contrats baissent
08:14et on arrive à un déficit structurel.
08:17La baisse en début d'année est d'autant plus importante pour les grosses entreprises.
08:20De plus de 250 salariés, là on divise carrément par 3,
08:23on passe de 6 000 euros d'aide à 2 000 euros seulement.
08:26Est-ce qu'il va là aussi y avoir une incidence ?
08:28Ça représente très peu d'entreprises artisanales ici en Alsace,
08:34puisque nous sommes les seuls à pouvoir former de 1,
08:37être en entreprise artisanale de 1 à l'infini de salariés.
08:41Mais on ne va pas pleurer sur le sort des grosses entreprises
08:47qui sont en capacité de former.
08:49Par contre, les artisans, un boulanger...
08:51Aujourd'hui, je rencontre des maires qui me disent
08:54« j'aimerais bien un boulanger dans mon village ».
08:57Sauf que l'artisan boulanger, derrière, il va dire
08:59« je n'ai pas de collaborateurs en capacité, je reste là où je suis
09:02et je ne vais pas grandir mon entreprise ».
09:05L'apprentissage contre la désertification de nos villages.
09:10On voit votre message, Jean-Luc Hoffman,
09:12président de la Chambre des métiers d'Alsace,
09:14premier vice-président à la Chambre des métiers du Grand Est.
09:17Vous étiez l'invité ici, à Alsace, ce matin.
09:19On vous en remercie.
09:20Merci beaucoup à vous et bonne journée.

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